SEANCE DU 19 DECEMBRE 2000
M. le président.
Par amendement n° 1 rectifié, M. Charasse et les membres du groupe socialiste
et apparentés proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Il est inséré dans le code du domaine de l'Etat, après l'article L. 28, un
nouvel article L. 28
bis
ainsi rédigé :
«
Art. L. 28
bis. - Les cahiers des charges afférents aux appels
d'offres et aux autorisations d'exploitation du domaine public des ondes
accordées aux opérateurs de téléphonie mobile doivent comporter une clause
imposant, aux bénéficiaires des nouvelles fréquences de toutes natures,
d'assurer un égal accès des citoyens aux services qui leur sont ainsi offerts.
Les opérateurs doivent donc s'engager à assurer, selon un calendrier
préalablement fixé par l'Etat et dans un délai qui ne peut être supérieur à dix
ans, une desserte normale, convenable et de qualité de l'ensemble du territoire
de la République afin que les services concernés puissent bénéficier à plus de
95 % de la population sans que la desserte d'un département ou d'un territoire
ne puisse être inférieure à 85 % de sa population.
« Les cahiers des charges prévoient également les conditions dans lesquelles
les autorisations sont révoquées sans indemnisation par l'Etat en cas de
non-respect des obligations de desserte de la population.
« Les avenants aux cahiers des charges conclus postérieurement à la date
d'entrée en vigueur des autorisations visées au présent article ne peuvent
avoir pour objet ou pour effet de prolonger les délais prévus au premier
alinéa, sauf autorisation expresse et individuelle donnée par la loi. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Nous sommes un certain nombre - et pas seulement au sein de cette assemblée,
ce serait très égoïste - en France à déplorer la manière dont la couverture du
territoire par le téléphone portable est assurée par les différents
opérateurs.
En ville, y compris dans Paris, nous sommes, d'une rue à l'autre, privés de la
possibilité de téléphoner. Dans les zones rurales, que j'appellerai « de plaine
», la transmission est souvent horrible et, dans les zones de montagne, elle
est totalement indéfinissable. Je ne veux pas être désagréable, mais la
communication ne passe pratiquement jamais ou elle passe vraiment par
hasard.
M. Michel Moreigne.
C'est vrai !
M. Michel Charasse.
Telle est la situation actuelle pour ce qui est des téléphones portables
existants.
Au moment où l'Etat lance un appel d'offres pour l'attribution de ce que l'on
appelle les licences UMTS - je ne sais même pas ce que cela signifie ! -, nous
sommes un certain nombre, en tout cas au groupe socialiste, à penser que l'on
ne doit pas « louper » l'occasion d'imposer, dans les cahiers des charges, une
desserte totale du territoire. Pourquoi ? Mes chers collègues, parce qu'il
s'agit d'un dispositif privé utilisant une chose qui appartient à tout le monde
: le domaine public des ondes.
M. Gérard Delfau.
Très bien !
M. Michel Charasse.
A partir du moment où le domaine public est utilisé, il ne peut l'être que
d'une façon égalitaire.
Madame la secrétaire d'Etat, depuis que j'ai déposé cet amendement, j'ai reçu
un certain nombre de coups de téléphone - pas de votre part, je vous mets tout
de suite à l'aise ; pour nous parler, nous n'avons pas besoin de nous
téléphoner ! - pour me dire que le cahier des charges est déjà établi, que le
Gouvernement s'est engagé à le soumettre à l'Assemblée nationale dans quelques
mois - je ne sais pas comment, d'ailleurs, il peut être à la fois établi et
soumis à l'Assemblée nationale dans quelques mois ! - et que l'appel d'offres
est lancé, ce qui est la vérité.
Tout cela est bien gentil, mais je demande alors au Gouvernement de nous
indiquer comment sera assuré le principe d'égalité au regard de l'utilisation
du domaine public des ondes.
Je vais être très égoïste, monsieur le président, vous me pardonnerez, mais je
pense qu'à ma place vous feriez pareil : moi qui suis l'un des 60 millions de
propriétaires du domaine public des ondes, je n'accepte pas qu'il soit utilisé
par d'autres sans que j'aie moi-même le droit de m'en servir !
Mon département est tellement mal desservi à l'heure actuelle par les
téléphones portables existants - plusieurs membres de mon groupe pourraient
d'ailleurs dire la même chose...
M. Michel Pelchat.
Et d'autres groupes !
M. Michel Charasse.
... que nous ne souhaitons pas qu'il en aille de même avec les nouvelles
licences.
On me rétorque : si l'on exige des nouveaux opérateurs une couverture
pratiquement totale, cela leur coûtera tellement cher qu'ils ne seront plus
preneurs. Très bien ! Mais nous sommes dans un système dans lequel l'intérêt
public peut se heurter directement à l'intérêt privé ; dans ce cas, il faut
trancher et il faut trouver une solution !
Pour ma part, je propose, m'inspirant d'ailleurs - M. le rapporteur général
s'en souviendra puisqu'il est intervenu sur ce sujet - d'un amendement qu'a
défendu notre collègue M. Cazalet lors de la discussion du projet de loi de
finances pour 2001 mais qui était mal rédigé, qu'au terme de dix ans la
desserte couvre 95 % de la population, ce qui est quand même la moindre des
choses !
Dans son amendement, M. Cazalet prévoyait la couverture de 85 % ou 90 % du
territoire de la République et des départements et territoires d'outre-mer. Son
application aurait tout de même posé un problème en certains endroits, par
exemple dans le territoire Inini, en Guyane, qui fait 90 000 kilomètres carrés.
On ne peut pas exiger des opérateurs qu'ils couvrent ce territoire où n'habite
personne ! Mais prévoir que, dans dix ans, 95 % de la population devra être
desservi, étant entendu que la desserte d'un département ou d'un territoire ne
pourra être inférieure à 85 % de la population, cela me paraît la moindre des
choses !
Madame la secrétaire d'Etat, je suis prêt, naturellement, à engager toute
conversation que le Gouvernement jugera utile sur ce sujet. J'ai, moi aussi, un
certain sens de l'Etat et de l'intérêt national. En tout cas, je peux vous dire
que, si le législateur n'intervient pas, un jour, au nom du principe d'égalité,
c'est le Conseil d'Etat qui, saisi des réclamations individuelles, procédera
aux annulations nécessaires.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le président, nous attendons avec
beaucoup d'intérêt et d'impatience les explications que le Gouvernement voudra
bien nous donner sur ce sujet.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission, elle aussi, souhaiterait entendre le
Gouvernement.
Elle comprend fort bien les préoccupations développées par Michel Charasse,
qui sont ressenties dans nombre de nos départements.
J'ajouterai que, dans un département comme l'Oise, qui est assez fortement
urbanisé, certains villages ne sont même pas desservis par les moyens de
téléphonie classiques et que, lorsque l'on traverse la forêt de Compiègne, les
communications s'interrompent.
M. Michel Charasse.
Voilà !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est franchement déplorable !
Madame le secrétaire d'Etat, quelle réponse pouvez-vous apporter à nos
légitimes préoccupations ?
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Comme vous le savez, les préoccupations d'aménagement
du territoire sont très présentes dans les réflexions que mène le Gouvernement
et dans les décisions qu'il prend.
En ce qui concene le réseau de deuxième génération de téléphonie mobile, que
vous évoquiez, monsieur Charasse...
M. Michel Pelchat.
De troisième génération !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Non ! ... de deuxième génération. M. Charasse a
commencé par déplorer la qualité du service actuel.
M. Michel Charasse.
Qui est lamentable !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je vous laisse le choix de vos qualificatifs, monsieur
le sénateur !
Je commencerai donc mon propos par les réseaux de deuxième génération.
S'agissant de ces réseaux, un rapport est en cours d'élaboration, rapport que
vous pourrez consulter très prochainement et qui montre à la fois les progrès
accomplis dans ce domaine et les mesures que le Gouvernement entend mettre en
oeuvre pour améliorer la couverture là où le besoin s'en fait sentir.
En ce qui concerne la troisième génération, le Gouvernement, vous le savez, a
choisi une procédure de soumission comparative pour l'attribution des licences
de téléphonie mobile, notamment pour privilégier les préoccupations
d'aménagement du territoire, puisque celles-ci constituent l'un des critères de
sélection déterminants pour le choix des exploitants de réseaux de troisième
génération, qui doivent notamment respecter des obligations minimales de
couverture de la population.
L'appel à candidatures qui a été lancé par le secrétariat d'Etat à l'industrie
le 18 août dernier fixe d'abord des objectifs de couverture de la population à
hauteur de 25 % à échéance de deux ans après l'attribution des autorisations,
obligation qui passerait à 80 % à l'échéance de huit ans.
Les opérateurs ont aussi des obligations de qualité de service qui sont
valables sur toute la zone de couverture car, comme vous le faisiez observer
tout à l'heure, la question de la couverture quantitative est une chose, celle
de la couverture qualitative en est une autre.
En fixant des objectifs de couverture à échéance de dix ans au niveau souhaité
par les auteurs de l'amendement n° 1 rectifié, on imposerait aux opérateurs des
contraintes nouvelles par rapport à celles qui ont été fixées lors de l'appel
d'offres lancé par le Gouvernement. Il s'agirait, d'une certaine manière, d'une
modification des règles du jeu en cours de procédure, ce qui aurait pour
conséquence de gravement remettre en cause le dispositif de soumissions
comparatives qui a été retenu et son calendrier.
Il ne reste que quelques semaines d'ici à la remise des offres par les
opérateurs et la procédure nécessaire pour introduire la modification envisagée
par M. Charasse ferait perdre au minimum six mois pour la mise à disposition
auprès du public de cette nouvelle technologie.
Le Gouvernement a, par ailleurs, prévu plusieurs dispositions qui concernent
les relations entre opérateurs et qui sont de nature à favoriser le déploiement
des réseaux.
La première de ces dispositions vise à fortement inciter les opérateurs à
partager avec leurs concurrents, et cela de manière systématique, leurs sites
ou leurs pylônes radioélectriques.
La deuxième disposition fait en sorte que les opérateurs UMTS qui ne disposent
pas au préalable d'un réseau GSM pourront bénéficier de l'acheminement de leurs
communications sur les réseaux GSM existants de leurs concurrents.
La troisième disposition rend possibles des accords particuliers entre les
opérateurs dans certaines zones pour des raisons économiques afin de permettre
des compléments de couverture.
Enfin, l'expérience de téléphonie mobile de deuxième génération montre que les
taux de couverture de la population ont été atteints à des niveaux tout à fait
importants puisque la barre de 95 % de la population a déjà été dépassée : nous
en sommes aujourd'hui à 99 %.
Si l'on raisonne maintenant non plus en termes de pourcentage de la population
couverte mais de pourcentage du territoire, ce qui était, je crois, l'approche
que vous développiez, monsieur le sénateur, il est vrai que la couverture est
encore incomplète, mais elle dépasse tout de même 90 %. Par conséquent, si
l'inquiétude que vous manifestez est fondée, elle doit cependant être nuancée à
la lumière des chiffres que je viens d'indiquer.
En outre, la menace de retrait automatique de l'autorisation que vous
souhaitez mettre en oeuvre, monsieur Charasse, me paraît superfétatoire dans la
mesure où il existe déjà un dispositif de sanctions qui peut aller jusqu'au
retrait pur et simple de la licence prévue par le code des postes et
télécommunications.
Les observations que vous avez formulées me paraissent concerner tout autant
sinon plus le secrétariat d'Etat à l'industrie que le secrétariat d'Etat au
budget. Croyez-bien que je me ferai votre interprète auprès de Christian
Pierret.
En attendant, je souhaiterais que vous retiriez votre amendement.
M. Michel Pelchat.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Comment ne pas souscrire à la proposition de notre collègue M. Charasse,...
surtout après votre intervention, pourrais-je dire, madame le secrétaire d'Etat
?
Vous avez rappelé votre souci d'aménagement du territoire, qui est tout à fait
louable et que nous partageons. A ce sujet, je voudrais simplement rappeler
deux faits indéniables, qui témoignent du peu de cas que vous faites en réalité
du souci que vous prétendez avoir.
Le premier concerne la télévision. Il s'agit, là aussi, de l'utilisation des
réseaux hertziens. Je prendrai l'exemple d'un réseau que vous détenez depuis
très longtemps, la cinquième chaîne, sur lequel, par la volonté du Sénat, se
sont développées la chaîne de la connaissance et du savoir et la Sept-Arte. Ce
sont des chaînes tout à fait spécifiques qui apportent un enrichissement au
téléspectateur et qui serait ô combien intéressantes pour les habitants des
zones rurales les plus reculées, où les éléments de formation et l'accès à la
culture font le plus défaut ! Leur desserte sur tout le territoire
constituerait un complément tout à fait utile dans un objectif d'aménagement du
territoire.
Or, aujourd'hui, je constate que, plus de dix ans après, ce réseau dont
pourtant vous avez la maîtrise ne couvre que 86 % du territoire.
J'en arrive à mon second exemple.
Toujours dans une logique volontariste d'aménagement du territoire, nous
allons développer, dans les mois et dans les années qui viennent, ce que
beaucoup attendent ; à savoir le réseau numérique hertzien. Quelles obligations
avez-vous fixées dans le cahier des charges, y compris pour le service public
de l'audiovisuel, qui va bénéficier de deux bouquets de ce réseau numérique
hertzien ? Une couverture nationale de 70 % seulement !
Or ce réseau numérique hertzien va être un outil extraordinaire de
développement dans tous les domaines, grâce notamment à la très forte présence
du secteur public de l'audiovisuel. Et, comme toujours, 30 % de nos
concitoyens, ceux qui sont les moins bien desservis, n'en profiteront pas. Ils
forment beaucoup d'espoir sur l'arrivée de ce numérique hertzien et ils n'en
auront jamais le bénéfice.
Voilà deux exemples, pris dans un secteur dont vous avez une maîtrise totale,
qui démontrent combien le souci de l'aménagement du territoire n'est pas
respecté par le Gouvernement. Comment dès lors l'imposer à des opérateurs
privés sur le réseau UMTS ?
Pour ma part, je souscris totalement aux propositions de M. Charasse. Elles me
paraissent fort judicieuses et opportunes. Elles devraient être retenues par
notre assemblée.
Seulement, vous en conviendrez, madame le secrétaire d'Etat, cela modifierait
complètement l'économie du projet. Comme vous le savez, les opérateurs vont
devoir verser 130 milliards de francs, ce qui n'est pas négligeable. Pour
développer leur licence, ils devront investir 30 milliards de francs, dans les
conditions prévues actuellement au cahier des charges et que vous avez
rappelées tout à l'heure.
Toutefois, lorsque vous avez indiqué qu'ils avaient l'obligation de couvrir 80
% de la population, vous avez oublié de mentionner que cela ne représentait que
27 % du territoire. Or il s'agit de téléphonie mobile : il faut donc considérer
la population mobile et, dès lors, raisonner en termes de couverture du
territoire. En effet, si je me déplace sur un territoire qui n'est couvert qu'à
27 %, je serai sans liaison téléphonique pendant 75 % de mon trajet.
M. Michel Charasse.
Très bien ! C'est comme ça en Auvergne !
M. Michel Pelchat.
Monsieur le président, excusez-moi d'avoir été un peu long dans mes
explications, mais il fallait que les choses soient bien précisées. Je pense
que vous comprendrez, madame, pourquoi je soutiendrai l'amendement de M.
Charasse. En tout cas, je vous demande de revoir l'économie globale du projet
de mise en service des réseaux UMTS. Cet objectif indispensable ne pourra être
réalisé dans le contexte que vous avez présenté.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau.
Je suis, moi aussi, très favorable à l'amendement de M. Charasse.
Faisons un peu d'histoire.
Pendant quinze ans, nous avons entendu parler des zones d'ombre à propos de la
réception de la télévision, et ce n'est pas tout à fait terminé. Les conseils
généraux, parfois les petites communes, ont dû contribuer au financement
d'équipements permettant à des populations rurales, notamment en zone de
montagne, de recevoir la télévision, outil de culture et d'information devenu
indispensable.
M. Michel Charasse.
Et c'est un service public !
M. Gérard Delfau.
Effectivement !
Ensuite, est apparu le réseau de deuxième génération, avec le développement
des portables.
Là encore, il s'avère qu'une partie très importante du territoire n'est pas
desservie.
Récemment, dans ma région de Languedoc-Roussillon, plus précisément en Lozère,
des manifestations ont été organisées pour sensibiliser les pouvoirs publics en
général et le Gouvernement en particulier au fait que, à tel col ou dans tel
passage situés suffisamment loin d'habitations, pour que les secours ne
puissent être sur place en peu de temps, il était impossible, en cas
d'accident, d'alerter un médecin ou les pompiers au moyen d'un téléphone
portable. Bref, l'égalité d'accès à ce service n'est pas assurée, contrairement
à une revendication majeure dans l'histoire de notre pays : les citoyens
n'acceptent pas que des entorses graves soient faites à ce principe.
Aujourd'hui, nous nous trouvons devant la troisième génération.
Quand nous avons inscrit dans notre législation - j'y avais moi-même souscrit,
mais non sans de nombreuses réticences - la notion de service universel des
télécommunications, nous avons demandé que les moyens modernes, ceux qui seront
de plus en plus utilisés, soient inclus dans ce service universel, de manière
qu'il ne soit pas le parent pauvre du service public. Cela n'a pas été fait et,
aujourd'hui, nous devons trouver des palliatifs et faire en sorte que, par
l'intermédiaire des opérateurs privés, ce service soit effectivement accessible
à l'ensemble de la population.
Nous devons, par ailleurs, éviter que de nouveaux transferts de charges
n'aient lieu.
Je ne vous ferai pas de procès d'intention, madame la secrétaire d'Etat,
puisque la façon dont le Gouvernement conduit cet appel d'offres est sans
commune mesure avec la façon dont, dans le reste de l'Europe, les gouvernements
de droite ou des gouvernements dits de gauche ont procédé aux mêmes opérations.
Il reste que l'inquiétude est réelle. Après tout, cela vaut la peine de prendre
six mois de plus dans le déroulement de l'appel d'offres si cela doit permettre
d'obtenir une amélioration de la desserte et un meilleur accès des citoyens à
ce service devenu indispensable.
M. Michel Pelchat.
Très bien !
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
J'ai bien entendu les arguments des uns et des autres, en particulier, que mes
collègues me pardonnent, ceux de Mme le secrétaire d'Etat.
Madame le secrétaire d'Etat, vous dites : « Nous avons d'ores et déjà prévu
que, dans les huit ans à venir, 80 % de la population seraient couverts. » Mais
20 % de 60 millions, cela fait tout de même 12 millions de personnes à qui la
couverture ne sera pas assurée ! Ce n'est pas négligeable.
M. Michel Pelchat.
Mais, par définition, c'est mobile !
M. Michel Charasse.
Cela étant, quand je dis qu'il doit y en avoir 95 % en dix ans, au fond, je ne
fais que prolonger le mouvement que vous avez décrit.
Concernant la génération actuelle des téléphones portables, vous affirmez que
le taux de 95 % est largement dépassé, qu'on en est à 99 %. Peut-être mais avec
75 % du territoire où les communications sont totalement inaudibles ! Rue de
Vaugirard, donc en plein Paris, entre la sortie du Sénat et le carrefour avec
la rue Bonaparte, vous ne pouvez pas téléphoner ! Alors, je vous laisse
imaginer ce qu'il en est en Auvergne ! Dans les trois quarts du département du
Puy-de-Dôme, même si j'ai la liaison, je n'entends rien à ce qu'on me raconte
sur mon portable !
Par conséquent, c'est une escroquerie majeure. Pour arriver à passer un coup
de fil, il faut appeler quatre ou cinq fois, ce qui conduit l'opérateur à vous
facturer quatre ou cinq unités.
Alors, madame le secrétaire d'Etat, je ne sais pas ce qu'il en est dans les
autres régions mais, en Auvergne, payer quatre fois la même prestation,
croyez-moi, cela leur arrache le coeur !
(Rires.)
M. Michel Pelchat.
A un Auvergnat, oui !
M. Michel Charasse.
Si vous ne comprenez pas ça, si, au secrétariat d'Etat à l'industrie, on ne
comprend pas ça et si, chez les opérateurs, on ne comprend pas ça, Auvergnats
nous sommes, Auvergnats nous resterons...
M. Michel Pelchat.
Les Auvergnats, c'est pire que Bercy !
M. Michel Charasse.
... et rien ne nous changera, même pas les techniques nouvelles de
télécommunication !
Quant au retrait des autorisations, permettez-moi de douter ! Quand on voit la
lâcheté du CSA en matière d'autorisations, quand on sait qu'il s'est toujours
couché depuis qu'il existe,...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est excessif !
M. Michel Charasse.
... comme s'était couchée la CNCL, comme s'était couchée la Haute Autorité -
parce que l'on peut diffuser sur les ondes n'importe quelle horreur, le CSA se
contente de faire des « observations » : ce sont des « dégonflés », des
paillassons ! - on se demande comment ceux qui siégeront demain à l'autorité de
régulation des télécommunications pourraient être un peu plus courageux.
Le courage, c'est une vertu qui se perd. Elle existe sans doute encore au
ministère des finances, au secrétariat d'Etat au budget, en particulier - vous
le voyez, je vous rends grâce, madame le secrétaire d'Etat - mais pas ailleurs
! Ne faites pas confiance à tous ces gens-là : ils détestent l'Etat, ils n'ont
aucun sens de l'Etat, aucun sens de l'autorité publique ; ils ne pensent qu'à
leur publicité et à leur réputation personnelles !
La question qui se pose est celle-ci : arrivera-t-on ou non à faire plier le
monde du fric ?
J'entends bien que l'appel d'offres est lancé, et il est vrai qu'il est sans
doute difficile de changer le cahier des charges une fois que l'appel d'offres
est lancé. Il n'empêche que, au-dessus du cahier des charges, il existe les
principes fondamentaux de la République : le principe d'égalité, notamment en
matière d'accès aux services publics, le fait que le domaine public appartient
à tout le monde. Quoi qu'en pense le « monde du fric », ses valeurs à lui ne
peuvent pas être supérieures à ces valeurs-là.
Madame le secrétaire d'Etat, je ne veux pas vous gêner, et je suis sûr que
votre collègue chargé de l'industrie a fait pour le mieux dans cette affaire
compliquée. Je me félicite que ce débat ait eu lieu.
Plusieurs sénateurs du RPR et des Républicains et Indépendants.
Nous aussi !
M. Michel Charasse.
Nous savons bien que, si cet amendement était adopté, un problème juridique se
poserait dans la mesure où l'appel d'offres est lancé, et nous ne voulons pas
tout perturber.
Cela étant, soyez-en certaine, il y aura un jour des recours devant le Conseil
d'Etat au nom du principe d'égalité, au nom du principe de l'égal accès au
domaine public, qui appartient à toute la nation, et dont vous ne pouvez pas
exclure 12 millions de citoyens pour faire plaisir à la bourse et à ceux qui
veulent se payer les licences UMTS. Eh bien, si je suis encore vivant le moment
venu, je serai parmi les premiers requérants, et je gagnerai !
(M. Gérard Delfau applaudit.)
Quoi qu'il en soit, je retire l'amendement n° 1 rectifié.
(Rires et exclamations sur les travées du RPR.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'était bien la peine !
Mais nous avons passé un bon moment...
M. le président.
L'amendement n° 1 rectifié est retiré.
M. Michel Pelchat.
Je le reprends, monsieur le président.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 1 rectifié
bis
.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1 rectifié
bis
, repoussé par le
Gouvernement.
M. Michel Charasse.
Je m'abstiens.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Récemment, dans une église de Gênes, le portable du prêtre qui célébrait la
messe s'est mis à sonner. Le prêtre a répondu. L'évêque l'a sanctionné. Voilà
au moins une chose qui n'arrivera pas à M. Charasse !
(Rires.)
M. Michel Pelchat.
Dans une église d'Auvergne, peut-être...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il n'y a aucun risque : il ne va pas à la messe !
(Nouveaux rires.)
M. le président.
Par amendement n° 2 rectifié, MM. Charasse et Moreigne proposent d'insérer,
après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le réseau du Trésor public doit garantir l'accès normal et égal de tous les
citoyens au service bancaire de base, service d'intérêt général assimilable à
un service public. En conséquence, les recettes-perceptions du Trésor public
sont tenues de maintenir leurs activités bancaires actuelles lorsque leur
suppression réduirait, dans leur aire de compétences, le nombre
d'établissements bancaires et financiers, y compris La Poste, à moins de deux.
»
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je constate, monsieur le président, qu'à Gênes on sanctionne un prêtre parce
qu'il a répondu sur son portable mais qu'en France on laisse en place les curés
pédophiles !
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ça devient la galéjade permanente, ici !
M. Michel Charasse.
Cet amendement n° 2 rectifié est destiné moins à faire l'objet d'un vote du
Sénat qu'à obtenir quelques indications du Gouvernement quant à la situation
qui va être créée à partir du 1er janvier 2002, lorsque le réseau du Trésor
public n'aura plus le droit d'exercer d'activités bancaires.
Dans de très nombreux cantons ruraux, il n'y a pas de banque. Les seuls
guichets dont disposent alors les citoyens pour leurs opérations financières et
bancaires sont donc ceux de La Poste et du Trésor public. Or, pour des raisons
auxquelles le Gouvernement est étranger puisque c'est une décision européenne,
le Trésor public doit, sous peine de condamnation de la France, cesser ses
activités bancaires le 1er janvier 2002.
La question que je pose au Gouvernement est donc simple : si le Trésor public
ne peut plus exercer ses activités bancaires - et encore n'offre-t-il pas un
service bancaire complet, notamment parce qu'il ne consent pas de prêts -, si
les citoyens n'ont plus d'autre solution que de s'adresser à La Poste -
laquelle n'offre pas non plus toute la panoplie des activités bancaires, je le
précise au passage - que va-t-il se passer dans un cinquième des cantons
français, c'est-à-dire les cantons ruraux, où la population est en moyenne
relativement âgée ? Est-ce que les gens vont être obligés de parcourir 60
kilomètres, voire 80 kilomètres aller-retour pour retirer 300 francs ou 500
francs à La Poste du coin ou à la banque, s'ils ont un compte en banque ? Bref,
comment va-t-on assurer l'égalité des citoyens devant le service bancaire,
étant entendu qu'aucune banque, on le sait bien, ne s'installera jamais dans
les cantons ruraux ?
Mon amendement a donc pour objet de prévoir que, lorsqu'il y a moins de deux
établissements qui proposent des services bancaires dans un canton, le Trésor
public peut poursuivre ses propres activités bancaires.
On me dit que, malgré cette restriction, l'Europe, dont l'humanité est en la
matière très relative - et qui ne se rend certainement pas compte qu'avec des
décisions de ce genre elle finira par faire vomir l'Europe par les Européens -,
resterait inflexible.
Fort bien, mais qu'est-ce qui se passe le jour où le Trésor public ferme - et
cela nous a été annoncé par le ministre, qui respecte les directives
européennes - après le 31 décembre 2001 ? Qu'est-ce qui se passe le jour où le
Trésor public n'exerce plus ses activités dans ces cantons ruraux ? Est-ce que
les citoyens de ces cantons ruraux sont encore des citoyens à part entière ou
bien des citoyens à part réduite ?
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous comprenons bien à quelle situation difficile cet
amendement fait allusion, et il est vrai que la politique d'aménagement du
territoire est actuellement tout à fait insuffisante, que la défense de la
ruralité est mal assurée : tout cela se paie par des déséquilibres graves, dont
notre pays souffre et va souffrir de plus en plus si l'on n'y prend garde.
Cela étant dit, cher collègue, à quelles conséquences votre amendement
conduit-il ? Je n'en sais trop rien. Est-il concevable de supprimer les
activités bancaires ou quasi bancaires du Trésor public sauf dans les zones les
plus déprimées, celles où, par définition, il y a le moins de clients ? Combien
cela coûte-t-il ? Est-ce cohérent avec la nécessité d'une réforme de
l'administration des finances que tout le monde, ou presque, semble appeler de
ses voeux ? Est-ce cohérent, notamment, avec les travaux de notre commission ?
Je pense en particulier ici à l'excellent rapport de Bernard Angels sur
l'évolution des services financiers.
Il est relativement facile de susciter des réactions favorables sur la prise
en compte de situations qui sont objectivement difficiles mais, au stade des
solutions, au-delà des effets d'affichage, les choses paraissent un peu plus
complexes. Aussi, pour mieux apprécier cette complexité, je souhaite entendre
Mme le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Quel est, donc, l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cette question a retenu évidemment toute l'attention
du Gouvernement parce qu'elle est importante : il s'agit de la présence des
services publics de proximité en milieu rural.
Le présent amendement appelle de ma part plusieurs remarques.
La première, de forme, tient au fait que, sur le plan juridique, il ne paraît
pas pouvoir s'insérer dans une loi de finances car son objet ne s'inscrit pas
strictement dans le cadre de l'article 1er de l'ordonnance de 1959 portant loi
organique.
En ce qui concerne le fond - et c'est cela qui nous intéresse - la décision de
mettre un terme à l'activité bancaire concurrentielle du Trésor public a été
prise à la suite, d'une part, d'études relatives aux fondements juridiques et
comptables de l'intervention du Trésor public en matière bancaire et, d'autre
part, des critiques formulées par la Cour des comptes depuis plusieurs années à
l'encontre de cette activité, et ce compte tenu des contraintes prudentielles,
concurrentielles et, notamment, des obligations communautaires qui s'imposent à
nous.
Nous avons donc été conduits à envisager l'interdiction, pour le Trésor
public, de poursuivre ses activités bancaires, car aucune autre solution
satisfaisante ne permettait de concilier les impératifs de régularité
juridique, de régularité budgétaire et de régularité comptable, ainsi que de
viabilité financière, qui formaient le cadre dans lequel nous devions
travailler.
Le maintien d'une activité bancaire en milieu rural ne me paraît pas pour
autant directement menacé, car, avec un total de 43 000 guichets bancaires, y
compris ceux de La Poste, et 2 300 habitants par guichet - certes, c'est une
moyenne - la France dispose d'une densité bancaire importante, plutôt
légèrement supérieure à celle que connaissent les autres pays de l'Union
européenne. Au-delà de cette moyenne, il faut regarder la cartographie de la
densité bancaire pour 1 000 habitants : celle-ci montre que le taux de
bancarisation des zones rurales est plus élevé que celui des zones urbaines.
Nous avons poursuivi notre étude et nous avons noté que, dans la
quasi-totalité des départements les plus ruraux de France, la présence
d'établissements financiers - dont La Poste, qui comporte environ 17 000
guichets - est assurée au niveau du canton, ce qui garantit, vous en
conviendrez, une offre de prestations bancaires que l'on peut qualifier de
proximité.
(M. Michel Charasse s'exclame.)
Dans quatre départements extrêmement ruraux qui ont été plus particulièrement
étudiés - il s'agit du Gers, des Hautes-Alpes, du Cantal et de la Lozère - les
habitants bénéficient, dans la commune même où est implanté le Trésor public,
de services bancaires proposés par d'autres organismes financiers.
Ces remarques étant faites, je souhaite indiquer, monsieur le sénateur, que
nous comprenons votre amendement comme une incitation pour le Gouvernement à
porter une attention toute particulière aux conditions de mise en oeuvre de
l'arrêt de l'activité bancaire du Trésor public à compter du 1er janvier
2002,...
M. Michel Charasse.
C'est exactement cela !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
... ce afin de tenir compte, notamment, de la
situation des personnes qui vivent en milieu rural et qui doivent continuer à
disposer d'un service bancaire de qualité et de proximité.
Par conséquent, Laurent Fabius et moi-même avons demandé au Trésor public de
proposer très rapidement un dispositif d'accompagnement personnalisé à chacun
des titulaires de comptes de dépôts de fonds particuliers. Ce dispositif aura
trois objets : tout d'abord, limiter et simplifier le plus possible les
démarches de titulaires de comptes en prenant notamment en charge les
formalités liées au changement de domiciliation bancaire ; nous savons combien
ces opérations peuvent parfois être lourdes ; ensuite, offrir à ces personnes
un choix réel entre plusieurs établissements ; enfin, limiter les éventuelles
incidences financières qui pourraient en résulter.
Nous ne doutons pas que, de son côté, La Poste s'attache à renforcer la
qualité des prestations d'ores et déjà servies à ses clients, particulièrement
lorsqu'ils résident en milieu rural.
Pour ce qui me concerne, j'espère vous avoir convaincu du fondement de notre
démarche et de notre souci permanent de maintenir, voire de renforcer la
qualité du service public en milieu rural en centrant, comme cela me paraît
légitime, l'activité des administrations sur le service public, ce qui n'est
pas à proprement parler, vous en conviendrez, la caractéristique de l'activité
bancaire.
Je souhaite donc, monsieur le sénateur, qu'à la lumière des explications que
je viens de vous apporter vous retiriez cet amendement.
M. le président.
Monsieur Charasse, l'amendement est-il maintenu ?
M. Michel Charasse.
Je sais que cette question de l'arrêt des activités bancaires du Trésor public
préoccupe beaucoup M. Laurent Fabius et Mme Florence Parly. Ce n'est pas une
querelle que j'ai avec eux puisqu'ils ne sont pas à l'origine de cette affaire,
qui est partie de la Cour des comptes et a été relayée par l'Union
européenne.
J'ai bien entendu ce qu'a dit Mme le secrétaire d'Etat et, pour être moi-même
titulaire d'un compte de dépôt de fonds particulier, je reçois les courriers
qui sont adressés pour expliquer comment cela va se passer.
Madame le secrétaire d'Etat, il y a quand même un problème qu'il faut prendre
en compte et qui ne figurait pas dans votre propos, c'est celui de la distance.
Que l'on aide les titulaires de comptes de dépôts de fonds particuliers à
choisir une autre solution, un autre compte, une autre banque, un autre
organisme financier, etc., c'est très bien, notamment pour les personnes âgées.
Mais si ceux-ci doivent passer d'une perception qui se trouve à cinq ou dix
kilomètres de chez eux à une banque qui est à quarante ou cinquante kilomètres,
je ne vois pas très bien où est l'avantage.
Je voulais simplement, au travers de cet amendement, sensibiliser le
Gouvernement à cette question. En effet, la fermeture des perceptions, qui
détiennent actuellement 700 000 ou 800 000 comptes, va intervenir un mois et
demi avant le changement de billets de banque dans le cadre de l'euro. Tout ou
presque en même temps, madame le secrétaire d'Etat, cela fait beaucoup !
S'agissant de l'Europe, à laquelle je suis personnellement très attaché, cela
fait beaucoup. Ce n'est peut-être pas le meilleur moyen de démontrer à des gens
qui ont mis presque cinquante ans pour se familiariser au nouveau franc que
l'Europe est un bienfait.
Cela étant, je retire mon amendement, monsieur le président.
M. Gérard Delfau.
Je le reprends, monsieur le président !
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 2 rectifié
bis.
Le débat ayant déjà eu lieu, je vais le mettre aux voix.
M. Gérard Delfau.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Delfau pour explication de vote.
M. Gérard Delfau.
Je comprends parfaitement que, dans cette affaire, nous devions accepter le
règlement communautaire. Toutefois, cet amendement rappelle que deux
difficultés majeures subsistent.
La première, qui a été sensible dans tout votre propos, madame le secrétaire
d'Etat, c'est que l'on surcharge La Poste, qui doit assurer une présence
permanente soit dans les lieux les moins peuplés - les cantons ruraux - soit
dans les quartiers urbains difficiles. Il s'agit d'une question récurrente,
madame le secrétaire d'Etat, et il faudra bien que le Gouvernement la prenne en
compte et nous fasse des propositions à cet égard dans l'année à venir.
J'en arrive à la deuxième difficulté. Le Gouvernement a annoncé, lors d'un
débat au Sénat au mois de novembre 2000, que le décret concernant la loi
d'orientation relative à la lutte contre les exclusions s'agissant du service
bancaire de base paraîtrait au
Journal officiel.
Cette loi - vous n'y
êtes pour rien, madame le secrétaire d'Etat - a été votée par le Parlement en
1998. Or, de mois en mois, nous attendons, nous guettons, nous lisons avec
intérêt le
Journal officiel
- cette lecture est passionnante ! - mais
rien ne vient.
Je n'adhère pas au fond de l'amendement, pour les motifs que je viens de
donner, mais je souhaitais rappeler ces deux éléments. Je sais que Mme le
secrétaire d'Etat a conscience du fait que les deux questions que je pose sont
deux vraies questions. Je retire donc cet amendement, monsieur le président.
(Protestations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
L'amendement n° 2 rectifié
bis
est retiré.
En fait, monsieur Delfau, vous avez repris l'amendement afin de pouvoir
disposer d'un temps de parole.
Vous ne m'y reprendrez pas !
(Sourires.)
Par amendement n° 7, M. Pelchat et le groupe des Républicains et Indépendants,
MM. Mouly, Joly, Oudin, Legendre, Donnay et Herment proposent d'insérer, après
l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le 2° de l'article 278
bis
du code général des impôts est complété
par les mots : ", et sous réserve que les dispositions suivantes ne soient pas
contraires au principe d'égalité devant les charges publiques". »
La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat.
Il s'agit pour moi non pas d'obtenir un temps de parole, mais bien de défendre
une position que j'avais déjà eu l'occasion d'expliciter lors du débat sur le
projet de loi de finances.
L'Assemblée nationale vient de supprimer une nouvelle fois l'amendement,
pourtant adopté à l'unanimité par le Sénat, mettant un terme au taux réduit de
TVA pour les produits alimentaires tels que le chocolat ; nombre de mes
collègues s'en souviennent.
C'est plus qu'une simple différence d'appréciation entre le Sénat et
l'Assemblée nationale sur l'opportunité d'une baisse de TVA : pour le Sénat, il
s'agit de faire appliquer le principe à valeur constitutionnelle d'égalité
devant les charges publiques ; pour l'Assemblée nationale, il s'agit de passer
outre ce principe pour considérer que cette situation, qui fait pourtant
l'objet de débats année après année, et qui n'a jamais reçu la moindre
justification, soit maintenue en l'état pour des raisons budgétaires. On ne
peut pas violer les principes constitutionnels parce que les faire respecter
aurait un coût important !
Lorsque la Cour de justice des Communautés européennes, au nom des mêmes
principes, impose la TVA sur les péages autoroutiers ou la récupération de la
TVA sur la restauration pour les entreprises, cela a un coût, et le budget de
l'Etat s'adapte pour respecter les principes généraux du droit.
L'amendement présenté aujourd'hui s'inscrit dans le même souci de vérifier si
le principe d'égalité devant les charges publiques est ou non respecté en
matière d'exceptions au taux réduit de TVA pour les produits alimentaires.
Lors de la discussion d'un amendement similaire dans le cadre du projet de loi
de finances, M. Charasse a défendu l'idée que s'il y avait eu un problème de
constitutionnalité le Conseil constitutionnel l'aurait sanctionné lors de
l'adoption des exceptions à la TVA réduite sur les produits alimentaires.
C'est oublier que, dans les années soixante, lorsque fut adopté l'article 278
bis
du code général des impôts, le Conseil constitutionnel ne pouvait
pas être saisi aussi aisément qu'aujourd'hui, de sorte qu'il n'a jamais pu se
prononcer sur les exceptions qui frappent le chocolat et la margarine.
L'amendement proposé devrait lui donner la possibilité d'exercer ce contrôle
pour dire si ces exceptions respectent ou non le principe d'égalité devant les
charges publiques.
Cet amendement permet également de redonner la main à nos institutions
nationales face à Bruxelles, qui finit par détenir une exclusivité en termes de
contrôle du droit positif français au regard des principes généraux du
droit.
S'agissant de souveraineté nationale et de subsidiarité, il est
particulièrement insatisfaisant de constater que c'est la Cour de justice des
Communautés européennes qui vient imposer le respect du principe d'égalité
devant les charges publiques et celui de la neutralité de la TVA en matière de
péages ou de TVA de la restauration, avec pourtant un coût budgétaire de
plusieurs milliards de francs, alors que le Conseil constitutionnel aurait
toute compétence pour vérifier le respect de ces mêmes principes dans notre
droit interne.
Faut-il que ce soit des institutions communautaires qui mettent de l'ordre
dans notre droit, ou peut-on souhaiter que nos propres institutions nationales
puissent le faire ? Tel est bien le sens de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission des finances est naturellement très
attachée au principe d'égalité devant les charges publiques. Dès lors, elle ne
peut s'opposer à l'amendement qui a été fort excellement présenté par notre
collègue, lequel a rappelé opportunément les débats que nous avons déjà eus
lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances pour
2001.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Nous avons eu, en effet, cette discussion lors de
l'examen du projet de loi de finances pour 2001. Le Gouvernement avait alors
émis un avis défavorable, pour au moins deux raisons.
Tout d'abord, cet amendement n'apporte aucune modification réelle au code
général des impôts. Par conséquent, il n'a pas de portée normative et n'a donc
pas vocation à figurer dans la loi.
Ensuite, et surtout, les mesures proposées ont plutôt pour objet d'adresser
une sorte d'injonction au Conseil constitutionnel,...
M. Michel Pelchat.
Ce n'est pas une injonction !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
... ce qui me paraît bien délicat. Il s'agit, en
effet, d'invoquer devant la Haute juridiction...
M. Michel Pelchat.
Offrir une possibilité, ce n'est pas faire obligation !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
C'est une possibilité d'invocation devant la Haute
Juridiction, pour être tout à fait exacte, monsieur le sénateur,...
M. Michel Pelchat.
Voilà !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
... de la non-conformité d'une loi promulguée à
l'occasion d'une saisine qui tend à faire échec à une disposition législative
nouvelle ce qui suppose que cette disposition nouvelle modifie un texte
antérieur, et ce n'est pas le cas ici.
Enfin, si, comme M. le rapporteur général, je suis très attachée au respect du
principe de l'égalité devant l'impôt, en l'espèce, ce principe s'apprécie en
fonction de la situation des personnes et non en fonction de la qualité des
produits, fussent-ils aussi dignes d'intérêt que le chocolat.
Dans ces conditions, je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par la commission et repoussé par
le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 49, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article
33, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le troisième alinéa de l'article L. 2334-7 du code général des
collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La dotation comprend également les sommes reçues au titre du surclassement
des communes dont le territoire est situé dans le périmètre de plans
d'exposition au bruit. »
« II. - Le taux prévu à l'article 978 du code général des impôts est relevé à
due concurrence. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Par cet amendement, nous revenons sur une question que nous avions déjà
abordée la semaine dernière, lors de la discussion des articles non rattachés
de la deuxième partie du projet de loi de finances, celle des contraintes de
développement rencontrées par les communes situées à proximité des grands
aéroports internationaux de Paris, qu'il s'agisse d'Orly ou Charles-de-Gaulle,
à Roissy.
Dans sa version précédente, cet amendement tendait à majorer le montant des
sommes centralisées dans le fonds de compensation qui a été créé par la loi de
finances rectificative pour 1999, fonds destiné à aider les communes riveraines
à faire face, dans leurs investissements et dans leurs choix d'aménagement, aux
contraintes nées de la pollution par le bruit.
Cette semaine, c'est dans une autre direction que nous invitons nos collègues
à réfléchir.
En effet, nous proposons, par cet amendement, que les communes riveraines
d'aéroports bénéficient d'un surclassement au titre de la dotation globale de
fonctionnement leur permettant de récupérer une partie des moyens que le gel du
développement du territoire le plus directement exposé au bruit, en pratique
celui qui est situé en zone A, ne leur permet plus ou pas d'avoir.
On le voit dans certaines communes du Val-d'Oise ou du Val-de-Marne, on ne
peut plus continuer à mener une politique de développement urbain harmonieuse
quand on est soumis à une polution sonore telle - de 115 à 120 décibels - que
la population résidente finit par quitter les lieux.
C'est le cas d'une commune comme Villeneuve-le-Roi qui a connu, entre les deux
derniers recensements, une baisse de 10 % de sa population, avec toutes les
conséquences que cela peut avoir, notamment sur le subtil échafaudage des
dotations aux collectivités locales.
Une mesure comme celle que nous proposons est, au demeurant, déjà largement
prise en compte en matière de dotation globale de fonctionnement quand il
s'agit, par exemple, d'établissements ou d'infrastructures militaires,
d'établissements de santé ou d'établissements pénitentiaires.
Sur le fond, adopter cette mesure permettrait de rendre justice à ces
collectivités qui n'ont guère tiré jusqu'ici de retombées positives de la
présence des grandes plates-formes aéroportuaires.
Enfin, l'adoption de cet amendement pourrait anticiper la mise en chantier du
futur troisième aéroport parisien ou les conséquences d'une autre utilisation
de certains de nos grands aéroports de province.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On n'a pas besoin d'un troisième aéroport !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit d'un dispositif spécifique pour traiter de
situations très locales.
La commission n'a pas été absolument convaincue par l'argumentation
présentée.
De plus, le gage proposé ne lui paraît pas acceptable.
Son avis est donc défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il est défavorable, dans la mesure où cet amendement
va à l'encontre de la philosophie qui sous-tendait la réforme de la dotation
forfaitaire de la DGF intervenue en 1993.
Je rappelle qu'il s'agit d'une dotation libre d'emploi. On ne peut donc
l'affecter, comme le suggèrent les auteurs de cet amendement, à une destination
particulière pour compenser des nuisances spécifiques - des nuisances tout à
fait réelles, en l'occurrence, puiqu'il s'agit de celles que subissent les
communes riveraines d'aéroports - sauf à susciter d'importantes demandes
reconventionnelles de la part d'autres communes, exposées, elles aussi, à
d'autres types de désagréments.
Comme Mme Beaudeau le sait, deux fonds de compensation des nuisances
aéroportuaires ont été mis en place en 1999. Ils sont dotés de plus de 60
millions de francs. Il me paraît donc un peu prématuré d'envisager des mesures
nouvelles supplémentaires, alors même qu'il n'a pas encore été matériellement
possible d'établir le moindre bilan des dispositions adoptées dans la loi de
finances rectificative pour 1999.
Au-delà du problème que vous soulevez, il en existe un autre, celui de la
réforme de la DGF, notamment la dotation forfaitaire. Ce problème, d'ordre plus
général, sera posé dans le cadre de la réflexion annoncée par le Premier
ministre sur la structure des dotations de l'Etat aux collectivités locales.
Pour toutes ces raisons, madame Beaudeau, je souhaite que vous retiriez cet
amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 49.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Nous avons souvent abordé ce problème des nuisances constatées autour des deux
grands aéroports parisiens, mais je me dois d'éclairer une fois de plus le
Sénat ainsi que vous, madame le secrétaire d'Etat. Cela étant, ce débat aura
lieu à un autre échelon, très certainement gouvernemental.
Tout le monde doit bien comprendre de quoi nous parlons quand nous évoquons
les nuisances sonores autour d'Orly et, surtout, de Roissy, que je connais
mieux.
Il est vrai que des mécanismes de compensation financière existent, fondés sur
le potentiel fiscal pour un certain nombre de communes concernées par de fortes
nuisances aéroportuaires ; c'est l'article 37 de la loi du 30 décembre 1999.
Cependant, un an après, aucun versement n'est encore intervenu. De premières
notifications sont faites par Aéroports de Paris sur une partie des sommes
estimées et promises, de l'ordre de 50 %. La loi n'est donc pas encore
pleinement appliquée, aucune notification de la compensation provenant de
l'Etat ne nous ayant été communiquée.
Par ailleurs, depuis un an, autour de Roissy, les nuisances se sont
accentuées. Le nombre des vols s'est accru de près de 10 % en ce qui concerne
les passagers, mais d'autant en ce qui concerne le fret, ce qui ne va pas
manquer de créer une situation nouvelle beaucoup plus grave. Ainsi, une
compagnie étrangère comme Fedex envisage de créer un
hub
nocturne, tant
l'accroissement des vols se précise, alors même que le gouvernement Juppé avait
exonéré Fedex de taxe professionnelle, décision toujours en vigueur
aujourd'hui, madame le secrétaire d'Etat. La nécessité d'agir contre les
nuisances s'est donc confirmée.
A Roissy, toujours, l'étude assurée par la mission de Roissy sur la
réhabilitation des bourgs anciens touchés par les nappes de nuisances est
achevée.
Je le répète, cette étude est de grande qualité. Elle vise à permettre à ces
bourgs dégradés, ayant perdu leurs commerces et une partie de leur population,
de redéfinir les conditions d'une survie et d'activités nouvelles leur
permettant de sortir d'une léthargie, de plus en plus paralysante et de
préparer leur renaissance. Or, madame le secrétaire d'Etat, aucun financement
n'a été signifié aux communes concernées pour ces opérations de « renaissance »
; aucune promesse, aucune décision n'est encore intervenue.
En outre, autour d'Orly et de Roissy, sous l'effet des nuisances et des
contraintes d'urbanisme, des phénomènes de départ ou de paupérisation d'une
partie de la population ont pour conséquence la non-éligibilité de certaines
communes à diverses mécanismes de solidarité financière comme la dotation de
solidarité urbaine ou le fonds national de péréquation.
Enfin, le retard dans la publication d'un nouveau plan d'exposition au bruit
attendue depuis quatre ans devient insupportable. Où se situent les zones A, B,
C, D d'interdiction ou de réduction du droit à construire ? On l'ignore. Les
élus n'en sont toujours pas informés. Ils les supposent, et cela les conduit à
arrêter leurs programmes de construction et d'implantation nouveaux
habitants.
A ce propos, et je veux éclairer mes collègues, nous ne pouvons pas admettre
les affirmations qu'on entend ici ou là, et que l'on a pu lire dans un grand
journal du dimanche, avant-hier, sur une page entière, selon lesquelles le plan
d'urbanisme du SIEVO, le syndicat intercommunal des trente-deux communes les
plus exposées autour de Roissy, prévoirait 15 000 logements autour de
l'aéroport.
Cette affirmation est contraire aux décisions des communes qui, d'elles-mêmes,
dans la plupart des cas, ont stoppé les programmes de développement de leur
ville. Je voudrais dénoncer de tels propos, en ajoutant que les communes et le
SIEVO doivent plutôt résister aux incitations de l'Etat, qui les pousse à
construire de nouveaux logements sociaux dans cette région.
Souvent les décisions prises par les communes sont lourdes de conséquences.
Des ZAC équilibrées et qui le seraient restées avec les constructions et ventes
prévues vont avoir à gérer des déficits, dont il serait injuste que les
populations déjà touchées par les nuisances fassent les frais.
Ces déficits peuvent être estimés à un million de francs pour 1 000 mètres
carrés à construire. Qui paiera ? L'Etat a approuvé l'équilibre financier des
programmes. Il prend la responsabilité de stopper ces opérations à juste titre
; mais il doit en assumer les conséquences financières.
Vous le voyez bien, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, tout
commande que des aides financières de l'Etat viennent apporter des ressources
nouvelles aux communes concernées, et ce évidemment sans attendre.
C'est pourquoi je maintiens l'amendement n° 49, que nous avions déjà déposé
lors de la discussion du projet de loi de finances.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 49, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 61, M. Charasse propose d'insérer, après l'article 33, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 1522 du code général des impôts est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 2002, l'assiette de la taxe est égale au revenu net
servant de base à la taxe foncière divisé par le nombre d'habitants de la
commune ou, le cas échéant, de l'établissement public de coopération
intercommunale, multiplié par le nombre d'habitants de la propriété imposée.
»
« II. - Le Gouvernement déposera en annexe au projet de loi de finances pour
2002 un rapport relatif aux résultats de l'application des dispositions du
dernier alinéa de l'article 1522 du code général des impôts dans sa rédaction
résultant des dispositions du I ci-dessus.
« III. - La perte de recettes éventuelle pour les collectivités locales
résultant de la modification de l'assiette de la taxe foncière sur les
propriétés bâties prévue au I ci-dessus est compensée par une majoration à due
concurrence de la dotation globale de fonctionnement.
« IV. - La perte de recettes pour l'Etat résultant des dispositions du III est
compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits
prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 83, présenté par M. Miquel,
et tendant à supprimer les III et IV du texte proposé par l'amendement n°
61.
La parole est à M. Charasse, pour défendre l'amendement n° 61.
M. Michel Charasse.
Au cours de l'examen du projet de loi de finances pour 2001, nous avons été
saisis par notre collègue M. Miquel d'un amendement mais surtout d'un problème
que cet amendement tentait de résoudre : il s'agit des modalités de calcul de
la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, un impôt qui se surajoute, comme
vous le savez tous, au foncier bâti dans les groupements de communes.
Lorsque les groupements de communes, et je parle sous le contrôle de notre
collègue M. Miquel, qui a bien étudié cette question, décident de percevoir la
taxe à la place des communes, la taxe est assise sur le foncier bâti. Mais tout
le monde sait que les évaluations des bases d'imposition au foncier bâti sont
tellement disparates d'une commune à l'autre que, d'un côté à l'autre de la
rue, pour le même service et pour la même prestation, la taxe réclamée peut
varier du simple au double !
Le Gouvernement avait parfaitement compris cette situation.
La solution proposée par M. Miquel n'était pas la meilleure - nous sommes les
uns et les autres quelquefois réduits à préparer des amendements à toute allure
! - et nous ne l'avons pas gardée, tout en retenant le problème, bien réel, que
posait notre collègue.
J'ai donc essayé de trouver, ou plutôt de proposer - soyons modestes - une
solution qui consisterait à asseoir désormais la taxe sur une valeur locative
du foncier bâti qui soit égale à la moyenne par habitant de la valeur locative
de l'ensemble du foncier bâti dans l'ensemble du groupement de communes.
Je ne sais pas du tout ce que cela peut donner. J'ai le sentiment que cela
rabote beaucoup les inconvénients actuels, c'est-à-dire que les différences
d'une commune à l'autre seraient moins fortes. Il n'empêche que, d'une année
sur l'autre, quand on passera au nouveau système, il pourra y avoir une forte
augmentation.
C'est pourquoi, madame le secrétaire d'Etat, j'ai suggéré que ce système ne
soit appliqué qu'en 2002 - c'est l'objet de l'amendement n° 61 - et que,
préalablement, le Gouvernement nous présente une simulation. Si la solution que
je propose se révèle acceptable, elle pourra, le moment venu, être confirmée
par le Parlement. En revanche, si elle se révèle mauvaise - vous le voyez,
monsieur le président, je suis modeste ! - il faudra alors chercher une autre
solution.
Cet amendement a simplement pour objet d'essayer de contribuer à la recherche
de la solution parce que l'intercommunalité, à laquelle, si je m'en tiens à ce
qui a été dit tout à l'heure, nous sommes tous très attachés, est menacée sur
ce plan dans le système actuel. En effet, le passage de la taxe d'enlèvement
des ordures ménagères à l'échelon de l'agglomération ou de la communauté, alors
qu'elle était établie commune par commune jusqu'à présent, est absolument
impossible et aboutit à réclamer aux contribuables des sommes qui suscitent de
leur part non seulement des interrogations mais aussi, véritablement, une
protestation.
Ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce que pense le Gouvernement de la formule
que je suggère et, surtout, s'il serait d'accord pour procéder à des
simulations. C'est l'objet du paragraphe II de mon amendement, étant entendu
que, pour 2001, nous prendrions, le moment venu et au vu desdites simulations,
les décisions nécessaires.
M. le président.
La parole est à M. Miquel, pour défendre le sous-amendements n° 83.
M. Gérard Miquel.
La solution proposée par M. Michel Charasse me paraît intéressante. Toutefois,
je considère que l'on peut très facilement supprimer les paragraphes III et IV
de son amendement, qui représentent en fait le gage. En effet, il s'agit là
d'une recette attendue et, étant donné le système de calcul que l'on met en
place, nous n'avons pas à prévoir de gage dans cet amendement.
Je veux, une fois encore, revenir sur l'intérêt que présente un nouveau
dispositif en matière de taxe d'enlèvement des ordures ménagères. En effet,
depuis l'entrée en application de la loi de 1992, les collectivités ont été
contraintes de mettre en place des systèmes de traitement répondant aux normes
environnementales, ce qui est bien normal. En 2002, échéance fixée par cette
loi, les dispositifs de traitement des déchets qui auront été mis en place
couvriront la quasi-totalité de notre territoire.
Le coût du traitement ayant beaucoup augmenté, les collectivités, surtout dans
des départements à faible densité de population, sont actuellement obligées de
se regrouper dans le cadre de syndicats intercommunaux ou de communautés de
communes pour gérer le problème des déchets. C'est là que se situe
l'inconvénient de la différence des bases, qui aboutit, pour le paiement d'un
même service, à un écart pouvant varier de un à trois pour la même habitation.
Cela n'est donc pas supportable. En l'occurrence, il s'agit d'une injustice
fiscale, à laquelle nous devons mettre un terme.
L'amendement qui est proposé par M. Michel Charasse va dans le bon sens. Il
nous permet de prendre un peu de temps pour s'assurer qu'il peut être mis en
application et, si tel est le cas, qu'il ne bousculera pas trop les recettes
des collectivités, en particulier celles qui appliquent la taxe sur des
bâtiments commerciaux ou industriels. Mais ces dernières peuvent instaurer la
redevance spéciale pour compenser la perte de recettes consécutive à la mise en
oeuvre de ce dispositif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 61 et sur le
sous-amendement n° 83 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous avons déjà eu l'occasion de débattre de ce
sujet lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2001, à l'occasion
d'un amendement présenté par M. Miquel.
En l'occurrence, il s'agit des modalités de calcul de l'assiette de la taxe
d'enlèvement des ordures ménagères. Comme chacun le sait, il existe deux
modalités de financement : la taxe et la redevance.
La redevance, par définition, est proportionnelle au service, mais elle pose
des problèmes d'administration et de recouvrement, notamment pour les communes
rurales, et elle suppose que l'on se dote d'un échelon administratif
approprié.
S'agissant de la taxe, son rattachement à l'assiette de la taxe foncière
engendre en effet des difficultés ou des iniquités. Dans les propositions
faites par M. Michel Charasse, la séparation entre locaux habités et ceux qui
ne le sont pas est une nécessité ; cela semble tomber sous le sens. Sur cet
aspect, nous voudrions, madame le secrétaire d'Etat, que vous puissiez nous
donner des assurances.
Par ailleurs, il paraît intéressant d'asseoir la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères sur le nombre d'habitants des immeubles assujettis, car on a tendance
à considérer que plus le nombre d'habitants est élevé plus le volume de déchets
est important. Ce faisant, on se rapproche plutôt d'une logique de redevance
que d'une logique de taxe.
Vous avez raison de dire que des simulations sont nécessaires. En effet, il va
falloir voir en grandeur réelle comment le dispositif s'applique dans des
communes qui feront l'objet de ces simulations. Il faut bien avoir présent à
l'esprit que ce dispositif sera favorable aux personnes âgées vivant seules
dans une grande maison et défavorable aux familles nombreuses occupant une
petit appartement. Je ne sais pas si cette disposition vous paraîtra toujours
aussi sociale lorsque vous disposerez des résultats des simulations.
En résumé, madame le secrétaire d'Etat, que pouvez-vous nous dire sur la
séparation des locaux habités et des locaux non habités ? Que pouvez-vous nous
dire sur les simulations portant sur la possibilité de mise en oeuvre de
l'hypothèse envisagée par M. Charasse ? S'agissant de l'ensemble du dispositif
et de la nécessité de procéder à un réexamen des bases de la taxe d'enlèvement
des ordures ménagères, pouvez-vous nous assurer de la bonne volonté du
Gouvernement de travailler, le cas échéant avec le Sénat, pour aboutir à des
textes plus satisfaisants ?
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement a pour objet de modifier les modalités
de calcul de l'assiette de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, qui
constitue, avec la redevance et la subvention directe du budget de la commune,
l'une des trois possibilités dont dispose une collectivité locale pour financer
ce service.
Nous connaissons tous les critiques qui sont faites à la taxe d'enlèvement des
ordures ménagères, qui est assise sur le revenu servant la base au calcul de la
taxe foncière sur les propriétés bâties. Ces critiques sont les suivantes : le
poids croissant dû aux investissements qui sont réalisés par les collectivités
locales pour la collecte et le traitement des déchets, l'imposition de locaux
non productifs de déchets, l'absence d'adéquation entre la taxe payée par
chaque contribuable et le service qui lui est rendu, encore que, sur ce point,
la taxe ne soit pas, contrairement à la redevance, directement liée à
l'importance du service rendu.
Comme le démontrent amplement les amendements qui ont été déposés lors de la
présente session, en particulier par M. Miquel, le développement rapide de
l'intercommunalité qui est souhaité par le Gouvernement pose aussi, j'en suis
bien consciente, des problèmes de répartition des compétences et des produits
entre les communes et les groupements malgré l'effort de rationalisation qui a
été entrepris dans le cadre de la loi de juillet 1999.
Tout cela nous interpelle et votre amendement, monsieur le sénateur, permet
d'amorcer une réflexion sur les problèmes soulevés par cette taxe. Si je vous
comprends bien, il s'agirait donc de moduler le montant de la taxe d'enlèvement
des ordures ménagères en fonction du nombre d'habitants des locaux imposables.
L'idée est empreinte de bon sens, c'est le moins que l'on puisse dire.
Cependant, le mécanisme que vous avez envisagé conduit à s'interroger sur un
certain nombre de points.
D'abord, tel qu'il est rédigé, l'amendement conduirait donc à diviser le
revenu servant de base à la taxe foncière de chaque local par le nombre
d'habitants de la collectivité, et donc à obtenir une base d'imposition faible.
Si la collectivité est très peuplée, l'assiette de la taxe sera déterminée à
partir d'un montant inférieur à un franc et comportant de nombreux chiffres
après la virgule. Converti en euros, les chiffres après la virgule seront
encore plus nombreux.
Si, en revanche, vous souhaitez déterminer une base moyenne communale par
habitant...
M. Michel Charasse.
Ou intercommunale !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
En effet !
Si vous souhaitez déterminer, disais-je, une base moyenne au sein d'un
intercommunalité qui serait multipliée par le nombre d'habitants du local
imposable, cette proposition pénaliserait les familles avec des enfants
occupant des locaux modestes. Nous devons y être attentifs. C'est, je le sais,
un point qui retient toute votre attention.
Il faudrait ensuite définir le nombre d'habitants de la collectivité. On peut,
pour cela, se référer au dernier recensement. Il faudrait aussi définir le
nombre d'habitants de la propriété imposée, en se référant, par exemple, à la
notion de foyer fiscal en matière d'impôt sur le revenu.
Enfin, on ne voit pas très bien comment votre proposition s'appliquerait à la
taxe due par les propriétaires de locaux à usage industriel ou commercial.
Aussi, je considère votre amendement comme un amendement d'appel
(M. Michel
Moreigne opine)
qui soulève une très bonne question. Cependant, le
dispositif qu'il prévoit présente encore quelques faiblesses sur le plan
technique.
(M. Michel Charasse fait un signe d'assentiment.)
Au fond,
peu importe, puisque la réflexion est lancée.
Comme je le disais en introduction de mon propos, cette réflexion me paraît
devoir être élargie au fonctionnement de la taxe dans le cadre de
l'intercommunalité. Dans ce contexte, vous proposez de procéder à des
évaluations qui conduiraient à l'établissement d'un rapport. Pour ma part, je
suggère que nous constituions un groupe de travail associant des représentants
du ministère des finances, du ministère de l'intérieur et des membres du comité
des finances locales, autour d'un thème qui pourrait être « l'adaptation de la
taxe et de la redevance d'enlèvement des ordures ménagères au financement du
service rendu et à l'évolution des structures intercommunales ».
Plutôt qu'un rapport qui risquerait de ne pas être conclusif, nous pourrions,
dans le cadre de ce groupe de travail, progresser vers une solution, car c'est,
je crois, ce que vous attendez tous, quelles que soient les travées sur
lesquelles vous siégez dans cet hémicycle.
Compte tenu de cette suggestion, dont vous pourriez accepter le principe, je
vous demande, monsieur Charasse, de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président.
Monsieur Charasse, accédez-vous à la demande de Mme le secrétaire d'Etat ?
M. Michel Charasse.
Oui, monsieur le président, je retire mon amendement.
M. le président.
L'amendement n° 61 est retiré.
En conséquence, le sous-amendement n° 83 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 65, M. Angels et les membres du groupe socialiste et
apparentés propose d'insérer, après l'article 33, un article additionnel ainsi
rédigé :
« I. - L'article L. 5334-7 du code général des collectivités territoriales est
ainsi complété :
« 1) Après la référence : "1472 A", la fin du premier alinéa et du dernier
alinéa est ainsi rédigée : ", 1472 A
bis
du code général des impôts et
au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999" ;
« 2) Dans le dernier alinéa du 1°, avant les mots : "égal à 70 %", sont
insérés les mots : "au moins" ;
« 3) Après le dernier alinéa du 1° sont insérés deux alinéas ainsi rédigés
:
« Le conseil d'agglomération ou le comité syndical peut, à la majorité des
trois quarts de ses membres, décider d'abonder ce prélèvement.
« Cette disposition n'est pas applicable lorsque la communauté ou le syndicat
d'agglomération nouvelle bénéficie, ou a bénéficié, depuis moins de cinq
années, d'avances remboursables accordées par l'Etat afin d'équilibrer son
budget de fonctionnement. »
« II. - L'article L. 5334-8 du code général des collectivités territoriales
est ainsi complété :
« 1) Le troisième alinéa est complété par les mots : "sous réserve des
dispositions prévues à l'article L. 5334-8-1" ;
« 2) Le premier alinéa du 3° est complété par les mots : "sous réserve des
dispositions prévues à l'article L. 5334-8-2" ;
« III. - Après l'article L. 5334-8 du code général des collectivités
territoriales, sont insérés deux articles ainsi rédigés :
«
Art. L. 5334-8-1. -
Le conseil d'agglomération ou le comité syndical
peut, à la majorité des trois quarts de ses membres, décider de majorer
l'attribution de péréquation mentionnée au 3° de l'article L. 5334-8. Dans ce
cas, l'ordre de priorité des attributions prévues aux 2° et 3° de l'article L.
5334-8 est inversé.
«
Art. L. 5334-8-2. -
Le conseil d'agglomération ou le comité syndical
peut, à la majorité des trois quarts de ses membres, modifier ou compléter les
critères prévus pour l'attribution de péréquation mentionnée au 3° de l'article
L. 5334-8, ainsi que leur pondération, afin de renforcer le caractère
péréquateur de cette attribution. »
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels.
Cet amendement vise à répondre à un problème auquel sont confrontés les
syndicats d'agglomération nouvelle qui présentent la double caractéristique
d'une augmentation de leur population et d'un affaiblissement, voire d'un
recul, du produit de leur taxe professionnelle. Il nous semble, madame la
secrétaire d'Etat, que cette difficulté pourrait être surmontée par la mise en
place d'un dispositif à travers lequel la péréquation serait plus marquée que
ne le prévoient les dispositions législatives actuelles. Il va de soi, bien
sûr, que ce dispositif ne saurait être appliqué sans l'assentiment des communes
membres du syndicat concerné.
L'amendement que nous présentons est le résultat d'une réflexion sur le
caractère sans doute trop contraignant des règles actuelles, qui ne sont pas
forcément adaptées à la spécificité de chaque collectivité.
D'ailleurs, les établissements publics de coopération intercommunale à taxe
professionnelle unique et, en particulier, les communautés d'agglomération
bénéficient d'une application sensiblement plus souple.
Nous proposons donc d'augmenter la part de la dotation de coopération qui est
réservée à la péréquation. Actuellement, la dotation de coopération comprend
trois attributions versées dans l'ordre de priorité suivant : attribution de
garantie de ressources, attribution pour accroissement de population,
attribution de péréquation.
Pour favoriser la péréquation, l'amendement prévoit donc d'aménager, dans le
sens d'un assouplissement, les critères servant à la répartition de
l'attribution de péréquation. Pour ce faire, il s'agit de permettre au conseil
d'agglomération ou au comité syndical d'accroître le pourcentage de taxe
professionnelle que le syndicat d'agglomération nouvelle veut injecter dans le
dispositif. Ainsi, le comité syndical pourrait, à la majorité des trois quarts
de ses membres, décider de majorer l'attribution de péréquation, inversant par
là même l'ordre de priorité des attributions que j'ai mentionné à l'instant.
Dans un souci de cohérence et de responsabilité, nous avons souhaité, vous le
comprendrez fort bien, limiter cette disposition aux syndicats n'ayant pas
bénéficié, au cours des cinq années précédentes, d'avances remboursables
accordées par l'Etat afin d'équilibrer leur budget de fonctionnement.
Nous connaissons, madame la secrétaire d'Etat, la volonté du Gouvernement de
donner aux structures intercommunales les moyens d'assurer leur développement,
et c'est dans ce sens que nous avons déposé l'amendement n° 65.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Tout cela est d'une clarté limpide, d'une simplicité
extrême et chacun, ici, aura bien compris tous les détails de ce dispositif.
(Sourires.)
Pour ma part, je pense qu'il doit répondre à des besoins concrets et bien
localisés, qu'il est puisé à bonne source, et, sur le plan technique, je n'ai
pas d'observation particulière à présenter, m'en remettant à l'avis du
Gouvernement.
M. Bernard Angels.
Merci, monsieur le rapporteur général.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. Michel Charasse.
Très bien !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 65.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le président, je m'interroge sur la portée des mesures prévues par
les amendements n°s 65 et 66 rectifié, que nous allons examiner dans un
instant.
En effet, une jurisprudence récente en matière de compensation de taxe
professionnelle, liée à un recours formulé devant le Conseil d'Etat par la
ville de Pantin, dans le département de la Seine-Saint-Denis, a modifié les
conditions d'appréciation de la dotation de compensation de la taxe
professionnelle.
Dans ce contexte, cette jurisprudence doit-elle être prise en compte dans le
cadre du calcul des potentiels de taxe professionnelle des communes adhérant
aux nouveaux EPCI ou des communautés d'agglomérations nouvelles ?
Je souhaiterais, madame la secrétaire d'Etat, que vous m'éclairiez sur ces
deux amendements et sur leur portée exacte par rapport à cette
jurisprudence.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 65, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 66 rectifié, M. Angels et les membres du groupe socialiste
et apparentés proposent d'insérer, après l'article 33, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Après l'article L. 5211-35 du code général des collectivités territoriales,
il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art. L. ... -
Par dérogation aux dispositions de l'article L. 2332-2,
avant le vote de son budget, l'établissement public de coopération
intercommunale nouvellement créé et soumis aux dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts perçoit des avances mensuelles, dès
le mois de janvier, dans la limite du douzième du montant des taxes et
impositions transférées, perçues par voie de rôle au titre de l'année
précédente pour le compte de ses communes membres et, le cas échéant, du ou des
établissements publics de coopération intercommunale avec ou sans fiscalité
propre préexistants.
« En contrepartie, les communes membres d'un établissement public de
coopération intercommunale soumis au régime fiscal de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts et les établissements publics de coopération
intercommunale préexistants ne perçoivent plus les douzièmes, à hauteur de ceux
versés au nouvel établissement public de coopération intercommunale au titre de
la taxe professionnelle transférée, mais bénéficient mensuellement de
l'attribution de compensation versée par celui-ci.
« La régularisation est effectuée dès que le montant des taxes, impositions et
attributions de compensation prévues au budget de l'année en cours est connu,
respectivement pour chaque collectivité et établissement public de coopération
intercommunale. »
La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Actuellement, aucun texte de loi ne prévoit le versement d'avances sur le
produit de la fiscalité locale au profit d'un établissement public de
coopération intercommunale nouvellement créé avant le vote de son budget.
L'amendement que nous proposons vise à verser à l'établissement public de
coopération intercommunale nouvellement créé les douzièmes de taxe
professionnelle perçus par les communes précédant sa création.
S'il existait, à l'intérieur du périmètre du nouvel EPCI, d'autres EPCI plus
anciens, ce sont les douzièmes perçus par ces derniers que recevrait le nouvel
établissement de coopération intercommunale, afin que celui-ci ne soit pas
privé de ressources et qu'il puisse ainsi fonctionner dès le mois de
janvier.
La mesure proposée vise donc à assurer une continuité entre les communes ou
d'anciens établissements de coopération intercommunale et les établissements
nouvellements créés soumis à la taxe professionnelle unique.
M. Michel Charasse.
Très bon amendement !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement tend à éviter la rupture du versement
des douzièmes de fiscalité lors de la création d'un établissement public de
coopération intercommunale à taxe professionnelle unique, en prévoyant que les
douzièmes perçus par les communes ou les groupements préexistants seront perçus
par le nouvel EPCI jusqu'au vote de son budget.
La commission est favorable à cette disposition si, et seulement si, elle est
de portée générale, car elle n'est pas favorable, au-delà de la limite
acceptable, à des articles sur mesure élaborés pour résoudre le problème d'une
ou de deux collectivités. C'est une question de principe de notre part !
Nous avons été extrêmement accommodants à l'égard d'un certain nombre de
propositions, que nous avons acceptées dans le cours du débat, mais nous ne
pouvons être favorables à l'amendement n° 66 rectifié en l'état.
La commission dépose donc un sous-amendement, monsieur le président, afin de
généraliser la portée de la disposition proposée : nous proposons, dans le
premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 66 rectifié pour l'article
L. 5211-35 du code général des collectivités locales, de supprimer les mots : «
et soumis aux dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général
des impôts ».
La commission souhaite que ce sous-amendement soit adopté par scrutin public
et, s'il est adopté, elle émettra alors un avis favorable sur l'amendement n°
66 rectifié.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 84, présenté par M. Marini, au nom
de la commission, et tendant, dans le premier alinéa du texte proposé par
l'amendement n° 66 rectifié pour l'article L. 5211-35 du code général des
collectivités territoriales, à supprimer les mots : « et soumis aux
dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts ».
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 66 rectifié et sur le
sous-amendement n° 84 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 66
rectifié, mais défavorable au retour à l'amendement n° 66 original qui
résulterait de l'adoption du sous-amendement n° 84. Il s'agit non pas de
morale, mais de pratique : en l'occurrence, le mieux risque d'être l'ennemi du
bien.
La raison pour laquelle l'amendement n° 66 rectifié nous paraît préférable est
qu'il est ciblé sur les EPCI à taxe professionnelle unique, pour lesquels
l'établissement se substitue entièrement aux communes. Dans ce cas, le calcul
par douzième est à la fois simple et rapide, ce qui n'est pas le cas, aux moins
pour 2001, pour les autres EPCI à fiscalité additionnelle.
Le dispositif de l'amendement n° 66 rectifié, s'il était modifié par le
sous-amendement n° 84, ne pourrait pas être appliqué, pour des raisons
pratiques : n'oublions pas que les premiers versements doivent intervenir au
début du mois de janvier 2001, c'est-à-dire dans peu de jours !
A l'inverse, pour 2002 - et je m'y engage - cette facilité pourrait être
ouverte à l'ensemble des EPCI, qu'ils soient soumis au régime de la taxe
professionnelle unique ou à celui de la fiscalité additionnelle.
Compte tenu des explications que je viens de fournir, monsieur le rapporteur
général, je souhaiterais que vous puissiez retirer votre sous-amendement n°
84.
M. Michel Charasse.
Bien sûr !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Monsieur le président, je répète que la commission a
l'esprit très ouvert vis-à-vis de toutes les adaptations qui pourraient être
reconnues nécessaires par les uns ou par les autres.
Toutefois, si le sous-amendement de la commission n'était pas adopté, alors
seule une partie des EPCI serait concernée par notre vote, qui serait donc un
vote de convenance, ce que je ne peux pas accepter.
Dans certains cas, madame le secrétaire d'Etat, par exemple en cas de
dissolution puis de recréation d'un EPCI à fiscalité additionnelle, si l'on
vote l'amendement n° 66 rectifié sans le sous-amendement n° 84, il y aura
rupture de trésorerie. Nous allons donc résoudre un cas particulier mais créer
des difficultés dans un certain nombre d'autres EPCI.
Très sincèrement, nous serions prêts à aller dans le sens que souhaitent les
auteurs de l'amendement n° 66 rectifié pour contribuer à résoudre des problèmes
de trésorerie dans un certain nombre d'endroits, mais à condition que la mesure
soit de portée suffisamment générale.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je souhaite simplement rappeler
au Sénat que la commission mixte paritaire qui doit examiner le projet de loi
actuellement en discussion doit se réunir à dix-neuf heures. Afin que
l'ensemble des textes qui doivent être examinés avant la fin de la session
puissent l'être dans de bonnes conditions, nous avons tous intérêt, autant que
possible, à nous en tenir à la plus grande concision.
S'agissant de l'amendement n° 66 rectifié, la commission des finances souhaite
satisfaire les préoccupations qui ont été exprimées et auxquelles M. le
rapporteur général a répondu, mais, si le sous-amendement n° 84 venait à être
repoussé, alors nous serions contraints à un scrutin public sur l'amendement n°
66 rectifié, ce qui n'irait pas dans le sens de la rapidité de nos travaux.
En tout état de cause, puisqu'il reste une quinzaine d'amendements à examiner,
à l'allure à laquelle nous allons, nous allons être obligés de reporter la
réunion de la commission mixte paritaire. Mais je ne voudrais pas que le
Gouvernement ou le Sénat nous reprochent ensuite de retarder nos travaux !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Sans vouloir allonger nos débats, je voudrais faire
une proposition que j'espère être de compromis et qui devrait nous permettre
d'éviter un scrutin public, répondant ainsi au souhait de M. Lambert.
Je veux bien aller dans le sens souhaité par M. le rapporteur général, mais à
une condition : la mesure doit être applicable au 1er janvier 2002 ; en effet,
comme je l'ai indiqué précédemment, nous ne pourrions pas mettre en oeuvre
cette disposition dès le 1er janvier 2001.
Encore une fois, qu'il n'y ait pas méprise sur la position du Gouvernement :
il s'agit non pas d'une disposition sur mesure, mais d'une disposition à
caractère général, et l'obstacle qui s'oppose à son application immédiate est
de nature technique et matérielle. Les lois qui sont votées dans cette
assemblée doivent, pour être effectives et entrer en vigueur, être applicables
matériellement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Madame le secrétaire d'Etat, j'accepte tout à fait de
rectifier mon sous-amendement dans le sens que vous souhaitez.
Peut-être devrions-nous interrompre nos travaux quelques instants, monsieur le
président, pour que nous puissions nous mettre d'accord sur une rédaction
commune ?
M. Jacques Chaumont.
Il n'y a qu'à remplacer 2001 par 2002 !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Non ! Il faut que le texte que nous allons adopter
soit écrit en français pour pouvoir, ensuite, être appliqué. C'est notre
intérêt à tous !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Peut-être M. Demerliat pourrait-il rédiger ainsi le
premier paragraphe de l'article additionnel qu'il est proposé d'insérer après
l'article L. 5211-13 du code général des collectivités territoriales : « Par
dérogation aux dispositions de l'article L. 2332-2, avant le vote de son
budget, l'établissement public de coopération intercommunale nouvellement créé
et, à compter du 1er janvier 2002, pour ceux soumis...
(Le reste sans
changement.) »
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, acceptez-vous la suggestion de Mme le
secrétaire d'Etat ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Si M. Demerliat acceptait de rectifier son amendement
en ce sens, je retirerais alors mon sous-amendement n° 84.
M. le président.
Monsieur Demerliat, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens
souhaité par Mme le secrétaire d'Etat ?
M. Jean-Pierre Demerliat.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 66 rectifié
bis,
présenté par M.
Angels et les membres du groupe socialiste et apparentés et tendant à insérer,
après l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 5211-35 du code général des collectivités territoriales,
il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art. L. ...
- Par dérogation aux dispositions de l'article L. 2332-2,
avant le vote de son budget, l'établissement public de coopération
intercommunale nouvellement créé et, à compter du 1er janvier 2002, pour ceux
soumis aux dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général des
impôts, perçoit des avances mensuelles dès le mois de janvier, dans la limite
du douzième du montant des taxes et impositions transférées, perçues par voie
de rôle au titre de l'année précédente pour le compte de ses communes membres
et, le cas échéant, du ou des établissements publics de coopération
intercommunale avec ou sans fiscalité propre préexistants.
« En contrepartie, les communes membres d'un établissement public de
coopération intercommunale soumis au régime fiscal de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts et les établissements publics de coopération
intercommunale préexistants ne perçoivent plus les douzièmes, à hauteur de ceux
versés au nouvel établissement public de coopération intercommunale au titre de
la taxe professionnelle transférée, mais bénéficient mensuellement de
l'attribution de compensation versée par celui-ci.
« La régularisation est effectuée dès que le montant des taxes, impositions et
attributions de compensation prévues au budget de l'année en cours est connu,
respectivement pour chaque collectivité et établissement public de coopération
intercommunale. »
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable, ce qui me permet de retirer le
sous-amendement n° 84.
M. le président.
Le sous-amendement n° 84 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66 rectifié
bis,
accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 67, MM. Moreigne et Charasse proposent d'insérer, après
l'article 33, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les comptes des groupements d'intérêt public de développement local
mentionnés à l'article 25 de la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 d'orientation
pour l'aménagement et le développement durable du territoire sont gérés par un
comptable public désigné par arrêté du ministre chargé du budget. »
La parole est à M. Moreigne.
M. Michel Moreigne.
Pour répondre au voeu de M. Lambert, je serai bref : cet amendement se
justifie par son texte même.
Qu'il me soit simplement permis d'ajouter que, s'il était adopté, nous
établirions alors une symétrie de traitement avec les syndicats mixtes, autre
moyen de gestion des pays, ce qui ne pourrait que conforter certaines
trésoreries rurales.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission souhaiterait entendre le
Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Sur ce point, je n'ai pas d'opposition de fond. La loi
du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du
territoire prévoit déjà que les groupements d'intérêt public de développement
local sont gérés par un comptable public.
Par conséquent, la proposition de M. Moreigne me paraît plus redondante que
nécessaire. Mais je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission s'en remet, elle aussi, à la sagesse du
Sénat.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 67, pour lequel la commission et le
Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Par amendement n° 80, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 33,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le huitième alinéa de l'article L. 2334-4 du code général des
collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les communes membres d'un établissement public de coopération
intercommunale faisant application du régime fiscal prévu à l'article 1609
nonies
C du code général des impôts, issu de la transformation d'un
syndicat ou d'une communauté d'agglomération nouvelle et qui faisaient
antérieurement partie de ce syndicat ou de cette communauté, il est ajouté à
leurs bases de taxe professionnelle calculées selon les modalités prévues à
l'article L. 5334-16 du code général des collectivités territoriales l'année
précédant la transformation, une quote-part, déterminée au prorata de leur
population, de l'augmentation ou de la diminution totale des bases de taxe
professionnelle de l'ensemble des communes membres de l'ancien SAN par rapport
à l'année précédente. »
« II. - En conséquence, le septième alinéa du même article est complété par
les mots : « , sous réserve des dispositions du neuvième alinéa du présent
article ; ».
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Les règles de calcul du potentiel fiscal spécifiques
aux syndicats d'agglomération nouvelle, les SAN, rendent actuellement difficile
la transformation de ces syndicats en établissement public de coopération
intercommunale, ou EPCI, de droit commun. En effet, les bases de taxe
professionnelle des communes membres des syndicats d'agglomération nouvelle
sont calculées de façon spécifique par rapport à celles des autres communes
membres d'un EPCI à taxe professionnelle unique. Dès lors, lorsque le SAN se
transforme en communauté d'agglomération, le potentiel fiscal des communes
membres revient dans le droit commun, ce qui peut induire des variations très
importantes de potentiel fiscal et donc rendre plus difficile la sortie du
régime spécifique des SAN.
L'amendement n° 80 vise à prévoir un mode de calcul spécifique du potentiel
fiscal des communes membres de SAN lorsque ceux-ci décident de se transformer.
Ainsi, au lieu de calculer au moment de la transformation le potentiel fiscal à
partir des bases réelles, les bases de taxe professionnelle calculées l'année
précédente selon les règles en vigueur aujourd'hui dans les syndicats seront
consolidées. Par la suite, l'évolution des bases se fera évidemment selon les
règles de droit commun.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Sur le fond, la commission est d'accord. Sur la
méthode, elle considère que les choses auraient pu mieux se passer.
En effet, l'éventualité de la transformation du syndicat d'agglomération
nouvelle d'Evry ne fait pas de doute depuis un certain nombre de mois puisque
l'achèvement des opérations de construction est dûment constaté.
Or, nous voyons les conséquences fiscales de cette transformation s'opérer à
trois niveaux : un amendement gouvernemental au projet de loi de finances pour
2001 relatif au versement transport, un amendement sur le même sujet dans le
collectif budgétaire et, aujourd'hui, cet amendement sur le potentiel fiscal
des communes membres d'un syndicat d'agglomération nouvelle qui se
transforme.
Avouez, madame le secrétaire d'Etat, qu'on aurait pu faire plus élégant, plus
simple et plus bref. La procédure pose un problème de lisibilité dans la
politique du Gouvernement et de bonne accessibilité des textes.
Mais, sur le fond, le dispositif est raisonnable, et la commission émet donc
un avis favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 80, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 33.
Articles 34 et 35