N°
328
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Rapport remis à Monsieur le Président du Sénat le 28 avril
1999
Dépôt publié au Journal officiel du 29 avril 1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 29 avril 1999
RAPPORT
de la commission d'enquête (1) sur la situation et la gestion des personnels des écoles et des établissements d'enseignement du second degré ainsi que de ceux des services centraux et extérieurs des ministères de l' éducation nationale et de l 'agriculture , pour l'enseignement agricole, créée en vertu d'une résolution adoptée par le Sénat le 5 novembre 1998,
TOME
II : auditions
Président
- M. Adrien GOUTEYRON
M Francis GRIGNON
Rapporteurs adjoints
- MM. Jean-Claude CARLE et André VALLET,
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Arthuis, Jean Bernadaux,
Gérard Braun, Jean-Claude Carle, Jean-Louis Carrère, Xavier
Darcos, Philippe Darniche, Christian Demuynck, Mme Dinah Derycke, MM. Claude
Domeizel, Jean-Léonce Dupont, Adrien Gouteyron, Francis Grignon,
Jean-Philippe Lachenaud, Serge Lagauche, Jacques Legendre, Mme
Hélène Luc, MM. Jacques Mahéas, Pierre Martin, Jacques
Valade, André Vallet.
Voir les numéros :
Sénat :
30
,
46
,
52
et T.A.
12
(1998-1999).
Enseignement.
AUDITION DE M. ROGER FAUROUX
(9 DÉCEMBRE
1998)
Présidence de M. Adrien GOUTEYRON, Président
M.
Adrien Gouteyron, président
- Mes chers collègues, nous
allons procéder à notre première audition. Je remercie
M. Fauroux de sa présence.
Tout le monde sait le temps qu'il a consacré à rédiger, au
nom de sa commission, un rapport qui a fait quelque bruit, toujours
d'actualité et qui est une des réflexions les plus originales sur
l'éducation nationale...
Le président rappelle le protocole de publicité des travaux de
la commission d'enquête et fait prêter serment à
M. Roger Fauroux.
Je rappelle que la présente audition n'est toutefois pas publique,
puisque nous n'avons décidé le principe de cette publicité
que tout à l'heure.
Monsieur le Ministre, vous avez la parole...
M. Roger Fauroux
- Monsieur le Président, Messieurs les
Sénateurs, je vous remercie de m'entendre sur un sujet sur lequel vous
êtes par ailleurs aussi bien informé que moi.
Je voudrais insister sur le sujet précis de la gestion des personnels
des écoles et des établissements du second degré, la
gestion des services centraux et extérieurs du ministère de
l'éducation nationale m'étant moins familière.
J'ai passé une bonne année à me pencher sur ces
problèmes et, plus particulièrement, sur les problèmes de
gestion car, dès l'abord, j'ai été frappé par
l'aspect très archaïque -et, pour quelqu'un comme moi, venu
d'ailleurs, extraordinairement déconcertant- de la gestion de ces
personnels.
Une anecdote : une des premières personnes que j'ai
rencontrées a été le directeur des personnels des
établissements secondaires, un fonctionnaire de très haut rang,
qui m'a dit : "Je gère l'ensemble des personnels des lycées
et collèges". Je lui en ai demandé le nombre. Il me l'a
donné. C'était un chiffre avec plusieurs zéros, et j'ai
été pris d'une sorte de saisissement qui m'a empêché
de lui répondre sur l'instant. J'ai pensé qu'on ne pouvait
gérer un personnel aussi considérable et, qu'en
définitive, ce personnel devait ne pas être géré.
Je suis resté, à mesure que j'ai approfondi mes analyses, sur
l'impression que cette gestion, en l'état où elle se trouvait,
lorsque je travaillais sur ces problèmes, il y a un peu plus de deux
ans, paraissait archaïque, déplorable, anonyme,
stérilisante. Toutes les épithètes négatives que
l'on peut imaginer s'appliquent à cette situation. Pourquoi ?
Je crois que le phénomène essentiel -d'ailleurs pointé
avec beaucoup d'énergie l'actuel ministre- réside dans une
concentration démentielle. Beaucoup de gens nient qu'elle soit aussi
excessive que je l'avais décrite, mais je continue à penser qu'il
n'existe nulle part en France -et probablement nulle part en Europe- une
gestion aussi concentrée et confiée à des systèmes
anonymes.
Ceci contraste particulièrement avec la nature de l'éducation qui
est une relation interpersonnelle entre des adultes et des enfants. Alors que
ce rapport exige une connaissance des personnes ainsi qu'une mise en valeur de
leurs qualités ou de leurs défauts personnels, la gestion de
cette relation est confiée à des mécanismes aveugles.
Je citerai l'exemple quasi-caricatural de ce qu'on appelle le "mouvement". Il
s'agit en fait de la gestion des personnes qui changent de poste. Leur nombre
est de 75.000, ce qui est raisonnable par rapport à l'effectif total de
500.000 enseignants. Ce mouvement est une espèce d'énorme flux,
dont la gestion dure plusieurs mois, et qui est en très grande partie
confiée à un ordinateur central.
Deux inconvénients majeurs m'ont paru spectaculaires. Le premier est le
dysfonctionnement : quelle que soit la qualité des outils
électroniques qu'on utilise, la gestion centralisée et anonyme
d'un aussi grand nombre de personnes conduit inexorablement à des
dysfonctionnements.
J'ai été maire durant un certain nombre d'années. Je me
souviens très bien de l'état d'égarement dans lequel se
trouvaient de jeunes professeurs qui, une semaine avant la rentrée,
ignoraient où ils devaient aller.
Un jeune professeur plein d'enthousiasme, qui vient d'être reçu au
CAPES en juin et qui, aux alentours du 20 août, ne sait où il va
aller, est particulièrement déprimé, car il doit
rencontrer ses collègues, voir l'établissement dans lequel il va
se rendre, savoir ce que pense le proviseur, quel type d'horaires il va devoir
assurer, sans parler des multiples problèmes d'installation
matérielle lorsque l'affectation est éloignée du lieu
d'habitation.
Ce sont des faits relativement fréquents, mais qui ne sont rien à
côté de l'impossibilité de réaliser une
adéquation entre le profil des personnes et le profil des
établissements. On insiste beaucoup -à juste titre- sur la
nécessité pour chaque établissement de formuler un projet
d'établissement. Je crois que c'est une bonne chose, car dans un pays
très diversifié comme le nôtre, au milieu d'une population
dont on dit qu'elle est éclatée, aucun établissement ne
ressemble à un autre. La constitution d'équipes homogènes
dans la diversité et motivée est donc nécessaire.
Or, le régime actuel -qui, à ma connaissance, n'a pas beaucoup
changé- consiste à affecter les personnels à travers les
établissements de manière totalement anonyme. Je me souviens
d'exemples caricaturaux que j'ai connus en tant que maire, où les chefs
d'établissement de deux établissements scolaires situés
dans des villes distantes de 40 km ne pouvaient décider de la mutation
de personnels consentant du fait de la gestion parisienne. En tant que maire,
mon action avait été totalement vaine, tant auprès de
l'inspecteur d'académie que du recteur, car on m'avait expliqué
que ceci relevait du ministère.
J'ajouterai que ce phénomène a perduré pendant longtemps
parce qu'il favorise l'action des principaux syndicats de l'éducation
nationale, qui tiennent à être directement impliqués dans
la gestion du personnel, à être les premiers informés et
pour qui une gestion centralisée des personnes est évidemment un
champ d'intervention particulièrement privilégié,
puisqu'il permet une intervention, un contrôle et des nominations dans
des conditions particulièrement commodes !
Les syndicats sont d'ailleurs aussi centralisés que l'administration
elle-même, les deux organisations se soutenant mutuellement dans la
gestion de ce système, dont je dois dire en toute franchise que je
le trouvais absurde !
Je suis donc personnellement très partisan du mouvement de
déconcentration, et j'applaudis aux déclarations faites par
l'actuel ministre pour essayer de modifier ce système. Je ne sais s'il
réussira, mais je pense que l'intention est louable.
Toutefois, la déconcentration des décisions n'entraîne pas
la reconstitution de vingt-deux administrations centrales à la place
d'une seule. Autrement dit, il faut éviter que les rectorats, qui
devraient être les principaux bénéficiaires de ce
mouvement, ne reconstituent à leur profit des administrations qui
auraient toutes les tares de l'administration centrale. C'est un danger qui
n'est pas mince. Il convient donc que ce mouvement de déconcentration et
de rapprochement des acteurs vis-à-vis des responsables soit aussi
profond et continu que possible. Il ne faut donc pas mettre en place vingt-deux
potentats -je parle ici des responsables d'académies.
Le même phénomène peut se reproduire au niveau des
établissements. J'ai été pour ma part personnellement
frappé -et ceux de mes collègues qui m'ont accompagné dans
l'aventure ne me contrediront pas- par le caractère archaïque de
l'exercice de l'autorité exercée par certains chefs
d'établissements, qui paraissent gouverner les professeurs, leurs
collaborateurs, d'une manière qui paraîtrait aujourd'hui
insupportable dans n'importe quelle organisation industrielle.
Leurs relations avec les professeurs me rappellent ce qu'a dû être
le comportement de certains directeurs d'usine à la fin du XIX e
siècle vis-à-vis des ingénieurs, des contremaîtres
et des ouvriers.
Assez curieusement, dans les organisations industrielles, s'est introduite une
certaine décentralisation des décisions, une certaine
participation du personnel, à laquelle le système de
l'éducation nationale me paraît étranger. Tout ceci frappe
beaucoup des témoins venus de l'extérieur...
Je crois que ce qui importe, c'est de provoquer un changement en profondeur de
la culture de ce système, et c'est beaucoup plus difficile que de
prendre des décisions relatives à la mécanique des
nominations ou des mutations. Ce qui importe, c'est d'arriver à imposer
des modes d'autorité, de prise de décisions modernes, qui donnent
lieu à des dialogues, à des discussions, qui fassent intervenir
les personnes concernées à chaque échelon, bref qu'on
remplace des chefs de commandement autoritaires par des modes de gestion
systémiques, participatifs, pour lesquels le maître-mot ne serait
pas la hiérarchie mais plutôt l'équipe.
Or, rares sont les administrations académiques, encore plus rares sont
les inspections d'académie au niveau départemental et rarissimes
sont les établissements où le personnel se sent
véritablement appelé à partager les décisions
concernant les personnes et, d'une manière générale,
l'ensemble du gouvernement des établissements.
Il y a là une tâche considérable, difficile, qui sera
longue et qui passe, je crois, par une formation et un recrutement beaucoup
plus adéquats des personnels d'autorité dans le système de
l'éducation nationale.
On ne peut plus se contenter de recruter ces personnels en fonction de
diplômes académiques, ou en fonction des copies qui leur sont
demandées. Je pense qu'il faut introduire un système
d'évaluation qui soit plus attentif aux personnes. Je crois qu'il faut
surtout faire en sorte que ce personnel apprenne ailleurs comment on
gère aujourd'hui des organisations. Ils ne peuvent le faire qu'à
la faveur de stages, ou de contacts avec des personnes qui ont vécu et
travaillé dans d'autres organisations.
Autrement dit, un mouvement de déconcentration qui se contenterait de
transférer les pouvoirs concernant la gestion des personnels du
ministère de l'éducation nationale au rectorat -ce qui serait
louable en soi- ne serait à aucun degré suffisant.
Il faut trouver les moyens de modifier en profondeur la culture de ce
ministère, qui n'est probablement qu'un aspect particulier de l'effort
qu'il faudrait conduire à travers toute l'administration, mais qui
apparaît impératif dans une organisation dont la raison
essentielle est d'établir des relations confiantes, personnelles et
aussi proche que possible entre des adultes et des groupes d'enfants ou
d'adolescents. Ceci est la première condition que je mettrai à ce
que je considère comme une décision très importante.
Il faudrait modifier les pouvoirs des chefs d'établissement ainsi que le
recrutement, introduire des sessions de formation continue, qui n'existent
qu'à l'état de velléité, bref tout un ensemble
d'actions...
En second lieu, je crois qu'il faut également très clairement
délimiter et définir ce qui est la fonction de l'État et
de l'administration centrale, du ministre, et les responsabilités des
acteurs décentralisés.
Je crois que l'État doit se réserver la définition des
normes et que les concours de recrutement doivent rester nationaux. Je crois
que la nomination des jurys, la définition des matières des
concours, le mode d'évaluation des candidats sont véritablement
des prérogatives de l'Etat. En outre, les chiffres ne sont pas tels que
l'Etat ne puisse continuer à gérer cet aspect fondamental des
choses.
C'est une des missions les plus fondamentales l'Etat : l'Etat fixe des
normes. Si l'Etat ne fixait pas de normes, personne ne le ferait à sa
place.
Le contenu des programmes, sous réserve de certains assouplissements et
d'une marge de liberté accordée aux acteurs
décentralisés, les niveaux de capacité et de
compétences qui doivent être atteints par les élèves
ou les étudiants, et surtout le niveau de compétences des
enseignants, c'est l'Etat qui doit se les réserver.
Tout ce que j'ai dit auparavant n'a de sens que si l'Etat exerce d'une
manière continue et efficace son devoir d'évaluation des
établissements. La mission d'inspection et d'évaluation des
personnes et des établissements doit être considérée
comme une des missions les plus essentielles de ce ministère et les
conclusions des inspecteurs doivent jour un rôle essentiel dans la
carrière des personnes.
M. le Président
- La parole est au rapporteur...
M. Francis Grignon, rapporteur
- Monsieur le Ministre, nous
devons établir une photographie de l'emploi des personnels de
l'éducation nationale et faire des propositions. Il me semble que, pour
ce faire, il faut bien identifier les dysfonctionnements, leur nature et leur
importance relative.
Ma première question est d'ordre tout à fait
général : dans le cadre de vos travaux, n'avez-vous pas eu
le sentiment qu'on avait grossi certains dysfonctionnements ? Est-ce
l'ensemble du système qui fonctionne mal ou ne s'est-on attaché
qu'à des cas particuliers ?
En second lieu, vous avez évoqué le fait centralisateur. Une
certaine cogestion syndicale ne serait-elle pas de nature à apporter
quelques dysfonctionnements ? Qu'avez-vous pu observer en la
matière ?
Par ailleurs, pensez-vous qu'il soit envisageable de développer des
qualifications multiples, qui permettent à l'éducation nationale
de faire preuve d'une plus grande souplesse ?
Enfin, vous n'avez pas abordé le sujet de la formation continue, qui me
paraît pourtant fondamental. Le système fonctionne-t-il
bien ? Des améliorations doivent-elles être apportées
dans ce domaine ?
M. Roger Fauroux
- Tout d'abord, je suis frappé par la
qualité du personnel enseignant, tant en ce qui concerne les
compétences professionnelles et la connaissance des matières
qu'ils enseignent, que le dévouement à leur métier. Tous
les témoignages concordent d'ailleurs. Naturellement, il y a quelques
brebis galeuses, mais elles sont relativement rares.
Or, le système ne fonctionne pas bien. Nos résultats,
comparés à ceux d'autres systèmes scolaires de pays du
même rang que le nôtre montrent que nous ne sommes pas parmi
les premiers. Le rendement de la machine est médiocre par rapport aux
efforts que consentent la Nation et les opérateurs eux-mêmes, mais
également par rapport aux masses financières en jeu : nous
déplorons un contingent d'illettrés scandaleux et le nombre des
jeunes qui sortent du système éducatif sans diplôme est
anormalement élevé. Bref, certaines choses ne fonctionnent pas,
sans parler du sentiment d'abandon, du désenchantement dont font preuve
beaucoup d'enseignants lorsqu'on parle en privé avec eux...
On ne trouve pas le même découragement dans les autres secteurs de
la fonction publique, et je crois que ceci est dû en très grande
partie à l'abandon moral dans lequel se trouve l'ensemble des
personnels. En effet, les initiatives souvent très intelligentes
conduites par des équipes de professeurs et par les inspecteurs
d'académie ne sont jamais valorisées, ou ne débouchent pas.
Je suis père et grand-père, et j'ai été maire d'une
commune ; ceci m'a permis de recueillir un certain nombre de
témoignages. En outre, il s'agit d'un domaine qui m'a toujours
intéressé. Or, les initiatives de qualité, qui exigent
beaucoup de dévouement, n'aboutissent nulle part car il n'existe aucun
mécanisme capable de faire remonter les informations.
Le ministère et ses relais font pleuvoir sur les professeurs
d'innombrables documents, des conseils, des bulletins, des circulaires, mais il
existe très peu de mouvements ascendants. L'évaluation est
insuffisante et le travail des inspections, à différents
degrés, n'est pas poussé avec assez d'énergie. On compte
par ailleurs très peu de mouvements transversaux.
On dit que la qualité des informations se mesure à leur vitesse
de circulation et à leur diversité, et de ce point de vue,
l'organisation de l'éducation nationale paraît médiocre...
M. Jean Arthuis
- Quelle appréciation portez-vous sur les
corps d'inspection, la façon dont ils sont constitués, leur
autonomie ?
M. Roger Fauroux
- L'inspection générale de
l'éducation nationale, qui était autrefois une immense
institution, un corps prestigieux, efficace, me paraît atteinte d'une
sorte de paralysie. Ce n'est pas imputables aux personnes, mais on a toujours
l'impression que les cabinets des ministres et les ministres eux-mêmes
s'en désintéressent. Ayant été moi-même
universitaire, je compte un certain nombre d'amis qui ont atteint ou
dépassé l'âge de l'inspection générale.
Beaucoup parmi eux éprouvaient un certain découragement.
Je connais des professeurs ou des instituteurs qui ne sont pour ainsi dire
jamais inspectés ! L'inspection elle-même est une sorte de
cérémonie creuse, qui ne donne pas lieu à des
résultats concrets. On pourrait imaginer que lorsque le résultat
de l'inspection a été mauvais, la personne se trouve
sanctionnée au moins dans son cursus professionnel et qu'elle subira un
préjudice dans le passage d'un échelon à l'autre :
or, il n'en est rien !
Ce devrait être l'une des tâches essentielles du proviseur, qui est
le seul qui connaisse la qualité du service rendu par un enseignant. Or,
il n'a pas le droit de s'exprimer : il peut donner un avis sur son
assiduité ou sur son absentéisme, sur la discipline qu'il
obtient, mais non sur la qualité de l'enseignement, qui demeure un sujet
tabou.
On prétend que ceci est dû au statut de la fonction publique. Ce
n'est pas vrai ! Certes, il existe de mauvais professeurs, comme il existe
de mauvais percepteurs, mais on sait bien que la carrière d'un agent des
services du trésor est quand même influencée par la
qualité du service telle qu'elle a été
évaluée par l'inspection de la trésorerie
générale ou par l'inspection générale des
finances !
J'ai été moi-même inspecteur des finances : lorsqu'une
insuffisance était constatée, après un échange
contradictoire, la carrière de l'intéressé s'en
ressentait. Beaucoup d'administrations procèdent ainsi, sauf
l'éducation nationale. Je crois que c'est une très mauvaise chose.
M. Xavier Darcos
- Je ne prendrai pas la défense de
l'inspection générale, corps dont j'étais le chef il y a
encore quelques semaines...
Cependant, je crois que l'évaluation n'est pas aussi mal faite mais
qu'il n'existe aucun rapport entre l'évaluation et le fait de pouvoir
imposer des stages, des formations ou le retrait d'un professeur incapable.
Dans ma carrière, j'ai été très souvent
appelé en urgence pour constater qu'un enseignant était fou ou
maladroit, incapable, paresseux ou absent. On me faisait faire une inspection
très rapide. Je consultais le dossier administratif de
l'intéressé et je me rendais compte que dix inspecteurs
généraux avaient fait la même chose l'année
précédente et que le professeur était toujours
là !
C'est donc plus une question d'adéquation entre l'efficacité de
l'évaluation et l'efficacité de la gestion.
En revanche, la défense du concours comme phénomène
national me semble une question centrale. Comment imposer les affectations si
l'on renonce au concours national ? L'évaluation se fera en effet
toujours à partir d'une évaluation universitaire !
Second inconvénient : le concours national est très
théorique, et ne prédispose pas au type d'emploi que l'on
désire... L'enseignant peut en effet être affecté au
collège Henri IV à Paris, ou dans un collègue de banlieue.
Son emploi sera radicalement différent : l'un fera quasiment une
carrière universitaire, et l'autre exercera presque quotidiennement un
métier de médiateur social.
Nous sommes tous pour des concours nationaux, mais comment faire en sorte
que l'on puisse avoir une redistribution des enseignants sur les territoires
dans des postes et des lieux différents ?
M. Roger Fauroux
- Lorsque je rédigeais mon rapport, je
m'étais heurté à cette même difficulté. J'ai
consulté le recteur Blanchet, aujourd'hui recteur de l'académie
de Paris, qui m'avait expliqué que les gens reçus au concours du
CAPES choisissaient leur affectation en fonction de leur classement. Il existe
un marché entre les académies, comme pour les instituteurs. Or,
l'expérience montre que 75 ou 80 % des mutations se font à
l'intérieur de la même académie. Ceci résout
largement une bonne partie du problème. Pour le reste, on établit
un marché. C'est ici que l'évaluation peut jouer un
rôle : si tout le monde veut aller sur la Côte d'Azur, c'est
la manière dont les personnes ont servi qui, en cours de
carrière, va servir de discriminant...
Le problème n'est pas un problème de mécanique
organisationnelle. Les instituteurs, depuis la moitié du siècle
dernier, sont d'ailleurs gérés sur une base
départementale. Il existe des excédents et des déficits
suivant les départements, mais les choses se règlent sans trop de
heurts.
Je pense donc qu'en maintenant des concours nationaux -ce qui me paraît
très important- on peut arriver, avec des mécaniques assez fines,
à trouver des solutions.
Je crois également aux vertus du dialogue : les proviseurs, les
chefs d'établissements et les inspecteurs d'académie, en liaison
avec le recteur qui jouerait un rôle d'arbitre, pourraient régler
beaucoup de problèmes entre eux. Les commutations pourraient fort bien
se faire sans être obligé de passer par l'ordinateur de la rue de
Grenelle. Or, il faut que celui-ci arbitre, sous le contrôle des
syndicats...
M. Jacques Mahéas
- J'ai l'impression d'avoir entendu
quelqu'un qui relatait la difficulté ponctuelle d'une rentrée
scolaire dans un journal à grand tirage, et je voudrais lui demander
s'il sait très exactement quel est le pourcentage de professeurs
affectés la veille, voire deux ou trois jours après la
rentrée, par rapport à celui des enseignants affectés en
temps et en heure...
M. Roger Fauroux
- ... Vous employez une tournure
impersonnelle : est-ce à moi que vous vous adressez ?
M. Jacques Mahéas
- En effet. Pardonnez-moi, mais j'ai
entendu évoquer des situations que je n'ai pas vécues...
Toutefois, l'hommage que vous rendez aux enseignants semble quelque peu
atténué par une administration qui est en train de les broyer...
M. Roger Fauroux
- Ce sont des mots que je n'ai pas
employés, Monsieur le Sénateur !
M. Jacques Mahéas
- Mais c'est le sentiment que vous avez
donné ! D'ailleurs, vous affirmez qu'il existe très peu de
mutations et que, le jour de la rentrée, on est confronté
à des situations qui ne devraient pas être. Certes, le monde est
imparfait, mais de plus en plus de gens sont mutés en temps et en heure
et l'on constate de moins en moins de difficultés. J'ai connu une
époque où, dans un établissement, un quart des
professeurs, sur un peu plus d'une centaine, n'étaient effectivement pas
nommés le jour de la rentrée...
Cela dit, vous estimez que certains chefs d'établissement ont un pouvoir
absolu. Quels sont effectivement les pouvoirs administratifs du chef
d'établissement -je ne parle même pas du directeur
d'école ? Ils sont en fait extrêmement réduits...
M. Roger Fauroux
- J'ai dû m'exprimer de manière bien
maladroite. Je n'ai pas dit qu'ils avaient le pouvoir : j'ai dit qu'ils
exerçaient une autorité qui, dans les textes, est en effet
extraordinairement ténue, mais qui, dans beaucoup de cas, m'a parue
archaïque.
J'ai visité une centaine d'établissements. C'est un faible
pourcentage, mais c'est plus que pour une enquête journalistique. D'autre
part, je l'ai dit je n'ai pas cessé -pour des raisons familiales et du
fait de mon origine universitaire- d'avoir des contacts avec les
universités. Or, j'ai été frappé -et je n'ai pas
été le seul- par le comportement du chef d'établissement
par rapport aux professeurs, qu'on ne laissait pas s'exprimer comme les cadres
de l'industrie ont aujourd'hui l'habitude de le faire, quelle que soit la
personne devant laquelle il se trouve.
J'ai constaté une sorte d'inhibition qui ne tenait pas, j'en suis
d'accord, à la consistance des pouvoirs du chef d'établissement
-ils sont très flous- mais à un défaut dans la formation
des personnels, qui n'avaient pas de l'autorité la notion participative
qu'on a aujourd'hui.
M. Jacques Mahéas
- J'aimerais que notre commission
réfléchisse à la différence qui existe entre une
carrière qui offre de grands choix, comme chez les instituteurs, et une
carrière à l'ancienneté : c'est énorme !
Un intervenant
- Douze ans pour les certifiés !
M. Jacques Mahéas
- Il ne faut donc pas dire que
l'inspection ne dispose pas de moyens de pression. Si ! Les notes influent
sur une carrière et de façon extrême.
Vous dites par ailleurs que les initiatives ne remontent pas suffisamment.
C'est sans doute vrai. Les élus des collectivités locales que
nous sommes font souvent remonter les choses qui se passent dans notre
ville ou dans notre département. Je suis maire d'une ville d'un peu plus
de 30.000 habitants, et j'ai récemment eu l'occasion d'organiser une
semaine citoyenne qui a été extraordinaire, au cours de laquelle
le ministre a pu tirer profit d'un certain nombre de choses.
Si on lisait davantage les publications municipales, on s'apercevrait que
l'éducation y tient une certaine place. On y relate des
expériences pédagogiques de classes transplantées, etc...
M. le Président
- Mes chers collègues, je rappelle
qu'il nous faut poser des questions. Le démarrage est toujours
difficile, mais il faut que nous nous y efforcions.
M. Claude Domeizel
- Vous avez dit avoir été
frappé par la compétence du corps enseignant, et vous avez
ensuite employé à plusieurs reprises le qualificatif de
"médiocre".
M. Roger Fauroux
- ... De rendement médiocre, qui ne
tient pas aux efforts des personnes. Encore une fois, je leur ai rendu
hommage...
M. Claude Domeizel
- Ce rendement médiocre peut-il
être quantifié ?
En second lieu, vous avez évoqué l'insuffisance des inspections.
Vous avez sans doute noté que leur fréquence était faible,
voire plus qu'auparavant. Avez-vous également estimé la
durée qui séparaient deux inspections et établi les causes
pour lesquelles celles-ci étaient espacés ? Le sont-elles
plus qu'autrefois ?
M. Roger Fauroux
- Je n'ai pas de chiffres en tête, mais vous
disposez d'informations objectives. Il s'agit des enquêtes
périodiques réalisées par l'OCDE sur un certain nombre de
critères acceptés par tous les participants, dont la France,
et qui ont porté, il y a deux ou trois ans, sur l'illettrisme.
Certaines enquêtes ont également porté sur la connaissance
de la géométrie et des mathématiques en
général. Ce sont des comparaisons menées avec beaucoup de
sérieux, que personne ne conteste et qui, sur différents sujets,
font apparaître que la France n'a pas un rang très honorable.
On peut discuter de ce qualificatif mais, compte tenu des efforts que nous
faisons, de la tradition culturelle de notre pays et de son rang dans le monde,
je trouve que l'on pourrait mieux faire.
Certes, nous sommes là pour essayer de réformer un
système mais, en ce qui concerne l'illettrisme, nous étions mal
placés.
Je ne sais si les choses se sont améliorées depuis deux ou trois
ans, mais je lisais récemment que les Américains se
préoccupent de leur place dans le domaine des sciences exactes et des
mathématiques, car ils ne sont pas bien placés dans ce domaine.
Ils déplorent que le système totalement éclaté des
Etats-Unis ne permette pas à l'exécutif d'y remédier dans
des conditions efficaces.
Or, en France, nous disposons de ce pouvoir. Nous sommes donc
d'autant moins pardonnables de ne pas y porter remède.
Il existe un autre critère global qui peut attirer notre
attention : celui du nombre de jeunes qui sortent du système
scolaire sans diplôme. Ce sont des chiffres dont vous pouvez disposer,
assortis des statistiques les plus récentes.
Il existe au sein du ministère de l'éducation nationale un
service très efficace : le service de l'évaluation et des
statistiques...
M. le Président
- Il s'agit de la direction de la
programmation et du développement qui a succédé à
la DEP.
M. Roger Fauroux
- C'est un instrument d'analyse qui me
paraît très bon. Les commentaires sont parfois un peu politiques,
mais les chiffres sont les chiffres, et ils sont excellents. Il y a là
des fonctionnaires très consciencieux, et l'on peut mettre en
évidence les progrès, mais aussi les insuffisances.
D'autre part, je n'ai pas mené d'enquête approfondie concernant
les inspections mais, à écouter les inspecteurs et un certain
nombre d'enseignants, j'ai cru comprendre qu'elles étaient relativement
rares. Non seulement elles ne me paraissent pas avoir un impact
considérable sur la carrière des personnes inspectées
mais, en soi, elles sont rares. Selon moi -mais je vous livre cette
réflexion avec prudence- cette situation est en partie due à
l'ampleur des tâches administratives que ces personnels ont à
remplir.
M. Xavier Darcos
- C'est tellement vrai que nous avons
été obligés de mettre en place il y a deux ans un
système de péréquation des notes pour les professeurs qui
n'étaient pas inspectés, de façon à ne pas nuire
à leur carrière ! Il valait donc mieux ne pas être
inspecté, la péréquation jouant, plutôt que subir
une inspection et obtenir de mauvaises notes.
M. le Président
- La presse s'en était faite
l'écho en effet.
M. Xavier Darcos
- La notation s'effectue une fois tous les six
ans, et l'inspection pédagogique une fois tous les trois ans en moyenne.
M. le Rapporteur
- Il n'aura pas échappé à mes
collègues que ma première question portait sur la nature et la
quantité des dysfonctionnements, éléments qui me
paraissent indispensables à une analyse objective.
Nous aurons l'occasion de revenir plus tard sur le problème de la
quantité... S'agissant de la méthode, vous avez
évoqué le management : abandon moral, absence de
remontées, etc.
La décentralisation va-t-elle permettre un management adapté au
niveau local sans changement de règles ?
En second lieu, quelle est l'influence de la cogestion syndicale sur la
centralisation ?
Par ailleurs, faute de temps, vous n'avez pas abordé les doubles
qualifications et la formation permanente.
Enfin, avez-vous observé que l'évolution des programmes, leur
transformation et les options perturbent le système ? Vaudrait-il
mieux apporter des simplifications dans ce domaine ?
M. Roger Fauroux
- La cogestion syndicale est un sujet
délicat. En effet, les mécanismes sont difficiles à
établir.
Lorsqu'un professeur connaît un passage difficile dans sa
carrière, son premier réflexe est de s'adresser au
représentant syndical de l'établissement, plutôt
qu'à l'autorité hiérarchique. D'autre part, les
informations concernant les épisodes de la carrière d'un
enseignant passent plus rapidement par le canal syndical que par le canal
hiérarchique.
C'est classique, mais le responsable de l'administration a le devoir de faire
respecter sa priorité. L'information est un pouvoir important et il
serait important que l'administration puisse reconquérir, sur le plan de
l'information, un pouvoir qui a été très largement
occupé par l'organisation syndicale.
En outre, je crois que la déconcentration a le pouvoir de rendre plus
harmonieuses et plus productives les relations entre la hiérarchie
administrative et la hiérarchie syndicale.
Dans un système centralisé, les responsables syndicaux sont
confrontés aux responsables administratifs, et ce n'est pas bon. Le
contrat entre le recteur et le secrétaire fédéral
académique de tel ou tel syndicat sera plus productif et plus
civilisé qu'un contact entre un directeur de ministère et des
responsables fédéraux ou confédéraux de syndicat.
Dans ce domaine difficile, où il faut faire preuve de diplomatie et
d'ouverture d'esprit, on a grand intérêt à redescendre le
niveau de discussion.
Quant à la double qualification, je trouve l'expérience allemande
trop lourde. Dans ce système, les professeurs, qui ont une qualification
du niveau du CAPES, ont toujours deux qualifications. C'est un système
qui fonctionne depuis toujours.
Je ne plaiderai toutefois pas pour un système de ce genre. Il est
d'ailleurs très difficile à réintroduire pour les grandes
classes. Les enfants qui passent de l'école primaire au collège
perdent beaucoup en ayant une demi-douzaine de professeurs, alors qu'ils
étaient habitués à un seul instituteur. Ce sont les
parents, les pédagogues, les psychologues et les élèves
eux-mêmes qui le disent. Les enfants les plus fragiles sont saisis d'une
sorte de vertige, qui est sûrement très négatif. Je crois
qu'on aurait intérêt à diminuer le nombre d'enseignants
dans les petites classes des collèges.
Après tout, on admet depuis toujours -sans que l'on sache pourquoi-
qu'un même professeur enseigne la physique et la chimie, l'histoire et la
géographie. Or, l'histoire et la géographie n'ont pas plus de
choses en commun que le français et l'histoire. Pourtant, ce qu'on admet
pour le français et le latin, pour des raisons purement traditionnelles
et non-rationnelles, on ne l'admet pas pour des matières comme le
français et l'histoire !
Je crois -et je me garderai d'arbitrer- qu'il conviendrait de
réfléchir à un nouveau système, en tenant compte
des affinités entre disciplines et des besoins pédagogiques des
enfants.
Le système des PEGC, qui a presque disparu, n'était pas
mauvais : les PEGC étaient d'excellents pédagogues. Nous
avons d'ailleurs proposé ce système dans notre rapport.
Limitons-nous donc aux premières classes du collège !
M. Jean Bernadaux
- Dans la centaine d'établissements que
vous avez visités, les chefs d'établissement ont-ils fait
état devant vous de professeurs qu'ils n'ont jamais vus ?
M. Roger Fauroux
- Non. Pourquoi ? Vous pensez que cela
existe ? Si c'était le cas, ils n'ont pas osé me le dire...
M. Serge Lagauche
- Lorsqu'on a estimé que 80 % des
classes d'âge devaient posséder le baccalauréat, on s'est
retrouvé dans les classes face à des élèves
majeurs. Dans certains quartiers, les professeurs ont dû brutalement
affronter des situations extrêmement difficiles, auxquelles ils
n'étaient pas habitués.
Le même phénomène de mutation s'est produit à la
SNCF, ou dans la police : on a réclamé davantage de
policiers sur le terrain, et les collectivités locales ont repris toute
la paperasserie.
De la même manière, ne pourrait-on redistribuer la masse des
personnels attachés à l'éducation nationale pour soutenir
le corps professoral et les proviseurs, qui croulent souvent sous les
enquêtes, les papiers et les emplois du temps ?
M. Roger Fauroux
- Lorsque nous avons commencé notre
enquête, nous nous sommes aperçus que l'administration
centrale n'était pas pléthorique. Les pourcentages doivent
être de l'ordre de 4 %... Je ne crois donc pas que l'on
obtiendrait de grands résultats en redistribuant les personnels ;
c'est plutôt une question de redistribution des responsabilités et
de conception des tâches.
Il existe beaucoup de circulaires, de formulaires inutiles et je pense que l'on
pourrait mettre en place une organisation plus légère sans se
livrer à des transferts de personnels. Ce n'est pas le problème...
Il faudrait en fait redéfinir les fonctions des proviseurs. Aujourd'hui,
leurs responsabilités juridiques sont extraordinairement minces, et je
crois que les excès d'autoritarisme que j'ai cru percevoir chez
certaines personnes sont fonction de l'absence de véritables
prérogatives juridiques. Certains compensent par des mouvements de
menton l'absence de pouvoir réel qu'ils ont sur les personnes...
M. le Président
- Absence de pouvoir, mais lourdes
responsabilités, y compris pénales.
M. Roger Fauroux
- La vie de l'établissement est très
liée à leur autorité personnelle, à leur charisme
et à la qualité de leur gouvernement. Tous les maires vous diront
que la qualité d'un établissement est directement fonction de la
qualité du chef d'établissement, mais il conviendrait que le
droit rejoigne le fait et que l'on accorde à ces personnes les
prérogatives qui devraient être les leurs, ainsi qu'une
véritable formation.
Il faudrait également améliorer le recrutement ; or, les
responsables du recrutement déplorent le manque de candidats et trouvent
rarement des gens de qualité exceptionnelle, les avantages
attachés à la fonction étant sans rapport avec les
responsabilités à assumer et la somme de travail à remplir.
Nous n'avons pas eu le temps d'aborder le sujet, mais je crois qu'il faudrait
également s'interroger sur la manière dont sont
élaborés les programmes et sur les questions de
mécanisme. Beaucoup de personnes doivent savoir de quoi je veux parler...
M. le Président
- Monsieur le Ministre, merci. Je renvoie
mes collègues à votre excellent rapport...