Mercredi 23 octobre 2019, la commission des affaires européennes a entendu une communication de Jean BIZET et André GATTOLIN à la suite de leur déplacement en Islande à l'occasion de l'Artic Circle.
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Trois questions à Jean BIZET et André GATTOLIN sur leur communication à la suite de leur déplacement en Islande à l'occasion de l'Arctic Circle (23 octobre 2019)
Quel est le sens de votre déplacement en Islande et de votre participation à l’Arctic Circle ?
Jean BIZET : L’Arctic Circle est un important forum de dialogue sur les questions arctiques, créé par l’ancien Président de la République d’Islande, M. Grímsson.
La commission des Affaires européennes s’intéresse de près à ces sujets : André GATTOLIN a publié trois rapports concernant les enjeux de l’Arctiqueespace_presse/actualites/201910/typo3/#_ftn1, le partenariat entre le Groenland et l’Union européenne, dont nous nous sommes entretenus avec la ministre des Affaires étrangères du Groenland, ainsi que la stratégie arctique de l’Union européenne, qui faisait l’objet d’un débat auquel j’ai participé avec deux ambassadeurs de l’Union européenne.
Les personnalités islandaises que nous avons rencontrées ont perçu notre présence comme un gage de la qualité des relations entre la France et l’Islande. Nous avons également évoqué les liens entre l’Islande et l’Union européenne. Si elle n’a pas adhéré à l’Union, l’Islande est membre de l’Espace économique européen. Un rapport remis récemment au gouvernement islandais met en évidence les bénéfices que ce pays en retire.
Quels sont aujourd’hui les enjeux relatifs à l’Arctique ?
André GATTOLIN : Tout le monde reconnaît l’enjeu environnemental lié au réchauffement climatique et à la fonte des glaciers, souligné par le récent rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique. Mais les échanges intervenus à l’Arctic Circle montrent que le changement climatique est aussi analysé par certains acteurs en termes d’opportunités, notamment d’opportunités économiques.
Par ailleurs, la dimension géopolitique et géostratégique de l’Arctique, mise en évidence par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, est de plus en plus prégnante. Ce n’est pas un hasard si le ministère des Armées vient de publier un dossier spécial intitulé "La France et les nouveaux enjeux arctiques".
Les échanges que nous avons eus en Islande font ainsi écho aux travaux de la conférence interparlementaire sur la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) qui s’est tenue en septembre 2019 à Helsinki. Ses conclusions soulignaient que "la transformation de l’Arctique représente un effet majeur du changement climatique sur la sécurité de l’Union européenne".
L’Union européenne doit-elle réviser sa stratégie pour l’Arctique ?
André GATTOLIN : L’Union européenne a adopté une stratégie pour l’Arctique en 2016. Cette même année, notre pays a adopté sa feuille de route nationale pour l’Arctique. Le rapport que j’ai publié au nom de la commission des Affaires européennes les a analysées en détail et de manière critique. J’avais alors souligné certaines lacunes de la stratégie de l’Union qui apparaissent flagrantes aujourd’hui, compte tenu de la dimension géostratégique croissante de l’Arctique. Le manque de visibilité des moyens mis en œuvre est notamment un sujet pour le prochain cadre financier pluriannuel.
Jean BIZET : Un think-tank interne à la Commission européenne, le Centre européen de stratégie politique, vient de recommander la révision de la stratégie de l’Union européenne pour l’Arctique, qui apparaît désormais décalée par rapport aux nouveaux enjeux. Reste à savoir selon quelles modalités et quel calendrier.
Ce dossier est important car on ressent un besoin d’Europe, face aux trois grandes puissances qui s’affirment dans la zone – Russie, Chine et Etats-Unis. Plusieurs Etats membres de l’Union européenne ont adopté des stratégies nationales ou des feuilles de route pour l’Arctique. Indéniablement se pose la question de l’articulation entre ces feuilles de route nationales et la stratégie de l’Union européenne. Au-delà du nécessaire dialogue entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen, il faut prévoir des modalités d’échange avec les Parlements nationaux. C’est donc un dossier que la commission des Affaires européennes continuera à suivre ce dans les mois qui viennent.
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