B. L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL EST PRISONNIER D'UNE IMAGE DATÉE QUI NOURRIT L'ORIENTATION PAR DÉFAUT

1. Une orientation par défaut qui conduit de nombreux élèves à abandonner leurs études avant leur terme

a) Des flux importants d'élèves quittant le système scolaire avant d'avoir obtenu un diplôme de niveau V

La prégnance de l'orientation par défaut dans l'enseignement professionnel se lit dans l'importance des abandons d'études en cours de scolarité.

JEUNES ÂGÉS DE 20 A 24 ANS N'AYANT PAS OBTENU DE DIPLÔME
DU SECOND CYCLE, SELON LE SEXE (2005)

En milliers et en %

Hommes

Femmes

Ensemble

Classe d'inscription la plus élevée :

par classe d'âge (milliers)

%

par classe d'âge (milliers)

%

par classe d'âge (milliers)

%

Ont étudié jusqu'en classe terminale de préparation d'un diplôme de 2 nd cycle mais ont échoué aux examens :

41

10

28

7

69

9

Terminale générale ou technologique

18

4

16

4

35

5

Terminale de CAP ou de BEP

23

6

11

3

34

4

Ont arrêté avant la classe terminale de préparation d'un diplôme de 2 nd cycle:

36

9

28

7

64

8

Secondes ou premières générales et technologiques

6

2

6

1

12

2

1er cycle, 1ères années de préparation d'un CAP ou d'un BEP (" sans qualification ")

29

7

22

6

52

6

Ensemble

77

19

56

14

133

17

Source : Ministère de l'éducation nationale (données INSEE)

Ceux-ci ne sont pas encore parfaitement mesurés, comme le souligne l'audit de modernisation mené en 2006 sur la carte de l'enseignement professionnel. Les indicateurs existants permettent de connaître le nombre d'élèves ayant arrêté leurs études au collège ou avant la terminale CAP ou BEP, sans distinguer précisément leur ventilation au sein de cette même catégorie. Au total, ce sont environ 50 000 élèves qui sortent sans qualification du système scolaire. Par ailleurs, 34 000 lycéens par génération échouent au CAP ou au BEP 7 ( * ) . L'audit précité conclut quant à lui, au vu de données recueillies dans les académies de Paris et de Nancy-Metz, que le taux de « sortants » se situe entre 12 et 13 % au niveau du CAP, entre 7 et 8 % au niveau du BEP et de 11 % pour le baccalauréat professionnel .

Ces estimations sont convergentes avec celles formulées par la direction des études et de la prospective (DEP) du ministère de l'éducation nationale, qui évaluait dans ses publications de 2004 l'abandon en CAP et BEP à environ 15 % des jeunes, dont 12 % dans les établissements publics en 1999. Aucun chiffre plus récent n'était alors proposé.

Votre rapporteure estime néanmoins particulièrement nécessaire de construire des indicateurs fiables sur cette question , afin de mesurer avec précision les progrès qui doivent encore être accomplis. De plus, disposer de telles données apparaît d'autant plus nécessaire que, dans leur détail, elles permettraient de comprendre quelles difficultés propres à chaque niveau font obstacle à la poursuite d'études.

En tout état de cause, les statistiques existantes permettent d'apprécier l'écart entre l'enseignement général et technologique et les filières professionnelles, puisque dans celui-là, l'abandon, en cours de scolarité, est particulièrement rare (2 % avant la terminale) alors que dans celles-ci, il est beaucoup plus fréquent.

Cette caractéristique s'explique par deux facteurs cumulatifs : les collégiens orientés vers l'enseignement professionnel le sont le plus souvent en raison de résultats jugés insuffisants pour poursuivre une scolarité générale et technologique ; cette orientation est le plus souvent subie et ne résulte pas d'un choix positif. Les filières conduisant au CAP ou au BEP revêtent alors un caractère d'enseignement de remédiation , les élèves concernés ayant trop souvent perdu confiance dans leur capacité à répondre aux exigences du système éducatif comme dans celle de l'Ecole à les amener à la réussite.

Les taux d'abandon doivent donc être appréciés à cette aune et ne paraissent pas résulter d'une inefficacité relative de l'enseignement professionnel. Ils témoignent au contraire de la capacité à limiter les conséquences de décisions d'orientation fondées sur l'échec.

* 7 Les données à la disposition de votre rapporteure ne lui ont pas permis de distinguer les élèves abandonnant en cours de terminale de ceux qui échouent à l'examen.

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