3. Des enjeux pourtant considérables
a) Des inégalités criantes
Dans la sphère privée
Malgré une volonté affichée des jeunes pères de s'occuper davantage des enfants, les femmes surinvestissent encore la sphère privée . L'un des exemples les plus criants est celui du partage des tâches domestiques. Le rapport 5 ( * ) de Brigitte Grésy sur l'égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités familiales et professionnelles révèle que : « Les femmes de vingt-cinq à soixante-cinq ans font une semaine de trente-cinq heures de travail domestique non rémunéré [...]. En prenant en compte une définition restreinte du travail domestique, ce dernier, valorisé au Smic, apporterait une contribution à la production nationale équivalente à 17,5 % du PIB. »
Selon l'enquête « Familles et employeurs » de l'institut national d'études démographique (Ined), les tâches domestiques 6 ( * ) représentent, sur une année, dix-neuf semaines de travail en plus pour les femmes .
Dans la sphère économique
En 2008, les femmes occupaient seulement 17,1 % des postes de dirigeants de sociétés salariés. Cette proportion diminue en fonction de la taille des entreprises et de l'importance de leurs chiffres d'affaires. Dans la sphère économique, les femmes restent donc encore éloignées des postes de décision. Cette situation est d'autant plus paradoxale que la part des femmes dans les formations supérieures est égale, voire supérieure à celle des hommes dans certaines filières et que l'on observe un nombre croissant de femmes dans les rangs intermédiaires des hiérarchies professionnelles.
Dans les trois fonctions publiques confondues, les femmes représentent 59,8 % des emplois, et bien que les statuts généraux et particuliers garantissent aux fonctionnaires des deux sexes une égalité de traitement, la carrière des femmes reste également très en retrait sur celle de leurs homologues masculins. Elles n'occupent que 25,3 % des emplois supérieurs.
Dans le secteur associatif, dans les entreprises ou dans la fonction publique, dans les instances économiques et sociales ou dans les organisations syndicales, les femmes sont sous-représentées dans les instances de décision. Il existe là, comme ailleurs, un « plafond de verre » qui empêche l'accès des femmes aux responsabilités supérieures .
Dans la sphère politique
Plus de cinquante ans après avoir obtenu le droit de vote, les femmes restent faiblement représentées dans la vie politique alors qu'elles constituent aujourd'hui 53 % des électeurs. Avec 107 députées aux dernières élections législatives (18,5 % des élus) et un taux de 22,1 % de femmes élues au Sénat, la France est l'un des Etats de l'Union européenne (avec l'Irlande, l'Italie et la Grèce) qui compte le moins de femmes parlementaires.
La sous-représentation des femmes dans les instances où s'incarne la démocratie est révélatrice de la longueur du chemin qu'il reste à parcourir.
* 5 Rapport de l'inspection générale des affaires sociales (Igas), « L'égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités professionnelles et familiales dans le monde du travail », juin 2011.
* 6 Par tâches domestiques, il faut entendre les tâches ménagères uniquement.