Restriction de la consommation de tabac chez les jeunes
N° 77
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 21 novembre 2002
PROPOSITION DE LOI
visant à restreindre la
consommation
de
tabac
chez les
jeunes
,
PRÉSENTÉE
Par M. Bernard JOLY
Sénateur.
(Renvoyée à la commission des Affaires sociales sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le Règlement).
Santé publique. |
EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, le tabac est responsable
chaque année de 4,9 millions de décès sur la
planète. En France, le tabagisme passif tue 3 500 personnes par an, le
tabagisme actif en tue 100 000. Le tabagisme actif et passif est
responsable de cancers, les plus classiques étant ceux du poumon, du
sein et de la vessie. En fait, il favorise tous les cancers, ceux de la peau,
de l'estomac et de l'intestin. Il est également responsable de maladies
cardiovasculaires comme l'hypertension, l'insuffisance coronarienne,
l'infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux
notamment en favorisant le syndrome des apnées obstructives du sommeil.
Chez le nourrisson, le tabagisme des parents provoque des infections
respiratoires, l'asthme et la mort subite du nourrisson, des cancers et la
survenue à l'âge adulte des maladies liées au tabac.
La lutte contre le tabagisme constitue ainsi un enjeu de santé publique.
Il est devenu indispensable de combattre l'accoutumance de plus en plus
précoce des jeunes au tabac.
En effet, l'âge moyen d'initiation à la première cigarette
est aujourd'hui de 14 ans. Près d'un jeune sur trois, âgé
de 12 à 18 ans, fume quotidiennement.
Une étude d'envergure effectuée aux États-Unis
auprès de jeunes âgés d'environ 13 ans a récemment
montré que la dépendance s'installait dès les
premières bouffées.
Cette redoutable efficacité est due à la nicotine, qui agit sur
le système nerveux en moins de 15 secondes du fait des
ingrédients ajoutés par les fabricants : il s'agit des sels
d'ammonium, de sucre, de cacao et de l'acide lévulinique. Tous ces
additifs ont la propriété de renforcer la liaison de la nicotine
aux cellules nerveuses.
Il apparaît inadmissible de fonder le profit sur l'exploitation de la
faiblesse humaine et notamment de celle des plus jeunes. Générer
la dépendance à des fins commerciales est coupable.
C'est aussi l'objet de cette proposition de loi que de combattre tant la
dépendance, l'incitation à la dépendance que les
activités commerciales indignes d'une société
développée, humaniste et démocratique.
PROPOSITION DE LOI
Article 1er
I.
Après l'article L. 3511-1 du code de la santé publique, sont
insérés deux articles L. 3511-1 bis et L. 3511-1 ter ainsi
rédigés :
«
Art. L. 3511-1 bis
- Dans les débits de tabac ou tous
commerces ou lieux publics, il est interdit de vendre ou d'offrir à
titre gratuit, à des mineurs de moins de dix-huit ans, des produits du
tabac. »
«
Art. L 3511-1 ter
- Les substituts nicotiniques ayant pour
but l'arrêt du tabac seront pris en charge par l'assurance maladie pour
les mineurs de moins de dix-huit ans. »
II. Les pertes de recettes résultant du I sont compensées
à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux
droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts.
Article 2
Dans le cadre de l'éducation à la santé, une sensibilisation au risque tabagique est organisée, sous forme obligatoire, dans les classes de l'enseignement primaire et secondaire.