2. Un système d'études médicales de plus en plus inadapté
En dépit de ces aménagements trop timides, les insuffisances de notre système de formations médicales devenaient de plus en plus criantes : sélection par l'échec à l'entrée des études, enseignement inadapté, non prise en compte des technologies nouvelles, dévalorisation de la médecine générale, incompatibilité avec les normes européennes...
Les principales critiques, formulées à son endroit, peuvent être ainsi résumées :
• un déséquilibre préoccupant entre le nombre de bacheliers inscrits en 1 ère année (PCEM 1) et le nombre d'étudiants admis à poursuivre leurs études : le taux de réussite au concours de fin de PCEM 1 est aujourd'hui de l'ordre de 12 % et les solutions de repli sont trop peu nombreuses pour ceux qui échouent. Par ailleurs, la première année est plus une année de sélection que de formation, favorisant le bachotage et la prospérité d'officines privées de préparation. Comme la loi de 1984 empêche toute sélection à l'entrée des facultés de médecine, une réflexion pour définir de nouvelles pistes et reconsidérer le contenu de l'enseignement du premier cycle s'imposait à l'évidence ;
• un enseignement de 2 e cycle surchargé par trop de notions spécialisées, enseignées de manière segmentaire et isolée, faute de définition claire de ce qui relève du 2 e cycle et de ce qui appartient au 3 e cycle, qu'il soit de spécialité ou de médecine générale ;
• un cursus de 2 e cycle déstabilisé par le concours d'internat : les amphithéâtres sont désertés par les étudiants et la quatrième année du 2 e cycle (DCEM 4) est consacrée presque exclusivement à la préparation du concours, organisé sous forme de conférences payantes, données par des internes frais émoulus du système de sélection ;
• une formation de 3 e cycle peu satisfaisante du fait de la coexistence de deux exigences contradictoires : la continuité des soins dans les services hospitaliers, assurés en grande partie par les internes et les résidents, l'exigence de la meilleure formation théorique possible des internes et des résidents dans des services choisis d'abord pour leurs capacités formatrices ;
• une dévalorisation de la fonction enseignante dans le cadre de la triple fonction soins-enseignement-recherche prévue par l'ordonnance de 1958, du fait d'une importance excessive attachée aux travaux de recherche pour la promotion des enseignants ;
• un système complexe qui ne permet aux étudiants en médecine d'autres Etats membres de l'Union européenne d'y accéder qu'en PCEM 1 ou après l'internat.