B. PARTICULIÈREMENT MOBILISÉES POUR LE SECTEUR INDUSTRIEL, LES MESURES D'URGENCE ONT PERMIS DE LIMITER L'IMPACT IMMÉDIAT SUR LE TISSU PRODUCTIF

L'impact économique et social immédiat de ce choc économique d'ampleur sur le tissu productif français a toutefois pu être limité par les mesures d'urgence adoptées dans le cadre des lois de finances rectificatives pour 2020, en particulier le prêt garanti par l'État et l'indemnisation renforcée de l'activité partielle.

• Le prêt garanti par l'État

Déployés à compter de la fin du mois de mars, les prêts garantis par l'État ont largement été utilisés par les entreprises du secteur industriel. Sur un encours total de prêt garanti d'environ 120 milliards d'euros à date du mois de septembre, les PGE aux entreprises industrielles représentaient plus de 20 milliards d'euros, soit 17 %, un montant supérieur en proportion à leur poids dans le tissu économique français et à leur importance dans le PIB.

Plusieurs grands représentants de la filière industrielle ont bénéficié de prêts au montant significatif, comme Renault (à hauteur de 5 milliards d'euros), CMA-CGM (1,05 milliard d'euros), Paprec (144 millions d'euros), Constellium (180 millions d'euros), ou encore Daher (170 millions d'euros). Dans l'ensemble de l'économie française, près de 75 % des montants garantis ont cependant été déployés au bénéfice des TPE ou PME. Cette forte mobilisation du PGE au service de l'industrie témoigne néanmoins des difficultés de trésorerie et des lourdes pertes d'exploitation subies par les entreprises, qui ont été contraintes de stopper leur activité, à l'inverse d'autres secteurs économiques ayant pu déployer le télétravail.

Source : Commission des affaires économiques, données DGE

• L'activité partielle

Le secteur industriel s'est fortement appuyé sur le dispositif d'activité partielle mis en place au mois de mars. Dès l'annonce du confinement, les chefs d'établissement ont mis en avant le fort besoin de flexibilisation de l'organisation du travail, au regard des contraintes sanitaires, de l'impossibilité du télétravail, et de la baisse des cadences de production.

Le recours y a donc été très conséquent : dans le secteur automobile, 1 475 sites représentant près de 248 500 salariés sur les 400 000 que compte la filière (dont 58 % travaillant dans des TPE-PME) ont mis en oeuvre l'activité partielle. Dans le secteur des biens d'équipements, si la production a chuté d'environ 27 % au deuxième trimestre, le volume de travail rémunéré n'a chuté que de 18 %. Dans le secteur aéronautique, l'écart est encore plus conséquent, avec une chute de production de près de 53 % pour une chute de travail rémunéré de 30 % seulement, selon l'Insee.

Enfin, les plans de soutien aux secteurs automobile et aéronautique , annoncés parmi les premiers plans sectoriels et traduits dans le cadre de la troisième loi de finances rectificative pour 2020, ont complété le PGE et l'activité partielle, dans une logique mêlant soutien et relance .

Les mesures adoptées entre mars et septembre semblent avoir globalement permis d'amortir le choc subi par l'ensemble des entreprises du tissu productif français. D'ailleurs, la production industrielle a connu un net rebond à la fin de l'été , ce qui laissait espérer un « retour à la normale » en 2022. Le reconfinement décidé en octobre, qui vient prolonger la crise économique, risque cependant d'entraîner une chute durable de la demande et un retour aux scénarios les plus pessimistes.

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