2. Arts et bouddhisme
Si le confucianisme a joué un rôle
essentiel sur le plan intellectuel, le bouddhisme a beaucoup apporté sur
les plans artistique et culturel.
L'art religieux atteignit son apogée au VIIIe siècle,
l'âge d'or du premier royaume unifié. Le bouddhisme, florissant
grâce au soutien de la Cour, a fortement influencé la
création artistique. La capitale, Kyungju, avec alors plus d'un million
d'habitants (dix fois plus qu'aujourd'hui), était renommée pour
sa beauté et sa prospérité.
L'art sacré continua à se développer sous le royaume de
Koryo, qui adopta le bouddhisme comme religion d'Etat. Ce dernier stimula la
construction de temples, la sculpture et la peinture. Les statues bouddhiques
et les pagodes de cette époque furent remarquables par leur grand nombre
et leur finesse. Mais en 1392, au début du royaume de Chosun, le
remplacement de la religion d'Etat bouddhique par le confucianisme amena un
mépris de l'art bouddhique, avec pour conséquence un profond
déclin de la sculpture religieuse.
En ce qui concerne la céramique, le bouddhisme s'intéressa peu
à cet art qui bénéficiait déjà d'une longue
tradition avec son style sobre et modeste. Au XIIe siècle, à
partir du moment où l'influence chinoise fut rejetée, la
créativité locale put s'épanouir dans un raffinement de
haut niveau. Ainsi naquirent le bleu-vert de la glaçure des
céladons et les techniques d'incrustation, au service d'une poterie plus
féminine et élégante. Mais, là aussi, la
prédominance du confucianisme entraîna un changement de style et
de conception artistique : les poteries différèrent radicalement
par leurs formes plus masculines et leurs lignes plus droites et plus lourdes.
Néanmoins, ces deux formes d'expression différente font la
richesse de cette céramique, qui demeure l'objet d'art coréen le
plus connu des historiens et des amateurs.
3. Calligraphie et peinture
Dans la Corée ancienne, il fallait
maîtriser, pour honorer le titre de lettré, les trois disciplines
nobles, la poésie, la peinture et la calligraphie. Pratiquée
depuis le IVe siècle, date de l'introduction des idéogrammes
chinois, la calligraphie reste le plus respecté et le plus vivant de
tous les arts traditionnels ; il fait l'objet d'expositions fréquentes
et réunit à ces occasions de nombreux pratiquants de tous
âges.
Traditionnellement, des maximes calligraphiées étaient
accrochées au-dessus des portes de chaque maison. Aujourd'hui encore, on
les retrouve dans les bureaux et les établissements scolaires et
universitaires.
En ce qui concerne la peinture, on a toujours distingué la peinture
classique de celle dite
" populaire "
ou
" Minwha "
, la première étant étroitement
liée à l'enseignement confucéen. La peinture classique,
influencée par les oeuvres chinoises, avait quelques principes à
respecter : les portraits obéissaient à des règles
précises et les paysages ne représentaient jamais les lieux
réels, mais reflétaient les états d'âmes de l'auteur.
Au XVIIIe siècle, rejetant l'influence chinoise, la peinture populaire,
quant à elle, suivait le goût personnel de l'artiste ou de ses
clients et s'inspirait d'authentiques paysages et de coutumes locales
folkloriques. Libérées de toutes les barrières
conventionnelles, ces peintures étaient vivement colorées et
très expressives.
Cette époque produisit également des peintures raffinées,
au pinceau et à l'encre, prenant comme sujet principal les quatre
plantes nobles, symboles des vertus traditionnelles : la prune (fierté),
l'orchidée (érudition), le chrysanthème
(discrétion) et le bambou (fidélité).
Au début du XXe siècle, la Corée s'est ouverte à
l'art occidental et l'influence de ce dernier s'est considérablement
accrue à partir des années soixante : les nombreux artistes
coréens qui ont étudié en Europe, en particulier à
Paris ou aux Etats-Unis, ont joué un rôle majeur dans
l'introduction des styles et des tendances de l'art contemporain en
Corée. Aujourd'hui, on assiste à un engouement aussi bien pour la
peinture traditionnelle que pour la peinture occidentale.
La richesse de toutes leurs traditions culturelles a prédisposé
les Coréens à s'intéresser plus particulièrement
aux pays étrangers présentant une forte tradition culturelle,
comme la Chine en Asie et la France en Europe. C'est une des principales
raisons qui explique l'attrait exercé par la France sur les
Coréens. Pour qu'un peintre renforce sa notoriété, il lui
faut, par exemple, l'intervention d'un critique d'art français. Un
article de sa part est très apprécié.