SEANCE DU 25 JANVIER 2001
M. le président.
La parole est à M. Jean Boyer.
M. Jean Boyer.
Ma question s'adressait à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité, et
c'est Mme la ministre déléguée à l'enfance et à la famille qui va me répondre.
Je suis très flatté par cette substitution, qui me permet de constater la
polyvalence des valeurs féminines de ce gouvernement !
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées socialistes.)
M. René-Pierre Signé.
Elles sont meilleures que les « Jupettes » !
M. Jean Boyer.
Madame la ministre, nous recevons quotidiennement les doléances des petites
entreprises confrontées au passage aux 35 heures. Que fait le Gouvernement ?
M. Jean-Paul Amoudry.
On se le demande !
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Ce n'est pas le
MEDEF !
M. Jean Boyer.
Rien ! Il semble ne pas les entendre, il reste sourd à leur appel !
Le problème est pourtant évident : dans les petites entreprises, le nombre de
salariés est insuffisant pour compenser exactement la diminution du temps de
travail par de nouvelles embauches. Soit l'entreprise recrute au-delà de ses
besoins, soit elle augmente les heures supplémentaires : dans les deux cas, le
coût est très élevé. Nous le savons, et la démonstration a été faite.
Les PME sont mises en difficulté par la réduction du temps de travail au
moment même où des pénuries de main-d'oeuvre se multiplient dans de nombreux
secteurs de l'économie : je pense à l'informatique, aux métiers de bouche, au
secteur du bâtiment et des travaux publics, à l'industrie, aux transports,
etc.
Ces pénuries apparaissent alors que le taux de chômage reste encore élevé dans
notre pays et dépasse de plus d'un point la moyenne dans l'Union européenne.
En imposant ainsi des contraintes drastiques aux PME, le Gouvernement est en
train de gâcher la croissance.
(Protestations sur les travées
socialistes.)
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Cela commençait
trop bien !
M. René-Pierre Signé.
Ils connaissent ! Ils sont experts !
M. Jean Boyer.
A la mi-décembre dernier, Mme Guigou avait clairement refusé d'assouplir la
loi sur les 35 heures. Nous savons qu'elle souhaite à tout prix se forger une
image de gauche après son passage Place Vendôme ; mais ira-t-elle jusqu'à
sacrifier les PME sur l'autel de sa nouvelle image ?
(Applaudissements sur
les travées des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées
du RPR.)
M. René-Pierre Signé.
Oh ! là, là ! C'est nul ! Quelle argumentation !
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée à la famille et à l'enfance.
Monsieur le sénateur,
j'essaierai d'apporter une nuance toute féminine à votre question, qui en
manque quelque peu, vous en conviendrez.
Vous interrogez le Gouvernement sur la situation des petites et moyennes
entreprises qui devront passer aux 35 heures dans quelques mois. Il est vrai
que les entreprises de moins de vingt salariés comportent certaines
spécificités, dont il faut tenir compte. Mais, contrairement à ce que vous
venez de déclarer, ces spécificités ont déjà conduit la loi à prévoir des
modalités particulières de passage aux 35 heures adaptées à ces entreprises,
telles que la création d'un délai supplémentaire et d'une période transitoire,
la possibilité de mandater un salarié, le passage aux 35 heures par étapes. Une
transition plus douce, si j'ose dire, pour ce passage aux 35 heures, a donc
déjà été prévue par la loi.
Reste l'attitude à adopter si de nouvelles difficultés apparaissent ou si
celles qui ont déjà été mises en évidence sont plus importantes que prévu. Le
Gouvernement n'est ni sourd ni aveugle. Mais, à ce stade, aucun élément ne
permet d'affirmer que tel soit le cas, puisque nous sommes précisément dans
cette phase de mise en application des 35 heures. On entend même, çà et là, des
réflexions sur l'attractivité de certains métiers, notamment ceux dont la durée
de travail est la plus importante. Cela signifie que ces secteurs, pour
lesquels il convient de réduire la durée du temps de travail, ne connaissent
pas tous une pénurie de main-d'oeuvre, ou alors celle-ci tiendrait à d'autres
motifs.
C'est la raison pour laquelle le ministère de l'emploi et de la solidarité
continuera, en 2001 et en 2002, à aider les entreprises à s'inscrire dans cette
démarche de réduction du temps de travail. Les ressources financières et
budgétaires seront dégagées au titre de l'appui conseil. Elles permettront, en
collaboration avec les organisations concernées, d'accompagner au mieux les
petites entreprises.
Le Gouvernement continuera également de consulter les organisations
professionnelles pour observer avec elles les indicateurs susceptibles de
mettre en évidence des difficultés imprévues et généralisées.
(Très bien !
et applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines
travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
PLAN DE PROTECTION DE L'ENFANCE