II. L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
L'évolution des crédits de l'audiovisuel extérieur pour 1999 lance la mise en oeuvre de la communication du ministre des affaires étrangères du 30 avril 1998, qui dessine l'évolution de l'action télévisuelle extérieure. Celle-ci figure parmi les priorités du ministère pour 1999.
A. LA RÉFORME
1. Genèse de la réforme
Il est
nécessaire de rappeler la genèse des opérations en cours.
Les conseils audiovisuels extérieurs de la France (CAEF) des 24 avril et
13 septembre 1994 avaient arrêté un plan quinquennal
1995-1999 prévoyant une enveloppe de près de 500 millions de
francs de mesures nouvelles en faveur de l'action audiovisuelle
extérieure. Le ministère des affaires étrangères
devait y contribuer à hauteur de 235 millions de francs, 186
millions de francs provenant du budget du ministère de la culture.
Dans le prolongement de ces décisions, le CAEF du 23 novembre 1995
avait décidé la création d'un pôle radiophonique et
d'un pôle audiovisuel extérieurs.
a) Une mise en oeuvre retardée
Comme M.
Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, le
notait lors de son audition du 5 novembre 1998 par la commission des
affaires culturelles, si la restructuration du secteur de la radio a
été très largement engagée, la rationalisation de
l'action télévisuelle restait en suspens.
Des hésitations se sont en effet manifestées au sein du
Gouvernement précédent sur les modalités de la
réorganisation des structures de l'audiovisuel extérieur,
hésitations auxquelles les nombreux rapports publiés sur la
question font écho. C'est dans les chiffres que se trouve la trace la
plus évidente du retard qui en est résulté.
Après une exécution budgétaire conforme au plan
quinquennal durant l'exercice 1995, les 111 millions de francs de mesures
nouvelles prévues en 1996 ont été réduites de
6 millions de francs par la régulation, alors qu'en 1997,
l'étalement sur une année supplémentaire des mesures
prévues a été décidé. L'enveloppe initiale
de 145 millions de francs de mesures nouvelles a été ainsi
ramenée à 63 millions de francs. En 1998, le retard
accumulé s'est en toute logique accentué :
15,4 millions de francs de mesures nouvelles effectives pour une
prévision de 46,4 millions de francs.
b) Le pôle radiophonique extérieur
La
rationalisation de l'action radiophonique a été lancée par
le rachat par RFI, pour le franc symbolique, des participations de la SOFIRAD
dans Radio-Paris-Lisbonne (juillet 1996) et dans la SOMERA (novembre 1996).
RFI dispose ainsi d'outils complémentaires à son action propre.
Radio-Paris-Lisbonne vient utilement compléter le réseau des
reprises FM de RFI en Europe. Quant à la SOMERA, du fait à la
fois de son programme (RMC Moyen-Orient) et de ses moyens de diffusion (centre
émetteur ondes moyennes de Chypre), elle constitue un levier d'action
d'une importance considérable dans une zone stratégique où
RFI était insuffisamment présente.
Le pôle radiophonique extérieur devrait être
consolidé en 1999, notamment par le rachat (au franc symbolique)
à la Sofirad de RCI (Radio Caraïbes International), actuellement
à l'étude. La SOMERA (RMC Moyen-Orient) et Radio-Paris-Lisbonne,
devraient poursuivre leur rétablissement et tendre à
l'équilibre financier.
On notera cependant que restent en dehors du regroupement opéré
les participations minoritaires de la SOFIRAD dans Médi 1,
diffusé au Maroc, et dans Africa n°1, diffusée en Afrique.
En ce qui concerne les échanges entre RFI et Radio France, des
initiatives ont d'ores et déjà été prises.
A l'initiative des tutelles, Radio France et RFI ont signé un protocole
d'accord, le 16 décembre 1995, afin de développer des
actions communes. La portée de cet accord reste cependant modeste. Dans
le cadre de moyens budgétaires contraints, le ministère des
affaires étrangères encourage RFI à approfondir les
convergences possibles avec Radio France afin d'enrichir l'offre de la
chaîne internationale. Des efforts sont entrepris dans les directions
suivantes :
• RFI et Radio-France partagent leurs moyens immobiliers sur trois
sites :
- Bruxelles : bureau géré par Radio-France et utilisé
par RFI ;
- Hongkong géré par RFI et utilisé par Radio-France ;
- Johannesburg géré par RFI et utilisé par Radio-France.
• RFI peut aussi être amenée à fournir, de
manière ponctuelle à Radio-France des correspondances, des
papiers ou des chroniques de ses correspondants à l'étranger,
notamment dans les pays où Radio-France n'en possède pas.
• De la même manière, RFI peut utiliser les papiers des
journalistes des radios locales de Radio-France lorsque l'actualité le
nécessite.
En ce qui concerne les échanges de programmes, il n'en existe pas
à proprement parler entre Radio-France et la direction de la production
internationale de RFI. En revanche, RFI assure, par l'intermédiaire de
RFI 3, sous forme de cassettes, la reproduction et la diffusion de
plusieurs émissions de Radio-France qu'elle propose à ses radios
partenaires.
C'est sur cette toile de fond largement inachevée que le
ministère des affaires étrangères a présenté
au conseil des ministres, le 29 avril dernier, un plan de rationalisation
de l'action télévisuelle extérieure, après une
phase d'intense consultation avec les responsables de l'audiovisuel public
comme privé.
2. La communication du 29 avril 1998
Le
premier choix a été de renoncer à la création un
moment envisagée d'une chaîne française d'information
internationale, à laquelle l'insuffisance numérique des
populations francophones interdisait toute perspective de rentabilité.
Le plan de réforme adopté comporte trois axes :
• il s'agit d'abord de
développer le soutien à
l'exportation des programmes
. Le débat sur l'action audiovisuelle
extérieure a été trop centré sur la diffusion des
chaînes françaises à l'étranger. Il est tout aussi
important de faire acheter des programmes français par les chaînes
étrangères en vue d'une diffusion dans la langue du pays. En
effet, la très grande majorité des téléspectateurs
regarde surtout les chaînes nationales, dont la multiplication engendre
une demande accrue de programmes. Il convient donc de favoriser l'exportation
des programmes français. Il est possible d'adopter à cet
égard une démarche commerciale, ce que font les entreprises
françaises groupées au sein de l'association professionnelle
TVFI, qui bénéficie de concours financiers du ministère
des affaires étrangères. Les ventes de programmes français
à l'étranger ont représenté près de 1,3
milliards de francs en 1996, chiffre en augmentation de 20% par rapport
à 1995. Les exportations de films français se sont
élevées à 1,2 milliard de francs. On obtient globalement
un chiffre de 2,5 milliards de francs comparable aux 2,5 milliards de francs
d'exportations britanniques constatés en 1996.
Il est possible de faire plus, estime le gouvernement, en renforçant par
exemple les dispositifs d'aide au sous-titrage et au doublage. Une
réflexion est par ailleurs engagée sur les possibilités
d'améliorer les instruments d'aide à l'exportation, notamment du
type Coface, afin de les adapter à la nature des contrats audiovisuels.
L'autre démarche est axée sur la coopération. Afin de ne
pas concurrencer la commercialisation des programmes sur certains
marchés émergents, il a été décidé de
limiter l'activité de banque de programmes gratuits de CFI aux pays les
moins solvables. La liste des pays de " diffusion culturelle " a
ainsi été réduite au début de juin.
• Le deuxième axe du plan adopté est la création
d'un
soutien financier à la diffusion satellitaire des chaînes
françaises dans le monde
. Les possibilités offertes par la
diffusion satellitaire numérique ont jusqu'à présent
été très peu utilisées au plan international par
les chaînes françaises. En effet, la diffusion internationale
reste un investissement élevé dont les perspectives de
rentabilisation sont faibles, spécialement si la langue utilisée
est le français. Les opérateurs nationaux présents dans
des bouquets étrangers n'ont franchi le pas que grâce à
l'aide publique. L'Etat prendra donc à sa charge, plus largement que par
le passé et de façon dégressive, une partie des frais de
diffusion de chaînes françaises désireuses de
conquérir une audience internationale. Les entreprises
intéressées garderont à leur charge le coût de
l'acquisition des droits de diffusion de leurs programmes dans les nouvelles
zones couvertes. Une expérience de diffusion par micro-ondes d'un
bouquet francophone a été réalisée selon ces
modalités en 1997 sur l'Afrique. Il est envisagé de
l'élargir à d'autres zones, en particulier en recourant à
des bouquets étrangers existants.
• Le dernier axe du dispositif est la
rationalisation des organismes
publics de l'audiovisuel extérieur.
Il s'agit d'abord de renforcer TV5, chaîne multinationale dans laquelle
sont associées la France, la Belgique, la Suisse, le Canada. Le plan de
réforme considère nécessaire de renforcer
l'attractivité de cette chaîne, à laquelle son
caractère multinational offre des facilités de
pénétration dans certaines zones, tout en ayant des
conséquences sur la lisibilité de la grille. Il faut donc mettre
l'accent sur la qualité des programmes, en prévoyant un recours
accru au sous-titrage et en régionalisant sa programmation afin de
l'adapter aux attentes et aux habitudes des différents publics. A cette
fin, une meilleure coordination sera instaurée avec les chaînes de
l'audiovisuel public national. C'est ainsi que le retrait de la SOFIRAD du
capital de TV5 et la réduction de la part détenue par l'Institut
national de l'audiovisuel (INA) permettront d'attribuer 25 % du capital au
futur groupe La Cinquième/Sept Arte, et 4 % à RFO (Radio
France Outre-Mer), tandis que la part de France 2 et de France 3, actuellement
de 33 %, sera portée à 35 %
L'objectif est d'amener les chaînes publiques actionnaires à
fournir à TV5 leurs meilleurs programmes et de favoriser la production
d'une information plus tournée vers l'international qu'elle ne l'est
à l'heure actuelle. A cet égard, le journal international fourni
à TV5 par la France Télévision doit faire l'objet d'une
évaluation.
Parallèlement, les rôles respectifs de TV5 et de CFI sont
clarifiés. CFI sera recentrée sur son rôle de banque de
programmes, sauf en Afrique où elle conservera son activité de
diffuseur. CFI développera par ailleurs ses activités de conseil
et d'ingénierie audiovisuelle auprès des
télévisions partenaires.
Enfin, le succès du recentrage prévu sera assuré par la
mise en place d'une présidence commune de TV5 et de CFI. D'après
le dossier de presse diffusé par le ministre des affaires
étrangères à l'occasion de la présentation de la
communication au conseil des ministres du 30 avril 1998,
" une
telle solution a l'avantage de la simplicité et permet d'éviter
la mise en place d'une nouvelle structure, qui porterait en soi les risques
d'un alourdissement des processus de décision et d'une augmentation des
dépenses
de fonctionnement ".
M. Jean Stock a
été nommé président de chaque organisme.
Les conclusions de la table ronde sur les images françaises dans le
monde, organisée dans le cadre de la conférence des ambassadeurs
tenue en août 1998, confirment ces orientations et en explicitent
certains aspects, comme le montre, dans l'encadré ci-après, le
compte rendu de cette réunion.
CONCLUSIONS DE LA TABLE RONDE SUR LES IMAGES
FRANÇAISES
DANS LE MONDE
Enjeu
traditionnellement culturel et linguistique, la diffusion internationale des
images françaises est désormais devenue avant tout un
impératif économique et commercial vital, auquel il convient de
répondre en s'inspirant des éléments suivants :
- il faut rejeter toute crispation autour de la langue française :
notre culture, notre vision du monde ne connaîtront une diffusion
réellement efficace, source par ailleurs de chiffres d'affaires
significatifs, que traduites dans les langues locales, comme le sont les films
et les programmes d'origine américaine ;
- la vente de programmes et de films aux télévisions
étrangères et l'exploitation de chaînes à
péage seront de plus en plus les principales sources de revenus de
l'industrie audiovisuelle et cinématographique française ;
à cet égard, TV5 doit jouer un rôle de vitrine universelle
dont un des principaux objectifs, au regard du contribuable qui la finance,
doit être l'audience, qu'il convient d'améliorer ;
- des stratégies d'alliance avec des partenaires locaux (Canal+) ou
européens (Arte) sont la seule façon, pour nos opérateurs,
d'aborder avec succès chacun des marchés visés et
d'atteindre une taille critique par rapport à leurs concurrents
étrangers ; le rôle de notre réseau diplomatique est,
à cet égard précieux, notamment pour identifier les bons
interlocuteurs ;
- comme le montre l'exemple américain, la maîtrise des
réseaux de diffusion et de distribution d'une part, l'emploi de
techniques marketing modernes et adaptées aux publics visés
d'autre part, sont souvent plus déterminants pour la conquête de
l'audience que la qualité intrinsèque de nos films et de nos
programmes, qui valent largement leurs équivalents
étrangers ;
- le temps n'est plus à un dispositif unique et forcément
limité émanant des seuls pouvoirs publics ; une large
concertation entre acteurs publics et privés du secteur doit permettre,
à terme rapproché, et grâce à la multiplication des
canaux et à la baisse des coût de diffusion permise par le
numérique, de proposer aux publics étrangers abonnés
à des bouquets satellitaires ou câblés numériques
une offre beaucoup plus diverse et sophistiquée de programmes
français : TV5, avec une programmation régionalisée
(sous-titrages) et enrichie par des programmes plus récents et
multidiffusés, chaînes thématiques, chaînes à
péage (notamment de cinéma).
3. Des orientations pertinentes
Le programme de modernisation de l'audiovisuel extérieur, mis en oeuvre par le budget de 1999, est articulé de façon pertinente autour des quatre axes stratégiques définis dans la communication gouvernementale du 29 avril 1998, dont le contexte international de la communication audiovisuelle impose la prise en compte.
a) La rationalisation
Les
analyses convergeaient de longue date sur la nécessité de
rationaliser le fonctionnement des opérateurs publics.
Le rapport Balle sur la réforme de l'audiovisuel extérieur notait
en 1996 l'existence de
" redondances fâcheuses "
atténuant la lisibilité de la politique française.
Il estimait aussi que
" faute d'une coordination forte, l'audiovisuel
extérieur est depuis longtemps le terrain d'une concurrence forte entre
opérateurs ",
citant comme facteurs de cette situation la
multiplicité des opérateurs, l'éviction des
opérateurs nationaux du champ de l'audiovisuel extérieur,
l'absence de spécialisation des opérateurs et une
hétérogénéité, qui se traduiront par une
concurrence feutrée mais réelle.
De son côté, le rapport présenté en octobre 1997 par
M. Patrick Imhaus rappelait la dénonciation générale de
"
l'absence de coordination stratégique et opérationnelle
entre des opérateurs bénéficiant de l'aide publique qui
sont, en outre, de plus en plus nombreux
",
"
l'éparpillement des moyens
" et "
la
redondance de certaines actions
".
L'objectif de rationalisation des organismes publics est spécialement
incontournable s'il conduit à redéployer des ressources
limitées vers des types d'actions insuffisamment assurés. C'est
l'objectif affirmé du plan gouvernemental, et c'est au fond la
justification essentielle du recentrage de CFI sur son rôle de banque de
programmes et d'outil de coopération.
La création d'une présidence commune de TV5 et de CFI devrait par
ailleurs permettre d'assurer la cohérence des actions menées et
des moyens déployés.
L'opération de clarification du rôle respectif de chaque organisme
devra être poursuivie avec une réflexion sur l'articulation des
missions de CFI et de la SOFIRAD, en particulier en ce qui concerne le
rassemblement de programmes francophones destinés à des bouquets
satellitaires étrangers.
b) L'adossement à l'audiovisuel national
Le
rapport Balle notait aussi le caractère aléatoire et
dispersé de l'intervention des opérateurs nationaux dans le champ
de l'audiovisuel extérieur :
" ceux-ci devant se contenter
d'être des fournisseurs de programmes et des actionnaires passifs de TV5
au principal : ce principe est d'ailleurs battu en brèche par des
décisions personnelles des opérateurs (...).
Cette concurrence a pu être exacerbée par la diffusion en France
des programmes internationaux de RFI (sur la FM à Paris). "
Une volonté s'affirme actuellement de mieux asseoir ce rôle. Le
ministre de la communication souhaite développer le rôle des
chaînes publiques à l'international, de son côté, le
ministre des affaires étrangères souhaitait, dans sa
communication,
" impliquer davantage le secteur audiovisuel national,
en particulier public ".
L'idée d'adossement apparaît ainsi comme le point de rencontre
entre les organismes spécialisés dans l'action extérieure,
dont l'expérience spécifique dans la conception de programmes
adaptés aux publics non nationaux est indispensable, et les organismes
de l'audiovisuel intérieur, qui manifestent un intérêt
croissant pour la diffusion internationale et dont les ressources en programmes
peuvent être précieuses si une politique adaptée d'achats
de droits est mise en place, mais dont la culture d'entreprise est encore trop
exclusivement " hexagonale ", comme le notait le ministère des
affaires étrangères lors de son audition par la commission des
affaires culturelles.
Mais pour aboutir à l'objectif recherché qui est celui d'une plus
forte présence des programmes français sur les écrans du
monde entier, encore faut-il lever certaines ambiguités.
Il a été décidé de modifier le capital de TV5 en
portant la part de France Télévision, principal fournisseur de
programmes, de 33 % à 35 % et en introduisant Arte pour
25 % et RFO pour 4 %. On peut se demander si l'opération a une
très grande portée, sachant que jusqu'à présent la
participation d'un organisme de l'audiovisuel public au capital d'un autre
organisme public n'a jamais impliqué de participation aux
décisions concernant sa stratégie ou sa gestion. Et si l'on
attend des effets concrets de ces évolutions capitalistiques, on peut se
demander pourquoi France Télévision et le futur groupe
Arte/Cinquième seront presque à parité dans le capital de
TV5 alors que leurs ressources en programmes et en moyens divers ne peuvent
être comparés.
Par ailleurs, l'adossement ne semble pas susceptible en soi de résoudre
les problèmes que pose l'acquisition de droits de diffusion
internationaux. Une réflexion sur le financement des achats de droits
est nécessaire. Il s'agira en particulier de préciser
l'articulation de deux logiques différentes : d'une part celle du
projet de loi à venir sur la communication audiovisuelle, qui devrait
accentuer la séparation des diffuseurs et des producteurs, poser les
conditions d'une meilleure circulation des programmes, et donc encadrer
l'acquisition de droits par les diffuseurs traditionnels, d'autre part celle de
l'adossement de l'audiovisuel extérieur aux organismes de l'audiovisuel
intérieur, qui implique l'acquisition par ceux-ci des droits sur les
territoires les plus larges possible, en vue de les transférer à
TV5.
c) L'exportation des programmes
L'exportation des programmes français sera certainement
à l'avenir, plus que l'exportation de chaînes " clés
en main ", le moyen efficace de notre présence internationale dans
la communication audiovisuelle. TVFI apporte de ce point de vue une aide
importante aux exportateurs français, ce qui pose le problème de
l'articulation de sa démarche commerciale avec l'activité de CFI.
L'intervention de cet organisme comme banque de programmes gratuits n'a-t-elle
pas des effets pervers sur la stratégie commerciale des distributeurs
français, dans la mesure où la cession gratuite dévalorise
des programmes susceptibles de faire l'objet de transactions
commerciales ? On cite à cet égard l'exemple assez
récent de la cession gratuite de 310 heures à la première
chaîne turque, chaîne gouvernementale et dépourvue
d'audience et de crédibilité, alors que les chaînes qui
attirent l'audience diffusent des programmes américains acquis au prix
du marché. Ne vaudrait-il pas mieux aider ces chaîne à
faibles moyens à acheter des programmes français plutôt que
de les leur donner. Ce mécanisme a fait ses preuves pour la plupart des
exportations de produits français.
La communication du 29 avril semble avoir pris la mesure de ce risque :
elle prévoit de concentrer l'activité de banque de programmes de
CFI sur les zones où les perspectives de commercialisation demeurent
lointaines, et de réduire la liste des pays où les droits de
diffusion sont cédés gratuitement à CFI et à TV5.
Les ajustements nécessaires ne semblent néanmoins pas avoir
été complètement effectués. Ajoutons qu'à
l'heure de la diffusion satellitaire, celle-ci implique souvent une couverture
à l'échelle continentale recouvrant des pays dits solvables et
d'autres dits non solvables. Il sera donc utile de disposer rapidement d'une
réflexion approfondie sur l'articulation, à terme, de la
diffusion commerciale et de la diffusion gratuite, à partir de
l'évaluation des résultats des recentrages
décidés.
d) L'appui à l'internationalisation des opérateurs nationaux
L'idée de favoriser la diffusion internationale des
chaînes françaises est excellente. Elle permettra l'accroissement
de l'offre d'images françaises à des coûts
décroissants avec les progrès de la diffusion numérique.
A terme, il faudra réfléchir pour savoir s'il est souhaitable de
financer le transport par satellite. Plutôt que d'aider les tuyaux,
peut-être vaudrait-il mieux aider l'acquisition des droits. Ces aides
doivent effectivement être décroissantes, voir remboursables sur
les futures recettes de commercialisation de ces chaînes dans les
bouquets.
Une autre forme d'appui à l'internationalisation du secteur privé
n'est pas évoquée dans le projet présenté en avril
dernier. Il s'agit des partenariats entre le secteur public et le secteur
privé, destinés à faciliter l'implantation
d'opérateurs français sur des marchés étrangers, et
l'implication d'investisseurs étrangers dans des projets français.
Le rapport Balle portait en 1996 un jugement sévère sur les
résultats de cette modalité de l'action publique : "
le
rôle dévolu à la SOFIRAD, organisme jusqu'alors voué
aux participations (notamment dans les radios périphériques, pour
la plupart privatisées) et aux transactions discrètes, dont on a
voulu faire dans la ligne du rapport Decaux un instrument officiel de la
politique audiovisuelle extérieure et notamment un instrument de
fédération entre le secteur public et le secteur privé,
n'a pas donné les résultats escomptés. Son manque
d'autorité sur CFI et TV5 dont elle était l'un des principaux
actionnaires n'a jamais permis d'ébaucher un partenariat efficace avec
le privé. (...) Dans le domaine de la radio, un certain nombre
d'opérations ponctuelles ont pu être menées en Europe
central et en Russie en collaboration avec Europe 2 et avec des partenaires
locaux. Dans le domaine de la télévision, le soutien à
MCM, chaîne musicale diffusée par satellite, et à Canal
Horizons, chaîne de télévision à péage
à destination des pays africains montée avec Canal Plus,
demeurent des opérations un peu isolées et d'envergure
limitée
".
Quel organisme public sera dorénavant l'instrument de
fédération entre le secteur public et le secteur privé
pour favoriser l'internationalisation des opérateurs
français ?
Interrogé sur ce point par votre rapporteur lors de l'audition du
5 novembre dernier, le ministre des affaires étrangères a
indiqué que CFI jouerait le rôle d'ensemblier pour favoriser le
regroupement de chaînes françaises, destinées à
être diffusées soit sous forme de bouquets francophones, soit au
sein des bouquets régionaux existants. Il s'est ainsi inscrit dans la
logique des propositions présentées par M. Patrick Imhaus dans
son rapport d'octobre 1997 : "
la mission n'étant pas de
gérer les bouquets en question, mais de trouver dans toute la mesure du
possible des partenaires français ou locaux et d'assurer le suivi de
leurs activités
".
C'est là un très bon principe.
Il faudra certainement être attentif à ce que la
société CFI ait les moyens matériels et humains de
répondre à cette ambition. Par ailleurs, ne devrions-nous pas
nous interroger sur la nécessité d'un lieu de concertation et
éventuellement d'une aide publique pour que les opérateurs
français investissent à l'étranger. Ce qui avait
été fait dans ce domaine s'est avéré limité.
Créer une chaîne à l'étranger ou prendre des
participations dans des chaînes existantes, ou créer des bouquets
numériques, une réflexion est certainement nécessaire dans
ce domaine.
B. LES CRÉDITS
1. L'évolution globale des crédits
Les
crédits de l'audiovisuel extérieur inscrits au titre IV du budget
de l'actuelle DGRCST, s'établiront en 1999 à
1 066 millions de francs, contre 949 millions de francs.
Traduisant la priorité accordée à l'audiovisuel
extérieur, le projet de budget prévoit une enveloppe de
130 millions de francs de mesures nouvelles ainsi réparties :
- 10 millions de francs pour le soutien à l'exportation des
programmes audiovisuels ;
- 40 millions de francs pour l'aide au transport satellitaire des
chaînes françaises et la constitution de bouquets
numériques ;
- 80 millions de francs pour la régionalisation et
l'amélioration des programmes de TV5.
2. Les organismes
a) TV5
•
Organisation et diffusion
Cette société de télévision francophone a
été créée en 1984 pour regrouper plusieurs
chaînes francophones européennes auxquelles s'est joint en 1986 le
consortium de télévision Québec-Canada (CTQC).
Le capital de la chaîne est aujourd'hui ainsi constitué :
- Sofirad 22,2 %
- France 2 16,6 %
- France 3 16,6 %
- INA 11,1 %
- RTBF (Belgique) 11,1 %
- SSR (Suisse) 11,1 %
- CTQC 11,1 %
Il existe aujourd'hui deux chaînes distinctes émettant l'une en
Europe, Asie, Afrique et Moyen-Orient, l'autre au Canada, aux Etats-Unis et en
Amérique latine.
La diffusion est actuellement assurée à partir de Paris par trois
satellites :
- Eutelsat II-F6 couvre l'Europe et le Maghreb et touche 55 millions de
foyers soit par réception directe, soit à travers les
réseaux câblés ;
-Intelsat 803 assure la diffusion des programmes sur l'Afrique ;
- Asiasat-2 couvre l'Asie en réception numérique depuis plus d'un
an.
En outre, depuis quelques mois, les programmes de TV5 sont repris dans de
nombreux bouquets numériques et distribués par le câble ou
destinés à la réception directe. Ce mode de diffusion est
rémunéré, contrairement au précédent, dont
le coût est assumé par l'Etat.
Enfin, une liaison directe Paris-Montréal permet de transmettre des
émissions qui servent à la confection de deux programmes
différents, l'un destiné au Canada et l'autre aux Etats-Unis et
à l'Amérique du Sud. Ces deux programmes sont diffusés en
numérique par deux satellites différents.
C'est ainsi que TV5 dispose de la troisième couverture mondiale et est
susceptible de toucher quelque 80 millions de personnes.
Quelles sont les perspectives de développement de la chaîne ?
Il est utile de faire à cet égard le rappel de la situation
à partir de laquelle M. Jean Stock, actuel président de TV5,
vient de définir un plan d'entreprise.
•
L'acquis
Auditionné par le groupe de travail de la commission des affaires
culturelles sur la communication audiovisuelle le 25 mars dernier, M.
Patrick Imhaus, alors président de TV5, avait insisté sur
l'explosion actuelle de la couverture de TV5 en citant le cas de l'Afrique
Noire et spécialement de Dakar où la chaîne peut être
reçue de trois façons : le bouquet Canal Horizon, la
réception individuelle directe, et surtout la réception par un
réseau MMDS disposant de 140.000 abonnés. Ce potentiel de
diffusion a des effets extrêmement positifs sur la francophonie,
avait-t-il noté.
Il avait aussi indiqué que la diffusion numérique a permis de
développer la couverture de TV5 et de surmonter l'obstacle que
représentait jusqu'à récemment la saturation des
réseaux câblés spécialement aux Etats-Unis où
le marché est beaucoup plus favorable à la francophonie qu'on ne
le croit généralement.
M. Patrick Imhaus avait aussi évoqué l'évolution des
programmes de TV 5, dont l'habillage a changé le 1er mars. Il avait
notamment indiqué qu'il existait désormais une permanence
éditoriale permettant la diffusion d'une dizaine de flashs d'information
dans la journée. La grille de programmes, souvent critiquée par
le passé mais dont le rapport Balle saluait en 1996
l'amélioration, est désormais articulée autour d'un
certain nombre de rendez-vous tels que les films du jeudi et le rendez-vous
thématique du dimanche. Il avait noté quelques faiblesses :
spécialement le sport, le cinéma (les films récents ne
sont pas disponibles) et l'information qui manque d'images françaises
sur l'actualité internationale. Il avait regretté à cet
égard que les chaînes nationales aient fermé la plupart de
leurs bureaux à l'étranger et soient réduites à
utiliser les images diffusées par les trois grandes agences de presse
américaines. Il avait rappelé sa suggestion de mettre en pool les
images produites par les sociétés nationales, en vue d'une
diffusion gratuite ou d'une diffusion payante aux télévisions
étrangères, après remontage.
Il avait enfin noté que France Télévision assumait depuis
peu son rôle d'actionnaire principal de TV5 avec un certain dynamisme.
France 2 élabore en particulier un journal quotidien dont le contenu est
en voie d'ajustement, l'objectif étant de porter un regard
français sur l'actualité internationale.
C'est sur ce socle déjà ferme qu'à été
élaboré le plan d'entreprise qui doit soutenir la relance de TV5.
•
La régionalisation de l'antenne élément
clé du nouveau plan d'entreprise
M. Jean Stock, nouveau président de TV5, a présenté le
projet de plan d'entreprise au conseil d'administration de la chaîne le
29 septembre 1998.
Il prévoit notamment la création d'une chaîne de programmes
par grande zone mondiale, à partir d'un programme de base
décliné sur un plan régional grâce à la
technique des serveurs informatiques, la cohérence étant
assurée par un habillage commun, par la reprise obligatoire de certains
programmes communs et par une définition précise des
décrochages autorisés. Il s'agit de résoudre les
problèmes résultant de la diffusion de TV5 sur des fuseaux
horaires très divers, de permettre l'acquisition de droits de diffusion
de fictions récentes sans être bloqué par
l'indisponibilité de ces droits en France, Suisse et Belgique, de mieux
prendre en compte le contexte moral propre à certaines cultures
(Moyen-Orient et Asie), ainsi que les besoins spécifiques de l'Afrique.
Les cinq déclinaisons régionales se feraient sur l'Afrique (avec
pour priorité la problématique sud-sud), sur l'Asie (avec pour
priorité le sous titrage en anglais), sur l'Europe (avec pour
priorité la diffusion de films), sur la France, Belgique, Suisse (avec
pour priorité la création d'un " MultiTVplex "), sur
l'Orient (avec pour priorité l'information). Par ailleurs, le continent
américain est couvert au travers de deux signaux gérés
depuis Montréal, l'un TV5-Québec-Canada, l'autre
TV5-USA-Amérique.
Un second axe stratégique prévoit d'élargir le cercle des
téléspectateurs grâce notamment à la mise en place
d'une grille modulaire permettant de construire une audience cumulée
fondée sur la diffusion de séquences intéressant des
publics complémentaires répartis sur plusieurs fuseaux horaires,
la qualité des programmes étant privilégiée par
rapport à la quantité. Des " portes d'entrée "
ont été définies pour chaque catégorie de
public : les journaux des chaînes actionnaires pour les nationaux
expatriés et voyageurs, les magazines et jeux de lettres pour le monde
de l'éducation, les films et fictions non sous-titrées pour les
francophones, les films et fictions sous-titrées ou traduits pour les
francophiles, les rendez-vous horaires d'information pour tous les publics.
Le troisième axe stratégique prévoit de
" considérer nos diffuseurs comme partenaires ". Il s'agit
d'ouvrir une fenêtre de décrochage local dans la grille modulaire,
et de réfléchir avec CFI à un rôle commun de
fédérateur de bouquets francophones, ainsi que de
fidéliser le rôle des hôtels.
•
Le budget
Le budget de TV5 a doublé de 1991 à 1997. Les dépenses
liées aux programmes en représentent 40 %, les frais techniques
27 % (location de capacités satellitaires et frais de
régies). La partie non française assure 29 % des recettes.
En 1998, la contribution de la France au budget adopté par le conseil
d'administration s'est élevée à 273,3 millions de francs,
dont 247,5 millions de francs en provenance du Ministère des Affaires
Etrangères et 25,8 millions de francs en provenance de France
Télévision. Ce montant comprend la participation de la France au
budget de Satellimages-TV5, qui gère les budgets de TV5-Europe,
TV5-Afrique, TV5-Asie et TV5-Orient, mais aussi les participations
françaises aux trois budgets gérés à
Montréal. Le budget de Satellimages-TV5 s'est élevé en
1998 à 346,6 millions de francs.
La dotation à TV5 du ministère des affaires
étrangères s'élèvera à 312 millions de
francs en 1999. A ce montant, s'ajoutera une contribution de 26,8 millions de
francs, provenant de France Télévision. Le budget global de
Satellimage-TV5, toujours en cours de négociation entre les partenaires
de la Chaîne devrait s'élever à 409,9 millions de francs.
On notera simplement à l'égard du projet de budget que le
renforcement de TV5 reste subordonné à la disposition d'une
enveloppe suffisante pour permettre les achats de programmes
nécessaires.
b) Canal France International (CFI)
•
Organisation et diffusion
Banque internationale de programmes créée en 1989, dont la
SOFIRAD est l'actionnaire unique, CFI a été conçu pour
moderniser la distribution culturelle de programmes audiovisuels dans les pays
relevant du champ de la coopération. C'est ainsi que cet organisme met
à la disposition des télévisions des pays ayant
signé des accords de coopération des programmes libres de droits
qui peuvent être rediffusés par les télévisions
partenaires sur leurs réseaux.
Ces programmes sont fournis à 60 % de reprises de programmes
fournis par les chaînes françaises, le reste provenant d'achats
auprès de producteurs de cinéma et de télévision,
des télévisions partenaires (notamment celles d'Afrique). Ils
sont composés de fictions, divertissements, informations, documentaires
et magazines.
La banque d'images reprend également en direct, quand elle a la
possibilité d'acquérir les droits, de nombreux
événements culturels et sportifs ou liés à
l'actualité.
CFI a aussi entrepris d'introduire dans ses grilles des émissions
sous-titrées ou doublées en langues étrangères (en
anglais dans un premier temps puis en arabe).
La diffusion est assurée par un réseau de satellites :
- Intelsat 803 sur l'Afrique
- Intelsat 704 sur l'Asie (en numérique)
- Palapa C2M satellite régional indonésien diffusant sur le Sud
Est Asiatique et l'Australie (jusqu'en avril 1998)
- Eutelsat Hot bird 3 (en numérique) pour l'Europe Centrale et orientale
et le Proche et Moyen-Orient (depuis l'arrêt en juillet 1997 de la
diffusion de CFI sur l'Arabsat).
Le champ de la diffusion a ainsi été considérablement
élargi par rapport à la mission initiale. Une politique de
régionalisation des programmes a été entreprise par
ailleurs à partir de 1995 à destination des professionnels et du
grand public (CFI est aussi diffuseur direct, non crypté, pour les
téléspectateurs équipés pour la réception
satellitaire directe en Afrique, Asie et au Moyen-Orient).
La reprise des programmes de CFI est actuellement très satisfaisant en
Afrique (90 % de la programmation de certaines télévisions
francophones) où la retransmission d'événements sportifs
touche même des télévisions anglophones.
En Europe de l'Est, la mise en place en novembre 1996 d'une nouvelle formule
spécifique à cette zone (diffusion d'un module quotidien de 3
heures et participation des télévisions partenaires aux frais de
diffusion) a donné lieu à la signature d'une dizaine d'accords.
Au Maghreb et Moyen-Orient des reprises significatives existent avec la
télévision jordanienne et dans une moindre mesure avec l'Egypte
et la Syrie. Depuis le retrait de CFI d'Arabsat, un nouveau service banque
d'images à destination de la zone a été mis en place fin
1997 sur Hot Bird 3.
En Asie, CFI est présente depuis août 1992 dans la
péninsule indochinoise notamment là où les
télévisions nationales ont été dotées des
installations de réception leur permettant d'enregistrer et de
rediffuser une sélection de programmes.
Au Vietnam et au Cambodge, la coopération avec CFI a donné
naissance à des journaux télévisés en
français animés par des journalistes formés par des
professionnels français.
Des reprises existent également au Sri Lanka, à Hong Kong, en
Australie et en Nouvelle-Zélande.
Enfin, la montée de CFI sur le satellite indonésien Palapa en mai
1993 a permis de proposer ses programmes en Asie du Sud Est en réception
directe dans la zone. Dans le cadre du recentrage de CFI sur son
activité de banque de programmes, le remplacement de CFI par TV5 sur ce
satellite a été décidé en mai dernier.
C'est à partir de cette situation qu'à été
élaboré le plan d'entreprise de CFI.
•
Le plan d'entreprise et la mise en oeuvre de la présidence
commune
Le plan d'entreprise, présenté au conseil d'administration le
29 septembre 1998, doit traduire dans le fonctionnement de CFI la
complémentarité avec TV5 souhaitée par la communication
ministérielle du 29 avril dernier. Il se déploie sur trois axes
stratégiques : créer de nouveaux services de banque en
créant un site internet, en recherchant des programmes à
caractère éducatif, en favorisant les échanges entre
télévisions en Afrique, en élargissant la
" spécificité sport " de CFI en Afrique, en
introduisant la fonction de " kiosque TV " ; positionner pour
les jeunes la chaîne DTH en Afrique ; multiplier les partenariats
avec le secteur privé. Ce dernier point devrait être
approfondi : CFI est présenté comme l'ensemblier
chargé de rassembler les programmes destinés à des
bouquets satellitaires étrangers, qu'en sera-t-il alors du rôle
actuel de la SOFIRAD en Afrique dans le même domaine ?
•
Le budget
Le budget de la société en 1998 est de 164,5 MF, financé
pour l'essentiel par des subventions du Ministère des Affaires
Etrangères (88,1 MF) et des services du Ministre
délégué à la Coopération (58,4 MF). La
dotation sera en 1999 de 87,45 millions de francs en provenance du
ministère des affaires étrangères, et devrait
s'élever à 58,4 millions de francs pour la part issue des
services de l'ancien ministère de la coopération.
c) Radio France Internationale (RFI)
•
Organisation et diffusion
Fondée en 1931, RFI poursuit un double objectif :
l'exécution d'une mission de service public d'information à
l'égard des Français à l'étranger,
particulièrement utile dans certaines régions où des
situations de crise rendent cruciale la diffusion d'une information
adaptée ; et l'offre d'une lecture française de
l'actualité aux publics étrangers les plus divers, l'audience
totale étant estimée à 30 millions d'auditions.
Elle propose depuis 1996 trois services distincts :
- RFI 1 : chaîne d'actualité en continu et en
français 24 heures/24 heures (avec un décrochage pour
l'Afrique) ;
- RFI 2, émissions en langues étrangères
destinées aux publics non francophones : ce qui représente
plus de 80 000 heures d'émissions en 18 langues
étrangères, diffusées en ondes courtes et couvrant tous
les continents grâce à une dizaine de satellites.
- RFI 3 Banque de programmes musicaux sur satellite comprenant
chansons et magazines, et RFI 3 Magazines fournissant plus de
20 000 heures par an de programmes enregistrés, en
français ou en langues étrangères, à 750 radios
partenaires.
Cette diversification de l'offre de Radio France Internationale a pour objectif
de répondre aux besoins des auditeurs et des radios partenaires (900),
qui ont désormais la possibilité d'obtenir des programmes
ciblés. De fait, les programmes enregistrés de RF 3 font
l'objet de très nombreuses reprises.
Radio France Internationale est diffusée en ondes courtes, en FM (135
stations, dont 45 24 heures/24 heures), sur 16 réseaux
câblés, par satellite (4 satellites de diffusion directe), ou
encore sur Internet.
RFI dispose d'un réseau de 300 journalistes à Paris et de 300
correspondants à l'étranger. Elle fait ainsi figure de premier
organisme de l'action audiovisuelle extérieure. Il serait utile de
disposer d'une réflexion sur la possibilité d'établir des
synergies entre RFI et TV5 afin de tirer le meilleur parti de ce potentiel.
•
Le budget
Le budget de RFI sera en 1999 de 745,2 MF contre 754,4 MF en loi de finances
1998 et 732,2 MF dans le budget voté par le conseil d'administration. La
diminution des crédits est de 3,6%. Elle s'explique par la prise en
compte des économies résultant de l'allégement du
dispositif de diffusion en ondes courtes vers l'Amérique latine et
l'Europe orientale. L'économie correspondante (80 MF en année
pleine) est compensée en partie par la reconstitution du fonds de
roulement de la société, affecté par les
régulations budgétaires depuis 1996.
Les ressources publiques représenteront 99% des ressources de RFI. La
part de redevance versée à cet organisme diminuera de 43,9% pour
ne plus représenter que 22,2% des ressources globales, à la
demande de la ministre de la culture et de la communication, soucieuse de
concentrer le produit de la redevance sur les organismes de l'audiovisuel
intérieur.