SERVICE DES ETUDES JURIDIQUES (Janvier 2004)
PAYS-BAS
Après plus de dix années d'études et de
débats, les structures de la protection sociale ont été
profondément réformées à la fin de l'année
2001.
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1) L'indemnisation des chômeurs
L'assurance chômage est financée par des cotisations
des employeurs et des salariés.
La réforme de 2001 a supprimé l'Institut national pour les
assurances sociales (
Landelijk instituut voor sociale verzekeringen :
Lisv
), qui avait été créé par la loi de 1997
relative à l'organisation des assurances sociales.
Compétent non seulement pour l'exécution de la loi sur
l'assurance chômage, mais aussi pour celle des lois sur l'assurance
invalidité et sur le travail des handicapés, le
Lisv
était un
organisme de droit public placé sous
l'autorité du ministre des Affaires sociales. Il était
assisté de 30 conseils sectoriels à composition paritaire, la loi
de 1997 ayant fait disparaître les associations professionnelles
auparavant chargées de la gestion de l'assurance chômage. Le
conseil d'administration du
Lisv
était tripartite : outre le
président, personnalité indépendante
désignée par le ministre des Affaires sociales, il comportait
trois représentants des employeurs, trois représentants des
salariés et trois personnes indépendantes. Pour le paiement des
allocations, le
Lisv
s'appuyait sur des agences de statut privé,
mais reconnues par le ministre, les
UVI (Uitvoering verzekeringen
instellingen,
c'est-à-dire organismes d'exécution des
assurances). Il existait cinq
UVI
, entre lesquelles les entreprises
couvertes par les anciennes associations professionnelles avaient
été réparties. À partir du début de
l'année 2000, les
UVI
devaient être mises en concurrence
entre elles ainsi qu'avec de nouvelles organisations à créer,
mais l'adoption de la loi SUWI a empêché cette évolution.
Depuis le 1
er
janvier 2002
, date d'entrée en vigueur
de la loi SUWI,
l'
UWV
(
Uitvoeringsinstituut
werknemersverzekeringen
, c'est-à-dire Institut pour la gestion des
assurances des salariés)
a remplacé le
Lisv
et ses cinq
organismes de paiement.
L'
UWV
est responsable de l'application des lois sur les assurances
sociales des salariés
(15
(
*
))
- et donc en particulier de la gestion de
l'assurance chômage - pour l'ensemble des entreprises.
L'
UWV
est un organisme de droit public placé sous
l'autorité du ministre des Affaires sociales.
Il est dirigé
par un conseil d'administration, qui assume la gestion quotidienne et
détermine le programme annuel d'activités. Le conseil
d'administration est assisté d'un comité consultatif, qui
l'éclaire sur les questions stratégiques. Les membres des deux
organes, choisis pour leur compétence en matière d'emploi, sont
nommés par le ministre des Affaires sociales. De plus, la loi SUWI
crée le « Conseil national des clients », instance
consultative composée de représentants des usagers, qui se
réunit au moins dix fois par an.
Depuis la réforme, les partenaires sociaux ne sont donc plus
représentés dans les instances dirigeantes de l'organisme
gestionnaire de l'assurance chômage. En revanche, ils sont
représentés dans le
Conseil de l'emploi et des revenus
(
Raad
voor Werk en Inkomen
:
RWI
), chargé de
conseiller le ministre, et notamment de lui présenter un plan annuel de
mesures pour l'emploi. Sous la présidence d'une personnalité
indépendante, ce conseil
tripartite
réunit cinq
représentants de l'Association des communes néerlandaises, cinq
délégués des syndicats de salariés
considérés comme représentatifs et cinq
délégués des organisations patronales
représentatives.
2) Le placement des chômeurs
a) Les structures publiques
L'Organisation centrale pour l'emploi et les revenus
(
Centrale
organisatie werk en
inkomen : COWI
),
organisme de droit public placé sous l'autorité du ministre
des Affaires sociales,
est responsable du placement
au niveau
national. Elle s'est donc substituée à l'Office central pour
l'emploi (
Centrale bestuur
arbeidsvoorzieningen : CBA
),
créé par la loi de 1976 sur l'emploi.
La
COWI
n'a repris qu'une partie des activités de l'Office
central pour l'emploi : les activités qu'il fournissait
gratuitement (en particulier l'inscription et l'information des demandeurs
d'emploi).
Comme l'
UWV
, la
COWI
est dirigée par un conseil
d'administration assisté d'un comité consultatif, tous deux
composés d'experts. Elle assure sa mission grâce aux centres pour
l'emploi et les revenus, dispersés sur tout le territoire. Le Conseil
national des clients fonctionne également comme instance de consultation
de la
COWI
.
Les
centres pour l'emploi et les revenus
(
Centra voor werk en
inkomen
:
CWI
) ont été institués
à partir de la fin des années 90 pour regrouper les services
locaux d'aide sociale, les structures locales de l'Office central pour l'emploi
et les administrations locales des organes de gestion des assurances sociales,
les organisations concernées étant susceptibles d'obtenir des
subventions destinées à la construction et à l'entretien
de locaux communs.
La loi SUWI a fait des centres pour l'emploi et les revenus les organes
d'exécution des missions de la
COWI.
Ils sont donc chargés
de l'enregistrement des demandes d'emploi et des offres des employeurs, du
rapprochement des offres et des demandes, de l'information des chômeurs
et des employeurs etc. Ces centres sont au nombre d'environ 130, alors qu'il y
a un peu moins de 500 communes.
Les centres pour l'emploi et les revenus
constituent des guichets
uniques : ils
accueillent toutes les personnes sans emploi et qui
demandent une prestation, quelle que soit la raison de leur inactivité
professionnelle
(licenciement, handicap, exclusion...). Ils sont ainsi
conduits à enregistrer les demandes d'allocations de chômage, mais
aussi de pensions d'invalidité et d'aide sociale. Ils réunissent
donc tous les renseignements nécessaires pour statuer sur le droit des
intéressés à obtenir une allocation et doivent veiller
à ce que le dossier soit transmis à l'organisme compétent
(
UWV
ou bureau municipal d'aide sociale).
Les centres pour l'emploi et les revenus doivent donner la priorité
au placement et au reclassement professionnel sur le versement des allocations
de chômage.
Pour cette raison, dès la première
inscription, tout demandeur d'emploi est soumis à un questionnaire
standardisé qui permet de le situer par rapport au marché du
travail et de définir son niveau d'employabilité sur une
échelle allant de 1 (directement employable) à 4 (reclassement
difficilement envisageable avant l'accomplissement d'un long parcours de
réinsertion).
La
COWI
doit encourager, par la mise à disposition de moyens
matériels, la constitution de plates-formes régionales de
coopération regroupant plusieurs
CWI
, ces plates-formes
devant fonctionner comme des instances de concertation.
b) Les agences de placement privées
Elles
sont régies par
la loi de 1998 sur le placement privé et la
mise à disposition de main-d'oeuvre
.
Cette loi a été modifiée en 2003 :
les agences
privées n'ont désormais plus besoin d'une autorisation
administrative
. Toutefois, elles restent soumises à l'obligation
de fournir leurs prestations gratuitement aux demandeurs d'emploi.
c) La collaboration entre les structures publiques et privées de placement
La loi
sur l'assurance chômage confie à l'
UWV
le soin de favoriser
la réinsertion professionnelle des bénéficiaires des
allocations de chômage.
Pour cela, l'
UWV
(16
(
*
))
peut conclure des conventions avec des
sociétés de reclassement
agréées, comme la
société anonyme KLIQ, détenue par l'État et qui
résulte du démembrement de l'Office central pour l'emploi. En
effet, si la
COWI
a repris les activités que l'Office central
pour l'emploi exerçait à titre gratuit, les autres
(réalisation de bilans de compétences, entraînement
à la rédaction de lettres de candidatures, assistance-conseil aux
employeurs sur le recrutement...) ont été
transférées à KLIQ, qui est en concurrence avec d'autres
prestataires privés.
3) Les liens entre l'indemnisation et la recherche d'emploi
Pour
bénéficier des allocations de chômage, il faut notamment
s'inscrire au
CWI
au plus tard le second jour de chômage,
rechercher activement un emploi et ne pas opposer de refus à un emploi
« approprié ».
En règle générale, la recherche active d'un emploi
correspond au fait de consulter les offres d'emploi du
CWI
au moins deux
fois par mois et de poser au moins une candidature par semaine, mais la notion
est appréciée en fonction des circonstances. De même,
l'évaluation du caractère approprié de l'emploi varie avec
l'ancienneté du chômage : tout poste susceptible d'être
occupé par le demandeur est réputé approprié.
Cependant, c'est seulement au bout de six mois de chômage que
l'intéressé a l'obligation d'élargir ses recherches
à des emplois requérant un niveau de qualification
inférieur au sien.
Les demandeurs d'emploi qui ne respectent pas les conditions d'indemnisation
peuvent voir leurs allocations suspendues ou réduites. La durée
et l'importance de la sanction dépendent de l'appréciation que
l'
UWV
fait de la situation.
Par ailleurs,
la loi SUWI prévoit que la
COWI
et l'
UWV
collaborent de façon à favoriser le retour des chômeurs
à l'emploi.
Elle les oblige en particulier à
échanger
les informations
qu'ils détiennent. Un
réseau informatique, SUWInet, a d'ailleurs été mis en
place et un organisme
ad hoc
veille à ce que les
différentes parties prenantes respectent les protocoles
d'échange.
Les
CWI
, les structures locales de l'
UWV
et les services sociaux
municipaux sont incités à s'installer dans des
locaux
communs
, de même que les sociétés privées de
reclassement.
* (13) Les décrets législatifs sont des textes législatifs adoptés par le gouvernement après que le Parlement lui a délégué sa compétence par le vote d'une loi de délégation. En revanche, les décrets-lois, qui sont également des textes législatifs adoptés par le gouvernement, n'acquièrent de valeur définitive qu'après avoir été convertis en lois par le Parlement. Les décrets-lois sont généralement adoptés dans les cas d'urgence.
* (14) Ce texte a été rédigé sur la base de la loi de délégation du 14 février 2003, qui fixait les principes généraux.