C. LES CONTRATS DE PLAN ONT FAVORISÉ LA CONCERTATION ENTRE LES SERVICES DE L'ETAT

• Votre rapporteur a demandé à l'ensemble des ministères concernés par la contractualisation si la procédure de contrat de plan Etat-Région influençait effectivement l'organisation ou la façon de travailler de leurs services.

En réponse, la plupart des ministères estiment, à l'instar du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, que la préparation des contrats de plan conforte les échanges d'information entre les administrations centrales et les services déconcentrés, au sein " d'une démarche à la fois descendante et ascendante ", où se croisent la vision générale des administrations centrales, et " les données et appréciations du terrain , aujourd'hui indispensables à l'allocation optimale des ressources publiques ".

De la sorte, selon le ministère de l'Agriculture, " l'élaboration des contrats de plan permet aux différentes directions [centrales] d'appréhender de façon plus globale les problèmes qui se posent dans les régions. Parallèlement, les services déconcentrés perçoivent mieux les contraintes afférentes aux diverses politiques concernées ".

La procédure de contrat de plan Etat-Région valorise ainsi l'expertise déconcentrée .

Par ailleurs, la procédure de contrat de plan favorise " la concertation " et les échanges d'information entre services déconcentrés ou entre administrations centrales de ministères différents. Par exemple, selon le ministère de la Défense " la contractualisation met en rapport plusieurs organismes qui, sans cet exercice, ne travailleraient pas spontanément ensemble ".

De même, selon le ministère de l'Equipement, " la procédure de contrat de plan a constitué pour les services du ministère une opportunité de travail avec les différents services de l'Etat au niveau territorial ", et la procédure de contrat de plan " met en oeuvre des processus de coordination " des directions du ministère, notamment en matière de " politiques urbaines (habitat, action foncière, déplacements) et de politiques multimodales de transport ".

Au total, selon le ministère de l'Emploi et de la Solidarité " l'influence des contrats de plan sur la façon de travailler des services est indéniable et se remarque [ notamment ] par une plus grande transversalité ".

Il semble ainsi que la procédure de contrat de plan tende à accroître l'importance des politiques par essence interministérielles , comme la politique de la Ville et la promotion de l'égalité homme-femme, ou, dans une moindre mesure les actions en faveur du Tourisme ou de la Jeunesse. Par exemple, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité précise que la mise en oeuvre d'approches globales " renforce la légitimité et la pertinence de l'intervention des déléguées régionales aux droits des femmes sur les questions emploi-formation vis-à-vis des autres services déconcentrés ".

La procédure de contrat de plan pourrait aussi légèrement renforcer le rôle des " petits " ministères et des " petites " administrations centrales.

L'influence des contrats de plan sur les pratiques administratives de l'Etat est donc réelle .

• Cette influence est néanmoins limitée.

En premier lieu, la procédure de contrat de plan " ne change pas fondamentalement l'organisation ou la façon de travailler des services " de l'Etat concernés par les aides aux entreprises (Commerce extérieur, Industrie), comme le reconnaît notamment le secrétariat d'Etat à l'Industrie. En effet, l'inscription de dispositifs d'intervention économique dans un contrat de plan constitue beaucoup plus un outil de programmation budgétaire que la traduction d'une logique de projet.

De même, la Direction du Budget estime que " la procédure budgétaire est dans l'ensemble peu affectée par l'existence des contrats de plan ".

Par ailleurs, le développement de l'organisation en réseau des services de l'Etat est particulièrement lent . Les échanges d'information entre administrations, centrales ou déconcentrées, sont encore étroitement limités par la prégnance d'une logique ministère et sectorielle, par la dispersion géographique des services déconcentrés, par le formalisme procédural et l'atmosphère de confrontation des réunions interservices, par l'insuffisance des capacités d'expertise transversale dont disposent les préfets pour impulser des coopérations interministérielles, enfin par la résistance de certains " grands " ministères, comme l'Equipement ou l'Enseignement supérieur.

Plus généralement, l'influence de la contractualisation Etat-Région était limitée par l'importance relative des engagements portés aux contrats de plan : moins de 1 % des dépenses annuelles de l'Etat , et moins de un dix-millièmes des dépenses de certains ministères (Défense, Justice).

Enfin, les échanges d'information induits par la procédure de contrat de plan sont limités à la période de préparation et d'élaboration des contrats (un an à un an et demi) : il ne semble guère que les modalités d'exécution des contrats favorisent la mise en réseau des administrations.

• En conclusion, la préparation des contrats de plan favorise, de manière limitée, mais réelle, la concertation entre administrations de l'Etat.

Il y a toutefois un saut qualitatif entre ces échanges d'information, et la coordination interministérielle des politiques publiques , c'est à dire la mise en cohérence des objectifs poursuivis par l'ensemble des administrations.

Il ne semble pas que ce saut qualitatif ait été véritablement effectué.

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