CONCLUSION
Le
budget de la Marine pour 2002 est à l'image de l'exécution de la
loi de programmation 1997-2002. Leur examen provoque des réactions
contrastées.
La professionnalisation des forces entreprises depuis 1997 est globalement une
réussite, accomplie selon le modèle fixé, elle
apparaît comme un exemple réussi de réforme de
l'Etat
1(
*
)
. En effet, les
effectifs ont évolué conformément aux prévisions
établies en 1996. Dès la fin de l'année 2001, les
appelés auront quitté la Marine alors qu'ils étaient plus
de 18 000 début 1997. Ils ont laissé la place à des
engagés plus nombreux, aux volontaires et au personnel civil. Le nombre
de personnels civils passera de 6 500 en 1996 à plus de 10 000 en
2002 où il représenteront 20 % des effectifs ce qui constitue un
changement considérable pour une armée. Les sous-effectifs qui
représentaient 10 % des emplois en 2000 devraient être
inférieurs à 5 % à la fin de l'année 2002 en raison
de recrutements et des conversions, déjà effectuées, de
postes en crédits de sous-traitance. Les personnels militaires
gradés (officiers et officiers mariniers) ont évolué
conformément aux objectifs même si en fin de loi de programmation
des ajustements ont été effectués afin d'optimiser la
pyramide des grades aux besoins et pour essayer de palier les
déficiences dans certaines spécialités.
De même, les crédits de fonctionnement, après avoir
suscité des inquiétudes dans la première partie de
l'exécution de la loi de programmation, permettent aujourd'hui une
gestion moins tendue et surtout le retour à un niveau correct
d'entraînement. La Marine retrouvera en 2002 une moyenne de 97 jours de
mer, ce qui lui permettra de poursuivre sa politique de déploiements
lointains de longue durée et d'approcher l'objectif d'entraînement
de 100 jours. C'est assurément l'un des domaines où des
progrès indispensables sont encore à accomplir pour assurer
à nos forces le même niveau d'entraînement qu nos
partenaires de l'Alliance atlantique.
En revanche, le niveau des crédits d'équipement provoque
l'inquiétude. En 2002, hors « crédits disponibles
supplémentaires » ils seront à un niveau comparable
à celui de 1998 où une « encoche » avait
été faite dans le budget et donc un des plus bas des six
dernières années. S'ils étaient totalement
exécutées en 2002, le taux d'exécution des crédits
d'équipement de la loi de programmation s'établirait entre 80 et
90 % selon les estimations, ce qui pourrait correspondre à une
annuité sur six de crédits d'équipement en moins. Or,
à ce niveau de ressources, la Marine ne pourra pas réaliser le
format prévu dans le « modèle d'armée
2015 » à la date prévue.
Plus inquiétant encore, le renouvellement de la flotte de surface et
sous-marine risque de devenir problématique. Les bâtiments
vieillissent ; si le calendrier prévu est respecté, ils
auront tous plus de 30 ans de service au moment de leur remplacement. Il y a
donc peu de marge de manoeuvre si la France souhaite continuer à
disposer d'une des marines les plus modernes et performantes du monde dans la
prochaine décennie.
Certes, certains programmes sont déjà avancés comme les
nouveaux transports de chalands de débarquement ou les deux
premières frégates anti-aériennes Horizon, mais les
programmes qui permettront de remplacer le coeur de la flotte de surface et
sous-marine débutent tout juste en 2002 pour se concrétiser en
2008 et 2012. Les mener à leur terme en respectant délais et
coûts est un enjeu majeur.
Dans les années qui viennent, la Marine devra aussi assurer le
renouvellement d'une grande partie de son parc aéronautique :
remplacement du Super-Etendard par le Rafale, des Super-Frelon et Lynx par le
NH90. Comme pour la flotte, il est devenu indispensable de réaliser ces
investissements dans les temps, les livraisons ayant déjà
été réduites au niveau minimum autorisé par les
contrats, les hélicoptères Super-Frelon sont à bout de
souffle et les SEM arrivent en fin de potentiel malgré les
modernisations successives.
Qu'il s'agisse de l'aéronautique ou de la flotte, un effort substantiel
devra être fait dans la prochaine loi de programmation militaire pour
éviter des ruptures de capacité qui apparaîtraient presque
inévitablement si rien n'était fait. La Marine est à
même de remplir ses missions mais il faut déjà
préparer la Marine des années 2010.
Au moment où s'achève avec succès une professionnalisation
des forces qui a focalisé l'essentiel des énergies et qui permet
à notre pays de disposer d'une armée très qualifiée
et projetable à l'extérieur, adaptée aux crises, il
devient nécessaire de réaliser le second volet de la
modernisation de notre outil de défense en le dotant des
matériels adaptés aux défis de demain.