II. UNE LUTTE À RENFORCER CONTRE LA FRACTURE NUMÉRIQUE TERRITORIALE
A. LA COUVERTURE TERRITORIALE EN TÉLÉPHONIE MOBILE
1. La téléphonie mobile de 2ème génération (GSM)
a) Les limites du seul jeu de marché
La
concurrence est un levier puissant de diffusion territoriale. Ainsi, alors
qu'en 1995, les abonnés à la téléphonie mobile
n'étaient qu'au nombre de 1,3 millions, l'ouverture du
3
ème
réseau en 1996, en avivant la concurrence, a
stimulé la diffusion de la téléphonie mobile. Le jeu de la
concurrence a été le principal moteur de l'extension des
réseaux et de la baisse des prix. L'augmentation de la
pénétration des services a, en effet, rendu rentable la
couverture des zones qui ne l'étaient pas à un moindre niveau de
développement du marché.
Par ailleurs, la couverture territoriale proposée constituant un
argument de vente décisif, les opérateurs, du fait de la
concurrence, ont été incités à couvrir des zones
géographiques non rentable.
Les opérateurs sont donc
rapidement allés, en matière de couverture, au-delà des
obligations contenues dans leur cahier des charges.
Pourtant, ce processus semble avoir trouvé sa limite, et laisse
subsister d'importantes « zones d'ombre », non couvertes,
sur le territoire national, qui s'ajoutent, dans certains endroits
« couverts » à des déficiences en terme de
qualité de service.
Prévoyant que la logique du marché buterait, à terme, sur
le coût élevé de la couverture du dernier
« décile » du territoire le moins rentable
économiquement, la loi de réglementation des
télécommunications du 26 juillet 1996 avait
prévu un
dispositif très complet
(voir supra) pour
parfaire la couverture territoriale en téléphonie mobile,
reposant sur un bilan de couverture territoriale que le Gouvernement devait
remettre au Parlement au plus tard
en juillet 2000.
Votre commission n'a pas manqué de rappeler le Gouvernement à
cette obligation, sans succès jusqu'à l'été
dernier. Déposé avec un an de retard, ce rapport, enfin
publié, a établi
un état des lieux de la couverture du
territoire
et réalisé une analyse économique des zones
restant à couvrir. Il montre que :
- 91,6 % du territoire métropolitain est couvert par au moins
un réseau mobile GSM ;
- 46.000 km² ne sont couverts par aucun réseau (soit
8,4 % du territoire) ;
- moins de 390.000 personnes (soit moins de 0,7 % de la
population) n'ont pas accès à un service mobile sur leur lieu de
résidence ;
- 1.480 communes ne disposent pas d'une couverture effective de leur
centre ;
- l'hypothèse d'une couverture à 100 % du territoire
par un seul réseau représenterait
un investissement d'environ
2,6 milliards de francs
. Notons qu'avec des accords
d'itinérance locale, ce coût pourrait être abaissé
à 1,4 milliard de francs.
Compte tenu des coûts à engager et de la faible rentabilité
des investissements, le rapport du Gouvernement indique que la dynamique
concurrentielle qui a conduit les opérateurs mobiles à
déployer fortement leurs réseaux de
télécommunications ces dernières années, ne
permettra pas d'amélioration sensible de la couverture du territoire
au-delà du point d'équilibre actuellement atteint.
Les « zones » d'ombres apparaissent en rouge sur la carte
ci-après :
b) Une extension pourtant programmée dès 1996
Outre un bilan territorial de la couverture, la loi précitée de 1996 prévoyait, déjà, la mise en oeuvre de moyens de mutualisation des investissements entre les opérateurs pour parfaire la couverture territoriale au delà du point « d'équilibre » du marché :
COUVERTURE TERRITORIALE EN GSM : EXTRAIT DE LA LOI DE 1996
Article
L. 35-7 du code des P. et T : «
au moins une fois tous
les quatre ans à compter de la date de publication de la
présente loi, un rapport sur l'application du présent chapitre,
remis par le Gouvernement au Parlement [...]. Le premier rapport remis en
application de l'alinéa précédent comporte un bilan de la
couverture du territoire par les réseaux de
radiotéléphonie mobile.
Il propose les modifications
nécessaires à apporter au présent chapitre pour assurer,
à un terme rapproché, la couverture des zones faiblement
peuplées du territoire, ainsi que des routes nationales et des autres
axes routiers principaux, par au moins un service de
radiotéléphonie mobile terrestre ou satellitaire.
Il
précise également les moyens nécessaires pour atteindre
cet objectif dans le respect du principe d'égalité de concurrence
entre opérateurs, notamment les
modalités d'un investissement
commun aux opérateurs
ou d'une combinaison des différentes
technologies disponibles dans les zones à faible densité de
population non couvertes à la date de remise du rapport
»
Ainsi, le législateur a pris le soin, dès 1996, de définir
une méthodologie pour l'extension de cette couverture, que le
Gouvernement était invité à mettre en oeuvre au plus tard
à partir de juillet 2000.
Déjà esquissées dans la loi de 1996, les modalités
pratiques de la réalisation de l'objectif d'une couverture
complète sont désormais identifiées. Techniquement, deux
solutions se dégagent, qui peuvent d'ailleurs être
combinées :
- une
mutualisation des coûts par mise en commun des moyens
d'infrastructure passifs
. Sont concernés principalement : le
génie civil, la recherche et la négociation de site, le
coût des pylônes et des redevances, le raccordement
électrique et l'exploitation correspondante. Dans ce cas, les
opérateurs étendent leur couverture sur l'ensemble des zones
à couvrir et n'acceptent chacun que leurs propres clients ;
- «
l'itinérance locale
». Il s'agit de
l'installation d'un seul des trois réseaux sur une zone non
couverte, ce réseau acceptant toutefois les clients des autres
opérateurs et permettant une compatibilité de service.
c) Une mise en oeuvre contestable : le CIADT du 9 juillet
Ce n'est
que lors du Comité interministériel d'aménagement et de
développement du territoire (CIADT) du 9 juillet dernier, à
Limoges, que le Gouvernement a fait part de ses intentions en matière de
couverture territoriale.
Le Gouvernement y a, en effet, annoncé l'achèvement de la
couverture territoriale en téléphonie mobile d'ici 3 ans.
Mais il s'est bien gardé d'y apparaître comme le principal
financeur.
Comme l'indique le relevé de conclusions du CIADT, le Gouvernement a
décidé la mise en place d'un dispositif de
«
soutien public à l'investissement des
collectivités locales et des opérateurs
» pour la
construction de stations de base équipées de
téléphonie mobile
. Cet engagement vise à assurer dans
les trois prochaines années la couverture de
l'ensemble des lieux de
vie permanents et occasionnels
(sites touristiques) et
des axes de
transport prioritaires
.
Sont concernés notamment les 1.480 centres de villages qui ne sont
aujourd'hui couverts par aucun réseau de
télécommunications mobiles.
Par ailleurs, le Gouvernement indiquait avoir obtenu un accord des trois
opérateurs mobiles pour la mise en place d'un
système
d'itinérance
locale
dans les zones à couvrir, qui
conduira à déployer pour chaque zone concernée un
réseau unique, accessible aux abonnés des trois opérateurs
mobiles et permettra ainsi de réduire considérablement le
coût d'extension de la couverture envisagée.
Le coût global est estimé à
1,4 milliard de francs
sur le territoire métropolitain
, dont le Gouvernement estime, dans
le relevé de conclusions du CIADT, qu'ils devraient être
répartis de la façon suivante
: 400 millions de
francs pour les opérateurs
et
500 millions de francs de
crédits d'Etat
afin de participer, selon les termes du relevé
de conclusions «
sur une base paritaire
, aux
investissements pour la construction des stations de base
équipées, que décideraient
les collectivités
locales
qui auront fait connaître leurs objectifs de couverture avant
la fin 2001
».
S'agissant des départements d'Outre-mer, le Gouvernement, estimant que
la fin, en 2000, du monopole de fait qui y caractérisait le
marché de la téléphonie mobile, va permettre une extension
de la couverture et une amélioration des conditions tarifaires, a
décidé de s'en tenir à l'engagement
d'«
étude devant déboucher sur
l'établissement d'un rapport avant la fin de l'année 2001
sur les conditions du développement de la couverture en
téléphonie mobile outre-mer
».
Votre commission regrette très vivement que les conclusions du CIADT
aient prévu que les collectivités locales soient
sollicitées à hauteur de 500 millions de francs pour la mise
en oeuvre de ce plan de rattrapage, soit autant que l'Etat, et plus que les
opérateurs de télécommunications. Les collectivités
concernées sont pourtant les moins « riches » de
notre territoire. Là où une péréquation nationale
aurait été nécessaire, le Gouvernement renforce, au
contraire, les inégalités.
Si l'Ile-de-France fut couverte sans monnaie débourser par les
collectivités concernées, c'est dans le massif central, en
Lozère, ou en Corrèze, par exemple, qu'il faudra fait appel au
contribuable local !
Ajoutons toutefois que, comme le ministre l'a annoncé à la
commission lors de son audition, deux opérateurs se seraient
engagés à débourser 100 millions d'euros chacun pour
accélérer ce plan de couverture qui serait, en définitive,
achevé d'ici 2 ans au lieu de 3.
Le ministre a indiqué que cet effort financier supplémentaire
permettrait d'«
améliorer la couverture territoriale des
réseaux dans le cadre des mesures du CIADT et
d'autres
opérations
», dans le cadre
d'«
opérations d'extension, de densification et
d'amélioration de la qualité du réseau dans les zones
rurales
»
25(
*
)
.
Rien n'indique toutefois que la facture à la charge des
collectivités locales s'en trouvera diminuée. En outre, il semble
bien que les opérateurs concernés comptent mettre cet
investissement à la charge de l'amélioration de leur
réseau en général (densification en zones urbaines
comprise) et non exclusivement à la couverture des zones
« d'ombre ».
2. La troisième génération (UMTS)
a) Une promesse non tenue de consultation du Parlement
Craignant que ce scénario ne se reproduise avec la
téléphonie mobile de
troisième génération, le Parlement avait exigé
du Gouvernement, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 2001,
d'être préalablement consulté sur les obligations de
couverture fixées par les cahiers des charges
des licences de
téléphonie mobile de troisième génération.
M. Christian Pierret s'y était personnellement engagé, lors
de son audition devant votre Commission des Affaires économiques,
à la demande de votre rapporteur pour avis.
Or, en juillet dernier, les cahiers des charges furent publiés au
Journal Officiel sans que le Parlement soit consulté. Chacun jugera du
respect de la représentation nationale que manifeste une
« omission » aussi grossière.
b) Des cahiers des charges peu ambitieux en termes de couverture territoriale
Les cahiers des charges des licences de téléphonie mobile de troisième génération fixent des obligations de couverture en termes de population métropolitaine et non de couverture territoriale, pourtant plus significative, s'agissant de services mobiles. Ces obligations sont détaillées ci-après :
OBLIGATIONS DU CAHIER DES CHARGES D'ORANGE
(couverture en
% de
la population métropolitaine)
|
2003 |
2006 |
2009 |
Services de voix |
58 % |
94 % |
> 98 % |
Services de données à 144 kbits/s. |
58 % |
94 % |
> 98 % |
Services de données à 348 kbits/s. |
7 % |
13 % |
17 % |
OBLIGATIONS DU CAHIER DES CHARGES DE SFR
(couverture en %
de
la population métropolitaine)
|
2003 |
2006 |
2009 |
Services de voix |
75 % |
98,9 % |
99,3 % |
Services de données à 144 kbits/s |
75 % |
98,9 % |
99,3 % |
Services de données à 348 kbits/s (en ascendant seulement) |
71 % |
97,5 % |
98,2 % |
Ces
chiffres sont relativement peu ambitieux (17 % de la population en 2009
pour France Télécom, et 98,2 % de la population -soit
environ 80 % du territoire- pour SFR en transmission ascendante seulement)
pour le transport des données à plus haut débit, principal
apport de l'UMTS par rapport aux réseaux GSM actuels.
En outre, votre commission craint que les opérateurs titulaires d'une
licence de téléphonie de troisième
génération cessent d'investir dans l'équipement de leur
réseau GSM, pour accélérer artificiellement la translation
de leur clientèle vers la troisième génération.
L'échéance de 2006 pour le « basculement »
d'un type de réseau sur l'autre semble raisonnable. Une
échéance plus rapprochée apparaîtrait en revanche
comme prématurée.
B. UN INÉGAL ACCÈS AU HAUT DÉBIT
L'accès au « haut débit » est
devenu un atout d'attractivité économique décisif pour les
territoires. Or, comme le confirment les travaux les plus récents sur ce
sujet, et notamment un rapport du Conseil Economique et Social (de
juin 2001) ou de l'Observatoire des télécommunications dans
la ville (rapport de juin 2001), laissé à la seule dynamique
du marché, l'essor du haut débit conduirait, à
l'échéance de 2005,
à une polarisation territoriale
accrue
, une part significative de la population (20 à 25 %
selon les estimations) et des territoires n'ayant aucun accès au haut
débit à des conditions économiquement viables.
Plusieurs leviers d'action existent pour lutter contre cette fracture
numérique territoriale. Mais ils sont diversement exploités.
1. Les « infrastructures passives » des collectivités locales : une question enfin résolue
a) Un regrettable faux départ
Depuis
plusieurs années, de nombreuses collectivités territoriales se
sont trouvées confrontées à une absence d'offres
permettant, pour les entreprises désireuses de s'implanter ou
existantes, voire pour elles-mêmes, soit de réduire le prix des
communications soit de répondre, dans des conditions raisonnables, aux
besoins d'accès à des services de
télécommunications à haut débit.
Aussi ont-elles pris des initiatives en matière d'équipement de
leur territoire en infrastructures de télécommunications
« passives » -infrastructures dites de « fibres
noires »- installées par elles mais destinées à
être exploitées par des opérateurs de
télécommunications. Le principe de telles initiatives, reconnu
légitime par la Commission européenne, le Conseil de la
Concurrence et l'Autorité de régulation des
télécommunications, avait d'ailleurs été
avalisé par une conférence de presse du Premier ministre
dès le 19 janvier 1999.
Afin de sécuriser juridiquement ces initiatives
, qui
n'étaient pas explicitement prévues par le code des
collectivités locales, le
Sénat avait, lors des débats
sur le projet de loi d'aménagement du territoire en 1999, proposé
un dispositif législatif consacrant et encadrant cette intervention
-il était en particulier bien précisé que les
collectivités ne pourraient remplir elles-mêmes les fonctions
d'opérateur-. Les propositions, pourtant équilibrées, du
Sénat se sont malheureusement heurtées, malgré le
dépôt, par le Gouvernement, d'un amendement voisin, à
l'hostilité de certains députés, l'Assemblée
nationale adoptant finalement un texte si confus et restrictif que la nouvelle
liberté offerte aux collectivités locales pouvait être
considérée comme un faux semblant. Ainsi l'ART constatait-elle
dans son rapport annuel de 1999 que «
les débats qui ont
précédé et suivi l'adoption de ce texte ont bien
montré qu'il reflète encore une
réticence de
principe
qui ne trouve pas nécessairement son origine dans le souci
de la concurrence et de l'ouverture du marché. Paradoxalement la
procédure définie par la loi pour mettre en oeuvre le principe
affirmé risque ainsi d'apparaître aux élus soucieux de
répondre aux besoins de leurs administrés comme une
restriction du champ de leurs intervention
s. C'est en tout état
de cause ce qui ressort des propositions formulées en novembre 1999
par l'Avicam
26(
*
)
, le
Sipperec
27(
*
)
et deux grandes
agglomérations françaises. Leur objectif est de
bénéficier d'un cadre souple leur permettant d'exercer leur
mission d'aménagement du territoire en limitant au maximum le risque de
recours contentieux. Ce dispositif, dont l'interprétation est complexe,
mérite assurément d'être précisé, dans le
souci d'apporter une visibilité et une sécurité juridiques
plus grandes aux collectivités territoriales
».
Cette analyse confirmait largement ce que le Sénat avait
annoncé et dénoncé dès l'adoption de ces
dispositions par les députés.
L'article L.1511-6 du code général des collectivités
territoriales prévoyait en effet : «
la mise en oeuvre
d'une procé
dure » (non définie) «
de
publicité permettant de constater la carence et d'évaluer les
besoins des opérateurs
» et limitait à une
période de huit ans la durée d'amortissement des investissements
prise en compte pour évaluer le prix de la location (contre plus du
double en général dans le secteur privé).
Se rangeant à cette analyse, le Gouvernement prévoyait d'ailleurs
la modification de cet article dans le projet de loi sur la
société de l'information, déposé en juin 2001
à l'Assemblée nationale, mais non encore inscrit à l'ordre
du jour.
b) Une mesure finalement intégrée dans une loi « fourre-tout »
Changeant subitement son fusil d'épaule, le
Gouvernement a
finalement purement et simplement « importé », par
amendement, ce dispositif législatif dans un texte
« fourre-tout » intitulé « diverses
dispositions d'ordre social, éducatif et culturel »
28(
*
)
où on retrouve
pêle-mêle le covoiturage, la convention UNEDIC, le fonds de
réserve des retraites, le code de la mutualité, le régime
des droits d'auteur, ainsi que diverses dispositions portant sur l'enseignement
supérieur, la jeunesse et les sports.
Si votre commission se félicite de l'amélioration du dispositif
qu'elle avait, quant à elle, préconisée depuis 1999, elle
souhaite toutefois que la participation des collectivités locales au
déploiement de infrastructures à haut débit,
désormais reconnue par la loi, ne serve pas de prétexte à
un transfert de charges vers ces dernières et à un
désengagement des autres partenaires
(opérateurs et, dans le
cadre de la politique d'aménagement du territoire, Etat).
Aucun recensement exhaustif des investissements réalisés par les
collectivités locales en matière de
télécommunications n'est disponible. La Caisse des
Dépôts et Consignations a toutefois répertorié en
juillet 2001
plus de 160 projets de collectivités locales
destinés à favoriser le développement des réseaux
numériques à haut débit en France
dans les zones les
moins bien desservies et les a répartis en 68 projets de construction
d'infrastructures et 94 projets de service.
c) Une action « d'accompagnement » de l'Etat
Lors du
CIADT précité du 9 juillet 2001, le Gouvernement a
décidé de mettre en place
un dispositif de soutien à
ces projets territoriaux
et mandaté en ce sens la Caisse des
Dépôts et Consignations. Ce soutien se traduira par
un
«
accompagnement
» en investissement
, sur les
fonds propres de la Caisse à des dépôts et Consignations,
à hauteur de 230 millions d'euros sur 5 ans. De plus,
les
prêts à taux préférentiel sur 30 ans
peuvent être accordés aux collectivités locales, en
cofinancement avec les établissements de crédit, à
l'intérieur d'une enveloppe de 1,5 milliard d'euros. Par ailleurs,
l'utilisation du réseau de transport d'électricité comme
support d'infrastructures de télécommunications doit faire
l'objet d'expérimentations.
Là encore, l'Etat n'intervient qu'en accompagnement des
collectivités, pour créer un «
effet de
levier
» de ses financements, à charge pour les
collectivités de mobiliser les crédits complémentaires.
2. Le retard au démarrage de la « boucle locale radio »
L'accès à Internet à haut débit
peut
également se faire par l'installation de réseaux de
«
boucle locale radio
» (BLR) utilisant la
technologie hertzienne.
Le tableau suivant détaille les licences obtenues par chaque
opérateur BLR :
LICENCES « BLR » PAR OPÉRATEURS ET PAR RÉGIONS
Nom du candidat |
Licences obtenues |
Belgacom France |
9 licences : Auvergne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais, Basse-Normandie, Franche-Comté, Haute-Normandie, Pays de la Loire, Picardie |
BLR Services |
11 licences : Alsace, Auvergne, Bourgogne, Centre, Corse, Languedoc-Roussillon, Limousin, Lorraine, Midi-Pyrénées, PACA, Rhône-Alpes |
Broadnet France |
15 licences : Alsace, Aquitaine, Bretagne, Centre, Corse, Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire, Picardie, Poitou-Charentes, PACA, Rhône-Alpes |
Cegetel Caraïbes |
2 licences : Guadeloupe, Martinique |
Cegetel La Réunion |
1 licence : La Réunion |
FirstMark Communications |
1 licence : Métropole |
Fortel |
1 licence : Métropole |
LandTel France |
7 licences : Aquitaine, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Ile-de-France, Limousin, Poitou-Charentes |
XTS Network Caraïbes |
3 licences : Guadeloupe, Guyane, Martinique |
XTS Network Océan Indien |
1 licence : La Réunion |
Media Overseas |
1 licence : Guyane |
Source : ART
Mais l'ouverture des services de boucle locale radio au cours du premier
semestre 2001
n'a concerné qu'un nombre limité
d'opérateurs
compte tenu de la forte dégradation des
perspectives du secteur et du contexte financier qui a fortement
handicapé les opérateurs. En effet, sur cette période,
seuls FirstMark Communications, Belgacom, Altitude Telecom, BLR Services et
Broadnet ont démarré leur activité. La défaillance
d'actionnaires (retrait d'UPC du capital de Fortel, faillite de Teligent
propriétaire à 40 % de BLR Services) ont fortement
pesé sur les déploiements. Or, Fortel était titulaire
d'une licence nationale et BLR Services était autorisé à
développer son réseau dans 11 régions. Ces deux
sociétés sont passées à présent sous le
contrôle de LDCom et vendront désormais leurs services de boucle
locale radio à d'autres opérateurs.
FirstMark Communications, qui détient une licence nationale, a
développé son offre de BLR successivement à Nantes, Lyon,
Strasbourg, en Seine Saint-Denis, dans les XVIIème et
XIXème arrondissements de Paris, à Lille et à
Marseille. Avant la fin de l'année 2001, FirstMark Communications
devrait être présent dans 40 unités urbaines situées
dans 18 régions. Belgacom a lancé son réseau de BLR
dans le Nord et l'Ouest de la France, desservant ainsi 7 régions.
L'Auvergne et la Franche-Comté devraient être concernées
à leur tour en décembre prochain. Altitude Telecom s'est
implanté rapidement en Haute et Basse Normandie. BLR services a
démarré son activité à Lyon en avril 2001 et
Broadnet a lancé ses services à Paris en juin dernier.
Ces plans de déploiement sont décevants par rapport aux espoirs
suscités par la BCR, notamment pour les entreprises implantées
dans les villes petites et moyennes.
3. Le déploiement de l'ADSL freiné par l'enlisement du dégroupage
L'« ADSL »
29(
*
)
est une technologie qui permet, au
moyen d'un équipement complémentaire de cette infrastructure,
d'avoir accès à Internet à haut débit sur le
réseau téléphonique commuté.
Compte tenu du retard dans la mise en oeuvre du dégroupage,
rappelé ci-dessus, le déploiement de l'ADSL sur le territoire est
actuellement réalisé par un seul opérateur : France
Télécom.
Au-delà des chiffres de couverture volontaristes annoncés par cet
opérateur, une récente étude, dont les résultats
sont repris dans le rapport précité du Conseil économique
et social
30(
*
)
, apporte un
éclairage plus réaliste et moins enthousiasmant sur la diffusion
territoriale de ce service.
Cette étude, réalisée par le cabinet
« Tactis », détaille par département la
couverture potentielle de la population française en ADSL en
mai 2001. Cette cartographie a été établie à
partir des données fournies par France Télécom en
janvier 2001, recoupées avec les chiffres du recensement de 1999.
Elle tient compte des contraintes propres à l'ADSL et des
paramètres qui déterminent sa diffusion (distance par rapport au
répartiteur ; qualité du réseau ;
diamètre des câbles en cuivre utilisés) qui amènent
à considérer qu'une population déclarée couverte ne
l'est en réalité qu'à 85 % environ.
Cette étude estime qu'en mai 2001, 22 millions de
Français (soit 9 millions de foyers) peuvent réellement
bénéficier de cette technologie.
Les départements de la région parisienne, de la région
Rhône-Alpes et certains départements comme les Alpes maritimes
sont les mieux couverts en pourcentage de population. Parmi les
départements les plus mal desservis figurent notamment les Alpes de
Haute Provence, l'Ariège, la Corrèze, la Haute-Loire, la
Lozère et la Meuse.
Ce constat renforce encore la crainte du creusement du « fossé
numérique » entre zones urbaines et zones faiblement
peuplées.
Par ailleurs, si France Télécom annonce que 65 % de la
population sera couverte fin 2001, la couverture ne représentera pas
65 % en termes de territoire, compte tenu du poids démographique
des grandes villes.
Sur la proposition de son rapporteur pour avis, votre commission a
émis un avis défavorable à l'adoption des crédits
relatifs à la poste et aux technologies de l'information dans le projet
de loi de finances pour 2002.