b) Des marges de manoeuvre existent pour absorber les contraintes budgétaires sans desservir les élèves

Votre rapporteur a donc interrogé à ce sujet tant le ministre de l'agriculture et de la pêche que ses services. Ceux-ci lui ont indiqué que l'évolution précitée de la DGH pourrait se réaliser dans de bonnes conditions en optimisant la gestion des moyens dont dispose l'enseignement agricole.

(1) Travailler de conserve avec l'éducation nationale

Cette optimisation passe notamment par le développement de collaborations plus étroites avec l'éducation nationale, dans le respect des singularités et de l'identité propres à chacun de ces deux systèmes d'enseignement.

Plusieurs pistes sont pour l'heure envisagées :

- l'organisation de concours communs de recrutement dès l'année 2008, appelés à se développer fortement en 2009. Les deux ministres ont manifesté une volonté particulièrement forte de progresser sur cette question, évoquée depuis plusieurs années, mais encore bloquée à un stade embryonnaire ;

- mutualiser les personnels au niveau local lorsque cela est utile , en permettant notamment aux enseignants de l'éducation nationale d'effectuer des compléments de service dans des établissements de l'enseignement agricole ;

- développer les expérimentations dans quelques régions afin d'installer et d'approfondir une culture de coopération entre les recteurs et les DRAF.

Votre rapporteur se réjouit du développement de ces coopérations, qu'elle estime particulièrement souhaitables. Outre leur intérêt du point de vue de la gestion administrative et budgétaire, elles permettront également de mieux faire connaître l'enseignement agricole et de développer ainsi l'orientation vers ces filières, tout en offrant la possibilité de construire des passerelles plus nombreuses entre les formations proposées par les deux ministères.

A ce titre, votre rapporteur juge particulièrement symbolique le projet de jumeler certains lycées de l'éducation nationale avec des établissements de l'enseignement agricole , afin de faire naître une culture de coopération et de favoriser les échanges entre les deux systèmes. Cela témoigne du souci des deux ministères de mettre l'accent sur le partage des cultures pédagogiques et non pas seulement sur l'optimisation de la gestion.

(2) Proposer un baccalauréat en trois ans sans renoncer au respect du rythme singulier de chaque élève

Le ministère de l'agriculture et de la pêche souhaite également proposer un baccalauréat en trois ans et suivre ainsi la voie que compte ouvrir l'éducation nationale à ce sujet.

Au-delà de ses implications budgétaires évidentes, ce projet a la vertu d'esquisser une réponse à ce problème commun aux deux systèmes d'enseignement qu'est le faible taux de poursuite d'études après l'obtention d'un premier diplôme (CAPA ou BEPA).

Ainsi, le taux de passage du CAPA vers les classes préparant au baccalauréat professionnel dans l'enseignement agricole public s'élevait à 20,3 % entre 2005 et 2006. Par ailleurs, 24,4 % de ces mêmes jeunes se dirigeaient vers un BEPA. De même, les élèves de BEPA dans le public n'étaient que 51,6 % à poursuivre vers un baccalauréat professionnel, 2,7 % d'entre eux s'orientant vers un BTA et 1,9 % vers un baccalauréat technologique.

Le même constat pourrait être fait dans l'enseignement agricole privé, où les taux de passage sont généralement plus faibles que dans les établissements publics.

Le développement d'un baccalauréat professionnel en trois ans pourrait être un moyen d'encourager la poursuite d'études en réduisant le nombre moyen d'années supplémentaires nécessaires pour obtenir un baccalauréat ou un BTA.

Votre rapporteur est donc favorable à l'idée de proposer une telle possibilité aux élèves à qui ce rythme pourrait convenir a priori . Mais il serait cependant peu pertinent de généraliser ce parcours , qui ne répond pas aux besoins de tous les jeunes, notamment à ceux des élèves qui trouvent dans l'enseignement agricole un lieu de remotivation après des années de collège difficiles.

De ce point de vue, le développement du baccalauréat en trois ans ne devra pas aller à l'encontre d'une des principales caractéristiques de l'enseignement agricole, à savoir sa capacité à offrir un cadre de formation prenant en compte les attentes et les besoins singuliers de chaque élève.

C'est au demeurant ce souci d'individualisation des formations et de l'accompagnement humain des jeunes qui fait le succès de l'enseignement agricole. Il y a donc lieu de le préserver .

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