b) Mieux prendre en compte le profil personnel des candidats aux concours externes et revoir les modalités de formation en IUFM

Votre rapporteur estime également nécessaire de recruter les enseignants en fonction non pas seulement de leurs compétences disciplinaires , qui doivent bien entendu être indiscutables, mais aussi de leur profil personnel et de l'intérêt réfléchi qu'ils manifestent pour le professorat .

Les concours donnant accès à la profession d'enseignant sont en effet parmi les seuls à ne comporter aucune épreuve permettant d'apprécier les motivations qui amènent les candidats à souhaiter devenir professeur. Un simple entretien avec le jury offrirait pourtant l'occasion de prendre la mesure de la connaissance qu'ont les étudiants du métier d'enseignant et de juger en première analyse de leur aptitude à l'exercer.

Au cours d'un tel entretien, le candidat pourrait également mettre en avant les expériences qu'il a déjà acquises. Il est ainsi regrettable qu'un étudiant qui a obtenu son brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur et qui a passé plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à encadrer des activités auxquelles participaient de très nombreux enfants, ne puisse préciser au jury qu'il a acquis des compétences considérables en matière d'encadrement.

Pour l'heure, la personnalité et le profil des jeunes enseignants sont pris en compte durant la seule année de stage. Or dans les faits, celle-ci conduit quasi systématiquement à la titularisation et se réduit pour l'essentiel à un stage en situation, que les jeunes professeurs commencent avant même d'avoir reçu toute formation pratique.

A ce sujet, votre rapporteur s'étonne du délai particulièrement bref séparant l'annonce de son affectation définitive au nouveau lauréat du concours, qui a trop souvent lieu dans la deuxième moitié du mois d'août et le début des cours, dans les premiers jours de septembre. Cela n'est évidemment pas de nature à permettre un début de carrière serein , d'autant plus que les jeunes professeurs sont généralement affectés dans des IUFM et des académies fort éloignés de leur domicile.

Tout cela témoigne d'une réflexion encore inaboutie sur les fins et les modalités de l'année de stage , qui oscille encore par trop entre mise en situation , attendue par les nouveaux lauréats, mais quelquefois brutale compte tenu des lieux et des délais d'affectation, et préparation théorique et pratique à l'enseignement , dont l'utilité n'est pas toujours attestée au vu des témoignages récurrents de jeunes titulaires.

Dans ces conditions, votre rapporteur estime que, s'agissant de la formation initiale des enseignants, toutes les conséquences de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 23 avril 2005 n'ont pas encore été tirées.

L'arrêté du 19 décembre 2006, qui précise le contenu du nouveau cahier des charges des IUFM, ne semble en effet pas en mesure d'infléchir les pratiques ayant cours dans les différents instituts. Votre rapporteur s'inquiète en effet de la persistance d'un certain décalage, très largement reconnu, entre un discours théorique portant sur la pratique pédagogique, souvent complexe et n'offrant que peu de prise sur la réalité des situations d'apprentissage, et l'exercice concret du métier d'enseignant, que les stagiaires découvrent dans une relative solitude.

Aux yeux de votre rapporteur, il convient donc d'engager une véritable réflexion sur la formation à l'exercice du métier d'enseignant , qu'il pourrait être souhaitable de rénover en profondeur à l'occasion même de la réhabilitation du métier. La scolarité en IUFM doit en effet préparer les jeunes professeurs à contribuer aux trois missions de l'école que sont l'instruction, l'éducation et l'insertion professionnelle .

Or force est de constater que si les concours évaluent largement la capacité des jeunes enseignants à assurer la première, ils ne permettent que très peu de mesurer leur aptitude à participer aux deux autres, qui supposent tout à la fois une maîtrise pleine et entière des exigences de la citoyenneté et une ouverture aux réalités économiques, sociales et professionnelles .

Par ailleurs, l'intégration des IUFM dans les universités fournit sans doute le moment idéal pour débuter une revue générale des pratiques pédagogiques dans les instituts , afin d'en garantir l'utilité et la pertinence.

De ce point de vue, votre rapporteur s'interroge sur l'absence de mesure concrète de la performance des IUFM, alors même que la réforme budgétaire est désormais bien entrée dans les moeurs.

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