NOTE DE SYNTHESE
La loi
n° 98-535 du 1
er
juillet 1998 "
relative au
renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité alimentaire des produits destinés à
l'homme
" a notamment créé un établissement
public national, l'Agence française de sécurité sanitaire
des aliments (AFSSA), qu'elle a chargée d'une mission d'expertise de la
sécurité sanitaire de l'ensemble de la chaîne alimentaire.
En effet, aux termes de la loi, l'AFSSA "
évalue les risques
sanitaires et nutritionnels que peuvent présenter les aliments
destinés à
l'homme ou aux animaux
".
Placée sous la triple tutelle des ministères chargés de la
santé, de l'agriculture et de la consommation, l'AFSSA remplace les
structures d'expertise qui existaient précédemment et englobe
certaines des structures de recherche antérieures à la loi de
1998. En revanche, sauf dans le domaine particulier du médicament
vétérinaire, l'AFSSA ne dispose pas d'outils de contrôle
propres, la loi prévoyant que, "
pour l'accomplissement de ses
missions, les laboratoires des services de l'Etat chargés du
contrôle de la sécurité sanitaire des aliments et ceux qui
leur sont rattachés sont mis à disposition de l'agence en tant
que de besoin
". En pratique, les contrôles continuent à
être assurés essentiellement par les services de la Direction
générale de la concurrence, de la consommation et de la
répression des fraudes, par ceux du ministère de l'Agriculture
ainsi que du secrétariat d'Etat à la Santé, et les trois
ministères chargés de la consommation, de l'agriculture et de la
santé prennent les décisions relatives à la gestion du
risque.
Confrontés au même problème que la France,
plusieurs
pays européens ont également réformé
récemment leur dispositif de contrôle de la sécurité
alimentaire
et créé un organisme comparable à l'AFSSA.
La présente étude cherche donc à analyser l'organisation
et les missions des homologues étrangers de l'AFSSA. Sans
présenter la totalité des dispositifs de contrôle de la
sécurité alimentaire dans les pays retenus, c'est-à-dire
l'
Allemagne
, la
Belgique
, le
Danemark
, l'
Espagne
,
les
Pays-Bas
et le
Royaume-Uni
, elle s'efforce cependant de
décrire les missions et les moyens d'action des nouvelles entités
de contrôle de la sécurité alimentaire par rapport aux
acteurs traditionnels.
Cette étude fait apparaître que :
- la compétence des Länder et des communautés autonomes
n'empêche pas l'apparition d'un pôle national de contrôle de
la sécurité alimentaire en Allemagne et en Espagne ;
- la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont récemment
regroupé les compétences relatives au contrôle de la
sécurité alimentaire au sein d'une instance unique.
1) En Allemagne et en Espagne, la compétence des Länder et des
communautés autonomes n'empêche pas l'apparition d'un pôle
national de contrôle de la sécurité alimentaire
Dans ces deux pays, le contrôle de la sécurité alimentaire
est assuré au niveau
régional
.
En effet, la loi fédérale allemande de 1993 sur les
denrées alimentaires précise que le contrôle de la
sécurité alimentaire est organisé dans chaque Land et, en
Espagne, le décret de 1996 sur la sécurité des produits de
consommation prévoit que chaque communauté autonome
désigne une instance qui vérifie que l'obligation de
commercialiser des produits sûrs est respectée. Malgré
cette régionalisation du contrôle de la sécurité
alimentaire, un regroupement des compétences au niveau national se
dessine.
En Allemagne, il existe depuis 1994 un
Institut fédéral pour
la protection sanitaire des consommateurs et pour la médecine
vétérinaire
, qui est chargé de garantir la
sécurité sanitaire dans tous les domaines sauf celui du
médicament. Doté d'une certaine autonomie, cet organe, qui est
rattaché au ministère de la Santé, ne dispose pas de la
personnalité morale. Il a
essentiellement un rôle
d'évaluation et d'expertise
. Cependant, la loi
fédérale sur les denrées alimentaires le charge
d'exécuter, conjointement avec les Länder, le " programme de
surveillance " qu'elle définit comme un dispositif d'observation,
de mesure et d'évaluation des substances nocives présentes dans
les aliments.
En Espagne, la compétence des communautés autonomes
n'empêche pas que le ministère national de la Santé puisse
prendre, en cas de danger, toutes les mesures qui lui semblent
nécessaires pour les faire exécuter par les communautés
autonomes. De plus, le décret sur la sécurité des produits
de consommation prévoit que l'Etat et les communautés autonomes
coordonnent leurs actions au sein d'une commission
ad hoc
. Par
ailleurs,
le gouvernement envisage depuis quelques mois la création
d'une Agence pour la sécurité alimentaire
, qui serait
essentiellement chargée
d'une mission d'expertise et de coordination
de l'action des différentes administrations compétentes,
sans que les compétences des communautés autonomes soient
modifiées
.
2) Dans les quatre autres pays étudiés, les compétences
relatives au contrôle de la sécurité alimentaire ont
été récemment regroupées
a) La Belgique et le Royaume-Uni ont institué des agences
En Belgique, la loi du 4 février 2000 relative à la
création de l'
Agence fédérale pour la
sécurité de la chaîne alimentaire
charge cette
dernière d'instituer un système unifié qui intègre
et coordonne tous les services d'inspection et de contrôle qui existent.
Au Royaume-Uni, le
Food Standards Act
de 1999, promulgué le
11 novembre 1999, confie la responsabilité nationale du
contrôle de la sécurité alimentaire à la
Food
Standards Agency
.
Malgré des statuts comparables, ces deux agences ont des missions
différentes
. L'agence belge est un établissement public, et
l'agence britannique, que la loi qualifie de " département
gouvernemental non ministériel ", peut être assimilée
à un établissement public. Chacune des deux agences est
placée sous l'autorité du ministre national de la Santé.
L'agence belge n'a pas encore commencé à fonctionner, car la loi
qui l'institue est une loi-cadre, et les compétences actuellement
exercées par les différents services de contrôle du
ministère de l'Agriculture (essentiellement pour ce qui concerne les
animaux vivants) et du ministère de la Santé publique (pour les
autres aliments) devront lui être transférées par
arrêté. En effet,
l'agence belge doit reprendre aux deux
ministères précités la totalité du contrôle
des produits alimentaires et des activités économiques relatives
aux aliments
. Par ailleurs, la loi la charge d'une
mission
générale d'expertise et d'information
. En revanche, en ce qui
concerne l'établissement de la réglementation relative aux
denrées alimentaires, sa compétence n'est que consultative.
A l'opposé,
l'agence britannique n'est pas responsable des
opérations de contrôle, celles-ci continuant à être
assurées par les services d'inspection des collectivités locales
et des autorités portuaires
. Tout comme l'AFSSA, l'agence
britannique est surtout un organe d'analyse et d'évaluation du risque.
Cependant, comme l'agence responsable du contrôle de
l'abattage des
animaux de boucherie
(qui avait été instituée en 1995
au moment où les collectivités locales avaient été
dessaisies de cette question) a été intégrée
à l'agence britannique, cette dernière dispose, dans le domaine
particulier de l'abattage des animaux de boucherie et de leur transformation,
de la maîtrise du contrôle.
b) Au Danemark et aux Pays-Bas, des services administratifs maîtrisent
le contrôle de la sécurité alimentaire
Au Danemark, le dispositif de contrôle de la sécurité
alimentaire a été réformé par étapes
à partir du début de l'année 1997.
L'ensemble des tâches relatives au contrôle de la
sécurité alimentaire a été regroupé au sein
d'un seul ministère, le ministère de l'Alimentation, de
l'Agriculture et de la Pêche.
A l'intérieur de ce
ministère,
la direction de l'alimentation est seule
compétente
. Elle maîtrise tous les aspects du contrôle
de la sécurité alimentaire, les opérations d'inspection
étant assurées par onze unités régionales Celles-ci
n'assurent pas elles-mêmes tous les contrôles, mais
vérifient que les entreprises respectent leurs propres programmes de
contrôle et que ceux-ci sont adaptés.
Les Pays-Bas se sont également engagés dans un processus de
rationalisation en 1998, en regroupant les deux services du ministère de
la Santé compétents respectivement pour l'inspection des animaux
de boucherie et celle des autres aliments au sein d'un seul service,
l'
Inspection pour la protection de la santé, pour les marchandises et
pour les questions vétérinaires
. Ce service, qui
relève du ministère de la Santé, dispose de l'autonomie
comptable depuis le 1
er
janvier 2000. Grâce à sa
direction générale et à ses cinq services
régionaux, l'Inspection assure toutes les fonctions du contrôle de
la sécurité alimentaire, à l'exception de
l'établissement de la réglementation.
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Seuls
la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont institué un
organisme plus ou moins comparable à l'AFSSA.
Au Danemark, il s'agit de la direction de l'alimentation, qui relève du
ministère de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche,
tandis que, dans les autres pays, cet organisme est rattaché au
ministère de la Santé.
De plus, à la différence de ses homologues étrangers, qui
ne maîtrisent qu'une partie du contrôle de la
sécurité alimentaire, la direction danoise de l'alimentation en
maîtrise tous les aspects, sans toutefois que ses unités
régionales pratiquent elles-mêmes tous les contrôles, car
l'administration encourage l'autocontrôle.