SEANCE DU 7 FEVRIER 2002
M. le président.
La parole est à M. Darniche.
M. Philippe Darniche.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Elle concerne le poids excessif des charges sociales et de la
fiscalité affectant les entreprises dans notre pays.
En effet, si l'on établit une comparaison avec les pays voisins s'agissant des
principaux impôts pesant sur les entreprises, la France reste plus que jamais
la « lanterne rouge » de l'Union européenne, malgré les réformes fiscales
entreprises depuis 1997 dont s'enorgueillit le Gouvernement.
Ainsi, alors même que l'Allemagne et le Royaume-Uni ont consenti des efforts
très importants dans ce domaine et sont devenus des champions européens de la
compétitivité fiscale, la France reste dramatiquement à la traîne.
Alors que nous constatons une reprise inquiétante du chômage depuis huit mois,
il est nécessaire et urgent de mobiliser activement les forces vives de la
nation au service de nos emplois, mais aussi d'un développement économique et
social pérenne de nos régions.
Mais cela ne semble pas être la priorité du Gouvernement, et trois exemples en
témoignent.
Le premier de ces exemples concerne l'impôt sur les sociétés. Malgré la
suppression annoncée de l'une des surcotisations existantes, le taux marginal
français d'impôt sur les sociétés, qui atteint 34,4 %, reste l'un des moins
compétitifs d'Europe, au regard notamment du taux de 26 % annoncé par
l'Allemagne.
Le deuxième exemple a trait à la transmission d'entreprise. Avec un taux
d'imposition de 39 %, la France est le pays qui pénalise le plus fortement les
entreprises au moment de leur transmission.
Le troisième exemple est relatif à l'impôt sur le revenu. Avec un taux
marginal revenu avoisinant 55 % - le plus élevé d'Europe, contre 38 % en
Finlande - vous amenez un nombre croissant de jeunes créateurs d'entreprise et
de cadres de haut niveau à s'expatrier pour conduire leur carrière.
M. Paul Raoult.
Il manipule les chiffres !
M. Philippe Darniche.
La mise en place des 35 heures a très lourdement frappé l'ensemble des
entreprises françaises, et plus particulièrement les petites et moyennes
entreprises. Ce handicap économique, aujourd'hui aggravé par un véritable
handicap fiscal, met en grande difficulté l'ensemble des PME-PMI de France.
Monsieur le ministre, quelles mesures d'urgence entendez-vous prendre pour
engager enfin une réforme en profondeur de la fiscalité de l'entreprise et
redonner aux entrepreneurs l'envie de créer et d'innover ?
(Applaudissements
sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste et du
RPR.)
M. Didier Boulaud.
On va demander à Juppé comment il faut faire !
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Monsieur le sénateur, je vous répondrai
à la place de M. Fabius, qui m'a demandé de vous communiquer les éléments
suivants.
Je crois que la première des choses à faire est d'agir au rebours de ce
qu'avait fait M. Juppé,...
M. Didier Boulaud.
Exactement ! Voilà !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
... qui avait accru de 10 % la contribution demandée
aux entreprises, par le biais d'une très lourde surtaxe.
M. Alain Gournac.
Et vous, qu'avez-vous fait en cinq ans ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
La seconde chose à faire, c'est appliquer une idée
simple, à savoir orienter en faveur de la promotion de l'emploi et la
croissance l'évolution de la fiscalité.
M. Alain Gournac.
Qu'attendez-vous depuis cinq ans ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Pour atteindre ces objectifs, un certain nombre
d'allégements d'impôts sont en effet nécessaires. Le gouvernement de M. Jospin
y a procédé depuis 1997, dans cette optique de défense de l'emploi et de la
croissance.
M. Alain Gournac.
Le résultat n'est pas bon !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je me contenterai de mentionner un allégement de
l'impôt sur les sociétés à hauteur d'un milliard de francs pour les PME
satisfaisant à un certain nombre de critères de chiffre d'affaires et la
suppression de la part salariale de la taxe professionnelle.
M. Paul Raoult.
C'est important, cela !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
C'est là une grande réforme fiscale qui a été engagée
par Dominique Strauss-Kahn voilà quelques années et qui représente une baisse
d'impôt de 5 milliards d'euros pour les PME, qui se trouvent, on le sait, aux
avant-postes en matière de création d'emplois.
M. Didier Boulaud.
Très bien !
M. Paul Raoult.
Vous entendez, 5 milliards d'euros !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
J'ajoute que, en supprimant en trois étapes la
contribution instaurée par M. Juppé, nous ramenons le taux de l'impôt sur les
sociétés à 33 % en 2002, soit à un niveau inférieur, monsieur le sénateur, à la
médiane des pays de l'OCDE, qui s'établit à 35 %.
M. Paul Raoult.
On répare les dégâts de Juppé !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Puisque vous voulez procéder à une comparaison
internationale, allons jusqu'au bout !
M. Joseph Ostermann.
Tout va bien, alors !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Ainsi, en Allemagne, où il existe un impôt local
additionnel sur les bénéfices, le taux de l'impôt sur les sociétés atteint
aujourd'hui 38 %, soit cinq points de plus, mesdames, messieurs les sénateurs,
qu'en France !
(Protestations sur les travées du RPR.)
M. Didier Boulaud.
Oui !
M. Alain Gournac.
Arrêtez ! Cela fait cinq ans que cela dure !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Enfin, vous m'avez demandé, monsieur Darniche, quelles
mesures d'urgence nous comptions prendre.
M. Alain Gournac.
Tout va bien !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Elles sont, pour une part essentielle d'entre elles,
résumées dans le projet de loi relatif au développement de la petite entreprise
et de l'artisanat.
M. Alain Gournac.
Cela fait cinq ans qu'on entend cela !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je n'en citerai que deux.
Nous prévoyons tout d'abord de créer un nouveau dispositif en faveur de la
création et de la reprise d'entreprise.
M. Alain Gournac.
Pourquoi partent-ils à Londres ?
M. Christant Pierret,
secrétaire d'Etat.
C'est un sujet d'importance : les sommes déposées sur
un plan d'épargne en actions pourront être retirées en franchise d'impôt avant
le terme du délai de cinq ans pour financer la création ou la reprise d'une
PME, et les intérêts des emprunts contractés pour la reprise d'une société non
cotée feront l'objet d'une réduction d'impôt de 25 %.
M. Alain Gournac.
Formidable !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Le camp des promoteurs de la réduction d'impôt en
faveur de l'emploi, de l'investissement, de l'innovation et de la croissance,
c'est le nôtre ! Il ne se trouve pas du côté droit de cet hémicycle !
(Très
bien ! et applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen. - Exclamatation sur les travées du
RPR.)
M. Paul Raoult.
Voilà un vrai ministre !
M. Alain Gournac.
Tout va bien !
M. Bruno Sido.
Merci, monsieur Jospin !
RECONQUÊTE DE LA QUALITÉ DE L'EAU EN BRETAGNE