C. RICHESSES ET TRADITIONS CULTURELLES
Les traditions culturelles coréennes sont largement redevables au confucianisme et au bouddhisme. On retiendra trois domaines d'élection : l'écriture, l'art religieux et la peinture.
1. Imprimerie et édition
Il est bien connu qu'au XVe siècle, l'invention
par GUTENBERG des caractères mobiles typographiques devait
révolutionner la circulation de l'information en Occident. On oublie
souvent, en revanche, que GUTENBERG fut inspiré par les méthodes
d'imprimerie coréenne qui, dès le XIIIe siècle, avaient
commencé à faire leur chemin vers l'Europe en passant par la
Chine, puis le monde arabe
8
.
C'est en 1234 que l'on commença à utiliser, en Corée, la
typographie, avec les premiers caractères métalliques amovibles,
pour la publication de vingt-huit exemplaires du
Sang-Jong-Yé-Mun,
le code complet et détaillé de l'étiquette. La plus
ancienne oeuvre, conservée et imprimée avec ces
caractères, est une collection de sermons du bouddhisme Zen,
Traits
édifiants des patriarches rassemblés par le Bonze Paik-Oun,
réalisée en 1377, dont une copie se trouve à la
Bibliothèque Nationale de Paris
(Francis MACOUIN).
9
A cette époque fut également sculptée, sur
de larges planches en bois, la plus ancienne et la plus complète
collection de textes bouddhiques : la
TRIPITAKA
coréenne
était un ensemble de plus de 80 000 planches à imprimer,
réalisé dans l'espoir que ce pieux hommage à Bouddha
protégerait le royaume contre les envahisseurs mongols, espoir qui se
révéla vain, car la première série, fruit d'un
effort national qui dura soixante-treize ans sous six règnes successifs,
fut détruite par ces belliqueux voisins ! Heureusement, la seconde
collection a été conservée dans le temple de Haeinsa, au
centre du pays et constitue, avec les céladons, l'un des principaux
patrimoines de cette période.
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8
Cf. L'imprimerie Coréenne de A à Z, Culture
Coréenne, n° 12, février 1986, pp. 34-36.
9
Des livres coréens anciens à Paris, Culture
Coréenne n° 26, 1991, p. 12.
.
Les Coréens furent ainsi les premiers au monde à
s'équiper de la xylographie
10
et des caractères
mobiles d'imprimerie. L'extension de cette technique se fit au début du
XVe siècle, quand le fils du fondateur du royaume de Chosun (1392-1910),
soutint ardemment son développement, afin d'encourager le peuple
à étudier le confucianisme, fondement de l'Etat.
Son successeur, le roi Séjong, dans le but de protéger la
culture coréenne et de la détacher de toute influence chinoise,
prit l'initiative de créer un alphabet coréen. Promulgué
en 1446, après cinq ans de recherche et trois ans
d'expérimentation dans un institut spécialement conçu pour
son élaboration, cet alphabet, le Han'gul, se répandit rapidement
et bénéficia d'une grande popularité, grâce à
son excellente conception : il est à la fois phonétique et
phonémique, le signe de chaque consonne représentant la position
de la langue pour prononcer le son correspondant (cf. le système
d'écriture coréen en annexe 1).
Son invention accéléra le développement et la
démocratisation de l'imprimerie, un grand nombre d'ouvrages chinois
furent traduits et la littérature locale commença à se
développer. En effet, si les écoles confucéennes
continuaient à dispenser un enseignement entièrement en chinois
pour les fils de bonne famille se préparant à la carrière
administrative, les ouvrages rédigés et imprimés en
coréen pouvaient être lus par tous. C'est ainsi qu'en 1866,
l'Officier de Marine
ZUBER
, membre de l'expédition venue demander
des comptes après la mise à mort de missionnaires
français, nota dans son rapport :
" Un fait qu'on ne peut
s'empêcher d'admirer dans tout l'Extrême-Orient et qui ne flatte
pas notre amour-propre, c'est la présence de livres dans les habitations
les plus pauvres. Ceux qui ne savent pas lire sont bien rares et encourent le
mépris de leurs concitoyens. "
De nos jours, la lecture constitue toujours une approche culturelle
importante. La florissante édition coréenne actuelle provient de
cet héritage et repose sur le respect du savoir. En dépit des
qualifications rigoureuses que l'on exige des éditeurs, il existe
environ 2 800 maisons d'édition, qui publient aussi 1 800
périodiques (quotidiens, hebdomadaires, mensuels et trimestriels). En
1992, les ouvrages littéraires représentaient 20 % de l'ensemble
des livres édités, les livres pour enfants 17 %, de sciences
sociales 12 %, ceux des sciences naturelles et des techniques, 12 %, et les
manuels scolaires, 16 %. La part des ouvrages consacrés aux langues
était de 4 %.
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10
Invention chinoise, développée par les hommes
de Silla au début du VIIIe siècle. La traduction en chinois du
Dharani Sutra " de la lumière pure ", conservée au
Musée National de Séoul, serait le plus vieil imprimé
subsistant au monde. La Corée, Que sais-je ? Paris, PUF 1991, p. 29.