b) Une scolarité qui s'arrête trop souvent au CAP ou au BEP

L'enseignement professionnel se caractérise également par un taux relativement faible de poursuite d'études après un CAP ou un BEP , ce qui souligne la difficulté que rencontrent les équipes éducatives lorsqu'elles s'efforcent d'amener les élèves à s'inscrire dans un projet scolaire de plus grande ampleur.

Sur ce point également, les données précises et récentes sont encore insuffisantes et votre rapporteure le regrette . Toutefois, si l'on compare le nombre d'élèves en dernière année de BEP ou de CAP en 2005, soit 245 685, avec celui des lycéens fréquentant une classe de première menant au baccalauréat professionnel en 2006, brevet des métiers d'art (BMA) compris, soit 103 886, l'on arrive à un taux d'accès d'un peu plus de 42 % . A contrario, cela signifie que 58 % des élèves en dernière année de BEP ou de CAP ne rejoignent pas une filière professionnelle menant à un diplôme de niveau baccalauréat , soit qu'ils soient contraints de redoubler, soit qu'ils arrêtent leur scolarité, soit encore qu'ils rejoignent une première d'adaptation conduisant à une terminale de série technologique.

Ces estimations sont convergentes avec les données plus anciennes publiées par la DEP, qui évaluait à un peu moins de 50 % en 2001 la proportion des élèves titulaires d'un BEP ou d'un CAP préparant ensuite un baccalauréat professionnel.

Par ailleurs, l'analyse des flux entre filières au cours du second cycle de l'enseignement secondaire auxquelles la DEP avait procédé en 1999 mettait en évidence le fait que l'enseignement professionnel perdait plus d'élèves qu'il n'en gagnait à ces échanges : environ 6 % des élèves de seconde générale et technologique étaient orientés en fin d'année vers un CAP ou un BEP, alors que l3 % des nouveaux titulaires de ces diplômes rejoignaient une première d'adaptation.

Il semble donc que l'enseignement professionnel soit confronté à une double évaporation de ses effectifs : un certain nombre d'élèves en grande difficulté abandonne ses études tandis que d'autres, qui comptent sans doute parmi les élèves dont les résultats sont les plus satisfaisants, rejoignent l'enseignement général et technologique .

c) Un taux d'accès au baccalauréat professionnel qui reste trop faible

La conséquence de ces flux est particulièrement frappante : les élèves qui accomplissent une scolarité complète dans le second cycle professionnel du second degré sont une minorité . En 2006, le taux d'accès au baccalauréat professionnel des élèves de seconde professionnelle était de 28,4 % , ce qui reste à l'évidence très faible.

Il apparaît donc nécessaire de modifier en profondeur les déterminants des choix d'orientation afin de permettre aux élèves des filières professionnelles de construire autant que faire se peut un projet scolaire construit sur la réussite et non sur l'échec .

Au demeurant, votre rapporteure tient à le souligner, ce faible taux d'accès ne s'explique pas par le maintien au sein du système scolaire d'élèves qui auraient tout à gagner à entrer dans la vie active. Les apprentis préparant le BEP ou le CAP ont en effet un taux de réussite inférieur de 4 % à celui de leurs camarades sous statut scolaire.

Les déterminants de l'échec dans l'enseignement professionnel ne se trouvent donc pas dans les pratiques pédagogiques qui y prévalent, mais bien dans le passé et le profil scolaire des jeunes qui y entrent. Le surmonter demandera donc non de développer telle ou telle voie de professionnalisation, mais avant tout d'agir sur les causes d'insuccès au collège et sur l'orientation telle qu'elle est pratiquée à la fin de ce premier cycle.

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