II. LES ÉTUDES EMPIRIQUES JUSTIFIENT DES TRANSFERTS DE CHARGES EN FAVEUR DU TRAVAIL PEU QUALIFIÉ
A. LES RÉSULTATS DES ÉTUDES MACROÉCONOMÉTRIQUES : UN LIEN DISTENDU ENTRE COÛT DU TRAVAIL ET EMPLOI
•
Les études économétriques réalisées dans
les pays industrialisés, à partir de données
macroéconomiques
(le PIB, l'investissement, le coût moyen
du travail, l'emploi au niveau national, etc.), valident en
général les intuitions théoriques
précédentes en mettant en évidence un effet profit (la
baisse du coût du travail accroît les profits et l'investissement
des entreprises), un effet compétitivité (la baisse du coût
du travail améliore la compétitivité relative de nos
entreprises), ainsi qu'un " effet de substitution " (la baisse du
coût du travail ralentit la substitution capital/travail), même si
le lien final entre coût du travail et emploi s'avère parfois
distendu. Les politiques de baisse du coût du travail peuvent en effet
conduire à des enchaînements récessifs si elles sont
conduites également dans des pays voisins, et si elles s'y traduisent
simultanément par un ralentissement des salaires, une hausse des
impôts ou une baisse des dépenses publiques, donc une contraction
de la demande finale.
• Toutefois,
dans le cas de la France
, la plupart des
études macroéconométriques
ne permettent pas
de
mettre en évidence un " effet de substitution ",
c'est-à-dire un impact de la baisse du coût du travail sur le
rythme de la substitution capital/travail.
Trois explications sont avancées à ce résultat fortement
contre-intuitif :
- des
difficultés statistiques
résultant notamment de la
forte variabilité du contexte national ou international au cours des 20
dernières années (en particulier de la part des salaires dans la
valeur ajoutée), ainsi que de l'impossibilité de
mesurer
de manière fiable l'
investissement
et surtout le stock de capital
installé (c'est-à-dire de valoriser l'ensemble des usines et des
équipements installés en France) ;
- des
facteurs culturels
: les consommateurs français
seraient réticents à accroître leur demande de services de
proximité, et la mauvaise image de ces emplois freinerait le
développement de l'offre de travail dans ce domaine ;
- une
dynamique autonome de rationalisation
dans le secteur
industriel résultant de la concurrence internationale et des normes de
rentabilité requis par les actionnaires : les entreprises
industrielles poursuivraient ainsi des investissements de modernisation et de
substitution du capital au travail, indépendamment de l'évolution
du coût du travail en France, d'autant plus que les allégements de
charges ne seraient pas perçus comme pérennes.