Échanges avec la salle |
Jean MASSOT, membre du conseil d'État honoraire
Concernant les propositions du Comité VEDEL reprises par Édouard BALLADUR, cet aménagement de l'article 89 n'aurait pu être adopté que par l'article 11. Or, je ne vois pas le Sénat adopter une diminution de son pouvoir de verrouillage sur les révisions constitutionnelles.
Bernard BONJEAN
Une question esquissée par le Président Gérard LARCHER n'a pas reçu de réponse. Les primaires sont-elles compatibles avec l'élection au suffrage universel du Président de la République, telle que l'a voulue le Général de GAULLE c'est-à-dire en gommant l'influence des partis ?
Didier MAUS
Je pense que nous ne sommes plus dans la période du Général de GAULLE, le système a évolué. Les primaires tendent à devenir un système classique. La question se pose de savoir si les primaires doivent devenir un troisième tour par anticipation de l'élection présidentielle ou bien si elles doivent continuer d'être organisées par les partis en totale autonomie. Je suis plutôt pour cette deuxième position. Le seul problème juridique que j'entraperçois est celui de l'intégration dans le compte de campagne des candidats des dépenses afférentes aux primaires. La pratique apportera sans doute des réponses pertinentes.
De la salle, Philippe MARTIAL, fonctionnaire parlementaire honoraire
Ayant passé la quasi-totalité de l'été 1962 en compagnie de Gaston MONNERVILLE, j'ai pu observer une espèce de rancune contre le Général de GAULLE. Outre les indélicatesses vis-à-vis de la Constitution, la dislocation de l'Empire constituait également un élément d'agacement. Gaston MONNERVILLE était obsédé par la conservation d'un Empire entièrement décolonisé, une sorte de Commonwealth à la française. Ce même été, après avoir lu Le fil de l'Épée , Gaston MONNERVILLE avait mis en exergue des grandes différences entre les hommes politiques de principe qui défendent les idées et les hommes de pouvoir qui ne cherchent qu'à occuper la première place.
Par ailleurs, Gaston MONNERVILLE accordait une très grande importance à l'élection de Napoléon BONAPARTE, dont le seul mérite était d'être le neveu du premier. Il se méfiait donc de la démocratie directe. En outre, deux hommes politiques ont affirmé qu'ils avaient déterminé Gaston MONNERVILLE à parler au congrès radical Vichy, à condition qu'il parle en son nom.
Pour conclure, Gaston MONNERVILLE, évoquant un jour ce projet d'élection du Président de la République au suffrage universel, avait déclaré : « C'est un truc à faire élire un Le Pen ! ». Cette phrase est désormais à accorder au féminin.
Jean-Paul BRUNET
S'agissant de la communauté française, les collègues et spécialistes de l'histoire coloniale sont très réservés à l'égard des positions de Gaston MONNERVILLE à l'époque. Ce dernier leur semble peu attentif au coût financier des réformes de la communauté.