Au terme de ce parcours dans le palais du Luxembourg napoléonien, arrêtons-nous quelques instants sur le symbole qui fut attribué au Sénat conservateur.

Figure 48 : Tampons du Sénat conservateur. Celui de la Préture en 1804 (à gauche) et en 1808 (au centre), celui de la Chancellerie (à droite), Fonds des Archives du Sénat. (JPG - 31 Ko)

Figure 48 : Tampons du Sénat conservateur.
Celui de la Préture en 1804 (à gauche) et en 1808 (au centre), celui de la Chancellerie (à droite),
Fonds des Archives du Sénat.

Sur nombre de documents officiels, de décorations ou de meubles du palais du Luxembourg figure en effet une allégorie: un miroir à main au manche enlacé par un serpent qui s’y mire. Vision assez curieuse puisqu’elle n’est pas sans rappeler le bâton d’Esculape, signe traditionnellement assimilé au Corps médical. C’est pourtant l’allégorie de la Prudence, adoptée par le Sénat dès sa création181. Elle personnifiait la qualité maîtresse de cette assemblée qui, au-delà de sa fonction de gardienne de la Constitution, était destinée à empêcher toute subversion notamment en réfrénant les ardeurs réformatrices du Corps législatif.


Le dictionnaire iconologique de PREZEL définit comme suit la représentation de la Prudence : « Le miroir pour désigner que l’homme prudent ne peut régler sa conduite que par la connaissance de ses défauts ; le serpent, parce que ce reptile a toujours été regardé comme le plus prudent des animaux182. »


Si la Prudence a régulièrement figuré comme symbole – parmi d’autres – de corps de la puissance publique à l’instar du Directoire ou du ministère de la Justice, il devient le propre symbole du Sénat dès sa création. En 1800, la médaille qui commémore la création du Sénat conservateur porte ce symbole sur son revers183.


Selon Georges DILLEMANN, à la suite de la création, en 1807, de la noblesse impériale accordée soit à titre personnel soit du fait de l’exercice de hautes fonctions, tous les sénateurs sont créés comte de droit et reçoivent des armoiries personnelles. C’est pourquoi environ cent-vingt blasons de sénateurs sont ornés du symbole de la Prudence qui se décline, en termes héraldiques, par : « le franc quartier d’azur […] chargé d’un miroir en pal après lequel se tortille et se mire un serpent d’argent184. »


Outre les sceaux et tampons du Sénat conservateur, les chaises signées de l’ébéniste Benoît-Pierre MARCION185  (1769-1840) réservées aux sénateurs dans la salle des Conférences comportent de manière très ostensible, sur leur dossier, l’emblème du Sénat conservateur. Au-dessus de la porte d’entrée de la rue Tournon, figure également un bas-relief « composé d’un couronne de laurier, un miroir entortillé d’un serpent symbole de la Prudence, deux figures de femmes représentant des sujets allégoriques au Sénat186». Le Sénat du Second Empire perd, outre l’épithète de « conservateur » remplacée par l’adjectif « impérial », l’insigne de la Prudence auquel est substituée l’aigle impériale.

Figure 49 : Emblème du Sénat impérial (Second Empire), Plat supérieur d’un ouvrage du Sénat, Bibliothèque du Sénat, Cote ZC001972. (JPG - 62 Ko)

Figure 49 : Emblème du Sénat impérial (Second Empire), Plat supérieur d’un ouvrage du Sénat,
Bibliothèque du Sénat, Cote ZC001972

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