III. SYNTHÈSE COMPARATIVE DES PRÉVISIONS À MOYEN TERME
La
projection de l'OFCE, telle qu'elle vient d'être présentée,
constitue une extrapolation des tendances à l'oeuvre dans
l'économie française, sur la base d'une prolongation des
comportements observés sur le passé. Elle offre par ailleurs un
cadre global où les évolutions et les comportements
macroéconomiques sont cohérents entre eux. En cela, cet exercice,
sans décrire l'avenir le plus probable, constitue à tout le moins
un instrument d'analyse utile pour les choix de politique économique.
La projection à moyen terme réalisée par l'
INSEE
en
juillet dernier obéit peu ou prou à la même logique. Les
éléments les plus significatifs sont présentés
ci-après.
Les exercices à moyen terme de deux organismes, dont le Sénat
suit régulièrement les travaux, sont également
résumés ci-dessous : il s'agit du Centre de Recherches pour
l'Expansion de l'Economie et le Développement des Entreprises (REXECODE)
et du Bureau d'Informations et de Prévisions Economiques (BIPE). Ceux-ci
procèdent d'une autre logique et recourent à d'autres
méthodes : ils sont réalisés hors modèle et
à " dire d'expert ". En ce sens, ils revêtent un
caractère plus
prédictif
.
A. LE SCÉNARIO À MOYEN TERME ÉLABORÉ PAR L'INSEE
Ces deux
dernières années, l'INSEE avait élaboré des
scénarios de
résorption progressive des
déséquilibres
que connaît l'économie
française à la suite des années de faible croissance de
1990 à 1996, grâce à des comportements de demande des
agents privés très dynamiques qui porteraient la croissance
à moyen terme autour de 3 % par an.
La projection réalisée cette année tranche avec les
exercices précédents : il s'agit d'un scénario de
croissance plus modérée
, avec un fort contenu en emplois.
Le choix de ce scénario ne signifie pas selon l'INSEE qu'il apparaisse
cette année comme plus probable, mais répond seulement au souci
d'explorer le plus de cheminements possibles pour l'économie
française.
-
• Dans ce scénario, la
croissance
du PIB se stabilise
autour de 2,6 % par an.
La consommation des ménages (+ 2,7 % par an) est relativement dynamique et comble en partie le retard accumulé depuis le début de la décennie, grâce à une baisse du taux d'épargne liée à la baisse du chômage (diminution de l'épargne de précaution).
Les hypothèses sur l'investissement des entreprises sont plus prudentes (+ 4,5 % par an).
Par rapport au scénario de l'OFCE, la seule différence significative, en termes de contributions à la croissance, porte sur les échanges extérieurs : leur contribution est nulle à moyen terme dans la projection de l'INSEE, légèrement positive dans celle de l'OFCE.
• Au total, les deux exercices présentent de fortes similitudes , ce qui n'est pas surprenant étant donné les hypothèses retenues dans les deux cas :
- maîtrise des finances publiques, même si elle est plus marquée dans le scénario de l'INSEE (les effectifs publics y sont stabilisés alors qu'ils augmentent de 1 % par an dans le scénario de l'OFCE).
- • Une différence notable entre les deux exercices est relative à l'évolution du marché du travail.
- Tout d'abord, l'INSEE n'a pas cherché à simuler en tant que telle la mise en oeuvre des 35 heures mais a prolongé en projection le phénomène d' enrichissement du contenu en emplois de la croissance, en particulier dans le secteur des services . Ce phénomène, explicable notamment par la montée en puissance des mesures d'abaissement des charges sur les emplois les moins qualifiés ou les plus précaires, ayant donc a priori une productivité peu élevée, s'estompe toutefois progressivement en projection et, en fin de période, la productivité du travail se rapprocherait de son rythme tendanciel.
- Par ailleurs, les hypothèses d'évolution de la population active retenues par l'INSEE sont beaucoup plus basses que celles de l'OFCE : + 100.000 actifs par an selon l'INSEE contre + 160.000 par an selon l'OFCE.
L'INSEE s'est ainsi appuyé sur ses projections de population active (1995-2040), sans toutefois, à l'inverse de l'OFCE, simuler de " flexion des taux d'activité " (c'est-à-dire de retour sur le marché du travail de personnes jusque là découragées).
C'est certainement ce facteur qui explique que le taux de chômage soit, en fin de période, inférieur dans la projection de l'INSEE par rapport à celle de l'OFCE.