2. Une certaine méconnaissance des filières et de leurs débouchés qui amène à une répartition inégale des effectifs entre les filières

La voie professionnelle ne souffre pas seulement d'être assimilée à un enseignement réservé aux jeunes qui se seraient révélés incapables, tout au long de leurs études, de réussir dans les filières générales ou technologiques. Elle pâtit également de l'image des métiers auxquels elle prépare. Un clivage très net sépare ainsi les formations conduisant aux professions du tertiaire, relativement attractives, de celles qui sont en lien avec la production, qui font l'objet d'un certain rejet de la part des jeunes et de leur famille.

INDICE D'ATTRACTIVITÉ DES FILIÈRES DE BEP
DANS LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DE L'ACADÉMIE DE PARIS (2006) 8 ( * )

Source : Académie de Paris.

Cela tient pour une large part à la méconnaissance des professions auxquelles préparent ces formations, mais aussi à une prise en compte insuffisante par les jeunes et leurs familles des débouchés réels de ces filières . De ce point de vue, il semble y avoir encore un travail à faire afin de les convaincre de prendre en compte dans les choix d'orientation la nature du métier envisagé ainsi que les perspectives d'insertion professionnelle qui y sont associées. De fait, cette répartition très inégale des voeux formulés par les élèves conduit à des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée dans certains secteurs, tels que le bâtiment et plus largement l'ensemble des secteurs de la production. A l'inverse, certaines filières professionnelles préparant aux métiers du tertiaire forment trop de jeunes au regard des besoins du marché du travail.

Toutefois le jeu existant entre les demandes d'inscription et les capacités d'accueil ainsi que les perspectives d'insertion à terme est en partie compensé par les « désajustements » qui se produisent lorsqu'un jeune occupe un emploi qui ne correspond pas à la spécialité qu'il a étudiée. Le taux de désajustement global est évalué par le CEREQ, au vu des résultats de l'enquête Génération 98, à 59 % .

Toutefois, si ce phénomène témoigne de l'indiscutable capacité d'adaptation que manifestent les jeunes diplômés, il est également synonyme compte tenu de son niveau très élevé d'une certaine déperdition : les entreprises y perdent des salariés mieux formés et donc plus efficaces. Quant aux jeunes, comme le montre la même enquête du CEREQ, ils souffrent majoritairement de ce désajustement puisque plus des deux tiers des « désajustés » occupent un emploi supposant un niveau de qualification inférieur à celui qui est le leur.

La réduction du taux de désajustement apparaît donc comme un objectif souhaitable et il serait sans doute pertinent qu'un indicateur de performance soit construit à ce sujet .

* 8 L'indice d'attractivité se définit comme le nombre de demandes d'affectation formulées par les élèves en premier voeu sur les capacités d'accueil de la filière. Un indice supérieur à 1 signifie qu'il y a plus de demandes d'affectation que de places. Un indice inférieur à 1 signifie qu'il y a plus de places que de demandes en premier choix.

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