ROYAUME-UNI
Si l'on
excepte l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les
sociétés, qui font l'objet d'un texte commun, chaque impôt
est régi par une loi spécifique. Les lois fiscales sont
périodiquement modifiées par les lois de finances annuelles,
l'année budgétaire commençant le 6 avril et s'achevant le
5 de l'année suivante.
|
1) Les dons des particuliers
L'avantage fiscal consécutif à un
don en
espèces
se traduit le plus souvent par le
remboursement à
l'organisation bénéficiaire de la part d'impôt payée
par le donateur sur le montant du don.
Le bénéficiaire
reçoit donc une somme supérieure au montant du don initial. En
effet, les dons réels sont réputés être faits
à partir de revenus déjà imposés et la règle
générale se fonde sur le taux d'imposition moyen de
22 %
(7(
*
))
.
Depuis la réforme de 2000, les particuliers qui donnent des
actions
peuvent également obtenir un avantage fiscal.
Les dons ponctuels (
Gift Aid Scheme
)
Lorsqu'un particulier dont les revenus sont imposables au taux normal de
22 % fait un don de 100 £
(8(
*
))
, l'organisation
bénéficiaire du don peut obtenir le
remboursement de
28,2 £ auprès de l'administration fiscale, de sorte que le don
total s'élève à 128,2 £
. La somme
remboursée au bénéficiaire du don correspond à
l'impôt dû au taux de 22 %
pour un revenu brut de
128,2 £. Ce mécanisme de restitution ne peut fonctionner que
si donateur
déclare
ses dons à l'administration. Le
bénéficiaire n'est pas obligé de demander ce
remboursement, égal à 28,2 % du montant initial du don. Il
s'en abstient généralement pour les dons de faible montant, car
les frais administratifs seraient supérieurs aux sommes
récupérées.
Lorsque les revenus du donateur sont imposables au taux supérieur de
40 %, pour un don de 100 £, l'organisation
bénéficiaire reçoit également 28,2 £. En
outre, le donateur obtient le remboursement de l'impôt
excédentaire, c'est-à-dire 18 % de 128,2 £.
Lorsque les revenus du donateur sont imposables au taux inférieur de
10 %, on applique la même règle que s'il était
imposable au taux de 22 % : l'organisation bénéficiaire
peut obtenir de l'administration fiscale un complément égal
à 28,2 % du montant initial du don. Pour cela, une seule condition
est exigée : il faut que le montant total de l'impôt
payé par le donateur pendant l'année du don soit au moins
égal à celui du don.
Avant la réforme entrée en vigueur en avril 2000, les donateurs
dont les revenus étaient imposables à un taux inférieur
à 22 % devaient rembourser à l'administration fiscale la
différence entre la somme restituée au bénéficiaire
du don et l'impôt payé sur le montant brut du don.
Le dispositif, qui concerne les seuls
dons en espèces
, s'applique
indépendamment du montant des dons
, la réforme
entrée en vigueur en avril 2000 ayant supprimé la condition de
don minimal. Auparavant, le montant minimal était de 250 £.
Aucun plafond n'est prévu.
L'application de la règle est cependant liée à
l'absence de contrepartie
significative de la part de l'organisation
bénéficiaire
en faveur du donateur. Si une prestation est
fournie en contrepartie du don, son montant doit être limité et
respecter le barème ci-dessous, qui résulte d'un amendement
apporté par la loi de finances de 2000 à la loi sur l'impôt
sur le revenu et l'impôt sur les sociétés :
Montant du don |
Valeur maximale de la contrepartie |
Inférieur à 100 £ |
25 % du montant du don |
Entre 101 et 1 000 £ |
25 £ |
Entre 1 001 et 10 000 £ |
2,5 % du montant du don |
Supérieur à 10 000 £ |
250 £ |
Ceci
signifie par exemple que le bénéficiaire du don ne peut par
exemple pas offrir un voyage culturel à ses donateurs. Il peut en
revanche leur assurer la gratuité de l'entrée dans les
musées qu'il gère.
En même temps que le régime des dons ponctuels a été
modifié par la loi de finances pour 2000, le dispositif des
engagements formels
(
deed covenant
) a disparu. Pour
bénéficier des mêmes avantages, les donateurs devaient
effectuer des dons réguliers à un bénéficiaire
donné selon une périodicité déterminée et
pour une période d'au moins quatre ans. Les engagements conclus avant le
5 avril 2000 sont valables jusqu'à leur date d'échéance.
Depuis 1990, le dispositif des engagements formels coexistait avec celui des
dons ponctuels.
Les dons réguliers (
Payroll Scheme
)
Depuis 1987, les salariés peuvent demander à leurs employeurs de
retenir à la source
les dons qu'ils souhaitent effectuer. Ce
système est particulièrement adapté aux dons
réguliers. Les retraités peuvent également opter pour ce
système, l'organisme qui verse les pensions se chargeant de
procéder à la retenue nécessaire. Pour cela, il faut que
l'employeur ou la caisse de retraite ait décidé d'adhérer
au système, ce qui n'est pas obligatoire.
Les mêmes règles que pour les dons ponctuels s'appliquent. Ainsi,
pour un don de 7,8 £, le bénéficiaire reçoit
7,8 £ x 128,2 %, soit 10 £. De même, si le
donateur est imposable au taux de 40 %, un don de 6 £ suffit
pour que le bénéficiaire obtienne 10 £.
En outre, depuis l'entrée en vigueur de la réforme et jusqu'au
mois d'avril 2003,
le Trésor public abonde le montant des dons de
10 %,
de sorte que, pour un don initial de 7,8 £ (ou de
6 £), le bénéficiaire reçoit 11 £.
Les sommes collectées par les employeurs sont versées à un
organisme centralisateur. Il s'agit d'une organisation sans but lucratif
agréée par l'administration fiscale. Cet organisme redistribue
les sommes reçues conformément aux souhaits des donateurs. Pour
cela, il prélève des frais administratifs (en règle
générale moins de 4 % du montant des dons ou
0,25 £ par don). Certains employeurs prennent en charge ces frais.
La réforme d'avril 2000 a supprimé le plafond annuel
(1 200 £) auparavant applicable aux dons effectués selon
ce dispositif.
Les dons d'actions
Depuis le 6 avril 2000, les particuliers qui donnent des
actions
à une organisation philanthropique peuvent
réduire leur revenu
imposable
du montant du don, c'est-à-dire de la valeur des actions
augmentée des frais liés au transfert de propriété
et diminuée de l'éventuelle contrepartie fournie par le
bénéficiaire. En outre, le donateur est exempté du
paiement de l'impôt sur les plus-values.
En fonction de leur situation personnelle, cette solution peut être plus
avantageuse que celle qui consiste à faire un don en espèces
égal au produit de la vente diminué de l'éventuel
impôt sur les plus-values réalisées à l'occasion de
la cession des actions.
Les particuliers qui souhaitent, à ce titre, effectuer un don de faible
valeur ont la possibilité de remettre leurs actions à une
organisation sans but lucratif, qui administre un dispositif
ad hoc,
ShareGift
. Cette organisation revend les actions qui lui sont
confiées et redistribue le produit de la vente aux
bénéficiaires indiqués par les donateurs.
2) Les dons des entreprises
Les
dons
sont déduits du résultat global avant imposition et
réduisent
l'assiette de l'impôt sur les
sociétés
.
Avant la réforme d'avril 2000, les entreprises ne versaient pas la
totalité de leurs dons, car elles devaient les réduire de la
fraction d'impôt correspondante, tandis que les
bénéficiaires pouvaient obtenir de l'administration fiscale le
remboursement de cet impôt.
Comme pour les dons des particuliers, l'avantage fiscal est subordonné
au caractère limité des prestations fournies par les
organisations bénéficiaires en contrepartie des dons. Le
même barème doit être respecté.
Lorsque l'entreprise est une entreprise individuelle, le dispositif du
Gift
Aid Scheme
décrit pour les particuliers s'applique.
Comme les particuliers, les entreprises qui donnent des
actions
à une organisation philanthropique peuvent réduire l'assiette de
leur impôt du montant du don.
À la différence des particuliers, les entreprises ont
également la possibilité de faire des
dons en nature
, dans
la mesure où l'objet donné est fabriqué ou vendu par le
donateur. Il peut également s'agir d'une machine qu'il utilise. Dans le
premier cas, l'avantage fiscal réside dans l'absence de revenus, alors
que les frais de fabrication constituent une charge déductible. Dans le
second, il réside dans le fait que le prix de revente est nul et que les
amortissements équivalents au coût d'acquisition ont
été déduits.
3) Le régime fiscal des fondations
Le régime fiscal des organisations philanthropiques est indépendant de leur statut juridique. Il est seulement lié au caractère purement philanthropique de leur activité , qui permet l'enregistrement sur le fichier de l'organisme national de contrôle, la Charity Commission .
a) L'imposition des résultats
Aux
termes de la loi qui régit l'impôt sur les sociétés
et l'impôt sur le revenu,
les revenus commerciaux des organisations
philanthropiques ne sont pas imposables s'ils répondent à l'un
des trois critères suivants.
- Ils sont
liés à l'objet de l'organisation
. C'est le
cas des droits d'entrée dans un musée, des revenus produits par
la vente de catalogues ou de reproductions à la boutique d'un
musée, et par celle de produits alimentaires à la buvette du
même musée. En revanche, la vente d'articles de papeterie à
la boutique d'un musée ne peut pas être considérée
comme liée à l'objet de l'organisation. En principe, les revenus
ainsi engendrés sont donc imposables. De même, si la buvette est
ouverte au public, et pas seulement aux visiteurs du musée, les revenus
sont imposables.
- Ils sont
produits grâce au travail des
bénéficiaires
de l'activité de l'organisation.
- Leur
montant est limité
et reste à
l'intérieur du barème ci-dessous, déterminé par la
loi de finances pour 2000. Cette règle s'applique indépendamment
de l'origine des revenus.
Ressources cumulées de l'organisation |
Revenus commerciaux |
Moins de 20 000 £ |
5 000 £ |
Entre 20 000 £ et 200 000 £ |
25 % des revenus cumulés |
Plus de 200 000 £ |
50 000 £ |
La loi
qui régit l'impôt sur les sociétés et l'impôt
sur le revenu prévoit que les
loyers
perçus par les
organisations philanthropiques ne sont pas imposables, dans la mesure où
ils sont affectés à l'objet social de l'organisation.
En outre, l'administration fiscale peut accorder des
exonérations
, notamment pour des revenus affectés à
l'objet social de l'organisation. C'est par exemple le cas de tous les revenus
obtenus à l'occasion de manifestations organisées pour fournir
des ressources supplémentaires (ventes de charité, concerts,
bals...). C'est également le cas des revenus tirés de la revente
d'objets qui ont été donnés à l'organisation,
même si ces objets ont fait l'objet de réparations mineures. Cette
règle s'applique aussi longtemps que ces activités demeurent
accessoires et n'entrent pas en concurrence avec d'autres commerces.
Toute organisation philanthropique qui a des revenus imposables a la
possibilité de les « loger » dans
une
société commerciale dont elle détient la totalité
des capitaux et qui constitue le support de l'activité à
l'origine de ces revenus
. Cette société, qui est imposable,
peut à son tour céder ses bénéfices à
l'organisation qui la détient, afin que ces bénéfices,
considérés comme des dons, soient déductibles. Ce
dispositif n'est applicable que lorsque les sommes cédées sont
réellement utilisées pour la satisfaction de l'objet des
organisations philanthropiques.
b) Les droits de succession et de donation
Les dons et legs faits à des organisations philanthropiques sont exonérés à moins qu'ils ne soient pas définitifs ou que le bien cédé soit utilisé pour un but non prévu par les statuts.