SEANCE DU 29 NOVEMBRE 2000


M. le président. « Art. 19 bis . - Les personnes âgées de soixante-dix ans au 1er janvier de l'année d'exigibilité de la redevance pour droit d'usage d'un appareil récepteur de télévision, non imposées à l'impôt sur le revenu au titre de l'avant-dernière année précédant l'année d'exigibilité ni passibles de l'impôt de solidarité sur la fortune, sont exonérées de la redevance applicable aux appareils récepteurs de télévision de première catégorie. »
Par amendement n° I-47, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement devrait pouvoir être apprécié de manière positive par mon collègue rapporteur général de l'Assemblée nationale, qui avait défendu - de façon d'ailleurs assez convaincante, à mon avis - la suppression de la redevance pour droit d'usage d'un appareil de télévision.
Cet amendement vise en effet à supprimer l'article 19 bis , introduit au Palais-Bourbon sur l'initiative du rapporteur général et tendant à exonérer de redevance pour droit d'usage d'un appareil de télévision les personnes âgées de soixante-dix ans et plus non imposables au titre de l'impôt sur le revenu.
La commission considère que cette disposition est de nature plutôt réglementaire, même si l'intervention de la loi dans le régime de l'assiette d'une taxe parafiscale peut aussi se concevoir. Toutefois, le rapporteur général de l'Assemblée nationale s'étant très avancé sur ce sujet, il fallait probablement lui donner satisfaction de façon quelque peu optique. Ce qui est sûr, c'est que l'on n'a pas besoin de la loi pour le faire. On le fait, pourtant en recourant à la voie législative et ainsi on paraît aller dans le sens de l'argumentation développée par le rapporteur général de la commission des finances de l'Assemblée nationale.
A notre avis, plutôt que de procéder à un replâtrage plus ou moins opportuniste sur des bases d'autant plus contestables qu'elles aboutissent à créer de nouvelles discriminations, en particulier des discriminations fondées sur l'âge, il semblerait préférable de revoir globalement l'assiette de la redevance et son mode de recouvrement, voire de s'interroger sur son existence.
N'oublions pas, mes chers collègues, que cette disposition - dont le coût est vraisemblablement de l'ordre de 500 millions de francs - vient s'ajouter à des réductions d'assiette et à des remises de la redevance dont le montant total est supérieur à 2 milliards de francs !
Compte tenu du coût de recouvrement de la redevance et de l'empilement des régimes successifs ainsi que des réductions d'assiette, des remises et des dégrèvements, le temps ne serait-il pas venu d'engager une réflexion globale et fondamentale sur la redevance ?
Madame le secrétaire d'Etat, c'est peut-être une piste, et, de notre point de vue, elle aurait été au moins aussi bonne que celle de la suppression de la vignette, cette vignette dont nous avons beaucoup parlé au cours de la discussion de la première partie du projet de loi de finances.
Sur le plan de la visibilité et sur celui de la justice sociale, la suppression de la redevance aurait sans doute heureusement soutenu la comparaison.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En l'occurrence, il s'agit bien de la redevance, et non de la vignette. Puisque nous avons eu un débat sur la redevance quand nous avons parlé de la vignette, je ne voudrais pas que, au moment où nous sommes amenés à évoquer la redevance, nous parlions à nouveau de la vignette. (Sourires.)
J'aimerais convaincre la Haute Assemblée du bien-fondé de cet article 19 bis .
Sur le plan juridique, la redevance est en effet une taxe parafiscale, et une modification de son assiette relève donc, en principe, je vous en donne acte, monsieur le rapporteur général, du domaine réglementaire.
En l'occurrence, il paraît cependant légitime que cette décision soit prise par la représentation nationale, compte tenu de l'ampleur de la mesure, qui permettra d'exonérer de redevance environ un million de personnes et qui coûtera à l'Etat 550 millions de francs, coût qui sera compensé aux sociétés audiovisuelles puisque l'Assemblée nationale a adopté, lors de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 2001, un amendement allant en ce sens.
Sur le fond, il s'agit d'une mesure importante, car elle permettra d'aider des personnes en situation difficile. Vous le savez, la redevance représente pour celles-ci une lourde charge et la télévision joue un grand rôle dans leur vie.
Pour ces raisons, je souhaite que vous retiriez cet l'amendement, monsieur le rapporteur général.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-47, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 19 bis est supprimé.

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