SUISSE
La
Confédération, les cantons et les communes
prélèvent des impôts selon leurs propres règles.
Toutefois, la loi fédérale sur l'harmonisation des impôts
directs des cantons et des communes fixe un cadre général et
limite les divergences entre les différentes dispositions locales
relatives à l'imposition du revenu des personnes physiques et morales.
Les cantons restent cependant libres de définir les taux et les
exonérations d'impôt.
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1) Les dons des particuliers
Les dons
des particuliers aux personnes morales qui ont leur siège en Suisse et
qui sont elles-mêmes exonérées parce qu'elles poursuivent
un but de pure utilité publique - culturel par exemple - sont
déductibles du revenu imposable au titre de l'impôt
fédéral sur le revenu, ainsi qu'au titre de l'impôt
cantonal sur le revenu.
La doctrine et la jurisprudence considèrent que la notion de
« but d'utilité publique » est liée à
deux éléments :
-
l'intérêt général
, qui correspond au
fait que l'activité profite à des cercles relativement larges de
la population ;
- le
caractère désintéressé
de
l'activité, entendu comme le fait que les membres de l'association ou
les donateurs de la fondation consentent des sacrifices financiers, leurs
versements ne devant donc pas avoir de contrepartie.
Il faut également que l'affectation du patrimoine ou du revenu de
l'organisation soit irrévocable et réelle.
L'article 33 de la
loi fédérale sur l'impôt
fédéral direct
précise que les
dons sont
déductibles du revenu net
, c'est-à-dire du revenu imposable
réduit de toutes les autres charges déductibles (frais
professionnels, pensions alimentaires...), dans la limite de
10 %
de ce dernier, à condition que le total des versements de l'année
s'élève à au moins 100 CHF (soit environ
67 €).
Conformément à l'article 9 de
la loi
fédérale sur l'harmonisation des impôts
directs des
cantons
,
les différentes lois cantonales sur l'impôt sur le
revenu prévoient toutes une telle déduction,
cette
possibilité étant limitée aux dons faits à une
organisation exonérée du paiement de l'impôt cantonal
direct.
Les dispositions cantonales sont très diverses
. La plupart des
cantons prévoient que les dons annuels doivent dépasser
100 CHF (soit environ 67 €) pour être déductibles
(Bâle-Ville, Berne, Lucerne, Neuchâtel, Tessin et Vaud par
exemple). Dans certains, seule la part des dons excédant 200 CHF
(Thurgovie), voire 500 CHF (Fribourg), est déductible. À
l'inverse, plusieurs cantons (Genève, Jura, Valais) n'ont pas
prévu le moindre plancher, de sorte que la totalité des dons est
déductible à partir du premier franc.
À l'exception de Bâle-Campagne, qui ne prévoit aucun
plafond de déduction, tous les cantons limitent le montant
déductible, en règle générale à un certain
pourcentage du revenu imposable : souvent 10 %, mais parfois 1 %
(comme à Neuchâtel), 5 % (comme à Genève et
à Fribourg), ou 20 % (comme à Zurich). Dans le canton de
Soleure, le montant maximal déductible est exprimé en valeur
absolue : il s'élevait au 1
er
janvier 2001 à
6 000 CHF (soit environ 4 000 €) pour les couples et
au double pour les célibataires.
En outre, certains cantons imposent des conditions supplémentaires
liées au fait que la déduction du don n'est accordée que
si l'organisation bénéficiaire elle-même est
exonérée. Ces conditions, développées plus bas, se
rapportent généralement au lieu d'activité du
bénéficiaire.
2) Les dons des entreprises
Lorsque
les résultats de l'entreprise sont imposables au titre de l'impôt
sur le revenu, les règles définies pour les particuliers
s'appliquent. Quant aux entreprises imposables au titre de l'impôt sur
les sociétés, elles bénéficient d'une mesure
similaire à celle des particuliers : leurs
dons sont
déductibles de leur résultat imposable, à la fois pour ce
qui concerne l'impôt fédéral et l'impôt cantonal.
L'article 59 de la
loi fédérale sur l'impôt direct
dispose que les dons sont déductibles à concurrence de
10 % du bénéfice net
.
Conformément à l'article 25 de
la loi fédérale
sur l'harmonisation des impôts
directs des cantons
, les
différentes lois cantonales sur l'impôt sur les
sociétés prévoient toutes une telle déduction, dont
les modalités varient d'un canton à l'autre.
Le canton de Bâle-Campagne ne prévoit aucun plafond de
déduction, tandis que les autres n'admettent pas la déduction
intégrale des dons. Dans presque tous les cantons, le plafond est
fixé à 10 % du bénéfice net, comme pour
l'impôt fédéral. Toutefois, Argovie, Thurgovie et Zurich
autorisent les déductions dans la limite de 20 %, tandis que
Fribourg a fixé le plafond à 5 % et prévoit que seule
la part des dons supérieure à 500 CHF (soit environ
333 €) est déductible.
3) Le régime fiscal des fondations
Il est indépendant du statut juridique, mais est lié au caractère d'utilité publique de l'activité, l'autorité de surveillance procédant aux vérifications nécessaires.
a) L'imposition des résultats
En
règle générale, les personnes morales acquittent, à
la fois au niveau fédéral et à celui du canton, un
impôt sur les bénéfices ou sur le revenu, à moins
qu'elles ne soient expressément exonérées en raison du
caractère d'utilité publique de leur activité.
La loi sur l'impôt fédéral direct dispose en effet que les
personnes morales qui «
poursuivent des buts de pure
utilité publique »
sont exonérées de
l'impôt sur
«
le bénéfice
exclusivement
et irrévocablement affecté à ces
buts
».
La loi fédérale sur l'harmonisation des impôts directs des
cantons comporte la même disposition, mais les prescriptions cantonales
relatives aux exonérations des diverses personnes morales demeurent
légèrement différentes d'un canton à l'autre.
Ainsi, dans certains cantons, l'exonération est subordonnée au
fait que l'organisme bénéficiaire exerce son activité dans
le canton en question (Grisons, Zurich et Bâle-Ville). Dans d'autres,
lorsque l'organisme a son siège en dehors du canton,
l'exonération n'est accordée que s'il y a
réciprocité (Vaud et Zurich).
b) Les droits de succession et de donation
Les
droits de succession et de donation sont perçus uniquement au niveau
cantonal.
Les personnes morales qui poursuivent des buts de pure utilité publique
sont exonérées, mais pas de façon uniforme dans tous les
cantons. La plupart d'entre eux font dépendre l'exonération de la
domiciliation dans le canton ou de la nature de l'activité de
l'organisme. Toutefois, le canton de Bâle-Campagne accorde cet avantage
indépendamment de ces deux facteurs.