I. LES CRÉDITS DE 2002
A. LES AIDES DIRECTES
On distinguera les aides budgétaires et le fonds de modernisation de la presse, qui n'a pas un caractère budgétaire.
1. Les aides budgétaires
Le tableau ci-après est présenté conformément à la nouvelle nomenclature budgétaire, qui regroupe les aides directes à la presse écrite (chapitre 41-10) en trois articles.
a) L'évolution globale
On
constate à la lecture de ce tableau que les aides directes seront
en 2002 stabilisées à 38,9 millions d'euros (255,17 millions
de francs). Elles augmenteront de 2 % si l'on prend en compte
l'augmentation de 2,6 % des abonnements de l'État à
l'AFP, qui ne sont pas à proprement parler des aides directes à
la presse mais concourent à l'allègement de ses coûts.
La stabilisation des aides directes résulte très largement d'une
augmentation de 9,4 % de l'ensemble des aides à la diffusion,
due à la création, à l'article 41-10, d'une aide à
la distribution de la presse quotidienne d'information politique et
générale, dotée de 4 344 797 euros (28,5
millions de francs).
En revanche, les remboursements à la SNCF des réductions
tarifaires diminuent de 9,5 % et celui des cotisations sociales du
portage de 6,7 %, alors que le fonds d'aide aux investissements
multimédia n'est pas doté.
L'évolution de ces trois postes, certes explicable point par point, n'en
est pas moins préoccupante par ce qu'elle est susceptible de
révéler de la situation économique de la presse. C'est
ainsi que le fonds d'aide aux investissements multimédia sera
abondé, explique le gouvernement, par des reports de crédits non
consommés et par les remboursements des avances antérieurement
consenties. On constate certes, à la lecture du tableau ci-dessus, que
1,05 million d'euros (6,9 millions de francs) d'avances seulement sur un
crédit de 2,29 millions d'euros (15 millions de francs) ont
été accordés en 2000. Cette situation ne justifie pas
l'oubli d'un mécanisme dont le fonctionnement est tout à fait
satisfaisant, comme on le verra ci-après.
Quand
à l'inutilité alléguée d'inscrire un crédit
sur ce poste en 2001, elle manifeste un diagnostic inquiétant de la
part du gouvernement : à côté des difficultés
sans doute passagères qui affectent la
« net-économie », se profile la montée
inquiétante de celles qui affectent la presse elle-même.
C'est sur cet arrière-plan rendant indispensable la mise en place de
mesures d'accompagnement -le présent rapport reviendra sur cette
nécessité- qu'il convient d'apprécier la stabilisation des
crédits d'aide pour 2001.
b) Les différentes aides
(1) Les crédits de remboursement à la SNCF des réductions de tarifs accordées à la presse
Ils se
monteront à 13,7 millions d'euros (90 millions de francs)
en 2002, enregistrant une diminution de 9,5 % suivant celle de
1,49 % enregistrée en 2001
Ce montant prend en compte l'apurement de la dette en 2001, les tonnages
prévisibles et les modalités d'aide qui devraient être
appliquées à 2001.
Le transport ferroviaire de la presse est tarifé en fonction des prix de
revient des différents moyens mis en oeuvre : moyens de transport
(fourgons et espaces fourgons des trains de voyageurs, trains rapides de
marchandises spécialisés, véhicules routiers), manutention
dans les gares, et de distribution aux dépositaires. L'estimation des
prix de revient est actualisée périodiquement en fonction de
l'évolution des coûts et des progrès techniques.
A partir du 1
er
janvier 1996, l'État a reversé
à la SNCF 70 % du tarif accordé aux quotidiens, contre
35 % pour les périodiques, les éditeurs acquittant le
complément.
En 2000, le taux de la compensation a été fixé à
60 % pour les quotidiens et a été abaissé à
19 % pour les autres publications (contre 22 % en 1999).
Le projet de convention pour l'année 2001, dont la signature devait
intervenir en octobre, doit arrêter les taux de prise en charge
applicables à l'exercice.
Rappelons que la modulation des taux avait pour objectif d'inciter les
partenaires du transport ferroviaire de la presse à une certaine
maîtrise des coûts, et de réagir à l'évolution
qui faisait des magazines les principaux bénéficiaires d'un
mécanisme destiné initialement aux quotidiens. En effet, cette
aide, progressivement étendue à l'ensemble des 18 000
publications inscrites à la commission paritaire des publications et
agences de presse, reste le premier poste d'aide directe.
(2) L'aide à la transmission par fac-similé
Cette
aide va diminuer de 20% en 2001, s'établissant à 609 796
euros (4 millions de francs). Ce repli prolonge la diminution de
23,08 % enregistrée en 2001.
Il convient de rappeler que ce mécanisme avait remplacé
en 1999 l'allégement des charges téléphoniques des
correspondants de presse, avec une dotation de 51,7 % inférieure.
Il semble que le gouvernement s'oriente ainsi vers l'extinction de ce
mécanisme dont votre rapporteur a plusieurs fois souhaité la
transformation en une aide à la transmission des données
numérisées.
(3) Le fonds d'aide à l'expansion de la presse française à l'étranger
Les
crédits de ce fonds augmenteront en 2001 de 1,3 % pour
s'établir à 3,7 millions d'euros (24,3 millions de francs).
Trois grandes catégories de bénéficiaires se
répartissent ces crédits : les Nouvelles messageries de la
presse parisienne (NMPP), l'Union pour la diffusion de la presse
française dans le monde (Unipresse), qui sont des organismes collectifs
d'exportation, et les éditeurs individuels.
Tous les types de publications françaises inscrites à la
commission paritaire des publications et agences de presse et justifiant d'une
part d'un marché à l'étranger, d'autre part d'un plan de
promotion sérieux, peuvent prétendre à une aide du fonds.
Ces publications doivent, de surcroît, être rédigées
« en tout ou partie » en français et
« contribuer au rayonnement de la langue, de la pensée et de
la culture françaises à l'étranger ».
L'aide du fonds concerne toutes les destinations hors de l'Union
européenne et de la Suisse. L'exclusion de l'Union européenne a
pour but d'éviter la création de distorsions de concurrence.
L'exclusion de la Suisse se justifie par la proximité
géographique, l'aide devant pour l'essentiel contribuer à
abaisser les coûts de transport. De fait, si les pays aidés par le
fonds représentent 21 % des destinations desservies par les NMPP,
ils sont à l'origine de 49 % des coûts de transport.
En outre, les NMPP appliquent des réductions selon le niveau de vie du
pays : l'Amérique du Nord est ainsi exclue du bénéfice de
l'aide.
Le Fonds contribue au financement d'une partie des dépenses
supportées par les entreprises de presse pour leurs ventes et leur
promotion à l'étranger, il s'agit notamment :
- pour la vente au numéro, des frais de transport, des baisses des
prix de vente, des remises consenties aux distributeurs locaux, des frais de
prospection et d'inspection, des frais de publicité, des études
des marchés d'exportation (état des réseaux, potentiel de
clientèle) ;
- pour les abonnements, des souscriptions gratuites ou à tarif
réduit, du publipostage et de la publicité, de la mise à
jour de fichiers.
Au titre de l'exercice 2001, 50 éditeurs individuels ont
été aidés pour un montant total de 960 000 euros
(6,3 millions de francs). Les NMPP et UNIPRESSE ont
bénéficié respectivement de 2,03 millions d'euros
(13,288 millions de francs) et 670 000 euros (4,370 millions de
francs).
Pour le même exercice, la commission mixte pour la diffusion de la presse
française dans le monde, chargée de la gestion de ce fonds, a
souhaité privilégier les aides destinées aux
éditeurs individuels. L'effort réalisé par les
éditeurs à l'étranger sera directement lié aux
montants octroyés.
(4) Le fonds d'aide à la diffusion de la presse hebdomadaire régionale et locale
La
dotation de ce fonds progresse de 1,2 % et s'établit à
1,41 million d'euros (9,31 millions de francs).
Cette aide a été instituée par le décret
n° 96-410 du 10 mai 1996, modifié en 1997 afin
de tenir compte de la situation des hebdomadaires les plus touchés par
l'augmentation des tarifs postaux.
Elle est destinée aux publications d'information politique et
générale à diffusion régionale,
départementale ou locale, de langue française, inscrites sur les
registres de la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse
(CPPAP), dépassant d'une façon manifeste les
préoccupations d'une catégorie de lecteurs, paraissant au moins
cinquante fois par an, imprimées sur papier journal, et dont le prix de
vente est compris entre 50 % et 180 % du prix de vente moyen des
quotidiens régionaux, départementaux ou locaux d'information
politique et générale.
Quelque 200 publications reçoivent une aide au titre de ce dispositif.
(5) L'aide au portage des quotidiens
En
augmentation de 1,2 %, cette aide atteindra un montant de
8,099 million d'euros (53,13 millions de francs) en 2002.
Le développement important de la dotation de ce fonds, passée
depuis 1997 de 2,29 millions d'euros (15 millions de francs)
à 8 millions d'euros (52,5 millions de francs) en 2001,
traduit l'intérêt qu'il convient d'accorder à la
modalité efficace de distribution que constitue le portage et
répond à la conviction, partagée par les éditeurs,
que la diffusion par portage constitue un des axes principaux des
stratégies de développement de la presse.
Aux termes du décret du 6 novembre 1998, la dotation est
répartie pour un quart en fonction du nombre d'exemplaires
portés, et pour les trois autres quarts, en fonction de la progression
de ce nombre au cours des deux dernières années.
Cette clé de répartition permet d'aider prioritairement les
journaux qui réalisent des efforts de prospection destinés
à leur permettre de gagner ou de fidéliser de nouveaux
lecteurs.
(6) Le remboursement des cotisations sociales de portage de la presse nationale
Ce crédit enregistrera en 2002 une diminution de 6,7 % et s'établira à 1,067 million d'euros (7 millions de francs).
(7) L'aide à la distribution de la presse quotidienne d'information politique et générale
Le
projet de loi de finances pour 2002 crée ce nouveau
mécanisme qui tend à compenser le coût spécifique de
la distribution des quotidiens pour la communauté des éditeurs
participant au système coopératif de distribution.
Il faut rappeler à cet égard que dans son rapport pour avis sur
le budget des aides à la presse de l'exercice 2001, votre commission
avait pris soin, sur ce sujet faisant encore l'objet d'appréciations
divergentes, d'affirmer la réalité de la
péréquation des coûts de distribution entre les quotidiens
et les magazines.
En effet, le rapport Hassan, analysé par le dernier avis
budgétaire de votre commission, présentait sur ce dossier un
discours ambigu susceptible d'en écarter la conclusion
nécessaire, à savoir qu'il appartient à l'État, et
non à l'ensemble de la presse distribuée par les NMPP, de prendre
en charge les coûts supplémentaires afférents au
système de flux tendus mis en place pour la distribution de la presse
quotidienne nationale d'information politique et générale.
C'est dans cette optique que l'État s'est décidé à
créer un mécanisme spécifique, dont on verra ci-dessous
que le § 7 de l'article 10 du chapitre 41-10 constitue un des
deux volets, doté pour 2001 de 4,34 millions d'euros
(28,5 millions de francs) auxquels devraient s'ajouter en cours d'exercice
des reports de crédits de 3,81 millions d'euros (25 millions
de francs).
Cette aide est destinée aux quotidiens nationaux d'information politique
et générale, de langue française, paraissant au moins cinq
fois par semaine, inscrits à la commission paritaire des publications et
agences de presse.
On examinera ci-après, avec l'évolution du fonds de
modernisation, les questions posées à propos du fonctionnement de
cette nouvelle aide.
(8) L'aide aux quotidiens nationaux à faibles ressources publicitaires
Cette
aide augmentera de 1,2 % en 2002, contre 12,7 % en 2001, pour
s'établir à 4,62 millions d'euros (30,36 millions de
francs).
Elle est répartie en deux sections dont la première ne peut
être inférieure à 85 % de la dotation globale.
Les conditions d'éligibilité au titre de la première
section sont les suivantes :
- être un quotidien de langue française d'information
politique et générale à diffusion nationale, paraissant
cinq jours au moins par semaine, imprimé sur papier journal et dont le
tirage et la diffusion payante sont respectivement inférieurs, en
moyenne, à 250 000 et 150 000 exemplaires ;
- le prix de vente doit être compris dans une fourchette de
- 10 % à + 30 % du prix de vente moyen
pondéré des quotidiens nationaux d'information politique et
générale ;
- les recettes publicitaires ne peuvent excéder 25 % des
recettes totales.
Ces conditions sont vérifiées sur les données de
l'année précédant celle de l'attribution de l'aide.
Le bénéfice de la seconde section est accordé aux journaux
répondant aux mêmes conditions, mais dont le prix de vente ne
dépasse pas 130 % du prix de vente moyen pondéré par
la diffusion annuelle en France des quotidiens nationaux d'information
politique et générale, sans qu'aucun plancher soit fixé.
En 2000, La Croix, L'Humanité, Mon Quotidien, Le Petit Quotidien et
L'Actu ont bénéficié du fonds.
Il est apparu nécessaire en cours d'exercice d'abonder le fonds de
370 000 euros (2,4 millions de francs) afin de tenir compte des
difficultés aggravées rencontrées par les titres
concernés dans le courant de l'année.
Par ailleurs, le décret du 26 octobre 2000 a modifié le mode de
répartition de la première section du fonds en faveur d'un titre,
L'Humanité, dont la diffusion est la plus faible, sans pénaliser
La Croix.
Compte tenu de ces modifications, la première section a
été dotée de 4,39 millions d'euros (28,8
millions de francs) et la seconde de 30 490 euros (200 000
francs).
En 2001, les aides allouées s'élèvent à
2 337 468 euros (15 332 783 francs) pour
L'Humanité et à 2 202 464 euros
(14 447 216 francs) pour La Croix. Mon Quotidien, Le Petit
Quotidien et L'Actu percevront pour leur part 33 539 euros
(220 000 francs).
UTILISATION DU FONDS D'AIDE AUX QUOTIDIENS NATIONAUX À
FAIBLES RESSOURCES PUBLICITAIRES DE 1996 À 2000
(en
francs)
|
Exercices budgétaires |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
1 |
La Croix |
8 860 374 |
9 483 505 |
10 908 592 |
11 384 871 |
14 007 033 |
2 |
L'Humanité |
6 076 313 |
6 213 169 |
7 991 408 |
8 344 792 |
14 792 966 |
3 |
Play Bac Presse |
- |
- |
100 000 |
20 000 |
200 000 |
4 |
Présent |
748 168 |
- |
- |
- |
|
|
sans emploi |
|
|
|
70 336 |
|
|
Dotation du
chapitre
|
15 684 855 |
15 696 674 |
19 000 000 |
20 000 000 |
29 000 000 |
(9) L'aide aux quotidiens régionaux, départementaux et locaux d'information politique et générale à faibles ressources de petites annonces
La
dotation de ce fonds augmentera en 2002 de 1,2 %, pour s'établir
à 1,38 million d'euros (9,11 millions de francs).
Le décret n° 97-1068 du 20 novembre 1997 a
distingué deux sections du fonds afin d'apporter une aide aux quotidiens
régionaux, départementaux et locaux à faibles ressources
en petites annonces subissant de fortes augmentations de leurs abonnements
postaux.
Pour chaque section, la répartition du montant global de l'aide est
définie proportionnellement au nombre d'exemplaires vendus, dans la
limite d'un plafond par exemplaire égal à 6 % du prix de
vente moyen des quotidiens éligibles à cette aide.
Il ne paraît pas assuré que ces mécanismes et la
dotation qui leur est allouée en 2002 suffisent à écarter
les graves menaces qui continuent de peser sur certains titres aidés.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DU FONDS D'AIDE AUX
QUOTIDIENS
DE PROVINCE, DU MONTANT GLOBAL DE L'AIDE ET DU TAUX UNITAIRE DE
SUBVENTION
(en francs)
Année |
Montant |
Évolution en % |
Taux |
Évolution en % |
1997 |
7 813 346 |
- 2,52 % |
- |
- |
1ère section |
7 032 012 |
- |
0,1288 |
+ 1,20 % |
2ème section |
781 334 |
- |
0,0821 |
- |
1998 |
7 800 000 |
- 0,20 % |
- |
- |
1ère section |
7 020 000 |
- 0,20 % |
0,124 |
- 3,70 % |
2ème section |
780 000 |
- 0,20 % |
0,1068 |
+ 30,00 % |
1999 |
8 200 000 |
+ 5,12 % |
|
|
1 ère section |
7 380 000 |
+ 5,12 % |
0,125 F |
+ 0,8 % |
2 ème section |
820 000 |
+ 5,12 % |
0,114 F |
+ 7,5 % |
2000 |
|
|
|
|
1 ère section |
7 650 000 |
+3,6% |
0,119 F |
-4,8 % |
2 ème section |
850 000 |
+3,6% |
0,122 F |
+7,0 % |
(10) Le fonds d'aide aux investissements multimédia
Le fonds
d'aide aux investissements multimédia ne recevra aucune dotation
en 2002. Le gouvernement estime que 1,52 million d'euros
(10 millions de francs) de remboursements attendus en 2002, pour
8,69 millions d'euros (57 millions de francs) distribués
depuis 1997, permettront de répondre aux demandes
présentées pour cet exercice.
Géré conjointement par l'IFCIC et la direction du
développement des médias, le fonds octroie aux entreprises de
presse écrite inscrites à la CPPAP des avances partiellement
remboursables, afin de leur permettre
« de développer des
projets offrant au public des accès aux contenus des journaux, magazines
et revues sur les nouveaux supports numériques : services en
lignes, supports d'archivages (cédérom, DVD, DAT...) lorsque ces
derniers apparaissent comme le complément du contenu éditorial de
la publication et qu'ils sont prévus pour faire l'objet d'une
actualisation régulière par un service en ligne, ou pour
intervenir fonctionnellement dans un site en ligne ».
Seules les dépenses directement et nécessairement liées au
projet multimédia sont prises en compte. Le bénéfice du
fonds est limité à un projet par année et par entreprise
de presse et aucun nouveau projet ne pourra être examiné avant la
bonne fin d'un projet précédent.
L'avance représente 50 % au maximum de la dépense
éligible, dans les limites d'un plafond de 304 898 euros (2
millions de francs) et est accordée pour une durée de
9 à 48 mois. Un allégement de la dette, d'un
montant maximal de 40 % de l'avance accordée, peut être
accordé après constatation par le comité de
sélection de la bonne fin du projet et du respect de ses engagements par
le bénéficiaire.
On a évoqué ci-dessus le signal négatif que
représente l'absence de dotation de ce fonds en 2002.
Le fonds multimédia permet en effet de mettre en oeuvre un
mécanisme de soutien aux mutations importantes qui s'imposent aux
entreprises de presse du fait de l'avènement des nouvelles technologies
de l'information.
Pour modestes que soient les montants budgétés 3,05 millions
d'euros à l'origine (20 millions de francs) 1,52 million
d'euros (10 millions de francs) en 1998 et 1999, ce fonds a
prouvé son efficacité. Depuis sa création, 79 avances
ont été accordées, contribuant à financer des
investissements effectivement réalisés à hauteur de
44,67 millions d'euros (293 millions de francs). C'est dire qu'il
atteint pleinement son objectif qui est de favoriser la numérisation des
contenus et de permettre l'accès du public aux nouveaux supports.
Les dossiers retenus relèvent de l'ensemble des formes de presse,
qu'elle soit quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou trimestrielle et de
l'ensemble des thématiques qu'il s'agisse d'information
générale ou spécialisée. C'est en fait la seule
forme d'aide à l'investissement susceptible de bénéficier
indistinctement à toutes les entreprises éditrices.
Attribuée sur dossier, cette aide fonctionne bien et pourrait
être rendue plus attractive au prix de quelques modifications ne
remettant en cause aucun des principes qui la fondent.
Il est donc regrettable qu'aucun financement budgétaire ne soit
prévu au titre de cette aide pour 2002. Par ailleurs, rien ne
semble prévu pour assurer la continuation du fonctionnement de ce fonds,
alors que la convention qui en confie la gestion à l'IFCIC arrive
à échéance à la fin de cette année
(et
que l'on vient, semble-t-il, de découvrir que l'absence d'appel d'offre
précédant la délégation de la gestion a l'IFCIC
était contraire au code des marchés publics).
2. Le fonds de modernisation de la presse
Le fonds
d'aide à la modernisation de la presse quotidienne et assimilée
et des agences de presse a été mis en place en 1999 avec un
crédit de 150 millions de francs, provenant des recettes de la taxe
de 1 % sur certaines dépenses de publicité hors
médias instituée par la loi de finances pour 1998.
Les recettes sont estimées en 2002 à 28,97 millions
d'euros (190 millions de francs), ce qui représente une progression
de 18,75 % traduisant peut-être un meilleur intérêt des
services fiscaux pour ce prélèvement.
Cette progression permettra de reconduire le montant global destiné au
soutien des projets de modernisation au niveau des recettes des deux derniers
exercices (24,39 millions d'euros, soit 160 millions de francs), tout
en allouant un montant de 4,57 millions d'euros (30 millions de
francs) à la nouvelle aide, mentionnée plus haut, à la
distribution des quotidiens nationaux d'information politique et
générale.
Ces montants restent néanmoins toujours éloignés des
estimations de recettes avancées lors de la création de la taxe
sur la publicité hors médias. Le chiffre de 45,73 millions
d'euros (300 millions de francs) avait alors été
évoqué. On peut aussi rappeler que le chiffre d'affaires
estimé de la publicité hors médias est supérieur
à 7,62 milliards d'euros (50 milliards de francs).
Il conviendra donc de distinguer désormais les deux guichets du fonds.
a) La modernisation de la presse
Le
décret n° 99-79 du 5 février 1999,
modifié, définit les types d'actions de modernisation qui peuvent
être prises en compte, les critères d'éligibilité
ainsi que la composition et le fonctionnement du Comité d'orientation.
Un arrêté du 5 février 1999 fixe aussi le taux
maxima et les plafonds retenus pour l'octroi des subventions et des avances au
titre du fonds.
Une commission de contrôle a été chargée de
vérifier la conformité de l'exécution des projets aux
engagements pris par les bénéficiaires des aides versées
par le fonds. Cette démarche de contrôle, qui avait fait l'objet
de demandes répétées, est particulièrement
bénéfique au fonctionnement du fonds.
En ce qui concerne les montants de la subvention susceptible d'être
accordée à un projet de modernisation, il convient de
distinguer :
- la presse quotidienne d'information politique et générale,
qui peut recevoir une aide plafonnée à 1,83 million d'euros
(12 millions de francs) et à 30 % des dépenses
comprises dans l'assiette de l'aide,
- la presse hebdomadaire régionale d'information politique et
générale et les agences, pour lesquelles l'aide est
plafonnée à 300 000 euros (2 millions de francs) et
à 30 % des dépenses comprises dans l'assiette de l'aide.
Au titre des avances susceptibles d'être accordées à un
projet de modernisation, le plafonnement est fixé :
- pour la presse quotidienne à 2,74 millions d'euros
(18 millions de francs) et à 30 % des dépenses,
- pour la presse hebdomadaire régionale et les agences,
à 460 000 euros (3 millions de francs) et à
30 % des dépenses.
L'année 2001 a vu l'adoption du premier rapport d'activité du
comité d'orientation du fonds, portant sur les exercices 1999
et 2000.
Au cours de ces exercices :
- la presse quotidienne nationale a reçu 30 % des aides, ce
qui représente 16,88 millions d'euros (110,7 millions de
francs),
- la presse quotidienne régionale en a reçu 48,5 %,
soit 27,73 millions d'euros (181,9 millions de francs),
- la presse quotidienne départementale 11 %, soit
6,17 millions d'euros (40,5 millions de francs),
- la presse hebdomadaire régionale 7,5 %, soit
4,36 millions d'euros (28,6 millions de francs),
- les agences de presse 3 % soit 1,78 million d'euros
(11,7 millions de francs).
Les projets financés ont pour l'essentiel concerné la fabrication
et l'informatisation des rédactions.
b) L'extension des objectifs du fonds
La
politique d'aide à la presse mise en place dans le cadre du fonds de
modernisation a suivi dans un premier temps une logique de projet. Ainsi que
votre commission le notait dans son dernier avis budgétaire,
les
pouvoirs publics ont alors exclu que les aides de ce fonds se transforment en
contributions à la gestion des entreprises de presse
. Il s'agit de
prendre en compte des projets de développement dont les publications
assument au moins 70 % du coût.
Cependant, au-delà de ces principes particuliers, les interventions de
l'État en faveur d'un secteur économique dont la contribution au
fonctionnement de la démocratie justifie l'attention particulière
des pouvoirs publics, doivent manifestement, avant tout autre
considération
répondre aux préoccupations et aux
urgences du moment.
Or la situation de plus en plus préoccupante de l'économie de la
presse face à la récession persistante du marché
publicitaire justifierait que, renonçant à la dogmatique de
l'aide au projet, les pouvoirs publics utilisent en tant que de besoin le fonds
de modernisation comme outil d'intervention plus conjoncturel permettant de
soutenir, selon des modalités à préciser, les organes de
la presse d'information politique et générale faisant face
à de très graves difficultés
.
Il est d'ailleurs à craindre que les projets de modernisation se fassent
un peu plus rares au cours des années qui viennent, et il serait
particulièrement regrettable que, rééditant
l'évolution du fonds multimédia, le fonds de modernisation voit
ses reliquats croître d'année en année faute d'emplois
suffisants.
Le projet de budget pour 2002 fait un demi-pas en direction de l'abandon
du dogme, en prévoyant dans son article 38 l'extension pour trois
ans de l'utilisation du fonds à l'aide à la distribution des
quotidiens nationaux d'information politique et générale, avec
une dotation de 4,57 millions d'euros (30 millions de francs), comme
on l'a vu plus haut. Demi-pas seulement, car le gouvernement présente
cette aide aux quotidiens nationaux comme étant en réalité
une aide à la modernisation des NMPP. Or l'aide de l'Etat à la
modernisation des NMPP a pris à plusieurs reprises dans le passé
la forme d'une contribution aux conséquences sociales de la
réorganisation du travail, et s'inscrit dans une perspective très
différente de ce problème permanent et spécifique à
la presse nationale qu'est le surcoût représenté par la
distribution de cette presse à flux tendus, problème que les
progrès de productivité des NMPP ne feront pas disparaître.
La persistance de ce problème continuera de peser sur l'avenir de la
distribution coopérative de la presse si l'Etat n'assume pas sa part de
la charge.
C'est pourquoi l'élargissement des utilisations du fonds de
modernisation, selon des modalités d'attribution et de gestion qui
restent à définir, n'a de sens que si le fonds devient un
instrument permanent de compensation des surcoûts de la distribution de
la presse parisienne.
Il faut admettre qu'il n'est plus possible que l'État confie aux
éditeurs la charge entière de cette péréquation,
alors que ses principes et ses modalités essentielles sont
définis par la loi Bichet et que l'État admet par ailleurs sa
responsabilité particulière à l'égard de la presse
d'information politique et générale, au premier rang de laquelle
figure la presse parisienne.
L'adoption de la disposition prévoyant l'utilisation du fonds de
modernisation pour l'aide à la distribution des quotidiens nationaux
d'information politique et générale est donc légitime et
indispensable, et doit de plus être accompagnée de l'adoption d'un
protocole fixant non seulement les engagements respectifs des éditeurs
bénéficiaires, des NMPP et de l'opérateur des NMPP, mais
encore garantissant la pérennité de ce mécanisme.
Votre rapporteur suggère que votre commission définisse dans les
semaines qui viennent des modalités de suivi et de contrôle de
l'emploi de cette aide.
Cette mesure de caractère structurel et permanent ne doit en outre pas
faire obstacle à l'utilisation éventuelle du fonds pour un
soutien conjoncturel à la presse si la dégradation de la
conjoncture venait à le justifier. Il y a là un pas
supplémentaire, que l'État doit franchir, dans la mesure
où cela conditionne l'efficacité et la réactivité
d'un système qui, à défaut, apparaîtrait surtout
dans le projet de budget pour 2002 comme un astucieux montage faisant la part
belle au réemploi de crédits 2001 dont l'utilisation
incomplète n'est pas sans soulever des interrogations et des
inquiétudes.
3. L'aide à l'AFP
Les
abonnements de l'Etat à l'Agence France Presse s'établiront en
2002 à 95,89 millions d'euros
(629 millions de francs), ce qui représente une
augmentation de 2,6 % par rapport à la loi de finances initiale
pour 2001 et de 1,5 % par rapport au budget adopté en mars 2001 par
le conseil d'administration de l'AFP. L'Etat a d'autre part annoncé un
apport financier d'un montant global de 15,2 millions d'euros
(100 millions de francs) sous la forme d'un prêt
participatif avec différé d'amortissement de deux ans,
remboursable en 2007.
Interrogé par votre rapporteur sur la situation de l'AFP lors de son
audition par votre commission, la ministre de la culture et de la communication
a indiqué que le président avait souhaité une augmentation
de 2 %. L'écart entre la demande de l'AFP et le projet de budget ne
portera pas atteinte à l'élaboration du budget global, a-t-elle
estimé, précisant que les inquiétudes exprimées par
le président de l'AFP étaient liées à la
conjoncture et spécialement aux craintes pesant sur l'évolution
de certains marchés.
Votre commission rappelle que l'AFP, dont l'équilibre économique
reste extrêmement délicat à réaliser en l'absence
des réformes institutionnelles qui favoriseraient sa relance, et dont la
masse salariale, constituant 70 % des dépenses, va augmenter de
4 %, est à la recherche de 9,15 millions (60 millions de
francs) pour établir son projet de budget 2002. La presse n'est pas
en mesure d'assurer ce financement.
B. LES AIDES INDIRECTES
1. L'aide au transport postal de la presse
Le
transport et la distribution de la presse, indispensables à la libre
circulation de l'information et permettant à chacun d'accéder
à la publication de son choix, constituent en application de
l'article 2 de la loi du 2 juillet 1990 un service
obligatoire que La Poste exerce dans le respect des dispositions des
articles 2, 3 et 6 de son cahier des charges.
Depuis 1991 et conformément à l'article 38 du cahier des
charges de La Poste, l'Etat participe à la prise en charge du coût
du service obligatoire du transport et de l'acheminement de la presse. Le
cahier des charges précise notamment que « les
sujétions particulières, supportées par La Poste à
raison du régime d'acheminement et de distribution de la presse
mentionné à l'article 6 du présent cahier des charges font
l'objet d'une juste compensation financière ».
Cette participation est déterminée pour la durée du
contrat d'objectif et de progrès, c'est-à-dire jusqu'en 2001. Les
« accords Galmot » entre l'Etat, la presse et La Poste
avaient précisé que l'Etat améliorerait sa participation
à la couverture du coût de cette activité pour La Poste. La
contribution annuelle de l'État, fixée à
282,03 millions d'euros (1 850 millions de francs)
pour 1998 et 1999, était portée à
289,65 millions d'euros (1 900 millions de francs) en 2000
et 2001. La somme correspondant à la participation de l'Etat au
transport et à la distribution de la presse est versée à
La Poste en douze douzièmes le dernier jour ouvrable de chaque mois.
L'Etat s'est ainsi acquitté des ses engagements pendant la durée
du contrat d'objectifs, a reconduit sa participation en 2002 au même
niveau, et s'est engagé à ne pas augmenter les tarifs postaux de
la presse au cours de cet exercice, en attendant la renégociation des
accords Galmot.
L'année 2002 sera donc un temps de pause, au-delà duquel les
perspectives pourraient s'assombrir notablement pour la presse. En effet, les
résultats de la gestion de La Poste seront connus définitivement
au cours de l'année, et pourraient faire apparaître, si les
données partielles actuellement connues étaient
confirmées, que le coût de distribution de la presse resté
à la charge de La Poste se serait élevé à environ 7
milliards de francs sur la durée d'exécution du contrat
d'objectifs. Que cette situation soit vraisemblablement largement due à
la dégradation de la productivité de La Poste (le nombre des
objets de presse transportés a diminué de 5 %)
n'empêchera sans doute pas la remise en cause des conditions actuelles du
transport postal de la presse. Votre commission sera attentive à
l'évolution de ce dossier essentiel.
2. Le régime de l'article 39 bis du code général des impôts
L'application du régime spécial de provisions
pour
investissements (art. 39 bis A du code général des
impôts) a pour objet de favoriser la reconstitution du potentiel
économique et la modernisation des entreprises de presse. Le
gouvernement a annoncé sa décision de proposer la prorogation de
ce régime.
La dépense fiscale liée à cette mesure
s'élève à :
1999 |
2000
|
2001
|
8,38
millions d'euros
|
4,57
millions d'euros
|
3,8
millions d'euros
|
3. Le régime préférentiel en matière de TVA
Depuis
1988, toutes les publications de presse inscrites à la commission
paritaire sont soumises à une TVA de 2,10 % en France
métropolitaine quelle que soit leur périodicité.
La moins-value budgétaire résultant du taux de 2,1 %
représente :
1999 |
2000
|
2001
|
182,94
millions d'euros
|
182,94
millions d'euros
|
198,18
millions d'euros
|
Il serait justifié, comme la proposition en a été faite au cours de la première lecture du projet de budget à l'Assemblée nationale, d'étendre à la presse en ligne le bénéfice de cette mesure. On ne saisit pas, en effet, ce qui justifie que le régime fiscal des produits de la presse diffusés sur Internet ne soit pas aligné sur celui de la presse imprimée. Le fait que la presse en ligne reste taxée à 19,6 % est non seulement peu justifié du point de vue de l'idée directrice qui fonde l'existence des aides à la presse, mais a en outre une influence dissuasive sur le développement de la presse en ligne et constitue un frein à l'intégration des nouvelles technologies par l'industrie de la presse .
4. Les exonérations de taxe professionnelle
Les
éditeurs de feuilles périodiques et, sous certaines conditions,
les agences de presse ainsi que, depuis le 1
er
janvier 1995, les
correspondants locaux de presse régionale ou départementale sont
exonérés de taxe professionnelle. Les entreprises de presse sont
en revanche imposables à la taxe d'habitation pour tous les locaux
meublés qu'elles occupent, à l'exception des locaux ouverts au
public et de ceux servant exclusivement à la fabrication et au
dépôt.
Le coût de cette exonération peut être évalué
à :