3. Les conclusions du rapport Mattei
En octobre 1996, le gouvernement a chargé deux députés, les professeurs Jean-François Mattei et Jean-Claude Etienne, d'une mission d'analyse de la formation initiale des médecins afin d'établir un état des lieux, nécessaire préalable à toute réforme des études de médecine.
Dans leur rapport, remis en 1997 aux ministres concernés, les auteurs, conformément à la " commande " qui leur avait été passée, ont analysé les modalités d'accès aux études médicales, les différents cycles de formation, le processus de sélection, l'orientation vers les spécialités, la nature des enseignements dispensés, la place des généralistes et l'équilibre entre les spécialités.
a) Un constat alarmant
Les auteurs du rapport ont d'abord constaté que les facultés de médecine souffraient manifestement d'un statut hybride, entre université et école professionnelle, et comportaient un système de sélection qui n'a nulle part ailleurs son équivalent.
Ils ont estimé que la formation des médecins était inadaptée, obsolète, voire même parfois contraire aux intérêts de la santé publique, soulignant en particulier la singularité et le cloisonnement excessif de la formation médicale qui interdisent en fait la réorientation des étudiants ayant échoué au concours vers d'autres professions de santé ; ils ont rappelé en outre que les modalités de la sélection des études de médecine conduisaient au rejet de près de neuf étudiants sur dix.
Ils ont considéré également que la formation des futurs médecins était inadaptée en termes de maîtrise des méthodes de travail, d'éthique, de déontologie et de formation clinique.
Ils ont observé enfin que le dispositif d'accès au concours de l'internat conduisait la majorité des futurs généralistes à être sélectionnés par l'échec, constaté l'impossibilité d'une réorientation en cours d'étude ou de reconversions professionnelles pour les étudiants et conclu à l'inadaptation de la formation scientifique des futurs hospitalo-universitaires en fin de cursus.
b) Les propositions du rapport
Le rapport proposait notamment :
- d'instaurer un DEUG santé qui clôturerait le premier cycle des études médicales ;
- de créer des universités de santé qui regrouperaient l'ensemble des formations de santé ;
- d'ouvrir davantage le 2 e cycle sur des formations pluridisciplinaires validées par des tests d'évaluation ;
- de réformer le concours de l'internat en instaurant un classement dans trois nouvelles filières : médecine spécialisée, chirurgie, médecine générale.
S'agissant du DEUG santé, celui-ci remplacerait l'actuel PCEM 1 qui est redoublé par nombre d'étudiants et serait attribué à ceux qui auraient obtenu la moyenne, ce cursus du DEUG santé permettant également un classement autorisant les étudiants à s'orienter en médecine en fonction de leur rang et des places disponibles.
Enfin, concernant l'internat, les auteurs ont proposé que celui-ci soit obligatoire et qu'au terme de l'épreuve de classement, chaque candidat puisse choisir sa filière de 3 e cycle en fonction des possibilités offertes par son rang de classement, et ait la possibilité de se présenter au moins à deux reprises.