LE CONTRAT D'UNION CIVILE ET SOCIALE
Sur ce
sujet, voir l'étude
LC 48
, plus récente, sur le pacte
civil de solidarité
Table des matières
-
NOTE DE SYNTHESE
- 1) Tous les pays scandinaves sauf la Finlande permettent à deux personnes du même sexe de faire enregistrer leur union.
- 2) La récente loi néerlandaise, comparable aux lois scandinaves, ne concerne pas seulement les couples homosexuels.
- 3) Les propositions de loi que les Parlements espagnol et portugais viennent de repousser tendaient à reconnaître aux couples de concubins, hétérosexuels ou homosexuels, à peu près les mêmes droits qu'aux couples mariés.
- 4) Aux Etats-Unis, la controverse sur le mariage entre homosexuels qui a commencé à se développer à Hawaï au début des années 90 s'est traduite par un amendement à la loi fédérale sur le mariage et par des évolutions législatives dans plusieurs Etats.
- 5) La proposition que le Parlement belge doit examiner à l'automne prévoit l'introduction du contrat d'union civile et la légalisation des conventions de cohabitation.
- BELGIQUE
- DANEMARK
- ESPAGNE
- FINLANDE
- ISLANDE
- NORVEGE
- PAYS-BAS
- PORTUGAL
- SUEDE
- ETATS-UNIS
- ANNEXE
NOTE DE SYNTHESE
Afin
d'apprécier la portée de la proposition de loi française tendant à créer un contrat
d'union civile et sociale, il a semblé utile d'analyser les législations - ou
propositions - correspondantes, adoptées, discutées ou sur le point de l'être, tant
chez nos voisins européens qu'aux
Etats
-
Unis
.
Pour cela, on s'est efforcé de rechercher, d'une part, les pays qui admettent d'autres
formes d'union légale que le mariage, et, d'autre part, ceux qui accordent un statut
juridique à part entière aux couples d'homosexuels. En revanche, le régime juridique du
concubinage n'a pas été analysé.
Les pays européens suivants ont été retenus : la
Belgique
, le
Danemark
,
l'
Espagne
, la
Finlande
, l'
Islande
, la
Norvège
, les
Pays
-
Bas,
le
Portugal
et la
Suède
. En effet, dans tous ces pays, le Parlement a été
saisi de cette question au cours des dix dernières années.
L'analyse des législations en vigueur ou en préparation fait apparaître que :
- à l'image du Danemark, tous les pays scandinaves sauf la Finlande ont adopté des
lois permettant à deux personnes du même sexe de faire enregistrer et reconnaître leur
union ;
- le Parlement néerlandais vient de voter un texte autorisant non seulement les couples
homosexuels, mais aussi les couples hétérosexuels qui ne souhaitent pas se marier, à
faire enregistrer leur union ;
- l'Espagne et le Portugal ont récemment repoussé des propositions tendant à accorder
une reconnaissance juridique assez poussée aux unions de fait ;
- aux Etats-Unis, la controverse juridique sur le mariage entre homosexuels, qui a
commencé à se développer à Hawaï au début des années 1990, a eu des conséquences
dans tout le pays ;
- le Parlement belge doit discuter à l'automne une proposition de loi selon laquelle le
mariage ne constitue qu'une des possibilités d'union légale.
1) Tous les pays scandinaves sauf la Finlande permettent à deux personnes du même sexe de faire enregistrer leur union.
En 1989, le
Danemark fut le premier pays à adopter, à l'initiative du Parlement, une loi permettant
à deux personnes du même sexe de faire enregistrer leur union. Suivant l'exemple danois,
tous les autres pays scandinaves à l'exception de la Finlande ont adopté une
législation comparable. La Norvège l'a fait en avril 1993, la Suède en juin 1994 et
l'Islande en juin 1996. En Finlande, une proposition de loi a été déposée en mai 1996,
mais le Parlement l'a rejetée en septembre 1997.
Toutes les lois scandinaves sont similaires : elles posent le
principe général de
l'identité de l'" union enregistrée " et du
mariage
, tant
pour ce qui concerne les conditions que les effets.
Les droits et devoirs des personnes qui ont fait enregistrer leur union sont donc les
mêmes que ceux des époux à quelques exceptions près : l'
adoption
conjointe
et la
procréation médicalement assistée
leur sont toujours refusées. De même,
l'
autorité parentale conjointe
ne peut leur être accordée ni au Danemark ni en
Suède. En revanche, la loi islandaise et la loi norvégienne n'excluent pas que deux
personnes qui ont fait enregistrer leur union puissent partager l'autorité parentale.
Chacune de ces lois s'applique exclusivement aux couples dont au moins un membre réside
dans le pays et en possède la nationalité.
2) La récente loi néerlandaise, comparable aux lois scandinaves, ne concerne pas seulement les couples homosexuels.
Au début du
mois de juillet 1997, le Parlement néerlandais a adopté un
projet de loi du ministre
de la
Justice
qui permet aux
couples homosexuels
, qui ne peuvent pas se
marier, ainsi qu'aux
couples hétérosexuels
qui ne le veulent pas, de faire
enregistrer leur union.
La loi, qui entrera en vigueur le 1
er
janvier 1998, leur confère à peu
près les mêmes droits qu'aux couples mariés, à l'exception de l'adoption conjointe et
du partage de l'autorité parentale. Cependant, un couple hétérosexuel qui fera
enregistrer son union pourra adopter un enfant. De même, il lui sera possible d'obtenir
l'autorité parentale conjointe en le demandant au tribunal.
Contrairement aux lois scandinaves, la loi néerlandaise ne comporte aucune condition de
nationalité.
3) Les propositions de loi que les Parlements espagnol et portugais viennent de repousser tendaient à reconnaître aux couples de concubins, hétérosexuels ou homosexuels, à peu près les mêmes droits qu'aux couples mariés.
Le Congrès des
députés espagnol a rejeté le 29 avril 1997 à une très courte majorité (163
contre 161) deux propositions de loi assimilant les couples de concubins aux couples
mariés dans tous les domaines : fiscal, successoral, social... L'Assemblée de la
République portugaise a également repoussé deux propositions de loi similaires le
25 juin 1997.
Dans les deux cas, les propositions ne tendaient pas à créer une nouvelle forme d'union
légale. Elles visaient seulement à reconnaître les
unions de fait
, mais elles
s'appliquaient aussi bien aux couples
hétérosexuels
qu'
homosexuels
.
Dans ces deux pays, le débat n'est pas clos. En effet, le Congrès des députés espagnol
a chargé une sous-commission d'étudier la situation juridique des couples non mariés.
Quant au Parlement portugais, il doit discuter à l'automne une proposition de loi du
groupe socialiste qui donnerait aux couples non mariés, stables et enregistrés auprès
des centres régionaux de sécurité sociale, les mêmes droits qu'aux couples mariés
dans un certain nombre de domaines. Si elle recevait l'appui de l'extrême-gauche, cette
proposition pourrait être adoptée.
4) Aux Etats-Unis, la controverse sur le mariage entre homosexuels qui a commencé à se développer à Hawaï au début des années 90 s'est traduite par un amendement à la loi fédérale sur le mariage et par des évolutions législatives dans plusieurs Etats.
Aux Etats-Unis, le droit du mariage ne relève pas de la compétence de la Fédération mais de celle des Etats. Aucun d'eux ne reconnaît d'autre forme d'union légale que le mariage entre deux personnes de sexe différent. Cependant, la Cour suprême de Hawaï devrait, au cours des prochaines semaines, se prononcer de façon définitive pour le mariage entre homosexuels. Dans l'attente de cette décision, et pour faire échec à la clause constitutionnelle selon laquelle les contrats valablement passés dans un Etat doivent être reconnus dans les autres Etats, la loi fédérale sur la défense du mariage, votée pendant l'été 1996, permet à un Etat de ne pas reconnaître la loi d'un autre Etat qui autoriserait les mariages entre homosexuels. Parallèlement, une vingtaine d'Etats ont modifié leur législation sur le mariage pour affirmer que ce dernier ne pouvait être célébré qu'entre des personnes de sexe différent.
5) La proposition que le Parlement belge doit examiner à l'automne prévoit l'introduction du contrat d'union civile et la légalisation des conventions de cohabitation.
Cette
proposition tend à offrir aux couples quatre possibilités : le mariage (réservé
aux couples hétérosexuels), l'union civile, la " cohabitation
conventionnelle " et la cohabitation non conventionnelle.
Elle prévoit que la cohabitation non conventionnelle continue d'être régie par la
jurisprudence en cas de litige. En revanche, elle vise à légaliser les conventions de
cohabitation et à empêcher qu'elles ne soient contestées. Elle vise également à
introduire une nouvelle forme d'union : l'union civile, qu'elle ne définit que
partiellement. En effet, en matière successorale, la proposition de loi assimile au
mariage l'union civile qui a duré au moins deux ans, et elle prévoit d'autre part que
l'union civile puisse, comme le mariage, créer une communauté de biens réduite aux
acquêts. La proposition n'évoque ni les conséquences sociales, ni les conséquences
fiscales de l'union civile, laissant au législateur le soin de régler ultérieurement
cette question.
BELGIQUE
Le Parlement belge devrait discuter à
l'automne une proposition de loi instituant l'union civile.
|
L'exposé des
motifs précise que la proposition tend à offrir aux couples quatre options :
- le mariage ;
- l'union civile ;
- la " cohabitation conventionnelle ", réglée par une convention de
cohabitation dont la légitimité ne pourra plus être contestée ;
- la cohabitation non conventionnelle, pour laquelle la jurisprudence trouvera des
solutions en cas de litige.
Seule la première option est réservée aux couples hétérosexuels.
I. LES CONDITIONS
La convention de cohabitation |
L'union civile |
La proposition de loi énonce : "
Toute personne
physique capable (...) peut passer avec une autre personne physique une convention de
cohabitation, dans la mesure où elle n'est pas liée par une autre convention de
cohabitation, un mariage ou une union civile(...).
|
L'union civile suppose le respect des
mêmes conditions
de
capacité, d'âge, d'absence de lien de parenté etc.
que le mariage.
|
Les couples homosexuels et les couples hétérosexuels peuvent conclure une convention de cohabitation ou un contrat d'union civile. |
II. LES EFFETS
La convention de cohabitation |
L'union civile |
Ses effets juridiques varient en fonction de la teneur des conventions. La proposition de loi cherche avant tout à garantir la sécurité juridique de ces conventions. |
Les
effets juridiques
de l'union
civile sont
limités
. La proposition de loi n'évoque pas les conséquences
sociales et fiscales de l'union civile : dans l'exposé des motifs, elle attire
l'attention du législateur sur le fait que ces problèmes devront être réglés
ultérieurement.
|
III. LA RUPTURE
La convention de cohabitation |
L'union civile |
Les conventions peuvent être librement résiliées. En cas de résiliation unilatérale, l'autre partie pourra obtenir un dédommagement. |
1) La procédure
|
DANEMARK
La loi n° 372 du 1
er
juin
1989, entrée en vigueur le 1
er
octobre 1989, offre à
deux personnes
du même sexe
la possibilité de faire enregistrer leur union.
|
I. LES CONDITIONS
Bien que le
texte vise avant tout les couples stables d'homosexuels, dont les organisations ont
longtemps revendiqué pour obtenir cette reconnaissance juridique, il ne leur est pas
réservé. Il est donc possible à
deux personnes appartenant au même sexe
de
faire enregistrer par un officier d'état civil leur union,
quelle que soit la nature
de leurs relations
.
La loi requiert seulement que
l'une des deux parties soit citoyen danois et réside au
Danemark
. Compte tenu du caractère novateur de la loi danoise, cette disposition a
été introduite pour empêcher les étrangers de venir faire enregistrer leur union au
Danemark.
Dans la mesure où la loi danoise assimile très largement l'union enregistrée au
mariage, l'enregistrement d'une union suppose le respect des mêmes conditions (d'âge, de
capacité, d'absence de lien de parenté etc.) que le mariage. De même, il est impossible
à une personne qui a déjà fait enregistrer une union, ou qui est déjà mariée, de
faire enregistrer une autre union : elle commettrait une infraction que la loi
assimile à la bigamie. Réciproquement, une personne qui a fait enregistrer une union ne
peut se marier.
II. LES EFFETS
1) L'union enregistrée produit les mêmes effets que le mariage...
La loi indique
que, sauf dispositions contraires, l'union civile enregistrée produit les mêmes effets
que le mariage et que les mots " mariage " et
" époux " peuvent être remplacés par " union
enregistrée " et " partenaires ".
Ainsi, les couples dont l'union a été enregistrée ont les mêmes droits fiscaux,
patrimoniaux, sociaux, successoraux etc. que les couples mariés. Les
" partenaires enregistrés " ont également le même devoir
d'assistance mutuelle que les époux.
2) ... à quelques exceptions près
La loi de 1989
exclut de façon explicite que deux personnes qui ont fait enregistrer leur union
puissent :
-
adopter ensemble un enfant
(1(
*
))
;
- partager l'autorité parentale
.
La loi de 1989 prévoit également que les dispositions légales ou réglementaires qui
s'appliquent de façon expresse au " mari " ou à la
" femme " et supposent la prise en compte du sexe ne valent pas pour
les partenaires qui ont fait enregistrer leur union. C'est notamment le cas pour la
procréation médicalement assistée.
En outre, alors que l'Eglise a le pouvoir d'officialiser les mariages, au même titre que
les mairies, la
bénédiction
de l'" union enregistrée " ne
constitue pas un droit. Elle est cependant pratiquée dans plusieurs paroisses, et, face
aux revendications des intéressés, l'
Eglise réformée danoise
a chargé une
commission
d'étudier la question. Celle-ci a rendu son rapport au printemps de 1997. Elle propose
plusieurs formes de bénédiction, en précisant que tout pasteur doit avoir le droit de
refuser sa collaboration pour des motifs de conscience. L'Eglise danoise doit se prononcer
à l'automne de 1997.
III. LA RUPTURE
Les règles qui
valent pour le divorce en cas de consentement des deux époux s'appliquent pour rompre une
union enregistrée : celle-ci cesse sans que l'intervention d'un juge soit
nécessaire. La demande est traitée par une administration.
Par ailleurs, s'il n'existe aucune législation générale qui assimile les couples
hétérosexuels non mariés aux couples mariés, quelques règles prévues pour les
couples mariés s'appliquent aux concubins. Il en va ainsi en matière de sécurité
sociale, de taxation des revenus et de logement. En revanche, le concubinage ne crée
théoriquement aucune communauté de biens et n'ouvre pas de droits à la succession,
même si les tribunaux se sont parfois prononcés en sens contraire lorsqu'il leur
semblait nécessaire de ne pas laisser l'un des concubins dans le besoin après le décès
de l'autre.
ESPAGNE
Lors de la séance du
29 avril
1997
,
le Congrès des députés a rejeté à une très courte majorité deux
propositions de loi
présentées respectivement par le groupe socialiste et par le
groupe " Gauche unie
(2(
*
))
- Initiative pour la
Catalogne ", et
tendant à accorder aux couples de concubins les mêmes
droits qu'aux couples mariés
. Les propositions de loi visaient aussi bien les couples
hétérosexuels
qu'
homosexuels
.
|
Le
29 novembre 1994, le groupe socialiste du Congrès des députés avait déposé une
proposition de résolution priant le gouvernement de présenter un projet de loi sur les
couples de concubins. Cette résolution fut adoptée par la majorité de l'assemblée, le
parti populaire s'abstenant. Le ministère des Affaires sociales commença alors, en
collaboration avec celui de la Justice, à rédiger un avant-projet, mais les élections
législatives amenèrent un changement de majorité à la suite duquel le projet fut
abandonné.
Les deux propositions débattues le 29 avril 1997 tendaient à modifier plusieurs
textes
(le code civil, les lois sur la sécurité sociale, sur les retraités de
l'Etat, sur le statut des travailleurs, sur l'imposition des successions et donations...)
pour
aligner le régime juridique des couples de concubins, hétérosexuels ou non, sur celui
des couples mariés. Elles s'appliquaient à tous les domaines
: fiscal,
successoral, patrimonial, social... Les deux propositions de loi prévoyaient également
le devoir d'assistance mutuelle des concubins et la création d'un lien de famille entre
eux. A la différence de celle du groupe socialiste, la proposition du groupe communiste
comportait aussi la possibilité pour un couple de concubins d'adopter
(3(
*
))
un enfant. La reconnaissance juridique du concubinage, réservée
aux couples stables (union d'au moins deux ans pour la proposition du groupe socialiste,
d'un an pour l'autre), supposait l'inscription sur un registre spécial.
Le 29 avril 1997, l'assemblée a rejeté les deux propositions de loi à une très
courte majorité (163 - 161), obtenue à l'occasion du troisième scrutin, les
deux premiers n'ayant pas dégagé de majorité (161 pour - 161 contre). Quelques jours
plus tard, elle a adopté la proposition de sa commission de la justice et de
l'intérieur, déposée à l'instigation de la majorité parlementaire, tendant à créer
une sous-commission chargée d'étudier la situation juridique des couples de concubins.
Cette sous-commission analysera notamment la
jurisprudence actuelle
, qui est
très
hétérogène
. Actuellement, la situation juridique des concubins est en effet
essentiellement régie par la jurisprudence, même si quelques dispositions législatives
ont été récemment introduites en leur faveur. La possibilité qu'a le concubin
survivant, depuis la loi de novembre 1994, d'être subrogé dans les droits du titulaire
du bail du logement commun constitue la principale des mesures prises en faveur des
concubins.
FINLANDE
Une
proposition de loi sur le
" partenariat homosexuel "
a été déposée le 28 mai 1996.
Après avoir été examinée en première lecture par le Parlement en séance publique,
elle a été transmise à la commission des lois qui, le 17 juin 1997, a proposé au
Parlement, d'une part, de la rejeter, et, d'autre part, de demander au gouvernement de
préparer un projet de loi tendant à supprimer les discriminations législatives dont
sont victimes les couples homosexuels.
|
Cette
proposition de loi faisait suite à un rapport réalisé en 1992 par la commission des
affaires familiales. Cette dernière, constatant les discriminations dont étaient
victimes les couples d'homosexuels, avait suggéré la préparation d'un texte permettant
leur reconnaissance juridique.
Comme les lois des autres pays scandinaves, la proposition de loi finlandaise tendait à
conférer aux couples d'homosexuels qui auraient fait enregistrer leur union
les mêmes
droits qu'aux couples mariés à une exception près : ils n'auraient pas pu adopter
conjointement un enfant.
Par ailleurs, la proposition de loi réservait au
juge
le soin de prononcer la
dissolution
des unions enregistrées.
ISLANDE
Le Parlement a adopté le 4 juin
1996, un projet du Gouvernement
permettant à
deux personnes du même sexe de faire
enregistrer leur union.
|
La loi
islandaise comporte les mêmes dispositions que la loi danoise.
Elle prévoit en outre que
deux personnes qui ont fait enregistrer leur union puissent
partager l'autorité parentale
.
NORVEGE
La loi n° 40 du 30 avril 1993, entrée en vigueur le 1 er août 1993, permet à deux personnes du même sexe de faire enregistrer leur union.
|
La loi
norvégienne est presque identique à la loi danoise, tant pour tout ce qui concerne les
conditions que les conséquences juridiques de l'union enregistrée.
A la différence de la loi danoise,
elle n'exclut pas que deux personnes qui ont fait
enregistrer leur union puissent partager l'autorité parentale.
En outre, elle offre la possibilité à toute partie qui le souhaite de saisir le
juge
en cas de rupture.
PAYS-BAS
Au début du mois de juillet 1997, le
Parlement a définitivement adopté le
projet de loi du ministère de la Justice
déposé au mois d'août 1996 et permettant aux
couples homosexuels
, qui ne peuvent
pas se marier, ainsi qu'aux
couples hétérosexuels
qui ne le veulent pas, de
faire
enregistrer leur union
auprès des services d'état civil. Cette disposition entrera
en vigueur le 1
er
janvier 1998.
|
Tout comme les lois scandinaves, la loi néerlandaise confère aux personnes qui font enregistrer leur union à peu près les mêmes droits qu'aux époux. Ce résultat est cependant obtenu de manière différente : contrairement aux lois scandinaves, la loi néerlandaise ne pose pas le principe d'une quasi-identité entre le mariage et l'union enregistrée. En effet, la loi néerlandaise est un texte très long qui modifie plusieurs dizaines d'autres lois.
I. LES CONDITIONS
La loi
néerlandaise concerne aussi bien les couples homosexuels qu'hétérosexuels.
Contrairement aux lois scandinaves, elle ne comporte
aucune condition de nationalité
.
Deux étrangers peuvent également faire enregistrer leur union à condition d'avoir un
titre de séjour valable.
L'enregistrement d'une union suppose le respect des mêmes conditions (d'âge, de
capacité, d'absence de lien de parenté, etc.) que le mariage. Tout comme le mariage,
elle ne peut avoir lieu qu'après publication de bans.
II. LES EFFETS
1) L'union enregistrée produit les mêmes effets que le mariage...
La loi sur
l'enregistrement de l'union modifie une centaine de lois préexistantes afin d'aligner les
régimes juridique, fiscal, social, successoral, etc. des " partenaires
enregistrés " sur ceux des époux.
De même, comme pour un divorce par consentement mutuel, l'union enregistrée prend fin
par une déclaration signée des deux parties. C'est seulement lorsqu'une seule des
parties souhaite rompre l'union que l'intervention d'un juge est nécessaire.
2) ... à quelques exceptions près
La principale
différence entre l'union enregistrée et le mariage concerne les enfants.
Les " partenaires enregistrés " ne partagent pas
l'autorité
parentale
. Dans le cas d'un couple hétérosexuel, l'autorité parentale revient
automatiquement à la mère. Il faut que le père reconnaisse l'enfant pour pouvoir
partager l'autorité parentale avec la mère.
En outre,
l'adoption conjointe par un couple d'homosexuels n'est pas possible
.
Avant l'adoption de la loi, les concubins, hétérosexuels ou homosexuels, pouvaient
signer un
contrat notarié
régissant notamment leurs relations juridiques en cas
de rupture ainsi que les questions de succession. Certains de ces contrats, en particulier
parmi ceux conclus entre homosexuels, ont été contestés devant les tribunaux par les
familles, qui ont obtenu gain de cause.
Par ailleurs, l'enregistrement des concubinages, actuellement réalisé par les services
de l'état civil de plus d'une centaine de communes, n'a aucune valeur juridique.
PORTUGAL
Le
25 juin 1977
, l'
Assemblée
de la République
a discuté
deux propositions de loi
, présentées
respectivement par le groupe écologiste et par le groupe communiste, qui tendaient à
garantir
certains droits
aux " unions de fait ", c'est-à-dire
aux
couples de concubins, homosexuels ou hétérosexuels
, constitués depuis au
moins deux ans. Ces deux propositions ont été rejetées.
|
Les deux propositions discutées le 25 juin 1997 ont été rejetées. Chacune d'elles a reçu le soutien des députés communistes et écologistes tandis que les parlementaires de droite et du centre ont voté contre. Les socialistes, qui détiennent la majorité relative, se sont abstenus. Deux d'entre eux ont toutefois voté pour la proposition communiste.
1) La proposition écologiste
Elle prévoyait
que l'" union de fait " devait bénéficier de la même protection que
les couples mariés dans les domaines suivants :
- prestations de sécurité sociale (incluant le régime des accidents du travail) ;
- transmission du bail du logement commun ;
- impôt sur le revenu ;
- congés pour événements familiaux ;
- régime patrimonial, le régime légal des couples mariés étant celui de la
communauté réduite aux acquêts.
2) La proposition communiste
Elle énonçait
que l'"union de fait " devait créer des liens de famille, tout comme le
mariage ou l'adoption, et être assimilée au couple marié dans les domaines
suivants :
- patrimoine acquis après le début de la cohabitation ;
- responsabilité pour dettes ;
- droit successoral ;
- assistance mutuelle ;
- prestations de sécurité sociale dues au survivant ;
- droit du travail ;
- fiscalité ;
- logement ;
- indemnisation pour responsabilité civile extra-contractuelle.
3) La proposition socialiste
Les couples non
mariés, homosexuels ou hétérosexuels, qui existent depuis au moins deux ans,
obtiendraient, à condition de se faire
enregistrer auprès des centres régionaux de
sécurité sociale
, les mêmes droits que les couples mariés en ce qui
concerne :
- la transmission du bail ;
- l'adoption, qui serait cependant réservée aux couples hétérosexuels stables (au
moins quatre ans) ;
- l'asile et l'immigration ;
- la fiscalité ;
- la sécurité sociale ;
- le droit du travail.
Ils auraient, comme les couples mariés, le devoir d'assistance mutuelle. En revanche,
leur régime patrimonial serait celui de la séparation de biens, à moins qu'une
convention passée entre les concubins n'établisse autre chose.
SUEDE
La loi du 23 juin 1994
sur
le " partenariat enregistré ", entrée en vigueur le 1
er
janvier
1995, permet à
deux personnes du même sexe
de faire enregistrer leur union.
|
La loi suédoise
comporte à peu près les mêmes dispositions que la loi danoise : les conditions
requises pour faire enregistrer une union sont les mêmes, et les effets juridiques de
l'union enregistrée sont également les mêmes.
Cependant, à la différence de la loi danoise, la loi suédoise prévoit
l'intervention
d'un juge
:
- de manière facultative, pour l'enregistrement de l'union ;
- de
façon obligatoire
,
pour la rupture d'une union enregistrée
. Aux
termes de la loi de 1994, une union enregistrée ne peut en effet être dissoute que suite
au décès de l'une des deux parties ou par décision d'un juge.
Par ailleurs,
la loi de 1987 sur les rapports patrimoniaux entre les concubins
hétérosexuels
assimile le concubinage au mariage pour ce qui concerne le droit
patrimonial. Aux termes de cette loi, et si les concubins n'ont pas conclu de convention
contraire, le
patrimoine domestique
(logement et objets mobiliers) qui a été
acquis pour une utilisation commune doit être partagée en deux parts égales en cas de
séparation, et ce quel que soit le propriétaire des biens concernés.
De plus, en cas de décès, le concubin survivant est protégé par une disposition
spéciale : dans la mesure où le patrimoine partagé est suffisant, il a droit à
une somme d'agent égale à deux fois le montant de base de la loi sur l'assurance sociale
(4(
*
))
.
La même loi prévoit également que le concubin survivant qui n'est pas titulaire du bail
du logement commun reprend le bail en cas de besoin.
La loi de 1987 sur les concubins homosexuels
leur permet de bénéficier notamment
des dispositions de la loi susmentionnée.
ETATS-UNIS
Le droit du mariage ne relève pas de
la compétence de la Fédération mais de celle des Etats
. La seule forme d'union
entre deux personnes reconnue par les législations des Etats est le mariage entre deux
personnes n'appartenant pas au même sexe.
|
1) La situation à Hawaï
a) La
procédure judiciaire en cours
Le
5 mai 1993
, la
Cour suprême de l'Etat de Hawaï
rendit une
décision (
Baehr v. Lewin
) dans laquelle elle concluait que refuser le
mariage civil à des couples homosexuels constituait une discrimination, et était donc
contraire à la constitution de l'Etat, à moins que ce dernier ne prouvât qu'il avait un
" intérêt supérieur " à l'interdire.
En effet, la constitution de Hawaï, à la différence de la constitution fédérale
(5(
*
))
, interdit toute discrimination sexuelle.
C'est pourquoi l'affaire fut renvoyée à un tribunal de niveau inférieur. Celui-ci s'est
prononcé à le 3 décembre 1996 (
Baehr v. Miike
). Il a alors rejeté tous les
arguments avancés par l'Etat pour justifier l'interdiction du mariage entre homosexuels
et l'a condamné à payer les frais de justice des plaignants. La décision du tribunal,
à son tour, a été soumise à la Cour suprême de l'Etat qui pourrait réaffirmer la
position qu'elle avait prise en 1993. La Cour suprême de l'Etat devrait rendre sa
décision avant la fin de l'année 1997.
b) L'évolution législative
Au début du mois de juillet 1997, est entrée en vigueur la
loi sur les couples non
mariés
qui accorde aux couples qui ne peuvent pas se marier, c'est-à-dire aux
couples homosexuels, une soixantaine de droits (en matière successorale, fiscale,
sociale...), normalement réservés aux couples mariés. Cette loi ne satisfait pas les
intéressés qui revendiquent le droit au mariage.
En outre, le Parlement de Hawaï a adopté un amendement à la constitution qui doit être
soumis par référendum à la population de l'Etat pour devenir définitif : cet
amendement prévoit de réserver le mariage à des personnes n'appartenant pas au même
sexe. Le référendum pourrait avoir lieu au cours de l'année 1998.
2) La loi fédérale sur la défense du mariage
En septembre
1996, le président Clinton a signé la
loi sur la défense du mariage
(
Defense
of Marriage Act
), précédemment adoptée par les deux chambres, et qui :
- définit, au niveau fédéral, le mariage comme une union entre un homme et une femme,
empêchant ainsi les couples homosexuels de pouvoir bénéficier des prestations
attribuées par l'Etat fédéral aux couples mariés ;
- permet à un Etat de ne pas reconnaître la loi d'un autre Etat qui autoriserait les
mariages entre homosexuels.
Cette loi, dont la constitutionnalité risque d'être remise en cause, a été adoptée
pour faire échec à la disposition constitutionnelle selon laquelle "
pleine
foi et crédit sont accordés, dans chaque Etat, aux actes publics, registres et
procédures judiciaires de tous les autres Etats
". En effet cette clause
obligerait tous les Etats à reconnaître les mariages homosexuels prononcés dans un
autre Etat.
3) L'évolution législative dans les autres Etats que Hawaï
En réaction à
la possible légalisation des mariages entre homosexuels à Hawaï, de nombreux Etats se
sont empressés de modifier leur loi sur le mariage pour le réserver aux personnes
n'appartenant pas au même sexe, ou pour empêcher la reconnaissance des mariages
célébrés dans un Etat où les conditions de mariage sont différentes.
A la fin du mois de juillet 1997, la situation était la suivante :
- vingt-cinq Etats avaient adopté une loi comportant de telles dispositions ;
- vingt-trois Etats avaient rejeté un texte de cette nature ; dans cinq Etats
parmi ces vingt-trois , l'examen d'un nouveau texte de cette nature était en
cours ;
- dans deux Etats, aucun texte n'avait été déposé.
Par ailleurs, dans six Etats, un texte tendant à la reconnaissance du mariage entre
homosexuels avait été déposé et rejeté.
En pratique, nombreuses sont les villes qui signent des
certificats de concubinage
au profit des couples non mariés, homosexuels comme hétérosexuels. Ces documents
permettent notamment aux intéressés de bénéficier des systèmes de protection sociale
créés par les grandes entreprises. On estime qu'un quart des entreprises de plus de
5.000 salariés reconnaissent ces certificats.
ANNEXE
DANEMARK : Données statistiques sur l'union enregistrée (6( * ))
|
Nombre de personnes vivant sous le régime de l'union enregistrée |
Nombre de personnes sorties de ce régime |
1990 |
640 |
1 |
1991 |
1 435 |
14 |
1992 |
1 891 |
48 |
1993 |
2 228 |
105 |
1994 |
2 481 |
184 |
1995 |
2 760 |
264 |
1996 |
3 011 |
357 |
Répartition
par tranche d'âge des personnes ayant fait enregistrer leur union
(au 1
er
janvier 1996)
moins de 29 ans |
13 % |
entre 30 et 39 ans |
29 % |
entre 40 et 49 ans |
29 % |
entre 50 et 59 ans |
20 % |
60 ans et plus |
9 % |
68 % des personnes vivant sous ce régime sont des hommes
(1) En revanche, un célibataire peut adopter un enfant.
(2) Gauche unie (Izquierda unida) est le nom de l'union entre le parti communiste rénové et quelques petites formations d'extrême gauche.
(3) Un célibataire peut adopter un enfant.
(4) En 1995, ce montant de base s'élevait à 35.700 couronnes, soit environ 27.000 F.
(5) Cependant, la
Cour suprême fédérale a rendu en mai 1996 une décision condamnant toute discrimination
fondée sur " l'orientation sexuelle ".
(6) Source : Rapport réalisé en 1997 par l'Eglise luthérienne sur la bénédiction des
unions enregistrées.