8. Exposé de M. Bronislaw GEREMEK, ministre des Affaires étrangères de Pologne, président en exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) - Interventions de M. Jacques BAUMEL, député (RPR) et de Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc) (Mercredi 24 juin)
S'adressant à M. Bronislaw Geremek,
Président en
exercice de l'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe, qui examine devant l'Assemblée les
possibilités d'améliorer la coordination des activités du
Conseil de l'Europe et de l'OSCE sur le terrain,
M. Jacques BAUMEL,
député (RPR)
,
formule les observations
suivantes :
" Je vous remercie, monsieur le président, de nous avoir
délivré ce message d'une très haute qualité. Pour
ce qui concerne le Kosovo, vous avez déjà répondu en
grande partie. Mais je reviens d'une mission dans le Haut-Karabakh, où
les situations sont très proches.
Je crois qu'il faut trouver une autre solution que l'indépendance ou le
retour au
statu quo
. Il y a une voie nouvelle à chercher dans une
sorte d'association interne accordant le maximum de pouvoirs intérieurs
à une entité politique au sein d'un ensemble reconnu
internationalement : c'est-à-dire la justice, l'administration, la
langue, l'éducation, la police, tel que cela existe dans un certain
nombre de pays en Europe ou dans le monde. Mais avec l'interdiction d'utiliser
un certain nombre d'emblèmes internationaux comme la
représentation à l'Onu ou une politique étrangère
différente. A mon avis, tel est le sens dans lequel il faut aller.
Je crains que, comme vous l'avez signalé, lenteur et prudence soient
malheureusement mauvaises conseillères. Il faut aller vite. Au Kosovo,
les éléments les plus extrémistes sont en train de gagner
au détriment des éléments les plus raisonnables. Il est
indispensable que la communauté internationale agisse. Cette action doit
passer notamment par un rapprochement marqué entre l'OSCE et le Conseil
de l'Europe. Partout où nous pouvons agir ensemble, comme l'a
déterminé le colloque récent de La Haye, c'est un
élément très important.
Il ne faudrait pas, monsieur le président, que, dans cette affaire, on
ait un peu la réaction historique de votre pays, quand on y
disait : " Dieu est trop haut et la France est trop loin ".
Mme Josette DURRIEU, sénateur (Soc)
,
pose à
son tour la question suivante :
" M. le ministre a déjà répondu aux questions que je
voulais poser. Je profite des quelques minutes qui me sont accordées
pour le remercier de s'exprimer dans un français aussi pur et de mettre
sa compétence à la disposition du Collège de France.
Ma question portait sur les compétences respectives de l'OSCE et du
Conseil de l'Europe. Au lieu d'une nécessaire
complémentarité, on constate aujourd'hui, sur le terrain, une
concurrence qui ne me paraît pas être la meilleure démarche.
Je pense à toutes les élections qui se déroulent
actuellement. Pour le Conseil de l'Europe, l'élection est le
contrôle qui permet l'adhésion. C'est donc une mission qui
relève de sa compétence. Or, nous avons perdu dans ce domaine
toute initiative et c'est dommage. "
M. GEREMEK
lui répond alors :
" J'ai la volonté, pendant cette période où se
déroulent plusieurs élections dans plusieurs pays, de fournir un
bon exemple de la coopération entre une assemblée parlementaire
et un organisme international.
Je suis persuadé, Madame, qu'il faut dans la pratique de l'observation,
une coopération entre des parlementaires, donc des politiques par
excellence, et des techniciens de la politique. C'est très utile quand
on rencontre dans les missions des parlementaires et des organisateurs de la
loi électorale. Cette année, lorsque j'ai eu l'occasion, j'ai
demandé que le chef de la mission d'observation nommé soit un
parlementaire. Néanmoins, il faut aussi des techniciens comme ceux dont
nous disposons au sein de l'Odir. Le point le plus important c'est l'absence de
compétition entre les deux. Pour cela, il suffit de bien informer les
uns et les autres afin d'établir des missions communes. "