CHAPITRE IV -
LES AUTRES ACTIONS COMMUNES
I. LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
Les
crédits relevant de l'agrégat Délégation
générale pour l'armement (DGA) s'élèvent à
2,1 milliards d'euros pour 2002, soit une diminution de 1,2 % par rapport
à l'an passé. On ne saurait toutefois se limiter à cette
stricte approche budgétaire, d'autant qu'une part importante de ces
crédits sont transférés en cours d'exercice hors du
ministère de la défense, que ce soit au Commissariat à
l'énergie atomique ou au Centre national des études spatiales. Au
travers des programmes d'armement dont elle suit le déroulement, la DGA
est en effet appelée à gérer environ 80 % de l'ensemble
des crédits d'équipement des armées. La diminution de son
coût de fonctionnement et du coût d'acquisition des
équipements est au coeur des objectifs de la DGA depuis 1996.
Votre rapporteur fera le point sur les premiers résultats obtenus, avant
d'évoquer l'évolution des structures industrielles et des centres
d'expertise et d'essais relevant de la DGA puis de commenter l'évolution
des crédits pour 2002.
A. L'ÉVOLUTION DE LA GESTION DES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT PAR LA DGA
Votre rapporteur souhaite effectuer un rapide bilan des résultats obtenus par la DGA sur trois points : la mise en oeuvre de nouvelles méthodes destinées à réduire le coût des programmes d'armement, la gestion de ces programmes et le développement de la coopération européenne.
1. Les nouvelles méthodes d'acquisition et la réduction des coûts
La DGA
s'était engagée dans une action volontariste de diminution du
coût des programmes d'armement, l'objectif s'échelonnant, selon
les programmes, entre 30 % d'économies pour ceux entrant en phase
de faisabilité et si possible jusqu'à 10 % pour ceux
déjà en phase de production.
Au 30 juin dernier, sur 93 programmes d'armement ou opérations
placés sous contrôle de gestion, le
montant des
réductions de coût
obtenues après la mise en oeuvre du
contrôle de gestion s'élevait à
9,8 milliards
d'euros
au coût des facteurs de 1999, soit
9,8 % des
dépenses qui restaient à engager sur ces programmes.
Ces
réductions de coût sont étalées sur toute la
durée de réalisation des programmes, soit, pour certains d'entre
eux, au-delà de 2010.
Elles ont été ont obtenues par diverses méthodes :
- la limitation des besoins au juste nécessaire pour l'exécution
des missions des forces armées, grâce à un travail en
« équipe intégrée » associant la DGA
et les états-majors concernés, et dans certains cas, l'industriel,
- l'amélioration de l'efficacité du processus d'acquisition et de
conduite des programmes,
- le développement de la mise en concurrence des industriels et la
passation de commandes globales pluriannuelles leur donnant une meilleure
visibilité de leur plan de charge.
Parmi les réductions de coût les plus importantes obtenues depuis
1997, la DGA cite :
- le
système principal PAAMS
de missile antiaérien pour
les frégates antiaériennes, pour lequel l'élargissement de
la coopération au Royaume-Uni a entraîné une
réduction de devis de 11,5 % ; l'allongement de la série des
missiles Aster, communs au PAAMS et à la famille sol-air futurs FSAF
entraîne une réduction du devis de ce dernier programme. Le
résultat de la négociation s'est traduit par un gain de 106,5
millions d'euros au coût des facteurs de janvier 1999. Le gain total
représente 28 % du coût de référence du
programme ;
- le
réseau de communication Rubis
de la gendarmerie pour lequel
l'optimisation des systèmes de transmission et de radiocommunication, de
la logistique initiale et des travaux d'infrastructure a permis une
réduction de 5,4 % du devis et 18,1 % du reste à
engager ;
- le
Rafale
, dont les gains sur la production se chiffrent à 1
722,6 millions d'euros aux coût des facteurs de janvier 1999, soit 8,1 %
du reste à engager de référence. Les principaux gains
obtenus résultent de la procédure des commandes globales et de la
négociation de Spectra et du lance-missiles MICA ;
- le
Tigre
dont les commandes globales de 80 machines et la
réduction du coût de série ainsi que les commandes
groupées des moteurs ont généré un gain global de
381,1 millions d'euros au coût des facteurs de janvier 1999. La
totalité des réductions acquises sur ce programme
représente 7,6 % du reste à engager de référence.
Le développement, à partir de 1997, des
commandes
pluriannuelles globales
, permettant d'engager plusieurs tranches de
fabrication ou plusieurs annuités de développement, ont
également permis des réductions de devis de la part des
industriels en contrepartie d'un engagement à plus long terme de l'Etat.
Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des commandes globales
passées depuis 1997 et jusqu'à l'année 2000, pour un
montant total avoisinant 10 milliards d'euros.
Les commandes globales pluriannuelles depuis 1997
Matériel |
Volume de la commande |
Date |
Montant
|
Missile Apache antipiste |
100 missiles |
28-10-97 |
238 |
Missile Scalp EG |
500 MISSILES |
29-12-97 |
641 |
Torpille MU 90 |
300 torpilles |
23-12-97 |
277 |
Missile MICA |
225 missiles |
17-12-97 |
179 |
Stratoréacteur Vesta |
conception, réalisation et essais |
29-10-97 |
141 |
MTBA |
18 systèmes fixes d'équipement des bases aériennes et 6 systèmes déployables |
31-12-97 |
213 |
Système de missiles PAAMS |
5 années de développement |
23-6-98 |
168 |
Dépanneur Leclerc |
15 dépanneurs |
27-7-98 |
107 |
Missile M 51 |
deux années de développement |
5-8-98 |
579 |
MTGT |
99 systèmes de transmission des garnisons de l'armée de terre |
28-10-98 |
76 |
Char Leclerc |
88 chars (regroupant des commandes de 1997 et 1998) |
30-10-98 |
762 |
Rafale |
28 avions de combat |
9-6-99 |
1 433 |
Hélicoptères Tigre |
80 hélicoptères de combat |
18-6-99 |
1 448 |
Chasseurs de mines |
modernisation de 13 bâtiments |
1-10-99 |
91 |
Système de missiles PAAMS |
passage en coopération trinationale |
11-8-99 |
46 |
Hélicoptères NH 90 |
27 hélicoptères marine |
30-6-00 |
1 153 |
Missile AASM |
744 kits de munitions |
13-9-00 |
200 |
Missile MICA |
70 missiles |
27-12-00 |
275 |
VBCI |
65 véhicules blindés |
6-11-00 |
358 |
MTBA |
21 systèmes fixes |
28-12-00 |
107 |
M 51 |
2 années de développement |
27-12-00 |
1 258 |
Pour
2001
, les commandes globales doivent porter sur
20 Rafale
(823
millions d'euros) et de
50 avions de transport A 400 M
(6 662 millions
d'euros). S'agissant de l'A 400 M, la commande, si elle se confirme,
présentera un caractère global à plusieurs tires :
- tous les pays participants commanderont leurs avions par le même
contrat,
- tous les appareils prévus aujourd'hui par les pays participants seront
commandés en une seule fois,
- comme pour les appareils civils, la commande sera unique et regroupera le
développement et la production.
Ce programme devra normalement être confié à l'OCCAR.
Pour l'année 2002
, le projet de loi de finances prend en compte
les commandes globales suivantes :
-
MTGT (modernisation des moyens de transmissions des garnisons de
l'armée de terre)
: 52 systèmes de transmissions venant
compléter la commande globale passée en 1998 et permettant de
réaliser l'ensemble de l'équipement prévu,
-
famille de systèmes sol-air futurs (FSAF)
: 2
systèmes sol-air moyenne portée/terrestre (SAMP/T), 70 munitions
et les approvisionnements à long délai pour 10 systèmes.
Comme votre rapporteur l'a souligné l'an passé, le
développement, par ailleurs hautement souhaitable, de la
procédure des commandes globales pluriannuelles se traduit par une
tension accrue sur les autorisations de programme, le choix ayant
été fait de privilégier la mobilisation des autorisations
de programme disponibles, afin d'en résorber le stock, à la mise
en place d'autorisations de programme nouvelles, qui n'est intervenue que dans
des cas exceptionnels, comme l'A 400 M.
Cette méthode atteint aujourd'hui ses limites. Déjà, elle
a rencontré un certain nombre de difficultés, la passation de
commandes globales ayant imposé la désaffectation d'autorisations
de programme précédemment attribuées à certains
équipements. Il est clair que le stock d'autorisations de programme
disponibles, qui s'est considérablement résorbé ces
dernières années, s'approche aujourd'hui d'un plancher, la
contraction du « fonds de roulement » s'étant
déjà traduite par des difficultés de mobilisation
d'autorisations de programme.
Pour 2002, l'armée de terre devra renoncer à certaines commandes
prévues et en réduire d'autres pour financer la commande globale
du SAMP/T.
2. La gestion par la DGA des crédits d'équipement des armées
Depuis
1997, les conditions de gestion, par la DGA, des crédits
d'équipement des armées, a fortement évolué, en
raison de la réforme de la DGA elle-même, de la modification de la
nomenclature budgétaire, de la généralisation de la
comptabilité spéciale des investissements, de l'intervention d'un
contrôle financier déconcentré comme dans les
ministères civils, de la restructuration des opérations
budgétaires en opérations budgétaires d'investissement, de
l'instauration d'un lien formel entre autorisations de programme et
crédits de paiement et du déploiement, début 2000, d'un
nouvel outil de comptabilité (Nabucco).
Malgré ces nombreux changements, les conditions de la gestion des
crédits, marquée il y a encore trois ans par de fort reports de
charges et des intérêts moratoires, s'est améliorée.
Evolution des crédits d'équipement
gérés par la DGA
(en milliards d'euros)
Exercice |
Engagements |
Ressources disponibles |
Paiements |
Taux de consommation |
1995 |
9,38 |
9,86 |
8,84 |
89,6 % |
1996 |
7,21 |
9,74 |
9,38 |
96,2 % |
1997 |
9,86 |
9,79 |
9,30 |
95,0 % |
1998 |
9,83 |
8,77 |
8,42 |
96,0 % |
1999 |
10,82 |
8,78 |
8,40 |
95,7 % |
2000 |
13,74 |
8,77 |
8,40 |
95,5 % |
Quant aux intérêts moratoires, leur montant, qui s'élevait à 109 millions d'euros en 1996, n'était plus que de 31 millions d'euros en 1998, 24,68 millions d'euros en 1999 et 34,97 millions d'euros en 2000.
3. La coopération européenne sur les programmes d'armement
La DGA a
joué un rôle majeur dans la création de l'
organisme
conjoint de coopération en matière d'armement (OCCAR)
, qui
regroupe actuellement l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni et la France.
L'OCCAR a pour but d'améliorer la gestion des programmes en
coopération, par la mise en oeuvre de règles et de
procédures inspirées des meilleures pratiques en vigueur dans les
Etats-membres. Dans le domaine des acquisitions, les principes retenus (mise en
concurrence systématique dans tous les pays européens, extension
à la concurrence extra-européenne en cas de
réciprocité effective, abandon du juste retour industriel
programme par programme...) innovent totalement par rapport aux pratiques
traditionnelles de la coopération.
Le processus de ratification de la convention du 9 septembre 1998 s'est
achevé en 2000, l'OCCAR ayant acquis la personnalité juridique
internationale lui permettant de mettre en oeuvre ses principes d'acquisition
le 28 janvier 2001.
Le principe de l'adhésion des Pays-Bas et de la Belgique à
l'OCCAR a été accepté. La Suède se montre
également intéressée.
Parallèlement, dans le prolongement de la lettre d'intention sur les
restructurations des industries de défense
du 6 juillet
1998, la France, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, l'Espagne et la
Suède ont signé un
accord cadre
le 27 juillet 2000
à Farnborough. Cet accord offre un cadre politique et juridique commun
pour mettre en place un environnement favorable à l'édification
d'une industrie européenne plus compétitive et plus solide sur le
marché mondial de la défense et d'un marché
européen plus intégré.
Les mesures retenues dans l'accord sont schématiquement les
suivantes :
-
sécurité d'approvisionnement :
afin de maintenir
pour chaque Etat, à l'issue des opérations de restructuration
industrielle transnationale, une garantie d'approvisionnement en
matériels de défense, un principe d'interdépendance et de
confiance réciproque entre les gouvernements, reposant sur un engagement
de concertation préalable est posé ;
-
procédures d'exportation :
l' accord encourage la
recherche d'une convergence et d'une pérennité des politiques
d'exportation vers les pays tiers préservant le principe de
contrôle et prévoit une simplification des procédures
administratives et l'harmonisation des procédures pour la gestion des
réexportations ; les mesures prévues s'appliquent aux
transferts réalisés dans le cadre de programmes en
coopération intergouvernementaux et de coopérations industrielles
ayant fait l'objet d'un agrément préalable des Etats ; elles
portentsur l'établissement d'une
licence globale
couvrant tous
les transferts vers un pays signataire pour un usage national, et l'adoption de
principes régissant le contrôle des exportations vers des pays non
signataires (principe des destinations a priori autorisées),
-
sécurité de l'information :
les mesures visent
à assurer la protection de l'information classifiée dans les
sociétés de défense, notamment transnationales, tout en
harmonisant et en allégeant les réglementations nationales pour
faciliter la circulation de l'information ;
-
recherche et technologie :
l'accord prévoit un
échange d'informations entre les Etats sur leurs programmes et
politiques en matière de recherche et technologie, ainsi que la
possibilité de confier à une agence exécutive la gestion
de fonds de recherche délégués ;
-
traitement des informations techniques :
l'accord
prévoit des principes et mesures visant à réduire les
restrictions imposées à la communication et à
l'utilisation des informations techniques dans les sociétés
transnationales de défense ( non discrimination entre les
sociétés nationales et les autres pour l'accès à
l'information technique possédée par les Etats,
propriété de l'information dévolue au
générateur de celle-ci, aide au transfert de l'information lors
par exemple de la création ou de la restructuration d'une
société transnationale) ;
-
harmonisation des besoins opérationnels :
l'accord
organise la concertation entre Etats pour harmoniser le processus de
planification, de programmation, et d'acquisition des équipements
à partir d'analyses des besoins militaires.
L'accord cadre est désormais en vigueur entre les cinq pays l'ayant
ratifié durant le premier semestre de cette année, l'Italie
prévoyant de terminer son processus de ratification fin 2001. Cette
phase de mise en oeuvre devrait être terminée mi-2002.
L'accord cadre se traduira, pour la France, par des modifications de textes de
nature réglementaire ou par l'introduction de nouveaux outils (licence
globale). Ces modifications feront l'objet d'une période
d'expérimentation avant d'être définitivement
entérinées.
B. LES CENTRES D'EXPERTISE ET D'ESSAIS ET LES STRUCTURES INDUSTRIELLES DE LA DGA
La DGA a entrepris une délicate adaptation de ses activités industrielles, d'expertise et d'essais, qui se traduit par une forte déflation des effectifs, et qui est dominée par la question de l'avenir de la Direction des constructions navales (DCN), dont le principe d'un changement de statut a été arrêté cet été.
1. Les centres d'expertise et d'essais : un effort de diversification dans un contexte concurrentiel
Créée en 1997, la direction des centres
d'expertise et
d'essais, qui constitue désormais, en terme d'effectifs, la principale
direction de la DGA dans sa partie étatique, regroupe
20 centres de
recherche et d'études, d'évaluation, d'expertise et d'essais
qui dépendaient jusqu'alors de diverses directions.
Cette nouvelle organisation met en relief la mission assignée aux
centres d'expertise et d'essais, qui est celle de jouer le rôle de
prestataire de service au profit des autres directions de la DGA, mais aussi de
développer une activité commerciale d'expertise auprès de
clients extérieurs.
Par son poids en termes d'effectifs, la direction des centres d'expertise et
d'essais se situe au coeur de l'effort entrepris par la DGA pour réduire
son coût de fonctionnement. Pour 2001, son
coût d'intervention
est évalué à 543 millions d'euros
, soit 56 % de celui
de l'ensemble de la DGA.
Dans ce cadre, plusieurs orientations ont été retenues :
- développer la "culture du client", généraliser la
contractualisation et renforcer la présence auprès des services
de programmes de la DGA,
- fournir des prestations globales et développer des pôles
d'excellence,
- élargir la clientèle au delà du ministère de la
Défense afin de mieux rentabiliser les moyens d'essais et de s'exercer
à la concurrence : le
"chiffre d'affaires" de diversification
est
passé de 18,1 millions d'euros en 1997 à 46,7 millions
d'euros en 2000. Il se situera
autour de 50 millions d'euros en
2001
, ce qui reste encore loin de l'objectif de 75 millions d'euros qui
avait été assigné pour 2002.
Sur la période couverte par l'actuelle loi de programmation,
l'activité des centres d'expertise et d'essais devait être
marquée par une
diminution d'environ 20 % des besoins de la
défense française
, baisse qui atteindrait 30 % dans le
secteur de l'aéronautique, alors qu'une
concurrence de plus en plus
affirmée se développe entre les 150 centres d'expertise et
d'essais européens
. Ce contexte s'accompagne également d'une
évolution des techniques, les essais étant souvent
remplacés par des simulations moins consommatrices de main-d'oeuvre , et
par une maîtrise d'oeuvre croissante des industriels sur les
systèmes d'armes.
La DGA a donc entrepris une
forte réduction des effectifs
de la
direction des centres d'expertise et d'essais qui sont passés de
12 000 personnes début 1997 à 8 810 personnes mi-2001.
Cette évolution sera normalement réalisée
sans
fermeture de site
, compte tenu notamment des investissements qui y ont
été réalisés,
à l'exception du centre
d'essais en vol de Brétigny
, qui a été fermé en
1999 et dont les activités ont été réparties dans
les centres d'Istres et de Cazaux.
2. Le service de la maintenance aéronautique : quel avenir pour une structure spécifiquement militaire ?
Les
trois ateliers industriels de l'aéronautique de la DGA,
spécialisés dans la maintenance aéronautique militaire,
sont regroupés depuis 1997 au sein du service de la maintenance
aéronautique, directement rattaché au
délégué général pour l'armement.
Ils prennent en charge les activités de maintenance qui ne peuvent
être effectuées au sein des armées elles-mêmes,
à l'exclusion de celles qui en raison de leur complexité sont
directement confiées aux constructeurs.
L'atelier de Bordeaux est spécialisé dans la réparation
des moteurs d'aéronefs, celui de Clermont-Ferrand dans la maintenance et
la réparation d'aéronefs et d'équipements des
armées de l'air et de terre, et celui de Cuers-Pierrefeu, dans la
maintenance et la réparation d'aéronefs et d'équipements
de l'aéronautique navale.
Ces activités sont gérées sous
compte de commerce.
Au 31 décembre 2000, les effectifs des trois ateliers industriels de
l'aéronautique, qui étaient de 3 600 personnes en 1997, avaient
été ramenés à 3 306 personnes, dont 1 282
à Clermont-Ferrand, 1 055 à Bordeaux et 969 à
Cuers-Pierrefeu.
Dans son rapport sur les industries d'armement de l'Etat rendu public en
octobre dernier, la
Cour des Comptes
relève la
réduction constante de l'activité des ateliers industriels de
l'aéronautique
depuis vingt ans, du fait de la diminution du volume
des flottes aériennes, de la fiabilité supérieure des
appareils et de méthodes de réparation nouvelles, plus
économes en main d'oeuvre. Elle estime que cette tendance se poursuivra
et ne sera que très faiblement compensée par les marchés
obtenus auprès de clients extérieurs à la défense
française, si bien que
la diminution des effectifs des trois ateliers
lui semble inexorable
. La Cour des Comptes juge toutefois que les effectifs
ne sauraient passer sous un certain seuil sans provoquer, du fait du poids des
charges fixes, un
risque de détérioration de la
compétitivité
. Estimant que dans le même temps,
l'industrie française de réparation aéronautique dispose
de capacités surabondantes,
elle préconise un rapprochement
entre les ateliers industriels de l'aéronautique et les filiales
spécialisées des grands constructeurs français
,
notamment la Sogerma (EADS) et Sochata (SNECMA).
Dans sa réponse, le ministre de la défense estime pour sa part
que
« le maintien du SMA au sein du ministère de la
défense est une garantie de réactivité et d'optimisation
de la politique de maintenance des matériels qui équipent les
forces armées »
. Il souligne la bonne tenue des
performances économiques des ateliers industriels de
l'aéronautique, la réduction des effectifs s'opérant sans
perte de compétences et allant de pair avec un abaissement du poids
relatif des charges de structure. Le ministre illustre la
compétitivité du SMA en précisant que
« pour
la transformation du standard K1 en standard K2 du Mirage 2000, le prix
payé par le client au SMA a été inférieur à
la moitié du devis présenté par le
constructeur »
.
3. DCN : un changement de statut nécessaire mais tardif
L'adaptation rapide de la Direction des constructions navales
(DCN),
aujourd'hui transformée en service à compétence nationale
baptisé « DCN », constitue un enjeu
économique et social majeur pour le ministère de la
défense.
En raison de la baisse très importante de l'activité de
construction neuve au profit de la Marine nationale et du tassement des
activités d'entretien des bâtiments de la flotte,
l'avenir de
DCN repose sur la conquête de marchés à l'exportation et la
conclusion d'alliances industrielles, objectifs face auxquels son statut
d'administration et sa compétitivité industrielle constituent
deux handicaps très lourds.
Deuxième acteur de la construction navale militaire dans le monde,
reconnue pour sa haute technicité, DCN doit impérativement
opérer une profonde mutation si elle ne veut pas progressivement
s'affaiblir. Il lui faut à la fois
adapter ses effectifs à son
plan de charge
, pour trouver les conditions d'un équilibre
économique, et
opérer sa transformation
d'une
administration qu'elle est toujours en une entreprise compétitive.
Evolution du plan de charge de la DCN
(en millions d'heures )
|
1998 |
1999
|
2000 |
2001
|
2002
|
Etudes et constructions neuves |
7 204 |
4 458 |
3 351 |
3 743 |
4 624 |
Entretien |
5 985 |
6 641 |
5 190 |
5 924 |
5 433 |
Export et divers |
5 399 |
6 893 |
4 039 |
4 441 |
3 327 |
Total |
18 588 |
17 992 |
12 580 |
14 108 |
13 384 |
Face
à la réduction continue du plan de charge, DCN a entrepris une
réduction de ses effectifs
, qui sont passés de
21 000
agents début 1997
à 15 000 début 2001, l'effectif
prévisionnel pour la fin de cette année devant passer sous la
barre des 15 000 agents.
Cette réduction des effectifs a été obtenue par
trois
types de mesures
: le
dégagement des cadres
applicable
aux ouvriers ayant atteint l'âge de 55 ans et, depuis 1998, 52 ans,
moyennant le versement de pensions, allocations différentielles et
suppléments de pensions, les
départs volontaires
indemnisés
(indemnités de départ volontaire,
allocations chômage, indemnités diverses d'aide à la
création d'entreprises), et les mutations dans les armées et les
services communs avec maintien de la rémunération, qui ont
donné lieu au versement d'indemnités de mutation et de
déménagement et à la prise en charge de frais de formation.
Ces mesures sont financées par un
fonds d'adaptation industrielle
imputé sur le titre V de la Marine. Elles ont représenté
305 millions d'euros sur la période 1997-2000.
Les
dépenses prévisionnelles sont de
98 millions d'euros pour 2001
et de 96 millions d'euros pour 2002.
En ce qui concerne les
mutations vers les armées
, les
candidatures se sont surtout manifestées la première année
et
dès 1998
,
les candidatures se sont taries.
En effet,
aux problèmes géographiques s'ajoutent ceux liés aux
profils des postes proposés par les armées, souvent peu
qualifiés puisque destinés à remplacer des appelés.
Enfin, il est probable que la perspective d'un départ anticipé
dès 52 ans a découragé un certain nombre de candidatures.
En dépit des moyens financiers importants qui leur ont été
consacrées,
ces diverses mesures, fondées sur le volontariat,
se sont révélées insuffisantes pour atteindre un format
correspondant au plan de charge
, évalué aux alentours de 13
000 agents, sur la base du ratio minimal de 1 million de chiffre d'affaires par
agent.
Mais au delà du problème des effectifs se pose le problème
crucial des
modes de gestion
et de la
capacité de nouer des
alliances industrielles
.
Au cours de ses précédents rapports, votre rapporteur a
souligné les
handicaps que font peser sur DCN son statut actuel
.
Dans son rapport précité d'octobre 2001, la
Cour des
Comptes
en dresse un inventaire détaillé : gestion
fondée sur une
facturation au client des coûts- et bien souvent
des surcoûts - constatés
, et non sur une logique de
résultat,
graves insuffisances dans la gestion informatique des
pièces de rechanges et des munitions
, qui conduisent à
maintenir des stocks considérables tout en devant effectuer de
coûteux achats en urgence, répercutés sur les coûts
de maintien en condition opérationnelle des bâtiments de la
Marine,
cumul d'un sureffectif et d'un sous-encadrement
, notamment pour
les activités essentielles d'achats et de comptabilité,
mauvaise évaluation des devis pour les contrats à
l'exportation
, provoquant des pertes d'exploitation,
difficultés,
en raison du statut d'administration, à s'insérer dans les
restructurations de l'industrie européenne de la construction navale
.
L'an passé, votre rapporteur soulignait que la transformation de DCN en
service à compétence nationale
, retiré du
périmètre de la DGA et rattaché directement au ministre de
la Défense, ne modifiait en rien la nature de service industriel de
l'Etat qui caractérise DCN, et n'emportait
aucune conséquence
sur les modes de gestion
, bien que certains assouplissements en
matière de code des marchés publics, de règles d'embauche,
de règle de gestion et d'affectation du résultat aient
été envisagés dans le cadre d'une charte de gestion,
conclue entre le ministère de la Défense et celui de l'Economie
et des Finances. Il s'inquiétait de la lenteur des évolutions et
appelait à une transformation rapide du statut de DCN.
On ne peut donc que partager l'opinion de la Cour des Comptes lorsqu'elle
écrit :
« les évolutions nécessaires
pour assurer le destin de la DCN n'ont d'ores et déjà que trop
tardé »
.
Annoncée, le 6 juillet dernier, la
décision de doter DCN d'un
statut de société de plein exercice, détenue par l'Etat,
permet donc d'amorcer cette indispensable évolution
.
Cette transformation doit permettre à DCN d'appliquer des règles
de fonctionnement identiques à celles de ses concurrents et partenaires.
DCN ne sera plus soumise au code des marchés publics. Elle se fixera des
règles internes conformes à celles utilisées par les
industriels du secteur et pourra recruter les personnels, et en particulier les
cadres, dont elle a besoin, sous le régime de la convention collective
qui sera retenue. Les personnels actuels conserveront leur statut et seront mis
à disposition par l'Etat. Surtout, DCN pourra nouer directement des
alliances avec des partenaires industriels et commerciaux, notamment sous forme
de filiales communes qu'elle contrôlera directement.
Un contrat d'entreprise, couvrant une période transitoire d'au moins 5
ans après la création de la société,
précisera les objectifs de DCN et les modalités adoptées
par l'Etat pour accompagner son évolution.
La constitution de la société et l'apport de
l'Etat devraient intervenir au dernier trimestre 2002 et
la mise en
place opérationnelle de la société début 2003
.
La transformation du statut de DCN fait l'objet de l'
article 36 du projet de
loi de finances rectificative pour 2001
. Votre commission des affaires
étrangères et de la défense formulera un avis à
l'occasion de l'examen de cet article et décrira à cette occasion
le contexte dans lequel s'inscrit cette réforme, les
nécessités auxquelles elle répond mais aussi les limites
inhérentes à sa lente et tardive mise en oeuvre.
Pour l'heure, votre rapporteur souhaite simplement insister sur l'urgence qui
s'attache à la mise en oeuvre effective et rapide de cette
réforme, sachant qu'au delà du statut juridique de l'entreprise,
la réorganisation de sa gestion et l'adaptation de la politique des
ressources humaines aux exigences de compétitivité devront
être impérativement accélérées.
C. LE BUDGET DE LA DGA
1. L'évolution des crédits
Le
montant des crédits regroupés au sein de l'agrégat DGA
pour 2002 s'élève à
2,105
milliards d'euros
,
contre 2,130 milliards d'euros dans le budget 2001.
Les
dépenses ordinaires
, dont le périmètre a
fortement évolué, s'élèvent à 378,8 millions
d'euros
, soit une diminution de 6,7 %
par rapport à 2001.
Evolution des dépenses ordinaires de la DGA
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
% |
Rémunérations et charges sociales |
144,0 |
118,9 |
- 17,5 |
Fonctionnement courant |
142,3 |
128,8 |
- 9,5 |
Subventions de fonctionnement |
118,7 |
130,2 |
+ 9,7 |
Alimentation |
1,2 |
1,0 |
- 16,2 |
Total |
406,3 |
378,9 |
- 6,7 |
La forte
diminution des dépenses de
rémunérations et charges
sociales
, qui, il faut le rappeler, ne couvrent que l'emploi des personnels
militaires de la DGA, résulte de deux facteurs :
- la poursuite des
réductions d'effectifs
liées à
la programmation (suppression de 52 postes d'officiers, de 5 postes de
sous-officiers et des 22 derniers postes d'appelés ;
création de 44 postes de volontaires), qui représente une
économie d'environ 2,2 millions d'euros
- d'importants
changements de périmètre
, 86 emplois
concernant les postes permanents à l'étranger étant
transférés au budget de l'état-major des armées
(environ 11 millions d'euros) alors que les emplois relatifs aux écoles
de la DGA seront désormais financés sur la subvention de
fonctionnement de ces écoles.
Les
dépenses de fonctionnement courant
, qui n'ont cessé de
diminuer ces dernières années, connaîtront une
réduction de 9,5 % en 2002
sous l'effet :
- des mesures de réduction de format liées à la
programmation (- 6,5 millions d'euros)
- de la contractualisation d'agents auparavant rémunérés
sur les crédits de fonctionnement (- 2,5 millions d'euros) dans le cadre
de la loi sur la résorption de l'emploi précaire
- de diverses mesures de transfert vers d'autres budgets qui se traduisent par
une économie nette de 4,6 millions d'euros.
Les
subventions de fonctionnement
augmenteront de 9,7 %.
La subvention de fonctionnement à
l'Office national d'études
et de recherches aérospatiales (ONERA)
sera maintenue à son
niveau de 2001, soit 49,5 millions d'euros. Elle est complétée au
titre VI par une participation de 18 millions d'euros (inchangée) aux
dépenses d'investissement et de 35,2 millions d'euros (+ 2,6 %) aux
dépenses d'études. Globalement, les
crédits
affectés à l'ONERA s'élèveront donc à 102,7
millions de francs, soit 0,9 % de plus qu'en 2001.
La subvention de fonctionnement à
l'Ecole polytechnique
s'élèvera à 41,9 millions d'euros (inchangée),
alors que la subvention d'investissement se montera à 6,9 millions
d'euros (+53,4 %).
Les subventions de fonctionnement aux
écoles de la DGA
seront
nettement augmentées : 32,2 millions d'euros (+ 55,5 %) et couvriront
désormais les frais de personnels. Avec 7,2 millions d'euros les
subventions d'investissement diminueront de 28,4 %.
La
contribution française à l'OCCAR
est maintenue au
niveau de l'an passé, soit 2,4 millions d'euros.
Enfin, la participation aux dépenses de
l'Institut franco-allemand de
Saint-Louis,
imputée au titre VI, augmentera de 2,6 % et
s'élèvera à 17,8 millions d'euros.
Les
crédits du titre V
de la DGA s'élèveront
à
1,4 milliard d'euros
, soit 0,1 % de moins qu'en 2001.
Outre les crédits transférés à la direction des
applications militaires du CEA, qui augmenteront de près de 4 %, le
principal poste de dépenses du titre V est constitué des
études-amont
, regroupées depuis 1998 sous la
responsabilité de la DGA, qui bénéficieront en 2001 de
438 millions d'euros
de crédits, soit 3,8 % de moins qu'en 2001.
Les crédits d'infrastructure, qui se monteront à 167,7 millions
d'euros, diminueront de 5,7 %.
Enfin, rappelons que sur le titre VI de la DGA est imputée une dotation
de 191 millions d'euros transférée au
budget civil de
recherche et de développement
, et ce, en contradiction avec les
dispositions de la loi de programmation, qui fait suite à celles de 76,2
millions d'euros en 1998, 137,2 millions d'euros en 1999, 228,7 millions
d'euros en 2000 et 191 millions d'euros en 2001.
2. La poursuite de la réduction des effectifs
Le tableau suivant retrace l'évolution des effectifs budgétaires de la DGA de 2001 à 2002, en distinguant les personnels relevant du budget de l'Etat proprement dit, et ceux relevant des comptes de commerce, ces derniers ne comportant plus les personnels de DCN, sortis du périmètre de la DGA depuis la transformation en service à compétence nationale.
Evolution des effectifs de la DGA
|
Zone budgétaire 2001 |
Compte de commerce 2001 |
Total
|
Zone budgétaire 2002 |
Compte de commerce 2002 |
Total
|
Officiers |
2 388 |
804 |
3 192 |
1 826 |
792 |
2 618 |
Sous-officiers |
882 |
2 |
884 |
1 577 |
2 |
1 579 |
Volontaires |
182 |
0 |
182 |
226 |
0 |
226 |
Contingent |
0 |
0 |
22 |
0 |
0 |
0 |
Total militaires |
3 452 |
828 |
4 280 |
3 620 |
794 |
4 423 |
Titulaires |
5 401 |
3 221 |
8 622 |
5 209 |
2 875 |
8 084 |
Contractuels |
2 989 |
1 429 |
4 418 |
2 808 |
1 665 |
4 473 |
Ouvriers |
4 605 |
14 236 |
18 841 |
4 347 |
14 071 |
18 418 |
Total civils |
12 995 |
18 886 |
31 881 |
12 364 |
18 611 |
30 975 |
TOTAL GÉNÉRAL |
16 447 |
19 714 |
36 161 |
15 993 |
19 405 |
35 398 |
(1)
l'évolution de la répartition entre officiers et sous-officiers
est due à la réforme de la scolarité des
élèves de Polytechnique : à compter de 2002 les
élèves sont tous sous-officiers et une 4
e
année
est créée.
On observera qu'en 2002, une
réduction globale de 763 postes
sera
appliquée à la DGA, dont 454 postes sur la zone budgétaire
et 309 postes sur la zone compte de commerce.
Cette déflation des effectifs touchera les personnels ouvriers (- 423
postes) et les personnels civils non ouvriers (- 483 postes), alors que les
effectifs des personnels militaires progressent de 143 postes (- 22 postes
d'appelés, + 121 postes d'officiers et sous-officiers, + 44 postes de
volontaires).
La diminution s'effectue par l'exploitation de l'ensemble des
possibilités de départ basées sur le volontariat ou les
mesures d'âge : préretraites, départs volontaires
indemnisés, reclassements au sein d'autres administrations, mutations
vers les armées et services communs.
On peut également signaler la montée en puissance des postes de
volontaires (226 postes en 2002, soit un peu moins que l'objectif initial de
300) destinés à des profils de poste de « haut
niveau » analogues à ceux occupés par les scientifiques
du contingent.
3. La réduction du « coût d'intervention » de la DGA
La DGA a
pour objectif de réduire son « coût
d'intervention », notion économique qui retrace le coût
de ses structures permanentes participant à son activité propre
et des moyens mis en oeuvre pur assurer leur fonctionnement.
Tel que calculé par la DGA, le coût d'intervention
s'établira à
972 millions d'euros en 2001
, soit une
diminution de 23 % en euros constants par rapport à 1996.
La DGA entend obtenir une
réduction des ces dépenses de
l'ordre de 30 %
sur la durée de la programmation
grâce :
- à la
maîtrise des dépenses de
rémunérations et charges sociales,
liée à la
déflation des effectifs
, qui a déjà concerné
4 300 personnes de 1997 à fin 2000,
- à la réduction des dépenses de fonctionnement
courant
(politique de rationalisation systématique du soutien par le
regroupement des moyens au sein d'un établissement central de soutien,
le resserrement des surfaces occupées, le redimensionnement du parc
informatique, l'adaptation de la politique d'achat),
qui atteint
environ 30 % (60 millions d'euros) par rapport à 1996,
-
au contrôle centralisé des
investissements,
afin
d'évaluer l'opportunité et le coût de toutes les
opérations significatives, étant précisé que le
flux des investissements techniques a diminué de 45 millions d'euros
depuis 1996.
L'objectif pour la fin 2002 est d'atteindre un coût d'intervention de
l'ordre de 900 millions d'euros.