SOMMAIRE
présidence de m. yves guéna
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Loi de finances pour 1997.
- Suite de la discussion d'un projet de loi (p.
1
).
Article 68 (suite) (p. 2 )
Amendements identiques n°s II-85 de M. Girault, II-148 de Mme Beaudeau et II-166 de M. Régnault ; amendements n°s II-149 de Mme Beaudeau, II-197 de la commission, II-167 et II-168 de M. Régnault. - Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Alain Lambert, rapporteur général dela commission des finances ; René Régnault, Alain Lamassoure, ministre délégué au budget ; Jean-Marie Girault, Ivan Renar. - Retrait des amendements n°s II-85, II-148 et II-166 ; rejet de l'amendement n° II-149 ; adoption de l'amendement n° II-197 rédigeant l'article, les amendements n°s II-167 et II-168 devenant sans objet.
Articles additionnels après l'article 68 (p. 3 )
Amendement n° II-116 de M. Camoin. - MM. Camoin, le rapporteur général, le
ministre délégué - Retrait.
Amendement n° II-190 rectifié
bis
de M. Arnaud. - MM. Egu, le rapporteur
général, le ministre délégué. - Retrait.
Article 68
bis
. - Adoption (p.
4
)
Article additionnel après l'article 68
bis
(p.
5
)
Amendement n° II-101 de M. Oudin. - MM. Oudin, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait.
Article 69. - Adoption (p.
6
)
Article 70 (p.
7
)
Amendement n° II-198 de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre
délégué. - Adoption.
Amendements n°s II-33 rectifié de M. Trégouët, II-83 de M. Grignon, II-199
rectifié de la commission ; amendements identiques n°s II-34 rectifié de M.
Trégouët et II-84 de M. Grignon. - MM. Trégouët, Grignon, le rapporteur
général, le ministre délégué, Laffitte. - Retrait des amendements n°s II-34
rectifié, II-84, II-33 rectifié et II-83 ; adoption de l'amendement n° II-199
rectifié.
Amendement n° II-200 de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre
délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 71 (p. 8 )
Amendement n° II-215 de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre
délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 71 (p. 9 )
Amendement n° II-3 rectifié
bis
de Mme Heinis. - Mme Heinis, MM. le
rapporteur général, le ministre délégué. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Amendement n° II-207 de M. Machet. - MM. Machet, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Article 71 bis (p. 10 )
Amendements n°s II-150 de Mme Beaudeau et II-201 de la commission. - Mme
Beaudeau, MM. le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet de
l'amendement n° II-150 ; retrait de l'amendement n° II-201.
Adoption de l'article.
Article additionnel après l'article 71 bis (p. 11 )
Amendement n° II-216 de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre délégué, Régnault, Mme Beaudeau. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 72 (p. 12 )
Amendements n°s II-169 de M. Masseret, II-222 du Gouvernement, II-208, II-209
de M. Machet et II-28 de M. François. - MM. Régnault, le ministre délégué,
Machet, François, le rapporteur général. - Retrait des amendements n°s II-208,
II-209 et II-28 ; rejet, par scrutin public, de l'amendement n° II-169 ;
adoption de l'amendement n° II-222.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 72 (p. 13 )
Amendements n°s II-104 à II-106 rectifié de M. François. - MM. François, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait des trois amendements.
Article 73 (p. 14 )
Amendement n° II-170 de M. Masseret. - MM. Massion, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Adoption de l'article.
Article 74 (p. 15 )
Amendement n° II-107 de M. François. - MM. François, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Adoption.
Amendement n° II-29 de M. François. - MM. François, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Amendement n° II-30 rectifié de M. François ; amendements identiques n°s II-202
de la commission et II-108 rectifié de M. César. - MM. François, le rapporteur
général, César, le ministre délégué. - Retrait des amendements n°s II-30
rectifié et II-108 rectifié ; adoption de l'amendement n° II-202.
Adoption de l'article modifié.
Article 74 bis (p. 16 )
Amendements n°s II-109 et II-110 rectifié de M. César. - MM. César, le
rapporteur général, le ministre délégué. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 74 bis (p. 17 )
Amendements n°s II-112 rectifié ter, II-111, II-31 et II-32 de M. François. - MM. François, le rapporteur général, le ministre délégué, César. - Adoption de l'amendement n° II-112 rectifié ter insérant un article additionnel ; retrait des amendements n°s II-111, II-31 et II-32.
Articles additionnels avant l'article 75 (p. 18 )
Amendement n° II-171 de M. Masseret. - MM. Massion, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Amendement n° II-172 de M. Masseret. - Mme Bergé-Lavigne, MM. le rapporteur
général, le ministre délégué. - Rejet.
Article 75 (p. 19 )
M. René Régnault.
Adoption de l'article.
Articles 76 et 77. - Adoption (p.
20
)
Article 78 (p.
21
)
Amendement n° II-203 de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre
délégué, Régnault. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 79. - Adoption (p.
22
)
Articles additionnels avant l'article 80 (p.
23
)
Amendements n°s II-186 rectifié de M. Peyronnet et II-204 de la commission. - MM. Courrière, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait de l'amendement n° II-186 rectifié ; adoption de l'amendement n° II-204 insérant un article additionnel.
Article 80 (p. 24 )
Amendement n° II-205 rectifié bis de la commission. - MM. le rapporteur général, le ministre délégué, Lachenaud. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article additionnel après l'article 80 (p. 25 )
Amendement n° II-152 de M. Loridant. - MM. Loridant, le rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.
Article 81 (p. 26 )
Amendement n° II-173 de M. Régnault. - MM. Régnault, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Rejet.
Adoption de l'article.
Articles additionnels après l'article 81 (p. 27 )
Amendements n°s II-151 rectifié de Mme Beaudeau, II-178 de M. Régnault et
II-206 de la commission. - Mme Beaudeau, MM. Régnault, le rapporteur général,
le ministre délégué, Christian Poncelet, président de la commission des
finances. - Rejet de l'amendement n° II-151 rectifié ; retrait de l'amendement
n° II-178 ; adoption de l'amendement n° II-206 insérant un article
additionnel.
Amendement n° II-179 de M. Richard. - MM. Richard, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Amendement n° II-180 de M. Régnault. - MM. Régnault, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Amendements identiques n°s II-91 de M. Girault et II-174 de M. Régnault. - MM.
Girault, Régnault, le rapporteur général, le ministre délégué, Richard. -
Retrait des deux amendements.
Amendements identiques n°s II-90 de M. Girault et II-175 de M. Régnault. - MM.
Girault, Régnault, le rapporteur général, le ministre délégué. - Retrait des
deux amendements.
Amendements n°s II-87 à II-89 de M. Girault. - MM. Girault, le rapporteur
général, le ministre délégué. - Retrait des trois amendements.
Suspension et reprise de la séance (p. 28 )
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
3.
Hommage solennel à Alain Poher, ancien président du Sénat
(p.
29
).
MM. le président, Alain Juppé, Premier ministre.
Suspension et reprise de la séance (p. 30 )
PRÉSIDENCE DE M. YVES GUÉNA
4.
Conférence des présidents
(p.
31
).
5.
Loi de finances pour 1997.
- Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi (p.
32
).
M. le président.
Articles additionnels après l'article 81 (suite) (p. 33 )
Amendements n°s II-94 rectifié et II-95 de M. Girod. - MM. Paul Girod, Alain
Lambert, rapporteur général de la commission des finances ; Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances ; Jean-Marie Girault, René Régnault. -
Retrait de l'amendement n° II-95 ; adoption de l'amendement n° II-94 rectifié
insérant un article additionnel.
Amendements n°s II-96 et II-97 rectifié
bis
de M. Girod. - M. Girod. -
Retrait des deux amendements.
Amendements identiques n°s II-93 de M. Girault, II-183 de M. Bialski et II-92
de M. Girault, II-184 de M. Bialski. - MM. Girault, Régnault, le rapporteur
général, le ministre. - Retrait des quatre amendements.
Amendement n° II-99 de M. Revet. - MM. Revet, le rapporteur général, Alain
Lamassourre, ministre délégué au budget ; Girod, Lachenaud, Delaneau. -
Rejet.
Amendement n° II-177 de M. Régnault. - M. Régnault. - Retrait.
Amendement n° II-176 de M. Régnault. - MM. Régnault, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Retrait.
Amendement n° II-182 de M. Courteau. - MM. Courteau, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Rejet.
Amendement n° II-189 rectifié de M. Badré. - MM. Badré, le rapporteur général,
le ministre délégué, Richard, Lachenaud, Marini. - Adoption de l'amendement
insérant un article additionnel.
Amendement n° II-86 de M. Girault. - MM. Girault, Girod. - Retrait de
l'amendement, repris par M. Girod ; retrait de l'amendement n° II-86
rectifié.
M. le ministre délégué.
Amendement n° II-155 de Mme Beaudeau. - MM. Pagès, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Rejet.
Amendement n° II-154 rectifié de Mme Beaudeau. - MM. Paul Loridant, le
rapporteur général, le ministre délégué. - Rejet.
Article 82 (p. 34 )
Amendement n° II-114 de M. Souplet. - MM. Souplet, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 82 (p. 35 )
Amendement n° II-100 de M. Larché. - MM. Hyest, le rapporteur général, le ministre délégué, Lachenaud. - Retrait.
Article 82
bis
. - Adoption (p.
36
)
Articles additionnels après l'article 82
bis
(p.
37
)
Amendement n° II-115 de M. Revet. - MM. Revet, le rapporteur général, le
ministre délégué. - Irrecevabilité.
Amendement n° II-185 de Mme Pourtaud. - Mme Pourtaud, MM. le rapporteur
général, le ministre délégué. - Irrecevabilité.
Mise au point au sujet d'un vote (p. 38 )
MM. Bernard Joly, le président.
Seconde délibération (p. 39 )
Demande de seconde délibération. - MM. le ministre délégué, Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
La seconde délibération est ordonnée.
Suspension et reprise de la séance (p. 40 )
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
Demande de vote unique sur l'ensemble de la seconde délibération. - M. le ministre délégué.
Article 35 (p. 41 )
Amendements n°s B-1 à B-28 du Gouvernement.
Article 36 (p. 42 )
Amendements n°s B-29 à B-44 du Gouvernement.
Article 38 (p. 43 )
Amendement n° B-45 du Gouvernement.
Article 81 quater (p. 44 )
Amendement n° B-47 du Gouvernement.
Article 33 (coordination) (p. 45 )
Amendement n° B-46 du Gouvernement.
MM. le rapporteur, Neuwirth, Huriet, Hamel, Richard.
Adoption, par un vote unique, de l'ensemble de la seconde délibération.
MM. le président, le président de la commision.
Suspension et reprise de la séance (p. 46 )
M. le président.
Vote sur l'ensemble (p. 47 )
MM. le rapporteur général, le président de la commission, Maurice Blin, Gérard
Larcher, René Régnault, Ivan Renar, Guy Cabanel, Jacques Habert, Henri de
Raincourt, Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances.
Adoption, par scrutin public à la tribune, du projet de loi de finances.
6.
Nomination de membres d'une commission mixte paritaire
(p.
48
).
7.
Communication de l'adoption définitive d'une proposition d'acte
communautaire
(p.
49
).
8.
Dépôt de rapports
(p.
50
).
9.
Dépôt d'un rapport d'information
(p.
51
).
10.
Ordre du jour
(p.
52
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. YVES GUÉNA
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à neuf heures trente.)1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
LOI DE FINANCES POUR 1997
Suite de la discussion d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances
pour 1997, adopté par l'Assemblée nationale. [N°s 85 et 86 (1996-1997).]
Je rappelle que le Sénat a commencé hier l'examen de l'article 68.
2. Mesures en faveur des entreprises
Article 68
(suite)
M. le président. -
« Art. 68. _ I. _ Le IV de l'article 1636 B
septies
du code général des
impôts est ainsi rédigé :
« IV. _ Le taux de la taxe professionnelle voté par une commune ne peut
excéder 1,9 fois le taux moyen de cette taxe constaté en 1996 au niveau
national pour l'ensemble des communes.
« Les communes dont le taux dépasse le plafond visé au premier alinéa ne
peuvent plus augmenter ce taux. »
« II. _ L'article 1636 B
septies
du code général des impôts est
complété par un VI ainsi rédigé :
« VI. _ Le taux de la taxe professionnelle voté par un département ou une
région ne peut excéder 1,9 fois le taux moyen de cette taxe constaté en 1996 au
niveau national de l'ensemble des collectivités de même nature. »
Sur cet article, je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet
d'une discussion commune.
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° II-85 est présenté par MM. Girault, Dufaut, Lombard, Souvet,
Rausch et Quilliot.
L'amendement n° II-148 est déposé par Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres
du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° II-166 est présenté par M. Régnault et les membres du groupe
socialiste et apparentés.
Tous trois tendent à supprimer l'article.
Par amendement n° II-149, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit l'article 68
:
« I. - Dans le paragraphe I de l'article 1636 B
septies
du code général
des impôts, les mots : "deux fois et demie" sont remplacés par les
mots : "deux fois".
« II. - Dans le paragraphe IV du même article, les mots : "deux
fois" sont remplacés par les mots : "deux fois et demie". »
Par amendement n° II-197, M. Lambert, au nom de la commission, propose de
rédiger comme suit l'article 68 :
« L'article 1636 B
septies
du code général des impôts est complété par
un VI rédigé :
« VI. - Le taux de la taxe professionnelle voté par un département ou une
région ne peut excéder deux fois le taux moyen de cette taxe constaté l'année
précédente au niveau national pour l'ensemble des collectivités de même nature.
»
Par amendement n° II-167, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés propose de supprimer le paragraphe I de l'article 68.
Par amendement n° II-168, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent, dans le texte présenté par le II de l'article 68 pour le
VI de l'article 1636 B
septies
du code général des impôts, de remplacer
les mots : « 1,9 fois » par les mots : « deux fois ».
Je rappelle que les trois premiers amendements ont déjà été présentés hier par
leurs auteurs.
La parole est maintenant à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n°
II-149.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cet
amendement se situe dans le droit-fil de notre amendement de suppression de
l'article.
Les règles de plafonnement des impôts locaux traduisent une inégalité de
traitement en faveur des assujettis à la taxe professionnelle.
Pourtant, l'expérience prouve que ce ne sont pas les taux de taxe
professionnelle qui explosent, mais bien ceux de l'imposition sur les ménages.
Je pense, en particulier, à la taxe sur le foncier bâti. En effet, si la taxe
d'habitation est plafonnée sur le revenu, selon un mécanisme qu'il conviendrait
d'ailleurs d'améliorer, rien n'est prévu pour le foncier bâti.
Aussi n'est-il pas rare de voir une famille non imposable sur le revenu être
redevable d'une taxe foncière peu en rapport avec ses ressources. Il y a là une
injustice qu'il faudrait corriger.
J'ajoute que le foncier bâti intègre, dans ses annexes, la taxe sur les
ordures ménagères, qui connaît aujourd'hui une véritable explosion, avec 13 % à
17 % d'augmentation par an.
Il devient urgent de modifier ce système de plafonnement des taux. Depuis de
nombreuses années, les exonérations ou abattements d'impôts ou de charges
accordés aux entreprises sont légion. Concernant la seule taxe professionnelle,
sur les 156 milliards de francs de produit perçus par les collectivités locales
en 1995, seuls les deux tiers sont réellement versés par les entreprises. Or,
cette politique généralisée d'allégement n'a pas eu de résultat tangible sur
l'emploi.
C'est dans cet esprit que les sénateurs du groupe communiste républicain et
citoyen vous invitent, mes chers collègues, à adopter l'amendement n°
II-149.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n°
II-197.
M. Alain Lambert,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Notre discussion ayant été
interrompue par la nuit, je rappelle très rapidement que le Gouvernement avait
souhaité, dans le projet de loi initial, étendre aux départements et aux
régions la règle du plafonnement du taux de taxe professionnelle au double de
la moyenne constatée au niveau national l'année précédente.
Nos collègues de l'Assemblée nationale ont triplement durci le texte du
Gouvernement : d'abord, en imposant un plafond égal à 1,9 fois la moyenne
nationale, y compris pour les communes ; ensuite, en gelant la base de
comparaison à la moyenne constatée en 1996 ; enfin, en interdisant, à l'avenir,
aux communes dont le taux dépasse le plafond de 1,9 fois la moyenne nationale
de 1996 d'augmenter leur taux de taxe professionnelle.
Le bilan de ce renforcement est très lourd. A titre indicatif, alors que
seules 44 communes sont aujourd'hui touchées par le plafonnement, 230 le
seraient en 1996. En revanche, aucun département ni aucune région ne serait
concerné par l'institution d'un seuil maximal au niveau envisagé.
Cependant, le gel du taux de référence atteint en 1996 aurait pour conséquence
d'accroître très fortement la portée du plafonnement.
Aussi la commission des finances propose-t-elle d'en revenir au texte, de
portée d'ailleurs quelque peu symbolique, voulu par le Gouvernement et de
rejeter le faisceau de contraintes lourdes adopté par l'Assemblée nationale.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre les amendements n°s II-167 et
II-168.
M. René Régnault.
Ces deux amendements sont des amendements de repli par rapport à notre
amendement de suppression.
Le premier, n° II-167 vise l'alinéa dont les effets seraient les plus
redoutables, et, à cet égard, l'amendement que vient de présenter M. le
rapporteur général est intéressant.
Si la disposition adoptée par l'Assemblée nationale est maintenue, les
collectivités seront placées dans une situation très difficile, d'autant plus
difficile que, les quatre taxes étant liées, le système serait complètement
figé, y compris pour les impôts sur les ménages.
Bien souvent, les collectivités ont une assiette globalement peu importante
liée à une faible assiette des assujettis - faible par rapport à d'autres. Cela
met encore plus en évidence la nécessité d'une réforme de la taxe
professionnelle, notamment de son assiette, puis de sa répartition.
Pour ce qui est de l'amendement n° II-168, je crois avoir tout dit.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-85, II-148 et
II-166, II-149, II-167 et II-168 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
S'agissant des amendements de suppression, je dirai à
leurs auteurs que leur préoccupation est totalement satisfaite par l'amendement
de la commission. Je leur demande donc de bien vouloir les retirer au profit de
ce dernier.
L'amendement n° II-149 vise à un transfert accru des charges des ménages vers
les entreprises. Telle n'est pas, me semble-t-il, la philosophie du Sénat. La
commission des finances émet donc un avis défavorable.
Enfin, les amendements n°s II-167 et II-168, sont, eux aussi, satisfaits par
l'amendement de la commission. Je demande donc, là encore, à leurs auteurs de
bien vouloir les retirer.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-85, II-148 et
II-166, II-149, II-197, II-167 et II-168 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget.
Le Gouvernement a une préférence pour
l'amendement de la commission, qui revient, en fait, au texte originel du
Gouvernement, texte que l'Assemblée nationale avait durci en première
lecture.
Comme la commission, il estime que tous les autres amendements qui visent au
même effet pourraient donc être retirés à son profit.
En l'état, le Gouvernement est favorable à l'amendement de la commission et
défavorable à tous les autres.
M. le président.
L'amendement n° II-85 est-il maintenu, monsieur Girault ?
M. Jean-Marie Girault.
Si j'ai bien compris, avec l'amendement de la commission on en revient, pour
les communes, à la situation actuelle.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est cela !
M. Jean-Marie Girault.
Dans ces conditions, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-85 est retiré.
Maintenez-vous le vôtre, monsieur Régnault ?
M. René Régnault.
Cette nuit, à la suite de l'amendement déposé par le président de la
commission des finances, le Gouvernement s'est engagé à conduire une étude et à
déposer un rapport.
Nous l'avons dit, cela nous paraît une bonne chose, même si M. le ministre, M.
le président de la commission, M. le rapporteur général n'ont pas expressément
manifesté leur volonté d'aller jusqu'au bout, c'est-à-dire de remettre
complètement à plat ce dossier de la taxe professionnelle.
En l'instant, l'amendement de la commission rétablit une situation dont nous
nous accommodons et qui nous semble être une démarche intéressante.
Voilà pourquoi nous retirons notre amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-166 est retiré.
L'amendement n° II-148 est-il maintenu, monsieur Renar ?
M. Ivan Renar.
Compte tenu des explications données par M. le rapporteur général, nous le
retirons également.
M. le président.
L'amendement n° II-148 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-149, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-197, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 68 est ainsi rédigé et les amendements n°s II-167 et
II-168 n'ont plus d'objet.
Articles additionnels après l'article 68
M. le président.
Par amendement n° II-116, M. Camoin propose d'insérer, après l'article 68, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 1460 du code général des impôts est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé :
« ... - les photographes auteurs affiliés au régime des assurances sociales
des artistes auteurs, dont les oeuvres sont définies à l'article L. 112-2 du
code de la propriété intellectuelle, et qui ne vendent que le produit de leur
art. »
« II. - La perte de recettes pour les collectivités locales résultant de
l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par une majoration
de la dotation globale de fonctionnement. »
La parole est à M. Camoin.
M. Jean-Pierre Camoin.
Cet amendement a pour but de corriger une injustice flagrante à l'endroit de
certains photographes, à savoir les photographes auteurs.
La loi du 11 mars 1957, reprise dans le code de la propriété intellectuelle,
reconnaît aux photographes la qualité d'auteur, se conformant en cela aux
termes de la convention de Berne, qui a été ratifiée et signée par la France,
je vous renvoie ici au décret n° 51-158 du 19 avril 1951.
En matière de TVA, la qualité d'auteur est reconnue aux photographes dont les
réalisations sont réputées oeuvres d'art ; il s'agit du décret n° 95-172 du 17
février 1995. Plus encore, au plan social, les photographes sont affiliés
obligatoirement au régime des assurances sociales des artistes-auteurs gérées
par l'AGESSA, l'association pour la gestion de la sécurité sociale des
auteurs.
La loi actuelle ne permet pas aux photographes auteurs de bénéficier de
l'exonération de la taxe professionnelle prévue, d'une part, à l'article 1471
du code général des impôts en faveur des peintres, des sculpteurs, des graveurs
et des dessinateurs considérés comme artistes et ne vivant que du produit de
leur art et, d'autre part, à l'article 1460 du même code, en faveur des
auteurs, ce terme désignant, en effet, selon la jurisprudence et la doctrine,
exclusivement les écrivains.
Monsieur le ministre, cette disposition ne concerne que quelques centaines de
photographes auteurs. Nous avons proposé que la perte de recettes pour les
collectivités locales soit compensée mais, à la limite, il serait très possible
de ne pas le faire, car cette perte répartie sur le nombre de communes serait
tout à fait marginale. Je vous demande donc, mes chers collègues, d'examiner
cet amendement avec la plus grande bienveillance.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances a examiné avec sympathie
cet amendement. Cependant, s'il était adopté, il poserait sans doute des
problèmes d'application importants, pour des raisons que le Gouvernement a
d'ailleurs indiquées à l'Assemblée nationale et qu'il rappellera sans doute
dans quelques instants. Pour ces raisons, la commission des finances a cru
devoir émettre un avis défavorable, si toutefois l'avis du Gouvernement est
toujours défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
L'avis du Gouvernement n'est pas favorable, et je
voudrais brièvement en donner les raisons. Il serait très difficile de
distinguer, parmi les photographes qui réalisent le même type de photographies,
ceux qui peuvent être qualifiés d'auteurs, et qui auraient droit à cette
exonération de taxe professionnelle, et les autres. En pratique, nous avons
beaucoup de mal à trouver un critère qui soit incontestable.
De plus, un certain nombre d'auteurs acquittent une taxe professionnelle alors
que d'autres ne la paient pas. C'est ainsi, par exemple, que les cinéastes, les
architectes et les auteurs de logiciels sont assujettis à la taxe
professionnelle. On ne voit pas pourquoi, dans ce domaine, on accorderait un
avantage particulier aux auteurs photographes dans l'hypothèse où l'on serait
capable de trouver un critère incontestable pour la définition de cette
profession.
Je constate, en disant cela, que tous les auteurs ne sont pas placés dans la
même situation au regard de la taxe professionnelle. C'est la raison pour
laquelle je serais tenté de demander aux auteurs de l'amendement de le retirer,
en contreparie d'un engagement du Gouvernement de constituer un groupe de
travail avec la commission des finances du Sénat. Nous pourrons ainsi faire le
point de la situation des divers « auteurs » au regard de la taxe
professionnelle de manière à mettre un peu d'ordre dans cette matière qui,
aujourd'hui, n'obéit pas à des critères très rationnels.
Telle est la proposition concrète que je fais, dans l'hypothèse où ses auteurs
accepteraient de retirer l'amendement.
M. le président.
Votre amendement est-il maintenu, monsieur Camoin ?
M. Jean-Pierre Camoin.
Je suis tout à fait d'accord pour retirer cet amendement, monsieur le
président.
Je demanderai cependant à M. le ministre, si nous devons constituer un groupe
de travail, de tenir compte également de l'avis de la commission des affaires
culturelles, qui pourrait lui faire profiter de ses conseils éclairés.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Bien sûr !
M. le président.
L'amendement n° II-116 est retiré.
Par amendement n° II-190 rectifié
bis,
MM. Arnaud, Ballayer, Bécot,
Blaizot, Deneux, Dulait, Egu, Huchon, Moinard et les membres du groupe de
l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 68, un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du premier alinéa de l'article 1465 du code
général des impôts, après les mots : "activités industrielles", sont
insérés les mots : "ou de prestations de services".
« II. - Dans l'article 1465 B du code général des impôts, après les mots
"activités tertiaires", sont insérés les mots "ou des
prestations de services".
« III. - Les pertes de recettes résultant des II et III sont compensées à due
concurrence par un relèvement des droits visés aux articles 575 et 575 A du
code général des impots. »
La parole est à M. Egu.
M. André Egu.
Cet amendement prévoit que, dans les zones éligibles à la prime d'aménagement
du territoire, les collectivités locales peuvent, par une délibération de
portée générale, exonérer de taxe professionnelle en totalité ou en partie les
sociétés de prestations de services. Je pense ici particulièrement aux
transporteurs et à toutes les entreprises de services qui ont des
investissements aussi lourds que certains industriels et qui, souvent, créent
de nombreux emplois.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cette extension aux prestations de services mérite
d'être étudiée, car le potentiel de créations d'emplois ne doit pas être
sous-estimé. La commission considère toutefois qu'il y a un risque de
délocalisation fiscale pour ce type d'activité. Aussi souhaiterait-elle
recueillir l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement n'est pas favorable à cet
amendement.
En effet, les exonérations de taxe professionnelle qui sont prévues dans le
cadre de ce que l'on appelle familièrement « la loi Pasqua » sont destinées à
favoriser la localisation et le développement d'activités dans les zones du
territoire les plus défavorisées ; elles sont donc réservées aux opérations qui
ont un effet d'entraînement sur le développement économique des collectivités
locales.
Dans ce contexte, il ne paraît pas souhaitable d'accorder l'exonération pour
des activités telles que la teinturerie ou la coiffure, par exemple, qui sont
nécessairement implantées à proximité de la clientèle et ne sont pas tant le
moteur que la conséquence du développement économique.
Le Gouvernement estime donc que cet amendement est contraire à l'esprit de la
loi Pasqua ; peut-être leurs auteurs pourraient-ils le retirer.
M. le président.
Monsieur Egu, maintenez-vous votre amendement ?
M. André Egu.
Je regrette de devoir le retirer, car une telle disposition pourrait favoriser
la création d'emplois. Elle serait surtout utile dans les zones industrielles
qui sont réservées à des sociétés spécialisées dans les services, en
particulier de transport.
M. le président.
L'amendement n° II-190 rectifié
bis
est retiré.
Article 68
bis
M. le président. -
« Art. 68
bis
. _ I. _ Dans le premier alinéa de l'article 1586 B du
code général des impôts, les mots : « Le département » sont remplacés par les
mots : « Le conseil général ».
« II. _ Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1599
ter
E ainsi rédigé :
«
Art. 1599
ter
E
. _ Le conseil régional peut, par délibération
prise dans les conditions prévues à l'article 1639 A
bis,
exonérer
totalement ou partiellement de la taxe foncière sur les propriétés bâties
perçue au profit de la région et de la taxe spéciale d'équipement additionnelle
à la taxe foncière sur les propriétés bâties perçue au profit de la région
d'Ile-de-France, pendant une durée qu'il détermine, les logements acquis en vue
de leur location avec le concours financier de l'État en application du 3° de
l'article L. 351-2 du code de la construction et de l'habitation ainsi que les
logements faisant l'objet d'un bail à réhabilitation en application de
l'article L. 252-1 du même code.
« Les obligations déclaratives des personnes et organismes entrant dans le
champ d'application du premier alinéa sont fixées par décret. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 68
bis
M. le président.
Par amendement n° II-101, M. Oudin propose d'insérer, après l'article 68
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La première phrase du 2° de l'article 39-1 du code général des impôts
est complétée par les mots : ", ainsi que ceux afférents aux fonds de
commerce".
« II. - A l'article 38
sexies
de l'annexe III du code général des
impôts, les mots : "les fonds de commerce" sont supprimés.
« III. - Les pertes de recettes résultant des I et II ci-dessus sont
compensées à due concurrence par une majoration des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
La propriété commerciale, en l'occurrence le système du droit de bail, est une
spécificité française. Le rachat du droit au bail fonds de commerce immobilise
des capitaux souvent considérables et constitue un investissement non
négligeable dans le secteur commercial. Dans le droit actuel, cet
investissement ne peut être fiscalement amorti. Cela décourage les commerçants
qui veulent s'installer, spécialement les jeunes qui ont peu de fonds
propres.
Le Gouvernement a engagé une profonde réflexion sur les moyens de revitaliser
le commerce de centre-ville. Il a engagé une réflexion identique sur le
renforcement du commerce en zone rurale. Or les centres-villes des zones
rurales cumulent les problèmes.
Aussi, des propositions de loi ont été déposées visant, notamment, à délimiter
des zones prioritaires dans les centres-villes, mais elles n'ont pas été
discutées à ce jour.
Aujourd'hui, la relance du commerce de centre-ville et de proximité passe
notamment par un accroissement de la mobilité des fonds de commerce. Dans cette
perspective, et en attendant la discussion d'un texte de loi sur le
développement du commerce de centre-ville, la solution fiscale de
l'amortissement que je propose pourrait donner au commerce une fluidité qui lui
manque cruellement et dynamiser l'offre commerciale.
A un moment où le commerce de détail et de proximité des centres-villes
souffre, où les plus-values ont fait place à des moins-values dans un marché
des fonds de commerce en crise, surtout dans les zones rurales, la possibilité
d'amortir le fonds de commerce constituerait une incitation au petit commerce
dans des zones où il risque d'en être chassé.
C'est pourquoi le bail commercial portant sur un local dans lequel est
exploité un fonds de commerce doit pouvoir être considéré comme un
investissement ouvrant droit à amortissement.
Je ne sous-estime pas les deux arguments que l'on pourra m'opposer. Le premier
serait celui du principe fiscal ancien de la non prise en compte de la
dépréciation du fonds de commerce d'autant que, il est vrai, on peut toujours
pratiquer des provisions. Encore faut-il faire des bénéfices, ce qui n'est pas
évident dans les zones commercialement déprimées, comme les centres-villes,
notamment ceux des zones rurales.
Le second argument serait l'applicabilité de cet amendement. Je réponds que ma
proposition prendrait effet non en 1997, mais en 1988, ce qui lui éviterait de
toucher à l'article d'équilibre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Comme le sait M. Jacques Oudin, la commission pense
que son amendement contrevient aux principes comptables et fiscaux déterminant
les biens amortissables. En effet, les éléments incorporels ne sont pas
amortissables. M. Oudin vient de le rappeler, des provisions peuvent cependant
être constituées pour constater la dépréciation.
La commission souhaite comme M. Oudin la revitalisation des centres-villes,
mais englober, comme le prévoit l'amendement, la totalité des fonds de commerce
risque de rendre le coût du dispositif pratiquement prohibitif. Le Gouvernement
pourra peut-être nous éclairer sur cette question.
Enfin, la commission des finances redoute que cet amendement ne modifie
l'article d'équilibre, puisqu'il aura un impact dès le versement des acomptes
dus sur l'impôt sur les sociétés en 1997. Pour toutes ces raisons, la
commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
D'une part, l'amortissement est la constatation comptable de la perte subie
sur la valeur d'actif des immobilisations qui se déprécient avec l'usage et le
temps. Les éléments incorporels de fonds de commerce, tels que la clientèle, le
droit au bail ou le nom commercial font l'objet d'une protection juridique
particulière et sont donc soustraits aux causes de dépréciation qui résultent
du temps et de l'usure.
D'autre part, le coût serait considérable, de plusieurs milliards de
francs.
Enfin, comme l'a dit M. le rapporteur général, l'amendement serait applicable
dès l'année prochaine, il aurait donc plutôt trouvé sa place dans la première
partie.
M. le président.
Monsieur Oudin, maintenez-vous votre amendement ?
M. Jacques Oudin.
Je ne mésestime pas les difficultés que viennent de souligner M. le rapporteur
général et M. le ministre. Je suis donc prêt à retirer mon amendement, mais je
ne suis pas d'accord sur les arguments qui m'ont été opposés.
On me dit qu'il y a un problème de principe. Or, lorsque les bases d'un
principe sont vacillantes, il faut les changer. En l'espèce, le postulat selon
lequel il n'y a pas de dépréciation d'un fonds de commerce est faux. En effet,
il y a des centres-villes qui dépérissent et des zones rurales qui dépérissent.
Lorsqu'un fonds de commerce est situé dans ces zones déprimées, sa valeur
forcément décroît. Il y a donc un vrai problème d'amortissement. On ne peut
partir du postulat qu'un fonds de commerce ne peut pas voir sa valeur
décliner.
J'estime que les arguments qui m'ont été opposés contredisent tout à fait la
volonté, maintes fois affichée dans cette assemblée par le Gouvernement, de
revitaliser les centres-villes, notamment les centres-villes des zones
rurales.
Je fais donc part de mon désaccord sur l'analyse qui a été faite, tout en me
rangeant à l'argument du coût et en reconnaissant qu'effectivement cet
amendement aurait dû être déposé en première partie. Mais, quels que soient les
arguments, le problème demeure. C'est la raison pour laquelle je souhaite que
le Gouvernement, la commission des finances et le Sénat puissent continuer à
réfléchir sur ce problème.
M. le président.
L'amendement n° II-101 est retiré.
Article 69
M. le président.
« Art. 69. _ Au second alinéa du II de l'article 199
terdecies
-0A du
code général des impôts, les mots : "Pour les versements réalisés entre le
1er août 1995 et le 31 décembre 1996" sont remplacés par les mots :
"Pour les versements réalisés à compter du 1er août 1995" »
- (Adopté).
Article 70
M. le président.
« Art. 70. _ I. _ Il est inséré, dans la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988
relative aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières et portant
création des fonds communs de créances, un chapitre IV
bis
ainsi rédigé
:
« Chapitre IV bis
« Du fonds commun de placement dans l'innovation.
«
Art. 22-1
. - Les fonds communs de placement dans l'innovation sont
des fonds communs de placement à risques dont l'actif est constitué, pour 60 %
au moins, de valeurs mobilières, telles que définies par l'article 22 de la
présente loi, émises par des sociétés soumises à l'impôt sur les sociétés qui
comptent moins de 500 salariés, dont le capital est détenu, majoritairement,
par des personnes physiques ou par des personnes morales détenues par des
personnes physiques et qui remplissent l'une des conditions suivantes :
« - avoir réalisé, au cours des trois exercices précédents, des dépenses
cumulées de recherche visées aux
a
à
f
du II de l'article 244
quater
B du code général des impôts, d'un montant au moins égal au tiers
du chiffre d'affaires le plus élevé réalisé au cours de ces trois exercices
;
« - ou justifier de la création de produits, procédés ou techniques dont le
caractère innovant et les perspectives de développement économique sont
reconnus, ainsi que le besoin de financement correspondant. Cette appréciation
est effectuée pour une période de trois ans par un établissement public
compétent en matière de valorisation de recherche et désigné par décret. »
« II. - L'article 199
terdecies
-0A du code général des impôts est
complété par un VI ainsi rédigé :
« VI. - 1. A compter de l'imposition des revenus de 1997, la réduction d'impôt
prévue au premier alinéa du I pour les contribuables fiscalement domiciliés en
France s'applique en cas de souscription de parts de fonds communs de placement
dans l'innovation mentionnés à l'article 22-1 de la loi n° 88-1201 du 23
décembre 1988 relative aux organismes de placement collectif en valeurs
mobilières et portant création des fonds communs de créances lorsque les
conditions suivantes sont remplies :
« - les personnes physiques prennent l'engagement de conserver les parts de
fonds, pendant cinq ans au moins à compter de leur souscription ;
« - le porteur de parts, son conjoint et leurs ascendants et descendants ne
doivent pas détenir ensemble plus de 10 % des parts du fonds et, directement ou
indirectement, plus de 25 % des droits dans les bénéfices des sociétés dont les
titres figurent à l'actif du fonds ou avoir détenu ce montant à un moment
quelconque au cours des cinq années précédant la souscription des parts du
fonds ou l'apport des titres.
« 2. Les versements ouvrant droit à la réduction d'impôt mentionnée au I sont
ceux effectués du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1998. Ils sont retenus dans
les limites annuelles mentionnées au deuxième alinéa du II.
« Les parts dont la souscription a ouvert droit à la réduction d'impôt ne
peuvent pas figurer dans un plan d'épargne en actions défini à l'article 163
quinquies
D.
« 3. Les réductions d'impôt obtenues font l'objet d'une reprise au titre de
l'année au cours de laquelle le fonds ou le contribuable cesse de remplir les
conditions fixées à l'article 22-1 de la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988
précitée et au 1. Cette disposition ne s'applique pas, pour les cessions de
parts intervenues avant l'expiration du délai de conservation des parts prévu
au 1, en cas de licenciement, d'invalidité correspondant au classement dans la
deuxième ou la troisième des catégories prévues à l'article L. 341-4 du code de
la sécurité sociale ou de décès du contribuable ou de l'un des époux soumis à
une imposition commune. »
« III. _ Un décret en Conseil d'État fixe les modalités d'application du
présent article, notamment le délai dont disposent les fonds communs de
placement dans l'innovation pour remplir les conditions du I et les obligations
déclaratives incombant aux porteurs de parts ainsi qu'aux gérants et
dépositaires des fonds. »
Par amendement n° II-198, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de rédiger ainsi le début du premier alinéa du texte proposé par le I
de cet article pour l'article 22-1 de la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988
relative aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières et portant
création des fonds communs de créances :
«
Art. 22-1.
- Les fonds communs de placement dans l'innovation sont
des fonds communs de placement à risques dont l'actif est constitué, pour 60 %
au moins, de valeurs mobilières, parts de société à responsabilité limitée et
avances en compte courant, telles que définies par les deux premiers alinéas de
l'article 22... ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel. En effet, la
définition des actifs visés par la rédaction initiale proposée dans l'article
70 est plus restrictive que celles des fonds communs de placement à risques de
droit commun. Il a semblé à la commission que ce n'était pas l'intention du
Gouvernement. C'est la raison pour laquelle elle a proposé cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-198, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° II-33 rectifié, MM. Trégouët, Laffitte, Rausch, Cluzel,
Haenel, Hérisson, Besse, Chaumont, Mercier, Gaillard, Ostermann et Ballayer
proposent :
A. - De rédiger comme suit le premier alinéa du 2 du texte présenté par le II
de l'article 70 pour le VI de l'article 199
terdecies
du code général
des impôts :
« Les versements effectués du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1998 sont
déductibles du revenu net global jusqu'à concurrence de 25 % de ce revenu dans
la limite de 200 000 francs. »
B. - De compléter l'article 70 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant de la déductabilité des versements du
revenu net global jusqu'à concurrence de 25 % de ce revenu dans la limite de
200 000 francs dont bénéficient les souscripteurs de parts de fonds communs de
placement dans l'innovation est compensée à due concurrence par un relèvement
des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° II-83, MM. Grignon, de Villepin et les membres du groupe de
l'Union centriste proposent :
A. - Après les mots : « Ils sont retenus dans les limites annuelles », de
rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du 4e alinéa (2) du texte
présenté par le paragraphe II de l'article 70 pour compléter l'article 199
terdecies
- OA du code général des impôts : « de 250 000 francs pour les
contribuables célibataires, veufs ou divorcés et de 500 000 francs pour les
contribuables mariés soumis à l'imposition commune. »
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, d'insérer,
après le II de cet article, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Les pertes de recettes résultant du relèvement du montant du plafond des
versements dans des fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI) ouvrant
droit à réduction d'impôt sont compensées par un relèvement à due concurrence
des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° II-199, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose :
A. - De rédiger comme suit la deuxième phrase du premier alinéa du 2 du texte
présenté par le II de l'article 70 pour le VI de l'article 199
terdecies
-OA du code général des impôts : « Ils sont retenus dans les
limites annuelles de 75 000 francs pour les contribuables célibataires, veufs
ou divorcés et de 150 000 francs pour les contribuables mariés soumis à
imposition commune. »
B. - De compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... La perte de recettes résultant de l'élévation à 75 000 francs et 150 000
francs des limites de la réduction d'impôt sur le revenu dont bénéficient les
souscripteurs de parts de fonds communs de placement dans l'innovation est
compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
Les deux amendement suivants sont identiques.
L'amendement n° II-34 rectifié est présenté par MM. Trégouët, Laffitte,
Rausch, Cluzel, Marini, Hérisson, Chaumont, Besse, Haenel, M. Mercier, Delong,
Gaillard, Ostermann, Ballayer.
L'amendement n° II-84 est déposé par MM. Grignon, de Villepin et les membres
du groupe de l'Union centriste.
Tous deux tendent :
A. - Après les mots : « Ils sont retenus dans les limites annuelles », à
rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du 4e alinéa (2) du texte
proposé par le paragraphe II de l'article 70 pour compléter l'article 199
terdecies
-OA du code général des impôts : « de 50 000 F pour les
contribuables célibataires, veufs ou divorcés et de 100 000 F pour les
contribuables mariés soumis à l'imposition commune. »
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, à insérer,
après le II de l'article 70, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Les pertes de recettes résultant du relèvement du montant du plafond des
versements dans les fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI) ouvrant
droit à réduction d'impôt sont compensées par un relèvement à due concurrence
des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Trégouët, pour défendre l'amendement n° II-33 rectifié.
M. René Trégouët.
Cet amendement tend simplement à aligner les avantages fiscaux accordés aux
souscripteurs de parts des fonds communs de placement dans l'innovation, les
FCPI, sur ceux des souscripteurs des parts de sociétés pour le financement de
l'industrie cinématographique et audiovisuelle, tels que résultant de
l'amendement dont nous avons déjà discuté dans cette assemblée. Ce régime,
prévu par l'article 163
septies decies
du code général des impôts énonce
que les souscriptions sont déductibles du revenu net global imposable dans la
limite de 25 % de ce revenu.
La commission des finances a complété ce dispositif en prévoyant un autre
plafond forfaitaire de 200 000 francs.
On soulignera enfin que le nouveau régime des fonds communs de placement dans
l'innovation concerne l'imposition des revenus de 1997 et n'est susceptible de
représenter une perte de recettes pour l'Etat qu'à compter de l'exercice
1998.
M. le président.
La parole est à M. Grignon, pour défendre l'amendement n° II-83.
M. Francis Grignon.
L'amendement que je présente va dans le même sens que le précédent, mais je
souhaite compléter les explications de M. Trégouët.
Pour résoudre les problèmes que nous avons à affronter aujourd'hui, le
traitement social et le traitement gestionnaire sont, certes, utiles, mais
peut-être aussi faut-il adopter une démarche plus prospective, celle de
l'innovation.
L'innovation est importante pour nos entreprises. On pense souvent à
l'innovation en tant qu'elle permet, à travers la recherche, de créer de
nouveaux produits. Mais il ne faut pas négliger l'innovation de procédés, qui
permet, elle, de maintenir des emplois.
En tant que rapporteur pour avis du budget de l'industrie, je fais deux
constatations.
D'abord, bien que des efforts aient été faits en la matière envers les
PME-PMI, globalement, les crédits en faveur de l'innovation ont été réduits
cette année.
Ensuite, les circuits traditionnels, c'est-à-dire les banques, ont des
difficultés à financer cette innovation parce qu'elle démarre toujours par des
financements immatériels.
On a souvent l'habitude de penser que l'innovation doit être technologique,
mais elle peut être non seulement commerciale, mais aussi organisationnelle et
même financière. C'est la raison pour laquelle je propose d'augmenter fortement
le plafond des versements dans les fonds communs de placement avec déduction
fiscale afin de permettre de créer de nouvelles sources de revenus pour
l'innovation et notre stratégie industrielle.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n°
II-199.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement a également pour objet de rendre la
réduction d'impôt plus attractive, puisque nous en proposons le doublement.
Le financement en fonds propres des entreprises innovantes, qui est un
financement risqué, mérite plus que jamais un encouragement significatif.
J'indique au Sénat qu'il ne s'agit pas là d'une niche fiscale, puisque la
fiscalité de l'épargne a toujours admis des avantages à l'entrée pour l'épargne
risquée et pour l'épargne investie à long terme. De plus, dans la période que
nous traversons, il y a lieu d'inciter les Français à risquer leur épargne au
service de l'économie, de l'emploi et de l'innovation.
La démarche proposée par la commission et par plusieurs collègues est plus
évidente et plus opportune que jamais.
M. le président.
La parole est à M. Trégouët, pour défendre l'amendement n° II-34 rectifié.
M. René Trégouët.
Mon amendement étant redondant avec l'amendement de la commission, je le
retire, monsieur le président.
(L'amendement n° II-34 rectifié.)
M. le président.
L'amendement n° II-34 rectifié est retiré.
La parole est à M. Grignon, pour défendre l'amendement n° II-84.
M. Francis Grignon.
Je retire également le mien, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-84 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-33 rectifié et
II-83 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je voudrais d'abord souligner l'intérêt que MM.
Trégouët et Grignon portent à cette préoccupation.
M. Pierre Laffitte.
Ils ne sont pas les seuls !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Bien sûr, cher ami ! La réputation que vous avez de
soutenir l'innovation dépasse les limites de la Haute Assemblée !
Nos collègues nous ont convaincus de la nécessité d'y travailler plus
particulièrement et d'engager le dialogue avec le Gouvernement afin que,
fiscalement, cette innovation soit soutenue.
L'effort qui est fait est déjà substantiel, et permettra d'accroître le
soutien aux entreprises innovantes. Par conséquent, je demande à nos collègues
de bien vouloir retirer leurs amendements pour se rallier à celui de la
commission, et je les en remercie par avance.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° II-199 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
A vrai dire, le Gouvernement n'est pas très
enthousiaste, mais il serait prêt à se rallier à cet amendement.
En adoptant l'article, le Sénat a accepté d'augmenter de moitié le plafond du
système dit « Madelin », c'est-à-dire les placements en titres de sociétés non
cotées, en le portant à 75 000 francs par ménage.
Il est proposé d'instituer ici, à l'intérieur de ce régime général, une
situation différente et plus avantageuse dans le cas de souscription en
numéraire au capital de sociétés non cotées pour les parts de FCPI. C'est un
élément de complication supplémentaire puisque cela posera un problème
d'articulation entre les FCPI et les autres sociétés non cotées.
Cela étant, compte tenu de l'intérêt que peuvent représenter les FCPI, en
particulier pour encourager l'innovation, le Gouvernement est prêt à se rallier
à cet amendement n° II-199 présenté par la commission des finances, mais
souhaite alors que les autres amendements qui s'inspirent du même esprit et
qui, nous semble-t-il, comme l'a expliqué M. le rapporteur général, iraient
trop loin dans ce sens puissent être retirés.
Nous ferons, dans un an, le bilan de l'application des dispositions de cet
amendement et nous pourrons en tirer alors toutes les conséquences.
M. Pierre Laffite.
Bravo !
M. le président.
Monsieur Trégouët, maintenez-vous votre amendement.
M. René Trégouët.
Je le retire, monsieur le président, car il faut faire bloc autour de la
commission des finances. J'y reviendrai tout à l'heure à l'occasion de mon
explication de vote sur cet amendement.
M. le président.
Monsieur Grignon, maintenez-vous votre amendement ?
M. Francis Grignon.
Le doublement du plafond étant déjà une avancée très intéressante, je retire
également mon amendement, monsieur le président.
M. le président.
Les amendements identiques n°s II-33 rectifié et II-83 sont retirés.
Monsieur le ministre, acceptez-vous de lever le gage qui figure à l'amendement
n° II-199 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Bien sûr, monsieur le président.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° II-199 rectifié.
M. René Trégouët.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët.
J'ai bien écouté M. le ministre et je le remercie d'avoir donné son accord sur
cet amendement n° II-199 rectifié.
Si la démarche du Sénat pour les FCPI constitue peut-être, comme vous l'avez
dit, un élément de complication par rapport au système Madelin, elle a
toutefois le mérite de souligner toute l'importance que nous attachons au
financement de l'innovation dans notre pays.
M. Grignon l'a très bien dit, il faut insister sur le rôle important que
jouent ces entreprises de nouvelle technologie dans le développement de
l'emploi. Des statistiques montrent en effet que, dans le monde entier, partout
où la recherche dans l'entreprise privée s'est développée, partout l'emploi
s'est développé et le chômage a reculé.
Je ne citerai qu'un seul exemple : aux Etats-Unis, quelque 50 % des emplois
nouveaux sont apparus dans 5 % des entreprises qui sont toutes des entreprises
innovantes. Cela montre bien tout l'effort que nous devons faire pour financer
l'innovation dans notre pays.
Si nous disposons de mesures en faveur du financement des entreprises
structurées, nous n'avons aucun dispositif fort, comme celui qui est proposé
dans l'amendement n° II-199 rectifié, pour permettre aux jeunes entreprises
innovantes d'effectuer leur parcours.
C'est bien pourquoi j'apporte mon total soutien à cet amendement.
M. Pierre Laffitte.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte.
Je voudrais saluer solennellement ici cette avancée pour l'action que le Sénat
mène depuis plus de dix ans en faveur des sociétés innovantes. Comme vient de
le dire très justement M. Trégouët, il est évident que c'est une des clés
majeures de la reprise de l'économie et de la création de richesses et
d'emplois, et d'emplois induits.
C'est donc une des raisons spécifiques pour lesquelles le Gouvernement a mis
en place les FCPI, ce dont je me réjouis, en s'appuyant sur les compétences
techniques de l'ANVAR, en tant que système permettant de donner un label.
Je me réjouis également que M. le ministre accepte cet amendement en levant le
gage.
Nous serons amenés à en reparler, car il serait bon, je crois, dans les années
à venir, d'aligner ce système sur le taux des SOFICA. J'étais même prêt, pour
ma part, à diminuer les possibilités financières que représentent les
quirats.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-199 rectifié, accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 200, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose, dans le III de l'article 70, de supprimer les mots : « en Conseil
d'Etat ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il est apparu à la commission des finances que le
passage en Conseil d'Etat risquait d'allonger excessivement la procédure
d'entrée en application de ces FCPI. Aussi a-t-elle proposé de recourir à un
décret simple.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-200, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 70, modifié.
(L'amendement 70 est adopté.)
M. Pierre Laffitte.
Je voudrais saluer solennellement ici cette avancée pour l'action que le Sénat
mène depuis plus de dix ans en faveur des sociétés innovantes.
Comme vient de le dire très justement M. Tregoët, il est évident que c'est une
des clés majeures pour la reprise de l'économie et pour la création de
richesses et d'emplois, et d'emplois induits. C'est donc une des raisons
spécifiques pour lesquelles, le Gouvernement a mis en place les FCPI, ce dont
je me réjouis en s'appuyant sur les compétences techniques de l'ANVAR, en tant
que système permettant de donner un label.
Je me rejouis également que M. le ministre vienne d'accepter cet amendement en
levant le gage.
Nous serons amenés à en reparler, il serait bon, je crois, d'aligner, dans les
années à venir, ce système sur le taux des SOFICA. J'étais même prêt, pour ma
part, à diminuer un petit peu les possibilités financières que représentent les
quirats.
Article 71
M. le président.
« Art. 71. - I. - Il est inséré, dans l'article 93
quater
du code
général des impôts, un I
ter
ainsi rédigé :
« I
ter
. - L'imposition de la plus-value constatée lors de l'apport,
par un inventeur personne physique, d'un brevet, d'une invention brevetable, ou
d'un procédé de fabrication industriel qui remplit les conditions mentionnées
aux
a, b
et
c
du 1 de l'article 39
terdecies,
à une
société soumise à un régime réel d'imposition chargée de l'exploiter peut, sur
demande expresse du contribuable, faire l'objet d'un report jusqu'à la
cinquième année suivant celle au cours de laquelle l'apport a été effectué ou
jusqu'à la date de la cession ou du rachat des droits sociaux reçus en
rémunération de l'apport, si cette cession ou ce rachat intervient avant
l'expiration de ce délai de report. »
« Les dispositions des quatrième et cinquième alinéas du
b
du II de
l'article 151
octies
sont applicables aux plus-values dont l'imposition
est reportée en application de l'alinéa précédent. »
« II. - La disposition prévue au I s'applique aux apports réalisés à compter
du 1er janvier 1997. »
Par amendement n° 215, M. Lambert au nom de la commission des finances,
propose, dans le premier alinéa du texte présenté par le I de cet article pour
compléter l'article 93
quater
du code général des impôts, de supprimer
les mots : « soumise à un régime réel d'imposition ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement vise à autoriser les inventeurs à
reporter de cinq ans le paiement de l'impôt sur les plus-values qu'ils
réalisent lorsqu'ils apportent un brevet à une société chargée de
l'exploiter.
L'article prévoit que la société doit être soumise au régime réel
d'imposition, ce qui ne se justifie pas. Il n'y a en effet pas de raison, aux
yeux de la commission, d'exclure les sociétés qui sont soumises à un régime
d'imposition forfaitaire. Aussi l'amendement vise-t-il à supprimer la
disposition inutile.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-215, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 71, ainsi modifié.
(L'article 71 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 71
M. le président.
Par amendement n° II-3 rectifié, Mme Heinis et les membres du groupe des
Républicains et Indépendants propose d'insérer, après l'article 71, un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est ajouté à l'article 93
quater
du code général des impôts
un V ainsi rédigé :
« V. - Les dispositions du 7
bis
de l'article 38 sont applicables au
profit ou à la perte réalisés lors de l'échange de droits sociaux résultant
d'une fusion ou d'une scission de sociétés bénéficiant du régime prévu à
l'article 210 B, lorsque ces droits sont affectés à l'exercice de la profession
au sens de l'article 93.
« Ce régime est applicable sous les conditions et sanctions prévues à
l'article 54
septies
. »
« II. - Les dispositions du I s'appliquent aux opérations réalisées à compter
du 1er janvier 1997.
« III. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées à due
concurrence par un relèvement du droit de consommation sur les tabacs visé aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis.
L'amendement tend à combler une lacune législative en matière de report
d'imposition des plus-values réalisées lors de scissions, de fusions et de
restructurations s'effectuant dans le cadre de professions non commerciales,
non industrielles ou non agricoles.
Sur un plan juridique général, les fusions conduisent à des échanges de titres
au niveau des actionnaires : les titres des sociétés absorbées sont remplacés
par des titres des sociétés absorbantes, l'échange constituant ainsi une
mutation à titre onéreux.
Sur le plan fiscal, la conséquence directe est la constatation de plus-values
latentes, existant au jour de la fusion, en principe taxables au titre des
revenus de l'année de réalisation de la fusion.
Toutefois, afin de ne pas entraver les indispensables restructurations des
entreprises françaises, le législateur a institué une faculté de report
d'imposition : le contribuable ne paie l'impôt sur la plus-value constatée lors
de la fusion qu'au titre de l'année au cours de laquelle il cède les titres
sociaux reçus lors de l'échange.
C'est l'objet du paragraphe II de l'article 93
quater
du code général
des impôts.
Ainsi, le contribuable ne paie l'impôt que lorsqu'il dispose effectivement de
la trésorerie correspondant aux plus-values réalisées.
Le champ d'application de cet aménagement du dispositif fiscal est très large,
puisqu'il vise les particuliers, les professionnels taxés dans la catégorie des
bénéfices industriels et commerciaux, les professionnels taxés dans la
catégorie des bénéfices agricoles et les sociétés soumises à l'impôt sur les
sociétés.
L'article 71 de la présente loi l'étend aux plus-values résultant de l'apport,
par une personne physique, d'un brevet ou d'une invention à une société chargée
de l'exploiter avec, bien entendu, des conditions adaptées.
Une catégorie de contribuables se trouve cependant exclue de ce report
d'imposition : celle des professionnels dont l'activité est taxée dans la
catégorie des bénéfices non commerciaux, et pour lequels les titres sociaux
constituent un actif professionnel et non une part de leur patrimoine privé. Il
s'agit donc, par l'article additionnel proposé, de combler une lacune
législative résultant, semble-t-il, plus d'un oubli que d'une volonté
réelle.
Outre une unification souhaitable du régime fiscal des fusions, l'adoption de
cet article additionnel permettrait une harmonisation du régime fiscal français
avec les directives CEE, aux termes desquelles le principe de stricte
neutralité fiscale des opérations de restructuration est de portée générale.
La commission a d'ailleurs précisé, dans la réponse faite à une question
écrite de parlementaire, « que la législation d'un Etat membre doit respecter
le principe de stricte neutralité également pour les contribuables relevant du
régime des bénéfices non commerciaux ».
Or, à l'heure actuelle, les avocats titulaires de parts de sociétés civiles
professionnelles, les médecins détenant des actions de cliniques se trouvent de
plus en plus souvent confrontés à des nécessités de restructurations ou de
fusions.
Lorsqu'ils réalisent de telles opérations, le principe de l'imposition
immédiate se heurte à l'absence de liquidité, la plus-value correspondant à une
analyse financière d'entités économiques purement théoriques.
Le report d'imposition pallie cette absence de liquidité immédiate.
Je vous demande donc, mes chers collègues, de bien vouloir accepter cet
amendement en soulignant qu'il s'agit d'une harmonisation des reports
d'imposition et non pas d'une exonération.
Monsieur le ministre, j'avais déjà évoqué cette question auprès de M. Arthuis,
lors du vote du dernier texte portant DDOEF. Il m'avait indiqué qu'il ferait
procéder à une étude par ses services. Il a bien voulu me faire savoir que cela
avait été fait, et je l'en remercie. Aussi, j'espère, monsieur le ministre, que
vous pourrez donner un avis favorable à mon amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission se réjouit de la manière dont nous
faisons de la bonne législation fiscale, et Mme Heinis et le Sénat tout entier
souhaitent être encouragés dans ce type de démarche.
Il n'y a en effet pas de raison que cette discrimination entre membres de
professions industrielles, commerciales ou artisanales, imposés au BIC, et
membres de professions libérales, imposés au BNC, perdurent. La proposition de
Mme Heinis, qui a fait l'objet d'un examen, semble tout à fait recevable pour
la commission des finances.
Monsieur le ministre, c'est de cette façon que l'on va pouvoir simplifier
finalement la vie de ceux qui entreprennent en France. Ils attendent finalement
moins des recettes miracles ou des avantages fiscaux extraordinaires ; ils
souhaitent surtout qu'on leur simplifie la vie, qu'on les laisse faire leur
métier. Voilà un exemple de la législation fiscale qui, demain, permettra à la
France de réussir. La commission a donc émis un avis favorable sur cet
amendement.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je crois en effet que, dans cette affaire, nous avons
bien travaillé.
Mme Heinis avait soulevé le problème, comme elle l'a rappelé, à l'occasion du
dernier texte portant DDOEF. La rédaction qu'elle avait proposée alors semblait
mériter un examen plus attentif. Elle avait bien voulu retirer son amendement
sous le bénéfice de cet examen.
La rédaction qui est proposée aujourd'hui nous paraît irréprochable. Elle va
dans le sens de la simplification souhaitée par tout le monde.
Le Gouvernement est donc favorable à cet amendement et lève le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° II-3 rectifié
bis
.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-3 rectifié
bis,
accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 71.
Par amendement n° II-207, M. Machet et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent d'insérer, après l'article 71, un article additionnel ainsi
rédigé :
« I. - Le 4° du
quater
du 1 de l'article 39 du code général des impôts
est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« La déduction est également admise pour les contribuables qui exercent leur
activité professionnelle dans le cadre d'une société dont les bénéfices sont en
application des articles 8 et 8
ter
, soumis en son nom à l'impôt sur le
revenu dans la catégorie des bénéfices agricoles réels, des bénéfices
industriels ou commerciaux ou des bénéfices non commerciaux. »
« II. - Les pertes de recettes entraînées par l'application des dispositions
du paragraphe I ci-dessus sont compensées à due concurrence par l'augmentation
des droits sur les tabacs prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. Machet.
M. Jacques Machet.
Dans le cadre des mesures en faveur des entreprises et concernant la
déductibilité des droits de mutation à titre gratuit, l'article 39-1-4 du code
général des impôts ne permet cette déduction que pour les héritiers d'une
entreprise individuelle. Il est proposé d'étendre la déductibilité aux droits
de mutation acquittés par les héritiers, donataires de parts de sociétés de
personnes relevant de l'impôt sur le revenu qui s'engagent à exercer dans cette
société leur activité professionnelle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La loi de finances de 1996 a donné une base
législative à une doctrine administrative selon laquelle le patrimoine
professionnel de l'héritier d'une entreprise individuelle se confond avec son
patrimoine privé. En conséquence, les droits de succession comme les intérêts
d'emprunt sont considérés comme constituant une dépense en vue de la
constitution du revenu et peuvent, à ce titre, être déduits du résultat
imposable.
La commission des finances s'est posée la question de savoir s'il pouvait être
considéré que le patrimoine professionnel de l'héritier, dans le cadre d'une
société soumise à l'impôt sur le revenu, se confondait avec son patrimoine
privé dès lors que la société était constituée de plusieurs associés. C'est la
raison pour laquelle elle souhaiterait recueillir l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Monsieur Machet, la déduction qui est envisagée dans
cet amendement est d'ores et déjà possible en application des dispositions de
l'article 151
nonies
du code général des impôts.
Dans l'hypothèse où il y aurait un doute, j'ai l'intention de mettre au point
une instruction administrative qui commentera les dispositions de l'article 10
de la loi de finances de 1996 et qui précisera que, bien que n'étant pas
engagés pour l'acquisition d'une entreprise individuelle, les droits de
mutation à titre gratuit afférents à la transmission de parts de société de
personnes sont néanmoins déductibles en application de cet article 151
nonies.
Cette déduction, qui sera subordonnée à la poursuite de l'activité par le
bénéficiaire de la transmission de ces parts, est conforme à l'esprit du
dispositif prévu en faveur de la transmission des entreprises individuelles,
comme vous le soulignez.
Monsieur Machet, je pense donc que, au bénéfice de ces explications vous
pourriez retirer cet amendement.
M. le président.
Monsieur Machet, l'amendement n° II-207 est-il maintenu ?
M. Jacques Machet.
Compte tenu des précisions que vient de donner M. le ministre, je le
retire.
M. le président.
L'amendement n° II-207 est retiré.
Article 71
bis
M. le président. -
« Art. 71
bis.
_ I. _ L'article L. 80 B du livre des procédures
fiscales est complété par un 3° ainsi rédigé :
« 3° Lorsque l'administration n'a pas répondu dans un délai de six mois à un
redevable de bonne foi qui a demandé, dans les mêmes conditions que celles
prévues à l'avant-dernier alinéa du 2°, si son projet de dépenses de recherche
est éligible au bénéfice des dispositions de l'article 244
quater
B du
code général des impôts.
« Un décret en Conseil d'État précise les conditions d'application du présent
3°. »
« II. _ Les dispositions du I sont applicables aux demandes adressées à
compter du 1er mars 1997. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-150, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° II-201, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de rédiger comme suit ce même article :
« I. - L'article L. 80 B du livre des procédures fiscales est ainsi modifié
:
« 1. Dans le
b
du 2° de cet article, les mots : "ou 44
sexies
du code général des impôts." sont remplacés par les mots : ", 44
sexies
ou 44
octies
du code général des impôts.".
« 2. Cet article est complété
in fine
par un 3° ainsi rédigé :
« 3° Lorsque l'administration n'a pas répondu dans un délai de six mois à un
redevable de bonne foi qui a demandé, dans les mêmes conditions que celles
prévues à l'avant-dernier alinéa du 2°, si son projet de dépenses de recherche
est éligible au bénéfice des dispositions de l'article 244
quater
B du
code général des impôts.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions d'application du présent
3°. »
« II. - Les dispositions du 2 du I sont applicables aux demandes adressées à
compter du 1er mars 1997. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n° II-150.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Nous voici avec l'article 71
bis
en présence d'une petite
bizarrerie.
En effet, sous prétexte de normaliser les rapports entre l'administration
fiscale et les entreprises, on nous propose d'avaliser une disposition
susceptible de légaliser une forme de fraude au crédit d'impôt qui a connu, ces
dernières années, un certain succès.
Au moment même où le Gouvernement supprime 1 400 postes dans l'administration
fiscale, il tente de nous faire voter, une mesure en faveur du traitement
accéléré de certaines demandes de crédit d'impôt dont jouissent les
entreprises.
Le crédit d'impôt-recherche a été, on le sait, mis en place en vue de
favoriser les dépenses de recherche-développement des entreprises.
Il est cependant, dans son principe, un peu superfétatoire, puisque les
dépenses correspondantes sont comptabilisables en charges de production, que la
poursuite d'un programme de recherche-développement est éligible à la déduction
de la TVA ou encore que la valorisation de la recherche peut se traduire en
réévaluation des actifs immobilisés.
Il conduit donc à une sorte de « multidéfiscalisation » des mêmes coûts de
production.
Ajoutons que le succès limité du procédé démontre que les entreprises privées
mènent une politique de recherche-développement relativement limitée, puisque
ce sont les entreprises publiques qui assument aujourd'hui l'essentiel de
l'effort national de recherche.
De plus et même si la bonne foi des contribuables n'est pas toujours en cause,
les dépenses éligibles au crédit d'impôt sont des dépenses d'amortissement
d'installation de processus de production - je pense par exemple aux logiciels
- largement éprouvées par ailleurs.
Le crédit d'impôt-recherche a donc été dans les faits assez largement détourné
de son objet.
La question de l'exonération partielle ou totale de l'impôt sur les sociétés
des entreprises situées dans les zones d'aménagement du territoire prioritaires
se pose d'ailleurs dans les mêmes termes aujourd'hui.
Le mitage progressif du territoire a conduit certains groupes à opter pour une
délocalisation de certaines activités qu'ils exerçaient auparavant dans des
zones non éligibles, mais aussi à une délocalisation des profits : de simples
jeux d'écriture internes au groupe suffisant à majorer le résultat de la
société éligible à l'article 44
sexies
ou à l'article 44
octies,
et à minorer le résultat de l'entreprise située dans une région encore soumise
au droit commun.
Les dispositions relatives au crédit d'impôt-recherche et à l'exonération
temporaire de l'impôt sur les sociétés ont induit des comportements de gestion
particulièrement discutables de chasse à la prime fiscale et suscité un certain
nombre de montages juridiques complexes pour optimiser les dispositions
visées.
Déceler dans ces dossiers ce qui procède de la simple application du droit et
ce qui procède de son utilisation à des fins moins avouables demande du
temps.
Il est de surcroît patent que les contentieux relatifs à l'impôt sur les
sociétés assez largement encombrés de cas d'interprétation assez élastiques des
dispositions visées à l'article 71
bis.
Adopter cet article en l'état serait en fait prévoir une dérogation au droit
commun - c'est-à-dire les trois ans de reprise accordés à l'administration pour
vérifier la comptabilité des contribuables - et instituer une nouvelle source
fructueuse d'évasion fiscale pour les intéressés.
la situation des comptes publics permet-elle vraiment que ce genre de cadeau
soit fait à certains contribuables ? Nous ne le pensons pas. Voilà pourquoi
nous proposons, par cet amendement, de supprimer l'article 71
bis.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général pour défendre l'amendement n° II-201
et donner l'avis de la commission sur l'amendement n° II-150.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'amendement n° II-201 vise à étendre la procédure de
l'accord tacite de l'administration aux contribuables qui souhaitent bénéficier
de l'exonération de l'impôt sur les bénéfices pendant cinq ans, applicable dès
le 1er janvier prochain dans les zones franches urbaines.
Les entreprises seront exonérées d'impôt sur les bénéfices, mais uniquement
sur les seuls bénéfices réalisés dans ces zones, et ce dans un plafond de 400
000 francs.
Cette disposition nécessite le calcul d'une clef de répartition des bénéfices
par établissement qui est relativement complexe.
L'application du rescrit fiscal à cette exonération particulière permettrait
de sécuriser les entreprises qui s'implantent dans ces zones franches urbaines,
ce qui va dans le sens de l'objectif visé par le Gouvernement dans ces
zones.
En défendant son amendement, Mme Beaudeau a qualifié de bizarres les
dispositions de l'article 71
bis.
Mais il n'y a rien de bizarre, madame
! Au contraire, la commission se réjouit de pouvoir voter des dispositions qui
tendent vers plus de stabilité, vers plus de lisibilité et vers plus de
sécurité de la législation fiscale. Aussi a-t-elle émis un avis défavorable sur
l'amendement n° II-150.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-150 et II-201 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n°
II-150.
En réalité, la procédure de rescrit qui a été instituée a pour objet de
faciliter la création d'entreprises. Elle améliore la situation juridique des
entreprises à l'occasion d'opérations complexes dont la remise en cause
ultérieure serait lourde de conséquences pour leur équilibre financier.
C'est la raison pour laquelle a été rédigé cet article 71
bis,
qui
répond à une préoccupation très concrète des entreprises.
En ce qui concerne l'amendement n° II-201, j'éprouve également une certaine
réticence car, autant la procédure du rescrit paraît utile lorsqu'il y a
création d'une entreprise nouvelle - notamment dans les zones privilégiées au
titre de la politique de l'aménagement du territoire - autant, dans le cas de
la zone franche urbaine, à partir du moment où les avantages fiscaux
s'appliquent aussi bien aux entreprises existantes qu'aux entreprises
nouvelles, il n'y a pas besoin de mettre en place un système de ce genre.
Par conséquent, je serais tenté de proposer à la commission des finances que
l'on attende de voir comment va fonctionner la procédure du rescrit, qui va
s'appliquer à partir de l'année 1996, et comment fonctionnera le système fiscal
privilégié dans les zones franches. Au vu de cette expérience, nous
déterminerons ensuite s'il faut ou non envisager un élargissement du rescrit
aux zones franches, comme le propose la commission des finances.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-150, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-201.
M. Alain Lambert
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le ministre, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention la réponse que vous venez de nous donner. Mais je tiens à vous dire
que l'aléa économique est si grand dans notre pays pour les entrepreneurs qu'il
ne faut pas que la loi fiscale vienne décourager ceux qui veulent se lancer, et
ils sont nombreux.
Toutefois, depuis hier, vous nous avez donné bien des preuves de votre volonté
d'élaborer la meilleure législation fiscale possible à cet égard. Aussi, je ne
vous ferai pas ce matin de procès d'intention. Vous me dites que vous êtes prêt
à examiner cette procédure. Je voudrais lire dans vos yeux - je n'attends même
pas que vous me répondiez oralement (
M. le ministre sourit.
) - que vous
êtes favorable au principe de l'extension du rescrit fiscal, qui donne une
sécurité fiscale totale dont les entreprises ont besoin pour prendre des
risques économiques ce que nous attendons d'elles.
Dès lors que vous me donnez une sorte de rendez-vous pour améliorer le
dispositif, je retire mon amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-201 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 71
bis.
(L'article 71
bis
est adopté.)
Article additionnel après l'article 71
bis
M. le président.
Par amendement n° II-216, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, après l'article 71
bis,
un article additionnel ainsi
rédigé :
« Avant le 1er octobre 1997, le Gouvernement présente au Parlement un rapport
sur les effets économiques de la taxe sur les salaires, plus particulièrement
en ce qui concerne le renchérissement du coût de l'emploi qu'elle induit. Ce
rapport s'attachera également à analyser les voies et moyens d'une suppression
progressive de cet impôt et de son remplacement par une contribution
substitutive. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement est l'écho d'une discussion qui a été
engagée avec M. le ministre du budget à l'occasion de l'examen de la première
partie du projet de loi de finances.
Nous avions ensemble constaté qu'en 1996, au moment où l'emploi pose un grave
problème dans notre pays, il était insensé de conserver la taxe sur les
salaires. En effet, c'est sans doute la taxe la plus « sotte » qui puisse
encore exister dans le code général des impôts.
M. Jean Chérioux.
C'est vrai !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est la raison pour laquelle je voudrais vivement
vous encourager, monsieur le ministre, à étudier cette question.
Nous vous demandons, par cet amendement, de présenter au Parlement un rapport
sur les effets économiques de cette taxe et, plus particulièrement, sur le
renchérissement du coût de l'emploi qu'elle induit. Bien entendu, nous n'allons
pas, à chaque article, demander un rapport au Gouvernement mais vous m'avez
paru sensibilisé à cette question, à l'occasion de l'examen des articles de la
première partie du projet de loi de finances.
A partir d'une analyse un peu sommaire, nous avons constaté que l'Etat, à
concurrence de près de la moitié de son montant, était débiteur de la taxe sur
les salaires et prélevait celle-ci. Il y a là matière à simplification et à
amélioration. Le coût serait nul pour la nation et nous avons le devoir de nous
atteler à cette tâche avec le maximum de diligence.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le président, monsieur le ministre,
mes chers collègues, cet amendement vous est présenté. Il veut témoigner de
notre volonté de nous attaquer à cette question importante de la taxe sur les
salaires qui est totalement inadaptée à la période actuelle.
M. Jacques Machet.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je ne puis refuser un rapport demandé par le Sénat et,
en particulier, par la commission des finances.
Cet impôt, en effet, est une survivance d'un autre âge. Mis en place voilà de
longues années, il frappe les entreprises qui ne sont pas assujetties à la TVA.
Tous les ans, un certain nombre d'amendements tendent à soustraire à la taxe
sur les salaires telle ou telle activité, notamment associative.
Or la situation est très délicate car cette taxe rapporte 46 milliards de
francs. Si nous envisagions sa réduction ou sa suppression progressive, nous
devrions trouver des solutions de substitution. Je suis donc tout à fait
d'accord pour qu'une réflexion soit conduite sur ce sujet, comme le propose M.
le rapporteur général. Je me propose d'ailleurs de solliciter l'avis du conseil
des impôts car, en ce domaine si délicat, nous devons avoir une expertise
technique irréprochable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-216.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Je tiens à exprimer tout l'intérêt que nous portons à cet amendement et à
l'objectif que M. le rapporteur général cherche à atteindre.
Monsieur le ministre, il faut bien avoir à l'esprit que les organismes et les
associations qui s'acquittent de la taxe sur les salaires ont souvent recours,
pour leur fonctionnement, à des fonds publics. Ce système pose donc le problème
de l'usage de l'argent public.
Par ailleurs, certaines de ces associations créent des emplois de proximité.
Je pense à toutes celles qui accomplissent un travail considérable au service
de nos concitoyens et qui se trouvent découragées parce qu'elles ont beaucoup
de mal à équilibrer leur compte alors que, par ailleurs, elles créent des
emplois.
J'ai souvent déposé ou repris des amendements relatifs à la taxe sur les
salaires acquittée par les chambres consulaires telles que les chambres de
métiers. En effet, cette taxe pénalise les plus dynamiques d'entre elles qui
embauchent des animateurs, des développeurs et des promoteurs. Or plus elles
participent au développement et plus elles sont pénalisées. La direction dans
laquelle vous vous engagez n'est pas la bonne au moment où il faut développer
l'emploi, notamment dans le secteur associatif, et aider les PMI et les PME.
Voilà pourquoi nous sommes très attachés au rapport sur les effets économiques
de la taxe sur les salaires et aux perspectives qu'il nous laisse entrevoir.
Nous serons particulièrement attentifs, à cette analyse et à la définition de
ces perspectives.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Nous ne pouvons qu'approuver la présentation au Parlement d'un rapport sur les
effets économiques de la taxe sur les salaires. Néanmoins, nous nous demandons
s'il est nécessaire de prévoir que ce rapport s'attachera à « analyser les
voies et moyens d'une suppression progressive de cet impôt et son remplacement
par une contribution substitutive ». Il n'est pas précisé de quelle
contribution il s'agit. Or nous savons que la taxe sur les salaires rapporte
environ cinquante milliards de francs. Je me demande donc s'il est nécessaire
de laisser figurer dans cet amendement ce membre de phrase.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Si nous ne le faisions pas, aggraverions-nous encore
le déficit.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-216, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 71
bis.
3. Modernisation de la fiscalité agricole
Article 72
M. le président. -
« Art. 72. _ I. _ Le I de l'article 72 D du code général des impôts est ainsi
modifié :
« 1° Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« Les exploitants agricoles soumis à un régime réel d'imposition peuvent
déduire chaque année de leur bénéfice une somme plafonnée soit à 15 000 francs,
soit à 35 % de ce bénéfice dans la limite de 52 500 francs. Ce plafond est
majoré de 10 % de la fraction de bénéfice comprise entre 150 000 francs et 500
000 francs. Le taux de 10 % est porté à 15 % pour les exercices ouverts à
compter du 1er janvier 1998 et à 20 % pour les exercices ouverts à compter du
1er janvier 1999. Le taux est de 20 % dès l'exercice ouvert au 1er janvier 1997
pour les investissements de mise aux normes lorsque ces investissements ont été
précédés d'une étude dite "étude Dexel" ; »
« 2° Le dernier alinéa est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Sur demande de l'exploitant, elle peut être rapportée en tout ou partie au
résultat d'un exercice antérieur lorsque ce résultat est inférieur d'au moins
20 % à la moyenne des résultats des trois exercices précédents. Pour le calcul
de cette moyenne, il n'est pas tenu compte des reports déficitaires. »
« II. _ Les dispositions du I sont applicables pour l'imposition des résultats
des exercices ouverts à compter du 1er janvier 1997. »
Je suis saisi de cinq amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-169, M. Masseret, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Lise,
Massion, Miquel, Moreigne, Régnault, Richard et Sergent, les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° II-222, le Gouvernement propose de rédiger ainsi la dernière
phrase du texte présenté par le 1° du I de l'article 72 pour le premier alinéa
du I de l'article 72 D du code général des impôts : « Le taux de 10 % est porté
à 20 % pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 1997 pour les
exploitants qui remplissent les conditions d'obtention des aides prévues pour
la réalisation de travaux d'amélioration et de construction, qui s'incorporent
aux bâtiments d'exploitation rurale, destinés à satisfaire aux obligations
prévues par les textes d'application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976
relative aux installations classées pour la protection de l'environnement. »
Par amendement n° II-208, M. Machet et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent :
A. De compléter le paragraphe I de l'article 72 par un alinéa ainsi rédigé
:
« 3° Après les mots : "nécessaires à l'activité", ».
« La fin du troisième alinéa du paragraphe I de l'article 72 D du code général
des impôts est ainsi rédigé : "pour l'acquisition et pour la production de
stocks de produits ou d'animaux dont le cycle de rotation est supérieur à un an
ou pour la souscription de parts sociales des sociétés coopératives agricoles
visées à l'article L. 521-I du code rural et de titres de sociétés privées
agroalimentaires ou agro-industrielles". »
B. De compléter l'article 72 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes entraînées par l'application des dispositions
du 3° du paragraphe I sont compensées à due concurrence par l'augmentation des
droits sur les tabacs prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
Par amendement n° II-28, MM. François, Hyest, Larché et Peyrefitte proposent,
dans la première phrase du texte présenté par le 2° du I de l'article 72 pour
compléter le dernier alinéa du I de l'article 72 D du code général des impôts,
de supprimer le mot : « antérieur ».
Par amendement n° II-209, M. Machet et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent, à la fin du paragraphe II de l'article 72, de remplacer
les mots : « exercices ouverts à compter du 1er janvier 1997 » par les mots : «
exercices clos à compter du 1er janvier 1996 ».
La parole est à M. Régnault, pour présenter l'amendement n° II-169.
M. René Régnault.
Je souhaite vous poser d'emblée, monsieur le ministre, deux questions précises
: quel est le coût du dispositif initial proposé par l'article 72 et quel est
son coût après l'amendement adopté par l'Assemblée nationale ?
Pour notre part, pourquoi avons-nous déposé cet amendement de suppression de
l'article 72 dont la portée est aggravée par l'amendement adopté par
l'Assemblée nationale ?
L'ensemble des agriculteurs imposables, y compris ceux qui ont des revenus
élevés, bénéficient de la nouvelle mesure relative à la déduction pour
investissement. En revanche, ceux qui sont en réelle difficulté financière - il
y en a - et qui ne paient pas d'impôt parce qu'ils disposent de revenus peu
élevés se voient écartés, par définition, du champ de la nouvelle mesure. Qui
plus est, celle-ci ne devient définitive que lorsque les intéressés peuvent
justifier d'un accroissement de leurs stocks ou d'acquisition de matériel,
c'est-à-dire lorsqu'ils ont des disponibilités pour réaliser de telles
opérations.
Un exploitant, s'il est aisé, sera dès lors encore un peu plus encouragé, mais
s'il est en difficulté, il n'y aura point de salut pour lui. Il sera voué à
l'échec.
Il convient donc de revenir sur une disposition qui aboutit à avantager les
agriculteurs les plus fortunés au lieu de s'adresser à ceux qui sont réellement
dans le besoin. Tel est le dispositif initial proposé par le Gouvernement.
L'Assemblée nationale, toutefois, a complété celui-ci en proposant une
extension de la déduction fiscale pour les travaux effectués par les
exploitants qui se fondent sur l'étude dite Dexel et qui en sont à la mise en
oeuvre des mesures de mise aux normes.
Dès lors, monsieur le ministre, mes chers collègues, je voudrais attirer votre
attention sur le point suivant : aujourd'hui, nous savons que cette mise aux
normes sera extrêmement difficile à opérer. Elle ne prend actuellement en
compte que les exploitations les plus importantes, c'est-à-dire celles qui
enregistrent les meilleurs résultats. A côté de ces dernières, il existe un
certain nombre d'exploitations pour lesquelles cette mise aux normes est tout
aussi importante.
La bataille en faveur de la reconquête de la qualité de la ressource en eau
passe par une action globale des exploitants agricoles, des industriels ou des
ménages. C'est parce que nous mènerons cette bataille de la qualité sur tous
les fronts que nous la gagnerons. Or aucune aide n'est apportée aux
exploitations plus petites qui contribuent aux pollutions diffuses et dont la
mise aux normes n'est pas prévue dans les prochaines années.
Monsieur le ministre, je connais la réponse que le Gouvernement a adressée aux
agences de l'eau. Je sais notamment que, compte tenu des moyens financiers
limités, il n'est pas possible de faire plus.
Alors, de grâce, monsieur le ministre, pourquoi ne pas recourir aux moyens
fiscaux que représentent ces déductions fiscales pour précisément apporter
l'enveloppe complémentaire qui vous est demandée et qui permettrait de nous
engager plus rapidement et plus avant dans la bataille de la reconquête de la
ressource en eau ?
Telle est la raison pour laquelle nous sommes franchement hostiles à l'article
72 et nous souhaitons être entendus, monsieur le ministre.
Nous sommes confrontés à un véritable problème. L'opinion publique ne
comprendrait pas que vous octroyiez des réductions fiscales aux exploitants qui
peuvent procéder aux mises aux normes, alors que les autres ne bénéficieraient
d'aucune aide. Non ! l'heure est venue de procéder à un redéploiement des
moyens publics.
M. le président.
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° II-222.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Cet amendement tend à rédiger d'une manière plus
correcte, du point de vue juridique, une disposition adoptée sur l'initiative
de l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale a en effet adopté un amendement tendant à permettre un
relèvement plus rapide du taux de la déduction pour investissement pratiquée
par les exploitants qui envisagent la réalisation de travaux de mises aux
normes environnementales. Telle est la préoccupation que vient d'exprimer M.
Régnault.
Tel qu'il a été adopté par l'Assemblée nationale, ce texte fait référence à
une étude, dite Dexel, qui constitue le diagnostic préalable à l'octroi des
aides à la mise en conformité à ces normes des bâtiments d'élevage et qui
trouve son origine dans de simples circulaires du ministère de
l'agriculture.
Sans modifier la portée du texte adopté par l'Assemblée nationale, je vous
propose plutôt que de viser l'étude Dexel, qui n'a pas de portée juridique, de
désigner clairement et d'une manière incontestable les exploitants qui
remplissent les conditions d'obtention des aides et de faire référence aux
textes législatifs et réglementaires applicables en la matière.
M. le président.
La parole est à M. Machet, pour présenter l'amendement n° II-208.
M. Jacques Machet.
Dans le cadre de la modernisation de la fiscalité agricole, le présent
amendement vise à étendre le mécanisme de la déduction pour investissement à la
souscription de parts de coopératives et de titres de sociétés
agro-alimentaires ou agro-industrielles, afin d'inciter les exploitants
agricoles à investir en aval de la production, dans la mesure où la valeur
ajoutée tend à se déplacer là.
M. le président.
La parole est à M. François, pour défendre l'amendement n° II-28.
M. Philippe François.
La réintégration de la déduction pour investissement doit être possible dans
l'exercice au cours duquel survient l'événement qui la justifie.
Dans l'hypothèse inverse, il serait complexe de devoir recalculer l'impôt dû
au titre de l'année précédente et de devoir procéder à une émission du nouvel
avis d'imposition près d'un an après l'émission du premier avis et près de
dix-huit mois après la clôture de l'exercice concerné par la réintégration.
M. le président.
La parole est à M. Machet, pour présenter l'amendement n° II-209.
M. Jacques Machet.
Dans le cadre de la modernisation de la fiscalité agricole, le présent
amendement tend à permettre aux exploitants agricoles, ayant subi une perte de
bénéfices liée notamment à la crise de la viande bovine, de réintéger tout ou
partie des déductions pour investissements dans leur résultat clos en 1996.
Le texte initial du projet de loi de finances prévoit cette possibilité pour
l'imposition des résultats des exercices ouverts à compter du 1er janvier 1997
et ne tient donc pas compte de la crise bovine de cette année.
Le coût budgétaire est nul, dans la mesure où il s'agit d'une réintégration
anticipée d'une déduction réalisée sur les bénéfices des années antérieures.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-169, II-222,
II-208, II-28 et II-209 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
S'agissant de l'amendement n° II-169, la commission
des finances n'a pas voulu croire que M. Régnault et ses collègues puissent
être hostile à l'aide apportée aux victimes des calamités agricoles. Aussi
pense-t-elle que cet amendement a été déposé par erreur et y émettra-t-elle un
avis défavorable s'il n'est pas retiré.
Par l'amendement n° II-222 le Gouvernement à souhaité apporter une précision
au texte adopté par l'Assemblée nationale. La commission des finances du Sénat
examine toujours avec une grande bienveillance les textes émanant de
l'Assemblée nationale et il lui arrive même de souhaiter la réciprocité. Elle
émet donc un avis favorable sur cet amendement.
En ce qui concerne l'amendement n° II-208, j'aurais bien voulu être agréable à
M. Machet, mais les parts et titres ne sont pas des biens amortissables. Aussi
est-il difficile d'étendre le mécanisme de la déduction pour investissement à
ce type de biens. Bien que les coopératives jouent toujours un rôle très
important dans le développement de l'agriculture, la commission ne peut émettre
un avis favorable. Elle vous suggère, monsieur Machet, après avoir entendu le
Gouvernement et dans le cas où celui-ci partagerait l'avis de la commission, de
bien vouloir retirer votre amendement.
Quant à l'amendement n° II-28, il est satisfait. Aussi, la commission demande
à M. François de bien vouloir le retirer.
J'en viens à l'amendement n° II-209. Celui-ci n'a malheureusement pas sa place
dans la deuxième partie du projet de loi de finances puisqu'il s'applique aux
revenus de 1996 et donc à l'impôt qui sera payé en 1997. Aussi, il n'est pas
possible d'émettre un avis favorable sur cet amendement. C'est pourquoi la
commission suggère à M. Machet de le retirer.
En matière de déduction pour investissement, nous avons intérêt, pour protéger
le régime, à ne pas vouloir l'étendre trop car nous risquerions ainsi de
l'affaiblir. Si j'avais un conseil amical à donner à tous nos collègues, je
leur dirais qu'à vouloir trop enrichir le dispositif, nous risquerions de
mettre en cause sa pérennité.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-169, II-208, II-28
et II-209 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
S'agissant de l'amendement n° II-169, je voudrais
d'abord dire, comme vient de le faire M. le rapporteur général, que la
déduction pour investissement pour les agriculteurs qui sont assujettis au
bénéfice réel est un dispositif très important. Il a montré la preuve de son
efficacité. Il faut le conserver et l'améliorer tel que cela est proposé dans
l'article 72, mais sans doute éviter de l'étendre trop, et trop vite.
Monsieur Régnault, la déduction pour investissement s'élèvera à 830 millions
de francs en 1997. L'amélioration prévue dans l'article 72 du présent projet de
finances représentera un coût de 130 millions en 1998 et de 400 millions de
francs ultérieurement, en régime de croisière. Il s'agit donc d'une
amélioration sensible, qui a été mise au point au début de l'année, dans le
cadre de la conférence annuelle agricole, avec les organisations agricoles et
qui a donc recueilli leur accord. Aussi, cette disposition nous paraît
raisonnable et c'est pourquoi le Gouvernement ne peut accepter l'amendement n°
II-169.
J'en viens à l'amendement n° II-28. Comme l'a indiqué M. le rapporteur
général, l'article 72 du présent projet de loi de finances prévoit, comme cela
a été souhaité par les auteurs de cet amendement, de permettre aux agriculteurs
qui ont subi des aléas climatiques, épizootiques et économiques exceptionnels
ayant entraîné une diminution significative de leur bénéfice de procéder à la
réintégration immédiate de la déduction pour investissement sans attendre
l'expiration de la cinquième année qui suit la réalisation de la déduction. Les
auteurs de cet amendement ont donc d'ores et déjà satisfaction. Aussi, je pense
que, ainsi rassurés, ils pourront retirer leur amendement.
S'agissant de l'amendement n° II-208, je voudrais dire, comme M. le rapporteur
général, que la déduction pour investissement est conçue pour financer les
immobilisations amortissables de l'exploitation ou des stocks détenus depuis
plusieurs années sur l'exploitation comme les vins ou les animaux. Ce n'est pas
le cas de parts de sociétés agroalimentaires ou agro-industrielles, dont
l'activité se situe en aval. C'est un principe que nous avons appliqué depuis
l'origine. Aussi, je souhaiterais que M. Machet reconsidère sa position et
veuille bien retirer cet amendement.
En ce qui concerne l'amendement n° II-209, je confirme qu'en réalité il se
serait appliqué dès 1997. Il aurait donc eu sa place dans la première partie du
présent projet de loi de finances. Il n'est pas recevable en deuxième
partie.
M. le président.
Monsieur Machet, les amendements n°s II-208 et II-209 sont-ils maintenus ?
M. Jacques Machet.
S'agissant de l'amendement n° II-208, je souscris aux propos de M. le
rapporteur général. Le mieux est effectivement l'ennemi du bien. Il faut se
montrer très prudent et éviter de compliquer une situation déjà très complexe.
Compte tenu des explications qui m'ont été fournies tant par la commission que
par le Gouvernement, je retire cet amendement.
Quant à l'amendement n° II-209, je regrette de ne pas l'avoir déposé en
première partie. Cela étant dit, ce sujet a été suffisamment discuté pour que
les services concernés travaillent dans le bon sens avec les personnes qui
traversent cette crise importante. Aussi, je retire cet amendement.
M. le président.
Les amendements n°s II-208 et II-209 sont retirés.
Monsieur François, l'amendement n° II-28 est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Compte tenu des explications de M. le rapporteur général et de M. le ministre,
je le retire.
M. le président.
L'amendement n° II-28 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-169.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Je voudrais d'abord remercier M. le ministre car la réponse qu'il m'a apportée
est claire. Je veux saluer l'honnêteté avec laquelle elle m'a été faite
puisqu'il a reconnu qu'il s'agissait bien d'une mesure de portée générale
concernant le régime réel d'imposition, dont le coût s'élève à 830 millions de
francs auxquels s'ajoutent, pour 1997, 130 millions de francs aux termes de
l'amendement adopté par l'Assemblée nationale.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Pour 1998 !
M. René Régnault.
Cela s'explique par le fait que le programme de maîtrise des pollutions
d'origine agricole démarre. L'incidence de la mesure sera donc relativement
faible en 1997. En revanche, elle atteindra 400 millions de francs en régime de
croisière, en 1998.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Me permettez-vous de vous interrompre, monsieur
Régnault.
M. René Régnault.
Je vous en prie.
M. le président.
La parole est à M. le ministre avec l'autorisation de l'orateur.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je tiens simplement à apporter une rectification :
application de l'article 72 représente 130 millions à partir de 1998 - cela ne
coûte rien sur 1997 - et 400 millions de francs au-delà, c'est-à-dire en régime
de croisière.
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur Régnault.
M. René Régnault.
Je comprends bien que, l'année du démarrage, le coût sera sensiblement
inférieur à celui du régime de croisière.
Cela signifie que, durant le septième programme des agences de l'eau, c'est
près de 1,5 milliard de francs d'exonérations ou de déductions fiscales qui
seront consentis à ceux qui auront pu procéder aux travaux de mise aux normes
parce qu'ils sont réputés intégrables.
Avec la même somme on ne serait pas loin de répondre à tous ceux qui sont
actuellement écartés du dispositif parce que, faute de moyens financiers, on ne
peut pas prendre en compte les exploitations de plus petite taille. Je regrette
cette disposition.
Monsieur le rapporteur général, je suis profondément déçu. En effet, cet
amendement empêcherait, d'après vous, les victimes de calamités agricoles de
bénéficier d'une mesure fiscale. Or, il s'agit d'une mesure d'ordre général, et
M. le ministre n'a pas dit autre chose. Elle est assortie d'une disposition
introduite à l'Assemblée nationale, qui va coûter cher, au moment où nous avons
à mener ensemble cette bataille pour la reconquête de la qualité de l'eau.
Aujourd'hui on ne peut - c'est au moins le cas pour l'agence de l'eau
Loire-Bretagne - prendre en compte toutes les exploitations qu'il conviendrait
effectivement d'aider. En effet, on a pris en compte d'abord les plus grandes
et, compte tenu des moyens financiers qui ont été actés jusqu'à présent, y
compris ceux de l'Etat, on n'a pas pu descendre en dessous d'un certain
niveau.
Mes chers collègues, nous ne sommes pas raisonnables en accordant des
déductions à ceux qui possèdent de grandes exploitations, et non à ceux qui
connaissent des situations plus difficiles et qui auraient besoin d'être
davantage aidés.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-169, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe socialiste.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
53:
Nombre de votants | 316 |
Nombre de suffrages exprimés | 314 |
Majorité absolue des suffrages | 158 |
Pour l'adoption | 94 |
Contre | 220 |
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-222, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 72, ainsi modifié.
(L'article 72 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 72
M. le président.
Par amendement n° II-104, MM. François, César, Belcour, Bizet, Cazalet,
Debavelaere, Doublet, Flandre, Hugo, Le Grand, Martin, de Menou, Pluchet et
Rigaudière proposent d'insérer, après l'article 72, un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - L'article 74 du code général des impôts est ainsi rédigé :
«
Art. 74
. - Le bénéfice imposable des exploitants placés sous le
régime simplifié d'imposition d'après le bénéfice réel est déterminé
conformément aux dispositions des articles 72 à 73 C sous réserve des
simplifications suivantes :
«
a.
La comptabilité de l'exploitation n'enregistre journellement que
les encaissements et les paiements ; les créances et les dettes sont constatées
à la clôture de l'exercice, sauf en ce qui concerne les dépenses relatives aux
frais généraux, qui sont payées à échéances régulières et dont la périodicité
n'excède pas un an.
«
b.
Les stocks, y compris les animaux, mais non compris les matières
premières achetées et les avances aux cultures visées à l'article 72 A sont
évalués selon une méthode forfaitaire, à partir du cours du jour à la clôture
de l'exercice. Le décret prévu à l'article 74 B peut définir des méthodes
particulières d'évaluation pour les matières premières achetées.
«
c.
Les frais relatifs aux carburants consommés lors des déplacements
professionnels de l'exploitant peuvent être enregistrés forfaitairement d'après
un barème qui est publié chaque année. La justification des frais généraux
accessoires payés en espèces n'est pas exigée dans la limite de 1 % du chiffre
d'affaires réalisé et d'un minimum de 1 000 francs. »
« II. - Les pertes de recettes résultant de l'application du I ci-dessus sont
compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Les commerçants relevant du régime simplifié d'imposition bénéficient, depuis
la détermination des résultats des exercices clos à compter du 1er janvier
1990, d'une possibilité de comptabilisation supersimplifiée de certaines
charges.
Il est proposé d'étendre ce régime aux exploitants agricoles relevant du
régime simplifié agricole et de rétablir la possibilité pour ces derniers de
constituer des provisions, dont l'interdiction ne se justifie plus.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission suggérerait - elle entendra le
Gouvernement avec intérêt sur ce sujet - que cet amendement soit retiré afin
qu'il puisse être examiné et peut-être déboucher dans un sens très positif à
l'occasion d'une prochaine discussion.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Une fois de plus, M. François et ses amis rejoignent
une préoccupation du Gouvernement : réduire les obligations comptables des
exploitants agricoles placés sous le régime réel simplifié d'imposition.
Cependant, la rédaction qu'ils proposent comporte, certes, des éléments de
simplification, mais aussi quelques complications.
C'est pourquoi je propose, comme le laissait entendre M. le rapporteur
général, que nous nous donnions quelques jours, car, dans le même esprit, le
Gouvernement a lui-même préparé un texte ; je présenterai donc, lors de la
discussion du collectif budgétaire, une disposition allant tout à fait dans le
même sens, mais sous une forme peut-être plus simple que la rédaction envisagée
ici.
Je pense donc que, compte tenu de l'assurance d'une avancée très rapide de ce
dossier, M. François pourrait retirer l'amendement n° II-104.
M. le président.
Monsieur François, l'amendement n° II-104 est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Je vais par conséquent rester en éveil ces jours prochains ! J'espère quand
même ne pas être obligé de rester éveillé trop longtemps, et pouvoir dormir un
peu prochainement !
(Sourires.)
Je retire l'amendement n° II-104.
M. le président.
L'amendement n° II-104 est retiré.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° II-105, MM. François, César,Belcour, Bizet, Cazalet,
Debavelaere, Doublet, Flandre, Bernard Hugo, Le Grand, Martin, de Menou,
Pluchet et Rigaudière proposent d'insérer, après l'article 72, un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 75 du code général des impôts est ainsi rédigé :
«
Art. 75
. - Les recettes tirées d'activités accessoires relevant de la
catégorie des bénéfices industriels et commerciaux et de celle des bénéfices
non commerciaux réalisés par un exploitant agricole soumis à un régime réel ou
au régime transitoire d'imposition peuvent être prises en compte pour la
détermination du bénéfice agricole lorsqu'il n'excède ni 30 % des recettes
tirées de l'activité agricole, ni 200 000 francs de l'année civile précédente.
Ces montants s'apprécient remboursements de frais inclus et taxes comprises.
L'application de cette disposition ne peut se cumuler au titre du même exercice
avec les dispositions des articles 50-O et 102
ter
. »
« II. - Les pertes de recettes résultant de l'application du I ci-dessus sont
compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° II-2, MM. Adnot et Grandon proposent d'insérer, après
l'article 72, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 75 du code général des impôts est ainsi rédigé :
«
Art. 75
. - Les recettes tirées d'activités accessoires relevant de la
catégorie des bénéfices industriels et commerciaux et de celle des bénéfices
non commerciaux réalisés par un exploitant agricole soumis à un régime réel ou
au régime transitoire d'imposition peuvent être prises en compte pour la
détermination du bénéfice agricole lorsqu'il n'excède ni 30 % des recettes
tirées de l'activité agricole, ni 200 000 francs de l'année civile précédente.
Ces montants s'apprécient remboursements de frais inclus et taxes comprises.
L'application de cette disposition ne peut se cumuler au titre du même exercice
avec les dispositions des articles 50-0 et 102
ter.
Par amendement n° II-106 rectifié, MM. François, César, Valade, Alloncle,
Belcour, Bernard, Bizet, Cazalet, Courtois, Debavelaere, Doublet,
Eckenspieller, Flandre, Bernard Hugo, Jourdain, Leclerc, Le Grand, Lombard,
Martin, de Menou, Ostermann, Pluchet, Rigaudière et Vial proposent d'insérer,
après l'article 72 un article additionnel ainsi rédigé :
« La première phrase de l'article 75 du code général des impôts est ainsi
rédigée :
« Le chiffre d'affaires tiré d'activités accessoires relevant de la catégorie
des bénéfices industriels et commerciaux et de celle des bénéfices non
commerciaux réalisés par un exploitant agricole soumis à un régime réel
d'imposition peut être pris en compte pour la détermination du bénéfice
agricole lorsqu'il n'excède pas, au titre de l'exercice, 30 % du chiffre
d'affaires résultant de l'activité agricole. »
La parole et à M. François, pour défendre l'amendement n° II-105.
M. Philippe François.
Le traitement fiscal des opérations accessoires réalisées par les agriculteurs
dans le cadre de la pluriactivité diffère en fonction de l'imposition concernée
: TVA ou impôt sur le revenu.
Si les seuils au-delà desquels un double régime déclaratif s'impose sont les
mêmes en valeur absolue, les modalités d'appréciation de ces derniers diffèrent
sur plusieurs points : au regard de l'impôt sur le revenu, les seuils visent
les chiffres d'affaires toutes taxes comprises, alors qu'au regard de la TVA ce
sont les recettes toutes taxes comprises qui sont prises en compte ; au regard
de l'impôt sur le revenu, la période de référence d'appréhension de ces seuils
est l'exercice comptable, alors qu'il s'agit de l'année civile au regard de la
TVA.
Par ailleurs, lorsque l'exploitant franchit ces limites, il est soumis à un
double régime déclaratif au regard de l'impôt sur le revenu, à compter du
premier jour de l'exercice comptable au titre duquel il a franchi la limite,
alors qu'au regard de la TVA ce double régime déclaratif ne s'impose qu'à
compter du 1er janvier de l'année civile qui suit celle du franchissement du
seuil.
Le maintien de ces différences est source de complications dans la gestion du
dossier. Aussi est-il proposé d'aligner les modalités d'appréciation de ces
seuils au regard de l'impôt sur le revenu sur ceux qui sont définis au regard
de la TVA.
M. le président.
L'amendement n° II-2 est-il soutenu ?...
La parole est à M. François, pour défendre l'amendement n° II-106 rectifié.
M. Philippe François.
En vue de développer les activités de diversification des exploitants
agricoles, la loi de finances rectificative pour 1992 a autorisé ceux qui sont
soumis à un régime réel d'imposition à prendre en compte dans leur bénéfice
agricole les recettes tirées de ce type d'activité si elles n'excèdent ni 30 %
du chiffre d'affaires résultant de l'activité agricole ni 200 000 francs.
Cet amendement tend à ne conserver que la première de ces deux limites, qui
suffit à garantir que le dispositif ne bénéficie qu'à des exploitants agricoles
à titre principal.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-105 et II-106
rectifié ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
S'agissant de l'amendement n° II-105, le « maintien
de ces différences est source de complications dans la gestion du dossier » a
dit M. François. La commission des finances craint cependant que l'amendement
proposé n'ait tendance à le rendre encore plus compliqué ! C'est la raison pour
laquelle, mon cher collègue, elle suggère que l'ouvrage soit remis sur le
métier et que vous puissiez présenter à nouveau cet amendement lors de la
discussion du projet de loi d'orientation agricole. Si cet amendement n'était
pas retiré, la commission des finances émettrait alors un avis défavorable.
J'en viens à l'amendement n° II-106 rectifié. Là encore, la commission des
finances souhaite vous mettre en garde, monsieur François, car l'adoption de
cet amendement permettrait d'ouvrir un dispositif à des contribuables qui
risqueraient, par leur nombre, de mettre en péril, à terme, un régime qu'il
faut préserver. C'est pourquoi la commission émet également un avis défavorable
sur cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-105 et II-106
rectifié ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
J'ai le regret de dire à M. François que le
Gouvernement n'est pas favorable à ces deux amendements.
S'agissant de l'amendement n° II-106 rectifié, j'ai le sentiment que, après de
longs débats, nous avons trouvé un difficile équilibre entre les agriculteurs
qui exercent une pluriactivité et les commerçants. Dans ces conditions, il ne
paraît pas souhaitable de modifier les critères, notamment de supprimer le
plafond de 200 000 francs, comme cet amendement le prévoit. Je crois que ce
serait ouvrir là une redoutable boîte de Pandore.
En ce qui concerne l'amendement n° II-105, le sujet est beaucoup plus
technique. Je comprends, monsieur le sénateur, que vous souhaitiez, dans ce
domaine aussi, arriver à une simplification ; mais je doute qu'en l'espèce on
puisse y parvenir parce que les critères de rattachement aux résultats
agricoles des produits des activités accessoires qui figurent dans la loi
tiennent compte de la logique propre aux deux impôts concernés : la TVA, d'un
côté, l'impôt sur le revenu, de l'autre.
Or, pour des raisons évidentes, les règles d'assiette et de recouvrement de
ces deux impôts sont tout à fait différentes : la TVA est normalement assise
sur les recettes de l'année civile précédente, alors que l'impôt sur le revenu
est calé sur la notion d'exercice et tient compte des créances acquises pour
les exploitants soumis à un régime réel et des encaissements pour les
exploitants qui ont opté pour le régime transitoire.
L'expression « chiffre d'affaires » qui figure à l'article 75 du code général
des impôts recouvre ces deux notions et peut être lue directement dans la
comptabilité de l'exploitant sans aucun retraitement. Ce dispositif est donc
bien adapté à la situation de tous les exploitants, quel que soit le mode de
comptabilisation de leurs recettes, car ils peuvent immédiatement savoir qu'ils
remplissent les critères de rattachement pour les activités accessoires qu'ils
exercent.
Je crains donc que la mesure proposée, ainsi que l'a dit M. le rapporteur
général, ne se traduise plutôt par une complication que par une
simplification.
C'est pourquoi j'invite moi aussi M. François à retirer ses deux
amendements.
M. le président.
Monsieur François, les amendements n°s II-105 et II-106 rectifié sont-ils
maintenus ?
M. Philippe François.
J'ai cru comprendre que M. le rapporteur général n'était pas totalement opposé
à l'amendement n° II-105, puisqu'il a proposé de réétudier cette question lors
d'une prochaine discussion.
Je vais donc retirer cet amendement, ainsi que l'amendement n° II-106
rectifié, qui, comme l'a dit M. le ministre, vise une question plus compliquée.
Mais il me paraît très important que le Gouvernement accepte de reprendre cette
discussion à l'occasion de l'examen du projet de loi d'orientation agricole.
En effet, depuis quelques années, nous essayons, au sein du Sénat, de faire en
sorte que l'exploitation agricole devienne une exploitation à part entière,
comme une SARL. Cela pose certes des problèmes difficiles ; mais dès lors que
l'on considère l'exploitation agricole comme une activité économique à part
entière, il convient, autant que faire se peut, de rapprocher les règles qui
régissent ce type d'activité des règles qui régissent les activités
industrielles et commerciales.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Il est clair, monsieur François, que le prochain projet
de loi d'orientation agricole sera l'occasion d'avoir un débat de fond sur la
pluriactivité et le régime fiscal qui s'y applique.
M. le président.
Les amendements n°s II-105 et II-106 rectifié sont retirés.
Article 73
M. le président.
« Art. 73. _ I. _ L'article 75-0B du code général des impôts est ainsi modifié
:
« 1° Les deuxième et troisième alinéas sont remplacés par trois alinéas ainsi
rédigés :
« L'option est valable pour l'année au titre de laquelle elle est exercée et
pour les quatre années suivantes. Elle est reconduite tacitement par période de
cinq ans, sauf renonciation adressée au service des impôts dans le délai de
dépôt de la déclaration des résultats du dernier exercice de chaque période
quinquennale. En cas de renonciation, une nouvelle option ne peut être exercée
avant l'expiration d'une période de cinq ans.
« L'option ne peut être formulée ni pour l'imposition des deux premières
années d'application du régime transitoire ou du régime réel d'imposition ni
pour celle de l'année de la cession ou de la cessation.
« Toutefois, l'option peut être formulée pour l'imposition de l'année au cours
de laquelle l'exploitant fait apport de son exploitation à une société. » ;
« 2° Dans le cinquième alinéa, après le mot : "cessation", sont
insérés les mots : "ou, en cas de renonciation au mode d'évaluation du
bénéfice prévu au premier alinéa, la dernière année de son application"
».
« II. _ Les dispositions du I s'appliquent pour l'imposition des résultats des
exercices ouverts à compter du 1er janvier 1997. Les options en cours sont, le
cas échéant, réputées avoir été reconduites tacitement. »
Par amendement n° II-170, M. Masseret, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Lise,
Massion, Miquel, Moreigne, Régnault, Richard, Sergent et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Cet amendement vise à supprimer l'assouplissement des conditions d'option pour
les exploitants agricoles, pour le système de la moyenne triennale. En effet,
cet assouplissement permettra à ces derniers d'opter pour ce régime quand il
leur sera favorable, afin de payer moins d'impôts, et de sortir ensuite du
système.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous avions compris, en commission des finances, que
cet amendement serait retiré. Je demande à ces auteurs de le faire, faute de
quoi la commission émettrait un avis défavorable. J'ajoute que la disposition
proposée est tout à fait inadaptée.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement émet également un avis défavorable.
Les agriculteurs vont bénéficier, du fait de l'article 73, d'une souplesse qui
leur est tout à fait nécessaire s'agissant d'une activité qui, d'une année sur
l'autre, pour de simples raisons atmosphériques, par exemple, peut connaître
des aléas de revenus considérables.
Nous avons, en fait, transposé aux agriculteurs une mesure qui existait déjà
pour les auteurs, lesquels, pour des raisons tout à fait différentes, peuvent
aussi avoir des revenus variant beaucoup d'une année sur l'autre.
Il paraît tout à fait inopportun de supprimer cet élément de souplesse.
M. le président.
Monsieur Massion, l'amendement n° II-170 est-il maintenu ?
M. Marc Massion.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-170 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 73.
(L'article 73 est adopté.)
Article 74
M. le président.
« Art. 74. _ I. _ Il est inséré, dans le code général des impôts, un article
69 D ainsi rédigé :
«
Art. 69 D
. - Les exploitations, autres que celles mentionnées à
l'article 71, créées à compter du 1er janvier 1997 et dont les résultats sont
imposés dans les conditions prévues à l'article 8, sont soumises au régime
d'imposition d'après le bénéfice réel. »
« II. _ A l'article 70 du code général des impôts, après la référence :
"69 C", il est ajouté la référence : ", 69 D".
« III. _
Supprimé.
« IV. _ Les dispositions du III s'appliquent aux exercices ouverts à
compter du 1er janvier 1997. »
Par amendement n° II-107, MM. François, César, Belcour, Bizet, Cazalet,
Debavelaere, Doublet, Flandre, Bernard Hugo, Le Grand, Martin, de Menou,
Pluchet et Rigaudière, proposent, au début du texte présenté par le I de cet
article pour l'article 69 D du code général des impôts, de remplacer les mots :
« Les exploitations », par les mots : « Les sociétés à activité agricole ».
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Cet amendement vise à substituer, dans le texte de l'article 69 D du code
général des impôts, les mots : « les sociétés à activité agricole » aux mots :
« les exploitations ». En effet, la notion d'exploitation agricole n'est pas
définie par le code général des impôts.
De plus, dès lors que l'Assemblée nationale a exclu les métairies du
dispositif envisagé, cette nouvelle rédaction sera plus conforme à l'esprit du
texte, qui vise à soumettre les nouvelles sociétés civiles agricoles à un
régime réel d'imposition, et à celui du code général des impôts.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission n'a pas été totalement convaincue par
cet amendement. Aussi souhaite-t-elle entendre l'avis du Gouvernement, auquel
elle s'en remettra.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement ne voit pas d'obstacle à cet
amendement. Il a le sentiment que l'expression : « sociétés à activité agricole
», dans l'esprit de ce qu'a dit M. François, est tout à fait conforme à
l'article 74.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-107, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° II-29, MM. François, Hyest, Larché et Peyrefitte proposent
de compléter le texte proposé par le I de l'article 74 pour l'article 69 D du
code général des impôts par un alinéa ainsi rédigé :
« L'article 151
septies
s'applique dans les mêmes conditions à tous les
exploitants autres que ceux mentionnés à l'article 71. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Le fait de soumettre toutes les sociétés civiles agricoles, sauf les GAEC, au
bénéfice réel dès le début de leur activité et quel que soit le montant de leur
chiffre d'affaires ne doit pas avoir pour résultat de placer les associés de
ces sociétés dans une situation plus défavorable au regard de l'imposition des
plus-values que s'ils étaient restés sous forme individuelle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission souhaite le retrait de cet amendement,
dont l'adoption permettrait de multiplier le seuil d'un million de francs par
le nombre d'associés, ce qui n'est sans doute pas l'objectif poursuivi par les
auteurs de l'amendement. Si cet amendement n'était pas retiré, la commission
émettrait alors un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le mécanisme proposé dans cet amendement permettrait
l'exonération de structures dont le chiffre d'affaires dépasserait très
largement les limites fixées. Ainsi, pour une société composée de dix associés,
cette limite serait portée à 10 millions de francs, ce qui ne serait pas
justifiable, d'autant que le coût d'une telle mesure serait également
considérable. Le Gouvernement invite donc les auteurs de cet amendement à
réexaminer leur proposition, et il émet un avis défavorable sur ce texte.
M. le président.
Monsieur François, l'amendement n° II-29 est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-29 est retiré.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° II-30 rectifié, MM. François, Hyest, Larché et Peyrefitte
proposent de rétablir comme suit le III de l'article 74 :
« III. - Au 1° de l'article 71 du code général des impôts, après le mot :
"associés", il est inséré les mots : "à l'exception des associés
de plus de soixante et un an au premier jour de l'exercice,". »
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-202 est présenté par M. Lambert, au nom de la commission
des finances.
L'amendement n° II-108 rectifié est déposé par MM. César, Belcour, Bizet,
Cazalet, Debavelaere, Doublet, Flandre, Bernard Hugo, Le Grand, Martin, de
Menou, Pluchet et Rigaudière.
Tous deux tendent à rétablir le paragraphe III de l'article 74 dans la
rédaction suivante :
« III. - Au deuxième alinéa (1°) de l'article 71 du code général des impôts,
après le mot : "associés", sont insérés les mots : "à
l'exception des associés âgés de plus de soixante ans au premier jour de
l'exercice,."
La parole est à M. François, pour défendre l'amendement n° II-30 rectifié.
M. Philippe François.
Le paragraphe III de l'article 74 semble destiné à encourager le départ des
agriculteurs ayant atteint l'âge de la retraite.
Cette disposition, qui permettra le rajeunissement et l'installation des
jeunes, ne doit pas avoir pour effet de pénaliser les agriculteurs dont le
soixantième anniversaire serait trop proche de la fin de l'exercice.
Le fait de leur laisser un an pour procéder à la cession de leurs parts et à
leur cessation d'activité ne peut que donner plus d'efficacité à cette mesure,
car cela permettra de préparer ce départ sans précipitation.
Le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
II-202.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement vise à rétablir le texte initial de
l'article 74.
M. le président.
La parole est à M. César, pour défendre l'amendement n° II-108 rectifié.
M. Gérard César.
Mon amendement étant identique à l'amendement n° II-202, présenté par M. le
rapporteur général, je n'ajouterai rien à son propos.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° II-30 rectifié ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement me paraît satisfait par l'amendement
n° II-202 de la commission.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-30 rectifié, II-202
et II-108 rectifié ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement émet un avis tout à fait favorable sur
l'amendement n° II-202, qui correspond à un consensus s'étant dégagé lors de la
conférence agricole du 8 février dernier.
Le Gouvernement a le sentiment que, si l'amendement n° II-202 est adopté, les
amendements n°s II-30 rectifié et II-108 rectifié seront également
satisfaits.
M. le président.
Monsieur François, l'amendement n° II-30 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Il va de soi que l'amendement n° II-30 rectifié est satisfait par l'amendement
n° II-202. Je le retire donc.
M. le président.
L'amendement n° II-30 rectifié est retiré.
Monsieur César, l'amendement n° II-108 rectifié est-il maintenu ?
M. Gérard César.
Je le retire également, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-108 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-202, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 74, modifié.
(L'article 74 est adopté.)
Article 74
bis
M. le président.
« Art. 74
bis.
_ I. _ Il est inséré, après l'article 446 du code
général des impôts, un article 446 A ainsi rédigé :
«
Art. 446 A
. _ 1. Les viticulteurs et les caves coopératives peuvent,
sur autorisation du directeur régional des douanes et droits indirects
territorialement compétent, faire une déclaration d'enlèvement mentionnée à
l'article 446 n'énonçant que les seuls éléments suivants :
« 1° Les quantités, espèces et qualités de vins livrés ;
« 2° Les noms et adresses des expéditeurs ;
« 3° La date précise et le lieu d'enlèvement.
« L'autorisation mentionnée au premier alinéa ci-dessus ne s'applique qu'aux
livraisons de vins effectuées directement à des particuliers pour les besoins
propres de ces derniers, lorsqu'ils effectuent eux-mêmes le transport, à
condition que le vin soit contenu en récipients autres que des bouteilles et à
condition que les quantités achetées n'excèdent pas 30 litres par moyen de
transport.
« Un congé numéroté dans une série annuelle continue est délivré à chaque
acheteur.
« 2. Pour leurs livraisons de vins, les viticulteurs et les caves coopératives
peuvent, sur autorisation du directeur régional des douanes et droits indirects
territorialement compétent, substituer au congé mentionné au 1 ci-dessus un
document tenant lieu de congé, sous réserve qu'ils fournissent une caution
solidaire garantissant le paiement des droits dus et justifient de leur qualité
d'assujettis redevables de la taxe sur la valeur ajoutée.
« Les documents tenant lieu de congé comportent toutes les informations visées
aux 1° à 3° du 1 ci-dessus.
« Les viticulteurs et les caves coopératives qui bénéficient de l'autorisation
mentionnée au premier alinéa du 2 ci-dessus sont tenus de déposer, auprès du
bureau des douanes et droits indirects dont ils dépendent, une déclaration
récapitulative des sorties de leurs chais conforme au modèle fixé par arrêté du
ministre chargé du budget. Les droits dus sont liquidés et perçus lors du dépôt
de cette déclaration.
« 3. Un décret détermine les conditions d'application du présent article. »
« II. _ Les dispositions du présent article s'appliquent à compter du 1er mai
1997. »
Par amendement n° II-109, MM. César, Valade, Alloncle, Bernard, Doublet,
Eckenspieller, Jourdain, Leclerc et Lombard proposent, au cinquième alinéa du
texte présenté par le I de l'article 74
bis
pour l'article 446 A du code
général des impôts, de remplacer les mots : « 30 litres » par les mots : « 33
litres ».
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
Il s'agit d'un problème de multiples : les conteneurs en matière viticole ont
une contenance de 11 litres, de 22 litres ou de 33 litres.
L'amendement que je propose avec mes collègues vise donc simplement à rendre
la législation conforme à la réalité de l'approvisionnement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Compte tenu de l'intérêt et de la pertinence de la
proposition qui vient d'être faite par M. César et de l'avis favorable émis par
la commission des finances, le Gouvernement ne s'opposera pas à cet
amendement.
Je signale seulement que nous aurons un petit problème de compatibilité avec
les normes communautaires : nous devrons obtenir un assouplissement desdites
normes, la contenance des cubitainers français étant supérieure à celle des
cubitainers de nos partenaires. La France étant le pays qui a la plus noble et
la plus haute tradition viticole, il n'y a pas de raison que ce soit nous qui
nous devions nous rallier, dans ce domaine, aux normes des autres.
Sous le bénéfice de cette observation, le Gouvernement est favorable à cet
amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-109, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° II-110 rectifié, MM. César, Valade, Alloncle, Bernard,
Doublet, Eckenspieller, Leclerc et les membres du groupe du Rassemblement pour
la République proposent, après le 2 du texte présenté par l'article 74
bis
pour l'article 446 A du code général des impôts, d'insérer un
paragraphe nouveau ainsi rédigé :
« ... - Les dispositions des 1 et 2 ci-dessus s'appliquent aux livraisons
d'alcool en bouteilles effectuées par les distillateurs de profession
mentionnés à l'article 332 dans la limite de quatre litres et demi par moyen de
transport. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
Je remercie M. le ministre de son soutien.
Cet amendement n° II-110 rectifié a pour objet de résoudre un problème
similaire concernant la circulation de certaines productions viticoles : les
distilleurs vinicoles doivent pouvoir vendre leur production d'alcools aux
particuliers, dans la limite de quatre litres et demi.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission souhaite recueillir l'avis du
Gouvernement et s'en remettra à ce dernier.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement, qui va
dans le sens de la simplification des formalités administratives sans diminuer
pour autant les garanties de contrôle dont l'administration a besoin.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-110 rectifié, accepté par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 74
bis,
ainsi modifié.
(L'article 74
bis
est adopté.)
Articles additionnels après l'article 74
bis
M. le président.
Par amendement n° II-112 rectifié
bis
, MM. François, César, Belcour,
Bizet, Cazalet, Debavelaere, Doublet, Flandre, Bernard Hugo, Le Grand, Martin,
de Menou, Pluchet, Rigaudière et les membres du groupe du Rassemblement pour la
République proposent d'insérer, après l'article 74
bis
, un article
additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le quatrième alinéa du 1 de l'article 42
septies
du code
général des impôts est ainsi rédigé :
« En cas de cession des immobilisations visées aux deux alinéas qui précèdent,
la fraction de la subvention non encore rapportée aux bases de l'impôt est
comprise dans le bénéfice imposable de l'exercice au cours duquel cette cession
est intervenue. Toutefois, pour les opérations mentionnées au premier alinéa du
I de l'article 151
octies
ou placées sous le régime prévu à l'article
210 A sur option exercée dans l'acte d'apport ou le traité de fusion, cette
fraction est rapportée aux résultats de la société bénéficiaire de l'apport,
par parts égales, sur la période mentionnée au troisième alinéa restant à
courir à la date de cette opération pour les biens non amortissables, et sur la
durée d'amortissement pour les biens amortissables. En cas de cession
ultérieure des biens en cause, la fraction de la subvention non encore
rapportée au résultat imposable de la société bénéficiaire de l'apport sera
comprise dans son bénéfice imposable de l'exercice de cession.
« II. - Ces dispositions s'appliquent aux apports réalisés à compter du 1er
janvier 1997.
« III. - Les pertes de recettes résultant de l'application du I ci-dessus sont
compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Depuis le 1er janvier 1995, la taxation des fractions de subventions
d'équipement non taxées lors de la constitution d'une société peut être
transférée au nom de la société.
Toutefois, ce dispositif n'est applicable que lorsque les dispositions de
l'article 151
octies
s'appliquent.
Afin de faciliter la mise en place de formes sociétaires, cet amendement vise
à étendre le champ d'application de ce texte aux créations de sociétés
réalisées dans les conditions de l'article 151
octies
, même si celui-ci
ne trouve pas à s'appliquer.
Actuellement, les exploitants qui ne peuvent opter pour ce régime ont
l'obligation de taxer, au titre de l'exercice d'apport, le solde des
subventions non encore taxé.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La rectification sollicitée par la commission des
finances ayant été apportée à cet amendement, celle-ci émet un avis
favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est également favorable à cet
amendement et il lève le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° II-112 rectifié
ter.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-112 rectifié
ter,
accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 74
bis.
Par amendement n° II-111, MM. François, César, Belcour, Bizet, Cazalet,
Debavelaere, Doublet, Flandre, Bernard Hugo, Le Grand, Martin, de Menou,
Pluchet et Rigaudière proposent d'insérer, après l'article 74
bis
, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa du
b
du I de l'article 151
octies
du
code général des impôts est ainsi rédigé :
« Les profits afférents aux stocks non agricoles ne sont pas imposés au nom de
l'apporteur, si la société bénéficiaire de l'apport inscrit ces stocks à
l'actif de son bilan à la valeur comptable pour laquelle ils figurent au
dernier bilan de l'entreprise apporteuse. »
« II.- Le premier alinéa du III de l'article 72 B du code général des impôts
est ainsi rédigé :
« Lorsqu'un exploitant agricole individuel fait apport de son exploitation à
une société ou un groupement dans les conditions définies à l'article 151
octies
, le bénéfice correspondant à l'apport des stocks peut être
rattaché aux résultats de cette société ou de ce groupement selon les modalités
prévues au
d
du 3 de l'article 210 A. »
« III. - Les pertes de recettes résultant de l'application du I et du II
ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés
aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Les bénéfices réalisés lors de l'apport de stocks à une société agricole
bénéficient d'un report d'imposition depuis le 16 janvier 1991, dans le cadre
de l'article 151
octies
.
Ce dispositif est inappliqué, car il oblige l'apporteur à apporter ses stocks
pour leur valeur comptable, ce qui a pour effet de diminuer ses droits dans la
société. Par ailleurs, aucune méthode comptable ne permet de suivre de façon
simple l'imposition de ces profits, qui se déroule sur la période de
liquidation des stocks, les précisions administratives apportées sur ce point
étant contradictoires.
Afin de rendre opérationnel ce dispositif tout en simplifiant le traitement
comptable de ces opérations, il est proposé d'apporter les stocks en valeur
vénale, afin de dégager les profits qui en découlent et de taxer ces derniers
comme un élément du résultat de la société, selon le mécanisme de report prévu
par l'article 151
octies.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission se permet de suggérer à M. François de
pratiquer une pause dans le dépôt répétitif de cet amendement.
(Sourires.)
En effet, depuis plusieurs années, elle est amenée à émettre
un avis défavorable à son encontre et elle n'a pas vraiment de raison de
changer de position.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement n'est pas favorable non plus à cet
amendement.
Je rappelle que le dispositif actuel prévoit l'apport des stocks pour leur
valeur comptable.
M. François craint que ce dispositif ne soulève des difficultés pour la
détermination des droits de chaque apporteur, celle-ci devant se fonder sur une
valeur réelle.
Toutefois, de l'avis même de la Chancellerie, cette difficulté n'existe pas,
car le capital peut être réparti entre les différents apporteurs selon un
rapport d'échange indépendant de la valeur retenue pour l'évaluation des
apports. Une prime d'apport peut notamment être créée pour permettre un
rééquilibrage.
En outre, tel qu'il est rédigé, l'amendement s'appliquerait aussi à d'autres
secteurs pour lesquels se pose un problème de conservation durable des stocks,
en particulier dans le secteur immobilier. Or les arguments manqueraient pour
étendre ce dispositif à un tel secteur.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement suggère aux auteurs de cet amendement
de bien vouloir reconsidérer leur position.
M. le président.
Les auteurs de l'amendement sont-ils sensibles à la suggestion de M. le
ministre ?
M. Gérard César.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
J'ai écouté attentivement les interventions de M. le rapporteur général et de
M. le ministre. Si ce dernier pouvait nous assurer qu'à l'occasion de la
discussion de la loi d'orientation agricole, au début de l'année 1997, nous
pourrons remettre à plat toute la fiscalité agricole, afin de reprendre
notamment ce point, nous retirerions notre amendement.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
J'ai déjà indiqué que la loi d'orientation agricole
pourrait être l'occasion d'évoquer ces sujets fiscaux importants. Pour sa part,
le Gouvernement n'y fera pas obstacle.
M. Gérard César.
Dans ces conditions, l'amendement est retiré.
M. le président.
L'amendement n° II-111 est retiré.
Par amendement n° II-113, MM. Souplet et Deneux proposent d'insérer, après
l'article 74
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa de l'article 1450 du code général des impôts est
ainsi rédigé :
« Toutefois, ces dispositions ne s'appliquent pas à la production de graines,
semences et plants effectuée par l'intermédiaire de tiers lorsque l'entreprise
réalise pour ladite production de graines, au cours de la période de référence
définie à l'article 1467 A, un chiffre d'affaires supérieur à 30 millions de
francs hors taxes. »
« II. - La dotation globale de fonctionnement est majorée à due
concurrence.
« III. - Les pertes de recettes résultant de l'application des dispositions
prévues par les paragraphes I et II sont compensées par le relèvement, à due
concurrence, des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° II-31, MM. François, Hyest, Jacques Larché et Peyrefitte
proposent d'insérer, après l'article 74
bis,
un article additionnel
ainsi rédigé :
« Après le troisième alinéa du
b
du 1 du I de l'article 1636 B
sexies
du code général des impôts, il est ajouté un alinéa ainsi rédigé
:
« Suite à un remembrement rural, le taux du foncier non bâti doit être adapté
pour que le produit fiscal de référence, résultant de l'application des
nouvelles bases, soit identique à celui qui aurait résulté de l'application des
bases cadastrales avant remembrement. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Lors d'un remembrement rural, l'administration procède à un reclassement des
parcelles et, suivant les directives reçues, elle réduit le nombre de classes
en ne retenant que la partie la plus élevée du tarif communal.
Il en résulte une majoration importante de la valeur locative cadastrale
globale. Les conseils municipaux n'en appréhendant pas toutes les conséquences,
ils ne modifient pas, dans la majorité des cas, les taux du foncier non bâti.
Cela entraîne une augmentation très importante de l'impôt foncier, sans que la
valeur locative réelle des terrains puisse être modifiée en raison du statut du
fermage.
Les propriétaires se trouvent alors surimposés et ont tendance à refuser les
remembrements. L'administration leur oppose une plus-value sur leur foncier, et
l'expérience prouve que cette plus-value, en cas de vente, n'est qu'une
illusion.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission doute que l'on puisse régler ce
problème par une mesure de portée générale. Aussi entendra-t-elle avec intérêt
le Gouvernement et s'en rapportera-t-elle à son avis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement n'est pas favorable à cet
amendement.
Là aussi, nous pourrions peut-être en reparler à l'occasion de la discussion
de la loi d'orientation agricole. Nous sommes en effet saisis d'un certain
nombre de propositions qui sont le plus souvent tout à fait intéressantes, mais
qui méritent d'être examinées dans le cadre d'une prise en compte plus générale
de l'économie agricole.
M. le président.
Monsieur François, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-31 est retiré.
Par amendement n° II-32, MM. François, Hyest, Jacques Larché et Peyrefitte
proposent d'insérer, après l'article 74
bis,
un article additionnel
ainsi rédigé :
« Au dernier alinéa du
b)
du 1 du I de l'article 1636 B
sexies
du code des impôts, les mots : " jusqu'à la date de la prochaine révision
" sont supprimés. »
La parole est à M. François.
M. Philippe François.
Le blocage que nous proposons de supprimer risquerait d'avoir des conséquences
importantes sur les taxes payées alors que les neuvième et dixième rapports du
conseil des impôts avaient souligné le poids excessif de ces taxes.
M. Emmanuel Hamel.
Très excessif !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Comme je l'ai dit précédemment, je crois que le texte qui va être examiné
l'année prochaine nous donnera l'occasion de régler tous ces problèmes.
Je suggère donc à M. François de bien vouloir retirer cet amendement. Sinon,
la commission y serait défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Monsieur François, cette fois-ci, le rendez-vous ne
sera pas la loi d'orientation agricole, mais la loi sur la révision des bases
cadastrales, qui devrait être soumise au Parlement dans la première moitié de
l'année 1997.
M. Emmanuel Hamel.
Que de merveilleux rendez-vous !
(Sourires.)
M. le président.
Monsieur François, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe François.
Non, monsieur le président, je le retire, et je remercie M. le ministre : je
note ce rendez-vous sur mon agenda.
M. le président.
L'amendement n° II-32 est retiré.
4. Garantie des droits des contribuables
et lutte contre la fraude
Articles additionnels avant l'article 75
M. le président.
Par amendement n° II-171, M. Masseret, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Lise,
Massion, Miquel, Moreigne, Régnault, Sergent et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, avant l'article 75, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Les majorations visées au dernier alinéa du paragraphe 3 de l'article 1728,
ainsi que celles visées aux articles 1729 et 1730 du code général des impôts,
ne font pas l'objet de remise de la part de l'administration. »
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Nous proposons de sanctionner plus fortement la fraude, comme nous l'avons
indiqué lors de la discussion générale.
Ainsi, nous souhaitons interdire toute remise dans les cas où une deuxième
mise en demeure a dû être requise, ainsi que dans ceux de manoeuvre
frauduleuse, d'abus de droit ou d'opposition au contrôle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Chacun, je crois, partage le souci exprimé par M.
Massion, mais est-il souhaitable d'interdire à l'administration d'exercer son
pouvoir gracieux et d'empêcher toute transaction ? En effet, une telle faculté
se révèle parfois très utile pour maintenir en vie une entreprise.
La commission des finances est très perplexe et, au terme d'un long débat -
auquel participaient d'ailleurs les auteurs de cet amendement -, nous sommes
convenus que cette proposition devrait sans doute faire l'objet de réflexions
supplémentaires.
Le sujet est d'une très grande importance, et nos travaux seront très
certainement examinés à la loupe. Comme nous voulons élaborer une législation
fiscale qui ne risque pas de se retourner contre le souhait de ses auteurs, il
me semble préférable que cet amendement soit retiré. Dans l'hypothèse
contraire, j'émettrais un avis défavorable, fidèle en cela à l'intention de la
commission.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je remercie M. Massion d'avoir déposé un tel amendement
et il est vrai que, lorsque j'ai pris mes fonctions, il y a un an, j'ai voulu
moi-même mettre en place une règle de conduite de ce genre. Au fil des mois,
j'ai cependant été amené à changer d'avis. En effet, si j'admets qu'il peut
paraître choquant que des majorations ou des pénalités, notamment pour mauvaise
foi, puissent être en tout ou partie remises par une décision discrétionnaire
de l'administration, j'ai pourtant été obligé de constater, dans certains cas
où manifestement la loi fiscale n'avait pas été respectée et où des majorations
auraient parfaitement été justifiées, que la prise en compte de l'intérêt de
l'entreprise, de sa survie, et donc de l'emploi des salariés, pouvait justifier
une décision un petit peu différente, et notamment un allégement des
majorations.
En pratique, ce pouvoir discrétionnaire donné à l'administration fiscale et, à
la limite, au ministre peut donc, en opportunité, se justifier.
Dès lors, il m'apparaît qu'il convient de poursuivre la réflexion sur ce
sujet, qui devrait pouvoir donner lieu à consensus sur toutes les travées du
Sénat et tous les bancs de l'Assemblée nationale.
Je suis tout à fait sensible à la préoccupation que vous avez exprimée,
monsieur Massion. Je constate d'ailleurs que M. Charasse, l'un de mes
prédécesseurs, a cosigné l'amendement.
En l'instant, je préfère cependant que vous retiriez l'amendement, afin que
nous puissions voir concrètement si nous pouvons réécrire les dispositions
correspondantes du code général des impôts - c'est assez difficile - étant
entendu que je m'engage, pour ce qui me concerne, à chercher avec vous les
moyens d'améliorer la situation actuelle, qui, c'est vrai, n'est pas
satisfaisante.
A défaut, le Gouvernement émettra un avis défavorable.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Massion ?
M. Marc Massion.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-171 est retiré.
Par amendement n° II-172, M. Masseret, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Lise,
Massion, Miquel, Moreigne, Régnault, Richard, Sergent et les membres du groupe
socialiste et apparentés proposent d'insérer, avant l'article 75, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du
c
de l'article 44
septies
du code
général des impôts est ainsi rédigé :
« Cette exonération est accordée sur agrément du ministre chargé du budget.
»
La parole est à Mme Bergé-Lavigne.
Mme Maryse Bergé-Lavigne.
Il arrive que certaines entreprises dénaturent la procédure prévue à l'article
44
septies
du code général des impôts, en se mettant en liquidation à
seule fin de bénéficier de l'avantage fiscal prévu pour ensuite « renaître »,
dans de nouvelles structures. Il est donc souhaitable qu'une demande préalable
ministérielle soit désormais prévue pour juger de la réalité ou non de la
situation de l'entreprise concernée, afin d'éviter la profusion de «
vraies-fausses » liquidations.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission estime que les textes encadrent déjà
très largement cette exonération, qui est soumise, de surcroît, à agrément
lorsque la procédure de redressement judiciaire de l'entreprise faisant l'objet
d'une reprise n'est pas mise en oeuvre. Elle a donc émis un avis
défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Défavorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-172, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 75
M. le président.
« Art. 75. _ I. _ La dernière phrase de l'article L. 199 du livre des
procédures fiscales est ainsi rédigée :
« Les tribunaux de grande instance statuent en premier ressort. »
« II. _ La seconde phrase de l'article L. 199 C du livre des procédures
fiscales est ainsi rédigée :
« Il en est de même devant le tribunal de grande instance et la cour d'appel.
»
« III. _ Les dispositions du I s'appliquent aux jugements rendus à compter du
1er mars 1998.
« IV. _ Un décret en Conseil d'État fixe les modalités d'application du
présent article. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Les litiges en matière de droits d'enregistrement, d'ISF et de contributions
indirectes seront donc désormais soumis à la règle du double degré de
juridiction.
Cette mesure est bonne dans son principe puisqu'elle permet d'uniformiser
l'ensemble des procédures sur la base de celles qui relèvent du tribunal
administratif.
Néanmoins, on peut s'interroger sur les conséquences que ne pourra pas manquer
d'impliquer cet alourdissement de la charge de travail des tribunaux, dont
profiteront avant tout - c'est ce que l'on peut craindre - les gros fraudeurs,
à même de jouer avec tous les ressorts de la procédure.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 75.
(L'article 75 est adopté.)
Articles 76 et 77
M. le président.
« Art. 76. _ L'article L. 18 du livre des procédures fiscales est abrogé. »
-
(Adopté.)
« Art. 77. _ A l'article 1840 N
quater
du code général des impôts,
les mots : "égale au double"sont remplacés par les mots : "égale
à 80 %". » -
(Adopté.)
Article 78
M. le président.
« Art. 78. _ I. _ Après le premier alinéa des articles L. 169 et L. 174 du
livre des procédures fiscales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Par exception aux dispositions du premier alinéa, le droit de reprise de
l'administration s'exerce jusqu'à la fin de la sixième année qui suit celle au
titre de laquelle l'imposition est due, lorsque le contribuable n'a pas déposé
dans le délai légal les déclarations qu'il était tenu de souscrire et n'a pas
fait connaître son activité à un centre de formalités des entreprises ou au
greffe du tribunal de commerce. »
« II. _ Après le premier alinéa de l'article L. 176 du livre des procédures
fiscales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Par exception aux dispositions du premier alinéa, le droit de reprise de
l'administration s'exerce jusqu'à la fin de la sixième année qui suit celle au
titre de laquelle la taxe est devenue exigible conformément aux dispositions du
2 de l'article 269 du code général des impôts, lorsque le contribuable n'a pas
déposé dans le délai légal les déclarations qu'il était tenu de souscrire et
n'a pas fait connaître son activité à un centre de formalités des entreprises
ou au greffe du tribunal de commerce. »
« III. _ Au deuxième alinéa du I et au II de l'article L. 102 B du livre des
procédures fiscales, les mots : "à l'article L. l69" sont remplacés
par les mots : "au premier alinéa de l'article L. l69".
« IV. _ Au deuxième alinéa de l'article L. l69 du livre des procédures
fiscales, les mots : "à l'alinéa précédent" sont remplacés par les
mots : "au premier alinéa".
« V. _ A l'article L. l69 A du livre des procédures fiscales, les mots :
"à l'article L. l69" sont remplacés par les mots : "au premier
alinéa de l'article L. 169".
« V
bis
_ Au dernier alinéa de l'article L. 68 du livre des procédures
fiscales, les mots : "ou d'un organisme consulaire" sont
supprimés.
« VI. _ Les dispositions des I et II s'appliquent aux délais venant à
expiration postérieurement au 31 décembre 1996. »
Par amendement n° II-203, M. Lambert, au nom de la commission, propose de
compléter le texte présenté par le I de cet article pour le deuxième alinéa de
l'article L. 169 et le deuxième alinéa de l'article L. 174 du livre des
procédures fiscales par un alinéa ainsi rédigé :
« Le droit de reprise mentionné à l'alinéa précédent ne s'applique qu'aux
seules catégories de revenus que le contribuable n'a pas fait figurer dans une
quelconque des déclarations qu'il a déposées dans le délai légal. Il ne
s'applique pas lorsque des revenus ou plus-values ont été déclarés dans une
catégorie autre que celle dans laquelle ils doivent être imposés. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le souci de la lutte contre l'activité économique
souterraine est partagé sur toutes les travées du Sénat. Ce souci ne doit
cependant pas occulter le risque que ce texte soit largement utilisé pour
doubler le délai de prescription. Le texte n'établit pas, en effet, une liaison
absolue entre l'absence de déclaration dans le délai légal et la
non-déclaration d'activité.
Or, le problème général de la notion d'activité non connue est posé. Le risque
existe que l'administration utilise le dispositif prévu à l'article 78 dans des
cas où il ne s'agirait pas d'une activité occulte.
Il paraît donc important que l'article précise qu'il ne vise que les activités
occultes, c'est-à-dire celles dont l'administration n'a pu avoir connaissance
par quelque moyen que ce soit, et que seules les catégories de revenus
afférentes à cette activité occulte sont susceptibles de faire l'objet d'une
prolongation du délai de reprise.
L'amendement de la commission vise donc à exclure du droit de reprise prorogé
par l'article 78 les revenus qui auraient fait l'objet d'une déclaration
déposée dans le délai prescrit, mais qui auraient été déclarées dans une
catégorie autre que celle dans laquelle ils doivent être déposés.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Favorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-203.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Sur le plan du principe, cette mesure est bonne. Je rappelle toutefois que, si
nous avons, en France, un délai de prescription du droit de reprise de
l'administration fiscale parmi les plus courts qui puissent être constatés dans
les principaux pays de l'OCDE, c'est bien en raison d'une initiative
parlementaire, particulièrement malencontreuse, prise au printemps de l'année
1986 et à laquelle les socialistes s'étaient violemment opposés au motif que la
mesure ne pourrait, par définition, qu'avantager la fraude.
Dans la réalité, force est cependant de constater que la mesure n'aura que peu
d'effet en matière de lutte contre le travail au noir. En effet, quand une
entreprise, dans le cadre d'un contrôle fiscal, a subi un redressement sur la
part de ses activités occultes, on constate, bien souvent, une mise en
liquidation de cette dernière, afin d'échapper à l'impôt, quitte ensuite à
redémarrer l'activité dans le cadre d'une nouvelle structure juridique
ailleurs.
Le fait que la taxation d'office puisse s'exercer sur un nombre d'années
doublé ne permettra probablement pas, malheureusement, d'améliorer le
recouvrement par l'administration.
Malgré ces quelques observations, nous voterons l'amendement n° II-203.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-203, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 78, ainsi modifié.
(L'article 78 est adopté.)
Article 79
M. le président.
« Art. 79. _ I. _ Le deuxième alinéa du 3° de l'article L. 66 du livre des
procédures fiscales est complété par les mots : "ou de la déclaration
prévue à l'article 302
sexies
du même code".
« II. _ Le 1° de l'article L. 73 du livre des procédures fiscales est ainsi
rédigé :
« 1° Le bénéfice imposable des contribuables qui perçoivent des revenus
provenant d'entreprises industrielles, commerciales ou artisanales imposables
selon le régime du forfait ou un régime de bénéfice réel, ou des revenus
d'exploitations agricoles imposables selon un régime de bénéfice réel, lorsque
la déclaration annuelle prévue à l'article 53 A ou à l'article 302
sexies
du code général des impôts n'a pas été déposée dans le délai
légal ; ».
« III. _ Le 5 de l'article 302
ter
du code général des impôts est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par exception aux dispositions de l'alinéa précédent, le chiffre d'affaires
et le bénéfice sont fixés par année civile pour les périodes d'imposition
couvertes par les procédures de taxation d'office ou d'évaluation d'office
prévues au 3° de l'article L. 66 et au 1° de l'article L. 73 du livre des
procédures fiscales. » -
(Adopté.)
5. Mesures diverses
Articles additionnels avant l'article 80
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-186 rectifié MM. Peyronnet et Huguet, Mme Pourtaud, MM.
Rouquet, Courrière, Courteau et les membres du groupe socialiste et apparentés
proposent d'insérer, avant l'article 80, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 30 juin 1997, un rapport
présentant les modalités actuelles du calcul de la puissance fiscale des
véhicules automobiles et ses conséquences. Ce rapport devra également présenter
des propositions de substitution prenant en compte la puissance réelle des
véhicules légers, exprimée en DIN ou KW, la vitesse de pointe, le taux de
pollution en gaz toxiques et en poussières émises, la proportion de pièces
recycables dans la construction et la consommation exprimée en Kw/h en ville à
50 Km/h. »
Par amendement n° II-204, M. Lambert, au nom de la commission, propose
d'insérer, avant l'article 80, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 30 juin 1997, un rapport
sur les modalités actuelles du calcul de la puissance fiscale des véhicules
automobiles et sur l'impact de cette réglementation sur les recettes de la taxe
sur les véhicules des sociétés, de la taxe différentielle sur les véhicules à
moteur et de la taxe sur les certificats d'immatriculation des véhicules. Ce
rapport devra également examiner les conditions d'une modification de ces
règles de calcul de façon à prendre en compte les caractéristiques techniques
des différentes catégories de véhicules automobiles et à tendre vers la
neutralité. »
La parole est à M. Courrière, pour défendre l'amendement n° II-186
rectifié.
M. Raymond Courrière.
Cet amendement vise à engager une réforme de fond pour mettre en cohérence la
fiscalité au titre de la vignette avec la politique en matière d'environnement
et de sécurité routière.
En effet, la base de la taxation par la vignette souffre de deux défauts.
D'abord, en France, seul pays ou la diéselisation est massive, on ne cesse
d'assister à une baisse de puissance fiscale des véhicules. Il s'agit bien
d'une baisse fiscale, et non pas d'une baisse de puissance réelle ou de coût.
Ainsi, un véhicule à essence de 10 chevaux paie 2 000 francs de vignette, alors
que le même véhicule diesel paie 500 francs car il ne fait que 6 ou 7 chevaux
de puissance fiscale. Cette anomalie est d'ailleurs inverse en Allemagne, en
Finlande, aux Pays-Bas et en Suède, qui pénalisent plus, à ce stade, le
diesel.
Ensuite, la taxation par la vignette ne prend aucunement en compte des
objectifs comme la santé publique ou la lutte contre la pollution. Le rapport
Bellec-Lépine-Martin conclut d'ailleurs que les effets sur la santé et sur
l'environnement du diesel ne justifient pas l'existence d'avantages fiscaux.
Signalons qu'en Suède des taxes supplémentaires ont été introduites en fonction
du degré de pollution des véhicules.
Il apparaît donc indispensable d'engager une réforme de fond en la matière
pour moderniser l'assiette de la vignette.
C'est l'objet de cet amendement, qui prévoit qu'au vu d'un rapport le
Gouvernement prendra un décret fixant un nouveau mode de calcul de la puissance
fiscale des véhicules légers, après une période permettant aux industriels de
s'adapter.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° II-204
et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° II-186 rectifié.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances souhaite que soit maintenu
ouvert le dossier du diesel.
Le rapport que nous avions demandé l'année dernière nous a été remis. Il met
clairement en évidence les avantages fiscaux dont bénéficie le gazole. Le tarif
est très favorable pour la TIPP.
L'autre avantage, M. Courrière vient de l'indiquer, c'est la fiscalité des
véhicules, et non plus celle des carburants, à savoir la vignette, la taxe sur
les cartes grises et la taxe sur les véhicules de sociétés. Chacune de ces
taxes est calculée à partir de la puissance fiscale des véhicules automobiles,
puissance fiscale qui accorde un avantage d'environ 30 % aux moteurs diesel, ce
qui est considérable.
Nous souhaitons que le Gouvernement nous remette un rapport détaillé sur ce
sujet. Il ne serait pas aberrant qu'une plus grande neutralité soit recherchée
dans le calcul de la puissance fiscale des voitures.
Monsieur le ministre, je vous invite donc à faire droit à la demande de la
commission des finances et à celle que vient de présenter M. Courrière,
puisqu'elles se rejoignent.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-186 rectifié et
II-204 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement, à la demande du Parlement, avait déjà
préparé sur un sujet voisin un rapport qui a été rendu public. Si je comprends
bien, on souhaite un nouveau rapport.
A cet égard, ma préférence va à l'amendement de la commission, dont la
rédaction me paraît plus prudente et plus ouverte.
En effet, sur ce sujet très difficile, nous devons, bien sûr, prendre en
considération les éléments budgétaires, à savoir ce que la TIPP rapporte à
l'Etat et ce que d'autres recettes assises sur l'automobile rapportent aux
collectivités locales.
Mais le problème a également une dimension économique et industrielle
importante, en raison de la position des principaux constructeurs d'automobiles
et de camions dans l'économie française.
Le sujet est aussi très important pour les transporteurs routiers, dont je
n'ai pas besoin de souligner, après les événements que nous avons connus
récemment, les difficultés qu'ils rencontrent.
Enfin, le sujet est très important pour les automobilistes, qui, au cours des
dernières années, ont été incités, en partie par la fiscalité, à acheter des
véhicules diesel.
La demande d'un rapport est donc parfaitement légitime. A l'occassion de son
élaboration, nous pourrons voir tous les aspects du problème, de manière à en
rendre compte au Sénat. Cela facilitera nos débats futurs sur ces sujets.
Le Gouvernement accepte donc l'amendement de la commission et invite M.
Courrière à retirer le sien à son profit.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Courrière ?
M. Raymond Courrière.
Nous le retirons, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-186 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-204, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi des finances, avant l'article 80.
Article 80
M. le président.
« Art. 80. _ Au 1
bis
A
bis
et au 1
bis
B
bis
de
l'article 39
bis
du code général des impôts, l'année : "1996"
est remplacée par l'année : "2001". »
Par amendement n° II-205 rectifié, MM. Lambert et Cluzel, au nom de la
commission, proposent de rédiger comme suit cet article :
« I. - Après l'article 39
bis
du code général des impôts, il est inséré
un article 39
bis A,
ainsi rédigé :
«
Art. 39
bis A-1. - Les entreprises exploitant soit un journal, soit
une publication mensuelle ou bimensuelle consacrée pour une large part à
l'information politique, sont autorisées à constituer une provision déductible
du résultat imposable des exercices 1997 à 2001, en vue de faire face aux
dépenses suivantes :
«
a)
Acquisition de matériels, mobiliers, terrains, constructions et
prises de participation majoritaire dans des entreprises d'imprimerie ou
exploitant des réseaux de portage, dans la mesure où ces éléments d'actif sont
strictement nécessaires à l'exploitation du journal ou de la publication.
«
b)
Constitution de bases de données, extraites du journal ou de la
publication et acquisition du matériel nécessaire à leur exploitation ou à la
transmission de ces données.
« Les entreprises mentionnées au présent paragraphe peuvent déduire les
dépenses d'équipement exposées en vue du même objet.
« 2. Les sommes déduites en vertu du paragraphe 1 sont limitées à 30 % du
bénéfice de l'exercice concerné pour la généralité des publications et à 60 %
pour les quotidiens. Ce pourcentage est porté à 80 % pour les quotidiens dont
le chiffre d'affaires est inférieur à 50 millions de francs. Les sommes
rapportées au bénéfice imposable en application du paragraphe 7 ne sont pas
prises en compte pour le calcul de la limite fixée à la phrase précédente.
« Sont assimilées à des quotidiens les publications à diffusion départementale
ou régionale consacrées principalement à l'information politique et générale
paraissant au moins une fois par semaine et dont le prix de vente n'excède pas
de 75 % celui de la majorité des quotidiens. Un arrêté du ministre de
l'économie et des finances fixe les conditions de cette assimilation.
« 3. Les sommes prélevées ou déduites des résultats imposables en vertu du
paragraphe 1 ne peuvent être utilisées qu'au financement d'une fraction du prix
de revient des immobilisations qui y sont définies.
« Cette fraction est égale à 40 % pour la généralité des publications et à 90
% pour les quotidiens et les publications assimilées définies au paragraphe
précédent.
« 4. Les publications pornographiques, perverses ou incitant à la violence
figurant sur une liste établie, après avis de la commission de surveillance et
de contrôle des publications destinées à l'enfance et à la jeunesse, par un
arrêté du ministre de l'intérieur, sont exclues du bénéfice des dispositions du
présent article.
« 5. Les entreprises de presse ne bénéficient pas du régime prévu au
paragraphe 1 pour la partie des journaux ou des publications qu'elles impriment
hors d'un Etat membre de la Communauté européenne.
« 6. Les immobilisations acquises au moyen des bénéfices ou des provisions
mentionnés au présent article sont réputées amorties pour un montant égal à la
fraction du prix d'achat ou de revient qui a été prélevée sur lesdits bénéfices
ou provisions.
« Les sommes déduites en application du 1 et affectées à l'acquisition
d'éléments d'actifs non amortissables sont rapportées, par parts égales, au
bénéfice imposable de l'exercice au cours duquel ces éléments sont acquis et
des quatre exercices suivants.
« 7. Sans préjudice de l'application des dispositions du dixième alinéa du 5°
du paragraphe 1 de l'article 39, les provisions non utilisées conformément à
leur objet avant la fin de la cinquième année suivant celle de leur
constitution sont rapportées aux bénéfices soumis à l'impôt au titre de ladite
année, majorées d'un montant égal au produit de ces provisions par le taux de
l'intérêt de retard prévu au troisième alinéa de l'article 1727, appliqué dans
les conditions mentionnées à l'article 1727 A. »
« II. - Aux articles 54
ter
et 223
ter
du code général des
impôts, les mots : "de l'article 39
bis
" sont remplacés par
les mots "des articles 39
bis
et 39
bis
A" et, à
l'article 201
ter
, les mots : "à l'article 39
bis
" sont
remplacés par les mots : "aux articles 39
bis
et 39
bis
A".
« III. - Les pertes de recettes pour l'Etat sont compensées par la majoration
à due concurrence des droits de consommation prévus aux articles 575 et 575 A
du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Notre excellent collègue Jean Cluzel, dont nous
connaissons l'autorité sur toutes les questions de presse, m'a recommandé de
bien éclairer le Sénat sur la portée de ce dispositif venant, en effet, en
remplacement de l'article 39
bis
du code général des impôts, qui expire
en 1997.
Ce dispositif va permettre aux entreprises de presse de constituer des
provisions pour faire face au financement ultérieur de leurs dépenses
d'acquisition d'éléments d'actifs.
L'article 80 du présent projet de loi de finances tend à une simple
reconduction de ce mécanisme jusqu'en 2001.
Les principales modifications du dispositif actuellement réservé aux
acquisitions de matériel mobilier et autres éléments d'actifs nécessaires à
l'exploitation du journal - tendent à l'étendre : à la constitution, à
l'exploitation et à la transmission de bases de données extraites du journal ou
de la publication ; aux acquisitions de terrains et d'immeubles destinées à la
construction d'une imprimerie ; aux participations majoritaires dans les
entreprises ayant pour objet social soit l'impression, soit la constitution des
réseaux de portage.
Il s'agit encore de limiter les sommes prélevées ou déduites à 30 % pour la
généralité des publications et à 60 % pour les quotidiens, et à 80 % pour les
quotidiens réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 50 millions de francs.
Sont assimilées à des quotidiens les publications départementales ou régionales
d'information générale.
Il s'agit, enfin, de porter à 40 % pour la généralité des publications et à 90
% pour les quotidiens et les publications assimilées la fraction déductible du
prix de revient des investissements éligibles et de majorer des intérêts de
retard les sommes non investies.
Telles sont les précisions que M. Jean Cluzel m'a recommandé de bien vouloir
donner au Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement. M.
Cluzel et moi-même sommes parvenus, au terme d'une réunion de travail, à une
rédaction qui nous paraît tout à fait satisfaisante.
Il va de soi que cet amendement n° II-205 rectifié n'a rien à voir avec la
disposition adoptée hier s'agissant du fonds spécifique pour les journalistes,
qui répond à un tout autre objet. Il s'agit ici d'aider la presse à investir et
cette modification de l'article 39
bis
du code général des impôts paraît
tout à fait opportune.
J'ajoute que le Gouvernement lève le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° II-205 rectifié
bis.
Je vais le mettre aux voix.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
J'avais posé une question en commission, mais, compte tenu de la signification
des mots, la réponse ne me paraît pas totalement convaincante. Il s'agit des
catégories de publication visées.
Le texte, tel qu'il est rédigé, exclut, à mon sens, les publications
trimestrielles de même que les publications par quinzaine. Je ne vois pas très
bien pourquoi une telle distorsion serait introduite en fonction de la
périodicité des publications. Un texte qui était valable il y a peut-être
quelques années ne me paraît plus aujourd'hui adapté à la réalité des rythmes
de publication qui sont choisis actuellement par les éditeurs.
Si tout le monde en était d'accord, une correction de la rédaction de
l'amendement serait opportune.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-205 rectifié
bis,
accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 80 est ainsi rédigé.
Article additionnel après l'article 80
M. le président.
Par amendement n° II-152, M. Loridant, Mme Beaudeau et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 80, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Les services de télévision locale distribués par câble et titulaires d'une
convention conclue avec le conseil supérieur de l'audiovisuel en application de
l'article 34-1 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 ou déclarés auprès du
conseil supérieur de l'audiovisuel en application de l'article 43 de la loi
précitée et dont les ressources commerciales provenant de messages diffusés à
l'antenne et présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage
sont inférieures à 20 % de leur chiffre d'affaires total, bénéficient d'une
aide dont les modalités sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Le financement de cette aide est assuré par un prélèvement sur les
investissements effectués dans la publicité diffusée hors supports éditoriaux.
»
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Cet amendement, comme deux autres que j'avais présentés en première partie de
la loi de finances, vise à favoriser le développement des télévisions locales
en créant un fonds d'aide imité du fonds de soutien pour l'expression
radiophonique créé par l'article 80 de la loi 86-1067 du 30 septembre 1986
relative à la liberté de communication.
Ce fonds serait alimenté par un prélèvement sur les investissements
publicitaires hors médias. Les investissements publicitaires locaux
représentent environ 50 milliards de francs dont près de 90 % sont investis
dans le hors médias.
Le fonds de soutien à l'expression radiophonique a été créé pour aider les
radios associatives qui recourent peu ou pas aux ressources publicitaires. Or,
dans la mesure où les pouvoirs publics refusent, par le décret du 27 mars 1992,
l'accès des télévisions locales aux ressources publicitaires tirées de la
diffusion de messages relatifs au secteur de la distribution, il semble
légitime de compenser cette décision par une aide publique financée par un
prélèvement sur les investissements effectués dans la publicité diffusée hors
supports éditoriaux.
Comme les radios locales, ou la presse locale, les télévisions locales ou de
proximité contribuent au pluralisme de l'information et à la vitalité du débat
démocratique local. Or, il s'agit aujourd'hui du seul média qui n'est pas aidé
par l'Etat. Je vous rappelle, mes chers collègues, que le total des aides
directes ou indirectes à la presse écrite dépasse 8 milliards de francs !
Dans son rapport pour 1995, le Conseil supérieur de l'audiovisuel préconise la
création d'un tel fonds d'aide aux télévisions locales. La Haute Assemblée
saura-t-elle s'inspirer des recommandations des sages du CSA ? C'est, en tout
état de cause, le souhait que je formule en vous invitant, mes chers collègues,
à voter cete amendement, sachant, de surcroît, que les télévisions de proximité
sont aujourd'hui au nombre d'une soixantaine et qu'elles rencontrent de réelles
difficultés.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Loridant le sait, la commission a trouvé son
amendement sympathique. Le Sénat se préoccupe de cette question puisque la
commission des finances a commandé une étude au Conseil supérieur de
l'audiovisuel sur les télévisions de proximité. Suite au colloque Médiaville,
qui s'est tenu au Sénat le 23 octobre dernier, le Conseil supérieur de
l'audiovisuel et le syndicat de la presse quotidienne régionale ont constitué
un groupe de travail pour étudier l'ensemble des problèmes qui s'attachent à
cette communication de proximité. Il serait opportun de revoir ultérieurement
cette proposition, lorsque les travaux du groupe de travail auront été portés à
notre connaissance. Si M. Loridant ne retirait pas son amendement, l'avis de la
commission serait défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement partage l'avis défavorable de la
commission.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-152.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
J'ai bien entendu l'avis que viennent d'émettre la Commission et le
Gouvernement sur cet amendement. Cependant, je ne souhaite pas le retirer.
Je prends date néanmoins, puisqu'un groupe de travail va étudier les
difficultés qui se posent. Je n'aurai qu'un souhait à formuler, monsieur le
ministre, c'est que, dans l'année qui vient, avant que de nouvelles mesures
soient prises, il n'y ait pas trop de télévisions de proximité qui
disparaissent, parce que leurs difficultés sont bien réelles !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-152, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 81
M. le président.
« Art. 81. _ L'article 1518
bis
du code général des impôts est complété
par un alinéa ainsi rédigé :
« q. Au titre de 1997, à 1 pour les propriétés non bâties, pour les immeubles
industriels ne relevant pas de l'article 1500 et à 1,01 pour l'ensemble des
autres propriétés bâties. »
Par amendement n° II-173, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent, dans le texte présenté par cet article pour compléter
l'article 1518
bis
du code général des impôts, de remplacer le chiffre :
« 1,01 » par le chiffre : « 1,015 ».
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
L'amendement n° II-173 a pour objet de réévaluer convenablement les bases des
impôts directs en tenant compte de l'inflation prévisionnelle et de la moyenne
des augmentations du coût de la construction et de l'indice des loyers.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission est défavorable à cet amendement,
puisque le Gouvernement a déjà accepté que le taux soit porté à 1,01 %.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est également défavorable à cet
amendement.
Il n'avait d'abord prévu aucune revalorisation. Il s'est ensuite rangé à
l'avis de l'Assemblée nationale, qui souhaitait que le taux soit porté à 1,01
%. Aller plus loin serait véritablement déraisonnable dans la situation
économique actuelle et ferait peser sur les contribuables une charge qui ne
nous paraît pas souhaitable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-173, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 81.
(L'article 81 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 81
M. le président.
Je suis d'abord saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Par amendement n° II-151 rectifié, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article
81, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 1636 B
sexies
du code général des impôts est ainsi rédigé
:
«
Art. 1636 B
sexies. - Sous réserve des dispositions des articles 1636
B
septies
et 1636 B
decies,
les conseils municipaux, les conseils
généraux, les conseils régionaux et les instances délibérantes des organismes
de coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre fixent librement
chaque année les taux d'impositions des taxes locales. »
Par amendement n° II-178, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 1636 B
sexies
du code général
des impôts, les mots "et les instances délibérantes des organismes de
coopération intercommunale dotés d'une fiscalité propre" sont supprimés.
»
Par amendement n° II-206, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le 2 du I de l'article 1636 B
sexies
du code général des impôts est
ainsi modifié :
« 1. Après le premier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables, le taux
de la taxe d'habitation peut cependant être diminué, à compter de 1997,
jusqu'au niveau du taux moyen national constaté l'année précédente pour cette
taxe dans l'ensemble des collectivités de même nature, si le taux de taxe
professionnelle de l'année précédente est inférieur au taux moyen national
constaté la même année pour cette taxe dans l'ensemble des collectivités de
même nature, sans que cette diminution soit prise en compte pour l'application,
à la baisse, des dispositions du b du 1. »
« 2. Dans le deuxième alinéa, les mots : "de l'alinéa précédent"
sont remplacés par les mots : "des deux précédents alinéas".
« 3. Dans les troisième et quatrième alinéas, les mots : "du premier
alinéa" sont remplacés par les mots : "du premier ou du deuxième
alinéa". »
La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n° II-151
rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le problème de la libre fixation des taux d'imposition dans le cadre de
l'article 1639 B
septies
du code général des impôts est déjà ancien en
matière de fiscalité locale.
Bien entendu, notre amendement s'appuie d'abord sur l'article L. 1111-1 du
code général des collectivités territoriales en vertu duquel les communes, les
départements et les régions s'administrent librement par des conseils élus.
Aujourd'hui, le lien entre les quatre taxes n'a plus lieu d'être. En effet,
l'évolution des deux grandes familles d'impôts locaux - taxe professionnelle et
taxe d'habitation - n'est pas semblable.
Chacun s'accorde à reconnaître que la taxe professionnelle doit être réformée
et, comme l'a dit dernièrement le président de l'Association des maires de
France, notre collègue Jean-Paul Delevoye, elle doit s'appuyer plus sur la
richesse financière.
De plus, je le redis, les personnes redevables de la taxe professionnelle
bénéficient de nombreux allégements.
A contrario,
les ménages voient
leurs charges s'accroître beaucoup plus rapidement.
C'est pourquoi nous pensons qu'il serait intéressant, pour les familles, mais
aussi pour le budget de l'Etat, de desserrer l'étau dans lequel sont les
collectivités locales. Ces dernières pourraient, dès lors, dégager des marges
de manoeuvre plus importantes, pour réaliser des équipements utiles ou pour
éviter un trop fort recours à l'emprunt.
J'ajoute qu'il s'agit également d'une question de confiance vis-à-vis des élus
locaux, qui peuvent, sous réserve des dispositions de l'article 1639 B
sexies
du code général des impôts, faire les choix les plus judicieux,
en accord avec les mandats qui leur sont délivrés par la population.
Pour toutes ces raisons, les sénateurs du groupe communiste républicain et
citoyen tenaient à vous présenter cet amendement et vous invitent à
l'adopter.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre l'amendement n° II-178.
M. René Régnault.
Le lien entre les quatre taxes locales pose de nombreux problèmes, surtout
depuis quelques années avec le développement de l'intercommunalité. En effet,
dès qu'un groupement à fiscalité propre veut progresser dans le sens d'une plus
grande solidarité, ce qui est la bonne direction, et qu'il veut harmoniser les
taux de taxe professionnelle, il se heurte au fameux lien, qui bloque tout le
dispositif.
Nous sommes devant une vraie contradiction entre ce que la loi de 1992, par
exemple, encourage à faire et ce que ne permet pas de faire ce lien, par
ailleurs.
C'est la raison pour laquelle nous proposons de supprimer ce lien afin de
redonner de la latitude aux élus locaux et de permettre aux lois de s'appliquer
et à l'évolution de la solidarité de connaître les progrès que nous lui
souhaitons. Nous savons bien que ce n'est pas aussi aisé que cela à faire
partager.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
II-206 et pour donner l'avis de la commission sur les amendements n°s II-151
rectifié et II-178.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Par l'amendement n° II-206, nous proposons d'étendre
les possibilités déjà offertes aux collectivités territoriales de réduction des
taux des taxes acquittées par les ménages sans diminuer à due proportion le
taux de la taxe professionnelle.
Par dérogation aux principes qui régissent le verrouillage des taux des impôts
locaux, il est possible de décider une baisse des taux des taxes acquittées par
les ménages sans baisser le taux de la taxe professionnelle. Il peut arriver
qu'une collectivité ou un groupement dispose d'un taux de taxe d'habitation
supérieur au taux moyen national de taxe d'habitation, mais inférieur à un taux
de taxe professionnelle lui-même inférieur au taux moyen national de la taxe
professionnelle. En ce cas, une dérogation paraîtrait justifiée à la commission
des finances.
Aussi je suggère de prévoir que le taux de la taxe d'habitation pourra être
diminué jusqu'au niveau du taux moyen national constaté l'année précédente pour
cette taxe, dès lors que le taux de la taxe professionnelle de la collectivité
concernée serait lui-même inférieur au taux moyen national de la taxe
professionnelle, que le taux de la taxe professionnelle soit inférieur ou qu'il
soit supérieur au taux de la taxe d'habitation.
C'est un peu compliqué mais, comme il n'est pas possible de prévoir le
déverrouillage généralisé des taux, il est souhaitable - et j'espère que le
Gouvernement nous écoutera avec bienveillance - de permettre à des
collectivités qui sont dans une situation un peu particulière, dont le taux de
la taxe d'habitation est inférieur au taux de la taxe professionnelle, lui-même
inférieur au taux moyen national, de pouvoir le baisser sans pour autant être
dans la nécessité de baisser le taux de la taxe professionnelle.
La commission est défavorable à l'amendement n° II-151 rectifié, qui tend à
laisser aux collectivités une totale liberté de choix. C'est une solution qui
est vraiment très radicale, et c'est pourquoi il n'est pas apparu possible à la
commission de l'accepter.
J'ai le regret de dire à M. Régnault que l'amendement II-178 aboutirait à
l'effet exactement inverse de celui qu'il recherche. C'est pour lui éviter
cette mésaventure que la commission des finances est défavorable à son
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-151 rectifié,
II-178 et II-206 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement
II-151 rectifié, qui supprimerait tous les mécanismes de liaison entre les taux
des quatre taxes locales. Ces mécanismes peuvent paraître contraignants dans
certaines collectivités locales, mais, à l'expérience, ils se sont révélés être
des garde-fous assez utiles. Il ne paraît donc pas souhaitable de les
supprimer.
En revanche, que des assouplissements soient envisagés dans un cas très précis
et très limité, je dirais très justifié, comme celui qui est évoqué dans
l'amendement n° II-206 et dont je comprends qu'il intéresse plusieurs
collectivités locales en France, notamment situées dans l'importante région
Poitou-Charentes, le Gouvernement le comprend et n'y fera pas obstacle.
Tel qu'il est rédigé, l'amendement n° II-178 ne me semble pas opportun, car il
pourrait notamment avoir des effets contraires qui ont été indiqués par M. le
rapporteur général.
Cela dit, qu'on envisage dans ce domaine des règles quelque peu différentes
pour encourager l'intercommunalité n'est pas forcément une mauvaise idée. A
l'occasion de la prochaine discussion du projet de loi sur l'intercommunalité,
peut-être reprendrons-nous ce débat, car il me paraît qu'il y a là une piste
intéressante.
M. René Régnault.
C'est constructif !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je voudrais simplement rappeler
à la Haute Assemblée, afin de bien l'informer, qu'a existé la liberté
d'appréciation des taux qui portent sur les quatre taxes, taxe d'habitation,
taxe sur le foncier bâti, taxe sur le foncier non bâti et taxe professionnelle.
Mais, à la lumière des dérapages que nous avons constatés, comme celui qui
consiste, pour favoriser un impôt - la taxe d'habitation - à forcer sur la taxe
professionnelle, il a fallu procéder à l'époque, à la demande du Parlement,
d'ailleurs, à un verrouillage qui a permis de corriger les excès. Aujourd'hui,
il faut reconnaître que le déverrouillage pose manifestement problème.
M. Emmanuel Hamel.
Il ne pose pas de problème !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-151 rectifié, repoussé par la commission
et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Monsieur Régnault, maintenez-vous votre amendement ?
M. René Régnault.
Après avoir entendu M. le ministre, je le retire. De plus, je sais que M.
Perben, de son côté, travaille sur cette question.
Je prends donc rendez-vous, mais j'insiste auprès de vous, monsieur le
ministre, et du Gouvernement, pour qu'on ne tarde pas et que nous puissions
être saisis et délibérer de ce dispositif d'assouplissement dès le début de
l'année 1997.
M. le président.
L'amendement n° II-178 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-206, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 81.
Par amendement n° II-179, M. Richard et les membres du groupe socialiste
proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Après l'article 1636 B
decies
du code général des impôts, il est
inséré un article ainsi rédigé :
«
Art.
... - Le taux moyen national de la taxe professionnelle est
calculé, pour les communes, en tenant compte du produit perçu par les
groupements substitués, de plein droit ou sur option, aux communes membres pour
l'application des dispositions relatives à cette taxe.
« Les dispositions du présent code faisant référence à la moyenne nationale de
taxe professionnelle des communes s'appliquent aux groupements mentionnés au
précédent alinéa. »
La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard.
Il s'agit d'une précision technique, mais elle va prendre un peu d'importance
en raison du développement des organismes intercommunaux ayant une taxe
professionnelle commune.
Eux aussi peuvent bénéficier des dispositions de liberté de taux, comme celle
qui vient d'être adoptée à la suggestion du rapporteur général. Ils peuvent
aussi, le cas échéant, être touchés par les plafonnements de taux au double de
la moyenne nationale. Mais, du fait que ces groupements englobent à la fois la
taxe professionnelle payée ailleurs aux communes et celle qui est payée aux
groupements de type district ou communauté urbaine, il faut préciser quelle est
la référence de taux national qui leur est imposable.
Je propose donc de préciser que les groupements qui n'ont qu'une taxe
professionnelle intercommunale doivent être comparés au niveau national avec le
total de la taxe professionnelle communale et intercommunale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il est apparu à la commission des finances que M.
Alain Richard souhaitait obtenir du Gouvernement des garanties et qu'après
avoir obtenu des explications du Gouvernement, s'il était satisfait, il
retirerait son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je voudrais rassurer tout à fait M. Richard.
Depuis l'institution par la loi du 10 janvier 1980 du vote des taux par les
collectivités locales, le taux moyen national retenu pour la détermination du
taux plafond communal de taxe professionnelle est calculé en tenant compte du
produit perçu par les groupements, qu'ils soient dotés ou non d'une fiscalité
propre, et que la fiscalité perçue par les groupements soit ou non
additionnelle. Les produits perçus par les syndicats d'agglomérations nouvelles
ou les communautés de villes sont donc pris en compte.
Cette règle correspond à une pratique qui existe depuis seize ans et qui n'a,
jusqu'à présent, jamais posé problème. Dans ces conditions, monsieur le
sénateur, il me semble que la pratique et la doctrine administrative allant
tout à fait dans le sens de ce que vous souhaitez, cet amendement est quelque
peu superflu.
M. le président.
Maintenez-vous votre amendement, monsieur Richard ?
M. Alain Richard.
Monsieur le ministre, il y a au moins un problème d'application, à savoir qu'à
ma connaissance ce taux n'a jamais été publié ! Dirigeant moi-même un
groupement qui est dans cette situation, j'ai trouvé dans mon « état 1259 », si
j'ai bonne mémoire, le taux moyen des communes, mais je n'ai pas trouvé le taux
moyen global avec l'intercommunal.
Si vous me donnez l'assurance que ce taux, qui est un guide utile pour les
groupements de cette sorte, sera régulièrement publié, je retirerai mon
amendement car tout le monde, dans cette affaire, est de bonne foi.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Il va de soi que nous prendrons toute disposition pour
publier ce taux dont, évidemment, les groupements de communes ont besoin. Je
vous remercie, par conséquent, monsieur Richard, de bien vouloir retirer votre
amendement.
M. Alain Richard.
Dans ces conditions, je retire mon amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-179 est retiré.
Par amendement n° II-180, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa du paragraphe I de l'article 1647 E du code général
des impôts est complété,
in fine,
par une phrase ainsi rédigée :
« Ce pourcentage est porté à 1 % en 1998. »
« II. - Le deuxième alinéa du paragraphe I de l'article 1647 E du code général
des impôts est ainsi rédigé :
« Cette imposition minimale ne peut avoir pour effet de mettre à la charge de
l'entreprise un supplément d'imposition excédant le double de la cotisation de
l'année précédente. »
« III. - Les deux dernières phrases du paragraphe II de l'article 1647 E du
code général des impôts sont supprimées. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Cet amendement vise à faire progresser une disposition dont le principe, après
quelques hésitations, voire quelques difficultés, a été accepté par notre
assemblée.
En effet, face aux inégalités des entreprises devant la taxe professionnelle,
les groupes parlementaires socialistes proposaient depuis plusieurs années
l'instauration d'une cotisation minimale de taxe professionnelle. La majorité
sénatoriale s'est peu à peu ralliée à cette proposition, ce dont nous nous
félicitons, et le Gouvernement a enfin instauré une telle cotisation l'année
dernière. Jusqu'ici, tout va donc bien.
Cette disposition constitue un premier pas vers une modification de l'assiette
de la taxe professionnelle permettant une moindre taxation des entreprises de
main-d'oeuvre, préoccupation chère au président de notre commission, permettant
aussi une moindre pénalisation de l'emploi et donc une meilleure prise en
compte des secteurs capitalistiques. Cette cotisation pourrait également être
un bon outil pour renforcer les moyens de la péréquation, qui sont, chacun le
sait, très insuffisants.
Toutefois, la mesure prise dans la loi de finances pour 1996 a manqué
d'ambition puisque le taux retenu de 0,35 % est très faible ; de même que son
produit, et que ne sont pas prises en compte les entreprises dont le chiffre
d'affaires est inférieur à 50 millions de francs. Au total, très peu
d'entreprises ont donc été concernées pour un rapport symbolique.
De plus, le Gouvernement avait réduit à due concurrence la dotation au fonds
national de péréquation de la taxe professionnelle et, dans ce projet de loi de
finances, il a décidé de s'attribuer définitivement le produit de cette
cotisation minimale.
Nous sommes en total désaccord sur ce point, c'est pourquoi cet amendement
tend à instaurer un relèvement à 1 % du taux de la cotisation minimale, comme
le proposait d'ailleurs voilà encore quelques jours l'Association des maires de
France ; cela a été rappelé souvent depuis le début de notre discussion. Par là
même, nous permettons une réelle équité entre les redevables de la taxe
professionnelle.
Quant aux répercussions négatives pour les entreprises, il convient d'être
réaliste et, avant de pleurer sur celles dont la maigre cotisation va
augmenter, intéressons-nous à celles dont la cotisation est particulièrement
élevée et pénalisante. Par rapport aux allégements de charges qui ne créent que
très peu d'emplois, c'est peu important.
Enfin, les résultats des grandes entreprises sont tout à fait convenables,
marqués par un taux d'autofinancement supérieur à 100 %, et les petites
entreprises ne seront pas touchées.
En outre, l'augmentation sera très progressive puisque l'amendement prévoit
que l'imposition de l'année, ne pourra dépasser le double de celle de l'année
précédente, ce qui, à mon avis, est une limitation trop restrictive car,
partant de faibles cotisations, dès lors qu'on les encadre à ce point, cela
veut dire que ces entreprises qui paient peu aujourd'hui continueront de payer
peu pendant longtemps encore ; nous ne sommes donc pas en train de les
accabler.
Quant à l'attribution de cette cotisation minimale, il nous semble clair, même
sur le plan constitutionnel - c'était l'opinion des parlementaires unanimes
l'année dernière - qu'elle doit rester un produit au service des budgets des
collectivités locales.
Nous proposons donc de conserver son attribution actuelle, ce qui permettra
une véritable alimentation du fonds national de péréquation de la taxe
professionnelle, qui pourra ainsi remplir pleinement son rôle de rééquilibrage
des ressources entre les collectivités locales.
Comme je l'ai dit et répété hier soir, la recette issue de l'assiette de taxe
professionnelle dans ce pays varie par habitant de 1 à 500 !
Il est donc urgent de remédier à une telle inégalité. C'est ce à quoi tend cet
amendement, auquel, j'en suis certain, mes chers collègues, vous ne manquerez
pas d'être sensibles. En tout cas, nous comptons beaucoup sur son adoption.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Notre excellent collègue René Régnault a adopté,
hier soir, un amendement proposé par le président de la commission des
finances, M. Christian Poncelet, et relatif à la cotisation minimale.
Même si cet amendement avait une portée différente, il a néanmoins permis
d'accélérer la résolution de cette question à laquelle nous sommes tous
attachés. Il s'agit de connaître le plus rapidement possible les résultats de
cette cotisation minimale qui vient d'être instituée, mais dont le prélèvement
est en cours et dont nous ne pouvons pas encore mesurer totalement l'impact.
M. Christian Poncelet a obtenu, avec le soutien du Gouvernement, qu'un rapport
nous soit remis au plus tard le 31 mai prochain, afin que nous puissions, dans
le projet de loi de finances pour 1998, prendre, au titre de cette cotisation
minimale, des dispositions très opérationnelles et dont nous pourrions mesurer
très clairement par avance la portée.
Qu'en est-il, mon cher collègue ? Vous proposez de relever le taux de cette
cotisation minimale à 1 %, ce qui revient à le multiplier quasiment par trois.
Est-il opportun d'avancer les yeux bandés, puisque nous ne connaissons pas
précisément l'impact de cette cotisation que nous venons de créer, sur un sujet
aussi délicat que celui de la taxe professionnelle ?
M. Christian Poncelet, avec beaucoup de sens des réalités, a appelé hier notre
attention sur la nécessité de baisser la taxe professionnelle qui pèse sur les
industries de main-d'oeuvre, baisse qu'il avait gagée par le relèvement de
cette cotisation minimale.
Après les explications qu'il a reçues du Gouvernement il a, avec courage,
retiré son amendement pour y substituer la demande du rapport en question.
Je souhaiterais que notre collègue René Régnault retire son amendement parce
que, en le maintenant, il donnerait l'impression que nous sommes en désaccord,
alors que ce n'est pas le cas.
S'il nous est possible, au vu du rapport qui nous sera remis le 31 mai
prochain, d'apprécier l'impact de cette cotisation minimale, nous pourrons
alors discuter du taux.
Peut-être découvrirons-nous alors que nous ne sommes pas d'accord mais, dans
l'état actuel des choses, rien ne le prouve.
Il ne me semble pas raisonnable de légiférer sans bien mesurer la portée de la
législation que nous élaborons.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je fais miens les arguments de M. le rapporteur
général.
Le Sénat hier, après un très long débat, a pris, en adoptant l'amendement n°
II-213, une position que je crois de sagesse.
Cet amendement a reçu un accueil...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Unanime !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué...
unanime en effet et, compte tenu des garanties qu'il
apporte, M. Régnault pourrait peut-être accepter de retirer l'amendement n°
II-180.
M. le président.
Monsieur Régnault, maintenez-vous votre amendement ?
M. René Régnault.
Chacun sait qu'il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Je dis
cela parce que vous ne nous ferez pas croire que les services de Bercy n'ont
pas déjà mené moultes études.
(M. le ministre fait un signe de dénégation.)
Mais si ! Nous avons déjà souvent débattu sur ce point et des chiffres
ont circulé. On connaît les catégories d'entreprises ou les secteurs concernés.
On peut donc savoir quel serait le produit escompté de cette cotisation minimum
en fonction du taux.
Je veux bien cependant, monsieur le rapporteur général, parce que vous avez
bien voulu prendre en compte nos arguments et même si nous ne sommes pas
d'accord, en tout cas, pas complètement d'accord, en particulier sur la
destination de ce produit,...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Tout à fait !
M. René Régnault.
... me rendre à vos raisons parce que le groupe socialiste, dans ce domaine
comme dans les autres, souhaite faire oeuvre utile.
La nuit dernière, nous avons adopté un amendement, qui ne nous donne pas
complètement satisfaction, mais puisque M. le rapporteur général et M. le
ministre font référence au rapport qui nous sera remis au 31 mai 1997, nous
savons que nous aurons l'occasion de débattre de nouveau de la question.
Ayant d'ores et déjà fait connaître notre analyse, nous prenons date et nous
acceptons de retirer l'amendement n° II-180.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je vous remercie.
M. le président.
L'amendement n° II-180 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° II-91, est présenté par MM. Girault, Dufaut, Lombard, Souvet,
Rausch et Quilliot.
Le second, n° II-174, est déposé par M. Régnault et les membres du groupe
socialiste et apparentés.
Tous deux tendent, après l'article 81, à insérer un article ainsi rédigé :
« La première phrase de l'article 1609
quinquies
A du code général des
impôts est remplacée par deux phrases ainsi rédigées :
« Le conseil d'un district doté d'une fiscalité propre existant à la date de
publication de la loi d'orientation n° 92-125 du 6 février 1992 relative à
l'administration territoriale de la République et exerçant les compétences
mentionnées aux deuxième et troisième alinéas de l'article L. 5216-16 du code
général des collectivités territoriales peut décider de percevoir la taxe
professionnelle selon les dispositions de l'article 1609
nonies
C. Par
la même délibération, prise à la majorité des trois quarts de ses membres, le
conseil du district adopte ce régime fiscal et fixe le nouveau taux de taxe
professionnelle dans les conditions prévues par le 1° du paragraphe II de
l'article 1609
nonies
C »
La parole est à M. Girault, pour défendre l'amendement n° II-91.
M. Jean-Marie Girault.
L'adoption par les districts du régime fiscal de taxe professionnelle unique,
celui des communautés de villes régi par l'article 1609
nonies
C du code
général des impôts, se trouve actuellement freinée par la lourdeur de la
procédure et par la rigidité du mécanisme même de fixation du nouveau taux de
taxe professionnelle qui résultent de la combinaison des textes actuels du code
général des impôts. Ceux d'entre nous qui participent à la gestion
d'établissements publics intercommunaux connaissent bien cette situation. Là
encore, le pragmatisme devrait être la règle : il faudrait laisser les
districts décider selon les circonstances.
C'est pourquoi, afin de faciliter l'adoption de la taxe professionnelle unique
par les districts, le présent amendement, en liaison avec l'amendement
modifiant l'article 1609
nonies
C pour permettre la fixation par
l'assemblée délibérante du groupement du nouveau taux de taxe professionnelle
unique, propose de simplifier les procédures en réunissant, dans une même
délibération, la décision du principe de l'adoption du nouveau régime fiscal et
celle de la fixation du nouveau taux de taxe professionnelle.
Je puis vous assurer, chers collègues, que cette demande est formulée de façon
très pressante, notamment par l'association des districts de France. Je crois
que le Gouvernement, lui aussi, considère cette requête comme fondée.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre l'amendement n° II-174.
M. René Régnault.
Je souscris tout à fait aux arguments développés par M. Girault, arguments
fondés sur une expérience que personne n'oserait remettre en cause, et je
rejoins complètement ses conclusions.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s II-91 et
II-174 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission n'a pu émettre un avis favorable sur
ces amendements.
En fait, je pense qu'il y a une incompréhension qui peut peut-être être
levée.
La préoccupation exprimée par MM. Jean-Marie Girault et René Régnault consiste
à faciliter l'adoption de la taxe professionnelle unique et à lever toutes les
rigidités. Jusque-là, nous sommes parfaitement d'accord.
Toutefois, il apparaît à la lecture de l'amendement que l'adoption de ce
régime fiscal doit s'accompagner de la fixation du nouveau taux. Or, selon la
période de l'année où nous nous trouvons, cette fixation n'a pas lieu d'être,
sauf à prévoir que ce nouveau taux s'appliquera l'année suivante.
Par conséquent, deux solutions se présentent : soit vous rectifiez votre
amendement, soit le Gouvernement vous répond que la faculté de fixer le nouveau
taux dans la même délibération vous est offerte, mais qu'il va de soi qu'elle
ne pourra être utilisée que quand vous serez dans une période de l'année qui le
permet.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s II-91 et
II-174 ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je partage l'analyse de M. le rapporteur général. Pour
ma part, je serais tenté de proposer aux auteurs des amendements que nous nous
donnions quelques jours pour introduire une disposition de ce genre dans le
collectif, de manière à tenir compte des objections formulées par M. le
rapporteur général.
Nous sommes d'accord avec le souci de souplesse et de simplification qui anime
les auteurs de ces amendements, mais il faudra certainement améliorer la
rédaction de ces derniers.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Girault ?
M. Jean-Marie Girault.
Je suis d'accord avec M. le ministre pour que nous réexaminions le problème à
l'occasion du collectif. Je retire donc l'amendement.
M. le président.
Monsieur Régnault, maintenez-vous votre amendement ?
M. René Régnault.
Je souhaiterais laisser à mon collègue M. Richard le soin de prendre la
décision.
M. le président.
La parole est donc à M. Richard.
M. Alain Richard.
Je crois que nous pouvons tout à fait accepter le rendez-vous souhaité par M.
le ministre pour examiner à nouveau ce problème après un délai de quelques
jours.
Je rappellerai simplement - cela n'a pas été évoqué dans le débat - qu'en
l'occurrence prévoir la fixation de taux est de pure formalité. M. le ministre,
qui a la responsabilité d'un groupement, connaît bien cette situation.
Au moment où le conseil de district décide d'adopter le régime fiscal de la
taxe professionnelle unique, un seul taux peut être adopté : celui qui résulte
de la moyenne pondérée des taux des différentes communes. Tel est l'esprit de
la proposition auteurs de l'amendement.
Un temps de concertation supplémentaire est-elle peut-être nécessaire, mais je
ne pense pas qu'il y ait de difficulté sur le fond.
Pour l'instant, nous retirons donc notre amendement.
M. le président.
Les amendements n°s II-91 et II-174 sont retirés.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° II-90 est présenté par MM. Girault, Dufaut, Rausch, Souvet,
Lombard et Quilliot.
L'amendement n° II-175 est présenté par M. Régnault et les membres du groupe
socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi
rédigé :
« I. - Après le deuxième alinéa du 1° du paragraphe II de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi
rédigé :
« Le nouveau taux s'applique dans les communes selon un calendrier progressif
annuel dont la durée ne peut excéder dix ans. Ce calendrier est adopté par le
conseil de l'établissement public de coopération intercommunale à la majorité
des deux tiers de ses membres.
« II. - Au début du dernier alinéa du 1° du paragraphe II de l'article 1609
nomies
C du code général des impôts, avant les mots : "le nouveau
taux s'applique", sont insérés les mots : "A défaut de décision prise
dans les conditions définies à l'alinéa précédent,". »
La parole est à M. Girault, pour défendre l'amendement n° II-90.
M. Jean-Marie Girault.
Ces amendements procèdent du même esprit que les précédents.
La création de communautés de villes et l'adoption du régime fiscal de taxe
professionnelle unique par d'autres groupements se trouvent parfois freinées
par le mécanisme rigide d'entrée en vigueur du nouveau taux de taxe
professionnelle prévu par la rédaction actuelle de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts. Ce mécanisme est fondé sur le taux moyen des
communes membres pondéré par l'importance relative des bases. Cependant, dans
le rythme d'entrée en vigueur, il se réfère uniquement à la différence entre le
taux de taxe professionnelle de la commune la moins imposée et celui de la
commune la plus imposée, ce qui ne laisse pas de place à la concertation et à
la libre décision des communes.
C'est pourquoi le présent amendement prévoit de confier, dans un cadre
déterminé, l'adoption d'un calendrier d'entrée en vigueur du nouveau taux à
l'assemblée délibérante du groupement intercommunal par délibération à la
majorité qualifiée. A défaut d'un tel accord, le mécanisme automatique
préexistant s'appliquerait.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre l'amendement n° II-175.
M. René Régnault.
Je voudrais attirer l'attention de M. le ministre sur un élément
complémentaire.
Monsieur le ministre, nous traitons depuis quelques instants - c'est au moins
la troisième série d'amendements portant sur ce sujet - de la rigidité de la
fiscalité liée à la coopération intercommunale.
Lorsque vous avez parlé de l'assouplissement du lien qui existe entre les
quatre taxes, vous avez pris l'engagement que le problème serait réglé très
rapidement.
En matière d'intercommunalité, je crois qu'il faut maintenant agir rapidement,
car d'exercice en exercice, l'intercommunalité se bloque davantage. Le temps
qui passe cristallise des crispations.
C'est la raison pour laquelle je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous
preniez un engagement précis à propos des propositions que nous formulons.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements identiques n°s II-90 et
II-175.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Comme toujours, mais particulièrement aujourd'hui, le
Sénat fait de la bonne législation fiscale.
En effet, vouloir plus de liberté pour les collectivités locales est une bonne
idée, et la commission vous soutient totalement, mes chers collègues.
De quoi s'agit-il en l'occurrence ? Il s'agit de réduire le délai
d'unification des taux, qui actuellement est de dix ans et qui pourrait être
réduit à un an.
La commission n'y voit pas d'inconvénient dans la mesure où toutes les
communes le souhaitent.
Dès lors qu'il n'y aurait pas accord unanime - je ne veux pas dire toutefois
que l'intercommunalité ne pourra progresser que dans l'unanimité - je ne pense
pas que l'on puisse décider que cette unification devrait avoir lieu en une
seule année.
C'est la raison pour laquelle il me semble que cette proposition n'est pas
arrivée à maturité et que nous serions bien inspirés de nous réserver quelques
jours pour l'affiner.
Spontanément, je dirai qu'il faudrait prévoir un régime de liberté absolue dès
lors que toutes les communes du groupement en sont d'accord. Ce dispositif
serait efficace et pourrait répondre à leurs préoccupations unanimes.
Si toutes les communes n'étaient pas d'accord, il faudrait prévoir un délai
raisonnable - je ne le fixe pas aujourd'hui - qui pourrait être plus court que
le délai actuel de dix ans. Voilà pourquoi la commission demande à M. Girault
de retirer ses amendements qui, certes, sont fort utiles mais qui atteindraient
sans doute à la perfection lors de l'examen du collectif.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je me rallie à la solution proposée par M. le
rapporteur général. Ayant moi-même l'honneur de présider un district, j'estime
que les modalités actuelles de passage à la taxe professionnelle
d'agglomération ne sont pas satisfaisantes. A titre d'exemple, s'agissant d'un
groupement intercommunal dans lequel les taux de taxe professionnelle varient
du simple au double, nous sommes tenus, si nous voulons choisir la taxe
professionnelle d'agglomération, de parvenir à une harmonisation des taux en
cinq ans. Ce délai est trop court. Cela signifie que la commune qui a le taux
de taxe professionnelle le plus bas sera obligée d'augmenter, chaque année
pendant cinq ans, de plus de 8 % le taux de celle-ci. C'est quasiment
irréalisable.
Il faut donc instaurer une plus grande souplesse et, en même temps, comme le
disait M. le rapporteur général, veiller à ce que, dans les décisions prises à
l'échelon intercommunal, une majorité de communes ne puisse pas abuser de leur
pouvoir et contraindre une ou plusieurs communes minoritaires à procéder à des
augmentations ou à des réductions de taux plus fortes, plus rapides ou plus
lentes.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Nous devons donc prendre en compte ces deux éléments, à
savoir une plus grande souplesse et le respect des minorités, si je puis dire,
au sein du regroupement communal. Nous devons donc nous donner un délai de
réflexion supplémentaire, avec la volonté très ferme d'aboutir. C'est un sujet
sur lequel nous pouvons parvenir à une solution dans le collectif sans attendre
le projet de loi sur l'intercommunalité.
Je me rallie donc à la proposition de M. le rapporteur général et, dans ces
conditions, MM. Girault et Régnault pourraient peut-être retirer leurs
amendements.
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. le président.
Monsieur Girault, l'amendement n° II-90 est-il maintenu ?
M. Jean-Marie Girault.
Non, monsieur le président, je le retire dans la mesure où M. le ministre
s'est engagé à résoudre ce problème à l'occasion de l'examen du collectif
budgétaire. J'apprécie beaucoup que M. le ministre soit aussi président d'un
district. En effet, nous sommes confrontés aux mêmes problèmes et nous sommes
animés de la même volonté de les résoudre.
M. le président.
C'est l'avantage du cumul des mandats !
(Sourires.)
L'amendement n° II-90 est retiré.
Monsieur Régnault, l'amendement n° II-175 est-il maintenu ?
M. René Régnault.
Je ne préside pas un district...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Pour l'instant !
(Sourires.)
M. René Régnault.
... mais, en tant que vice-président de l'un d'entre eux, je suis aussi
confronté à ce type de problème.
Il est essentiel, monsieur le ministre - et telle a été votre conclusion -
d'aboutir à une solution. Il ne faut pas toujours reporter le problème.
Pour parvenir à une solution, nous devons sortir d'une certaine rigidité. Nous
nous heurtons, en effet, à certains blocages, tels que le délai de huit ans.
En conséquence, il faut mener une négociation et introduire une certaine
souplesse afin que nous puissions trouver sur ce terrain une réponse
harmonieuse.
Cela dit, je retire l'amendement n° II-175.
M. le président.
L'amendement n° II-175 est retiré.
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° II-87, MM. Girault, Lombard, Rausch, Souvet et Quilliot
proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Les troisième et quatrième alinéas du paragraphe I
ter
de l'article
1648 A du code général des impôts sont supprimés. »
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° II-88 est présenté par MM. Girault, Lombard, Rausch, Souvet et
Quilliot.
L'amendement n° II-181 est déposé par M. Bialski.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi
rédigé :
« Au début du troisième alinéa du paragraphe I
ter
de l'article 1648 A
du code général des impôts sont insérés les mots : "Sauf dans le
communautés urbaines". »
Par amendement n° II-89, MM. Girault, Lombard, Rausch, Souvet et Quilliot
proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé
:
« Dans le troisième alinéa du paragraphe I
ter
de l'article 1648 A du
code général des impôts, les mots : "ou après option" sont supprimés.
»
La parole est à M. Girault, pour défendre les amendements n°s II-87 et
II-88.
M. Jean-Marie Girault.
Voilà la Haute Assemblée engagée pour quelques instants dans un débat sur
l'intercommunalité. Cette notion est de plus en plus présente dans les esprits
et tout doit être entrepris pour la favoriser.
L'amendement n° II-87 a pour objet de développer la taxe professionnelle
communautaire. Il est proposé de supprimer, pour tous les groupements de
communes qui adopteraient les dispositions de l'article 1609
nonies
C du
code général des impôts, l'écrêtement des bases de taxe professionnelle opéré
au profit des fonds départementaux de la taxe professionnelle.
Je suis de ceux qui pensent que l'aménagement du territoire passe notamment
par le regroupement des communes et par une utilisation optimale des moyens
financiers mis à leur disposition.
L'amendement n° II-88 s'inscrit dans la même logique.
M. le président.
L'amendement n° II-181 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Girault, pour défendre l'amendement n° II-89.
M. Jean-Marie Girault.
Toujours dans le même esprit, il est proposé de supprimer, pour les
communautés urbaines, les districts et les communautés de communes qui
adopteraient les dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général
des impôts, l'écrêtement des bases de taxe professionnelle opéré au profit des
fonds départementaux de la taxe professionnelle.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-87, II-88 et II-89
?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'amendement n° II-87 vise à supprimer, pour les
groupements de communes, l'écrêtement des bases de taxe professionnelle opéré
au profit des fonds départementaux de péréquation de la taxe
professionnelle.
Le problème qui est soulevé est également indéniable. De nombreux groupements
hésitent, certains même renoncent à évoluer vers des formes d'intercommunalité
plus poussée à cause de cet écrêtement. Cela dit, si nous choisissons la
logique proposée par l'amendement n° II-87, nous aboutissons à assécher, en
tout ou partie, les fonds départementaux de péréquation de la taxe
professionnelle.
La logique inverse, qui consisterait à généraliser l'écrêtement, ne serait pas
moins contestable, puisqu'elle aurait pour effet de priver un certain nombre de
groupements de ressources ou de les soumettre à un écrêtement qui pourrait
poser des problèmes à certains d'entre eux.
Tout à l'heure, nous avons décidé, pour éviter de commettre des erreurs, de
reporter la décision au collectif budgétaire. Du coup, je me demande si, sur
ces sujets, nous ne devrions pas attendre - même si nous perdions deux mois
supplémentaires - le projet de loi sur l'intercommunalité qui nous est annoncé.
En effet, nous sommes au coeur de la réforme qui nous sera soumise. Il faut en
espérer beaucoup, monsieur le ministre, et je compte sur vous pour être notre
interprète auprès de votre collègue M. Perben.
Les collectivités territoriales et les groupements de communes ont besoin de
liberté pour pouvoir relever le défi du développement économique de leurs
agglomérations. Elles veulent tendre à une plus grande justice en matière de
taxe professionnelle et pouvoir choisir des taux uniques ou d'agglomération.
Actuellement, certains dispositifs ont des effets secondaires qui les en
empêchent. Il convient, par conséquent, de lever tous ces handicaps et toutes
ces rigidités.
Toutefois, nous risquons de produire d'autres effets secondaires : en effet,
soit nous limitons massivement les ressources des fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle, en généralisant l'écrêtement, et, en ce
cas les groupements de communes renonceront à la mise en oeuvre de la taxe
professionnelle d'agglomération, soit nous vidons les fonds départementaux de
péréquation, et nous évitons ainsi aux groupements de communes cet
écrêtement.
Par conséquent, il est difficile de trouver le bon équilibre. En tout état de
cause, nous ne sommes pas en mesure d'y parvenir ce matin. Nous devrons donc
oeuvrer tous ensemble afin que cette loi sur l'intercommunalité soit une
réussite et donne un nouvel élan à l'intercommunalité dans notre pays. C'est
pourquoi je demande à M. Girault d'avoir la sagesse de retirer ses
amendements.
Cette attitude de la commission ne doit pas être considérée comme frileuse.
Ces propositions sont bonnes mais elles ne paraissent pas pouvoir être mises en
oeuvre en toute sécurité dès aujourd'hui.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-87, II-88 et II-89
?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission des
finances.
Les nombreux amendements déposés par plusieurs groupes et relatifs à
l'intercommunalité peuvent être divisés en deux catégories. Les premiers
tendent à améliorer les systèmes actuels. Nous venons, par exemple, d'examiner
des amendements proposant un calendrier ou des modalités de passage à la taxe
professionnelle d'agglomération. Ces sujets pourraient être examinés lors du
collectif budgétaire.
Les seconds, que nous examinons maintenant, tendent à faire bénéficier les
regroupements intercommunaux d'avantages nouveaux ou de mesures fiscales
nouvelles. Comme l'a indiqué M. le rapporteur général, les amendements
pourraient être examinés dans le cadre du projet de loi sur l'intercommunalité.
Dans ces conditions, M. Girault pourrait peut-être les retirer.
M. le président.
Monsieur Girault, les amendements n°s II-87, II-88 et II-89 sont-ils maintenus
?
M. Jean-Marie Girault.
Personnellement, je me félicite de l'engagement d'un débat sur
l'intercommunalité au sein de notre assemblée. Je me suis tout à l'heure rallié
à la logique du collectif budgétaire. Pour ces amendements, je veux bien me
rallier à celle du projet de loi de M. Perben mais il est bien certain que le
problème devra être résolu. Les élus se rendent de plus en plus compte que
l'avenir de notre pays passe par l'intercommunalité. Celle-ci doit donc être
favorisée par tous les moyens.
M. le président.
Les amendements n°s II-87, II-88 et II-89 sont retirés.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux, nous les
reprendrons à quinze heures, avec l'hommage solennel à Alain Poher.
Je vous informe, par ailleurs, que les explications de vote et le vote sur
l'ensemble du projet de loi de finances auront lieu à vingt et une heures
trente.
(La séance, suspendue à douze heures quarante-cinq, est reprise à quinze
heures, sous la présidence de M. René Monory.)
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
M. le président. La séance est reprise.
3
HOMMAGE SOLENNEL A` ALAIN POHER,
ANCIEN PRÉSIDENT DU SÉNAT
M. le président.
Mes chers collègues, le Sénat souhaitera certainement rendre au président
Alain Poher, en présence d'une délégation du bureau de l'Assemblée nationale,
que je tiens à saluer, l'hommage qu'il mérite.
(M. le Premier ministre, MM.
les ministres, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.)
Alain Poher a, en effet, présidé nos travaux pendant vingt-quatre années. Il a
siégé parmi nous pendant quarante-cinq ans. Il a été le premier président
français du Parlement européen. Il a, à deux reprises, assumé les fonctions
difficiles de président de la République par intérim.
C'est donc avec une vive émotion et une profonde tristesse que la Haute
Assemblée s'incline devant l'un des plus illustres de ses membres qui, hier,
nous a quittés, à quatre-vingt-sept ans, à la suite d'une longue maladie.
Il y a des hommes qui tirent leur grandeur de leur bonté. Il était de ceux-là,
simple et modeste. Mais il fut un grand patriote, un Européen engagé, un
président du Sénat exemplaire, un vrai serviteur de la République à l'immense
expérience.
Résistant dès 1941 après avoir été grièvement blessé au front et échappé à
l'enfer de Dunkerque, il se montre particulièrement actif au ministère des
finances pour le réseau « Libération-Nord ». Il en préside le Comité de
Libération faisant preuve déjà de sa foi très profonde et pesant de tout son
poids pour prêcher et obtenir le pardon et la réconciliation.
Ces convictions religieuses, transmises par une mère catholique et bretonne,
il les retrouve dans la personne de Robert Schuman. Le vrai père de l'Europe,
le Lorrain meurtri dans sa chair et sa terre qui saura s'élever au-dessus des
factions et des haines pour transcender l'histoire et fonder la paix, l'appelle
auprès de lui, à son cabinet. Dès lors, il ne cesse d'accumuler les fonctions
politiques les plus éminentes.
Membre du Conseil de la République en 1946, désigné immédiatement rapporteur
général de la commission des finances, puis secrétaire d'Etat aux finances et
au budget, il est battu en 1948 et nommé commissaire général aux affaires
allemandes et autrichiennes. Il représente la France à l'Autorité
internationale de la Ruhr.
C'est là, au coeur de l'Allemagne ruinée, qu'il trouve confirmation de ses
engagements européens qui seront le combat de toute sa vie.
Réélu sénateur en 1952, il siège dans notre assemblée sans interruption
jusqu'à l'année dernière.
Président de groupe, membre de l'Assemblée parlementaire européenne qu'il
préside pendant trois ans, il est élu président du Sénat qu'il dirige jusqu'en
1992.
Il a beaucoup apporté à notre Haute Assemblée.
OEuvrant sans relâche pour l'équilibre des institutions, pour le dialogue
normal et essentiel que les pouvoirs publics constitutionnels se doivent
d'entretenir pour la promotion de l'intérêt général, il fera preuve, dans
l'exercice de ses fonctions, d'un sens de l'Etat hors du commun et d'une
modération qui l'honore.
Appelé à assurer l'intérim de la présidence de la République après le départ
mouvementé du général de Gaulle, il est candidat à l'élection présidentielle
contre Georges Pompidou, qui l'emporte le 15 juin 1969. Il saura nouer avec le
nouveau Président de la République des relations normales, courtoises et
efficaces.
Sous son influence, le Sénat retrouve toute sa place de seconde chambre au
sein des institutions, comme l'avaient souhaité les rédacteurs de la
Constitution du 4 octobre 1958.
Aujourd'hui encore, son apport et sa pratique d'homme public d'expérience et
de modération profitent à notre institution qui peut mesurer combien il voyait
juste. Avant les autres, et quels qu'aient été les circonstances historiques et
les combats politiques, il privilégiait le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics, le dialogue à la confrontation directe, l'influence aux éclats.
Cette méthode lui permit de faire preuve d'audace et de gagner certains
combats importants pour notre pays. En 1971, s'opposant au ministre de
l'intérieur, il fait constitutionnaliser la liberté d'association. Il développe
les commissions d'enquête et de contrôle qui fonderont une jurisprudence utile
au Parlement en matière de télévision, d'écoutes téléphoniques et, plus
généralement, de droit parlementaire. Il réforme notre assemblée de
l'intérieur, lui donnant les moyens de mieux concourir au travail du
Parlement.
Appelé à exercer un deuxième intérim de la présidence de la République, il
prend des décisions importantes qui surprennent. Il dépose ainsi les
instruments de ratification de la Convention européenne des droits de l'homme,
signée en 1950 par Robert Schuman. Il prend des dispositions énergiques pour
assurer la régularité du scrutin présidentiel outre-mer, il réclame
l'institution d'un statut pour les travailleurs migrants européens et il
intervient très librement dans la politique africaine. Désormais, l'intérim est
une réalité acceptée, qui concourt à la continuité des institutions.
Elu président de l'Association des maires de France en 1974, il incarne les
élus locaux et nos collectivités locales avec un réel bonheur. Sa bonhomie, son
expérience politique et sa générosité naturelle en font le premier des élus.
Alors que se tourne une page longue et riche de notre histoire politique, il
nous faut voir, mes chers collègues, en Alain Poher un homme de bon sens,
pragmatique et généreux, avisé et compétent qui a formidablement incarné notre
Haute Assemblée. C'était un grand serviteur de la République, dont l'engagement
politique au sein de la famille centriste et démocrate-chrétienne, qui ne s'est
jamais démenti, s'est trouvé naturellement en harmonie avec une conception de
l'Etat et de la politique qui rassurait.
J'adresse à sa famille l'expression de nos condoléances. Nous aurons toujours,
pour Alain Poher, beaucoup de reconnaissance. Qu'elle sache que nous garderons
dans nos coeurs l'image fidèle d'un homme de bien et le souvenir de l'amitié
qu'il portait à nombre d'entre nous. Que ses amis politiques soient assurés de
notre solidarité dans la peine.
M. Alain Juppé,
Premier ministre.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le Premier ministre.
M. Alain Juppé,
Premier ministre.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, Alain Poher nous a quittés hier matin ; votre assemblée est en deuil
; je voudrais vous témoigner mon émotion personnelle, celle du Gouvernement, et
rendre à mon tour hommage à Alain Poher, ancien président du Sénat.
Chacun sait à quel point Alain Poher marqua de son empreinte la Haute
Assemblée au cours de ses vingt-quatre années de présidence ininterrompue.
La haute idée qu'il se faisait de ses fonctions, sa conception exigeante de la
démocratie le conduisaient à diriger vos travaux avec la plus grande
impartialité, soucieux qu'il était du respect des droits de la minorité.
Il s'attacha avec rigueur, mais aussi avec passion, à la revalorisation du
rôle du Sénat, convaincu que la constitution d'un pôle de sagesse et de
stabilité au sein des institutions était nécessaire, à côté d'une assemblée qui
pouvait lui sembler parfois impétueuse, « un rempart contre l'aventure »,
disait-il, « sans pour autant apparaître comme un obstacle à l'évolution
nécessaire. »
Non pas qu'il considérât l'Assemblée nationale comme une institution
imprévisible, mais tout simplement parce qu'il était profondément attaché à
l'équilibre des pouvoirs, notamment au bicamérisme.
Cet esprit indépendant, qui conciliait volontiers tradition et modernité, ne
transigeait jamais sur l'essentiel. A de nombreuses reprises, il fut à
l'origine de saisines du Conseil constitutionnel, dont les décisions figurent
parmi les plus novatrices de notre jurisprudence.
Profondément républicain, Alain Poher eut à deux reprises, la charge difficile
d'assurer la continuité de l'Etat en exerçant les fonctions de Président de la
République par intérim lors du départ du général de Gaulle puis après le décès
du président Georges Pompidou.
Très attaché à la représentation des collectivités territoriales de la
République, dont le Sénat est la vivante incarnation, Alain Poher a exercé une
influence considérable dans le développement de notre démocratie locale. Il y a
mis toute son énergie et toute sa passion.
L'Association des maires de France, aux destinées de laquelle il présida
durant tant d'années, garde intact le souvenir d'un homme de caractère très
proche des réalités du terrain.
Toute sa vie, Alain Poher se consacra au service du bien public et de
l'intérêt général. Homme d'Etat sans nul doute, mais aussi humaniste ; un homme
de conviction qui n'hésita pas à s'engager dans la Résistance aux heures les
plus tragiques de notre histoire.
Après la victoire, sous l'impulsion de Robert Schuman, dont il fut le chef de
cabinet, il sut déployer brillamment son énergie, d'abord en faveur de la
réconciliation franco-allemande, puis du rassemblement des peuples autour de la
grande idée européenne, cet espoir immense qui se concrétise en ce moment sous
nos yeux.
Toute la vie d'Alain Poher constitue le témoignage d'un attachement constant,
profond et sincère à la construction de l'Europe, dont il fut un défenseur à la
fois ardent et talentueux.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la France vient de
perdre un parlementaire d'une exceptionnelle qualité, mais surtout un homme
d'Etat.
Son engagement politique est un modèle pour toutes les jeunes générations qui
souhaitent - et elles sont nombreuses - prendre la relève.
Au nom du Gouvernement, j'adresse au Sénat mes plus sincères condoléances pour
la disparition de son ancien président, à son épouse, à sa fille, à sa famille
ma sympathie très attristée. Homme de paix et de dialogue, Alain Poher restera
pour nous tous un exemple. La vie politique était sa vie ; il sut la mener
simplement, généreusement, noblement.
M. le président.
Mes chers collègues, durant quelques instants, nous allons interrompre nos
travaux en signe de deuil.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à quinze heures quinze, est reprise à quinze heures
vingt, sous la présidence de M. Yves Guéna.)
PRÉSIDENCE DE M. YVES GUÉNA
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
4
CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS
M. le président.
La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des
prochaines séances du Sénat :
A. -
Mercredi 11 décembre 1996 :
Ordre du jour prioritaire
A douze heures :
1° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à
l'emploi dans la fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire (n°
127, 1996-1997) ;
A seize heures trente et, éventuellement, le soir :
2° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif
aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la
professionnalisation des armées (n° 113, 1996-1997) ;
3° Nouvelle lecture du projet de loi, adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la détention provisoire
(n° 99, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé à deux heures la durée globale du
temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi 10
décembre 1996.
B. -
Jeudi 12 décembre 1996 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A neuf heures trente :
1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative au maintien
des liens entre frères et soeurs (n° 85, 1996-1997) ;
2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, renforçant la
protection des personnes surendettées en cas de saisie immobilière (n° 319,
1995-1996) ;
A quinze heures et le soir :
3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'épargne
retraite (n° 100, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé à trois heures la durée globale du
temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 11
décembre 1996.
C. -
Vendredi 13 décembre 1996 :
A neuf heures trente, à quinze heures et, éventuellement, le soir :
D. -
Lundi 16 décembre 1996 :
A seize heures et, éventuellement, le soir :
Ordre du jour prioritaire
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif à la collecte et à l'élimination des cadavres d'animaux et des déchets
d'abattoirs et modifiant le code rural (n° 109, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé :
_ au lundi 16 décembre 1996, à douze heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
_ à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant douze heures, le lundi 16 décembre
1996.
E. -
Mardi 17 décembre 1996 :
A neuf heures trente :
1° Vingt-trois questions orales sans débat (
l'ordre d'appel des questions
sera fixé ultérieurement)
:
_ N° 485 de M. Jean Clouet à M. le ministre de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche (mobilité des directeurs d'école)
;
_ N° 488 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de la défense
(renforcement des effectifs de gendarmerie en Essonne) ;
_ N° 489 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre des petites et moyennes
entreprises, du commerce et de l'artisanat (projet d'un centre commercial «
Carré de Sénart » [ex-Francilia]) ;
_ N° 490 de M. Marcel Bony à M. le garde des sceaux, ministre de la justice
(réglementation de la vente par correspondance) ;
_ N° 491 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'intérieur (situation
des sapeurs-pompiers auxiliaires) ;
le ministre du travail et des affaires sociales (financement des hôpitaux
d'Ile-de-France) ;
_ N° 493 de M. Jean-Claude Carle à Mme le ministre de l'environnement (dégâts
causés par la prolifération des cormorans) ;
_ N° 496 de M. Léon Fatous à M. le ministre délégué au logement (relance du
secteur du bâtiment) ;
_ N° 497 de M. Jacques Bimbenet à M. le ministre de l'intérieur (tranquillité
publique dans certains quartiers de Paris) ;
_ N° 498 de Mme Nicole Borvo à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (mise en place d'une quatorzième ligne de métro
sur le tracé de Météor) ;
_ N° 499 de Mme Janine Bardou à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (qualité sanitaire de l'eau) ;
_ N° 500 de M. René Rouquet à Mme le ministre de l'environnement (construction
d'une turbine à combustion par EDF à Vitry-sur-Seine) ;
_ N° 501 de M. Alain Joyandet à M. le ministre du travail et des affaires
sociales (remboursement des cotisations familiales payées par les entreprises
situées en zone de revitalisation rurale) ;
_ N° 502 de M. Edouard Le Jeune à M. le ministre de la fonction publique, de
la réforme de l'Etat et de la décentralisation (compensation des dépenses
supportées par les communes en matière d'environnement et de sécurité) ;
_ N° 503 de M. Alain Joyandet à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (conséquences pour le département de la
Haute-Saône du détournement du rapide suisse « l'Arbalète ») ;
_ N° 504 de Mme Annick Bocandé à M. le ministre de l'agriculture, de la pêche
et de l'alimentation (conditions d'octroi de la prime à l'herbe) ;
_ N° 505 de M. Gérard Roujas à Mme le secrétaire d'Etat aux transports (suite
donnée à la proposition de rachat du péage de Roques-sur-Garonne
[Haute-Garonne]) ;
_ N° 506 de M. Edouard Le Jeune à M. le ministre de la fonction publique, de
la réforme de l'Etat et de la décentralisation (avenir de la Caisse nationale
de retraite des agents des collectivités territoriales) ;
_ N° 508 de Mme Janine Bardou à Mme le ministre de l'environnement
(financement des travaux de prévention des risques naturels prévisibles) ;
_ N° 509 de M. Lucien Lanier à M. le ministre de la défense (suppression d'une
brigade de gendarmerie dans le département du Val-de-Marne) ;
_ N° 510 de M. Guy Cabanel à M. le ministre de la culture (propriété
intellectuelle et technologie informatique des réseaux) ;
_ N° 511 de M. Alain Gournac à M. le ministre de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche (prévention de l'échec scolaire
chez les enfants dits intellectuellement précoces) ;
_ N° 512 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'agriculture, de la
pêche et de l'alimentation (extension de la zone montagne dans le département
de la Nièvre).
A seize heures et le soir :
Ordre du jour prioritaire
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture de la
proposition de loi tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une
prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre
aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique
dépendance.
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la zone franche de Corse (n° 126, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé à deux heures la durée globale du
temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi 16
décembre 1996.
4° Projet de loi de finances rectificative pour 1996, adopté par l'Assemblée
nationale (n° 125, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé à trois heures la durée globale du temps
dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes
ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi 16
décembre 1996.
Mercredi 18 décembre 1996, à neuf heures trente, à quinze heures et,
éventuellement, le soir :
Ordre du jour prioritaire
1° Suite du projet de loi de finances rectificative pour 1996 ;
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances pour 1997.
Jeudi 19 décembre 1996 :
A neuf heures trente :
Ordre du jour prioritaire
1° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi sur l'air
et l'utilisation rationnelle de l'énergie (n° 116, 1996-1997) ;
2° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
portant transposition dans le code de la propriété intellectuelle des
directives du Conseil des Communautés européennes 93/83 du 27 septembre 1993 et
93/98 du 29 octobre 1993 (n° 28, 1996-1997) ;
3° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi relatif à l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la zone
dite des cinquante pas géométriques dans les départements d'outre-mer.
A
quinze heures :
4° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la
séance avant onze heures.
Ordre du jour prioritaire
5° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification
du traité entre la République française et le Royaume d'Espagne relatif à la
coopération transfrontalière entre collectivités territoriales, signé à Bayonne
le 10 mars 1995 (n° 106, 1996-1997) ;
6° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
portant ratification de l'ordonnance n° 96-782 du 5 septembre 1996 prise en
application de la loi n° 96-87 du 5 février 1996 d'habilitation relative au
statut général des fonctionnaires de la collectivité territoriale, des communes
et des établissements publics de Mayotte et relatif au statut administratif,
douanier et fiscal de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin (n° 122, 1996-1997)
;
7° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, de
ratification des ordonnances prises en matière pénale pour Mayotte et les
territoires d'outre-mer (n° 121, 1996-1997) ;
8° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi relatif à l'Union d'économie sociale du logement.
Vendredi 20 décembre 1996 :
A neuf heures trente et, éventuellement, à quinze heures :
Ordre du jour prioritaire
1° Conclusions de commission mixte paritaire ou nouvelle lecture :
_ du projet de loi de finances rectificative pour 1996 ;
_ du projet de loi relatif à la zone franche de Corse ;
_ du projet de loi relatif à la collecte et à l'élimination des cadavres
d'animaux et des déchets d'abattoirs et modifiant le code rural ;
2° Navettes diverses.
La conférence des présidents a fixé un délai limite général pour le dépôt des
amendements expirant, dans chaque cas, la veille du jour où commence la
discussion, à dix-sept heures, pour tous les projets de loi et propositions de
loi ou de résolution inscrits à l'ordre du jour, à l'exception des textes de
commissions mixtes paritaires et de ceux pour lesquels est déterminé un délai
limite spécifique.
Par ailleurs, la conférence des présidents a fixé les dates des séances de
questions d'actualité au Gouvernement, des séances de questions orales sans
débat et des séances mensuelles réservées par priorité à l'ordre du jour fixé
par le Sénat jusqu'à la fin de la session ordinaire 1996-1997 cf. annexe
jointe.
I. -
Mardi 14 janvier 1997 :
1° Huit questions orales sans débat (la liste des questions écrites sera
complétée et leur ordre d'appel sera fixé ultérieurement) :
_ N° 486 de M. Alain Dufaut à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (bilan de l'application de la loi relative à la lutte contre
le tabagisme et l'alcoolisme) ;
_ N° 487 de M. Alain Dufaut à M. le garde des sceaux, ministre de la justice
(calendrier de réalisation de la Cité judiciaire d'Avignon) ;
_ N° 494 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (problèmes posés par la commercialisation des boissons de type
« prémix ») ;
_ N° 495 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (lutte contre le tabagisme) ;
_ N° 513 de M. Michel Charzat à M. le ministre de l'intérieur (critères
d'affectation des policiers à Paris) ;
_ N° 514 de M. Alain Gérard à M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et
de l'alimentation (adaptation de la loi relative à l'aménagement et à la
réduction du temps de travail au secteur de la pêche) ;
_ N° 515 de M. René-Pierre Signé à Mme le ministre de l'environnement (parcs
naturels régionaux : bénéfice des aides financières et révision de la charte)
;
_ N° 517 de M. Gérard Larcher à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (financement du chantier de déviation de la RN 12
de Jouars-Ponchartrain [Yvelines]).
A
seize heures :
Ordre du jour prioritaire
La conférence des présidents a fixé :
_ au mardi 14 janvier 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt
des amendements à ce projet de loi ;
_ à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi 13 janvier
1997.
J. -
Mercredi 15 janvier 1997 :
Ordre du jour prioritaire
K. - Jeudi 16 janvier 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A quinze heures :
2° Cinq projets de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat
et de coopération entre, d'une part, les Communautés européennes et leurs Etats
membres et, d'autre part :
_ la République de Moldova (AN, n° 2837) ;
_ la République kirghize (AN, n° 2840) ;
_ la République du Kazakhstan (AN, n° 2841) ;
_ la République de Russie (AN, n° 2838) ;
_ l'Ukraine (AN, n° 2842).
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion
générale commune de ces cinq projets de loi.
3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'examen
des pourvois devant la Cour de cassation (n° 11, 1996-1997).
La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 janvier 1997, à dix-sept
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de
loi.
A N N E X E
Dates prévisionnelles des séances de questions
et des séances mensuelles réservées
de janvier à juin 1997
Janvier 1997 :
(Rappel : vacances parlementaires
jusqu'au 12 janvier inclus)
Mardi 14 janvier, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 23 janvier, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
Mardi 28 janvier : séance mensuelle réservée ;
Février 1997 :
Mardi 4 février, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 6 février, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
(Rappel : vacances parlementaires du 9 au 16 février)
Mardi 18 février : séance mensuelle réservée ;
Jeudi 20 février, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
Mardi 25 février, à neuf heures trente : questions orales sans débat.
Mars 1997 :
Jeudi 6 mars, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
Mardi 11 mars, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 13 mars : séance mensuelle réservée ;
Jeudi 20 mars, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Mardi 25 mars, à neuf heures trente : questions orales sans débat.
Avril 1997 :
(Rappel : vacances parlementaires
du 30 mars au 13 avril inclus)
Mardi 15 avril, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Mardi 22 avril : séance mensuelle réservée.
Jeudi 24 avril, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Mardi 29 avril, à neuf heures trente : questions orales sans débat.
Mai 1997 :
(Rappel : les jeudis 1er et 8 mai sont fériés)
Mardi 6 mai, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 15 mai, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
Mardi 20 mai, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 22 mai : séance mensuelle réservée ;
Jeudi 29 mai, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Juin 1997 :
Mardi 3 juin, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Mardi 10 juin : séance mensuelle réservée ;
Jeudi 12 juin, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement ;
Mardi 17 juin, à neuf heures trente : questions orales sans débat ;
Jeudi 26 juin, à quinze heures : questions d'actualité au Gouvernement.
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence
des présidents s'agissant de l'ordre du jour établi en application de l'article
48, alinéa 3, de la Constitution ?...
Les propositions de la conférence des présidents sont adoptées.
5
LOI DE FINANCES POUR 1997
Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi
M. le président.
Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 1997, adopté
par l'Assemblée nationale.
J'informe le Sénat que la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation m'a fait connaître qu'elle a d'ores et
déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le
Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de
proposer un texte sur le projet de loi actuellement en cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai
réglementaire.
Dans la discussion des articles de la deuxième partie du projet de loi de
finances, nous avions commencé l'examen des amendements tendant à insérer des
articles additionnels après l'article 81.
Article additionnels après l'article 81
(suite)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Tous deux sont présentés par MM. Girod, Delaneau, Hoeffel et Collard.
L'amendement n° II-94 rectifié tend à insérer, après l'article 81, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa du 2° du IV
bis
de l'article 1648 A du code
général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1997, le prélèvement au profit du groupement dont
les bases ont été écrêtées est fixé à 30 % au moins et 60 % au plus du montant
de l'écrêtement. »
L'amendement n° II-95 vise à insérer, après l'article 81, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du 2° du IV
bis
de l'article 1648 A du code
général des impôts est ainsi rédigé :
« A compter du 1er janvier 1997, le prélèvement au profit du groupement dont
les bases ont été écrêtées après le 31 décembre 1992 est fixé à 30 % au moins
et 60 % au plus du montant de l'écrêtement. »
La parole est à M. Girod, ... de l'Aisne.
(Sourires.)
M. Paul Girod.
Je vous remercie, monsieur le président, de cette précision, d'autant plus que
les arguments que je vais développer ne sont pas sans rapport avec ceux qu'a
développés M. Girault, du Calvados
(Sourires)
- je n'ai pas dit de Caen et je vous expliquerai pourquoi
dans un instant -, au sujet des fonds départementaux de péréquation de taxe
professionnelle.
Ce matin, notre collègue M. Girault, du Calvados, mais probablement un peu
influencé par les responsabilités d'une personnalité ayant une homonymie totale
avec lui et s'occupant de la ville de Caen et du district qui l'entoure, a
présenté une série d'amendements tendant à faire en sorte que la progression de
l'intercommunalité soit facilitée par la disparition de l'écrêtement, que
certains établissements inclus dans les périmètres intercommunaux et trop
importants par rapport à leur commune d'origine sont amenés à consentir au
bénéfice des fonds départementaux de péréquation de taxe professionnelle.
J'ai eu le sentiment que, en divers points de cette assemblée et pas seulement
sur les travées des parlementaires, l'argumentation portait par certains côtés
et que l'on considérait que la progression de l'intercommunalité serait
grandement facilitée si l'on faisait disparaître certains prélèvements au
profit des fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle.
Je comprends le raisonnement de ceux qui sont à la tête d'un district ou d'une
structure à fiscalité propre, ils se disent : Après tout, la mission dont nous
nous sentons investis et l'oeuvre à laquelle nous nous consacrons pour partie
seraient plus faciles à diffuser si ce genre d'obstacle n'existait pas. Mais
c'est peut-être faire fi d'une autre solidarité, celle que les départements ont
en charge, à savoir la solidarité entre milieux ruraux et milieux urbains,
entre milieux à activité industrielle importante et dense et milieux dans
lesquels cette activité ne peut pas s'implanter, entre milieux qui comptent
nombre d'établissements de la grande distribution et milieux ruraux au sein
desquels le petit commerce a disparu, tué par la grande distribution urbaine.
Il y a peut-être, là aussi, quelques questions à se poser.
La solution qui consiste purement et simplement à dire que, l'intercommunalité
étant la voie du futur, la solidarité à l'échelon départemental n'a pas à
exister est sans doute un peu courte.
C'est la raison pour laquelle, monsieur le président, me fondant sur une
logique exactement inverse à celle en faveur de laquelle certains ont plaidé ce
matin - ils prônaient l'appui à l'intercommunalité par cette voie un peu
sommaire, selon moi - j'ai déposé une série d'amendements qui tendent plutôt à
assurer la pérennité et le volume des recettes des fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle.
En effet, ils prévoient une révision des mécanismes d'écrêtement en vigueur
afin que les modifications juridiques de ces groupements n'aient pas pour
conséquence de supprimer la péréquation à l'échelon du département. Il s'agit
là d'un point auquel il faut être attentif.
M. René Régnault.
C'est exact !
M. Paul Girod.
Je pense, pour ma part, car je vois bien comment le débat va s'orienter dans
quelques instants, que si l'on réfléchit, dans le cadre de la discussion d'un
projet de loi à venir, sur les modalités d'appui à l'intercommunalité en
remettant en cause la structure actuelle des prélèvements au profit des fonds
départementaux de péréquation de la taxe professionnelle, il faut poser le
problème dans son ensemble, et ne pas prendre uniquement en compte le fait que
tel ou tel groupement essaie d'échapper à l'écrêtement qui a été créé au profit
d'un établissement exceptionnel.
C'est probablement sur ce point qu'il convient de réfléchir. Peut-être
serait-il préférable d'aboutir un jour à un écrêtement modéré des sur-richesses
fiscales, liées à la taxe professionnelle, de communes ou de groupements de
communes par rapport au reste de leur environnement, au lieu d'être « coincé »,
si je puis dire, par le caractère exceptionnel de l'établissement auquel
s'applique le prélèvement ? En effet, alors que, au départ, le dispositif avait
été prévu pour les grands barrages hydroélectriques et les centrales
nucléaires, il a été par la suite appliqué à d'autres situations.
Tel est l'objet de l'amendement n° II-94 rectifié. L'amendement n° II-95 est
un amendement de repli.
Dans le système actuel, le retour automatique se situe, pour certains
groupements, entre les deux tiers et les trois quarts de leur écrêtement et,
pour d'autres, entre 30 % à 60 %, en fonction de la nature juridique ou de la
date de leur création ou du changement de leur statut. Tout cela me semble
incohérent.
C'est pourquoi l'amendement n° II-94 rectifié tend à placer tous les
groupements dans la même situation, afin de ne pas « massacrer » ces fameuses
situations acquises qui, en permanence, pèsent tant sur nos débats.
J'ai déposé un amendement de repli, n° II-95, qui vise à respecter la date
fatidique du 31 décembre 1992 comme limite entre l'existence préalable et
l'existence ultérieure de certains groupements.
Mais très honnêtement, monsieur le président, je crois me faire l'écho d'un
problème de fond : y aura-t-il ou non, à l'échelon des départements, un minimum
de solidarité entre ceux qui perçoivent un montant important de taxe
professionnelle, eussent-ils créé des structures intercommunales, et ceux qui
n'en ont pas du tout ? Nous savons bien qu'une solidarité nationale existe ;
mais celle-ci est toujours compliquée du fait de l'introduction de pensées
politiques variées quand il s'agit de redistribuer les fonds nationaux sur les
collectivités territoriales : l'exemple de la DGF, qui sert maintenant à
couvrir toute une série de politiques très différentes de celle qui a présidé à
sa création, est là pour nous le rappeler. Je crois donc vraiment, monsieur le
président, qu'il y a un problème de fond qui doit être posé dans son ensemble
et non pas seulement au niveau du soutien à l'intercommunalité.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-94 rectifié et
II-95 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je tiens tout d'abord à saluer la présence parmi nous
de M. le ministre de l'économie et des finances.
Monsieur Paul Girod, dont nous connaissons et, surtout, dont nous envions la
compétence en matière d'intercommunalité, vous avez écouté le débat de ce
matin, et vous n'avez pas pu en conclure que la commission des finances aurait
opté pour un écrêtement ou pour la suppression des écrêtements en vue de vider
les fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle. Ce n'est en
effet pas ce qui a été dit. Rien ne serait pire que d'opposer les
agglomérations à l'espace rural, car ce serait une vision mortelle pour les
agglomérations comme pour l'espace rural. Il faut donc trouver des solutions
équilibrées.
Ce que la commission des finances m'avait mandaté de faire ce matin, c'était
d'expliquer les enjeux pour chaque amendement, d'indiquer s'il s'agissait d'un
écrêtement ayant pour effet d'alimenter le fonds départemental de péréquation
de la taxe professionnelle ou si le dispositif supprimait tout écrêtement et
avait pour effet de faire perdre au fonds départemental de péréquation de la
taxe professionnelle toute ressource qui lui était nécessaire pour soutenir les
collectivités territoriales de l'espace rural.
Il nous faut trouver une solution équilibrée, qui assure toute sécurité aux
communes et aux groupements de communes. En la matière, rien n'est pis que
l'aventure. Si les décisions prises par les élus territoriaux - nous le sommes
tous plus ou moins - le sont, certes, dans le cadre de budgets annuels, puisque
telle est en effet la loi, elles sont néanmoins aussi inscrites dans une
projection pluriannuelle ; dès lors qu'une ressource aussi importante que
celle-ci vient à connaître des flux aussi immaîtrisables, c'est toute l'action
de la commune ou du groupement de communes qui est en cause.
Il nous faut donc adopter une législation lisible, durable, qui ne donne pas
lieu à des aléas annuels selon les idées géniales ou les caprices du Parlement,
voire - mais je reconnais que cela lui arrive moins souvent - du
Gouvernement.
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Merci !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est la raison pour laquelle la commission des
finances a considéré que l'amendement n° II-94 rectifié appelait sa sympathie.
En effet, elle a eu l'impression qu'entre l'amendement qui avait été soumis à
son examen lors de la préparation de la discussion du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier et l'amendement adopté en
séance publique était intervenue une rectification dont l'impact n'avait pas
été totalement maîtrisé.
La commission des finances, ayant pleine conscience de ses responsabilités, a
estimé qu'il pouvait être opportun de recueillir l'avis du Gouvernement sur cet
amendement, puis de s'en remettre à la sagesse du Sénat. En effet, au fond,
cher Paul Girod, c'est la sagesse du Sénat, bonne ou mauvaise, qui a entraîné
l'adoption de votre amendement, lors de la discussion du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier.
S'agissant de l'amendement n° II-95, je le qualifierai d'« amendement de repli
». Pour être franc, l'amendement n° II-94 rectifié est vraiment moins « nocif »
que l'amendement n° II-95. Si le Sénat, dans sa grande sagesse, souhaitait en
adopter un, il ne faudrait pas qu'il ait la moindre hésitation ; mieux vaudrait
qu'il choisisse l'amendement n° II-94 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s II-94 rectifié et
II-95 ?
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Monsieur le président, mesdames,
messieurs les sénateurs, le Gouvernement partage la conviction qu'a exprimée M.
Paul Girod, à savoir que le département est une institution essentielle dans
notre démocratie et qu'il est un bon espace de solidarité.
Depuis l'adoption de l'amendement lors de la discussion du projet de loi
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, qui a donné
naissance à la loi du 12 avril 1996, le reversement du produit de l'écrêtement
au profit des groupements à fiscalité propre additionnelle est différent selon
leur date de création, à savoir avant ou après le 31 décembre 1992. En effet,
une présomption pesait sur les groupements constitués depuis lors : leur
constitution aurait pu être motivée plus par une opportunité financière que par
un attachement à une solidarité intercommunale authentique.
Voilà donc ce qui a été décidé, et il est naturellement tentant de faire
disparaître cette spécificité.
Cela dit, je voudrais vous rappeler que le Gouvernement prépare un projet de
loi sur l'intercommunalité, et que c'est
a priori
dans ce cadre global
qu'une telle disposition devrait être étudiée et arrêtée.
Sous le bénéfice de ces observations, et étant bien précisé que le
Gouvernement déposera un projet de loi sur l'intercommunalité au cours du
premier semestre de 1997, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-94 rectifié.
M. Jean-Marie Girault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault.
Hier soir, cette nuit et ce matin, le débat sur l'intercommnunalité s'est
développé à la faveur des différents amendements présentés.
J'en avais moi-même déposé un certain nombre, auxquels j'ai renoncé en
fonction de deux logiques : celle du prochain collectif budgétaire, s'agissant
de certains aspects de l'intercommunalité ; celle d'un projet de loi sur
l'intercommunalité, qui est en préparation et qu'évoquait à l'instant M. le
ministre de l'économie et des finances, s'agissant de problèmes très proches de
ceux que nous évoquons cet après-midi.
J'indique à mon collègue Girod de l'Aisne
(sourires)
que je me suis rangé volontiers à cette logique. Je pense que
notre vertueux rapporteur général a raison de convaincre nos collègues
d'attendre le projet de loi sur l'intercommunalité à l'occasion de la
discussion duquel nous pourrons débattre des ressources entre les départements
et les établissements qui prônent l'intercommunalité.
C'est un problème fondamental dans l'optique de l'aménagement du territoire,
et c'est pourquoi, sans exprimer une opinion définitive sur le fond à propos de
ces amendements, je voterai contre eux, non pas par principe, mais par souci
d'une organisation cohérente du débat sur l'intercommunalité dans ses rapports
avec l'institution départementale.
M. Paul Girod.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Si j'en avais douté un jour, j'aurais été convaincu aujourd'hui de la sagesse
du vieil adage selon lequel « qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son »
!
En effet, l'un de nos débats de ce matin portait sur le soutien à
l'intercommunalité, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on ne parlait
des fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle que de
manière allusive, et pas forcément pour les défendre.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais demandé la parole contre
l'amendement de M. Jean-Marie Girault, car je souhaitais expliquer quels effets
nocifs pourrait entraîner son adoption.
Cet après-midi, j'ai été amené à souligner l'intérêt des fonds départementaux,
et j'entends bien - je remercie M. le rapporteur général de nous l'avoir dit -
que la commission des finances n'a pas pour objectif - je n'en doutais
d'ailleurs pas une seconde - d'assassiner les fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle. Toutefois, il était utile, à mon avis,
que, au cours de ce débat et dans cette enceinte, soient posées dans des termes
complémentaires ces deux approches d'un même problème, celui de l'excessive
concentration des bases de taxe professionnelle à l'échelon municipal, sur
certaines zones de notre territoire, qu'on l'apprécie à l'échelon d'une
agglomération, d'un département ou de la nation tout entière.
J'ai bien entendu les appels de M. le rapporteur général et de M. le ministre
de l'économie et des finances. Je voudrais tout de même rappeler au passage que
les soupçons qui avaient poussé le Sénat à mettre en place, dans sa sagesse, un
régime à deux vitesses n'étaient pas dénués de fondement ; or, ces fondements
demeurent.
Je vous remercie d'avoir constaté que l'application de la règle de répartition
« 30-60 » n'était pas si invertueuse que cela et de proposer plutôt l'extension
de cette règle aux groupements constitués avant 1992 plutôt que le maintien de
la césure.
Cela étant dit, j'ai bien saisi qu'un texte était actuellement en préparation.
Pour l'instant, il s'agit d'un projet de loi sur l'intercommunalité. Je
voudrais donc poser une question simple à M. le ministre : peut-il prendre
l'engagement que ce texte aura pour objet l'intercommunalité, certes, mais
également des solidarités complémentaires allant au-delà de l'intercommunalité
? S'il peut me répondre par l'affirmative, je retirerai mes amendements.
M. René Régnault.
C'est une bonne question que j'ai moi-même déjà posée ce matin. C'est
intéressant !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Le Gouvernement considère que la
dimension financière et fiscale est indissociable de l'intercommunalité. Par
conséquent, un texte sur l'intercommunalité devra mettre à plat l'ensemble de
ces dispositions pour faire vivre un principe d'authentique solidarité à l'abri
de toute suspicion.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je ne souhaite pas que mes propos soient mal
interprétés. Tout à l'heure, je me suis mal exprimé, et je prie le Sénat de
bien vouloir m'en excuser.
J'en ai appelé à la sagesse du Sénat ; en effet, lorsque je souhaite que
l'auteur d'un amendement retire son texte, je le lui dis très simplement. Par
conséquent, mon cher collègue, je ne vous ai pas invité à retirer votre
amendement puisque je vous ai indiqué que l'amendement qui avait été adopté la
dernière fois avait été rectifié après l'avis de la commission des finances, ce
qui sous-entendait que la rectification m'était apparue comme audacieuse.
J'ai indiqué que votre proposition appelait la sympathie de la commission des
finances. C'était une forme délicate et distinguée de signifier qu'il pouvait
utilement prospérer. Je ne pourrai pas vous en dire davantage !
M. Paul Girod.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Je suis très ému de constater que, petit à petit, nous progressons dans le bon
sens. Je suis d'ailleurs plus ému que vous ne le pensez car, dans ces débats
difficiles, on a l'impression, chacun « avançant sur des oeufs », comme on le
dit familièrement, que le pire serait le malentendu !
Dans ces conditions, je maintiens l'amendement n° II-94 rectifié, mais je
retire l'amendement n° II-95.
M. le président.
L'amendement n° II-95 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-94 rectifié.
M. René Régnault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
« L'enfer est souvent pavé d'excellentes intentions », dirai-je.
Ici, nous ne sommes pas à mon avis, devant autre chose. En effet, à regarder
les choses ponctuellement, qui pourrait être hostile à ce que tout fonds de
péréquation soit le plus abondant possible afin que les collectivités les moins
bien traitées voient leur situation s'améliorer ?
Mais l'idée avancée par M. le rapporteur général et par M. le ministre de
relier tout cela au projet de loi sur l'intercommunalité et de déboucher ainsi,
dans les meilleures conditions, sur des mesures globales nous a paru tout à
fait séduisante. C'est la raison pour laquelle, depuis cette nuit, nous nous
rangeons à cet égard aux avis de la commission des finances et du
Gouvernement.
En effet, mes chers collègues, nous jouons aux apprentis sorciers, car il est
clair que, lorsque nous aurons voté cette mesure, nous nous apercevrons que de
nouvelles inégalités apparaissent.
Je considère qu'il nous faut enfin aborder ce problème dans sa globalité :
après avoir fixé les objectifs, il faudra ensuite gérer les dimensions fiscales
et financières en fonction de ces objectifs, avec le souci d'encourager
l'intercommunalité, de mieux traiter les collectivités qui sont moins bien
servies effectivement et de faire fonctionner la péréquation le mieux
possible.
Il ne serait pas de bonne méthode de faire « un petit coup par-ci et un petit
coup par-là », une approche globale me paraît beaucoup plus séduisante.
C'est parce que nous sommes très favorables à cette approche globale et à une
rédéfinition des objectifs de l'intercommunalité à travers la loi, voire à
travers le prochain collectif, comme on nous l'a promis ce matin, que nous
sommes défavorables à l'amendement qui nous est soumis.
M. Jean-Marie Girault.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault.
Notre collègue Paul Girod, après les explications de M. le ministre et de M.
le rapporteur général, a retiré son amendement n° II-95, et c'est heureux, car
son adoption aurait déstabilisé la réflexion sur le thème de l'intercommunalité
vis-à-vis de la collectivité territoriale qu'est le département.
Mais il a maintenu l'amendement n° II-94 rectifié, qui ne me paraît pas
conforme à l'état d'esprit que nous devons développer aujourd'hui.
Je voudrais dire à mon collègue Paul Girod, qui est un éminent président de
conseil général, que l'intercommunalité fait aujourd'hui partie de la vie des
départements : les collectivités ont des intérêts communs, elles ne sont pas
concurrentes.
Comme M. Arthuis, je considère que nous ne pourrons pas faire l'économie, dans
le prochain projet de loi sur l'intercommunalité, d'un débat approfondi sur les
rapports entre les différentes collectivités territoriales. Tenons-nous en là
aujourd'hui et n'engageons pas, en votant cet amendement, des dispositions qui
pourraient être contredites lors du débat sur l'intercommunalité.
C'est pourquoi je vous demande instamment, mes chers collègues, de ne pas
voter cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-94 rectifié, pour lequel la commission et
le Gouvernement s'en remettent à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 81.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Tous deux sont présentés par MM. Paul Girod, Collard, Delaneau et Hoeffel.
L'amendement n° II-96 vise à insérer, après l'article 81, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Après le I
quinquies
de l'article 1648 A du code général des impôts,
il est inséré un paragraphe I
sexies
ainsi rédigé :
« I
sexies.
Pour les districts créés avant la date de promulgation de
la loi n° 92-125 du 6 février 1992, lorsque les bases d'imposition d'un
établissement, rapportées au nombre d'habitants de la commune sur le territoire
de laquelle est situé l'établissement, excèdent deux fois la moyenne nationale
des bases de taxe professionnelle par habitant, il est perçu directement un
prélèvement au profit du fonds départemental de péréquation de la taxe
professionnelle égal au produit du montant des bases excédentaires par le taux
de taxe professionnelle du district. »
L'amendement n° II-97 rectifié
bis
a pour objet d'insérer, après
l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le I
quater
de l'article 1648 A du code général des impôts, il
est inséré un I
quater
A ainsi rédigé :
« I
quater
A. Pour les districts existant à la date de promulgation de
la loi n° 92-125 du 6 février 1992, lorsque les bases d'imposition d'un
établissement, rapportées au nombre d'habitants de la commune sur le territoire
de laquelle est situé l'établissement, excèdent deux fois la moyenne nationale
des bases de taxe professionnelle par habitant, il est perçu directement un
prélèvement au profit du fonds départemental de péréquation de la taxe
professionnelle égal au produit du montant des bases excédentaires multiplié
par la différence positive entre le taux de taxe professionnelle du district
l'année au titre de laquelle est opéré l'écrêtement et ce même taux pour
1996.
« Pour les groupements mentionnés au premier alinéa du I
ter,
les
dispositions du précédent alinéa s'appliquent aux bases excédentaires des
établissements situés hors de la zone d'activité économique. Les dispositions
du précédent alinéa ne s'appliquent pas aux groupements mentionnés au troisième
alinéa du I
ter.
»
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
J'ai déjà retiré avant la séance l'amendement n° II-98 et je vous indique dès
à présent que je vais également retirer ces deux amendements n° II-96 et II-97
rectifié
bis,
monsieur le président, parce qu'ils auront effectivement
leur place - plus encore que l'amendement n° II-94 rectifié, que j'ai maintenu
tout à l'heure - au sein du texte sur l'intercommunalité. M. le ministre ne
nous a-t-il pas bien précisé que la dimension de la solidarité dépasserait
celle de l'intercommunalité dans la loi qui est en préparation ? Ce sera en
tout cas à ce niveau-là qu'il faudra régler le problème des districts.
En fait, il s'agit non pas de défaire - je réponds là à M. Jean-Marie Girault
- mais de faire en sorte que nous réfléchissions vraiment aux motifs de
l'écrêtement. Or, pour l'instant, toute la discussion tourne autour de
l'établissement, alors que, dans des zones entières, des masses énormes de taxe
professionnelle se sont concentrées sans qu'aucun des établissements situés
dans la zone ne soit touché par le mécanisme de l'écrêtement. Plus
l'intercommunalité se développera - et nous le souhaitons - plus ce phénomène
risque de s'amplifier. La solidarité départementale sera donc, à terme, de plus
en plus nécessaire.
Je suis heureux de savoir que le futur texte relatif à l'intercommunalité
prendra en compte cette réflexion et, dans cette perspective, je vous confirme,
monsieur le président - à moins que M. le rapporteur général veuille s'exprimer
sur ce sujet - que je retire les amendements n° II-96 et II-97 rectifié
bis.
M. le président.
Les amendements n°s II-96 et II-97 rectifié
bis
sont retirés.
Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une
discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n°s II-93 est présenté par MM. Jean-Marie Girault, Souvet,
Rausch, Lombard et Quilliot.
L'amendement n° II-183 est déposé par MM. Bialski, Régnault et les membres du
groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi
rédigé :
« Après l'article L. 5211-39 du code général des collectivités territoriales,
il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Lorsqu'un groupement de communes, district ou communauté
urbaine, opte pour les dispositions de l'article 1609
nonies
C du code
général des impôts, il est assuré de percevoir, l'année où il lève pour la
première fois la taxe professionnelle à taux unique, une attribution au titre
de dotation globale de fonctionnement au moins égale à celle qu'il a perçue
l'année précédente, augmentée comme la dotation forfaitaire prévue à l'article
L. 2334-7. »
Les deux derniers sont également identiques.
L'amendement n° II-92 est présenté par MM. Jean-Marie Girault, Lombard,
Souvet, Rausch et Quilliot.
L'amendement n° II-184 est déposé par MM. Bialski, Régnault et les membres du
groupe socialiste et apparentés.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi
rédigé :
« Après l'article L. 5211-39 du code général des collectivités territoriales,
il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
«
Art...
- Lorsqu'une communauté urbaine opte pour les dispositions de
l'article 1609
nonies
C du code général des impôts, elle est assurée de
percevoir, l'année où elle lève pour la première fois la taxe professionnelle à
taux unique, une attribution au titre de dotation globale de fonctionnement au
moins égale à celle qu'elle a perçue l'année précédente, augmentée comme la
dotation forfaitaire prévue à l'article L. 2334-7. »
La parole est à M. Jean-Marie Girault, pour défendre l'amendement n° II-93.
M. Jean-Marie Girault.
L'un des principaux obstacles à l'adoption par les districts et les
communautés urbaines du régime de la taxe professionnelle à taux unique réside
dans la perte relative de dotation globale de fonctionnement que celle-ci
entraîne.
Il est donc proposé de garantir aux districts et aux communautés urbaines qui
opteraient pour les dispositions de l'article 1609
nonies
C du code
général des collectivités territoriales, la première année du changement de
régime fiscal, une attribution de dotation globale de fonctionnement au moins
égale à celle qui a été perçue l'année précédente.
Lors de la discussion au Sénat du projet de loi d'orientation sur
l'aménagement et le développement du territoire, une disposition similaire
avait été introduite en faveur des fusions de communes, afin que celles-ci
n'aboutissent pas à une diminution de la dotation globale de fonctionnement.
Je demande donc au Sénat d'adopter, ne serait-ce que par parallélisme, cet
amendement n° II-93.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre l'amendement n° II-183.
M. René Régnault.
Cet amendement, identique à l'amendement n° II-93, vient d'être excellemment
présenté par M. Jean-Marie Girault.
M. le président.
La parole est à M. Jean-Marie Girault, pour défendre l'amendement n° II-92.
M. Jean-Marie Girault.
Il s'agit d'un amendement de repli, monsieur le président.
M. le président.
La parole est à M. Régnault, pour défendre l'amendement n° II-184.
M. René Régnault.
Je partage tout à fait ce que vient de dire M. Jean-Marie Girault.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s II-93, II-183, II-92
et II-184 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je dois tout d'abord un mot à la Haute Assemblée pour
que la commission des finances mérite toujours sa confiance. Si, il y a un
instant, je n'ai pas découragé M. Paul Girod de persévérer avec l'amendement n°
II-94 rectifié, c'est parce que la commission des finances entend rester fidèle
à la position qu'elle a défendue lors de la discussion du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier : elle avait alors émis
un avis favorable sur une rédaction que M. Paul Girod proposait déjà au Sénat
d'adopter. L'amendement n° II-94 rectifié n'a donc pas apporté d'élément
nouveau, car tout élément nouveau aurait en effet mérité d'être reporté à la
discussion du projet de loi portant réforme de l'intercommunalité.
J'en viens aux quatre amendements sur lesquels vous m'interrogez, monsieur le
président.
Les deux premiers posent une règle, les deux suivants sont des amendements de
repli. Mais tous quatre sont déjà satisfaits ! Je pense donc que l'éclairage
que le Gouvernement nous donnera dans un instant sera naturellement à même de
lever les dernières réticences de leurs auteurs, à qui je propose dès
maintenant de retirer leurs amendements.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Je voudrais d'abord remercier M.
Paul Girod d'avoir retiré ses amendements n°s II-96 et II-97 rectifié
bis
et lui dire que tous les districts et communautés n'ont pas été constitués
à des fins d'opportunité financière ! Un certain nombre d'institutions
intercommunales l'ont été pour des motivations très louables et les transferts
de compétence ont été très clairs pour les communes de base et les groupements
de communes.
Cela étant dit, s'agissant des amendements n°s II-93, II-183, II-92 et II-184,
la commission des finances n'a pas besoin de l'appui du Gouvernement ! Quoi
qu'il en soit, la préoccupation des auteurs de ces amendements est bien
satisfaite par l'article L. 5211-36 du code général des collectivités
territoriales.
Au demeurant, il peut y avoir difficulté non pas la première année de la
constitution de la structure intercommunale, mais les années suivantes. Ce
problème trouvera toutefois sa solution dans le cadre du projet de loi en cours
de préparation sur l'intercommunalité.
M. le président.
Dans ces conditions, monsieur Jean-Marie Girault, maintenez-vous les
amendements n°s II-93 et II-92 ?
M. Jean-Marie Girault.
Non, monsieur le président, je les retire.
M. le président.
Et qu'en est-il des amendements n° II-183 et II-184, monsieur Régnault ?
M. René Régnault.
Je les retire également, monsieur le président.
M. le président.
Les amendements n°s II-93, II-183, II-92 et II-184 sont retirés.
Par amendement n° II-99, MM. Revet, Delaneau et Paul Girod proposent
d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le I de l'article 1648 A du code général des impôts est complété par un
alinéa ainsi rédigé :
« Pour l'application du présent paragraphe, les bases d'imposition de
l'établissement sont complétées des bases d'imposition correspondant aux biens
et services mis à sa disposition par les entreprises qui les contrôlent
directement ou indirectement ou de personnes que ces entreprises contrôlent
directement ou indirectement ou d'entreprises qu'il contrôle directement ou
indirectement. »
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
J'ai déjà présenté cet amendement à l'occasion de l'examen de la première
partie du projet de loi de finances. Autant qu'il m'en souvienne, M. le
ministre et M. le rapporteur général avaient alors considéré que la proposition
que je leur soumettais avec mes collègues MM. Delaneau et Paul Girod permettait
de résoudre un réel problème.
Quelle est la philosophie de cet amendement ?
Je partirai d'un cas concret, que je vis dans mon département. Une entreprise
nationale importante y était écrêtée - le montant de son écrêtement était élevé
et permettait d'alimenter le fonds départemental de péréquation - et elle a
décidé, comme la loi l'y autorise, de se scinder en deux, une première partie
étant constituée par une société au sein de laquelle ont été rattachés les
biens et matériels, une seconde partie par une société regroupant les
personnels. Mais le site est demeuré le même, les personnels de la seconde
société travaillant dans les biens et avec les matériels de la première. De la
sorte, cette entreprise a évité l'écrêtement, et a donc privé de taxe
professionnelle le fonds départemental de péréquation.
Lorsque j'avais posé, ici même, une question orale sur ce sujet à M. Arthuis,
celui-ci m'avait répondu qu'il faudrait revoir la situation, mais les
responsables de Bercy se sont empressés de prendre les dispositions nécessaires
pour que l'Etat, qui aurait dû verser une compensation, n'ait pas à
intervenir.
Dans cette affaire, les conseils généraux ont été oubliés ! Si l'on maintient
la situation en l'état, monsieur le ministre, mon conseil général subira, à
travers le cas de cette entreprise, une perte importante. Et, fatalement,
toutes les entreprises feront de même !
Au contraire, en adoptant l'amendement que je vous propose, vous ne
pénaliserez ni l'entreprise, qui ne paiera ni plus ni moins d'impôts, ni
l'Etat, qui n'aura de toute façon pas à assurer de compensation.
En fait, cet amendement vise à rétablir un système qui existait
antérieurement, tout en répondant à la volonté exprimée par le Parlement
d'assurer une certaine solidarité à travers le fonds de péréquation. Nous ne
remettons pas en cause cette solidarité et nous permettons d'alimenter le fonds
départemental de péréquation, qui pourra ainsi apporter aux communes ou aux
villes défavorisées les ressources qui doivent leur revenir.
Cet amendement n'avait pas fait l'objet d'un avis défavorable lorsque je
l'avais présenté en première partie et je ne pense pas que les choses aient
changé aujourd'hui. Voila pourquoi, monsieur le ministre, monsieur le
rapporteur général, je souhaite que la Haute Assemblée puisse l'adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes
chers collègues, M. Revet nous dit quelque chose qu'il faut retenir : pour les
entreprises, aujourd'hui, l'enjeu de la taxe professionnelle est devenu plus
important que l'enjeu de l'impôt sur les sociétés,...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Eh oui !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... ce qui les amène, effectivement, à se laisser
tenter par des montages visant à des scissions ou autres, qui tronçonnent en
quelque sorte les éléments de la base de la taxe professionnelle.
Cela étant, monsieur Revet, vous qui êtes, si j'ose dire, le père de l'article
12 de la présente loi, savez que la commission des finances ne se refuse jamais
à approfondir un problème réel posé par un collègue.
Mais, dans l'état actuel des choses, nous ne savons pas faire ce que vous
souhaitez, nous ne savons pas rédiger un texte qui n'ait pas un impact
imprévisible que d'autres communes ou d'autres groupements pourraient nous
reprocher ou un effet secondaire qui serait pire encore que ce qui existe.
Voilà pourquoi je vous demande - vous savez comment nous travaillons - de
patienter quelques semaines de façon que le problème qui vous préoccupe à juste
titre puisse faire l'objet d'un examen approfondi et que nous puissions
éventuellement, lui apporter une solution.
Si l'avis du Gouvernement, que je sollicite, n'est pas plus optimiste que le
mien, je vous demanderai, monsieur Revet, de bien vouloir retirer votre
amendement, promesse étant faite que nous l'examinerons et que, le cas échéant,
nous le ferons adopter par le Sénat dans une forme améliorée.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je suis dans le même état d'esprit que M. le rapporteur
général.
Monsieur Revet, vous mettez l'accent, avec raison, sur un vrai problème. Vous
subissez d'ailleurs les inconvénients de la situation que vous dénoncez dans
votre propre département.
Nous avons la volonté d'avancer, je vous le confirme, mais je suis obligé
aussi, par honnêteté, de dire qu'à l'heure actuelle nous ne voyons pas quelle
rédaction pourrait régler ce problème sans avoir des effets
contre-productifs.
Je me contenterai de citer deux catégories de problèmes que nous ne parvenons
pas à surmonter aujourd'hui.
En premier lieu, les services des impôts qui déterminent les établissements
exceptionnels et les montants de base écrêtés au moment de la notification des
bases d'imposition aux collectivités locales n'ont pas connaissance des liens
qui peuvent exister entre les entreprises dont dépendent les établissements de
la commune. Seuls les services fiscaux dont dépendent les sièges sociaux
pourraient éventuellement détenir les informations qui, en tout état de cause,
ne permettraient pas d'établir l'existence de liens indirects ou d'un contrôle
de fait.
Cela signifie que, pour rendre opérant le dispositif que vous envisagez, et
que nous ne nous refusons pas à envisager, il serait nécessaire d'imposer à
l'ensemble des entreprises et pour chacun de leurs établissements des
obligations déclaratives complexes décrivant les liens de droit ou de fait les
unissant entre elles.
Cet alourdissement des obligations déclaratives serait d'autant moins justifié
qu'elles n'auraient aucun rapport avec la charge fiscale finalement supportée
par l'entreprise, puisque le dispositif d'écrêtement lui est totalement
étranger. Telle est la première catégorie de problèmes que nous rencontrons.
En second lieu, il serait nécessaire de limiter l'application du dispositif
aux opérations intervenues à compter du 1er janvier 1996, afin de ne pas mettre
en difficulté les communes susceptibles de se trouver confrontées à ce type de
situation pour des opérations déjà intervenues et qui ont pris des engagements
financiers.
En effet, une telle mesure, si elle devait être appliquée, serait susceptible
d'avoir des effets redoutables pour les collectivités concernées puisqu'un
établissement dont l'intégralité de la cotisation de taxe professionnelle
allait auparavant à la commune pourrait devenir, du jour au lendemain, un
établissement qualifié d'« exceptionnel » et voir ses bases écrêtées au profit
du fonds départemental.
Vous le voyez, monsieur Revet, il est encore un certain nombre de difficultés
que nous n'arrivons pas à surmonter. Je vous confirme toutefois, comme M. le
rapporteur général, que nous sommes conscients du problème et que nous
souhaitons lui trouver une solution. Malheureusement, cette solution, nous ne
pouvons pas vous la proposer aujourd'hui.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Revet ?
M. Charles Revet.
Tout d'abord, veuillez me pardonner, monsieur le ministre, mais l'Etat ne
s'est pas posé autant de questions lorsqu'il s'est agi de prendre des
dispositions pour ne pas avoir à payer la compensation ! Cela a été fait
sur-le-champ, dès que j'ai posé le problème, ici même, à M. Arthuis.
M. Paul Girod.
Très bien !
M. Charles Revet.
Par ailleurs, j'avoue ne pas comprendre l'analyse que vous faites. Il s'agit
non pas de soumettre à écrêtement des sociétés qui ne sont pas écrêtées
aujourd'hui, mais de rétablir, en fait, la situation qui existait.
L'écrêtement, il se faisait !
Que se passe-t-il, aujourd'hui ? La société - celle que je vise, mais aussi
toutes les autres qui vont s'engouffrer dans la brèche si l'on ne prend pas de
dispositions - ne paie pas un centime de plus ou de moins.
De même, l'Etat ne perd ni ne gagne rien puisqu'il a su, je l'ai dit, prendre
les dispositions adéquates.
La seule différence, c'est que le dispositif permet à la commune
d'implantation de toucher encore un peu plus, alors qu'elle touche déjà
énormément en raison de l'écrêtement ; en revanche, il prive le fonds
départemental de ressources et ne permet pas à la solidarité qu'a voulue le
législateur de s'exercer.
Je suis navré, monsieur le ministre, mais j'ai le sentiment, à les observer,
que les co-auteurs de l'amendement souhaitent, comme moi, son maintien.
Monsieur le ministre, je fais confiance à vos services pour trouver, dans les
semaines qui viennent, les aménagements qui se révéleraient nécessaires.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je ne voudrais pas allonger les débats, mais parce que
le sujet est important et parce qu'il nous tient à coeur, tout comme à vous,
monsieur Revet, je me permets de relire l'amendement : « Pour l'application du
présent paragraphe, les bases d'imposition de l'établissement sont complétées
des bases d'imposition correspondantes aux biens et services mis à disposition
par les entreprises qui le contrôlent directement ou indirectement ou de
personnes que ces entreprises contrôlent directement ou indirectement ou
d'entreprises qu'il contrôle directement ou indirectement. »
Monsieur Revet, pour appliquer ce genre de disposition, avec tous les
contrôles nécessaires, il faut monter des mécanismes formidablement complexes.
Aujourd'hui, j'en suis désolé, je ne sais pas faire !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-99.
M. Paul Girod.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
Je suis tout de même un peu étonné ! Je croyais que l'administration centrale
avait de grandes capacités d'analyse et d'investigation. Or, nous nous
trouvons, apparemment, devant des services croupions, aveugles ou à peu près,
pas toujours muets, mais, en tout cas, incapables d'effectuer un contrôle.
Monsieur le ministre, puis-je me permettre de vous rappeler que la télévision
nous vante au moins huit fois par jour, en ce moment, les mérites de « 3615
VERIF » ?
Par l'intermédiaire de ce serveur, on peut, paraît-il, tout savoir sur les
sociétés. Vos services sont tout de même capables de pianoter sur un Minitel
pour savoir qui contrôle qui puisque, pratiquement, cela relève du domaine
public !
M. Alain Richard.
C'est plus ou moins exact !
M. Paul Girod.
Peut-être, mais cela permet au moins de dégrossir !
Il faut que cela soit juste et, par conséquent, qu'il y ait des spécialistes
effectuant un travail pointu. On ne me fera jamais croire qu'il n'en existe
pas.
Deuxième aspect des choses : le caractère équivoque de la richesse fiscale
excessive liée à un seul établissement. Il suffit en effet de couper un
établissement en deux pour se « désécrêter » et, ainsi, alimenter allègrement
la collectivité territoriale sur laquelle on se trouve au détriment de la
solidarité à l'échelon départemental, l'équivoque venant du fait que
l'écrêtement ne joue que sur les établissements exceptionnels.
Monsieur le ministre, je veux attirer votre attention sur le fait que cette
notion d'écrêtement par rapport à la valeur ajoutée aboutit à des horreurs, et
je puis, à cet égard, vous citer d'autres pratiques extraordinairement
astucieuses.
J'en donne un exemple. Une usine est contrôlée à 100 % par un
holding
qui s'est réservé la commercialisation grand public des produits qu'elle
fabrique. Autrement dit, cette usine, juridiquement indépendante, a un seul
client qui fixe seul les prix de vente de sa filiale, par conséquent le prix
auquel il rachète.
Rien n'est plus simple que d'aboutir à ce que l'usine, entreprise
indépendante, ait une valeur ajoutée faible dans une commune où les taux de
taxe professionnelle sont forts. Le résultat, c'est que sa contribution est
plafonnée et que l'Etat paie à sa place.
Puis, là où les taux de taxe professionnelle sont faibles et où l'on a
implanté sans base de taxe professionnelle ou presque puisqu'il n'y a que trois
bureaux, trois téléphones, cinq secrétaires rattachées et des commerciaux
partis on ne sait où, là où se crée la réalité de la valeur ajoutée,
c'est-à-dire là où se fait la différence entre le prix de vente de l'usine de
production et le prix d'entrée sur le marché, là, bien entendu, il n'y a plus
d'écrêtement sur la valeur ajoutée, et il n'y a pas de base de taxe
professionnelle, car le taux est bas.
Résultat, on ne paie ni à un bout ni à l'autre, et c'est l'Etat qui paie pour
l'usine.
Monsieur le ministre, vos services auraient intérêt à analyser à fond tous les
mécanismes qui permettent aux groupes d'échapper à la taxe professionnelle,
d'échapper aux écrêtements et d'échapper à la solidarité.
L'amendement de M. Revet me paraît donc parfaitement fondé. Je souhaite qu'il
soit intégré dans le texte, au moins jusqu'à la commission mixte paritaire, ne
serait-ce, monsieur le ministre, que pour que vous souscriviez au bénéfice de
vos agents un abonnement à « 3615 VERIF ».
(Sourires.)
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Mon cher collègue, je vais voter contre votre amendement et je veux vous en
donner les raisons.
Cela tient, d'abord, à mon expérience personnelle, liée à la localisation
d'établissements exceptionnels sur la plate-forme de Roissy.
Quand je vois l'évolution économique des entreprises, quand je vois les
regroupements, les restructurations qui s'opèrent, je me dis que l'on ne peut
pas statuer aujourd'hui pour l'avenir, c'est-à-dire, je l'espère, pour la
décennie à venir, car il faut aussi tendre à une certaine stabilité des
dispositifs fiscaux, au travers d'un texte aussi vague, aussi flou, aussi
difficile à appliquer que le vôtre.
Si donc je peux comprendre votre objectif, qui est de faire échec à des
montages tendant à la fraude ou à la réduction d'impôt, je crois préférable de
laisser le soin au Gouvernement de trouver le moyen de faire obstacle à des
mécanismes empreints de mauvaise foi, et surtout de ne pas bloquer des
évolutions structurelles d'entreprises qui peuvent se révéler tout à fait
nécessaires.
J'en viens à mon deuxième argument. On a évoqué l'hypothèse d'établissements
exceptionnels retombant dans la catégorie des établissements classiques. Mais
il peut y avoir des allers et retours et donc, au cours des années qui
viennent, différentes situations, avec leurs incidences sur les ressources
communales et sur les ressources des fonds départementaux. Là encore, tel qu'il
est rédigé, l'amendement ne permet pas, me semble-t-il, de faire face à ce
difficile problème.
J'ajoute - ce sera mon dernier argument - que le Sénat et l'Assemblée
nationale, l'an dernier, à l'occasion du DDOEF, ont « bricolé » les mécanismes
du fonds départemental.
L'expérience montre que, en l'absence de dispositif administratif précis
susceptible d'être mis en oeuvre, en l'absence de simulations, quand on
légifère pour un cas particulier sans regarder ce qui peut se passer dans
d'autres secteurs géographiques, il est bien rare qu'on ne commette pas une
erreur et qu'on ne soit amené, ensuite, à essayer de la corriger.
Pour toutes ces raisons, je me rallie à la position du Gouvernement et à celle
du rapporteur général.
Je ne voudrais cependant pas que la moindre ambiguïté subsiste. Il n'y a pas
de « lobby » des présidents de conseils généraux qui décideraient d'utiliser
les fonds pour alimenter leur budget ou qui les utiliseraient comme un
instrument de pouvoir. Il ne s'agit ni d'une ressource supplémentaire pour les
conseils généraux ni d'un instrument de pouvoir. Il s'agit d'un mécanisme de
répartition et de péréquation. Nous essayons de l'utiliser dans les meilleures
conditions possibles. Ne le modifions donc qu'avec prudence, sagesse et
sérénité, comme à l'habitude dans notre assemblée.
M. Jean Delaneau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau.
Cosignataire de cet amendement, je le voterai. Cela étant, je ne comprends pas
très bien certains arguments qui lui sont opposés. On ne verrait pas très
clair, paraît-il dans les montages inter-entreprises. Je rappelle tout de même
qu'aujourd'hui les comptes des entreprises sont déposés au greffe du tribunal
et que l'on peut les consulter par télématique. De surcroît, il suffit de se
reporter au rapport annuel d'un certain nombre d'entreprises pour savoir
exactement comment sont combinés les montages entres les différentes filiales
ou entreprises « cousines ».
Que l'amendement soit imparfait, c'est probable ; que la bonne volonté du
Gouvernement et de la commission des finances pour trouver une solution aux
problèmes soit totale, c'est évident. Je pense cependant que cette volonté
serait d'autant plus vite concrétisée que le Sénat émettrait maintenant un vote
positif. Même si cet amendement doit disparaître par la suite, au moins, nous
aurons marqué l'importance que représente une telle situation pour ce qui est
de la constitution du fonds départemental d'écrêtement de la taxe
professionnelle. J'invite donc mes collègues à le voter.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-99, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° II-177, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Dans le délai d'un an à compter de la publication de la présente loi, le
Gouvernement déposera devant le Parlement un rapport présentant des
propositions de réforme de la taxe professionnelle.
« Ces propositions étudieront les conditions nécessaires à l'extension des
régimes prévus aux articles 1609
quinquies
C et 1609
nonies
C du
code général des impôts en matière de taxe professsionnelle de zone et
d'agglomération.
« Ces propositions étudieront également les conditions nécessaires à un
renforcement des mécanismes de péréquation de la taxe professionnelle.
« Ce rapport présentera enfin des propositions de modification de l'assiette
de la taxe professionnelle par la prise en compte de la valeur ajoutée des
entreprises, avec un abattement proportionnel à la masse salariale, et les
simulations de ses conséquences. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Compte tenu de l'adhésion du Sénat à certains de nos amendements, je retire
cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-177 est retiré.
Par amendement n° II-176, M. Régnault et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel
ainsi rédigé :
« La dernière phrase du II de l'article 1609
nonies
D est complétée par
les mots :
« Lorsqu'est assuré au bénéfice des communes membres, directement ou par
délégation, un service de collecte et de traitement des ordures. Dans ce cas,
les communes ne peuvent instituer ces taxes. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Nous avions pris rendez-vous pour cette deuxième partie afin d'évoquer de
nouveau le problème de la DGF des groupements attribuée en fonction du
coefficient d'intégration fiscale, le CIF.
Plus particulièrement, il s'agit ici de savoir si l'on intègre ou non dans le
coefficient d'intégration fiscale la part de fiscalité levée pour assurer le
service de la collecte et de l'élimination des déchets ménagers.
Sur le terrain, trois possibilités de financement au moins se présentent. Tout
d'abord, le groupement peut avoir décidé de fiscaliser, auquel cas les crédits
utilisés au service de la collecte et du traitement, ou de l'un des deux
seulement, ne peuvent être isolés et repérés au sein du budget.
Ensuite, l'établissement public peut avoir créé soit une taxe d'enlèvement des
ordures ménagères, soit une redevance. Les services qui instruisent les
dossiers en sont aujourd'hui à considérer que le CIF ne doit pas prendre en
compte les dépenses liées aux ordures ménagères si l'établissement public
n'assure pas à la fois la collecte et l'élimination.
J'attire votre attention sur le fait que, dans le cadre, notamment, des
directives européennes et des plans départementaux d'élimination des déchets,
certaines structures d'élimination qui se mettent en place ne correspondent pas
toujours aux structures intercommunales de collecte. Or, si on lit le texte
comme autorisant la prise en compte de la dépense uniquement si les deux
compétences - la collecte et l'élimination - sont exercées, on écarte, du même
coup, beaucoup de structures intercommunales de la DGF au titre de la collecte
et de l'enlèvement des ordures ménagères.
Nous avons donc déposé cet amendement auquel, monsieur le ministre, vous avez
réservé, dès l'examen des articles de la première partie de ce projet de
budget, un intérêt particulier. Nous y revenons en disant clairement qu'il faut
tout faire pour que la DGF, au titre du service « collecte » ou du service «
traitement », ou des deux, ne puisse aller en même temps à un établissement
public et aux collectivités qui le composent. Le cas ne doit pas se présenter,
mais cela pourrait peut-être se produire. Il n'est donc pas question pour moi
de défendre l'idée selon laquelle on peut recevoir aux deux titres.
En revanche, il conviendrait, si l'on ne veut pas créer d'inégalités entre les
établissements publics, monsieur le ministre, que cette DGF soit ou refusée à
tout le monde - mais restera alors le cas de ceux qui auront fiscalisé - ou
accordée aux établissements publics, sans se soucier s'ils assurent collecte et
élimination, mais en tenant compte du fait qu'ils porteront la charge
financière de la collecte et de l'élimination des déchets ménagers, quelles que
soient les modalités retenues pour le faire.
Monsieur le ministre, cet amendement n'a d'autre objet que de poser un vrai
problème et d'attirer votre attention, ainsi que celle de vos services, sur la
situation créée pour rechercher, avec vous, car je suis très ouvert, une
solution.
Encore une fois, il ne serait pas acceptable que des établissements publics
soient traités différemment selon qu'ils ont choisi tel ou tel système de
financement - fiscalité ou taxe et redevance - ou qu'ils assurent ou non les
deux compétences de collecte et d'élimination.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La préoccupation de M. Régnault est de faire échec à
une interprétation administrative qui interdit, en effet, à un groupement de
lever la taxe ou la redevance d'enlèvement des ordures ménagères si le
groupement n'exerce pas lui-même directement l'intégralité des compétences en
cette matière.
La commission estime qu'il est toujours délicat de vouloir régler un cas
particulier par des dispositions générales qui ont vocation à s'appliquer dans
toute la France. Il lui semble préférable de procéder à une analyse globale de
la situation de tous les groupements avant d'aller plus loin.
Cela étant dit, la préoccupation de M. Régnault est tout à fait légitime et il
convient de régler le problème qu'il soulève. Il le sait, puisqu'il est très
actif au sein de l'Association des maires de France.
Un groupe de travail a été constitué. L'administration a été appelée à
travailler en son sein. Si le Gouvernement en était d'accord, il nous semble
que cette question devrait être enfin tranchée à l'occasion de la discussion du
projet de loi sur l'intercommunalité qui sera soumis au Parlement au cours du
premier semestre de l'année prochainne.
Je le répète, la préoccupation de M. Régnault est légitime à mes yeux.
Cependant, la commission hésite à y répondre par une mesure de portée générale,
mais reconnaît qu'il est absolument indispensable que cette question soit
réglée. Le groupe de travail doit éclairer les débats parlementaires qui vont
bientôt s'ouvrir. Il faudrait, monsieur le ministre, que vous puissiez donner à
M. Régnault des assurances en ce domaine. Sous ces conditions, peut-être
accepterait-il de retirer cet amendement. Sinon, l'avis de la commission des
finances sera défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je confirme tout à fait que le Gouvernement partage la
préoccupation de M. Régnault. Il souhaite qu'il y soit répondu par une
disposition du type de celle qu'il nous propose lui-même à travers l'amendement
n° II-176. Cependant, comme M. le rapporteur général, je crois préférable de
traiter au fond ce problème à l'occasion de l'examen du projet de loi sur
l'intercommunalité. En effet, il s'agit de savoir comment répartir une
ressource entre le groupement de communes et les communes membres et de définir
la notion de « service complet » ou de « service partiel ».
Je voudrais donner à M. Régnault une assurance complémentaire. Dans la
préparation du projet de loi, je prendrai position, en tant que ministre du
budget, en faveur de la disposition qu'il propose. Je crois que ce sera à ce
moment-là, dans le cadre de ce texte, qu'il faudra régler définitivement le
problème.
Sous le bénéfice de ce double engagement, peut-être pourra-t-il accepter de
retirer son amendement ?
M. le président.
Monsieur Régnault, dans ces conditions, maintenez-vous l'amendement ?
M. René Régnault.
Je vais le retirer, non sans avoir remercié M. le rapporteur général et M. le
ministre des explications qu'ils viennent de nous fournir et de l'engagement
qui vient d'être pris.
M. le président.
L'amendement n° II-176 est retiré.
Par amendement n° II-182, M. Courteau et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel
ainsi rédigé :
« Après le quatrième alinéa de l'article L. 2334-33 du code des collectivités
territoriales, est inséré un nouvel alinéa ainsi rédigé :
« Les établissements publics de coopération intercommunale dont la population
excède 20 000 habitants dans les départements de métropole et 35 000 habitants
dans les départements d'outre-mer sont éligibles lorsqu'ils exercent la
compétence voirie au nom de leurs communes membres qui, elles, seraient
éligibles si elles n'appartenaient pas à cet établissement. »
La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau.
Il s'agit d'un amendement identique à celui que j'avais proposé voilà quelques
jours avec, notamment, mon collègue M. Courrière.
Cet amendement n'avait pas été retenu, mais je n'avais pu obtenir la moindre
explication sur le fond du problème de la part du ministre, qui s'était
contenté d'opposer un avis défavorable, sans autre forme de commentaire.
Je veux donc, monsieur le président, rappeler, comme je l'ai déjà fait voici
quelques jours, l'incohérence technique qui résulte du nouveau dispositif de la
dotation globale d'équipement, la DGE.
En vertu de plusieurs circulaires, lorsqu'un établissement public de
coopération intercommunale exerce la compétence « voirie », par exemple, au nom
des communes membres, celles-ci n'ont plus compétence en ce domaine,
puisqu'elles l'ont déléguée. De ce fait, elles ne sont plus directement
éligibles à la DGE, et c'est donc le groupement de communes qui peut, seul, en
bénéficier.
De surcroît, si le groupement a une population supérieure à 20 000 habitants,
il se trouve écarté du bénéfice de la DGE en vertu des dispositions adoptées
l'année dernière. Résultat ? Des communes petites et moyennes perdent le
bénéfice de la DGE au seul prétexte qu'elles adhèrent à un groupement de
communes de plus de 20 000 habitants, tandis que d'autres communes, de même
population, resteront éligibles, soit parce qu'elles n'adhèrent à aucune
structure intercommunale, soit parce que le groupement auquel elles
appartiennent compte une population inférieure à 20 000 habitants.
Monsieur le ministre, estimez-vous normal qu'il y ait une telle inégalité
devant la loi ? N'est-ce pas, par ailleurs, un coup mortel ainsi porté à
l'intercommunalité ? Quelles explications allez-vous me donner ? De grâce,
monsieur le ministre, ne me dites pas, comme cela m'avait été opposé la
dernière fois, que le débat a eu lieu voici un an, car le problème, à l'époque,
ne se posait pas dans les termes dans lesquels je viens de l'évoquer : aucune
circulaire, alors, n'indiquait qu'une commune adhérant à un groupement de
communes n'était plus éligible à la DGE pour la compétence qu'elle avait
déléguée.
Monsieur le ministre, quels arguments justifient que nous en restions à un
dispositif aussi injuste vis-à-vis des petites et moyennes communes ? Je serais
curieux de les connaître, et mon collègue M. Courrière avec moi.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il est dommage que notre collègue pense que nous ne
souhaitons pas lui donner d'informations. Le Sénat, pendant deux longues
heures, a déjà débattu du sujet et notre collègue avait pris une part active à
ce débat. J'imagine que le Gouvernement lui donnera un complément
d'information. En tout cas, l'avis de la commission des finances n'a pas changé
: il est défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
M. Courteau a posé une bonne question car il s'agit là
d'un vrai débat politique.
Ce débat a eu lieu l'année dernière, car le Gouvernement et le Parlement ont
été conduits à réformer la dotation globale d'équipement à l'occasion de la
discussion de la loi de finances de 1996. La DGE est désormais réservée aux
collectivités locales ou à leurs groupements de moins de 20 000 habitants.
Cette mesure a été acquise après un long débat, parce qu'il fallait tenir
compte de nombreux arguments, notamment des observations parfaitement
respectables qui viennent d'être exprimées.
Finalement, le choix qui a été fait s'explique par la volonté de mettre fin au
saupoudrage de la première part de la DGE sur toutes les communes, notamment
sur les grandes villes, qui se traduisait par un taux de concours de l'Etat au
financement des investissements excessivements faible, puisqu'il était
inférieur à 2 %. On a voulu mieux concentrer la DGE, notamment au profit des
petites communes.
C'était la raison de la réforme de l'année dernière et, en l'état actuel de
notre information, nous n'envisageons pas de revenir sur cette question à
l'occasion de la loi de finances pour 1997.
Le Gouvernement n'est donc pas favorable à cet amendement. Cela dit, monsieur
Courteau, comme pour d'autres amendements qui ont été débattus tout à l'heure,
c'est un sujet sur lequel on pourra éventuellement revenir lors de la
discussion du projet de loi sur l'intercommunalité. Si l'on découvre que cette
disposition a eu finalement des effets pervers et contreproductifs sur
l'intercommunalité en zone rurale, nous ne serons pas
a priori
opposé à
la revoir.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-182, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 189 rectifié, MM. Badré, Poirier et Fourcade proposent
d'insérer, après l'article 81, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au début du huitième alinéa de l'article L. 2531-13 du code général des
collectivités territoriales, les mots : "En 1996" sont supprimés.
« II. - La perte de recettes en résultant pour les collectivités locales est
compensée par le relèvement à due concurrence de la dotation globale de
fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée par le relèvement à
due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré.
Le Fonds de solidarité de la région d'Ile-de-France, le FSRIF, est un
instrument de solidarité entre les communes les moins favorisées et les
communes les moins défavorisées d'Ile-de-France. Lors de sa mise en place, il a
été très judicieusement prévu que les communes appelées à cotiser au fonds
entreraient dans le système en sifflet, avec une étape à 50 % la première
année.
Ce dispositif avait été retenu, d'abord pour réduire les hostilités au système
- elles étaient fortes - et, surtout, pour permettre aux communes concernées
d'absorber ce choc, qui peut être souvent très difficile à supporter, dans les
conditions budgétaires les moins désagréables possibles.
Le club des donateurs n'est cependant pas fermé. De nouveaux membres se
présentent pour rejoindre les membres fondateurs, et c'est bien. L'amendement a
donc pour objet que ces nouveaux membres soient traités de la même manière que
les anciens, les mêmes raisons militant toujours dans le même sens.
J'ajoute qu'il est très important de retenir ce dispositif pour les nouveaux
membres. En effet, ils arrivent juste à accéder aux ratios fiscaux requis après
avoir fait de gros efforts de développement. Il serait dommage qu'ils ne
supportent pas le choc et se retrouvent juste en dessous du seuil dès l'année
suivante, du fait même qu'ils doivent acquitter dès la première année la
totalité de la cotisation et non pas la moitié.
Il s'agit d'aider ces communes à s'installer durablement dans le groupe des
communes les moins défavorisées. Il vaut donc mieux, me semble-t-il, qu'elles
cotisent à 50 % la première année, puis à 100 % jusqu'à la fin des temps,
plutôt qu'à 100 % dès la première année, puis plus jamais.
Cet amendement me paraît aller dans le sens de la bonne gestion et je vous
demande de le retenir.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Denis Badré est un éminent commissaire des
finances, il connaît donc déjà la réponse de la commission, qui a considéré que
son amendement présentait certes beaucoup d'intérêt, mais qu'il convenait de
mesurer quelque peu sa portée.
Il a formulé quelques objections, qui nous ont conduits à procéder à des
recherches supplémentaires.
Le dispositif auquel il fait allusion est un dispositif temporaire, qui a été
mis en place en 1996, et non pas un dispositif ancien. Dans ces conditions il
est apparu difficile à la commission des finances d'émettre un avis
favorable.
Ce n'est pas très courageux de sa part, mais elle a pensé que le Gouvernement
pourrait très utilement éclairer le Sénat sur cette question et elle a proposé
de s'en remettre à l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Malgré la sympathie et l'estime que je porte, comme
nous tous ici, à M. Denis Badré, le Gouvernement n'est pas favorable à cet
amendement.
Comme l'a rappelé M. le rapporteur général, c'est une disposition tout à fait
transitoire qui avait été adoptée l'année dernière. Elle avait un objet précis
: corriger les effets, pour les communes contribuant pour la première fois au
Fonds de solidarité de la région d'Ile-de-France, de l'adoption tardive de la
loi du 26 mars 1996 portant diverses dispositions d'ordre économique et
financier.
En effet, certaines communes avaient déjà adopté leur budget primitif de
l'année, sans avoir tenu compte de ce prélèvement. Pour 1997 toutefois, on ne
peut plus invoquer le caractère imprévisible de la réforme, et cette
disposition n'a donc pas vocation à être pérennisée.
En outre, le Fonds de solidarité de la région d'Ile-de-France est un outil de
solidarité financière entre collectivités locales dans lequel l'Etat n'est pas
financièrement partie prenante. Or, l'adoption de cet amendement contraindrait
l'Etat à alimenter ce fonds et à se substituer aux communes bénéficiant de
l'abattement.
A ce titre, cet amendement aurait d'ailleurs dû être examiné lors de la
discussion des articles de la première partie du projet de loi de finances,
puisque son adoption entraînerait des conséquences financières pour l'Etat -
limitées, je le reconnais, mais réelles quand même - et ce dès l'année 1997.
Le Gouvernement n'est donc pas favorable à cet amendement, et peut-être M.
Badré pourrait-t-il, compte tenu de ces indications, le retirer.
M. le président.
Monsieur Badré, acceptez-vous la suggestion du Gouvernement ?
M. Denis Badré.
Non, monsieur le président, je maintiens l'amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-189 rectifié.
M. Alain Richard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard.
Il est peut-être utile qu'un orateur s'exprime sur ce sujet en défendant le
point de vue des communes bénéficiaires du Fonds de solidarité de la région
d'Ile-de-France.
Je voudrais apporter mon soutien à l'amendement présenté par M. Badré, car je
pense - dans la logique constante que je suis depuis 1991, c'est-à-dire depuis
que les systèmes de solidarité intercommunale ont été mis en place - qu'il est
vital que ces systèmes soient acceptés par tous.
Quand, grâce à la compréhension de M. Perben, nous avons pu, l'année dernière,
réformer le Fonds de solidarité de la région Ile-de-France, d'après des
suggestions que nous avions été plusieurs, sur diverses travées, à formuler,
nous avions bien pris soin que les budgets des communes qui alimentent le Fonds
ne soient pas trop brutalement sollicités.
J'ai été frappé pour ma part que ce dispositif, qui avait été instauré dans un
climat tout de même un peu orageux, fasse maintenant partie du paysage
financier de l'Ile-de-France et se traduise effectivement par des transferts de
commune à commune qui sont significatifs.
Par la loi de février 1996, on a baissé le seuil de contribution et,
aujourd'hui, une commune qui atteint 140 % du potentiel fiscal de
l'Ile-de-France est donc contributrice. Cela représente un niveau de ressources
communales certes appréciable mais pas extraordinaire, et certaines de ces
communes devront verser, alors que leur croissance financière est relativement
modeste, une première contribution importante. Pourtant, pour l'équilibre
général de ce fonds régional, cet apport est négligeable.
Je comprends tout à fait l'objection de M. le ministre, selon lequel il
n'appartient pas à l'Etat de combler un éventuel manque à gagner. Il faudra
donc, certainement, au cours de la navette, corriger ce dispositif, et je pense
que les communes bénéficiaires pourraient parfaitement accepter que le faible
manque à gagner se répercute sur elles.
Dans la démarche visant à l'acceptation par tous de ce fonds régional et des
modalités de contribution, cette disposition est sage et n'a pas de conséquence
financière négative.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Si la rédaction de cet amendement n'est pas modifiée, je voterai contre en
raison de sa deuxième phrase qui entraîne une contribution de l'Etat au
FSIR.
J'approuve le mécanisme de solidarité, de même que l'entrée en sifflet dans le
dispositif ; en revanche, je suis hostile à un financement de l'Etat.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Je ne suis pas, si je puis dire, partie prenante à ce dispositif, puisque je
ne représente pas un département d'Ile-de-France.
Malgré tout, j'ai été attentif au débat, et je suis sensible à un point :
c'est la nécessaire stabilité des budgets de nos communes. On ne peut pas
changer les règles du jeu chaque année.
Je comprends donc la démarche de notre collègue M. Denis Badré et, par
sympathie pour cette démarche, je voterai son amendement.
Le nouvel article qui résulterait de l'adoption de cet amendement étant bien
entendu compris dans la navette et dans le champ de compétence de la commission
mixte paritaire, tous les ajustements rédactionnels seront possibles, ce qui
est une incitation de plus pour voter cet amendement.
En outre, l'adoption de cet amendement permettrait de remettre l'article en
navette et d'être soumis à la commission mixte paritaire. Tous les ajustements
rédactionnels seront alors possibles, ce qui et une incitation de plus pour
voter cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-189 rectifié, repoussé par la commission
et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances, après l'article 81.
Par amendement n° II-86, MM. Girault, Dufaut, Lombard, Rausch, Souvet et
Quillot proposent d'insérer, après l'article 81, un article additionnel rédigé
comme suit :
« I. - A compter du 1er janvier 1997, France Télécom est assujettie dans les
conditions de droit commun aux impositions directes locales perçues au profit
des collectivités locales et des établissements et organismes divers.
« II. - Les pertes de recettes résultant du I. ci-dessus seront compensées par
un relèvement de la cotisation minimum de taxe professionnelle de 0,35 % à 1 %
de la valeur ajoutée. »
La parole est à M. Jean-Marie Girault.
M. Jean-Marie Girault
Avec cet amendement, on aborde un classique : le devenir de la taxe
professionnelle versée par France Télécom et La Poste.
Ce sujet fait souvent sourire, mais il est sérieux.
Je me souviens de débats auxquels j'ai participé au mois de novembre 1993 et
au mois de novembre 1994.
Ainsi, 1993 fut l'année de la confiscation d'une ressource qui devait par
nature revenir aux collectivités territoriales et dont l'Etat a décidé qu'elle
était destinée à alimenter le fonds national de péréquation de la taxe
professionnelle. On découvrit ce soir-là - ce fut rapide, car le débat ne fut
pas long - que l'Etat allait alimenter les compensations de taxe
professionnelle ont il était l'auteur, avec l'argent des collectivités
territoriales, puisque la taxe professionnelle de France Télécom et de la Poste
allait désormais tomber dans ses poches.
L'année suivante, en 1994, à l'occasion de la discussion d'un projet de loi
relatif à l'aménagement et au développement du territoire, dont j'étais
rapporteur à certains égards, un amendement restituant ces sommes aux
collectivités territoriales fut voté par le Sénat. Et je garderai longtemps le
souvenir de cette seconde délibération qui a amené la Haute Assemblée à revenir
sur une décision qu'elle avait prise contre l'Etat.
J'étais rapporteur, et je dois reconnaître - c'est d'ailleurs l'une des
sujétions du rapport dont on a la charge - que la revendication exprimée
n'avait pas sa place dans un texte sur l'aménagement du territoire.
A l'occasion de la seconde délibération, le Sénat était revenu sur un
amendement qu'il avait voté et qui visait à restituer aux collectivités locales
ces 4 milliards ou 5 milliards de francs auxquels l'Etat n'a pas droit.
Le débat est à nouveau ouvert à l'occasion de la discussion de la loi de
finances pour 1997. J'ai donc rédigé cet amendement et, même si le combat n'a
pas lieu aujourd'hui, je désire que le Gouvernement sache qu'il se poursuivra.
Qu'il ne se fasse aucune illusion, le combat n'est pas terminé !
M. Philippe Marini.
Absolument !
M. Jean-Marie Girault.
Il n'est pas possible que, sur des sommes aussi considérables et parce que
l'Etat a besoin d'argent pour diminuer son déficit, les collectivités
territoriales soient éternellement privées d'une ressource qui leur revient
naturellement.
L'Etat cherche à diminuer son déficit, et les remarques qui vont suivre ne
s'adressent à personne en particulier, il s'agit d'un problème d'état d'esprit
et de considération.
Les représentants des collectivités territoriales n'ont pas le droit - et
c'est bien ainsi - de voter des budgets en déséquilibre. Seul l'Etat peut se
permettre des déficits.
Les fonctionnaires des finances, que j'aime beaucoup, nous font des
remontrances continuelles, au nom de la vertu financière, sur la manière dont
nous équilibrons ou dont nous déséquilibrons nos budgets. Pourtant Bercy est le
siège de tous les déficits, c'est tout quels que soient les ministres
successifs. Chacun est bien conscient que les déficits sont là et que seul
l'Etat a le droit d'en faire.
Nous sommes horrifiés aujourd'hui de constater que l'on emprunte même pour
financer les dépenses de fonctionnement ; cela ne date d'ailleurs pas
d'aujourd'hui, et je ne sais pas comment on s'en sortira.
En attendant, les 4 milliards de francs ou les 5 milliards de francs de la
taxe professionnelle de France Télécom constituaient une espèce de trésor, et
l'Etat nous l'a confisqué.
Ce débat devra être ouvert à nouveau. Si, aujourd'hui, monsieur le ministre,
je vous annonce que je vais retirer cet amendement, ce n'est pas que
j'abandonne la conviction, qui est partagée par la plupart des élus, c'est
parce que vous pourriez me dire que l'amendement serait irrecevable, qu'il
aurait dû être présenté dans la première partie de la loi de finances. Je veux
bien en convenir. Vous m'auriez également opposé l'article 40 de la
Constitution avec un naturel que je comprends. Pourtant, l'amendement est
gagé.
L'une des raisons pour lesquelles je le retire aujourd'hui - mais il y aura
des contre-offensives dans les temps à venir, qui seront, je l'espère,
soutenues par l'ensemble du Parlement - c'est que nous avons débattu hier soir
des entreprises de services qui souhaitent que l'on augmente la cotisation
minimale de la taxe professionnelle. La mesure que je propose pour gager cet
amendement est aussi fondée sur une augmentation de cette cotisation, qui est
payée par un certain nombre de commerçants ou d'artisans dans ce pays et dont
on semble ignorer, mais je n'en crois rien, le montant du produit qu'elle
rapporte à l'Etat.
J'ai entendu au cours du débat d'hier soir que, à la fin de mai 1997, nous
saurions enfin la vérité. Je sens bien l'argument qui va m'être opposé : vous
parlez d'un gage, monsieur le sénateur, mais vous n'en connaissez pas le
montant réel. Alors, en attendant de le connaître, patientons !
Je veux bien patienter, puisque vous avez pris hier soir l'engagement de nous
dire ce que représente le produit de cette cotisation dont certains ont dit
qu'il fallait la doubler, voire la tripler. Mais, fin mai, lorsque nous
connaîtrons la vérité - vérité que, j'en suis persuadé, vous connaissez déjà ;
cela doit être de l'ordre de 4, 5, 6 ou 7 milliards de francs - nous
repartirons à l'assaut.
Comme M. Charasse ou l'un de ses amis socialistes le disait hier soir, à
l'occasion du débat relatif au remplacement de la patente par la taxe
professionnelle - mon souvenir est un peu lointain - pour ne pas affoler une
partie de monde du commerce et de l'artisanat, les moins gagnants d'entre eux,
ceux dont on craignait qu'ils soient « assassinés » par la taxe professionnelle
que l'on créait, on a précisément instauré une cotisation minimale, tellement
minimale que nous voudrions, monsieur le ministre, savoir enfin la vérité ! A
une époque où vous demandez beaucoup aux citoyens, ne faudrait-il pas revoir le
problème de la répartition entre ceux qui paient ? Nous attendons une vérité
qu'il faut donc nous révéler.
Voilà ce que je voulais vous dire en retirant cet amendement n° II-86,
quoiqu'il aurait pu, j'en ai le sentiment, recueillir un large soutien au sein
de cette assemblée.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est vrai !
M. Jean-Marie Girault.
Je le retire donc, mais c'est un avertissement, et nous y reviendrons.
Notez bien, monsieur le ministre, qu'il ne s'agit pas de la taxe
professionnelle à laquelle est assujettie La Poste. Nous reconnaissons le
caractère de service public de La Poste et nous ne voulons pas l'entraver. La
situation de France Télécom est profondément différente. Quand on sait
aujourd'hui...
M. le président.
Monsieur Jean-Marie Girault, je vous invite à conclure votre intervention.
Vous parlez déjà depuis dix minutes. Certes, c'était très intéressant...
M. Jean-Marie Girault.
Alors, laissez-moi finir !
M. le président.
C'est précisément pourquoi je vous ai laissé vous exprimer, mais tout a une
fin, d'autant que cet amendement va être repris !
M. Jean-Marie Girault.
J'imagine !
M. Paul Girod.
Il vaut de l'or !
M. Jean-Marie Girault.
Quand on sait que des sociétés privées vont établir dans nos villes des
réseaux de télécommunications et qu'elles paieront aux collectivités
territoriales la taxe professionnelle, comment est-il possible qu'il y ait une
exception au profit de l'Etat pour ce qui est de France Télécom ?
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
L'amendement n° II-86 est retiré.
M. Paul Girod.
Je le reprends, monsieur le président.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° II-86 rectifié.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur Paul Girod.
M. Paul Girod.
Pour faire sourire le Sénat, s'il me le permet, je ne reprendrai cet
amendement que le temps d'une explication.
L'Etat ne doit vraisemblablement pas avoir tellement confiance en la pérennité
d'une taxe professionnelle issue de France Télécom du fait - et cela me sidère,
moi qui aime beaucoup cette maison et qui salue tous les matins ses prouesses
techniques - que certaines communications n'ont pas l'air de très bien passer,
au moins au niveau interne du Gouvernement. Mais il est vrai que les
communications entre les services passent par les réseaux publics, comme pour
tout le monde. J'imagine que vos craintes, monsieur le ministre, naissent de
là, et que vous préférez garder la taxe professionnelle pour vous !
Sinon, monsieur le ministre, comment expliquer que vous ne puissiez pas, vous
nous l'avez dit tout à l'heure, travailler sur l'amendement n° II-99, au motif
que vous ne disposez pas des éléments nécessaires alors que d'autres
administrations de votre propre ministère sont en mesure de travailler sur un
texte identique ?
Cela dit, c'était une incidente en matière de communication, pour faire
remarquer à M. le ministre qu'on ne peut pas dire qu'une administration ne sait
pas faire quelque chose au bénéfice des collectivités locales quand, sur le
même texte, elle fait la même chose au bénéfice de l'Etat ! Mais, bien entendu,
je retire l'amendement.
M. le président.
C'était en quelque sorte un détournement de procédure !
(Sourires.)
M. Paul Girod.
Ce n'est pas entièrement faux, monsieur le président, je le confesse
humblement !
(Nouveaux sourires.)
M. le président.
L'amendement n° II-86 rectifié est retiré.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je comprends qu'à la fois le combat est clos, mais que
la guerre continue !
(Sourires.)
M. Jean-Marie Girault.
La guerre continue !
M. Alain Richard.
C'est un cessez-le-feu, monsieur le ministre !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Nous allons aboutir à un cessez-le-feu. Mais,
auparavant, je répondrai à quelques salves !
(Sourires.)
Je vous rassure, monsieur le président, je le ferai sans
alourdir le débat.
Je ne voudrais pas laisser mettre en cause - et je le dis avec toute l'amitié
et l'estime que nous portons tous à Jean-Marie Girault - devant le Sénat les
fonctionnaires de Bercy.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très bien !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Si vous avez des reproches à leur faire, le ministre
délégué au budget est là pour cela, et lui seul !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances,
et M. Paul Girod.
Très
bien !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Ce n'est d'ailleurs pas non plus dans les habitudes de
Bercy ; en tout cas, vous n'avez jamais entendu dans la bouche du ministre de
l'économie et des finances ou de l'actuel ministre délégué au budget, ni
d'ailleurs dans celle de leurs prédécesseurs, des reproches contre les méthodes
et les résultats de gestion des collectivités locales !
En revanche, il est vrai que les chambres régionales des comptes peuvent
présenter des observations et des remarques. Mais, en aucun cas, ce ne peut
être le ministère de l'économie et des finances.
C'est si vrai que, lors de la présentation, sur l'initiative de Jean Arthuis,
aux sénateurs de plusieurs groupes du Sénat et à la commission des finances,
des graphiques sur la situation financière de l'Etat, lorsque nous avons fait
la comparaison avec la situation financière des collectivités locales, nous
avons fait apparaître que si ces dernières avaient été aussi mal gérées que
l'Etat, elles seraient toutes en faillite depuis longtemps ! Ce n'est donc pas
un sujet sur lequel nous pouvons prétendre, nous gestionnaires de l'Etat,
donner l'exemple.
En revanche, nous mettons tout en oeuvre, au prix de choix politiques
particulièrement difficiles et je crois pouvoir dire particulièrement courageux
- choix qui sont ceux de cette majorité, pour rétablir une situation financière
plus saine dans les délais les plus brefs possible.
C'est la raison pour laquelle, malgré la valeur de votre amendement, cher ami
sénateur, nous ne pouvons pas laisser s'envoler 5 milliards de francs dont nous
avons besoin pour 1997.
M. Philippe Marini.
Et pour la suite !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
La guerre continue, je comprends !
De la même manière, je ne voudrais pas que le Sénat croie que je lui cache des
éléments d'information dont je disposerais, mais que je ne voudrais pas lui
communiquer.
Nous avons longuement débattu hier, en particulier sur l'initiative du
président de votre commission des finances, de la question de savoir combien
rapportera la cotisation minimale de la taxe professionnelle. Je n'en sais
rien, mais je puis vous assurer que si j'avais des éléments d'information
suffisants, je vous les transmettrais, et que, dès que je les aurai, en février
prochain, je les donnerai naturellement au Sénat.
Il ne faudrait pas que le Sénat s'imagine qu'il s'agit d'une caverne d'Ali
Baba dont on va retirer des milliards de francs. L'ordre de grandeur sera
plutôt de quelques centaines de millions de francs mais, encore une fois, je
n'en sais pas plus pour l'instant.
Je voudrais faire remarquer à M. Jean-Marie Girault que la mesure qu'il
préconise pour gager son amendement, à savoir le relèvement de la cotisation
minimale de taxe professionnelle, est déjà précomptée à la suite du vote, hier
soir, d'un amendement sur l'initiative du président de la commission des
finances. Elle ne pourra donc pas servir deux fois, dans le cadre de notre
combat qui continue !
(Sourires.)
Il faudra, le moment venu, trouver un
autre gage.
Enfin je voudrais répondre à M. Paul Girod, qui nous a fait le reproche
aimable tantôt de ne pas savoir faire et, tantôt, de savoir faire quand cela
avantage le Gouvernement ! Non ! Il y a une différence fondamentale entre
l'article 12, auquel vous faisiez, je crois, allusion, et l'amendement n° II-99
de M. Revet.
Dans le cas de l'article 12, la charge de la preuve incombe à l'entreprise,
alors que, dans le cas de l'amendement de M. Revet, la charge de la preuve
incombait aux services fiscaux. C'est complètement différent !
En effet, quand la charge de la preuve incombe à une entreprise, c'est elle
qui vient voir l'administration et qui étale ses comptes. Dans ce cas-là, et
dans ce cas-là seulement, l'administration peut regarder et refuser l'avantage
demandé si elle juge que les pièces justificatives, les preuves présentées par
l'entreprise sont insuffisantes.
En sens inverse, si l'on souhaite que tous les services fiscaux contrôlent
toutes les entreprises pour savoir quels sont les liens de groupe, directs ou
indirects, qu'elles peuvent avoir les unes avec les autres, il s'agit alors
d'une tâche qui déborde nos moyens administratifs actuels. Telles sont les
précisions que je voulais vous apporter.
M. le président.
Par amendement n° II-155, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 81, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Au I de l'article 1383 du code général des impôts, les mots :
"deux ans" sont remplacés par les mots : "dix ans".
« II. - Les dispositions du troisième alinéa de l'article 1384 A du code
général des impôts sont abrogées.
« III. - Au I de l'article 1384 du code général des impôts, les mots :
"quinze ans" sont remplacés par les mots : "vingt-cinq
ans".
« IV. - Pour compenser les pertes de recettes résultant des I à III ci-dessus,
le taux prévu au I de l'article 39
quindecies
du code général des impôts
est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Pagès.
M. Robert Pagès.
Notre amendement tend à revenir à la situation antérieure en ce qui concerne
l'exonération de la taxe foncière sur les propriétés bâties.
Chacun peut mesurer les difficultés vécues par les familles, des difficultés
accrues par une pression fiscale grandissante.
Tout le monde s'accorde pour souligner qu'on ne peut laisser les choses en
l'état sur cette question dufoncier bâti.
Il s'agit également d'aider les offices d'HLM et, par ce biais, de permettre
une modération de l'augmentation des loyers.
Une telle disposition pourrait réellement favoriser la construction de
logements sociaux.
Il en est de même pour ce qui concerne les ménages, pour qui la réduction de
l'exonération de taxe foncière bâtie de dix ans à deux ans avait été très mal
vécue, et n'avait pas, pour le moins, aidé l'accession à la propriété.
C'est pourquoi, dans un souci de limiter la pression fiscale pour les ménages,
les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen vous proposent de
revenir à la situation antérieure sur cette question.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cette question a longuement été évoquée lors de
l'instauration du prêt à taux zéro. La commission y est défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Défavorable également.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-155, repoussé par la commission et par le
Gouvernemnt.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 154 rectifié, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après article 81,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le 2e alinéa de l'article 1761 du code général des impôts, il est
inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Pour ce qui concerne la taxe d'habitation et la taxe foncière sur les
propriétés bâties, aucune majoration n'est appliquée avant le 31 octobre. »
« II. - Le taux prévu au I de l'article 39
quindecies
du code général
des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Notre amendement est fort simple, mais fort intéressant pour les familles.
Nous proposons de repousser la date de recouvrement de l'imposition directe
locale pour les ménages.
En effet, aujourd'hui, la date du 15 septembre coïncide avec le recouvrement
du solde de l'impôt sur le revenu. Or, même si le ministre chargé du budget
peut, par arrêté, repousser la date de recouvrement des impôts locaux au 15
octobre, il nous semble plus clair et en tout cas plus intéressant pour les
familles de porter cette date au 31 octobre, et surtout que cela soit inscrit
dans le code général des impôts.
J'ajoute que le 15 septembre est une période très difficile pour les ménages
du fait de la rentrée scolaire, vous le savez tous, mes chers collègues. C'est
pourquoi nous souhaitons décompter officiellement la date de majoration
applicable aux impôts locaux payés par les ménages des autres impôts.
Tel est le sens de cet amendement, qui est favorable aux ménages et à la
consommation et que les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen
vous proposent d'adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le sénateur, cette révision est annoncée, et
M. le ministre va sans doute nous le confirmer. Par conséquent, je réitère à M.
Loridant ma demande de retrait de cet amendement. A défaut, la commission des
finances y serait défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Défavorable également.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-154 rectifié, repoussé par la commission
et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 82
M. le président.
« Art. 82. - I. - Le 1° de l'article L. 361-5 du code rural est complété par
un alinéa ainsi rédigé :
« Pour une période d'un an à compter du 1er janvier 1997, le taux prévu au a
ci-dessus est maintenu à 15 % et celui prévu au b ci-dessus est maintenu à 7 %,
à l'exception des conventions couvrant les dommages aux cultures et la
mortalité du bétail dont le taux est fixé à 5 %. »
« II. - Après le treizième alinéa du même article, il est inséré un alinéa
ainsi rédigé :
« La contribution additionnelle complémentaire prévue par le précédent alinéa
est prorogée au taux de 7 % jusqu'au 31 décembre 2000. »
Par amendement n° II-114, MM. Souplet, Pourchet, Moinard, Arzel, Badré, Louis
Mercier, Guy Robert, Machet, Deneux et Vasselle proposent, dans le texte
présenté par le II de cet article pour être inséré après le treizième alinéa de
l'article L. 361-5 du code rural, de remplacer la date : « 31 décembre 2000 »
par la date : « 31 décembre 1997 ».
La parole est à M. Souplet.
M. Michel Souplet.
Cet amendement a pour objectif de revenir sur une échéance. Dans le projet de
loi initial, figurait la date du 31 décembre 2006. L'Assemblée nationale avait
ramené cette date au 31 décembre 2000 et, pour ma part, je propose la date du
31 décembre 1997.
Il s'agit de la contribution additionnelle complémentaire de 7 % destinée à
alimenter le fonds de garantie contre les calamités agricoles. Les
organisations professionnelles agricoles et la commission nationale se sont
trouvées un peu devant le fait accompli. Elles sont d'accord pour faire des
propositions concrètes. Or, dans la loi de juillet 1964, qui est à l'origine du
fonds de garantie contre les calamités agricoles, il est prévu que la
commission nationale des calamités agricoles, où sont représentés les
organisations professionnelles agricoles et les assureurs, fasse des
propositions au ministre compétent sur le taux des contributions additionnelles
applicables. Elles n'ont pas besoin de quatre ans pour se réunir et faire des
propositions. Nous souhaitons donc qu'elles le fassent au cours de l'année
1997.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission émettrait volontiers un avis favorable
si M. Souplet acceptait que nous prorogions d'un an l'échéance si un accord
n'avait pu se dégager avant la fin de l'année 1997.
M. Michel Souplet.
Tout à fait d'accord !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Dans ces conditions, la commission est favorable à
cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est favorable à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° II-114, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 82, ainsi modifié.
(L'article 82 est adopté.)
Article additionnel après l'article 82
M. le président.
Par amendement n° II-100, MM Larché et Hyest proposent d'insérer, après
l'article 82, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le dernier alinéa de l'article L. 2531-4 du code général des
collectivités territoriales est complété par une phrase ainsi rédigée :
"Toutefois, ce taux est limité à 0,5 % dans les cantons mentionnés au 1 du
I de l'article R. 510-6 du code de l'urbanisme".
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée à due
concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
J'ai souhaité, avec M. Jacques Larché, déposer cet amendement, car le
versement destiné aux transports en commun constitue une parfaite injustice
pour les entreprises situées aux confins de la région d'Ile-de-France.
En effet, les entreprises implantées dans ces zones sont assujetties à ce
versement sans bénéficier d'aucun service en contrepartie. Par ailleurs, les
entreprises toutes proches mais situées dans les départements voisins ne sont
assujetties, elles, à aucun versement. Or la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire a prévu des dispositions en
faveur des cantons - situés par exemple dans le Val-d'Oise, les Yvelines,
l'Essonne ou la Seine-et-Marne - qui appartiennent à ce que l'on appelle les «
franges franciliennes ». Il est évident que, sans revenir complètement sur le
principe d'un versement destiné au financement des transports en commun, qui
s'applique à l'ensemble des communes du syndicat des transports parisiens, donc
de la région d'Ile-de-France, il serait bon de réduire à 0,5 % le taux de
versement dans les cantons qui ne bénéficient pas de transports et qui, comme
je le disais tout à l'heure, sont défavorisés par rapport aux départements
voisins.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances a mesuré les difficultés
liées au contexte que Jean-Jacques Hyest vient de rappeler. Elle se souvient
que Mme le secrétaire d'Etat aux transports s'était, l'année dernière, opposée
à un tel amendement. Elle se pose la question de savoir si le Gouvernement a
trouvé, depuis, le moyen de surmonter les difficultés qu'il redoutait. Elle
s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je comprends tout à fait la préoccupation de
Jean-Jacques Hyest ; cependant, le Gouvernement est tout à fait hostile à un
tel amendement dans la mesure où c'est l'ensemble du système de financement des
transports de la région d'Ile-de-France qui serait remis en cause par son
adoption, qui aurait l'effet d'une bombe.
M. Jean-Jacques Hyest.
Il y a une grande injustice. Vous pourriez nous aider au moins à essayer de
résoudre le problème !
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je sais que la situation actuelle n'est pas idéale. Il
faut certainement y réfléchir de nouveau avec toutes les parties concernées.
En tout cas, je tiens à dire que ce que ne paieraient plus les cantons de la
région d'Ile-de-France qui verraient leur contribution diminuer, devrait être
mis soit à la charge des autres communes d'Ile-de-France - je ne sais pas ce
qu'en penseront les élus de ces autres communes - soit à la charge de l'Etat,
c'est-à-dire de tous les contribuables, y compris de province.
Certes, il y a certainement matière à débat, mais la proposition de M. Hyest
n'est sûrement pas le moyen de le faire avancer.
J'ajoute que cet amendement est mal gagé, car son adoption aurait évidemment
des effets importants sur le budget de l'Etat.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-100.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud.
Monsieur Hyest, habituellement je soutiens les causes que vous défendez. Il
est certain que quelques cantons situés à plus de cinquante kilomètres de
Paris, en Val-d'Oise comme en Seine-et-Marne...
M. Jean-Jacques Hyest.
Nous sommes à plus de quatre-vingt-dix kilomètres !
M. Jean-Philippe Lachenaud
... sont en dehors des dispositifs d'aménagement du territoire, mais,
objectivement, reconnaissons qu'en Ile-de-France le prix des transports n'est
pas asssez élevé. Toutes les études le montrent et il conviendrait plutôt - je
dois le reconnaître devant nos collègues représentants de province - de tendre
vers un relèvement de la participation des usagers franciliens.
Par ailleurs, il est certain aussi que le déficit des transports
d'Ile-de-France est tellement important qu'il doit nous inciter à beaucoup de
prudence. Il ne faut en aucune manière l'aggraver.
En outre, et mon analyse se différencie là de la vôtre, une organisation des
transports est possible comme le montre l'exemple de Saint-Clair-sur-Epte, dans
le canton de Magny-en-Vexin, aux confins de la Normandie. Des décisions
récentes en matière de tarification du STP ont permis aux habitants, qui sont
effectivement défavorisés et qui éprouvent des difficultés pour trouver des
emplois sur place, de bénéficier d'une tarification modulée.
Je crois que le dispositif mériterait un examen supplémentaire pour que la
réduction du versement ne soit accordée qu'aux zones ne bénéficiant pas du
système du STP. En revanche, ne devraient pas en bénéficier des secteurs où il
existe un mécanisme de péréquation et une organisation de transports.
Telles sont les raisons pour lesquelles, si cet amendement n'est pas retiré, à
regret, je serai amené à voter contre.
M. Jean-Jacques Hyest.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
Bien entendu, tout ce que vient de dire M. Jean-Philippe Lachenaud à propos
d'organisation de transports est exact. Mais je rappelle que le versement
transport est payé par l'entreprise et qu'il en résulte des distorsions de
concurrence considérables.
Prenons l'exemple d'une scierie située dans le canton que je représente : elle
se voit imposer un versement transport alors que tous ses employés habitent à
une distance de trois kilomètres. Le patron ne comprend pas. Il m'a dit qu'il
allait installer une nouvelle unité dans le Loiret, que là au moins il n'aurait
pas à acquitter de versement transport.
Il y a des situations regrettables qui conduisent à des distorsions
difficilement compréhensibles pour les intéressés.
Monsieur le ministre, vous avez dit que c'était à une réflexion d'ensemble que
nous devions nous livrer. En fait, c'est depuis 1985 qu'on parle de réformer le
financement des transports de la région d'Ile-de-France. Il est permis
d'espérer qu'un jour une plus grande justice régnera en la matière et qu'on ne
fera plus participer au financement des transports publics en région
d'Ile-de-France ceux qui n'en bénéficient pas.
Il s'agit d'un véritable problème d'aménagement du territoire pour les franges
franciliennes.
Toutefois, comme je sens que je serai le seul à voter ma proposition puisque
même mon ami M. Jean-Philippe Lachenaud, dont j'attendais le soutien, ne me
suit pas, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° II-100 est retiré.
Article 82
bis
M. le président.
« Art. 82
bis.
- Sous réserve des décisions de justice passées en force
de chose jugée, les contrôles engagés par les services déconcentrés de la
direction générale des impôts avant l'entrée en vigueur du décret n° 96-804 du
12 septembre 1996 et des arrêtés du 12 septembre 1996 régissant leur compétence
ainsi que les titres exécutoires émis à la suite de ces contrôles pour établir
les impositions sont réputés réguliers en tant qu'ils seraient contestés par le
moyen tiré de l'incompétence territoriale ou matérielle des agents qui ont
effectué ces contrôles ou délivré ces titres à la condition que ces contrôles
aient été effectués conformément aux règles de compétence fixées par les textes
précités. » -
(Adopté.)
Articles additionnels après l'article 82
bis
M. le président.
Par amendement n° II-115, M. Revet propose d'insérer, après l'article 82
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 312-4-1 du code de la construction et de l'habitation, il
est inséré un article nouveau ainsi rédigé :
«
Art. L. ...
Les départements peuvent, en outre, dans le cadre de
leurs attributions en matière d'aide sociale prévues à l'article 124-1 du code
de la famille et de l'aide sociale, consentir des aides, notamment sous forme
de subventions ou d'avances remboursables en vue de faciliter l'accès à la
propriété ou la réhabilitation de logements. »
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet.
Je ne reviendrai pas sur ce qu'a dit mon collègue M. Paul Girod, il y a un
instant.
Je ne connais pas encore suffisamment le règlement du Sénat, monsieur le
président, aussi ai-je réagi trop tard tout à l'heure. J'aurais voulu dire que
ce que je proposais correspondait, mot pour mot, au texte établi par les
services de l'Etat pour éviter de verser une compensation. Il ne me paraissait
pas choquant que, par assimilation, il en aille de même pour les autres
collectivités.
J'ai noté que l'on reviendrait bientôt sur le sujet et, jamais deux sans
trois, j'espère que ce sera pour aboutir.
J'en viens à mon amendement.
Il vise à permettre aux départements, qui le font d'ailleurs parfois depuis
des dizaines d'années, d'accompagner l'Etat dans sa démarche en faveur du
logement social et, plus particulièrement, de l'accession à la propriété.
Dans mon département, la Seine-Maritime, voilà plus de quarante-cinq ans que
nous permettons aux familles qui accèdent à la propriété d'obtenir une avance
remboursable sur dix ans.
Ce faisant, nous avons aidé à la construction de 100 000 logements durant ce
laps de temps.
Tout s'est bien passé pendant quarante-deux ans, voire quarante-trois ans,
puis la chambre régionale des comptes a considéré que cette pratique n'était
pas légale et que nous devions revoir notre copie.
Le moment nous paraît mal choisi pour mettre un terme à un tel dispositif, car
des familles attendent. En aidant de cette façon les familles en difficulté,
nous agissons dans le domaine social, tout en participant à la relance de
l'activité économique.
Finalement, cet amendement vise à permettre aux départements qui le souhaitent
de continuer à dispenser l'aide qu'ils apportent à la construction de logements
et à l'accession à la propriété, dans des conditions tout à fait légales.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission est défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Il s'agit indiscutablement là d'un sujet très
important, et je n'ignore rien de ce qui a été accompli à cet égard par le
conseil général de Seine-Maritime et son président, M. Charles Revet.
Il reste que cet amendement constitue un cavalier budgétaire puisqu'il tend à
donner une compétence nouvelle aux départements et que cela n'a pas d'effet sur
le budget de l'Etat. En conséquence, cet amendement est irrecevable.
En revanche, je puis assurer M. Revet que je vais étudier les moyens de faire
en sorte que, à tout le moins, les départements qui, comme celui de la
Seine-Maritime, ont d'ores et déjà mis en pratique ce genre d'aide à la
construction puissent voir leur situation régularisée. Il serait en effet
particulièrement regrettable que les conseils généraux concernés se trouvent en
infraction pour avoir aidé au développement de l'activité économique et au
logement des mal-logés.
Pour le reste, je rappelle que l'aide à l'accession à la propriété est une
compétence de l'Etat et que, à ce titre, nous avons, l'année dernière, procédé
à une réforme importante, qui comprenait notamment l'institution du prêt à taux
zéro. Si nous voulons revoir le partage des compétences entre l'Etat et les
collectivités locales en la matière, ce ne peut pas être dans le cadre de la
loi de finances.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, l'article 42 de la loi organique du 2 janvier
1959 est-il applicable ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il l'est, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° II-115 est irrecevable.
Par amendement n° II-185, Mme Pourtaud, MM. Delanoë, Rouquet et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 82
bis,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A compter du 1er janvier 1998, les propriétaires de taxi faisant
équiper leurs véhicules de systèmes leur permettant de fonctionner au gaz de
pétrole liquéfié - GPL - ou au gaz naturel véhicules - GNV - bénéficient du
remboursement du coût d'achat et d'installation de l'équipement, dans la limite
de 15 000 francs par véhicule. Les systèmes ouvrant droit à remboursement
doivent être agréés par arrêté conjoint des ministres chargés des transports,
du budget et de l'environnement.
« II. - Les pertes de recettes résultant du paragraphe I sont compensées, à
due concurrence, par une augmentation des tarifs du droit de consommation sur
les tabacs prévu aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Cet amendement vise à rembourser aux chauffeurs de taxi le coût d'achat et
d'installation de l'équipement permettant à leur véhicule à essence de
fonctionner au GPL ou au GNV, dans la limite de 15 000 francs par véhicule.
Cela concerne 25 % de la flotte des taxis parisiens, ce qui n'est pas
considérable, mais qui n'est pas négligeable non plus.
Nous avions amorcé ce débat lors de l'examen de la première partie de la loi
de finances, et vous aviez alors invoqué, monsieur le ministre, l'incertitude
dans laquelle on se trouvait sur cette question dans l'attente de la réunion de
la commission mixte paritaire sur le projet de loi sur l'air.
Nous invitons aujourd'hui le Sénat à réfléchir de nouveau à l'intérêt qu'il y
aurait à encourager l'utilisation du GPL et du GNV par les taxis pour lutter
contre la pollution de l'air. Selon nous, en prenant une telle mesure, on
amorcerait le marché, du côté de l'offre, en adressant un signe à l'industrie
et, du côté de la demande, en sensibilisant une profession qui est très
concernée par la pollution automobile puisqu'elle y baigne toute la journée et
qui constitue, nous le savons tous, un relais d'opinion.
J'attire l'attention de la Haute Assemblée sur le fait que notre amendement
n'a pas pour objet de se substtituer au dispositif prévu par l'article 27 du
projet de loi sur l'air, qu'a adopté la commission mixte paritaire la semaine
dernière, mais qu'il vise à élargir le dispositif d'aide en faveur de
l'utilisation du GPL et du GNV pour mieux répondre à la diversité des
situations.
En effet, le système de l'amortissement exceptionnel déductible sur douze mois
des bénéfices insdustriels et commerciaux est un dispositif plus attractif pour
les sociétés de taxi que pour les artisans ou encore les locataires
d'autorisations propriétaires de leur véhicule de travail. La somme à débourser
est relativement importante - entre 10 000 et 15 000 francs - ce qui oblige le
chauffeur à faire une avance de trésorerie substantielle, alors que non
seulement ses revenus sont généralement modestes - du moins à Paris - mais
encore qu'il ne verra le bénéfice fiscal d'une telle mesure qu'un an après au
minimum.
Le mécanisme que nous proposons n'a rien d'innovant : il est calqué sur celui
de l'article 23
bis
de la loi sur l'air, qui, issu d'un amendement
gouvernemental, accorde aux entreprises de transport en commun de voyageurs un
remboursement de leurs frais d'installation sur leurs véhicules de systèmes
réduisant les émissions polluantes.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'incitation des taxis à « rouler propre » existant
déjà, l'avis de la commission est défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Le Gouvernement est, comme la commission, défavorable à
cet amendement. J'ajoute qu'il imposerait une charge supplémentaire à l'Etat.
L'article 40 de la Constitution est donc opposable à cet amendement.
M. le président.
Monsieur le président de la commission des finances, l'article 40 est-il
applicable ?
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Il l'est, monsieur le
président.
M. le président.
L'amendement n° II-185 n'est donc pas recevable.
Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des articles de la deuxième
partie du projet de loi de finances pour 1997.
Mise au point au sujet d'un vote
M. Bernard Joly.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Joly.
M. Bernard Joly.
A la suite d'une erreur matérielle, samedi dernier, lors du vote sur
l'amendement n° II-49, présenté par M. Jean Cluzel, notre collègue Pierre
Laffitte a été porté comme n'ayant pas participé au vote alors qu'il entendait
se prononcer en faveur de l'amendement.
M. le président.
Monsieur Joly, je vous donne acte de votre mise au point.
Seconde délibération
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué.
Monsieur le président, en application de l'article 43,
alinéa 4, du règlement du Sénat, le Gouvernement demande qu'il soit procédé,
avant le vote sur l'ensemble, à une seconde délibération des articles 35, et
état B, 36, et état C, 38 et 81
quater,
ainsi que, pour coordination, de
l'article 33 du projet de loi de finances pour 1997.
M. le président.
Le Gouvernement demande qu'il soit procédé à une seconde délibération des
articles 35, et état B, 36, et état C, 38 et 81
quater
, ainsi que, pour
coordination, de l'article 33.
Je rappelle qu'en application de l'article 43, alinéa 4, du règlement ont
seuls droit à la parole sur cette demande son auteur, c'est-à-dire le
Gouvernement, un orateur d'opinion contraire, le président ou le rapporteur de
la commission saisie au fond.
Aucune explication de vote n'est admise.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de seconde délibération
?
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Favorable.
M. le président.
Y-a-t-il un orateur contre ?...
Je consulte le Sénat sur la demande de seconde délibération, acceptée par la
commission.
(La seconde délibération est ordonnée.)
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le président, je
demande une suspension de séance d'une demi-heure, afin que la commission
puisse se réunir pour examiner les propositions du Gouvernement.
M. le président.
Nous allons donc interrompre nos travaux.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures vingt, est reprise à dix-sept heures
cinquante-cinq, sous la présidence de M. René Monory.)
PRÉSIDENCE DE M. RENÉ MONORY
M. le président.
La séance est reprise.
Nous allons procéder à la seconde délibération.
Je rappelle au Sénat les termes de l'article 43, alinéa 6, du règlement :
« Dans sa seconde délibération, le Sénat statue seulement sur les nouvelles
propositions du Gouvernement ou de la commission, présentées sous forme
d'amendements et sur les sous-amendements s'appliquant à ces amendements. »
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Lamassoure,
ministre délégué au budget.
Je présenterai rapidement l'ensemble des
amendements soumis à la seconde délibération.
Le Gouvernement propose au Sénat, conformément aux voeux de la commission des
finances, de voter plusieurs modifications de crédit.
Parmi les ouvertures de crédits, je citerai simplement les plus importantes.
Ainsi, sont abondés de 71,6 millions de francs les crédits inscrits au titre du
financement du stage de résidant en milieu extra-hospitalier des étudiants en
médecine. Ce stage, prévu par l'ordonnance d'avril 1996 relative à la maîtrise
médicalisée des dépenses de médecine de ville, est mis en place dès cette
année. Plutôt que d'en faire supporter le coût aux médecins libéraux ou à la
Caisse nationale d'assurance maladie, ce qui poserait des problèmes de
répartition de compétences, il est proposé de les financer sur le budget.
Par ailleurs, les crédits du chapitre 43-32 sont majorés de 2,5 millions de
francs pour financer les actions de formation des médecins et des équipes
soignantes à la prise en charge de la douleur, conformément au voeu du Sénat,
qui avait réduit à due concurrence les crédits des COTOREP pour financer cette
augmentation.
Les crédits de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat sont
abondés de 10 millions de francs et 30 millions de francs sont inscrits au
titre des autorisations de programme sur le fonds de délocalisation.
Les crédits du fonds national pour l'emploi sont réduits de 21 millions de
francs afin de gager, par une diminution des emplois-ville, l'inscription par
le Sénat de 21 millions de francs de crédits sur le fonds national
d'aménagement et de développement du territoire. Le Gouvernement vous demande
également de supprimer l'article 81
quater,
qui a été adopté cet
après-midi sur le fonds de solidarité des communes de la région
d'Ile-de-France, et qui pourra être repris dans un texte ultérieur.
Au total, à la fin de cette discussion, qui a été fort riche et qui a permis
au Sénat d'apporter de nombreuses modifications au projet gouvernemental, le
déficit s'établit à 284 930 millions de francs, soit 1 300 millions de francs
de plus que dans le projet initial du Gouvernement.
Enfin, en application de l'article 44, dernier alinéa de la Constitution, et
de l'article 42, alinéa 7, du règlement, le Gouvernement demande au Sénat de se
prononcer par un seul vote sur les articles soumis à la seconde délibération,
modifiés par les amendements du Gouvernement, à l'exclusion de tout autre
amendement ou article additionnel.
M. le président.
Le Gouvernement ayant demandé un vote unique sur l'ensemble des articles et
des amendements soumis à la seconde délibération, je ne donnerai la parole sur
chacun des amendements qu'au Gouvernement, à la commission et, éventuellement,
à un orateur contre.
Article 35
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 35 dans cette rédaction :
« Art. 35. - Il est ouvert aux ministres, pour 1997, au titre des mesures
nouvelles de dépenses ordinaires des services civils, des crédits ainsi
répartis :
« Titre I
: "Dette publique et dépenses en atténuation de recettes"
23 020 268 600 F
« Titre II
: "Pouvoirs publics"
91 936 000 F
« Titre III
: "Moyens des services"
10 607 967 948 F
« Titre IV
: "Interventions publiques"
21 041 062 929 F
« Total
54 761 235 477 F
.
« Ces crédits sont répartis par ministère, conformément à l'Etat B annexé à la
présente loi. »
Mais, sur cet article, je suis saisi de vingt-huit amendements.
L'amendement n° B-1 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« Titre III
« Crédits
- 83 686 546 F
« Majorer ces crédits de
200 000 F
. »
L'amendement n° B-2 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Culture
« Titre III
« Crédits
- 18 001 364 F
« Majorer ces crédits de
330 000 F
. »
L'amendement n° B-3 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale,
enseignement supérieur et recherche
« I. - Enseignement scolaire
« Titre III
« Crédits
1 322 096 919 F
« Majorer ces crédits de
4 000 000 F
. »
L'amendement n° B-4 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale,
enseignement supérieur et recherche
« I. - Enseignement supérieur
« Titre III
« Crédits
937 796 962 F
« Majorer ces crédits de
500 000 F
. »
L'amendement n° B-5 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Equipement, logement, transports et tourisme
« Titre III
« Crédits
- 581 800 959 F
« Majorer ces crédits de
250 000 F
. »
L'amendement n° B-6 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Industrie, poste et télécommunications
« I. - Industrie
« Titre III
« Crédits
- 76 807 520 F
« Majorer ces crédits de
500 000 F
« Minorer ces crédits de
500 000 F
. »
L'amendement n° B-7 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Intérieur et décentralisation
« Titre III
« Crédits
196 622 716 F
« Majorer ces crédits de
2 500 000 F
. »
L'amendement n° B-8 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Justice
« Titre III
« Crédits
- 859 439 063 F
« Majorer ces crédits de
2 000 000 F
. »
L'amendement n° B-9 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« I. - Services généraux
« Titre III
« Crédits
118 709 070 F
« Majorer ces crédits de
250 000 F
. »
L'amendement n° B-10 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« III. - Conseil économique et social
« Titre III
« Crédits
1 137 000 F
« Majorer ces crédits de
500 000 F
. »
L'amendement n° B-11 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services financiers
« Titre III
« Crédits
607 739 760 F
« Majorer ces crédits de
2 000 000 F
. »
L'amendement n° B-12 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« Titre IV
« Crédits
- 186 131 834 F
« Majorer ces crédits de
12 698 000 F
. »
L'amendement n° B-13 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Affaires étrangères et coopération
« II. - Coopération
« Titre IV
« Crédits
- 344 993 464 F
« Majorer ces crédits de
2 600 000 F
. »
L'amendement n° B-14 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Agriculture, pêche et alimentation
« Titre IV
« Crédits
- 63 694 820 F
« Majorer ces crédits de
1 200 000 F
. »
L'amendement n° B-15 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Anciens combattants et victimes de guerre
« Titre IV
« Crédits
- 566 264 143 F
« Majorer ces crédits de
1 500 000 F
. »
L'amendement n° B-16 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Commerce et artisanat
« Titre IV
« Crédits
- 29 020 000 F
« Majorer ces crédits de
45 000 F
. »
L'amendement n° B-17 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Culture
« Titre IV
« Crédits
812 764 178 F
« Majorer ces crédits de
11 675 000 F
. »
L'amendement n° B-18 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale,
enseignement supérieur et recherche
« I. - Enseignement scolaire
« Titre IV
« Crédits
- 16 924 949 F
« Minorer ces crédits de
200 000 F
. »
L'amendement n° B-19 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale,
enseignement supérieur et recherche
« II. - Enseignement supérieur
« Titre IV
« Crédits
48 030 000 F
« Majorer ces crédits de
2 350 000 F
. »
L'amendement n° B-20 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Education nationale,
enseignement supérieur et recherche
« III. - Recherche
« Titre IV
« Crédits
71 441 438 F
« Majorer ces crédits de
1 000 000 F
. »
L'amendement n° B-21 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Environnement
« Titre IV
« Crédits
22 655 250 F
« Majorer ces crédits de
750 000 F
. »
L'amendement n° B-22 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Titre IV
« Equipement, logement, transports et tourisme
« Crédits
2 402 595 952 F
« Majorer ces crédits de
2 390 000 F
. »
L'amendement n° B-23 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Intérieur et décentralisation
« Titre IV
« Crédits
- 1 881 795 374 F
« Majorer ces crédits de
4 000 000 F
. »
L'amendement n° B-24 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Jeunesse et sports
« Titre IV
« Crédits
- 8 241 000 F
« Majorer ces crédits de
3 600 000 F
. »
L'amendement n° B-25 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« I. - Services généraux
« Titre IV
« Crédits
- 506 019 554 F
« Minorer ces crédits de
200 000 F
. »
L'amendement n° B-26 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services du Premier ministre
« IV. - Plan
« Titre IV
« Crédits
500 000 F
« Majorer ces crédits de
1 500 000 F
. »
L'amendement n° B-27 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Services financiers
« Titre IV
« Crédits
- 28 907 265 F
« Majorer ces crédits de
1 000 000 F
. »
L'amendement n° B-28 est ainsi rédigé :
« Etat B
« Travail et affaires sociales
« Titre IV
« Crédits
6 081 125 390 F
« Majorer ces crédits de
54 685 000 F
. »
Article 36
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 36 dans cette rédaction :
« Art. 36. - I. - Il est ouvert aux ministres, pour 1997, au titre des mesures
nouvelles de dépenses en capital des services civils du budget général, des
autorisations de programme ainsi réparties :
« Titre V
: "Investissements exécutés par l'Etat"
15 524 798 000 F
« Titre VI
: "Subventions d'investissement accordées par l'Etat"
76 476 564 000 F
« Titre VII
: "Réparations des dommages de guerre"
0 F
« Total
92 001 362 000 F
.
« Ces autorisations de programme sont réparties par ministère, conformément à
l'état C annexé à la présente loi.
« II. - Il est ouvert aux ministres, pour 1997, au titre des mesures nouvelles
de dépenses en capital des services civils du budget général, des crédits de
paiement ainsi répartis :
« Titre V
: "Investissements exécutés par l'Etat"
5 618 883 000 F
« Titre VI
: "Subventions d'investissement accordées par l'Etat"
29 825 157 000 F
« Titre VII
: "Réparations des dommages de guerre"
0 F
« Total
35 444 040 000 F
.
« Ces crédits de paiement sont répartis par ministère, conformément à l'Etat C
annexé à la présente loi. »
Mais, sur cet article, je suis saisi de seize amendements.
L'amendement n° B-29 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« Titre V
« Autorisations de programme
250 000 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
1 000 000 F
« Crédits de paiement
95 000 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
1 000 000 F
. »
L'amendement n° B-30 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Equipement, logement, transports et tourisme
« Titre V
« Autorisations de programme
6 491 911 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
24 500 000 F
« Crédits de paiement
3 180 460 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
24 500 000 F
. »
L'amendement n° B-31 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Intérieur et décentralisation
« Titre V
« Autorisations de programme
1 465 000 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
3 000 000 F
« Crédits de paiement
506 200 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
3 000 000 F
. »
L'amendement n° B-32 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Justice
« Titre V
« Autorisations de programme
1 353 470 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
2 000 000 F
« Crédits de paiement
318 670 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
2 000 000 F
. »
L'amendement n° B-33 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Outre-mer
« Titre V
« Autorisations de programme
30 470 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
1 000 000 F
« Crédits de paiement
16 451 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
1 000 000 F
. »
L'amendement n° B-34 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Services du Premier ministre
« I. - Services généraux
« Titre V
« Autorisations de programme
62 600 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
30 000 000 F
. »
L'amendement n° B-35 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Affaires étrangères et coopération
« I. - Affaires étrangères
« Titre VI
« Autorisations de programme
10 000 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
12 000 F
« Crédits de paiement
10 000 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
12 000 F
. »
L'amendement n° B-36 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Agriculture, pêche et alimentation
« Titre VI
« Autorisations de programme
1 015 820 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
5 950 000 F
« Crédits de paiement
440 000 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
5 950 000 F
. »
L'amendement n° B-37 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Culture
« Titre VI
« Autorisations de programme
1 367 946 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
6 800 000 F
« Crédits de paiement
502 735 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
6 800 000 F
. »
L'amendement n° B-38 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Education nationale, enseignement supérieur
et recherche
« III. - Recherche
« Titre VI
« Autorisations de programme
5 811 330 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
2 700 000 F
« Crédits de paiement
4 373 861 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
2 700 000 F
. »
L'amendement n° B-39 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Environnement
« Titre VI
« Autorisations de programme
578 850 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
2 600 000 F
« Crédits de paiement
277 346 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
2 600 000 F
. »
L'amendement n° B-40 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Equipement, logement, transports et tourisme
« Titre VI
« Autorisations de programme
8 112 676 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
16 200 000 F
« Crédits de paiement
3 244 216 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
16 200 000 F
. »
L'amendement n° B-41 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Intérieur et décentralisation
« Titre VI
« Autorisations de programme
10 301 445 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
222 165 000 F
« Crédits de paiement
5 918 529 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
222 165 000 F
. »
L'amendement n° B-42 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Jeunesse et sports
« Titre VI
« Autorisations de programme
22 747 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
900 000 F
« Crédits de paiement
22 747 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
900 000 F
. »
L'amendement n° B-43 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Outre-mer
« Titre VI
« Autorisations de programme
1 921 210 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
800 000 F
« Crédits de paiement
675 590 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
800 000 F
. »
L'amendement n° B-44 est ainsi rédigé :
« Etat C
« Travail et affaires sociales
« Titre VI
« Autorisations de programme
880 839 000 F
« Majorer ces autorisations de programme de
8 350 000 F
« Crédits de paiement
324 871 000 F
« Majorer ces crédits de paiement de
8 350 000 F
. »
Article 38
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 38 dans cette rédaction :
« Art. 38. - I. - Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1997, au titre
des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des
autorisations de programme ainsi réparties :
« Titre V
: "Equipement"
87 184 020 000 F
« Titre VI
: "Subventions d'investissement accordées par l'Etat"
1 519 000 000 F
« Total
88 703 020 000 F
« II. - Il est ouvert au ministre de la défense, pour 1997, au titre des
mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des
crédits de paiement ainsi répartis :
« Titre V
: "Equipement"
17 689 903 000 F
« Titre VI
: "Subventions d'investissement accordées par l'Etat"
861 500 000 F
« Total
18 551 403 000 F.
»
Mais je suis saisi d'un amendement n° B-45, qui est ainsi rédigé :
« I. - Dans le I de cet article, majorer les autorisations de programme du
titre V "Equipement" de 2 000 000 F.
« II. - Dans le II de cet article, majorer les crédits de paiement du titre V
"Equipement" de 2 000 000 F. »
Article 81
quater
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 81
quater
dans cette rédaction
:
« Art. 81
quater.
- I. - Au début du huitième alinéa de l'article L.
2531-13 du code général des collectivités territoriales, les mots : "En
1996" sont supprimés.
« II. - La perte de recettes en résultant pour les collectivités locales est
compensée par le relèvement à due concurrence de la dotation globale de
fonctionnement.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée par le relèvement à
due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
Mais je suis saisi d'un amendement n° B-47, qui tend à supprimer cet
article.
Article 33
(coordination)
M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 33 dans cette rédaction :
« Art. 33. - I. - Pour 1997, les ressources affectées au budget, évaluées dans
l'état A annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre
général qui en résulte, sont fixés aux montants suivants :
(En millions de francs.)
RESSOURCES |
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
DÉPENSES
des charges |
SOLDES |
|||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||||||||
Budget général |
||||||||||||
Montants bruts | 1 545 729 | 1 515 946 | ||||||||||
A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts | 249 360 |
249 360
|
||||||||||
Montants nets du budget général | 1 296 369 | 1 266 586 | 71 608 | 243 342 | 1 581 536 | |||||||
Comptes d'affectation spéciale | 56 769 | 17 749 | 35 554 | » |
53 303 |
|||||||
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale | 1 353 138 | 1 284 335 | 107 162 | 243 342 |
1 634 839
Budgets annexes |
|||||||
Aviation civile | 7 997 | 5 913 | 2 084 | . | 7 997 | |||||||
Journaux officiels | 906 | 840 | 66 | . | 906 | |||||||
Légion d'honneur | 120 | 103 | 17 | . | 120 | |||||||
Ordre de la Libération | 4 | 4 | » | . | 4 | |||||||
Monnaies et médailles | 864 | 815 | 49 | . | 864 | |||||||
Prestations sociales agricoles | 91 376 | 91 376 | » | . | 91 376 | |||||||
Soldes des opérations définitives (A) | . | . | . | . | . | - 281 701 | ||||||
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||||||||
Comptes d'affectation spéciale | 91 | . | . | . | 57 | |||||||
Comptes de prêts | 3 111 | . | . | . | 3 982 | |||||||
Comptes d'avances | 354 204 | . | . | . | 356 327 | . | ||||||
Comptes de commerce (solde) | . | . | . | . | - 33 | |||||||
Comptes d'opérations monétaires (solde) | . | . | . | . | - 200 | |||||||
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | . | . | . | . | 40 | |||||||
Solde des opérations temporaires (B) | . | . | . | . | . | - 2 767 Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | - 284 468 |
« II à IV. -
Non modifiés. »
Mais, je suis saisi d'un amendement n° B-46, qui est ainsi rédigé :
« Le I de l'article 33 est remplacé par les dispositions suivantes :
« I. - Pour 1997, les ressources affectées au budget, évaluées dans l'état A
annexé à la présente loi, les plafonds des charges et l'équilibre général qui
en résulte, sont fixés aux montant suivants :
(En millions de francs.)
RESSOURCES |
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
DÉPENSES
des charges |
SOLDES |
|
---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||
Budget général |
||||||
Montants bruts | 1 545 729 | 1 516 077 | ||||
A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts | 249 360 |
249 360
|
||||
Montants nets du budget général | 1 296 369 | 1 266 717 | 71 937 | 243 344 | 1 581 998 | |
Comptes d'affectation spéciale | 56 769 | 17 799 | 35 504 | » |
53 303 |
|
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale | 1 353 138 | 1 284 516 | 107 441 | 243 344 |
1 635 301
|
|
Budgets annexes |
||||||
Aviation civile | 7 997 | 5 913 | 2 084 | . | 7 997 | |
Journaux officiels | 906 | 840 | 66 | . | 906 | |
Légion d'honneur | 120 | 103 | 17 | . | 120 | |
Ordre de la Libération | 4 | 4 | » | . | 4 | |
Monnaies et médailles | 864 | 815 | 49 | . | 864 | |
Prestations sociales agricoles | 91 376 | 91 376 | » | . | 91 376 | |
Soldes des opérations définitives (A) | . | . | . | . | . | - 282 163 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||
Comptes d'affectation spéciale | 91 | . | . | . | 57 | |
Comptes de prêts | 3 111 | . | . | . | 3 982 | |
Comptes d'avances | 354 204 | . | . | . | 356 327 | . |
Comptes de commerce (solde) | . | . | . | . | - 33 | |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | . | . | . | . | - 200 | |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | . | . | . | . | 40 | |
Solde des opérations temporaires (B) | . | . | . | . | . | - 2 767 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | - 284 930 |
Le Gouvernement s'étant exprimé, quel est l'avis de la commission sur
l'ensemble de ces amendements ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission y est favorable.
M. le président.
Y a-t-il un orateur contre l'un de ces amendements ?...
Nous avons achevé l'examen des articles soumis à la seconde délibération.
Je vous rappelle que, en application de l'article 44, dernier alinéa de la
Constitution et de l'article 42, alinéa 7, du règlement, le Gouvernement
demande au Sénat de se prononcer par un seul vote sur les articles 35 et état
B, 36 et état C, 38, 81
quater
et, pour coordination, sur l'article
d'équilibre 33 dans la rédaction de la première délibération modifiée par les
amendements n°s B-1 à B-47, à l'exclusion de tout autre amendement.
M. Lucien Neuwirth.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Neuwirth.
M. Lucien Neuwirth.
Après l'épreuve que vient de traverser M. le ministre, je tiens à lui faire
part de ma satisfaction de voir pris en compte l'amendement qui avait été voté
par le Sénat et qui tendait à transférer 2,5 millions de francs pour la prise
en charge de la douleur. Dans tout le pays, un immense espoir était né après
que le Sénat eut prélevé 5 millions de francs sur sa réserve parlementaire.
Le Gouvernement fait à son tour un effort. Il ne nous reste plus qu'à attendre
la mise en place de quelques postes hospitaliers qui sont déjà financés. Je
remercie donc le Gouvernement d'avoir accepté de répondre aux souhaits du Sénat
unanime.
M. Claude Huriet.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet.
La rapide présentation des amendements et les explications que vous nous avez
fournies, monsieur le ministre, quant à cet abondement de 71,6 millions de
francs des crédits destinés aux professions médicales et paramédicales me
satisfont.
Certes, dans le climat actuel de tensions, de conflits, d'incompréhensions qui
opposent les professions de santé et le Gouvernement, cet effort significatif
du Gouvernement ne sera peut-être pas suffisant. Je souhaite tout au moins
qu'il inverse la tendance de ces derniers jours et qu'il permette de détendre
les relations entre partenaires.
Si cette mesure positive pouvait être assortie de dispositions concernant les
modalités de reversement des honoraires excluant les sanctions collectives, si
des aménagements pouvaient être apportés sur ce point, la désescalade pourrait
alors intervenir, me semble-t-il. C'est le voeu que forment nombre d'entre
nous, qui, au-delà de tout corporatisme, souhaitent que la réforme engagée
courageusement par le Gouvernement puisse aboutir, ce qui exige, chacun en est
bien conscient, que des relations normales soient rétablies entre le
Gouvernement et les professions de santé.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d'y avoir contribué par cette
mesure.
M. Emmanuel Hamel.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel.
Je suis désolé, mes chers collègues, de devoir vous l'apprendre, mais, en tant
que rapporteur pour avis du projet de budget du ministère du travail, je
manquerais à mon devoir si je n'exprimais pas mes regrets sur le fait que le
Gouvernement, pour financer son article d'équilibre, n'ait pas trouvé d'autres
solutions que de prélever 21 millions de francs sur les crédits du ministère du
travail, notamment sur le chapitre 44-74, qui concerne le fonds national pour
l'emploi.
N'aurait-il pas été possible de trouver ailleurs des ressources pour financer
la mise en oeuvre des décisions qui font la satisfaction légitime de mes
collègues ? L'emploi, c'est l'emploi, monsieur le ministre !
M. Alain Richard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Richard.
M. Alain Richard.
Je serai bref. Compte tenu des nombreux amendement soumis à notre vote qui
comportent des avancées ou des satisfactions - partielles, certes - par rapport
à des revendications qui ont souvent été défendues sur toutes les travées, nous
voterons cette série d'amendements, en réservant bien entendu notre position
sur l'ensemble du projet de loi de finances.
M. Alain Lambert,
rapporteur général,
et
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Très bien !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?
Je mets aux voix, par un seul vote, les articles 35 et état B, 36 et état C,
38, 81
quater
et, pour coordination, l'article 33, dans la rédaction de
la première délibération, modifiée par les amendements n°s B-1 à B-47 du
Gouvernement.
(Ces articles sont adoptés.)
M. le président.
Mes chers collègues, ainsi que la conférence des présidents l'a décidé, nous
allons interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures
trente.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures cinq, est reprise à vingt et une
heures trente-cinq.)
M. le président.
La séance est reprise.
Après le réaménagement des rythmes du travail parlementaire consécutif à
l'institution de la session unique, il était nécessaire de rénover le débat
budgétaire pour le rendre plus attractif.
Il s'agissait non pas, contrairement à ce que certains ont cru, de réduire le
contrôle parlementaire, mais de le rendre plus efficace parce que mieux
organisé.
S'agissant du rythme de nos travaux, l'objectif était d'éviter de siéger le
week-end et d'éviter la multiplication des séances de nuit tardives.
Cet objectif a pu être atteint grâce, notamment, à l'organisation de trois
débats avant l'ouverture de la discussion budgétaire, sur l'agriculture, la
défense et les affaires étrangères ; 51 orateurs se sont exprimés au cours de
ces trois débats, qui ont duré, au total, quinze heures.
D'autres débats seront programmés. Ainsi, le contrôle budgétaire ne sera pas
cantonné à trois semaines par an, mais pourra s'exprimer tout au long de la
session unique. Cela permettra, en outre, de rendre à la discussion budgétaire
sa vocation première d'examen approfondi des crédits.
Au regard de ces objectifs, le bilan de cette discussion budgétaire apparaît
globalement positif.
Comme l'avait fixé la conférence des présidents, nous n'avons siégé qu'un seul
samedi sur les six jours de week-end compris dans la période de discussion
budgétaire : ainsi, le budget a été examiné au cours de quinze jours de séance,
au lieu de dix-huit en moyenne au cours des dernières années ; les séances de
nuit tardives - à trois ou quatre heures du matin - si fréquentes dans le passé
ont disparu ; les séances du soir se sont terminées, comme prévu, à zéro heure
trente, à cinq exceptions près, et pour des dépassements limités.
Cela a été permis par une meilleure utilisation du temps disponible, notamment
en évitant les doubles emplois entre l'écrit et l'oral et entre les divers
intervenants : c'est ainsi qu'il a été considéré que les fascicules budgétaires
ne devaient plus faire l'objet d'une présentation orale détaillée comme par le
passé et que les interventions, tant des rapporteurs que des ministres,
devaient porter principalement sur des observations nourrissant un dialogue
entre rapporteurs et orateurs, d'une part, et Gouvernement, d'autre part.
Cette nouvelle orientation, tout en instaurant un dialogue plus intéressant, a
permis une réduction des temps de parole qui, dans l'ensemble, a été comprise
et respectée.
Les rapporteurs spéciaux et les rapporteurs pour avis, en dépit quelquefois de
la difficulté de leur tâche, ont respecté les temps de parole qui leur avaient
été impartis.
Les orateurs des groupes ont été très disciplinés.
Certains ministres n'ont pas totalement assimilé la nouvelle « règle du jeu »,
mais, dans l'ensemble, ils ont bien voulu, comme M. le Premier ministre l'avait
décidé, s'y prêter.
La meilleure utilisation du temps qui a résulté de ce réaménagement de la
discussion des fascicules budgétaires a rendu les interventions orales plus
incisives et plus intéressantes.
Au total, le bilan de cette réforme est globalement positif.
Pour terminer, je voudrais remercier M. le Premier ministre, qui a accepté que
trois débats prébudgétaires soient organisés et que les ministres interviennent
après les rapporteurs et les orateurs.
Je remercie également M. le ministre des relations avec le Parlement, qui a eu
la responsabilité d'organiser et de discipliner les interventions des
ministres, ainsi que d'organiser, avec la conférence des présidents, les
débats.
Je remercie aussi la commission des finances, tout particulièrement son
président et son rapporteur général, qui a eu la responsabilité de la mise en
oeuvre des principes définis à travers un calendrier de discussion.
Je remercie, enfin, MM. les vice-présidents, qui ont été exemplaires. Avec
fermeté et courtoisie, ils ont tenu les débats, en faisant respecter les temps
de parole. Ils ont su imprimer aux débats un rythme soutenu, qui a été apprécié
de tous.
Merci à tous ! Vous avez vraiment été formidables. Grâce à vous, nous sommes
dans les temps et nous terminerons de bonne heure ce soir.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Vote sur l'ensemble
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le président, monsieur le ministre de
l'économie et des finances, monsieur le ministre délégué au budget, mes chers
collègues, je ne serai pas long, je sais que je serai jugé sur la longueur de
mon propos. Il revient aux présidents de groupes d'exprimer leur jugement sur
la politique que sous-tend ce budget.
Je voudrais simplement dire que le président de la commission des finances, M.
Christian Poncelet, exprimera dans un instant notre gratitude, la sienne et la
mienne, à tous ceux qui ont permis que nos travaux soient conduits dans de
bonnes conditions.
Qu'il me soit permis néanmoins de le remercier à titre personnel tant il m'a
aidé : il m'a apporté son soutien, son encouragement ; il a permis que la
commission délibère dans les meilleures conditions.
Mes chers collègues, je me limiterai donc à mon propos, et je vous remercie,
par avance, de votre bienveillance.
Nous avons examiné environ cinq cents amendements ; nous en avons adopté
trente-neuf en première partie et trente-sept en deuxième partie, ce qui n'est
pas mince ! La priorité que j'ai en permanence retrouvée dans vos
préoccupations est l'emploi. En effet, l'emploi s'est retrouvé au coeur de
toutes les préoccupations que vous avez exprimées.
Cette préoccupation, nous l'avons retrouvée, monsieur le ministre délégué au
budget, dans la nécessité de revoir la taxe sur les salaires. Nous l'avons
également retrouvée dans la nécessaire adaptation de la taxe professionnelle.
Nous l'avons aussi retrouvée dans le soutien à l'innovation créatrice des
Français, avec les FCPI dont nous avons parlé aujourd'hui. Nous l'avons
retrouvée également dans le soutien à l'esprit d'entreprise, à la récompense du
risque des Français qui est la garantie du développement économique de notre
pays. Cette priorité, nous l'avons encore retrouvée dans le soutien à
l'industrie cinématographique avec les SOFICA, dans le soutien au logement avec
la déduction forfaitaire, avec des propositions que le Gouvernement pourra
apprécier s'agissant des plans d'épargne-logement, mais aussi avec la poursuite
du prêt à taux zéro pour l'ancien, dans le soutien à l'agriculture avec
l'extension de la déduction pour investissement et dans le soutien à la presse
avec la réforme de l'article 39
bis,
qui, je crois, a apporté une
satisfaction aux entreprises de presse.
Avant de conclure, je dirai qu'une idée ne m'a jamais quitté durant toute
cette discussion : je ne crois pas que la solution soit exclusivement dans les
idées que nous avons en matière de législation, qu'il s'agisse du domaine
juridique ou fiscal. Le trésor d'initiatives ne se trouve peut-être pas à la
direction qui est placée sous votre autorité, monsieur le ministre de
l'économie et des finances.
M. Gérard Delfau.
Effectivement !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le trésor est dans les mains des Français.
M. Gérard Delfau.
Oui !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mes chers collègues, faisons en sorte, avec humilité,
de ne pas dresser, devant les Français, devant l'initiative et l'envie
d'entreprendre qui est la leur, des barrières qui les découragent. C'est la
raison pour laquelle nous n'avons pas besoin de plus de lois ni de plus de
crédits. Nous avons à simplifier la vie de nos concitoyens.
(M. Faure applaudit.)
Il ne faut pas que les Français qui veulent
entreprendre soient découragés par ce labyrinthe juridique et fiscal qui les
empêche de progresser.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR,
et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
Mes chers amis, en ouvrant la discussion, j'ai proposé l'audace. Je pense
qu'il faut continuer à proposer l'audace. Il faut offrir aux Français la
volonté, ils nous rendront l'espérance !
(Vifs applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le président, messieurs
les ministres, mes chers collègues, parlant sous votre témoignage, je dirai
que, pour la première fois depuis bien longtemps, le Sénat va se prononcer sur
le projet de loi de finances initiale à une heure raisonnable de la soirée et
non plus à une heure tardive de la nuit ou à une heure avancée du petit
matin.
(Marques d'approbation sur des nombreux travées.)
Pour ne pas contrarier ou anéantir cette conséquence bénéfique de
l'expérience de rénovation de la discussion budgétaire que nous avons tentée
cette année, je suis donc contraint de m'astreindre à un effort de brièveté et
de concision
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des
Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE)
dans les quelques observations qu'il m'apparaît
indispensable de formuler à l'issue de ce marathon budgétaire.
Ces observations porteront, d'une part, sur les résultats de nos travaux et,
d'autre part, sur la nouvelle physionomie de la discussion budgétaire.
Sur le fond, tout d'abord, je ne peux qu'être laconique, car tout a été dit,
et excellemment dit, par notre rapporteur général, Alain Lambert.
Qu'il me permette cependant, même si je vais heurter - et je sais que je vais
le faire - sa modestie, de lui dire et de vous dire combien, pour ma part, j'ai
apprécié, tout au long de nos débats, sa grande compétence, sa force de
conviction et sa courtoisie de tous les instants. C'est cela, mes chers
collègues, le Sénat !
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Sans recommencer nos débats, je dirai que le Sénat a apporté à ce budget
courageux, transparent et sincère un certain nombre d'améliorations.
Sans rappeler tous les apports du Sénat, je me bornerai à souligner les
mesures en faveur du logement et en faveur des collectivités locales, avec,
notamment, l'éligibilité des groupements de communes au fonds de compensation
de la TVA, si souvent réclamé ici même au Sénat.
Je rappellerai également que nous avons obtenu des abondements de crédits pour
certains secteurs sur lesquels s'était plus particulièrement porté
l'indispensable effort de maîtrise de la dépense publique.
Je pense à l'aménagement du territoire, au patrimoine monumental et au fonds
d'aide à la presse.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE. -
Protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen.)
Enfin, cette discussion budgétaire a été riche de débats intéressants et
politiques - au vrai sens du terme - sur certains thèmes, notamment avec les
aménagements susceptibles d'être apportés à la taxe professionnelle, sujet
auquel le Sénat, messieurs les ministres, est de plus en plus sensible.
M. Jean Chérioux.
Très bien !
M. René Régnault.
C'est exact !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
En définitive, les modifications
et les adjonctions introduites par le Sénat sont loin d'être négligeables et le
bilan de notre discussion est globalement positif au regard de l'étroitesse des
marges de manoeuvre budgétaires du Gouvernement.
(Nouvelles protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
M. Gérard Miquel.
C'est nul !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Ce résultat, nous le devons, en
grande partie, à l'étroite concertation qui a présidé à nos rapport avec le
Gouvernement.
A cet égard, permettez-moi, monsieur le ministre de l'économie et des
finances, et vous, monsieur le ministre délégué au budget, de vous remercier
sincèrement et chaleureusement tous les deux de votre compétence éprouvée, mais
aussi votre courtoisie et de votre sens du dialogue.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Je voudrais maintenant, mes chers collègues, jeter un rapide regard sur
les inflexions que nous avons apportées ensemble au rythme de la discussion
budgétaire, avec la complicité et le soutien du président de notre
assemblée.
Comme vous le savez, l'essentiel de l'entreprise de rénovation de la
discussion budgétaire a consisté à recentrer la discussion des fascicules sur
l'examen des crédits, en organisant en amont - et bientôt en aval - de cette
discussion des débats qualifiés par nous-mêmes de thématiques.
M. René-Pierre Signé.
Cela ne veut rien dire !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Sans vouloir dresser dès ce soir
un bilan définitif de cette expérience - expérience qui, par nature, est
perfectible - je considère que cette rénovation comporte de nombreux aspects
positifs. A vous, mes chers collègues, d'en juger !
C'est ainsi que le rythme de nos travaux, pourtant enserrés dans le carcan des
vingt jours qui nous sont alloués pour examiner le budget, a été, si j'ose
dire, plus humain. La discussion a ainsi été plus humaine, c'est l'évidence.
Nous avons pu, à la fin des deux premières semaines de la discussion
budgétaire, disposer de deux jours pour nous acquitter des obligations liées à
l'exercice, sur le terrain, de nos mandats locaux.
Par ailleurs, nous avons évité, dans la mesure du possible, de siéger la nuit
au-delà d'un horaire raisonnable.
(Protestations sur les travées socialistes et sur celles de groupe communiste
républicain et citoyen.)
Mme Hélène Luc.
Ce n'est pas ce qui fait un bon budget !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Qui n'a jamais protesté ici
contre ces séances de nuit prolongées ?
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Moi !
M. René-Pierre Signé.
Et aujourd'hui ?
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Enfin, je considère, pour ma
part, que nous avons rompu avec le caractère litanique, liturgique et, en
définitive, léthargique de la discussion des fascicules budgétaires.
M. Jean Chérioux.
Bravo !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Cet examen a été plus nerveux,
plus incisif et, en définitive, plus vivant.
A cet égard, je voudrais remercier les rapporteurs spéciaux de la commission
des finances et les rapporteurs pour avis des autres commissions techniques,
qui se sont prêtés de bonne grâce aux contraintes de ce nouvel excercice.
Je voudrais également remercier tous les présidents de séance, qui ont fait
respecter, avec une courtoise fermeté ou une ferme courtoisie, selon leurs
tempéraments, les nouvelles règles du jeu. Ils ont ainsi permis à nos débats de
s'inscrire harmonieusement dans le calendrier arrêté par la conférence des
présidents.
M. Jean-Louis Carrère.
C'est la soirée des violons !
(Sourires sur les travées
socialistes.)
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Les rares dépassements des temps
de parole sont parfois venus des ministres que l'on qualifie de ministres
dépensiers dans le jargon budgétaire
(Exclamations sur les travées
socialistes),
alors même que ce vocable perd de sa signification en ces
temps de rigueur budgétaire...
Dans leurs interventions, qui se situaient, pour la première fois, en fin de
parcours, si vous me permettez cette expression,...
M. René-Pierre Signé.
Oui, ils sont en fin de parcours !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... certains d'entre eux ont
cependant parfois fait précéder leurs réponses aux intervenants d'une nouvelle
présentation de leurs crédits, présentation qui avait été déjà faite par les
différents rapporteurs.
M. Claude Estier.
Peut mieux faire !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
A cet égard, monsieur le
ministre des relations avec le Parlement, certains efforts de pédagogie
s'avèrent peut-être nécessaires pour parvenir, dans tous les cas, à un bon
usage du nouveau rythme de nos travaux.
(M. le ministre des relations avec
le Parlement sourit.)
Je saisis cette occasion pour vous remercier, monsieur le ministre des
relations avec le Parlement : avec votre chaleur humaine, votre bonhomie et
votre sens du dialogue
(Applaudissements sur les travées du RPR, des
Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE),
vous avez su, en certaines circonstances, mettre de
l'huile dans les rouages.
M. René-Pierre Signé.
A la mairie de Paris !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Par ailleurs, je suis certain -
et des statistiques le prouveront bientôt - que la diffusion du travail
budgétaire tout au long de la session unique, loin de brimer l'opposition, va,
au contraire, lui ouvrir de nouveaux espaces d'expression.
(Protestations
sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et
citoyen.)
M. Ivan Renar.
Il faut le faire, quand même !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Au terme de cette intervention,
je voudrais, messieurs les ministres, adresser mes remerciements les plus
sincères à vos collaborateurs ainsi qu'aux fonctionnaires du Sénat.
Vous me permettrez d'avoir une pensée particulière pour le personnel de la
commission des finances, tous cadres confondus, qui travaille sans relâche avec
une compétence, un dévouement et une conscience professionnelle à toute épreuve
que vous-même avez su, je l'espère, apprécier.
(Applaudissements sur toutes
les travées.)
Je remercie également la presse, qui a rendu compte de nos travaux et permis
de faire connaître les réflexions, les propositions et les apports de la Haute
Assemblée.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. Jean-Louis Carrère.
Ah oui : les 30 % !
M. André Rouvière.
Il faut remercier l'opposition, aussi !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Au moment même où certains
voudraient...
M. Gérard Roujas.
Ils voudraient, oui !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... nous cantonner, au nom d'une
lecture fallacieuse de nos institutions, dans un rôle de muet du sérail, le
Sénat a montré, une fois de plus,...
M. René-Pierre Signé.
Que vous êtes incapables de gouverner !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... qu'il constituait une
instance de réflexion et une force de proposition au service de notre pays.
(Applaudissements prolongés sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
M. Ivan Renar.
Ce n'est pas le muet du sérail, c'est une nuit à l'Opéra !
M. le président.
Avant de procéder au vote sur l'ensemble, je vais donner la parole à ceux de
nos collègues qui l'ont demandée pour expliquer leur vote.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation des débats décidée le 5
novembre 1996 par la conférence des présidents, chacun des groupes dispose de
quinze minutes pour ces explications de vote, à l'exclusion de la réunion
administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe, qui
dispose de cinq minutes.
La parole est à M. Blin.
(Applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. Maurice Blin.
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, le groupe
de l'Union centriste votera sans réserve ni hésitation ce projet de budget
(Rires sur les travées socialistes),
pour deux raisons simples.
Tout d'abord, parce qu'il constitue une étape marquante dans l'assainissement
de nos finances publiques.
(Ah ! sur les travées socialistes.)
M. René-Pierre Signé.
Et l'hélicoptère ?
M. Maurice Blin.
Ensuite, parce qu'il rejoint la politique comparable engagée par l'ensemble
des voisins de notre pays, soucieux d'entrer à l'heure dite dans une Union
européenne économique et monétaire respectable et enfin respectée.
Ce projet de budget représente un effort de redressement sans précédent
(Rires sur les travées socialistes),
mené dans une conjoncture
extrêmement difficile.
Le mérite en revient au Gouvernement, auquel le courage ne manque pas et à qui
nous renouvelons notre plein et entier appui.
(Applaudissements sur les
travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi
que sur certaines travées du RDSE.)
Comme l'avait souhaité notamment mon groupe parlementaire, le Parlement a pu
être consulté dans le cadre de la préparation de ce budget, au printemps
dernier, lors d'un débat dense et riche d'enseignements.
Je me félicite, à cet égard, que la plupart de nos propositions aient pu être
retenues : la maîtrise des dépenses publiques, la réduction des déficits, mais
surtout la simplification et l'allégement de l'impôt sur le revenu.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Et de l'impôt sur la fortune !
M. Maurice Blin.
Je me bornerai donc à deux observations.
Le Gouvernement accomplit un important effort de réduction des dépenses de
fonctionnement. Il s'agit là d'une action courageuse et salutaire.
Le coût de gestion des administrations publiques est excessif dans notre
pays.
M. René-Pierre Signé.
A cause des hélicoptères !
M. Maurice Blin.
Néanmoins, malgré une baisse des effectifs de la fonction publique, les
dépenses de fonctionnement continuent d'augmenter d'environ 2,5 % dans le
projet de budget pour 1997, alors que les dépenses d'équipement connaissent,
hélas ! une nouvelle baisse de 8 %. L'ombre qui pèse sur l'investissement, tant
public que privé, d'ailleurs, et qui est la clé de l'avenir, n'est donc pas
dissipée.
La réduction du train de vie de l'Etat devrait être poursuivie et accentuée
l'an prochain et surtout, si possible, mieux répartie.
M. René-Pierre Signé.
Ce n'est pas brillant !
M. Maurice Blin.
En second lieu, le désengagement de l'Etat dans le domaine de l'investissement
fait peser sur les collectivités locales des charges croissantes, et ce dans le
temps même où prolifèrent des réglementations d'origine nationale ou
européenne.
C'est ainsi qu'apparaissent de nouvelles charges sans compensation financière,
qui concernent notamment l'environnement, les transports, la sécurité. Il
conviendrait de réfléchir à leur prise en compte dans le pacte de stabilité
financière, qui, nous nous en félicitons cependant, est respecté en 1997.
M. Raymond Courrière.
Il n'est pas difficile !
M. Maurice Blin.
La discussion de ce projet de budget, temps fort de cette session, s'achève.
Je souhaite, à cette occasion et à mon tour, rendre hommage à M. le rapporteur
général, à M. le président de la commission des finances, à M. le ministre de
l'économie et des finances, à M. le ministre délégué au budget pour la qualité
du travail des uns et pour la qualité et la capacité d'écoute des autres.
M. Jean-Louis Carrère.
C'est la brosse à reluire !
M. Jacques Mahéas.
C'est Noël !
M. Maurice Blin.
Ce budget, je le répète, est une étape décisive sur la voie qui conduit à
l'avènement de l'union économique et monétaire de l'Europe. Cette entreprise
ambitieuse, et même proprement révolutionnaire, puisque sans précédent dans
l'histoire
(Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen
ainsi que sur les travées socialistes),
nous en mesurons les difficultés,
mais nous savons la volonté qu'à le Gouvernement de les surmonter. Quoi qu'il
advienne, quelles que soient les embûches qui peuvent se dresser sur son
chemin, qu'il soit assuré de notre soutien.
Nous souhaitons aussi - mais en est-il besoin ? - que la majorité sénatoriale
lui manifeste l'estime et la confiance qu'il mérite, mais nous savons qu'ils ne
lui manqueront pas.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher.
(Applaudissements sur les travées du RPR
et des Républicains et Indépendants.)
M. Gérard Larcher.
Monsieur le président, monsieur le ministre de l'économie et des finances,
monsieur le ministre délégué au budget, monsieur le ministre des relations avec
le Parlement,...
M. Jean-Louis Carrère.
Lui aussi va nous jouer du violon !
(Sourires sur les travées
socialistes.)
M. Gérard Larcher.
... mes chers collègues, par un soutien actif à la politique menée sous
l'impulsion du Président de la République, nous approuvons les priorités que le
Gouvernement s'est fixées et qui trouvent leur illustration dans le budget sur
lequel notre Haute Assemblée va avoir à se prononcer tout à l'heure.
Ainsi, ce budget tend à rendre à la France ses marges de manoeuvre
indispensables pour affronter dans de meilleures conditions la réalité de la
mondialisation des échanges économiques, ces mêmes marges de manoeuvre qui nous
ont tant fait défaut à cause de la multiplication des déficits et de la course
folle à l'endettement constatées il y a quelques années.
(Applaudissements
sur les travées du RPR. - Protestations sur les travées socialistes.)
M. André Rouvière.
Il faut préciser : c'est Balladur !
M. Gérard Larcher.
Doit-on rappeler que les années 1992 et 1993 furent marquées par la seule
véritable récession économique connue par notre pays depuis la fin de la
Seconde Guerre mondiale, avec un produit intérieur brut en baisse de 1 % ?
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste. - Protestations sur les travées socialistes.)
Comme M. Josselin de Rohan a déjà eu l'occasion de le dire lors de la
discussion générale, le budget pour 1997 nous apparaît comme un budget sérieux,
sincère et rigoureux. Il témoigne de la volonté du Gouvernement et, avec lui,
j'en suis certain, de la majorité sénatoriale de s'engager résolument sur trois
voies.
La première, c'est la réduction des déficits publics. C'est une constatation
depuis trois ans - nous ne pouvons que nous en féliciter - 1997 sera une
nouvelle année de baisse du déficit budgétaire.
(Exclamations sur les
travées socialistes.)
Dans quelques jours, le Sénat examinera le projet de loi de finances
rectificative pour 1996. Que constatons-nous ? C'est un projet de confirmation
de la loi de finances initiale : le respect du cheminement de la réduction du
déficit de l'Etat est associé, pour 1996, à un solde budgétaire maintenu à 288
milliards de francs, soit 3,65 % du PIB. Il était important, voire essentiel,
pour affirmer encore la volonté de la France d'assainir ses finances, que cette
politique soit confirmée en tous points. C'est le cas, il faut s'en féliciter
et il faut le dire.
En 1995, je le rappelle, l'objectif était de contenir le déficit à 5 % du PIB
; pour 1997, l'objectif est de passer sous la barre des 3 %.
La deuxième voie sur laquelle le Gouvernement développe son action est la
baisse des prélèvements obligatoires. La réduction simultanée des déficits
publics et des prélèvements obligatoires est un acte politique majeur, sans
doute sans précédent dans son parallélisme et dans son importance.
Comme de nombreux membres de notre groupe, nous avons eu l'occasion de le dire
lors de la discussion des articles de la première partie, le choix de l'impôt
sur le revenu pour marquer la baisse des prélèvements nous semble le plus
juste.
(Exclamations sur les travées socialistes.)
Certains préconisent encore, dans des ébauches d'esquisses de brouillons de
projets de programme, une baisse de la TVA, preuve supplémentaire qu'ils
allient à des crises d'amnésie des déficiences en matière de calcul économique
!
Un point de TVA au taux normal représente 30 milliards de francs.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Augmentez-la !
M. Gérard Larcher.
La baisse des prélèvements proposée par le Gouvernement pour 1997 s'élève à 25
milliards de francs.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Ce ne sont pas les mêmes qui paient !
M. Gérard Larcher.
Si la TVA avait été choisie pour être la clé de voûte de la réforme fiscale,
sa baisse aurait été inférieure d'un point et n'aurait pas été perçue par les
consommateurs puisqu'elle aurait été engrangée pour l'essentiel par les
circuits de distribution.
Mais la surprise de ces esprits chagrins face au choix du Gouvernement pour la
réforme fiscale et leurs propositions de substitution touchant la TVA
s'expliquent aisément.
Qu'il suffise de se souvenir qu'en dix ans les gouvernements socialistes...
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Caillaux !
M. Gérard Larcher.
... ont augmenté de 10 % les prélèvements sur le travail et diminué de 40 % la
taxation sur les revenus financiers.
(Vives protestations sur les travées
socialistes.)
Hommage à l'argent qui dort !
(Applaudissements sur
quelques travées du RPR.)
Notre approche est différente. Nous voulons que la réforme de l'impôt sur le
revenu permette de laisser à ceux qui travaillent, qui entreprennent, la plus
grande part de ce qu'ils ont gagné au quotidien.
Pour ce qui est de l'impôt de solidarité sur la fortune...
(Ah ! sur les
travées socialistes..)
... Attendez, attendez ! Vous nous avez montré
l'exemple !
Pour ce qui est de l'ISF, dis-je, nous sommes sereins et tranquilles puisque
le Sénat, dans sa sagesse, n'a rien fait d'autre que de revenir au dispositif
résultant des lois votées par la majorité socialiste d'alors, sur l'initiative,
d'ailleurs, des gouvernements socialistes.
(Applaudissements sur les travées
du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Dites-le aux députés !
M. Gérard Larcher.
De plus, la Haute Assemblée ne s'est pas déjugée puisque l'année dernière -
veuillez me pardonner messieurs les ministres, de faire ce rappel - lors des
débats engagés sur cette question, elle avait mis en garde le Gouvernement sur
les risques qu'il y avait à déplafonner l'ISF, au regard tant de la surface
imposable que de l'emploi.
Les craintes du Sénat ont été confirmées par les faits. Le Sénat se devait
donc, collectivement, dans le cadre de sa majorité municipale,
(rires)
... - pardonnez-moi, mes chers collègues - sénatoriale. Soyez
indulgents, mes chers collègues !
M. Jean-Louis Carrère.
On n'est pas à Rambouillet !
M. Gérard Larcher.
A Rambouillet, il n'y a pas de problème !
Le Sénat se devait, dis-je, de conduire cette réflexion, et certains échos qui
nous viennent d'ailleurs nous paraissent quelque peu excessifs !
La réduction des prélèvements passe aussi par un effort consenti sur la baisse
des cotisations sociales sur les bas salaires. Ce dispositif représente plus de
50 milliards de francs et permettra de préserver puis de développer l'emploi en
faveur de ceux qui sont les plus menacés par l'antichambre de l'exclusion que
constitue le chômage.
La troisième voie empruntée par le Gouvernement est la maîtrise de la dépense
publique.
Pour la première fois depuis cinquante ans, il y aura, en 1997, une
stabilisation en francs courants de la dépense publique par rapport à l'année
précédente.
L'augmentation mécanique de la dépense publique n'est donc plus une
fatalité.
Un sénateur socialiste.
Et l'emploi ?
M. Gérard Larcher.
Le Gouvernement a stoppé ce mouvement croissant que l'on croyait inéluctable
en réalisant 60 milliards de francs d'économies.
M. René-Pierre Signé.
Et le chômage ?
M. Gérard Larcher.
Parce que le Gouvernement a, dans sa recherche d'économies, systématisé la
démarche consistant à dépenser mieux et non à dépenser plus, les marges de
manoeuvre dégagées ont permis de renforcer les moyens mis à la disposition des
fonctions régaliennes de l'Etat.
C'est d'ailleurs ce principe du « dépenser mieux » qui devra, demain,
s'appliquer à la gestion de nos entreprises publiques.
M. Jean-Louis Carrère.
Pour ce qui va en rester !
M. Gérard Larcher.
Après la réforme réussie de France Télécom, il va falloir, avec courage et
détermination, s'occuper des autres entreprises du secteur public dans les
délais les plus brefs.
(Thomson ! sur les travées socialistes.)
Lors de l'examen des différents fascicules budgétaires, le Sénat a pleinement
joué son rôle, vous l'avez rappelé, monsieur le président, monsieur le
rapporteur général.
S'agissant de la politique de l'emploi, préoccupation constante du Sénat, le
budget pour 1997 s'élève à 150 milliards de francs, dont 47 milliards de francs
pour le traitement économique du chômage et la réduction des charges sociales
sur les bas salaires.
M. Jean-Louis Carrère.
Dix minutes déjà !
M. Gérard Larcher.
Dans ce domaine aussi, le Gouvernement a privilégié la qualité de la dépense
publique sur la seule quantité. Ainsi, certains dispositifs d'aides publiques à
l'emploi, qui étaient trop coûteux, ont été modifiés afin d'en améliorer
l'efficacité.
Nous nous félicitons du bon accueil qui a été réservé par le Gouvernement, à
l'excellente proposition de notre collègue André Jourdain, puisqu'une réflexion
approfondie a été engagée. Cette proposition, qui autorise la déduction des
salaires correspondants aux emplois créés du montant des cotisations
d'assurance chômage, nous semble une voie intéressante d'activation des
dépenses passives du chômage.
Développer l'emploi, c'est aussi, mais pas uniquement, aménager le temps de
travail. Mais cette démarche, à laquelle le Sénat s'est associé dès la loi
quinquennale - j'en ai un souvenir très personnel, avec le président Fourcade -
doit se faire selon la réflexion développée ici par le ministre du travail et
des affaires sociales ; réflexion que nous partageons : la productivité ne doit
pas être affectée ; les salariés doivent y trouver des avantages ; l'emploi
doit progresser.
Tout doit donc se faire par le dialogue dans les branches et les entreprises,
mais surtout pas de façon obligatoire et uniforme par la loi.
Procéder de cette façon, comme cela fut proposé encore récemment par certains
esprits « oublieux », rend nécessaire un rappel.
Entre 1982 et 1984, la France a perdu 370 000 emplois, alors que la durée du
temps de travail était réduite uniformément d'une heure sans diminution de
salaire !
M. René-Pierre Signé.
Vous, c'est 170 000 par an !
M. Gérard Larcher.
La voie pragmatique du Gouvernement démontre qu'on peut avancer : en quatre
mois...
M. René-Pierre Signé.
Arrêtez de donner des leçons !
M. Gérard Larcher.
... ce sont près de quatre millions de salariés des principales branches
d'activité qui ont été couverts par un accord d'aménagement et de réduction du
temps de travail.
Le budget pour 1997 prolonge l'effort dans cette voie par la mise en place de
l'incitation à l'aménagement et à la réduction du temps de travail, avec 800
millions de francs de crédits. Cette démarche pragmatique du Gouvernement, qui
donne toute sa place à la négociation sociale,...
M. Jean-Louis Carrère.
Elle a permis de créer combien d'emplois ?
M. Gérard Larcher.
... me paraît plus sérieuse que la proposition socialiste de créer
autoritairement 700 000 emplois en deux ans,...
(Protestations sur les
travées socialistes.)
... répartis pour moitié dans le secteur public, Etat
et collectivités locales, et pour moitié dans les entreprises privées.
Le coût de cette proposition, à l'apparence généreuse, peut être estimé à 70
milliards de francs.
M. René-Pierre Signé.
Cela vous gêne !
M. Gérard Larcher.
Une telle application d'un dirigisme économique archaïque aurait pour
conséquence de donner un formidable coup de frein à la croissance et, très
rapidement, d'aggraver la situation de l'emploi.
(Exclamations sur les
travées socialistes. - Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR,
des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
D'ailleurs, même M. Jospin semble mesurer les risques ! N'a-t-il pas dit, au
forum social, à Saint-Denis : « Nous ne ferons pas tout, tout de suite » ?
Pourquoi donc, si cela est si bon pour la France ?
(Protestations sur les
travées socialistes.)
M. Jean-Louis Carrère.
Et le budget au Sénat, monsieur Larcher !
M. Gérard Larcher.
Au fil de notre discussion, le Sénat a pu être entendu sur un certain nombre
de points.
Ainsi, sur l'initiative de notre commission des finances et de notre collègue
Lucien Neuwirth, a été supprimé le dispositif, adopté par l'Assemblée
nationale, tendant à appliquer le régime fiscal des salaires aux indemnités
temporaires d'accident du travail, qui ne nous a pas paru opportun.
M. Jean-Pierre Fourcade,
président de la commission des affaires sociales.
Très bien !
M. Gérard Larcher.
La Haute Assemblée a toujours porté une attention particulière au monde rural,
tout comme à la politique de la ville.
M. William Chervy.
C'est faux !
M. Gérard Larcher.
Le Sénat a obtenu un accroissement assez substantiel des crédits destinés au
fonds de gestion de l'espace rural et des moyens nécessaires au fonctionnement
du fonds national de développement et d'aménagement du territoire.
L'année 1997 sera une année législative importante pour l'aménagement du
territoire : l'effort en faveur des zones urbaines défavorisées sera prolongé
pour le monde rural par un texte spécifique.
En matière culturelle aussi, nous nous félicitons de l'accroissement des
crédits...
M. William Chervy.
Vous croyez au père Noël !
M. Gérard Larcher.
... alloués à la restauration du patrimoine monumental, accroissement obtenu
par le Sénat sur l'initiative de notre collègue Maurice Schumann.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
Préparer l'avenir de la France, c'est aussi se donner les moyens d'une défense
nationale forte articulée autour des principes voulus par le Président de la
République : professionnalisation des armées et adaptation de notre défense. Le
budget y prépare.
M. René-Pierre Signé.
C'est terminé ! Le temps de parole est épuisé !
M. Gérard Larcher.
Tel qu'il ressort de nos travaux, de nos débats et des contributions
déterminantes de l'ensemble de nos rapporteurs, le budget pour 1997 est tourné
vers l'avenir et prépare la France à la reprise de l'activité économique
attendue pour l'an prochain.
M. Jean-Louis Carrère.
C'est long, trop long !
M. André Rouvière.
Et pas intéressant !
M. Gérard Larcher.
Ce projet de budget a également une spécificité puisqu'il est le premier à
avoir été examiné selon la nouvelle procédure. M. le président du Sénat, M. le
président de la commission des finances et M. le rapporteur général l'ont
évoqué.
M. René-Pierre Signé.
Abrégez !
M. Gérard Larcher.
Qu'ils soient remerciés pour la manière à la fois particulièrement attentive
et intelligente avec laquelle ils ont préparé ce budget et mené l'ensemble de
nos débats.
Nos débats ont, semble-t-il, été plus denses et plus fructueux.
(Exclamations sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
A cet égard, je remercie les ministres, en particulier M. le ministre de
l'économie et des finances, M. le ministre délégué au budget et M. le ministre
des relations avec le Parlement, qui connaît si bien cette assemblée.
(M.
Estier fait semblant de jouer du violon.)
Mes chers collègues, il me reste quarante-huit secondes !
(Exclamations
amusées sur les travées socialistes.)
M. William Chervy.
Pour dire des bêtises !
M. Gérard Larcher.
Pour la France et pour les Français, le groupe du Rassemblement pour la
République sera aux côtés du Gouvernement et votera ce budget, manifestant
ainsi sa confiance...
M. René-Pierre Signé.
On n'a plus confiance !
M. Gérard Larcher.
... et son soutien dans l'oeuvre de redressement et de réforme courageuse
engagée par le Gouvernement en totale cohérence avec les engagements de M. le
Président de la République.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des
Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. René Régnault.
Tout d'abord, pour abréger le suspens, je vous le dis d'emblée, ...
M. Alain Joyandet.
Oui ! Oui ! Oui ! Dites-le donc !
M. René Régnault.
... le groupe socialiste ne votera pas le budget pour 1997.
(Applaudissements sur les travées socialistes. - Protestations sur les travées
du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)
En effet, ce budget ne répond pas aux difficultés de notre pays.
M. René-Pierre Signé.
Et si c'était leur dernier budget ?
M. René Régnault.
Il poursuit et même amplifie une politique économique inadaptée et donc
injuste.
M. René-Pierre Signé.
C'est exact !
M. Philippe de Bourgoing.
C'était la vôtre !
M. René Régnault.
Or, et je le dis avec une certaine gravité, cette politique accroît, mes chers
collègues, la désespérance de nombre de nos concitoyens.
(Rires sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. René-Pierre Signé.
Hélas !
M. René Régnault.
N'en riez pas, vous savez que c'est exact !
Pourtant, messieurs les ministres, votre présentation de la copie était
habile, preuve que nous ne sommes pas sortis des budgets artificiels que vous
condamniez cependant il y a peu.
(Exclamations ironiques sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Dominique Braye.
Et c'est vous qui dites cela ?
M. René Régnault.
Ce vocable d'« artificiel » s'applique d'abord à la réforme fiscale. Une
nouvelle fois, un des grands chantiers chiraquiens se termine en modeste
musique conservatrice ordinaire !
On nous annonçait une grande réforme, nous avons une diminution modeste, d'un
seul impôt, concentrée sur les ménages aisés, en contradiction totale avec les
besoins de transformation de notre fiscalité.
Artificielles également sont les évaluations de recettes, avec une prévision
de croissance de 2,3 % et les réductions de dépenses qui, en effet, sont
souvent factices, parce qu'elles résultent de débudgétisations ou de
sous-évaluations ou bien parce qu'elles sont réalisées sur des postes en
croissance vertigineuse du fait des erreurs du Gouvernement lui-même, et je ne
pense ici qu'au CIE, par exemple.
Enfin et surtout, artificielle est la réduction du déficit public. Le déficit
budgétaire sera donc réduit seulement d'un peu plus de trois milliards de
francs, ...
M. Jean Chérioux.
Et après ? Votre budget, c'était combien ?
M. René Régnault.
... alors que la sécurité sociale sera en déficit de 30 milliards de francs au
moins. Le déficit frôlera, par conséquent, les 4 %. Il est conforme, en cela,
aux prévisions que nous avions faites lors du débat budgétaire du printemps.
M. Jacques Delong.
C'étaient des prévisions météorologiques !
M. René Régnault.
Mais, grâce à l'opération sur France Télécom et à la modification de la
comptabilisation des coupons courus, voilà 60 milliards de francs que l'on raye
sur le papier.
Puis, vous prédisez un équilibre sur le besoin de financement des
collectivités locales et un excédent pour les comptes des administrations
publiques, ce qui m'amène à deux remarques.
Premièrement, les collectivités locales sont bien gérées, quoi qu'en disent
certains et, deuxièmement, les excédents de l'UNEDIC doivent servir, non à la
réduction des déficits, mais à une meilleure indemnisation des chômeurs et à la
reconduction du dispositif préretraite contre emploi, ...
M. Henri Weber.
Très juste !
M. René Régnault.
... sans préjuger le résultat de la négociation en cours. Nous souhaitons que
les chômeurs puissent bénéficier d'un dispositif analogue.
Le respect du critère de 3 % de déficit est donc totalement artificiel.
D'ailleurs, la presse étrangère a retenu cette présentation. Nous sommes donc
toujours dans les budgets virtuels. Mais, l'année prochaine, il faudra bien,
cette fois, baisser réellement le déficit public de 1 % du PIB, soit plus de 80
milliards de francs à trouver.
M. André Rouvière.
Ce sera dur !
M. René Régnault.
Ces artifices, continuels depuis 1993, c'est l'héritage qu'ils préparent.
(Protestations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de
l'Union centriste.)
M. Jean Chérioux.
Ah ! l'héritage !
M. René Régnault.
Ces artifices, depuis 1993, n'ont en fait qu'un seul objectif : cacher l'échec
de votre gestion des finances publiques.
(Protestations renouvelées sur les mêmes travées.)
M. André Rouvière.
Leur héritage sera lourd !
M. René Régnault.
Depuis 1993, en dépit de la manne des privatisations - 140 milliards de francs
- en dépit des augmentations d'impôts sans précédent - 200 milliards de francs
- les déficits publics sont toujours très élevés. Et cette législature aura vu
une hausse de pratiquement 50 % du service de la dette du fait d'une croissance
de l'encours de la dette de plus de 1700 milliards de francs depuis votre
arrivée au pouvoir, ...
M. Jean Chérioux.
Grâce au déficit que vous avez créé avant !
M. René Régnault.
... soit une hausse de 81 %.
M. Henri Weber.
La dette, c'est vous, la droite !
M. René Régnault.
Ce n'est pas le déficit que nous avons créé, c'est la dette que vous avez
contractée ! Pour chaque Français, cela représente une augmentation de la dette
de trente mille francs.
Nous approchons d'ailleurs dangeureusement de la barre des 80 % puisque, dès
l'année prochaine, nous serons à 58 %.
A ceux d'entre vous qui voudraient nous resservir l'héritage, je propose une
comparaison des données 1992-1997 et un examen des chiffres de nos partenaires
économiques, qui démontrent irréfutablement que nos résultats sont de loin les
plus mauvais.
M. Jacques Delong.
On n'est pas obligé de partager votre analyse !
M. René Régnault.
Ce projet de loi de finances est également injuste. D'abord parce qu'il réduit
les moyens de nombreux services public. En supprimant des aides à l'emploi, en
réduisant les crédits sociaux ou encore ceux qui sont destinés aux
collectivités territoriales, le Gouvernement s'attaque à des dépenses de
solidarité et va aggraver les inégalités.
(Murmures sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
S'il faut maîtriser les dépenses, vos efforts aboutissent dans la réalité
à une contraction des crédits sociaux et des crédits utiles pour l'économie, la
cohésion sociale, l'emploi et l'avenir, tandis que d'autres crédits, comme les
aides aux entreprises ou encore aux exploitations agricoles les plus aisées,
poursuivent, quant à eux, leur inutile envolée.
Parallèlement, votre réforme fiscale aboutit à augmenter les prélèvements
proportionnels - la TVA, la CSG, la CRDS - et à réduire les prélèvements
progressifs, comme l'impôt sur le revenu, qui est déjà faible en France.
Vous concentrez votre réforme sur l'allégement de l'impôt sur le revenu alors
que cet impôt est déjà effectivement particulièrement faible dans notre pays,
par rappport à la situation qui prévaut chez nos partenaires et alors qu'il est
pratiquement le seul à réaliser, en dépit de ses imperfections, une
progressivité des prélèvements.
De plus, c'est avant tout l'allégement des tranches supérieures qui est
réalisé. En effet, la baisse des taux pour les revenus des années 1997 à 2000
est plus importante pour les tranches du barème élevées que pour les autres.
Quant aux non-imposables, soit 49 % des foyers, ils ne gagneront rien,
puisqu'ils ne paient pas d'impôt sur le revenu ! Ils subissent, en revanche,
toutes les autres mesures déjà prises pour les autres impôts.
En revanche, les multiples privilèges et exonérations qui dénaturent la
progressivité et font que des ménages très fortunés, qui ne paient pas ou si
peu d'impôt, ne sont pas touchés alors que les moins nantis subissent, comme
nous l'avons vu, la suppression des abattements professionnels. Curieuse
appréciation de la solidarité et de la progressivité, puisque votre réforme est
plus intéressante à mesure que l'on s'élève dans l'échelle des revenus !
La navette parlementaire n'a pas amélioré la justice fiscale, c'est le moins
que l'on puisse dire ! Nous avions déposé de nombreux amendements tendant à
obtenir une modification de la réforme fiscale de manière qu'elle aide les
ménages modestes, qu'elle contribue à la création d'emplois, par exemple en
réduisant l'imposition qui pèse sur les associations
(Exclamations sur les
travées des Républicains et Indépendants),
en abaissant le taux de TVA, en
allégeant la taxe d'habitation due par les ménages modestes et en redonnant
ainsi du pouvoir d'achat à ceux qui peuvent ou, mieux encore, qui ont besoin de
consommer.
M. Jacques Delong.
Il n'a rien compris !
M. René Régnault.
La réponse a toujours été négative, au motif que les impératifs budgétaires ne
le permettaient pas. Cependant, ces impératifs budgétaires n'existaient plus
lorsqu'il a fallu trouver 350 millions de francs en faveur des propriétaires
fonciers - je pense que vous avez compris, monsieur Delong
(rires sur les travées socialistes)
ou, à partir de 1999, les 400
millions de francs pour financer la seule déduction fiscale en faveur des
agriculteurs concernés par le plan de maîtrise des pollutions d'origine
agricole, c'est-à-dire les plus importants, ou encore les 100 millions de
francs pour les véhicules de société, ou enfin lorsqu'il a fallu trouver les
sommes nécessaires pour créer de nouvelles niches fiscales, de manière à
réduire le montant des impôts de plus de 50 000 francs, et parfois jusqu'à 200
000 francs. Non ! là, les impératifs budgétaires n'existaient plus !
De surcroît, je rappellerai que nos amendement étaient gagés par des
augmentations d'impôt équivalentes permettant de rétablir un certain équilibre
dans la contribution fiscale des différents agents économiques et de supprimer
certaines aides fiscales fort coûteuses et sans réel intérêt pour l'emploi ou
la croissance. Il y a manifestement et réellement deux approches de la
fiscalité, et je me félicite que ce débat qui nous a réunis pendant plusieurs
semaines ait permis de les mettre au jour, et ainsi d'éclairer nos
compatriotes.
Et, comme une cerise sur le gâteau, illustrant de la meilleure manière ce que
je viens de dire, est intervenue le plafonnement de l'impôt de solidarité sur
la fortune.
(Ah ! sur les travées des Républicainis et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Josselin de Rohan.
C'est une idée socialiste !
M. René Régnault.
C'est cela, monsieur de Rohan, ce sont les élus socialistes de l'Assemblée
nationale et du Sénat qui ont plafonné le montant de l'ISF pour les mille
familles les plus concernées !
(Rires sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen.)
Là, nous avons vu - et nous le voyons encore ce soir - le vrai visage de
la majorité...
M. Jean-Pierre Camoin.
Vous avez des trous de mémoire !
M. René Régnault.
... et aussi la vraie signification de votre politique fiscale, messieurs les
ministres.
(Applaudissements prolongés sur les travées socialistes. - Exclamations sur
les travées du RPR, des Républicains et Indépendant, et de l'Union centriste,
ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Josselin de Rohan.
L'ISF ? C'est vous qui l'avez créé !
M. Jean-Louis Carrère.
Cela les gêne !
M. René Régnault.
Eh oui, cela les gêne !
Sans un regard pour la réalité sociale de notre pays, vous avez osé défendre
les mille plus grosses fortunes de notre pays, allant même jusqu'à les
plaindre,...
M. Josselin de Rohan.
Mais c'est vous qui l'avez fait !
M. René Régnault.
... alors que, dans le même temps, vous refusiez aux moins favorisés des
allégements de leur taxe d'habitation ou encore de frais de scolarité, et je
pourrais poursuivre l'énumération.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Marcel Charmant.
Très bien !
M. René Régnault.
Artificiel, injuste, votre projet de budget est également inadapté.
Si je reprends les termes qu'a utilisés dans ce projet de budget M. le
ministre de l'économie et des finances, je lis « notre cadre macroéconomique
est sain » et, plus loin que « plusieurs signes de reprise apparaissent
clairement ».
En conséquence, le Gouvernement prévoit une accélération de la croissance en
1997, dont le taux atteindrait 2,3 %, et des créations d'emploi comprises entre
160 000 et 190 000. Nous voudrions y croire !
A lire cette présentation, on ne peut qu'admirer la méthode du Gouvernement -
la méthode Coué ! - ou se demander si vous parlez bien de la France !
M. René-Pierre Signé.
Mais non !
M. René Régnault.
En effet, un simple regard sur l'évolution de la croissance depuis début 1995
montre que notre pays est en situation quasi récessionniste depuis l'arrivée de
M. Chirac.
M. Gérard Miquel.
Bien sûr !
M. René Régnault.
Croissance trimestrielle moyenne depuis le deuxième trimestre 1995 : plus 0,1
point ! Difficile de ne pas lier cette évolution à la politique économique et
fiscale des gouvernements Balladur et Juppé, qui, en faisant subir aux ménages
un choc fiscal par deux fois en quatre ans, ont clairement cassé la croissance
en amputant le pouvoir d'achat des Français, notamment des plus modestes. Et le
cercle vicieux a été aggravé : une consommation faible entraîne l'atonie de la
production et des investissements des entreprises, ce qui implique une hausse
du chômage, une aggravation des déficits et une consommation faible !
Or les prévisions de croissance sont malheureusement loin d'être optimistes.
La moyenne des prévisions est de seulement 2 %, avec une augmentation du
chômage de 120 000 unités. Telle est la réalité.
M. Bernard Barbier.
Non !
M. René Régnault.
Et, dans ce contexte, ce projet de budget apparaît totalement en déphasage.
Plutôt que de réduire des dépenses inutiles et coûteuses, comme les vaines
aides aux entreprises qui augmentent encore de 25 %, le Gouvernement s'est
lancé dans une réduction comptable des dépenses, notamment sur les
investissements, qui se réduisent de 15 %, et sur des dépenses utiles ou à fort
potentiel d'emploi.
Plutôt que d'annuler ces chocs fiscaux, vous nous faites une réformette
fiscale concentrée sur les impositions des plus aisés. Une étude de l'OFCE
chiffre d'ailleurs à 49 000 la réduction du chômage obtenue par cette
réforme.
M. Jacques Delong.
Dépêchons !
M. René Régnault.
Seule une amélioration concrète de leur pouvoir d'achat pourrait inciter les
Français à consommer, ce qui nécessite une action sur les salaires et, au plan
fiscal, sur les prélèvements les plus lourdement ressentis et les plus
injustes, à savoir les impositions locales et la TVA.
Ce budget va donc aggraver les tendances récessionnistes de notre économie,
sans réellement réduire les déficits. Comme je l'avais dit en introduction, si
ce budget est historique, c'est en ce qu'il persévère dans une voie inadaptée
aux difficultés de notre économie et de notre société.
Les Français l'ont compris : ils sont aujourd'hui massivement, unanimement
presque, opposés à votre politique. Une nouvelle appréciation de la politique
est d'ailleurs en train de naître.
Certes, on ne gouverne pas pour être populaire, mais quelle drôle
d'appréciation de la volonté des Français, quel mépris même !
Quand la quasi-unanimité d'un pays s'oppose à une politique, il faudrait
peut-être se poser quelques questions. Quand le chômage, la précarité, la
désespérance deviennent le lot quotidien de millions de personnes, il faudrait
peut-être un peu les écouter et mieux les comprendre.
M. André Rouvière.
Bien sûr !
M. René Régnault.
Pourtant, le Président de la République va une nouvelle fois, jeudi soir,
renouveler sa confiance dans cette politique, comme il l'a déjà répété de très
loin, il y a quelques jours, je veux dire de Tokyo.
M. le président.
Veuillez conclure, monsieur Régnault.
M. René Régnault.
Il y a peut-être une nouveauté, la flexibilité, nouvelle frontière de la
droite conservatrice et libérale.
Aux nouveaux partisans de cette vieille lune libérale, je propose un voyage
d'études aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.
(Protestations sur les
travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
Dans ce dernier pays, il n'y a plus de salaire minimum, la durée hebdomadaire
du travail n'est pas réglementée, un chômeur ne perçoit que 281 francs par
semaine, les contrats à durée déterminée sont sans limites. Résultat, ce que M.
Chirac appelle la fracture sociale se creuse dans des proportions énormes
puisque les personnes au plus bas de l'échelle voient leur revenu diminuer sans
cesse.
Une autre politique est possible, nous sommes en train de la présenter aux
Français, qui ne l'accueillent d'ailleurs pas si mal, ce qui justifie votre
fureur. Nous l'avons en partie illustré dans ce débat.
(Exclamations sur les
travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union
centriste.)
Cela me conduit à vous confirmer notre opposition résolue au projet de budget
qui nous est soumis.
(Applaudissements sur les travées socialistes ainsi que
sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, nous
parvenons aujourd'hui au terme d'une discussion budgétaire qui, de tradition
marathonienne, a pris cette année des allures sprinteuses !
Je souhaiterais, avant toute chose, rappeler notre désaccord sur la réduction
importante - près de quarante heures - du débat sur les crédits de la loi de
finances. Cette réduction du temps de parole s'est accompagnée d'une diminution
du nombre des jours de discussion, ce qui a entraîné de mauvaises conditions de
travail non seulement pour les sénateurs, mais aussi pour les personnels.
L'important, mes chers collègues, ce n'est pas de se coucher de bonne heure,
c'est de travailler dans de bonnes conditions !
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. Ivan Renar.
Nous n'acceptons pas une telle évolution, car elle marque une volonté d'éluder
le débat sur les dépenses publiques qui, cette année précisément, subissent de
multiples coupes claires ou sombres, c'est selon !
La session unique, entrée en vigueur depuis un an, aurait, bien au contraire,
dû permettre un approfondissement des débats et une amélioration du contrôle de
l'action gouvernementale en matière de finances publiques.
Au bout du compte, les sénateurs disposent d'un temps plus court pour
s'exprimer et le pouvoir d'intervention du Parlement est toujours aussi faible,
le projet de budget sortant du Parlement dans le même état, ou presque, qu'il y
est entré.
Ce budget, comme l'a indiqué M. Arthuis à l'Assemblée nationale, est, pour le
Gouvernement, « un budget historique ».
Il est historique en effet, car il est marqué par la volonté obsessionnelle de
passer à la monnaie unique, quelles que soient les conséquences pour les
peuples qui composent l'Union européenne.
L'objectif est clairement affiché : il faut entrer, coûte que coûte, dans le
corset des critères de convergence imposés pour la mise en place future de
l'euro.
C'est cette obsession de la monnaie unique qui entraîne la réduction drastique
de nombreux budgets et la suppression de milliers d'emplois dans la fonction
publique.
La liste de l'austérité est longue. Il faut tout particulièrement rappeler que
le budget de la santé est diminué de 8 milliards de francs et celui de
l'industrie de 14 milliards de francs.
Il faut rappeler également que le budget de la culture perd 2,9 %. Je
souhaite, à cette occasion, saluer le large mouvement des travailleurs
intermittents du spectacle - comédiens et techniciens - qui luttent pour le
maintien de leur indemnisation.
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. Ivan Renar.
A l'heure où l'on honore André Malraux et son oeuvre, j'estime que le
Gouvernement doit intervenir pour obtenir de M. Gandois et du patronat le
maintien de ces acquis nécessaires à la vie culturelle de notre pays.
M. Robert Pagès.
Très bien !
M. Ivan Renar.
Il apparaît nécessaire aussi de maintenir l'abattement fiscal des artistes,
abattement sacrifié sur l'autel de la monnaie unique.
Il faut rappeler encore la suppression de 5 000 postes d'enseignants du
primaire et du secondaire.
Vous le savez, mes chers collègues, les économies d'aujourd'hui sur
l'investissement de matière grise sont les gâchis de demain, en particulier
pour la jeunesse de notre pays.
M. Jean-Louis Carrère.
Très bien !
M. Ivan Renar.
Ces quelques orientations, et je pourrais en citer d'autres, sont contraires à
l'intérêt national, aux besoins des populations.
Alors que les progrès scientifiques créent de nouveaux besoins et de nouvelles
exigences en matière de santé, est-il logique de réduire les crédits de la
santé ?
Alors que la crise du logement est si dure pour des dizaines de milliers de
sans-logis, est-il logique de sacrifier le logement social comme le
Gouvernement l'entreprend ?
Alors que l'évolution technologique, si porteuse d'avenir, s'accélère, est-il
logique d'amputer les moyens d'un pilier essentiel de la formation, l'école
?
Alors que les créations d'emplois sont une priorité nationale, comme l'a dit
M. le rapporteur général il y a un instant, est-il logique de restreindre le
potentiel d'intervention de l'Etat en matière industrielle ?
Messieurs les ministres, votre Gouvernement et la majorité qui le soutient
rejette l'idée d'un Etat véritable initiateur de la relance économique.
Il y a une logique de fond dans l'action du Gouvernement, mais ce n'est pas la
logique de l'intérêt national, c'est la logique de l'ultralibéralisme qui
prévaut à Bruxelles, la logique de la finance qui sacrifie l'homme au nom du
sacro-saint profit.
C'est le dogmatisme du peu, c'est l'obsession de la réduction des dépenses
publiques qui a ouvert une véritable chasse à ce que j'appellerai des acquis
fiscaux, qui sont autant d'acquis sociaux.
Ainsi, les célibataires, les divorcés et même les futures mères ont-ils perdu
les exonérations fiscales dont ils bénéficiaient. Il s'en est d'ailleurs fallu
de peu que le RMI ne soit soumis aux conditions de ressources des
ascendants.
Dans un autre domaine, la mise en cause de l'abattement fiscal des
journalistes ainsi que d'autres professions est également d'inspiration
maastrichienne.
La suppression de cet abattement, même si le Sénat a voté - ce dont je me
félicite - une augmentation des aides à la presse, porte un coup grave à la
presse écrite et peut mettre en péril l'existence de certains journaux, donc de
toute une partie de la vitalité démocratique.
On nous dit que la levée de ces différentes exonérations aurait pour objet
l'égalité devant l'impôt et s'inscrirait dans le cadre de cette réforme tant
vantée, visant à rendre la fiscalité plus juste. Une telle argumentation n'est
pas recevable.
Non seulement l'inégalité devant l'impôt perdure, mais elle se renforce avec
ce projet de loi de finances pour 1997.
Les 200 000 foyers fiscaux les plus privilégiés bénéficieront, dès l'an
prochain, du quart du produit de la baisse de l'impôt sur le revenu ?
M. Michel Charasse.
C'est exact !
M. Ivan Renar.
Comme nous l'avons déjà indiqué au cours de cette discussion, nous estimons
que cette réforme fiscale tourne à l'imposture, puisque la part des impôts
indirects dans les recettes fiscales progresse encore, puisque la CSG est
encore une fois augmentée et la CRDS maintenue.
Comment passer sous silence l'alourdissement des impôts locaux qui pèseront
sur les contribuables de manière inégalitaire. Il témoigne des difficultés
croissantes des collectivités locales qui sont amenées à supporter toujours
plus le poids de la crise et les transferts de charges qui l'accompagnent.
M. Michel Charasse.
Il faut faire la révision des bases !
M. Ivan Renar.
Cette réforme fiscale tourne aussi au déni de justice sociale quand on
constate que la majorité sénatoriale, non contente d'approuver le renforcement
de l'austérité, non contente de voter, comme je l'ai déjà indiqué, la
suppression de mesures favorables à ces grands privilégiés que sont les
accidentés du travail ou les futures mères, la majorité, donc, a proposé
d'alléger l'ISF pour les 1 000 fortunes les plus importantes du pays.
Cette mesure est contraire à l'idée même de solidarité nationale.
Dans le contexte de restriction, où l'on ne jure plus que par les mots
assainissement, réduction, économie, il est pour le moins paradoxal, voire
indécent, de favoriser des personnes qui, elles, sont véritablement
privilégiées.
J'en apporte la preuve, les 400 plus grosses fortunes possèdent un capital de
380 milliards de francs, ce qui représente 30 % du budget de l'Etat.
Comme le disait à juste titre Victor Hugo : « Le tout des uns se compose du
rien des autres. »
Ces quelques chiffres démontrent que l'urgent ce n'est pas d'alléger, mais
c'est bien de faire participer ces capitaux à l'effort national.
Nous avions déposé un certain nombre d'amendements en ce sens. Augmentation du
barème, imposition des oeuvres d'art au-delà d'un certain seuil, taxation des
biens professionnels les plus importants toutes nos propositions ont été
repoussées sans hésitation par la majorité sénatoriale.
(Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants et du
RPR.)
M. Josselin de Rohan.
Heureusement !
M. Ivan Renar
A l'occasion de la discussion générale et du débat sur l'article concerné,
nous avons développé avec la vigueur nécessaire nos arguments. Nous avons pu
déjà déceler une certaine gêne sur les bancs de la majorité. J'ai même vu plus
que des rougeurs !
(Protestations sur les mêmes travées.)
Cette gêne s'est transformée en hostilité franche de la part des députés
de la majorité parlementaire.
Ces derniers, vous le savez bien, effrayés par la perspective des élections
législatives de 1998, ont bien perçu le caractère provocateur de l'amendement
sénatorial et souhaitaient, pour une bonne part d'entre eux, en demander la
suppression.
M. Michel Charasse.
Elections obligent !
M. Ivan Renar.
Ce n'est cependant pas avec une grande surprise que nous avons appris, cet
après-midi, l'approbation par le groupe de l'UDF et le bureau du groupe du RPR
de l'amendement sénatorial. La raison du plus fort - du plus riche, devrais-je
dire - s'impose donc. La majorité devra maintenant s'expliquer devant l'immense
majorité des Français qui souffrent des inégalités croissantes.
Nous souhaitons donc - et nous agirons en ce sens, même si notre participation
est limitée - que la commission mixte paritaire qui va se réunir supprime
l'article concerné. Chacun sera placé devant ses responsabilités.
Ce budget, messieurs les ministres, mes chers collègues, est un véritable
budget de fracture sociale. Pas un pan de l'activité nationale n'est à l'abri
des contraintes de la mise en place de la monnaie unique qui, je le rappelle,
n'a pour objectif essentiel que de doter les puissances financières
européennes, principalement allemandes, d'un instrument de spéculation pour
s'opposer à l'influence du yen et du dollar.
En 1992, nous affirmions que l'Europe de Maastricht était une Europe qui se
construisait contre les peuples et le budget dont nous achevons l'examen
aujourd'hui en apporte la preuve.
Et si le groupe communiste républicain et citoyen avait raison ? Quand
j'entends un certain nombre d'entre vous, mes chers collègues, je ne suis pas
loin de le penser. Il est vraiment temps d'essayer autre chose !
Les Françaises et les Français doivent pouvoir se prononcer aujourd'hui, en
connaissance de cause, sur la future monnaie unique comme s'y était engagé M.
Chirac, alors candidat à l'élection présidentielle, le 6 novembre 1994.
(Très bien ! sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen.)
Il n'est pas possible de continuer à accepter que des décisions importantes,
par exemple l'instauration d'un pacte de stabilité sous contrôle allemand de
fait, soient décidées sans l'intervention démocratique et citoyenne.
Mme Hélène Luc.
Très bien !
M. Emmanuel Hamel.
Très bien !
M. Ivan Renar.
Ce pacte de stabilité qui dépasse même la portée de Maastricht prévoit un
mécanisme de sanction pour les pays qui dépasseraient les seuils de déficit
autorisé.
Notre peuple doit pouvoir se prononcer sur de telles décisions, qui mettent en
cause son destin, qui portent atteinte à l'organisation économique et sociale
du pays, puisque, par exemple, la spécificité française en matière de service
public est directement mise en cause par Maastricht.
Le Président de la République doit donc organiser un référendum, comme il l'a
promis, et nous espérons qu'il l'annoncera jeudi soir.
Les sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen voteront donc contre
ce projet de loi de finances pour 1997 qui, au nom de Maastricht, tourne le dos
à toute idée de relance pour engager, enfin, une lutte déterminée pour le plein
emploi, pour le développement industriel et agricole.
Nous voterons contre ce projet qui ne répond en rien à cette attente de plus
en plus majoritaire dans l'opinion publique, d'une autre politique, qui place
au coeur des exigences de notre société non plus l'argent, mais l'homme et sa
famille.
Cela me permet, mes chers collègues, en conclusion de donner un coup de
chapeau et d'adresser un grand merci à Mmes et MM. les fonctionnaires du Sénat
qui nous ont permis de travailler dans de bonnes conditions.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen et sur certaines travées socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. Cabanel.
M. Guy Cabanel.
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, le moment
est venu de porter un jugement objectif sur le projet de loi de finances pour
1997, à la lumière des débats du Sénat. Ces débats ont certes été encadrés dans
le temps, mais efficacement, et je crois que la nouvelle formule qui a été
employée, si elle pouvait susciter quelques craintes, justifie pleinement son
efficacité. Il me semble que tous ont pu s'exprimer, même s'il a fallu prendre
quelques précautions pour limiter les temps de parole.
Les principes généraux de ce budget ne laissent pas indifférent. En effet, le
Gouvernement instaure une politique de réduction réelle des dépenses publiques
avec l'étalement sur une année supplémentaire des programmes quinquennaux.
De plus, la loi de finances pour 1997 s'attaque avec détermination aux
déficiences de notre politique économique et financière : déficit budgétaire
négligé pendant de nombreuses années, endettement croissant, services publics
et entreprises nationalisées déficitaires et nécessitant de sérieuses
recapitalisations. Dès lors, il ne faut pas s'étonner que les crédits des
différents ministères connaissent une décroissance plus ou moins significative.
A dire vrai, les orientations définies répondent, à mon sens, aux exigences de
la situation. Elles devraient conduire à l'assainissement de notre économie,
préalable à la reprise de la croissance tant espérée.
Ce budget pour 1997 limitera le déficit à 284,9 milliards de francs, soit 3,4
% du PIB ou, plus exactement, 3 % selon la comptabilité européenne, qui prend
en compte le concours financier exceptionnel de France Télécom. Ce point de vue
a été discuté, c'est vrai, par nos partenaires de l'Union européenne, mais il a
finalement été reconnu comme sincère et véritable.
Mes chers collègues, la cadence de réduction du déficit public est donc
respectée : celui-ci décroît de 5 % en 1995 à 4 % en 1996, puis à 3 % pour
1997. Ces chiffres sont encourageants, mais il conviendra ensuite de maintenir
le cap de la bonne gestion. Les perspectives budgétaires devront être
respectueuses du pacte de stabilité voulu par l'Union européenne, avec des
déficits publics inférieurs à 3 % du PIB, à l'avenir.
L'effort doit donc être poursuivi. C'est une affaire de bon sens et
d'honnêteté vis-à-vis de nos partenaires.
De plus, mes chers collègues, le Gouvernement a décidé de baisser, dès 1997,
l'impôt sur le revenu des personnes physiques. Une telle diminution coûtera à
l'Etat 25 milliards de francs pour l'année prochaine et 75 milliards de francs
jusqu'en 2001. Elle aboutira à une modification profonde du barème de l'impôt
sur le revenu, l'éventail des taux, qui va actuellement de 12 % à 56,8 % - ce
dernier taux étant le plus fort d'Europe - passant, en 2001, de 7 % à 47 %.
Parallèlement, un million et demi de foyers supplémentaires ne seront pas
imposables, ce qui portera à près de la moitié la proportion des foyers fiscaux
français qui ne seront pas imposés sur le revenu.
La difficulté réside dans la lisibilité de cette mesure en raison des besoins
de financement de la protection sociale. Qui peut nier aujourd'hui que les
nouvelles cotisations sociales, véritables taxes fiscales prélevées sur
l'ensemble des revenus des ménages, rongent et réduisent plus encore les moyens
financiers de nos concitoyens ? Le remboursement de la dette sociale et la
contribution sociale généralisée élargie et majorée, avec la déductibilité de
la seule tranche à 1 %, illustrent parfaitement le caractère additionnel les
faisant apparaître comme un « impôt sur le revenu
bis
».
Il faudrait trouver une solution, car cette surimposition exigerait une baisse
beaucoup plus significative de l'impôt sur le revenu. Mais la manoeuvre est
impossible, car la nécessité de limiter le déficit budgétaire demeure
prioritaire.
Aussi, mes chers collègues, nous sommes bien forcés de reconnaître que la
révolution libérale américaine, mise en application par Ronald Reagan sur les
conseils de Milton Friedman et qui consistait à réformer en profondeur l'impôt
sur le revenu et à l'amenuiser considérablement n'est guère possible dans notre
pays. D'une part, elle irait à l'encontre de la psychologie sociale française.
D'autre part, elle n'aboutirait de façon efficace que dans un contexte de
budget à déficit volontairement non maîtrisé. Ce fut le cas aux Etats-Unis lors
de la grande réforme de l'
income tax
de 1980 à 1984.
C'est pourquoi la seule voie à suivre, pour éviter à chacun de nos concitoyens
assujettis à l'impôt sur le revenu les effets pervers additionnels, réside dans
la déductibilité du revenu non imposable de la totalité de la contribution
sociale généralisée.
Tel devrait être l'objectif du Gouvernement en vue de l'élaboration du projet
de loi de finances pour 1998. A défaut d'une telle mesure, la démarche de
diminution de l'impôt sur le revenu risque d'être ni efficace ni évidente tant
pour les ménages, principaux acteurs de la consommation en France, que pour les
investisseurs, créateurs d'emplois et de richesses.
La baisse de l'impôt sur le revenu, élément précurseur d'une réforme fiscale
plus complète, à concevoir et à réaliser avec réflexion, doit-elle comporter la
disparition des abattements exceptionnels souvent dénommés « niches fiscales »
? La majorité de l'Assemblée nationale et du Sénat a tranché, reconnaissant le
caractère inéluctable de la mesure inscrite à l'article 61 du présent projet de
loi de finances.
Cependant, cette question a divisé les membres du groupe du Rassemblement
démocratique et social européen. Il ne faudrait pas que le processus engagé
conduise certaines catégories socioprofessionnelles à payer plus d'impôts alors
même que les taux de l'IRPP vont baisser. Le Sénat, et particulièrement sa
commission des finances, a longuement réfléchi à cette difficulté en pensant
tout particulièrement aux journalistes, qui bénéficient depuis 1934 d'un
abattement de 30 % sur leurs revenus.
Quelle réponse peut-on apporter à l'anxiété légitime de certains ?
Il faut contrôler les conséquences de la conjonction entre l'article 61 et la
diminution de l'impôt sur le revenu. C'est la voie dans laquelle a souhaité
s'engager la majorité du groupe.
Observons que la suppression de l'abattement de 30 % ne sera appliquée qu'à
partir de 1998, c'est-à-dire aux revenus de 1997. Au 1er janvier prochain, la
possibilité d'opter pour l'imposition au réel peut être envisagée. Pour ceux
qui désirent rester au forfait, le Gouvernement, si j'ai bien compris,
s'engage, par la création d'un fonds spécifique pour les journalistes, à
procéder aux corrections qu'appellerait l'application de la réforme.
Pour conclure, mes chers collègues, rappelons que la France, parmi les pays
industrialisés, détient le record du chômage et des prélèvements obligatoires.
Triste et troublant rapprochement, plus troublant encore si l'on établit une
comparaison avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Les charges
sociales excessives, l'économie administrée, la fiscalité confiscatoire, peu
compréhensible et versatile, pèsent toujours trop au détriment de la liberté
d'entreprendre et de l'économie de marché. La France se trouve face à un
véritable choix de société.
Cessons de réglementer, cessons de soutenir par des aides artificielles et
libérons les énergies ! Voilà bien la voie dans laquelle doit s'engager le
Gouvernement et tel est bien le sens de sa réforme, marquée par le début de la
baisse de l'impôt sur le revenu.
Il me faut reconnaître les efforts du Gouvernement. Il réalise un profond
changement dans la politique budgétaire dès 1997, en procédant à une réduction
des dépenses publiques, à une limitation du déficit, en contenant la dette et
en entreprenant une décroissance de l'impôt sur le revenu.
Dans ces conditions, les membres de la majorité du groupe du Rassemblement
démocratique social et européen émettront un vote positif sur le projet de loi
de finances pour 1997.
(Applaudissements sur les travées du RDSE, du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, ce projet
de loi de finances présente une grande originalité : c'est, en effet, la
première fois, depuis des décennies que le Parlement doit se prononcer sur un
budget qui marque une réduction des dépenses publiques par rapport à l'année
précédente.
C'est une première constatation et une première satisfaction relative.
La deuxième satisfaction tient à la réduction des déficits budgétaires. Pas de
tous, certes, car l'équilibre des régimes sociaux, par exemple, est loin d'être
assuré, et le déficit pour ce chapitre atteint encore 30 milliards de francs,
mais c'est toutefois moins que précédemment.
Le troisième motif de satisfaction concerne la baisse des prélèvements
obligatoires. Celle-ci n'est pas encore assez poussée, mais elle est nettement
amorcée, ce qui est bien, car trop de nos concitoyens sont encore étouffés non
seulement par le poids des impôts, mais aussi par la lourdeur des contributions
automatiques auxquelles ils sont astreints. Soulignons à cet égard l'effort
considérable consenti pour la réduction des cotisations sociales sur les bas
salaires.
Le quatrième motif de satisfaction consiste en la baisse de l'impôt sur le
revenu. On n'en est encore qu'aux ébauches, cependant la diminution de l'impôt
sur le revenu est programmée sur une période de cinq ans, et, dès 1997, on
verra, sous certaines conditions, régresser le taux de la taxe sur les sociétés
applicable aux petites et moyennes entreprises.
Réduction des dépenses, réduction du déficit, réduction des prélèvements
obligatoires, réduction des impôts : ce sont bien les quatre objectifs qui
avaient été annoncés dès l'abord par MM. les ministres et dont la commission
des finances a souligné la pertinence.
A cet égard, je dois, au passage, rendre hommage au président de la commission
des finances, M. Christian Poncelet, à notre excellent rapporteur général, M.
Alain Lambert, qui n'a pas cessé d'éclairer pour nous un labyrinthe parfois
obscur ou, en tout cas, assorti de nombreux détours.
Nous comprenons aussi la voie suivie par le Gouvernement, mais reconnaissons
que cette voie est bien douloureuse à maints égards. Nous ne l'avons que trop
constaté à l'occasion de l'examen de chaque budget.
La politique de rigueur et d'économie a évidemment entraîné bien des
suppressions et bien des sacrifices ! Bon nombre de ministères ont vu leur
capacité d'agir, d'investir, considérablement réduite.
Les crédits d'investissement public sont les plus touchés : ils ont même
atteint une limite au-dessous de laquelle on ne peut descendre, me semble-t-il.
Certains budgets ont été frappés de coupes sans précédent. Toutefois, il est
vrai aussi qu'en dépit de l'austérité quelques-uns ont même bénéficié
d'augmentations sensibles, comme par exemple celui de l'éducation nationale,
qui atteint le chiffre record de 277 milliards de francs rien que pour
l'enseignement scolaire.
Cependant, il est important - et je me permets de vous livrer à cet égard une
remarque très pressante, messieurs les ministres - que ces crédits que nous
allons voter soient, comme la loi normalement y oblige, effectivement mis à la
disposition des différents ministères. Rien n'est plus désagréable que ces «
gels » qui interviennent en cours d'années et qui deviennent plus tard des
annulations. Des programmes commencés doivent être interrompus ; des accords
conclus ne peuvent être respectés ; des contrats ne sont pas honorés, des
promesses ne sont pas tenues. Cela est extrêmement désagréable particulièrement
vis-à-vis de l'étranger, quand il s'agit de contrats passés avec des
gouvernements par exemple.
Cette pratique dite abusivement de « régulation budgétaire » n'a pas commencé
avec vous, monsieur le ministre. Les gouvernements précédents, quels qu'ils
soient, l'ont également suivie, et ce depuis sept ou huit ans.
Vraiment, il vaut mieux ne prévoir que les crédits dont on pourra disposer
plutôt que de devoir supprimer d'un seul coup, en cours d'année, des centaines
de millions de francs, ce qui rend toute gestion impossible.
Dans la discussion budgétaire que nous venons d'achever, plusieurs mesures, je
dois le dire, ont paru inopportunes à un certain nombre de nos collègues.
C'est, par exemple, le cas des nouvelles dispositions relatives à l'impôt de
solidarité sur la fortune figurant à l'article 13, ou de l'augmentation de la
TVA, même si l'on nous assure qu'elle ne sera que temporaire, ou des
dispositions figurant à l'article 62 sur lequel nous avons passé hier plus de
deux heures de débat. Sur ces problèmes, des divergences se sont manifestées au
sein de notre groupe ; nous nous en sommes expliqués au passage.
Il en a été de même pour la contribution financière de la France aux
Communautés européennes, inscrite au fameux article 32. Alors que nous sommes
obligés d'appliquer tant de rigueur à l'intérieur de nos frontières, il a paru
insupportable à certains de nos collègues de voir que nous aurions à verser,
avec un certain laxisme et sans contrôle réel, près de 90 milliards aux
organismes de Bruxelles.
Pour ces diverses raisons, messieurs les ministres, mes chers collègues, un ou
deux de nos collègues ne voteront pas l'ensemble de ce projet de budget.
Toutefois, la grande majorité des non-inscrits, reconnaissant les efforts
accomplis par le Gouvernement pour faire face à une situation extrêmement
difficile, votera le projet de loi de finances pour 1997, convaincus que, dans
les circonstances actuelles, il trace le seul chemin que peut suivre la
France.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. de Raincourt.
M. Henri de Raincourt.
Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, dans le
droit-fil de la nouvelle formule que nous avons inaugurée avec la discussion de
ce budget, je me dois de montrer l'exemple et de réduire volontairement mon
temps de parole
(Sourires et applaudissements sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste)
, d'autant
que, passant en septième position, je n'ai pas le sentiment de pouvoir apporter
de grandes surprises.
M. Jean-Louis Carrère.
Le meilleur pour la fin !
(Sourires.)
M. Henri de Raincourt.
Merci !
Tout a été dit, et fort bien dit. La majorité approuve et l'opposition
s'oppose. Par conséquent, il me semble que, dans ce raccourci, les positions
des uns et des autres sont connues.
Comme l'ont fait les orateurs qui m'ont précédé, je voudrais adresser toute ma
gratitude à ceux qui nous ont permis de cheminer au fil de ces jours d'une
façon tout à fait acceptable : le président de la commission des finances, M.
Christian Poncelet, le rapporteur général, M. Alain Lambert,...
M. Jean-Louis Carrère.
Et voilà les violons !
(Sourires.)
M. Henri de Raincourt.
... les présidents des autres commissions, tous les rapporteurs.
Je voudrais également remercier M. Arthuis, ministre de l'économie et des
finances, et M. Lamassoure, ministre délégué au budget, ainsi que M. le
ministre des relations avec le Parlement. Vous avez essayé les uns et les
autres de nous expliquer clairement quelles étaient les contraintes de votre
politique et, naturellement, de nous montrer qu'elles étaient inéluctables. Je
crois que nous y avons été très sensibles.
Je tiens à remercier aussi les vice-présidents du Sénat qui, avec une amicale
autorité, ont su donner la parole aux uns et aux autres, ainsi que l'ensemble
du personnel de cette maison.
Nous n'avons pas, au fil de la discussion, ménagé notre soutien au
Gouvernement. Nous considérons en effet que bien peu avant lui avaient osé
affronter le problème de nos déficits et de nos dépenses.
La France ne pouvait continuer à vivre au-dessus de ses moyens sans
hypothéquer durablement son avenir et sa place en Europe.
L'évolution de nos dépenses aurait dû imposer naguère une gestion plus
rigoureuse. Depuis de très nombreuses années, les dépenses augmentaient en
moyenne de plus de 5 % par an. Il était donc grand temps de mettre un terme à
cette escalade périlleuse, et nous devons saluer la détermination du
Gouvernement, qui a réussi la performance de présenter un budget équivalent à
celui de l'an passé.
Ces efforts d'économies, toujours douloureux, n'ont pourtant pas été appliqués
aveuglément puisque les budget de la justice, de l'éducation nationale, de la
recherche et de l'emploi augmenteront en 1997.
Je note aussi que, cette année, un traitement acceptable a été réservé aux
collectivités locales.
M. René-Pierre Signé.
Tout juste acceptable !
M. Henri de Raincourt.
Je crois être honnête en disant cela.
La maîtrise des dépenses publiques ne saurait toutefois, à elle seule,
permettre de relancer le moteur de l'économie. Le Gouvernement l'a bien
compris. C'est pourquoi il a pris l'engagement d'orienter la fiscalité en
adaptant l'impôt aux réalités économiques du monde moderne.
Equilibre du budget, dépenses contenues, allégement des prélèvements se
traduisent par des chiffres. Mais, derrière les chiffres, il y a la réalité des
hommes et des femmes, de nos entreprises, et l'une des difficultés de la tâche
consiste à expliquer à nos compatriotes que ces chiffres traduisent une réelle
volonté de redonner à notre pays de l'oxygène...
M. René-Pierre Signé.
Vous vous y prenez mal, monsieur de Raincourt !
Un sénateur socialiste.
C'est du gaz carbonique !
M. Henri de Raincourt.
... pour qu'il puisse retrouver vigueur et force afin d'affronter l'avenir
dans les meilleures conditions possibles et, surtout, préparer les jeunes
générations à le faire.
Il nous appartient d'aider le Gouvernement à démontrer la pertinence de ce
projet de loi de finances pour 1997.
Un sénateur socialiste.
Eh bien, bon courage !
M. Henri de Raincourt.
Mais nous n'en manquons pas !
C'est à nous d'essayer d'encourager nos compatriotes en leur rappelant ce que,
trop souvent, on dissimule : le formidable potentiel de notre nation, son génie
inventif, les prouesses de sa technologie.
M. Josselin de Rohan.
C'est vrai !
M. Henri de Raincourt.
On insiste beaucoup, et on a raison de le faire, sur ce qui ne va pas ; mais
on doit, dans un souci d'équilibre et d'honnêteté, porter aussi les feux sur ce
qui va bien dans notre pays
(Applaudissements sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE)
et reconnaître l'immense valeur de celles et
ceux qui font « tourner » notre pays dans les différents secteurs.
Ainsi, nous contribuerons à lever les contraintes, à dissiper les doutes et
les hésitations d'un certain nombre de nos compatriotes, en sachant, comme vous
le disiez, monsieur le rapporteur général, susciter à nouveau l'audace.
(Très bien ! sur les mêmes travées.)
Messieurs les ministres, c'est un budget de redressement sincère que vous nous
présentez.
Sous l'autorité du Premier ministre, vous nous rappelez, avec courage, que
gouverner, ce n'est pas séduire momentanément, mais c'est conduire une
politique pour l'avenir.
(Applaudissements sur les mêmes travées.)
Le Gouvernement actuel, c'est son honneur, et nous le soutenons aussi pour
cette raison, s'efforce de réduire les déficits, de payer la dette accumulée et
de maîtriser les dépenses.
M. Jacques Mahéas.
Il n'y a plus de Gouvernement ! C'est la déroute !
M. Henri de Raincourt.
C'est une tâche ingrate dont mon groupe mesure la difficulté.
Les sénateurs républicains et indépendants approuvent la politique mise en
oeuvre par le Gouvernement...
M. Jean-Louis Carrère.
Pas M. Giscard d'Estaing !
M. Henri de Raincourt.
... et voteront le projet de loi de finances pour 1997 sans hésitation ni état
d'âme..
(Exclamations sur les travées socialistes.)
Mes chers collègues, un budget peut-il être bon ? Existe-t-il des budgets
justes ?
M. André Rouvière.
Il y a des idées justes !
M. Henri de Raincourt.
Chacun peut s'interroger selon sa sensibilité, et nous en avons encore ce soir
une très vivante démonstration,...
M. René Régnault.
C'est un cas d'école !
M. Henri de Raincourt.
... mais, à mes yeux, ce projet de loi de finances pour 1997 est vertueux et
indispensable pour la France. Il représente un acte politique essentiel et
positif, et vous verrez qu'il produira des effets que nos compatriotes sauront
à l'évidence reconnaître.
(Applaudissements sur les travées des Républicains
et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Monsieur le président, mesdames,
messieurs les sénateurs, nous arrivons donc au terme de la discussion du projet
de loi de finances pour 1997.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Pas tout à fait !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Ceux qui se sont exprimés ce soir
pour expliquer le vote de leur groupe ont manifesté leur autorité, leurs
convictions, mais aussi leur ardeur et leur chaleur. Je crois que l'ambiance
qui règne ce soir au sein de la Haute Assemblée est en soi un message de
confiance et d'optimisme pour nos compatriotes.
Un sénateur socialiste.
Il vaut mieux entendre ça que d'être sourd !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
C'est vous dire si je suis
heureux d'être parmi vous en cet instant.
La discussion s'est remarquablement déroulée, et je m'en réjouis, d'abord
parce que vous avez adhéré à la stratégie budgétaire du Gouvernement.
M. Jacques Mahéas.
Pas nous !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Le projet de budget qui vous a
été présenté est le fruit de vos travaux puisque, pour la première fois, nous
avons pu, dès le mois de mai, ouvrir un débat d'orientation budgétaire. Ce
projet de budget a donc été fondé sur vos propres recommandations et
prescriptions.
Nous avons, d'ores et déjà, à nous préparer au débat d'orientation budgétaire
pour 1998.
Si cette discussion s'est remarquablement déroulée, c'est aussi parce que vous
avez enrichi le débat fiscal. Je voudrais saluer ici la contribution du Sénat,
qui a su éclairer le débat. Puis-je rappeler à quel point vous avez mis en
évidence des enjeux essentiels, et, au premier chef, la nécessité d'adapter
notre fiscalité à l'ouverture au monde de notre économie ?
A cet égard, le débat qui s'est déroulé dans cette enceinte a été d'une très
haute tenue.
Je placerai sur le même plan la réflexion de votre commission des finances sur
la taxe professionnelle. Son président a exprimé avec force une demande tendant
à l'organisation d'un débat sur la taxe professionnelle, afin que nous
puissions en alléger la charge pour les entreprises qui ont des effectifs
particulièrement nombreux dans le secteur des industries manufacturières.
Dans le même ordre d'idée, je voudrais saluer la constance et la détermination
du rapporteur général quant à une simplification de nos réglementations. Il a,
en cette matière, formulé des propositions particulièrement prometteuses.
Je salue donc le travail ainsi accompli par le Sénat.
Enfin, notre discussion s'est remarquablement déroulée parce que...
Un sénateur socialiste.
Elle a été courte !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
... le Sénat a été financièrement
responsable.
Je crois que le temps est fini où l'on considérait qu'un bon budget était un
budget dont les dépenses progressaient.
M. Jean Chérioux.
Très bien !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Un bon budget est désormais un
budget qui apporte la démonstration que nous sommes capables de réduire la
dépense publique
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des
Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du
RDSE.)
Par rapport au projet de loi de finances issu des travaux de l'Assemblée
nationale, le Sénat n'aura dégradé le déficit que de 86 millions de francs.
Permettez-moi de saluer ce souci d'économie qui a caractérisé vos
délibérations. Je tiens à vous en féliciter et à vous remercier. Je crois que,
eu égard à la contrainte budgétaire que connaît notre pays, nous devrons être
constamment inspirés par la responsabilité dont vous avez su faire preuve.
Le budget qu'une majorité d'entre vous s'apprête à voter concilie trois
objectifs vitaux : le premier est de réduire la dépense publique ; le second,
est de réduire le déficit public ; le troisième est d'alléger le poids de
l'impôt.
M. Roland Courteau.
Cela dépend pour qui !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
C'est dire si ce budget est
exemplaire pour assurer le redressement de la France et contribuer à
l'emploi.
M. Félix Leyzour.
C'est une autre affaire !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Ce qu'il faut maintenant, c'est
que tous nos compatriotes se mobilisent.
Je confirme que, sur le plan macroéconomique, les indications sont
encourageantes.
(Protestations sur les travées socialistes.)
M. Bernard Piras.
C'est le contraire !
M. Jean Arthuis,
ministre de l'économie et des finances.
Les hypothèses de croissance en
1997 seront de 2,3 %. Nous avons aujourd'hui un faisceau d'indications qui
confirment ces bonnes perspectives
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et
indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - Exclamations
sur les travées socialistes.)
A nous de mobiliser l'ensemble de nos
compatriotes pour que 1997 soit une année de croissance et de reconquête de
l'emploi.
Je voudrais du fond du coeur, m'exprimant aussi au nom de MM. Lamassoure et
Romani, remercier la Haute Assemblée, son président, M. le président de la
commission des finances, M. le rapporteur général et tous les membres de la
commission des finances.
Je crois que cette discussion a été particulièrement riche, particulièrement
dense, particulièrement prometteuse.
C'est en effet un budget exemplaire, un budget essentiel pour le redressement
que la majorité du Sénat va voter ce soir. C'est pourquoi le Gouvernement tient
à vous exprimer toute sa gratitude.
Enfin, je veux saluer la capacité d'innovation dont le Sénat a su faire
preuve. Pour réussir, nous avons besoin de réformes. Eh bien, monsieur le
président, mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez remarquablement réussi
la réforme de la discussion budgétaire.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
Le Sénat va procéder au vote sur l'ensemble du projet de loi de finances pour
1997.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public est de
droit.
Conformément à l'article 60
bis
du règlement, il va être procédé à un
scrutin public à la tribune, dans les conditions fixées par l'article 56
bis
du règlement.
Je vais tirer au sort la lettre par laquelle commencera l'appel nominal.
(Le sort désigne la lettre K.)
M. le président.
Le scrutin sera clos quelques instants après la fin de l'appel nominal.
Le scrutin est ouvert.
Huissiers, veuillez commencer l'appel nominal.
(L'appel nominal a lieu.)
M. le président.
Le premier appel nominal est terminé. Il va être procédé à un nouvel appel
nominal.
Le scrutin va rester ouvert encore quelques minutes pour permettre à ceux qui
n'ont pas répondu à l'appel nominal de venir voter.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
MM. les secrétaires vont procéder au dépouillement.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le
résultat du dépouillement du scrutin n°
54:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 311 |
Majorité absolue des suffrages | 156 |
Pour l'adoption | 218 |
Contre | 93 |
Le Sénat a adopté. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
6
NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre la demande de constitution d'une
commission mixte paritaire sur le texte que nous venons d'adopter.
Il va être procédé immédiatement à la nomination de sept membres titulaires et
de sept membres suppléants de cette commission mixte paritaire.
La liste des candidats établie par la commission des finances, du contrôle
budgétaire et des comptes économiques de la nation a été affichée conformément
à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée et je proclame représentants du Sénat
à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Christian Poncelet, Alain Lambert, Maurice Blin, Roland du
Luart, Philippe Marini, Jean-Pierre Masseret et Paul Loridant.
Suppléants : MM. René Ballayer, Roger Besse, Henri Collard, Yann Gaillard,
Jean-Philippe Lachenaud, René Régnault et Alain Richard.
7
COMMUNICATION DE L'ADOPTION
DÉFINITIVE D'UNE PROPOSITION
D'ACTE COMMUNAUTAIRE
M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre une communication, en date du 9 décembre 1996, l'informant que la proposition d'acte communautaire E 626 - « proposition de règlement CE du Conseil modifiant le règlement CE n° 384/96 relatif à la défense contre les importations qui font l'objet d'un dumping de la part de pays non membres de la Communauté européenne » a été adoptée définitivement par les instances communautaires par décision du Conseil du 2 décembre 1996.
8
DÉPÔT DE RAPPORTS
M. le président.
J'ai reçu de M. François Blaizot, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au
nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion du projet de loi relatif à l'emploi dans la
fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire.
Le rapport sera imprimé sous le numéro 127 et distribué.
J'ai reçu de M. Alain Vasselle, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au
nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les
dispositions restant en discussion de la proposition de loi tendant, dans
l'attente du vote de la loi instituant une prestation d'autonomie pour les
personnes âgées dépendantes, à mieux répondre aux besoins des personnes âgées
par l'institution d'une prestation spécifique dépendance.
Le rapport sera imprimé sous le numéro 130 et distribué.
9
dépôt d'un rapport d'information
M. le président.
J'ai reçu de M. Jacques Genton un rapport d'information fait au nom de la
délégation du Sénat pour l'Union européenne sur les travaux de la délégation
portant sur l'examen des propositions d'actes communautaires relatives à la
mise en place de l'euro (cadre juridique, pacte de stabilité, nouveau mécanisme
de change).
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 129 et distribué.
10
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée au mercredi 11 décembre 1996.
A douze heures :
1. Discussion des conclusions du rapport (n° 127, 1996-1997) de la commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion du projet de loi relatif à l'emploi dans la fonction publique et à
diverses mesures d'ordre statutaire.
M. François Blaizot, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte
paritaire.
A seize heures trente et, éventuellement, le soir :
2. Discussion des conclusions du rapport (n° 113, 1996-1997) de la commission
mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en
discussion du projet de loi relatif aux mesures en faveur du personnel
militaire dans le cadre de la professionnalisation des armées.
M. Nicolas About, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte
paritaire.
3. Discussion en nouvelle lecture du projet de loi (n° 99, 1996-1997), adopté
avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la
détention provisoire.
Rapport (n° 118, 1996-1997) de M. Georges Othily, fait au nom de la commission
des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du
règlement et d'administration générale.
Aucune inscription de parole dans la discussion générale de ce projet de loi
n'est plus recevable.
Aucun amendement à ce projet de loi n'est plus recevable.
Délai limite général pour le dépôt des amendements
La conférence des présidents a fixé un délai limite général pour le dépôt des
amendements expirant, dans chaque cas, la veille du jour où commence la
discussion, à dix-sept heures, pour tous les projets de loi et propositions de
loi ou de résolution inscrits à l'ordre du jour, à l'exception des textes de
commissions mixtes paritaires et de ceux pour lesquels est déterminé un délai
limite spécifique.
Délai limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements
1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'épargne
retraite (n° 100, 1996-1997).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mercredi 11 décembre 1996, àdix-sept heures.
2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la collecte et à l'élimination des cadavres d'animaux et
des déchets d'abattoirs et modifiant le code rural (n° 109, 1996-1997).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
lundi 16 décembre 1996, à douze heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 16 décembre 1996, à douze
heures.
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la zone franche de Corse (n° 126, 1996-1997).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
lundi 16 décembre 1996, àdix-sept heures.
4° Projet de loi de finances rectificative pour 1996, adopté par l'Assemblée
nationale (n° 125, 1996-1997).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
lundi 16 décembre 1996, àdix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée à minuit.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
ORDRE DU JOUR
DES PROCHAINES SÉANCES DU SÉNAT
établi par le Sénat dans sa séance du mardi 10 décembre 1996 à la suite des
conclusions de la conférence des présidents
Mercredi 11 décembre 1996 :
Ordre du jour prioritaire
A
12 heures :
1° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif à
l'emploi dans la fonction publique et à diverses mesures d'ordre statutaire (n°
127, 1996-1997) ;
A
16 h 30
et, éventuellement, le soir :
2° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi relatif
aux mesures en faveur du personnel militaire dans le cadre de la
professionnalisation des armées (n° 113, 1996-1997) ;
3° Nouvelle lecture du projet de loi, adopté avec modifications par
l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, relatif à la détention provisoire
(n° 99, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé à deux heures la durée globale du temps
dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes
ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mardi 10 décembre
1996.)
Jeudi 12 décembre 1996 :
Ordre du jour établi en application de l'article 48,
troisième alinéa, de la Constitution
A
9 h 30 :
1° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative au maintien
des liens entre frères et soeurs (n° 85, 1996-1997) ;
2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, renforçant la
protection des personnes surendettées en cas de saisie immobilière (n° 319,
1995-1996) ;
A
15 heures
et le soir :
3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'épargne
retraite (n° 100, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé à trois heures la durée globale du temps
dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes
ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le mercredi 11 décembre
1996.)
Vendredi 13 décembre 1996 :
A
9 h 30,
à
15 heures
et, éventuellement, le soir :
Lundi 16 décembre 1996 :
A
16 heures
et, éventuellement, le soir :
Ordre du jour prioritaire
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif à la collecte et à l'élimination des cadavres d'animaux et des déchets
d'abattoirs et modifiant le code rural (n° 109, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé :
- au lundi 16 décembre 1996, à 12 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à deux heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion
générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun
groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 12 heures, le lundi 16 décembre
1996.)
Mardi 17 décembre 1996 :
A
9 h 30 :
1° Vingt-trois questions orales sans débat (l'ordre d'appel des questions sera
fixé ultérieurement) :
- n° 485 de M. Jean Clouet à M. le ministre de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche (Mobilité des directeurs d'école)
;
- n° 488 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de la défense
(Renforcement des effectifs de gendarmerie en Essonne) ;
- n° 489 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre des petites et moyennes
entreprises, du commerce et de l'artisanat (Projet d'un centre commercial «
Carré de Sénart » [ex Francilia]) ;
- n° 490 de M. Marcel Bony à M. le garde des sceaux, ministre de la justice
(Réglementation de la vente par correspondance) ;
- n° 491 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'intérieur (Situation
des sapeurs-pompiers auxiliaires) ;
- n° 492 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le ministre du travail et des
affaires sociales (Financement des hôpitaux d'Ile-de-France) ;
- n° 493 de M. Jean-Claude Carle à Mme le ministre de l'environnement (Dégâts
causés par la prolifération des cormorans) ;
- n° 496 de M. Léon Fatous à M. le ministre délégué au logement (Relance du
secteur du bâtiment) ;
- n° 497 de M. Jacques Bimbenet à M. le ministre de l'intérieur (Tranquillité
publique dans certains quartiers de Paris) ;
- n° 498 de Mme Nicole Borvo à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (Mise en place d'une quatorzième ligne de métro
sur le tracé de Météor) ;
- n° 499 de Mme Janine Bardou à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (Qualité sanitaire de l'eau) ;
- n° 500 de M. René Rouquet à Mme le ministre de l'environnement (Construction
d'une turbine à combustion par EDF à Vitry-sur-Seine) ;
- n° 501 de M. Alain Joyandet à M. le ministre du travail et des affaires
sociales (Remboursement des cotisations familiales payées par les entreprises
situées en zone de revitalisation rurale) ;
- n° 502 de M. Edouard Le Jeune à M. le ministre de la fonction publique, de
la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Compensation des dépenses
supportées par les communes en matière d'environnement et de sécurité) ;
- n° 503 de M. Alain Joyandet à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (Conséquences pour le département de la
Haute-Saône du détournement du rapide suisse « l'Arbalète ») ;
- n° 504 de Mme Annick Bocandé à M. le ministre de l'agriculture, de la pêche
et de l'alimentation (Conditions d'octroi de la prime à l'herbe) ;
- n° 505 de M. Gérard Roujas à Mme le secrétaire d'Etat aux transports (Suite
donnée à la proposition de rachat du péage de Roques-sur-Garonne
[Haute-Garonne]) ;
- n° 506 de M. Edouard Le Jeune à M. le ministre de la fonction publique, de
la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Avenir de la Caisse nationale
de retraite des agents des collectivités territoriales) ;
- n° 508 de Mme Janine Bardou à Mme le ministre de l'environnement
(Financement des travaux de prévention des risques naturels prévisibles) ;
- n° 509 de M. Lucien Lanier à M. le ministre de la défense (Suppression d'une
brigade de gendarmerie dans le département du Val-de-Marne) ;
- n° 510 de M. Guy Cabanel à M. le ministre de la culture (Propriété
intellectuelle et technologie informatique des réseaux) ;
- n° 511 de M. Alain Gournac à M. le ministre de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche (Prévention de l'échec scolaire
chez les enfants dits intellectuellement précoces) ;
- n° 512 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'agriculture, de la
pêche et de l'alimentation (Extension de la zone montagne dans le département
de la Nièvre).
A
16 heures
et le soir :
Ordre du jour prioritaire
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture de la
proposition de loi tendant, dans l'attente du vote de la loi instituant une
prestation d'autonomie pour les personnes âgées dépendantes, à mieux répondre
aux besoins des personnes âgées par l'institution d'une prestation spécifique
dépendance.
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration
d'urgence, relatif à la zone franche de Corse (n° 126, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé à deux heures la durée globale du
temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le lundi 16 décembre
1996.)
4° Projet de loi de finances rectificative pour 1996, adopté par
l'Assemblée nationale (n° 125, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé à trois heures la durée globale du
temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers
groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le lundi 16 décembre
1996.)
Ordre du jour prioritaire
1° Suite du projet de loi de finances rectificative pour 1996 ;
2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi de finances pour 1997.
Ordre du jour prioritaire
1° Conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi sur l'air
et l'utilisation rationnelle de l'énergie (n° 116, 1996-1997) ;
2° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
portant transposition dans le code de la propriété intellectuelle des
directives du Conseil des Communautés européennes 93/83 du 27 septembre 1993 et
93/98 du 29 octobre 1993 (n° 28, 1996-1997) ;
3° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi relatif à l'aménagement, la protection et la mise en valeur de la zone
dite des « cinquante pas géométriques » dans les départements
d'outre-mer.
A 15 heures :
4° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de
la séance avant 11 heures.)
Ordre du jour prioritaire
5° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification
du traité entre la République française et le Royaume d'Espagne relatif à la
coopération transfrontalière entre collectivités territoriales, signé à Bayonne
le 10 mars 1995 (n° 106, 1996-1997) ;
6° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale,
portant ratification de l'ordonnance n° 96-782 du 5 septembre 1996 prise en
application de la loi n° 96-87 du 5 février 1996 d'habilitation relative au
statut général des fonctionnaires de la collectivité territoriale, des communes
et des établissements publics de Mayotte et relatif au statut administratif,
douanier et fiscal de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin (n° 122, 1996-1997)
;
7° Deuxième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, de
ratification des ordonnances prises en matière pénale pour Mayotte et les
territoires d'outre-mer (n° 121, 1996-1997) ;
8° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet
de loi relatif à l'union d'économie sociale du logement.
Ordre du jour prioritaire
1° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture :
- du projet de loi de finances rectificative pour 1996 ;
- du projet de loi relatif à la zone franche de Corse ;
- du projet de loi relatif à la collecte et à l'élimination des cadavres
d'animaux et des déchets d'abattoirs et modifiant le code rural ;
2° Navettes diverses.
(La conférence des présidents a fixé un délai limite général pour le dépôt
des amendements expirant, dans chaque cas, la veille du jour où commence la
discussion, à 17 heures, pour tous les projets de loi et propositions de loi ou
de résolution inscrits à l'ordre du jour, à l'exception des textes de
commissions mixtes paritaires et de ceux pour lesquels est déterminé un délai
limite spécifique.
Par ailleurs, la conférence des présidents a fixé les dates des séances de
questions d'actualité au Gouvernement, des séances de questions orales sans
débat et des séances mensuelles réservées par priorité à l'ordre du jour fixé
par le Sénat jusqu'à la fin de la session ordinaire 1996-1997 [cf. annexe
jointe].)
Mardi 14 janvier 1997 :
1° Huit questions orales sans débat (la liste des questions écrites sera
complétée et leur ordre d'appel sera fixé ultérieurement) :
- n° 486 de M. Alain Dufaut à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (Bilan de l'application de la loi relative à la lutte contre
le tabagisme et l'alcoolisme) ;
- n° 487 de M. Alain Dufaut à M. le garde des sceaux, ministre de la justice
(Calendrier de réalisation de la Cité judiciaire d'Avignon) ;
- n° 494 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (Problèmes posés par la commercialisation des boissons de type
« prémix ») ;
- n° 495 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à la
sécurité sociale (Lutte contre le tabagisme) ;
- n° 513 de M. Michel Charzat à M. le ministre de l'intérieur (Critères
d'affectation des policiers à Paris) ;
- n° 514 de M. Alain Gérard à M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et
de l'alimentation (Adaptation de la loi relative à l'aménagement et à la
réduction du temps de travail au secteur de la pêche) ;
- n° 515 de M. René-Pierre Signé à Mme le ministre de l'environnement (Parcs
naturels régionaux : bénéfice des aides financières et révision de la charte)
;
- n° 517 de M. Gérard Larcher à M. le ministre de l'équipement, du logement,
des transports et du tourisme (Financement du chantier de déviation de la RN 12
de Jouars-Ponchartrain [Yvelines]).
A
16 heures :
Ordre du jour prioritaire
(La conférence des présidents a fixé :
- au mardi 14 janvier 1997, à 17 heures, le délai limite pour le dépôt des
amendements à ce projet de loi ;
- à quatre heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la
discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la
liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel
il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront
être faites au service de la séance, avant 17 heures, le lundi 13 janvier
1997.)
Mercredi 15 janvier 1997 :
Ordre du jour prioritaire
Jeudi 16 janvier 1997 :
Ordre du jour prioritaire
A
15 heures :
2° Cinq projets de loi autorisant la ratification de l'accord de partenariat
et de coopération entre, d'une part, les Communautés européennes et leurs Etats
membres et, d'autre part :
- la République de Moldova (AN, n° 2837) ;
- la République kirghize (AN, n° 2840) ;
- la République du Kazakhstan (AN, n° 2841) ;
- la République de Russie (AN, n° 2838) ;
- l'Ukraine (AN, n° 2842).
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion
générale commune de ces cinq projets de loi.)
3° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'examen
des pourvois devant la Cour de cassation (n° 11, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 janvier 1997, à 17
heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de
loi.)
A N N E X E I
Dates prévisionnelles des séances de questions
et des séances mensuelles réservées de janvier à juin 1997
Janvier 1997
(Rappel : vacances parlementaires jusqu'au 12 janvier inclus)
Jeudi 23 janvier, à 15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 28 janvier :
séance mensuelle réservée.
Février 1997
Jeudi 6 février, à 15 heures : questions d'actualité au Gouvernement.
(Rappel : vacances parlementaires du 9 au 16 février)
Mardi 18 février :
séance mensuelle réservée.
Jeudi 20 février, à 15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 25 février, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mars 1997
Mardi 11 mars, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 13 mars :
séance mensuelle réservée.
Jeudi 20 mars, à 15 heures :
questions d'actualité au Gouvernement.
Mardi 25 mars, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Avril 1997
(Rappel : vacances parlementaires du 30 mars au 13 avril inclus)
Mardi 15 avril, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mardi 22 avril :
séance mensuelle réservée.
Jeudi 24 avril, à 15 heures :
questions d'actualité au Gouvernement.
Mardi 29 avril, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Mai 1997
Jeudi 15 mai, à 15 heures :
questions d'actualité au
Gouvernement.
Mardi 20 mai, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 22 mai :
séance mensuelle réservée.
Jeudi 29 mai, à 15 heures :
questions d'actualité au Gouvernement.
Juin 1997
Mardi 10 juin :
séance mensuelle réservée.
Jeudi 12 juin, à 15 heures :
questions d'actualité au Gouvernement.
Mardi 17 juin, à 9 h 30 :
questions orales sans débat.
Jeudi 26 juin, à 15 heures :
questions d'actualité au Gouvernement.
A N N E X E I I
Questions orales sans débat
inscrites à l'ordre du jour du mardi 17 décembre 1996
le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la
recherche sur la situation des directeurs d'école, qui exercent une fonction
importante et complexe : à l'égard des enseignants, ils ont une mission
pédagogique ; ils doivent connaître les élèves et leurs parents ; acteurs de la
vie locale il est nécessaire qu'ils soient au fait de ses divers aspects,
notamment au niveau des quartiers d'implantation de leur école ; il leur faut
par ailleurs nouer et développer des relations de travail et de convivialité
avec les élus municipaux et leurs services. Tout cela demande du temps. Or,
pour des raisons administratives qui paraissent ignorer tout ce qui précède,
les directeurs d'école souffrent d'une mobilité excessive, ne séjournant
parfois qu'un an ou deux ans dans leur établissement. Il conviendrait de
revenir à la situation antérieure où régnait une heureuse stabilité. Il
appartient aux services compétents de s'y employer.
N° 488. - M. Jean-Jacques Robert attire l'attention de M. le ministre de la
défense sur l'insécurité croissante en Essonne : meurtres, vols, vandalisme,
incendies, dégradation de véhicules, de matériel commercial, de bâtiments
publics. Les brigades de gendarmerie, en liaison avec la police nationale, ne
semblent pas pouvoir maîtriser une situation qui se dégrade. C'est pourquoi il
lui demande s'il ne pourrait pas être envisagé d'augmenter les effectifs de
gendarmerie en Essonne.
N° 489. - M. Jean-Jacques Robert attire l'attention de M. le ministre des
petites et moyennes entreprises, du commerce et de l'artisanat sur les risques
que fait peser le projet du centre commercial Francilia de 45 000 mètres
carrés, désormais baptisé « Carré de Sénart », sur l'équilibre précaire de
l'activité commerciale des centres-villes alentours : Evry, Corbeil-Essonnes,
Melun. Ce nouveau suréquipement commercial menace en effet directement les
commerces traditionnels et va à l'encontre de sa volonté maintes fois répétée
d'assurer aux commerçants et artisans une nouvelle chance de se développer ou
même de survivre, comme en témoigne la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative
au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat. Il lui
rappelle que ce projet a fait l'objet de quatre avis défavorables : celui de la
commission départementale d'urbanisme commercial de l'Essonne, celui de la
Commission nationale d'urbanisme commercial de Seine-et-Marne, celui de la
Commission nationale d'urbanisme commercial et celui du commissaire enquêteur
plus récemment en décembre 1994. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir
envisager un sursis à exécution de ce projet pendant quatre ans, afin
d'attendre que les habitants correspondants viennent s'installer sur
place.
N° 490. - M. Marcel Bony attire l'attention de M. le garde des sceaux,
ministre de la justice, sur les agissements de certaines entreprises de vente
par correspondance qui cherchent à se constituer une clientèle de façon
méprisable, en abusant de la crédulité, quelquefois même de la détresse dans
laquelle se trouvent certaines personnes. Ces sociétés n'hésitent pas à «
matraquer » le consommateur potentiel en lui adressant des courriers laissant
croire, à grand renfort de gros titres, de gros caractères et d'encadrés en
couleurs, qu'il a gagné un prix d'une valeur importante. La plupart du temps,
ce genre de démarchage ne résiste pas à une analyse très attentive du texte. Il
apparaît généralement, au verso des documents et en petits caractères, que ce
prétendu prix sera partagé entre tous les gagnants. Cependant, dans la mesure
où les envois sont personnalisés, quelqu'un d'un peu fragile peut mal les
interpréter. Dès lors, convaincu d'avoir gagné, il passe évidemment une
commande importante en risquant de mettre à mal sa situation financière,
puisqu'il ne reçoit au bout du compte qu'un lot d'une valeur de quelques
francs. Devant ce qu'il considère comme une véritable escroquerie, il lui
demande de lui faire connaître quelles mesures il envisage de prendre pour
mettre un terme à ce genre d'agissements et protéger le consommateur de ces
initiatives malhonnêtes qui bafouent l'esprit des lois de la
République.
N° 491. - M. René-Pierre Signé appelle l'attention de M. le ministre de
l'intérieur sur la situation des sapeurs-pompiers auxiliaires, qui ne peuvent
exercer leur activité durant leurs permissions ou leurs congés réguliers au
sein de leur centre de secours d'origine. Ils se trouvent donc, de ce fait,
dans une situation moins favorable que celle des appelés de la brigade des
sapeurs-pompiers de Paris, qui bénéficient d'une autorisation de leur chef
d'état-major pour remplir des missions pendant leurs permissions ou leur temps
de repos. Il paraît injuste que les jeunes qui effectuent leurs obligations
militaires dans le cadre des services d'incendie et de secours et bénéficiant
d'un encadrement et d'une formation de qualité ne puissent mettre en pratique
les connaissances qu'ils ont acquises dans leur centre d'appartenance. Lui
serait-il possible de lui indiquer si des mesures peuvent être envisagées en
vue d'étendre aux sapeurs-pompiers auxiliaires l'autorisation accordée aux
autres appelés afin de ne pas pénaliser ce mode de service national
?
N° 492. - Mme Marie-Claude Beaudeau demande à M. le ministre du travail et des
affaires sociales d'exposer les décisions prises vis-à-vis du budget et du
développement des hôpitaux de l'Ile-de-France. Elle lui demande quelles mesures
il envisage pour donner les moyens aux hôpitaux publics pour maintenir les 75
000 postes budgétaires sur lesquels, compte tenu des temps partiels, sont
rémunérées plus de 100 000 personnes. Elle lui demande si ces mesures ne
devraient pas prendre en compte des besoins spécifiques de l'Ile-de-France
fondés sur le développement inquiétant du nombre de toxicomanes et de patients
atteints du sida, l'isolement social induisant un plus fort taux de recours aux
structures psychiatriques, une pression démographique et un taux de recours à
l'hospitalisation publique plus forts qu'ailleurs, une concurrence du secteur
privé à but lucratif très présent et échappant à la politique de
restructuration envisagée pour les hôpitaux publics. Elle lui demande quelles
décisions il envisage pour que les coûts plus importants des services et
personnels hospitaliers en Ile-de-France soient pris en considération et que le
taux directeur soit fixé à hauteur de ces besoins de l'hôpital
public.
N° 493. - M. Jean-Claude Carle attire l'attention de Mme le ministre de
l'environnement sur les dégâts provoqués par la prolifération des cormorans
dans les zones de pêche et d'aquaculture. Les 2,5 millions de pêcheurs
associatifs de France ont, à cet égard, fait de la journée du 26 octobre
dernier une journée nationale de protestation contre la prolifération des
cormorans. Protégé par la directive « Oiseaux » de 1979, le cormoran a depuis
lors proliféré, envahissant des territoires sur lesquels sa colonisation était
inconnue, mettant en danger l'équilibre économique de la pêche et des
exploitations aquacoles et minant les efforts entrepris en faveur de la
restauration des écosystèmes aquatiques. A l'initiative de l'Alliance
européenne des pêcheurs à la ligne, le Parlement européen, dans une solution
adoptée le 15 février 1996, a invité la commission et le conseil à étudier des
solutions propres à atténuer les effets néfastes des cormorans. La France vient
de diligenter une mission d'experts scientifiques. Malgré ces multiples
actions, les solutions envisagées à ce jour ne permettront pas de gérer
convenablement la prolifération des cormorans. Dès lors, ne pourrait-on pas
envisager : l'exclusion du cormoran de l'annexe I de la directive 79/409/CEE ;
des mesures de rééquilibrage dans les zones où la prolifération anormale des
cormorans est vérifiée ; des interventions de régulation de la reproduction des
cormorans ? Pour avoir lui-même constaté les dommages générés par un vol de
cormorans s'abattant sur les étangs de la Dombe, il peut témoigner des pertes
que provoquent pour les aquaculteurs et pêcheurs la prolifération incontrôlée
de ces volatiles. Une prolifération excessive de l'espèce est aussi dangereuse
pour elle-même que sa raréfaction. Aussi, il lui demande si elle compte aller
dans le sens des mesures évoquées plus haut afin de restaurer un équilibre
souhaité par tous ?
N° 496. - M. Léon Fatous attire l'attention de M. le ministre délégué au
logement sur les difficultés rencontrées par les professionnels du bâtiment. En
effet, ceux-ci connaissent une situation dramatique, puisque 20 000 emplois ont
été supprimés au premier semestre 1996. Même si la signature de plus de 130 000
prêts à taux zéro peut constituer un espoir, il n'en reste pas moins que les
perspectives sont particulièrement négatives. Il lui demande quels sont ses
projets pour relancer le bâtiment. Enfin, il souhaite connaître le nombre de
PLA (prêts locatifs aidés) qui seront affecté à la région Nord - Pas-de-Calais,
et plus particulièrement à son département.
N° 497. - M. Jacques Bimbenet attire l'attention de M. le ministre de
l'intérieur sur les pratiques intolérables qui se développent dans le quartier
de la porte Dauphine à Paris. En effet, depuis de nombreuses années et alors
que des plaintes ont souvent été enregistrées, les riverains doivent côtoyer
une catégorie d'individus, hommes et femmes, dont les comportements sexuels
déviants, exprimés de façon ostentatoire, constituent une insulte à la morale
et à l'ordre publics. Cette débauche est d'autant plus choquante qu'elle
s'organise dès 19 heures, et ce alors que de nombreux étudiants de l'université
Dauphine quittent la faculté tard dans la soirée, inquiétés par l'insécurité
qui se développe alentour. Par ailleurs, il est inacceptable que l'avenue Foch,
une des plus prestigieuses artères parisiennes, ait la réputation d'être l'un
des hauts-lieux de la prostitution parisienne. En conséquence, il souhaite
connaître les mesures que M. le ministre envisage de prendre pour mettre fin à
cette situation.
N° 498. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le ministre de
l'équipement, du logement, des transports et du tourisme sur la nécessité de
mettre en place une quatorzième ligne de métro sur le tracé du Météor et pour
rendre autonome la branche qui va sur Clichy et Gennevilliers. Le transport de
quelque 20 000 voyageurs de plus dans les années à venir sur la ligne 13
nécessite la réalisation de Météor dans sa partie nord et le dédoublement de la
ligne 13-13
bis
à partir de Paris en créant une nouvelle ligne
de Paris à Gennevilliers. On permettrait ainsi que la ligne 13 soit prolongée
dans de bonnes conditions jusqu'à Stains. Pour toutes ces raisons, elle lui
demande ce qu'il compte faire pour mettre en place une commission voyageurs,
composée des pouvoirs publics, des usagers, des personnels des transports, des
élus et des chambres de commerce dont la mission serait de définir les besoins
des usagers.
N° 499. - Mme Janine Bardou attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la
santé et à la sécurité sociale sur la qualité sanitaire de l'eau qui préoccupe,
à juste titre, nos concitoyens. De gros efforts sont réalisés par les
collectivités territoriales, les propriétaires privés et les administrations
compétentes pour garantir et améliorer sans cesse cette qualité. Cependant,
l'application de la réglementation actuelle se heurte à un certain nombre
d'incohérences dès qu'il s'agit de petites installations qui ne sont pas
raccordées au réseau public : c'est le cas de nombreux producteurs de fromages
fermiers, de producteurs laitiers ainsi que d'agriculteurs qui exercent des
activités d'accueil, tous indispensables au maintien de l'emploi, de l'activité
économique et de la vie sociale dans les zones les plus défavorisées du
territoire. D'ailleurs, la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au
développement et à la protection de la montagne reconnaît que les
réglementations doivent être adoptées afin que l'activité agricole, reconnue
essentielle dans ces zones, ne soit pas compromise. Or le décret du 3 janvier
1989 du code de la santé publique impose une procédure d'autorisation
préfectorale inadaptée pour des petites unités économiques familiales, viables
mais particulièrement sensibles par son coût : 20 000 à 30 000 francs de frais
d'études et d'analyses diverses pour la constitution d'un dossier, auxquels il
faut ajouter 12 000 à 15 000 francs d'analyses annuelles ; par ses contraintes
inapplicables lorsque le demandeur ne dispose pas de la maîtrise foncière du
périmètre de protection, du captage ou de réseau de raccordement. Dans nos
régions, la copropriété des sources est le cas le plus courant. Ces exigences,
justifiées pour des industries agroalimentaires de taille importante, sont
disproportionnées pour des fromagers fermiers qui utilisent de faibles
quantités d'eau. Dès que les services vétérinaires exigent, en application de
leur législation spécifique (arrêté du 28 juin 1994) l'application stricte du
décret du 3 janvier 1989, on aboutit à des menaces de fermeture définitive
d'établissements et à des impossibilités d'installations, situations toutes
délicates à gérer localement. De même que le décret n° 93-743 du 29 mars 1993
consécutif à la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l'eau dispense de procédure
d'autorisation « un usage domestique de l'eau » et assimile à cet usage tout
prélèvement inférieur ou égal à 40 mètres cubes d'eau par jour, il semble
nécessaire d'accorder certaines dérogations aux établissements de faible
capacité utilisant une faible quantité d'eau. Elle insiste sur la nécessité
d'offrir aux consommateurs des produits d'une qualité sanitaire irréprochable
sans pour autant étouffer les petites entreprises par des procédures inutiles
et incohérentes : il en va du maintien de l'emploi, des possibilités
d'installation et d'une occupation équilibrée du territoire à un coût
supportable pour la collectivité.
N° 500. - M. René Rouquet appelle l'attention de Mme le ministre de
l'environnement sur le démarrage des travaux de construction d'une turbine à
combustion par EDF sur le site Arrighi de Vitry-sur-Seine à l'heure où de
graves problèmes de pollution atmosphérique se posent en Ile-de-France. Choqué
par le caractère pour le moins prématuré et inacceptable du début de ces
travaux, décidés avant même d'avoir obtenu les résultats définitifs de l'étude
globale de pollution réclamés à maintes reprises sur ce secteur qui paye déjà
un lourd tribut aux nuisances atmosphériques, il lui demande de bien vouloir
lui faire part de la position du Gouvernement sur cette situation, qui suscite
les plus vives inquiétudes au regard de la santé publique.
N° 501. - M. Alain Joyandet appelle l'attention de M. le ministre du travail
et des affaires sociales sur les difficultés rencontrées par les entreprises
concernant l'interprétation des mesures prises en application de la loi n°
95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement
du territoire. En effet, conformément à son article 59 II, les entreprises, sur
les conseils de l'URSSAF, comptaient sur un remboursement des cotisations
familiales payées par elles depuis le 1er janvier 1995, à partir du moment où
elles seraient situées sur une zone de revitalisation rurale (ZRR). Telle ne
semble cependant pas être l'interprétation du ministère du travail et des
affaires sociales, qui ne fait bénéficier de l'exonération qu'à compter de
l'entrée en vigueur du décret définissant les ZRR, soit le 17 février 1996. Il
le remercie de bien vouloir lui indiquer sur quel fondement repose
l'interprétation du ministère alors même que le texte législatif prévoit une
application « à partir du 1er janvier 1995 (...) dans les ZRR (...) ».
N° 502. - M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur les
dépenses souvent insupportables mises à la charge des communes, et plus
particulièrement des communes rurales. En effet, les normes édictées aux
niveaux national et européen en matière, notamment, d'environnement et de
sécurité induisent de nouvelles dépenses qui viennent grever les budgets
communaux dans un contexte économique et financier difficile. C'est le cas, en
particulier, des décrets ou arrêtés du 7 février 1996 sur la protection de la
population contre les risques liés à l'exposition à l'amiante, mais également
des dispositions législatives et réglementaires relatives à l'assainissement.
Il lui demande ce que l'Etat entend faire afin de compenser ces charges indues
qui pèsent, à la fois, sur les collectivités et les contribuables locaux.
N° 503. - M. Alain Joyandet appelle l'attention de M. le ministre de
l'équipement, du logement, des transports et du tourisme sur le projet de
détournement du rapide suisse « l'Arbalète » de la ligne Paris-Bâle, via
Vesoul-Belfort par Vallorbe-Frasne. En effet, alors même que le ministre a
récemment reconnu l'importance pour le département de la Haute-Saône du
maintien de cette ligne d'intérêt national, le détournement du rapide «
l'Arbalète » aurait des conséquences très néfastes pour le département. C'est
pourquoi, il le remercie de bien vouloir lui indiquer les dispositions qu'il
compte prendre pour compenser cette perte.
N° 504. - Mme Annick Bocandé attire l'attention de M. le ministre de
l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur le peu d'effet produit par
la prime à l'herbe dans certains départements. Le problème vient du plafond
d'exclusion en chargement fixé pour l'octroi de cette aide. Pour être
attractive, la prime à l'herbe devrait être accordée sans plafond d'exclusion.
Elle lui demande si une telle mesure pourrait être prise en faveur de la prime
à l'herbe.
N° 505. - M. Gérard Roujas attire l'attention de Mme la secrétaire d'Etat aux
transports sur le dossier particulièrement sensible du péage dit de
Roques-sur-Garonne permettant d'accéder à l'ancienne voie de dégagement
Sud-Ouest transformée en A 64, aux portes de Toulouse. Cette situation est
unique en France : un péage est installé à un kilomètre de l'entrée d'une
grande ville, rendant payante une voie réalisée avec les deniers des
contribuables et que les usagers emprunteraient gratuitement jusqu'au 5 mars
1996. Sans revenir sur les différentes péripéties qui ont émaillé ce dossier,
il convient d'examiner la situation actuelle. D'un côté, les usagers refusent,
à juste titre, cette sorte d'octroi situé à quelques kilomètres du coeur de
Toulouse. Comment expliquer que le trafic à l'endroit où est situé aujourd'hui
le péage de Roques était de 60 000 véhicules par jour avant la mise en service
de celui-ci et soit tombé à 14 000 véhicules par jour après ? Comment expliquer
l'accroissement considérable du trafic sur la R.N. 20 (de 19 000 à 40 000
véhicules par jour) et sur les voies environnantes ? Si ce n'est par le refus
des usagers de payer pour emprunter un axe routier que, jusque-là, ils
empruntaient gratuitement. Face à cette détermination, le Gourvernement a fait
une proposition de « rachat partiel » du péage. Cette proposition consisterait,
semble-t-il, à exonérer certaines catégories d'usagers alors que d'autres
continueraient à payer ? Cette demi-solution, fort complexe à mettre en oeuvre,
n'est pas acceptable et, on le voit bien, ne permet pas de sortir de l'impasse.
Plutôt que d'envisager le rachat total du péage, le Gouvernement semble
préférer consacrer 150 millions de francs à des travaux d'aménagement de la
R.N. 20 (travaux à l'échangeur du Châpitre et suppression du passage à niveau
de Pinsaguel), travaux dont chacun s'accorde à dire qu'ils ne résoudront que
deux problèmes ponctuels et ne permettront pas d'absorber de manière
satisfaisante le trafic actuel sur cette route. La majorité du conseil général
de la Haute-Garonne et son président ont fait une autre proposition qui serait,
elle, de nature à clore définitivement ce dossier. Quelle est-elle ?
Négociation avec les autoroutes du Sud de la France sur le rachat du péage afin
d'en déterminer le juste montant entre les 67 millions de francs demandés en
1991 et les 275 millions de francs avancés aujourd'hui ; participation
financière au rachat du péage : du conseil général de Haute-Garonne, du conseil
régional de Midi-Pyrénées et des communes concernées ; report des sommes que
l'Etat se propose de consacrer à l'aménagement de la R.N. 20 sur le rachat de
ce péage. Sachant que la détermination des usagers est intacte et qu'ils ne
sauraient se contenter de demi-mesures, il lui demande si elle entend, et le
Gouvernement avec elle, se rallier à la proposition du conseil général de
Haute-Garonne et, dans l'hypothèse d'une réponse favorable, si elle entend
favoriser sa mise en oeuvre.
N° 506. - M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur
l'avenir de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités
territoriales (CNRACL). Selon le dernier rapport de la Commission des comptes
de la sécurité sociale, le déficit de trésorerie de la CNRACL devrait atteindre
8 milliards de francs à la fin de 1997. Le Gouvernement a décidé, dans le cadre
de la loi de finances pour 1997, d'affecter l'essentiel de l'excédent du régime
de l'allocation temporaire d'invalidité des agents des collectivités locales
(4,5 milliards de francs) à la CNRACL. Mais il s'agit d'une opération
ponctuelle qui ne pourra pas, par définition, être répétée les prochaines
années. Il lui demande donc ce qu'il entend faire afin d'assainir de manière
plus durable la situation financière de la CNRACL.
N° 508. - Mme Janine Bardou attire l'attention de Mme le ministre de
l'environnement sur les conditions de l'application de la loi n° 95-101 du 2
février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement et ce
à la suite d'un éboulement survenu, fin 1995, sur une commune de son canton,
Barjac, en Lozère, qui a causé la mort d'une personne et des dégâts à plusieurs
habitations. Ce village, d'environ six cents habitants, est en effet surplombé
par une falaise pour laquelle une mission d'expertise technique a été
diligentée par les services de l'Etat. Cette étude, récemment menée sur ce
site, évaluant précisément le risque et définissant les mesures de sécurité
adaptées, a conclu à l'instabilité de cette falaise et à la possibilité de
prévenir les risques d'éboulement par la réalisation d'ouvrages de protection.
L'article 11 de la loi suscitée prévoit, en cas de risques naturels majeurs,
une procédure d'expropriation diligentée par l'Etat à la condition que les
moyens de sauvegarde et de protection des populations s'avèrent plus coûteux
que les indemnités d'expropriation. Or, dans le cas de Barjac, le coût des
ouvrages de protection envisagés, bien que très important, demeure toutefois
inférieur à la valeur vénale des habitations susceptibles d'être atteintes par
des blocs, mais reste hors de proportion avec les moyens financiers de cette
petite commune. Dans une telle situation, il semble qu'aucun financement
spécifique ne soit prévu par la loi car il n'est pas possible d'émarger au
Fonds de prévention des risques naturels majeurs. C'est pourquoi elle lui
demande quels moyens sont à la disposition de la commune et notamment s'il
n'est pas possible d'envisager de réserver une part de ce fonds aux communes se
trouvant dans cette situation ? Enfin, elle souhaiterait également connaître
les recours financiers qui existent pour assurer les travaux de prévention des
risques naturels prévisibles.
N° 509. - M. Lucien Lanier attire l'attention de M. le ministre de la défense
sur le problème que rencontrent certains maires face à la disparition de
brigades de gendarmerie. En effet, dans bien des cantons, les effectifs de
gendarmerie demeurent des forces de l'ordre permanentes indispensables. C'est
notamment le cas pour le canton comprenant les communes d'Ablon-sur-Seine et de
Villeneuve-le-Roi, dont la brigade de gendarmerie est menacée de suppression.
Or, il s'agit, dans le Sud du département du Val-de-Marne, de communes où
l'insécurité s'accroît, soit du fait de bandes incontrôlées, soit par le
nomadisme sauvage. Il souhaiterait savoir quelles solutions pourraient être
envisagées pour remédier à ce problème, qui nuit à la sécurité des biens et des
personnes.
N° 510. - M. Guy Cabanel attire l'attention de M. le ministre de la culture
sur la négociation, courant décembre à Genève, en vue de l'adjonction d'un
protocole à la convention de Berne, de 1971, portant sur les droits d'auteur et
la propriété industrielle, et dont l'organisation mondiale de la propriété
intellectuelle a proposé la révision. Il interroge le ministre de la culture,
en charge de ce dossier sur les difficultés pouvant résulter de mesures
décidées, notamment si l'on considérait que les droits exclusifs propres à la
dissémination d'une oeuvre, devaient s'appliquer aux copies éphémères,
invisibles, rendues indispensables à la transmission de données aux points
d'interconnexion des réseaux informatiques. Il souhaiterait connaître les
orientations données par le Gouvernement aux négociateurs français dudit
protocole, notamment quant à la différence qu'il convient d'introduire entre
les distributeurs de services qui se contentent de relayer l'information et
ceux qui la fournissent.
N° 511. - M. Alain Gournac attire l'attention de M. le ministre de l'éducation
nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la nécessité de
mettre en place une politique de prévention de l'échec scolaire chez les
enfants dits intellectuellement précoces. Il n'est pas encore suffisamment su
que ces enfants sont aujourd'hui en situation d'échec pour la simple raison
que, dès leur plus jeune âge, leur goût de l'étude n'a pas été stimulé par un
rythme d'apprentissage adapté à leurs potentialités et qu'ils se sont ennuyés à
l'école. Or ces enfants, loin de n'être pas faits pour l'école, sont trop faits
pour l'école : ce sont en effet des enfants extrêmement vifs, curieux de tout,
imaginatifs, animés d'une soif d'apprendre telle qu'ils deviennent très
facilement la proie de l'ennui lorsqu'ils doivent suivre un rythme trop lent
pour eux. Bénéficiant d'immenses facilités, ils ne sont pas entraînés à
l'effort personnel et n'acquièrent pas les méthodes de travail nécessaires pour
réussir dans les études supérieures. Or ces méthodes doivent s'acquérir le plus
tôt possible, dès les premières années, pour permettre à ces enfants
intellectuellement précoces de donner toute leur mesure. Ils représentent de
2,5 à 5 % d'une classe d'âge et appartiennent à tous les milieux, car la
précocité n'est pas un phénomène social ; ce qui l'est, c'est l'aide que
reçoivent ceux qui ont la chance d'appartenir à des familles culturellement
favorisées, parce que ces familles sauront souvent persuader les enseignants
qu'une solution plus adaptée est à trouver pour leur enfant. Il faut savoir que
33 % de ces enfants sont en situation d'échec en fin de 3e et que 17 % font des
études médiocres. C'est un gâchis qui, comme tous les gâchis, n'est pas
acceptable. C'est pourquoi il lui demande ce qu'il envisage de mettre en oeuvre
pour apporter une solution à ce problème, car il n'est pas dans le rôle de la
République ni d'abandonner aux seuls établissements privés sous contrat le soin
de le régler ni de laisser des écoles sans contrat, et donc sans contrôle, se
créer et faire croire aux parents qu'elles ont la solution.
N° 512. - M. René-Pierre Signé appelle l'attention de M. le ministre de
l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation sur l'extension de la zone
montagne dans le département de la Nièvre. La directive communautaire 75/268 du
28 avril 1976, prise pour son application en France, fixe les conditions de
classement des communes en zone montagne. La délimitation d'une zone montagne
repose sur les notions : d'entité géographique, ce qui implique un ensemble de
communes contiguës ; de handicaps importants à l'exercice de l'activité
agricole qui proviennent de l'existence de fortes pentes (moyennes d'au moins
20 %), d'altitudes élevées (moyennes d'au moins 700 mètres) ou d'une
combinaison de pente et d'altitude qui entraîne les mêmes difficultés. Pour le
Morvan, le handicap a toujours été estimé selon cette troisième formule. Ne
sont éligibles que les communes ou parties de communes dont la valeur dépasse
un seuil de référence fixé à deux. A ce jour, il apparaît que les possibilités
réglementaires d'extensions de la zone montagne soient épuisées. L'extension de
la zone montagne requiert au préalable une modification de la réglementation
autorisant soit la fusion de communes (l'unité de base de la reconnaissance
étant la commune ou la partie de commune, la péréquation de points de handicap
n'est pas admise), soit la prise en compte comme unité de base d'associations
de communes. Il serait également envisageable de modifier les modalités de
calcul utilisées dans le Morvan (qui sont similaires à celles utilisées pour le
Massif central), en retenant les critères utilisés pour les Vosges. En
conséquence, il lui demande s'il lui est possible de prendre en compte cette
extension de la zone montagne qui lui paraît logique et très souhaitée par les
agriculteurs de ces communes qui rencontrent toutes les difficultés des zones
difficiles et à climat rigoureux.
Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance du mardi 10 décembre 1996
SCRUTIN (n° 53)
sur l'amendement n° II-169, présenté par M. Jean-Pierre Masseret et les membres
du groupe socialiste et apparentés, tendant à supprimer l'article 72 du projet
de loi de finances pour 1997, adopté par l'Assemblée nationale (déduction
fiscale pour investissement).
Nombre de votants : | 316 |
Nombre de suffrages exprimés : | 314 |
Pour : | 94 |
Contre : | 220 |
Le Sénat n'a pas adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Pour :
15.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
5. - MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon
Collin et Mme Joëlle Dusseau.
Contre :
16.
Abstentions :
2. - MM. François Giacobbi et Pierre Jeambrun.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :
Contre :
93.
N'a pas pris part au vote :
1. - M. Yves Guéna, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Pour :
74.
N'a pas pris part au vote :
1. - M. Claude Pradille.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :
Contre :
59.
N'a pas pris part au vote :
1. - M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :
Contre :
44.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :
Contre :
8.
N'ont pas pris part au vote :
2. - MM. Jean-Pierre Lafond et Paul
Vergès.
Ont voté pour
François Abadie
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Félix Leyzour
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
Ont voté contre
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Abstentions
MM. François Giacobbi et Pierre Jeambrun.
N'ont pas pris part au vote
MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat et Yves Guéna, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 54)
sur l'ensemble du projet de loi de finances pour 1997,
adopté par l'Assemblée nationale
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 311 |
Pour : | 218 |
Contre : | 93 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (15) :
Contre :
15.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :
Pour :
15.
Contre :
4. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, Yvon Collin et
Mme Joëlle Dusseau.
Abstentions :
4. _ MM. André Boyer, François Giacobbi, Pierre Jeambrun
et Robert-Paul Vigouroux.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :
Pour :
93.
Abstention :
1. _ M. Emmanuel Hamel.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
74.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Claude Pradille.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (60) :
Pour :
59.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (44) :
Pour :
44.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (10) :
Pour :
7.
Abstention :
1. _ M. Philippe Darniche.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Jean-Pierre Lafond et Paul
Vergès.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
Georges Dessaigne
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Yves Guéna
Jacques Habert
Hubert Haenel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Guy Robert
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Monique ben Guiga
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Jacques Bialski
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Claude Billard
Marcel Bony
Nicole Borvo
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Jacqueline Fraysse-Cazalis
Aubert Garcia
Claude Haut
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Guy Lèguevaques
Félix Leyzour
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Alain Richard
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
René Rouquet
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
Abstentions
MM. André Boyer, Philippe Darniche, François Giacobbi, Emmanuel Hamel, Pierre
Jeambrun et Robert-Paul Vigouroux.
N'ont pas pris part au vote
MM. Jean-Pierre Lafond, Claude Pradille et Paul Vergès.
N'a pas pris part au vote
M. René Monory, président du Sénat.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
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