ESPAGNE
L'enseignement relève de la compétence des
communautés autonomes et, dans la plupart d'entre elles, le port du
foulard dans les établissements publics d'enseignement s'est
développé sans qu'aucun débat ait lieu.
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La
loi organique du 23 décembre 2002 relative à la
qualité de l'éducation,
dont les dispositions s'imposent aux
législateurs des communautés
autonomes,
fait du
«
respect de la liberté de conscience et des convictions
religieuses et morales
» un devoir des élèves, au
même titre que le travail scolaire.
Par ailleurs, dans son article consacré à
l'intégration
dans le système éducatif
, elle énonce que
«
les administrations chargées des questions
d'éducation favorisent l'intégration des élèves
provenant de pays étrangers dans le système
éducatif
» et que «
les élèves
étrangers ont les mêmes droits et devoirs que les
élèves espagnols. Leur intégration dans le système
éducatif suppose l'acceptation des règles de caractère
général, ainsi que celles des établissements qu'ils
fréquentent.
»
Deux décrets royaux du 26 janvier 1996, applicables par
défaut dans l'enseignement primaire et secondaire en l'absence de
mesures prises par les communautés autonomes, accordent aux conseils
d'établissement la compétence pour adopter le règlement
intérieur, qui peut notamment comporter des dispositions sur la tenue
vestimentaire.
Dans l'ensemble, le port du foulard est accepté par les
établissements scolaires. Toutefois, certains conflits ont eu lieu,
notamment dans le cas d'enfants contraints
(4(
*
))
de s'inscrire dans un établissement
privé. En effet, même soutenus par des fonds publics, les
établissements privés peuvent, à la différence des
établissements publics, imposer un uniforme à leurs
élèves.
Jusqu'à maintenant, les conflits de ce type se sont peu ou prou
transformés en débat sur le rôle respectif des
établissements publics et privés dans le système
éducatif, puisque les autorités éducatives locales ont
toujours pris la décision d'intégrer les élèves
concernées dans des établissements publics.
Le dernier conflit important remonte à février 2002. Il
concernait une jeune Marocaine de treize ans : l'établissement
catholique de la banlieue de Madrid qui devait l'accueillir lui ayant
refusé le port du foulard, elle a finalement été
dirigée vers un établissement public. Le ministre régional
de l'Éducation a fondé sa décision sur deux arguments :
l'existence, dans la communauté autonome de Madrid,
d'établissements scolaires autorisant le port du foulard et l'absence
d'interdiction explicite.
L'incident a suscité une polémique entre les responsables locaux
de l'éducation, partisans de la priorité à la
scolarisation obligatoire, et plusieurs personnalités nationales, parmi
lesquelles les ministres de l'Éducation et du Travail, ainsi que le
Défenseur du peuple (équivalent du Médiateur de la
République en France). La ministre de l'Éducation s'est
exprimée contre le port du foulard à l'école au motif que
l'assimilation des étrangers passait par l'acceptation des valeurs de la
société espagnole, et le ministre du Travail a comparé le
port du foulard à l'excision. Le Défenseur du peuple a, quant
à lui, souligné que de telles manifestations culturelles et
religieuses «
romp
[ai]
ent les critères
égalitaires qui doivent s'imposer dans la société
espagnole ».
Bien que les responsables éducatifs locaux aient, à plusieurs
reprises, souligné que l'existence de dispositions nationales sur la
tenue vestimentaire leur permettrait de résoudre plus facilement les
conflits,
le ministère national de l'Éducation n'entend pas
édicter de telles règles pour le moment.