CHAPITRE III -

LES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
DANS LA TOURMENTE

I. DE FORTES TURBULENCES MALGRÉ UN NET DÉVELOPPEMENT DES USAGES

A. UN NET DÉVELOPPEMENT DES USAGES

1. Des signaux positifs

a) L'observatoire des marchés de télécommunications

La demande de services de télécommunications reste soutenue, comme le montre la cinquième édition de l'enquête trimestrielle de l'ART, portant sur le 1 er trimestre  2001, menée auprès de 85 opérateurs.

Cette étude, récemment publiée, indique qu'en France, les opérateurs de télécommunications génèrent un chiffre d'affaires auprès des clients finals de 8 milliards d'euros, soit 2,3 % du PIB français, contre 2,1 % un an plus tôt . En termes de minutes, le marché des télécommunications enregistre une hausse évaluée, en moyenne glissante annuelle, à 6,8 %.

En ce qui concerne la téléphonie mobile , le chiffre d'affaires de ce segment représente, au 1 er trimestre 2001, 29,3 % du chiffre d'affaires total du marché des télécommunications, en progression de trois points par rapport au 1 er trimestre 2000.

La synthèse des résultats de cette étude est reproduite ci-dessous :

OBSERVATOIRE DES MARCHÉS DE L'ART
(chiffres d'affaires en millions d'euros)

 

1er trim. 2000

2è trim. 2000

3è trim. 2000

4è trim. 2000

1er trim. 2001

Variation sur un trimestre

Variation en glissement

Téléphonie fixe

3 872

3 765

3 741

3 835

3 956

+3,2 %

+0,6 %

Fourniture d'accès Internet

20

29

39

40

64

+60 %

+34,4 %

Téléphonie mobile

1 877

1 983

2 133

2 242

2 347

+4,7 %

+5,7 %

Ensemble téléphonie et Internet

5 769

5 777

5 913

6 115

6 367

+4,1 %

+2,5 %

Services avancés

435

422

448

435

432

-0,7%

-0,2%

Liaisons louées

432

448

584

568

600

+5,6%

+8,3%

Transport de données

121

146

144

136

175

+28,7%

+9,9%

Renseignements, annuaires et publicité

105

115

78

100

87

-13,0%

-4,5%

Terminaux et équipements

250

321

379

665

340

-48,9%

+5,6%

Hébergement et gestion de centres d'appels

7

21

16

12

8

-33,3%

+1,8%

Ensemble du marché

7 119

7 250

7 563

8 031

8 009

-0,3%

+3,0%

Source : ART

b) Le tableau de bord de l'innovation

Le tableau de bord de l'innovation est un indicateur périodiquement publié par le Secrétariat d'Etat à l'industrie, qui synthétise l'ensemble des données de la nouvelle économie : nouveaux investisseurs, nouvelles technologiques, nouveaux usages...

La dernière version du tableau de bord, parue en avril 2001, donne des signaux très encourageants quant au développement des usages.

Elle montre ainsi qu'au cours du second semestre 2000, la progression du nombre d'internautes en France s'est accentuée. Le seuil de huit millions d'utilisateurs de l'internet (à domicile, sur le lieu de travail ou dans un autre lieu public) aurait été atteint. Selon les sondages de l'Eurobaromètre (Commission européenne), le pourcentage des ménages disposant d'un accès à l'Internet à domicile serait passé en France de 13 % à 19 % entre mars et octobre 2000. Ce dernier pourcentage restant inférieur à ceux atteints au Royaume-Uni (41 %), en Allemagne (27 %) et en Italie (23 %).

NOMBRE D'INTERNAUTES
(en millions)

Erreur ! Liaison incorrecte.

Source : tableau de bord de l'innovation

Le nombre d'ordinateurs hôtes (sous « .fr ») connectés à Internet a augmenté en France légèrement plus rapidement (+58 %) durant l'été 2000, que la moyenne des autres pays de l'Union Européenne (+44 %). Il s'agit toutefois d'un indicateur partiel, en l'absence de calcul officiel intégrant les machines sous « .com » relevant de la France.

NOMBRE D'ORDINATEURS HÔTES EN FRANCE
(en millions)

Source : tableau de bord de l'innovation

Le taux de pénétration de la téléphonie mobile , avec 34,6 millions d'abonnés en septembre 2001 (soit plus d'abonnements mobiles que de lignes téléphoniques fixes) a atteint 57,6 % de la population . Au 31 décembre 2000, il était de 49,4 %, un taux inférieur à celui des Allemands (58,7 %) à la même date, alors qu'au début de l'année 2000, il était encore supérieur (34,3 %) à celui des Allemands (28,6 %).

NOMBRE DE CLIENTS DU TÉLÉPHONE MOBILE
(en millions)

% taux de croissance

-- Taux de diffusion en % sur la base d'une population française de 60,1 millions de personnes (recensement 1998)

Source : Art

Les ventes de micro-ordinateurs aux entreprises et aux ménages ont atteint 3,9 millions d'unités en 2000, soit une progression de 4 % par rapport à 1999. Au cours du second semestre 2000, plus de 2,2 millions de micro-ordinateurs ont été vendus en France (+2 % par rapport au second semestre 1999). Dans ce total, les ventes de micro-ordinateurs au grand public (près de 0,7 million d'unités) progressent de 1,7 % seulement par rapport au second semestre 1999, reflétant un ralentissement de la demande.

Entre mai 1999 et mai 2000, l'équipement des ménages en micro-informatique a continué de progresser. Le parc d'ordinateurs possédés par les ménages en France, s'est élevé à 7,5 millions d'unités (y.c les portables), soit une augmentation de plus de plus de 18 % par rapport à 1'année 1999. Ainsi, 27 % des ménages résidant en France possèdent un ordinateur à leur résidence principale. Ce niveau d'équipement informatique des ménages reste largement inférieur aux taux constatés en Allemagne (47 %), aux Etats-Unis (56 %) et en Suède (76 % ) pour l'année 2000.

2. Un acquis à développer : le service universel des télécommunications

a) Contenu et coût du service universel

La loi de réglementation des télécommunications du 26 juillet 1996 affirme le principe du maintien d'un service public des télécommunications et organise la compatibilité de sa fourniture avec les objectifs de pleine concurrence. Elle en a ainsi précisé le contenu. Le service universel des télécommunications en est la principale composante, à côté des services obligatoires et des services d'intérêt général. France Télécom est l'opérateur public chargé, par la loi, du service universel.

Le service universel est défini comme la fourniture à tous d'un service téléphonique de qualité à prix abordable. Il assure l'acheminement gratuit des appels d'urgence, la fourniture d'un service de renseignements et d'un annuaire d'abonnés sous forme imprimée et électronique. Il garantit la desserte du territoire en cabines téléphoniques sur le domaine public. Le service universel prévoit des conditions tarifaires et techniques spécifiques, adaptées aux personnes qui rencontrent des difficultés d'accès au service téléphonique en raison de leur handicap ou de leur faible revenu. Son financement est partagé entre les opérateurs.

Le coût du service universel comporte cinq composantes :

le coût lié au déséquilibre de la structure courante des tarifs de France Télécom : cette composante, transitoire, couvre la phase de rééquilibrage des tarifs de France Télécom par rapport à ses coûts, déséquilibre supportable en situation de monopole mais incompatible avec la concurrence. Cette composante, nulle depuis le 1er janvier 2000, était auparavant partagée -comme tous les autres coûts- entre les opérateurs à l'exception des opérateurs mobiles, exemptés en contrepartie d'engagements de couverture du territoire ;

le coût de la péréquation géographique , c'est-à-dire celui lié à la desserte du territoire et à l'accès de tous au téléphone à un même prix sur l'ensemble du territoire ;

les tarifs sociaux : il s'agit de la charge liée à l'obligation de fournir une offre de tarifs particuliers, destinée à certaines catégories de personnes, en raison notamment de leur faible niveau de revenu ou de leur handicap. A noter que leur mise en place est récente ;

la desserte du territoire en cabines téléphoniques ;

l'annuaire universel et le service de renseignements correspondant, qui n'ont toutefois pas encore vu le jour.

Le coût net du service universel des télécommunications est calculé par l'ART, puis constaté par le ministre. Il est notamment basé sur l'utilisation d'un modèle permettant de connaître le coût de la péréquation géographique, à partir de celui de la desserte des zones non rentables mais aussi de celui des abonnés non rentables dans les zones rentables. Ce modèle reflète le comportement d'un opérateur qui développerait un réseau téléphonique, à partir des zones les plus rentables, supposées être celles de plus forte densité démographique . Pour chaque catégorie de zones locales, un coût net apparaît dès lors que le coût supplémentaire encouru par l'opérateur pour desservir cette catégorie est supérieur aux recettes directes et indirectes retirées de la desserte de cette catégorie de zones locales.

La loi a prévu que le coût de la prestation de service universel, qui est supporté par France Télécom, soit partagé et financé de manière équitable entre l'ensemble des opérateurs de télécommunications et financé au prorata de leur trafic.

Le coût net prévisionnel du service universel des télécommunications a été évalué par l'Autorité de régulation des télécommunications à 430,21 millions d'euros pour 2000 et à 415,72 millions d'euros pour 2001, se décomposant de la manière suivante :

COÛT NET DU SERVICE UNIVERSEL EN 2000 ET 2001
(MONTANTS PRÉVISIONNELS)

en millions d'euros

2000

2001

Péréquation géographique

220,44

229,28

Autres obligations de service universel

209,77

186,44

TOTAL

430,21

415,72

D'après les informations communiquées à votre rapporteur pour avis, pour la dernière année liquidée (1999), si France Télécom, unique prestataire du service universel, est bien le seul opérateur créditeur du fonds de service universel géré par la Caisse des dépôts, les 78 opérateurs débiteurs recensés par le fonds apparaissent pour une contribution qui s'échelonne, en fonction de leur part dans le trafic total, de 0 à 434 millions d'euros.

b) Quelle évolution pour le service universel des télécommunications ?

Le législateur a prévu, en 1996, que le contenu du service universel des télécommunications soit, le cas échéant, complété au cours du temps. L'article L. 35-7 du code des postes et télécommunications inséré par cette loi a même précisé le mécanisme devant conduire à l'extension du champ du service universel. Votre commission y avait d'ailleurs particulièrement veillé.

La loi indique ainsi que, « au moins une fois tous les quatre ans » -formulation destinée à donner une date butoir tout en préservant la possibilité d'agir avant ce terme-, le Gouvernement dépose au Parlement un rapport sur l'application du chapitre du code des postes et télécommunications consacré au service universel des télécommunications. Il est précisé que ce rapport peut proposer d'étendre le champ du service universel , en fonction des besoins de la société et de l'évolution des technologies.

La loi a donc fixé un rendez-vous très précis pour faire évoluer le service universel des télécommunications. Votre commission déplore que le Gouvernement n'ait d'ailleurs pas respecté l'échéance de juillet 2000 fixée par le législateur pour le dépôt dudit rapport 20( * ) , dont la rédaction est pourtant achevée 21( * ) .

Par ailleurs, votre commission est particulièrement attentive aux discussions en cours au niveau européen, dans le cadre de la révision du « paquet » de directives sur les télécommunications. Des huit textes en discussion, c'est, en particulier, le projet de directive concernant le service universel et les droits des utilisateurs à l'égard des réseaux et services de communications électroniques qui retient son attention.

Le Conseil des ministres du 27 juin 2001 a permis l'adoption d'un accord politique entre les quinze sur cette directive. Les discussions ont principalement porté sur les mesures particulières en faveur des utilisateurs défavorisés, le caractère abordable des tarifs, le réexamen de la portée du service universel, les obligations de diffuser, le financement des obligations de service universel et les contrôles réglementaires concernant les services.

Dans le cadre du réexamen de cette directive, il est ultérieurement prévu que l'extension du champ du service universel devra être étudiée, notamment en terme de mobilité et de débits plus élevés.

Votre commission regrette que la France n'ait pas obtenu de vos partenaires un élargissement plus immédiat du service universel .

3. Deux freins à lever : le dégroupage et l'accès forfaitaire illimité à Internet

a) La laborieuse mise en oeuvre du dégroupage

Présenté il y a plus de deux ans par le Gouvernement comme une réforme majeure pour faire entrer la France dans la société de l'information, le « dégroupage de la boucle locale » 22( * ) , après des péripéties 23( * ) rappelées l'an dernier par votre rapporteur pour avis entre si péniblement en oeuvre que seuls quelques opérateurs persistent à être candidats au terme de négociations qui s'apparentent à un véritable parcours du combattant.

A tel point que l'ART tient désormais, sur son site Internet, un « tableau de bord du dégroupage » sur l'état d'avancement de sa mise en oeuvre opérationnelle.

On peut y lire qu'« au 20 octobre 2001 » , c'est à dire deux ans après la décision du gouvernement de le mettre en oeuvre, le « dégroupage commence à entrer en phase commerciale : le déploiement des opérateurs dans les sites de France Télécom a commencé et le dégroupage concret de lignes d'abonnés démarre ». L'Autorité précise pudiquement qu'elle « travaille avec les acteurs concernés pour résoudre les problèmes encore en suspens afin de permettre un dégroupage effectif ».

Seuls neuf opérateurs sont désormais candidats au dégroupage, contre plus de trente lorsque la décision de mettre en oeuvre cette procédure parachevant l'ouverture à la concurrence avait été annoncée. Parmi eux, seuls cinq ont réellement signé une convention de dégroupage avec France Télécom , leur permettant d'entrer en phase de commercialisation d'une offre de dégroupage, compte tenu des conditions tarifaires et techniques proposées. L'offre de référence de France Télécom du 16 juillet 2001, base actuelle de la mise en oeuvre du dégroupage, après plusieurs mises en demeures du régulateur sur des offres précédentes, a en effet été vivement critiquée par certains candidats au dégroupage.

Votre commission regrette que les conditions (techniques, opérationnelles et financières) du dégroupage restreignent, de fait, son déploiement aux zones les plus rentables et donc aux grandes agglomérations.

Les opérateurs vont ainsi être conduits, inévitablement, à des arbitrages privilégiant les zones les plus denses au détriment de l'aménagement du territoire. Il ressort des données de l'ART que les premières salles de co-localisation, par exemple, ont été commandées en régions parisienne, lyonnaise et marseillaise, comme le montre le graphique ci-dessous :

SALLES DE CO-LOCALISATION COMMANDÉES AU 20 OCTOBRE 2001

Source : Art

b) L'impasse de l'interconnexion forfaitaire illimitée à Internet

Un des moyens les plus puissants pour diffuser l'usage d'Internet est de proposer des forfaits dits « illimités », c'est-à-dire des « abonnements tout compris » dont le prix est indépendant de la durée de la connexion. Cette formule a été expérimentée en France avec le lancement, en août 2000, d'offres forfaitaires illimitées (99 francs par mois tout compris pour 2 ans d'abonnement, 199 francs par mois pour des engagements résiliables à la demande). Non viables économiquement dans les conditions actuelles d'interconnexion entre opérateurs, et ayant donné lieu à des problèmes de saturation technique, ces offres ont été retirées du marché.

Au cours de ces derniers mois, le Gouvernement, le régulateur et plusieurs acteurs économiques se sont prononcés en faveur du système d'interconnexion Forfaitaire illimitée (IFI) permettant la mise en oeuvre de ce type de forfaits, dans des conditions économiquement viables.

Le 11 janvier dernier, par exemple, le Premier ministre se prononçait en faveur de cette solution lors de ses voeux à la presse, tandis que le secrétaire d'Etat à l'industrie précisait le même jour : « les internautes pourront ainsi bénéficier d'offres forfaitaires illimitées à Internet dès l'été prochain, à des tarifs inférieurs à 200 francs par mois ».

France Télécom a ainsi été « invitée » à présenter une offre d'interconnexion à la capacité (et non la durée) au niveau de ses commutateurs d'abonnés . Or, les fournisseurs d'accès à Internet estiment que ces tarifs d'interconnexion forfaitaire ne sont pas orientés vers les coûts et font valoir qu'ils sont jusqu'à 75 % plus élevés que les tarifs équivalents proposés au Royaume-Uni.

Le secrétaire d'Etat à l'industrie a eu beau affirmer, lors de son audition devant votre commission, avoir demandé à l'ART « d'étudier les solutions permettant de parvenir à une offre d'accès illimité à moins de 200 francs », le dossier reste, pour l'instant, au point mort, aucune offre de ce type n'étant proposée.

Votre Commission des Affaires économiques souhaite vivement que de nouvelles conditions tarifaires permettent la relance de la dynamique des offres illimitées pour le grand public.

B. DE FORTES TURBULENCES

1. Un retournement particulièrement brutal

Depuis le début de l'année 2000, le contexte boursier a été très chahuté, caractérisé par des cours d'actions très volatils, en particulier dans le secteur des télécommunications et des technologies de l'information.

Au premier trimestre 2000, les valeurs dites « TMT » (Technologies Médias Télécoms) ont connu un fort engouement , lié principalement aux perspectives de croissance de ce secteur. Cette effervescence a été suivie d'une désaffection accentuée , qui s'explique, en partie, par l'ampleur des investissements financiers (compte tenu du prix exorbitant des licences) et opérationnels à consentir, notamment pour l'UMTS.

L'« éclatement de la bulle Internet » a surtout affecté les entreprises les plus fragiles, qui comptaient sur des multiples de capitalisation très élevés pour financer leur développement, et en particulier celles qui étaient engagées dans une fuite en avant, vendant à perte pour se constituer un portefeuille de clients important le plus rapidement possible, dans l'espoir d'une revente, avec forte plus-value, de leur activité. Mais ce retournement brutal n'a pas frappé que les sociétés de la « nouvelle économie ». Il a eu également de fortes répercussions sur les sociétés du secteur des télécommunications, ce dernier devenant, en outre, avec la défaveur soudaine de l'UMTS, un secteur « à risque ».

La « gestion » -si l'on peut dire !- du dossier « UMTS » par la Commission européenne et les procédures d'enchères anglaises et allemandes portent une lourde part de responsabilité en la matière.

Sans trop s'étendre sur un constat bien connu, votre rapporteur souhaite toutefois reproduire ci-après un tableau éloquent, publié sur le site Internet du Financial Times 24( * ) , et qui chiffre à 436.000 le nombre des suppressions d'emplois (par licenciements et non renouvellement d'emplois) dans le secteur des télécommunications depuis le début de l'année 2001 :

SUPPRESSIONS D'EMPLOIS DANS LES TÉLÉCOMMUNICATIONS
DEPUIS LE 1 ER JANVIER 2001

SOCIETES

NOMBRE D'EMPLOIS SUPPRIMÉS

Nortel Networks

49 000

Lucent Technologies

44 910

Motorola

39 000

China Unicom

34 478

Alcatel

33 000

Ericsson

22 000

Solectron

20 700

Siemens

17 000

JDS Uniphase

16 000

Corning

12 000

Philips

11 570

ADC

9 500

Cisco Systems

8 500

Matsushita

8 000

Worldcom Group

8 000

Marconi

7 000

KPN

6 800

Sprint

6 000

Agere Systems

6 000

British Telecommunications

6 000

3Com

6 000

Cable and Wireless

5 500

NTL

5 000

Qwest

4 000

France Telecom

3 000

BellSouth

3 000

Elcoteq

3 000

Celestica

2 900

Molex

2 500

Epcos

2 190

Level 3 Communications

2 150

Oki Electric

2 100

McleodUSA

2 075

Conexant Systems

2 075

Global Crossing

2 000

Mitsubishi Electric

2 000

Tellabs

2 000

Winstar

2 000

Flextronics

1 500

ECI Telecom

1 400

Nokia

1 250

Covad Communications

1 200

Sonera

1 000

Vodafone

960

Northpoint

948

Teligent

900

Atlantic Telecom

895

Japan Telecom

850

360networks

800

Optus

700

Exodus Communications

675

Gemplus

567

Excite@Home

500

Zarlink (formerly Mitel)

430

Comverse Technology

400

Pacific Century Cyberworks

340

Openwave

300

Network Access Solutions

295

Bookham Technology

250

Corvis

250

Globalstar

175

Vitesse Semiconductor

150

Juniper Networks

104

Orchestream

94

TOTAL

435 881

Source : Financial Times (mise à jour du 2 novembre 2001)

L'évolution des cours de, respectivement, France Télécom et Wanadoo, sommairement retracée dans le graphique ci-dessous, est, elle aussi, particulièrement éloquente :

EVOLUTION DES COURS DE FRANCE TÉLÉCOM ET WANADOO
(en euros
)

Nombre d'opérateurs européens se sont trouvés particulièrement déstabilisés par cette situation, au premier rang desquels BT, KPN, Deutsche Telekom, mais aussi France Télécom.

2. France Télécom fragilisé malgré une hausse d'activité

a) Une bonne tenue de l'activité et des résultats

Dans ce contexte, les résultats consolidés du groupe France Télécom du premier semestre 2001, rendus publics le 5 septembre dernier, font pourtant état d'un chiffre d'affaires consolidé des six premiers mois en forte progression (à 20,4 milliards d'euros, soit une progression de 33,3 %) en raison du fort développement des mobiles, de l'Internet et de l'international, et de la consolidation, pour la première fois sur six mois, d'Orange Royaume-Uni et d'Orange Suisse. A taux de change, périmètre et méthode de consolidation constants, le chiffres d'affaires augmente de 7,9 % (contre 7,7 % au premier semestre 2000).

Un tiers de l'activité de France Télécom est désormais réalisé à l'international. Le chiffre d'affaires contributif d'Orange progresse de 122,4 % et représente un tiers du chiffre d'affaires consolidé. Le chiffre d'affaires contributif de Wanadoo progresse de près de 50 %.

L'EBITDA (résultat opérationnel courant avant amortissement) du groupe, à 6,1 milliards d'euros, progresse de 14 %. Le résultat net part du groupe s'élève à 1,95 milliards au 1 er semestre 2001. La comparaison avec le premier semestre 2000 n'est toutefois pas significative (en raison de l'importante plus-value de cession de Telmex, qui s'élevait à 2,6 milliards d'euros).

Les premiers résultats du troisième trimestre de 2001 confirment cette bonne tenue.

Le chiffre d'affaires consolidé de France Télécom au 30 septembre 2001 s'élève à 31,6 milliards d'euros, en progression de 31,9 % par rapport à l'année précédente . La croissance de l'activité de France Télécom au 30 septembre 2001 demeure supérieure à la croissance annuelle réalisée en 2000 (+23,7 %). Le nombre de clients de France Télécom est également en progression. Il s'établit, au 30 septembre 2001, à 88 millions contre 71 millions à la fin septembre 2000, soit une augmentation de 24 % en un an.

La croissance du chiffre d'affaires consolidé correspond au développement des activités à l'international, dont le chiffre d'affaires à la fin septembre 2001 est en progression de 106,4 %. Avec l'intégration d'Equant depuis le 1 er juillet 2001, la part des activités à l'international sur le chiffre d'affaires total atteint 38,2 % au troisième trimestre et s'établit à 35,2 % du chiffre d'affaires total du groupe France Télécom sur les neuf premiers mois de 2001, contre 25,8 % en 2000.

A périmètre et taux de change constants, la croissance à la fin septembre 2001 s'élève à +7,3 % . Elle correspond, pour l'essentiel, à la poursuite du développement des services mobiles et des activités liées à l'Internet pour le grand public et les entreprises.

Si l'activité continue de croître, c'est le niveau d'endettement de l'opérateur qui a, en grande partie, entraîné à la baisse son cours de bourse, dégradé sa cotation par les agences de « rating » et fait sortir France Télécom de l'indice de la bourse de Francfort des valeurs vedettes du secteur.

b) Le « boulet » de la dette

L'endettement net du groupe atteint, en effet, au 30 juin 2001, la somme impressionnante de 64,9 milliards d'euros.

Le niveau d'endettement de France Télécom a connu une croissance de 46 milliards d'euros en 2000. Les raisons principales en sont la réalisation de l'important programme d'investissements financiers réalisés dans le cadre de la stratégie de développement international du groupe (dont l'acquisition d'Orange, la prise de contrôle totale de Global One, les prises de participation dans TPSA et dans Mobilcom en Allemagne) ainsi que le coût des licences UMTS, en France, mais aussi dans le reste de l'Europe.

L'objectif de l'opérateur est de réduire l'endettement de 20 à 30 milliards d'Euros d'ici à 2003, de façon qu'il ne représente plus, alors, que 2 ans à 2 ans et demi d'excédent brut d'exploitation. Plusieurs leviers de réduction de l'endettement sont envisagés :

- la croissance des résultats de l'entreprise et du « cash flow » libre ;

- la cession d'actifs non stratégiques (pour 15 à 20 milliards) ;

- la remise sur le marché des 100 millions d'actions nouvelles créées pour acheter Orange à Vodafone. Cette remise sur le marché se fera en plusieurs opérations qui s'étaleront sur les 2 prochaines années. L'objectif est de récolter 7 à 10 milliards d'euros.

La réussite de cette stratégie de désendettement, que les analystes ont, dans un premier temps, remise en cause, est toutefois fortement conditionnée par l'évolution de l'environnement notamment boursier.

En 2001, une première étape de réduction de la dette sera effectuée. D'ores et déjà, France Télécom a cédé 2,5 milliards d'euros d'actifs (500 millions de KPN Orange, 1 milliard de Sema et 1 milliard de Noos) et vient de finaliser la cession de sa participation dans Sprint pour 1,9 milliard d'euros. Au total, environ 4,5 milliards d'euros auront été cédés au premier semestre 2001.

Le programme de cessions prévoit également 3 à 5 milliards d'euros de cessions dans le domaine de l'immobilier, dont 2 à 3 milliards d'euros cette année, suivant une procédure d'enchères qui devrait transférer une bonne partie du parc immobilier de France Télécom à un consortium regroupant notamment la Caisse des dépôts et consignations et Goldman Sachs. Enfin, la recherche d'un acquéreur est en cours pour lui céder la participation détenue dans le capital de ST Microelectronics, pour un montant visé de 3,5 milliards d'euros.

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