IV. UNE ERREUR STRATÉGIQUE : L'ABSENCE TOTALE DE PRISE EN COMPTE DES IMPÉRATIFS D'INNOVATION EN AGRICULTURE

A. RELEVER LE DÉFI ENVIRONNEMENTAL PASSE PAR DAVANTAGE D'INNOVATION EN AGRICULTURE

Le défi environnemental se pose avant tout à notre agriculture. Nos agriculteurs sont les premiers concernés par le défi climatique car la nature est leur environnement et la terre leur outil de travail.

Dans nos campagnes, la transition agroenvironnementale a débuté depuis longtemps et elle se poursuit aujourd'hui. Il n'y a pas une exploitation dont les pratiques d'aujourd'hui sont profondément plus favorables à l'environnement que celles d'il y a 50 ans.

Cette réalité de nos territoires ruraux doit être impérativement rappelée car le discours actuel est mal vécu par nos agriculteurs, qui se sentent accusés de tous les maux.

Toutefois, face à l'urgence climatique, nos citoyens veulent aller plus vite. Mais un soutien massif aux professions agricoles et un accompagnement au plus près du terrain sont nécessaires sans quoi, nous risquons de décourager un monde agricole confronté à une crise massive des vocations liée à une stigmatisation croissante, des revenus souvent insuffisants et à une concurrence féroce de l'emprise foncière urbaine.

Laisser nos agriculteurs sans solution alternative à la fin des produits phytosanitaires, c'est in fine menacer la production agricole française et prendre le risque de substituer à notre production, considérée comme la plus sûre du monde, des importations massives difficilement contrôlables de produits agricoles qui ne respectent pas nos normes de production et où seront, sans doute, utilisés des pesticides interdits en France qu'on ne pourra pas tracer.

Or l'autosuffisance alimentaire de la France est chaque année de moins en moins établie depuis 2000, la France accusant même son premier déficit commercial agricole avec ses voisins de l'Union européenne cette année.

Accélérer cette tendance qui mettrait en péril notre souveraineté serait, finalement, contraire à l'objectif initial de protéger l'environnement.

Cet exemple démontre que la France et l'Union européenne ne relèveront le défi climatique qu'en accompagnant leur agriculture.

Et c'est essentiel car l'agriculture permet déjà l'ouverture et l'entretien des paysages ou encore le stockage du carbone dans les sols.

Cette voie pour concilier ambition agricole, souveraineté alimentaire et environnement ne passe pas par l'invocation mais par l'innovation .

Tous les outils doivent être mobilisés pour faire progresser encore notre agriculture : recherche sur des alternatives moins néfastes, homologation de produits qui existent aujourd'hui et permettent déjà un meilleur respect de l'environnement, notamment les produits de biocontrôle, utilisation du numérique, recours aux nouvelles technologies dans de nouveaux équipements, ...

Pour accompagner cette transition voulue par tous, tous les moyens doivent être au rendez-vous.

Au niveau européen bien sûr, et les orientations budgétaires à venir de la politique agricole commune sont à cet égard très inquiétantes.

Au niveau national ensuite. Or le budget proposé cette année oublie totalement d'investir significativement ce chantier de l'innovation en agriculture.

C'est la raison principale pour laquelle les rapporteurs pour avis ne peuvent accepter ce budget de gestion, bien loin d'un budget de vision attendu par les agriculteurs.

Page mise à jour le

Partager cette page