3. Les nouveaux animateurs de la distribution
de l'assurance en France

Il est à vrai dire abusif de mettre sur le même plan les sociétés d'assurances mutuelles sans intermédiaires (de même que la bancassurance) alors qu'elles sont d'abord des structures de production, et qu'elles sont même les pionnières d'une industrialisation de la chaîne des métiers de l'assurance. Là aussi cependant, il paraît difficile de s'abstraire des schémas de présentation habituels dans un rapport qui n'a pas pour vocation de les remettre en cause ou d'en établir de nouveaux.

a) L'offensive réussie des MSI

Le développement de la part des mutuelles dans la distribution (longtemps réputées " sauvages " par les compagnies " traditionnelles ") s'est fait à partir de la multiplication de l'offre de produits d'assurance dommages, notamment automobile, par les mutuelles locales de Niort : MACIF, MAIF, MAAF, et la MATMUT de Rouen. Elles sont arrivées dans les années 1970 et 1980, à des parts de marché substantielles dans le domaine de l'assurance dommages, parts de marché qui continuent encore à progresser. Les mutuelles dites de " Niort " citées ci-dessus détiennent 36 % du marché automobile en encaissements (en incluant la GMF) et un peu plus si on se réfère aux particuliers. La majorité des encaissements sur le marché automobile n'est détenue que par l'ensemble des sociétés " non traditionnelles ", c'est-à-dire Groupama, les mutuelles du GEMA, les mutuelles locales et professionnelles (SMABTP, MACSF et la GMF) et les bancassureurs. Les MSI sont donc spécialisées dans la couverture des risques de masse sur le marché des particuliers moins exigeant en termes de réserves financières. Elles se sont diversifiées en assurance-vie dans les années 1980 en créant des filiales dont les produits sont distribués par leurs bureaux. A l'échelle des grandes années de développement de la bancassurance en assurance-vie, leur croissance a été significative et supérieure à la moyenne du marché, même si leur part de marché demeure modeste.

Elles ont développé leurs positions à partir de leurs atouts qui étaient avant tout :

- un réseau de distribution intégrée facile d'accès, en particulier dans les grandes villes grâce à leurs réseaux de boutiques ;

- un fonds de commerce très solide, et qui est le réel fondement de leur solidité financière en cas de pertes, grâce à la qualité de la relation avec leurs sociétaires qui leur assure une très grande fidélité et la confiance de ces derniers ;

- des coûts maîtrisés et ne supportant pas l'exigence du rendement minimal de fonds propres en provenance d'actionnaires, typique d'une organisation juridique sous la forme d'une société de capitaux.
Le GEMA, Groupement des entreprises mutuelles d'assurances, regroupe les mutuelles sans intermédiaires régies par le code de l'assurance et notamment les quatre plus grandes citées plus haut. A elles toutes, fin 1995, elles disposent de :
- 15 millions de sociétaires (400 000 nouveaux sociétaires en 1995),

- 2 000 points d'accueil employant 19 000 salariés.
On considérera dans le détail à l'aide des tableaux page suivante, les raisons en termes de coût, du succès des MSI par rapport aux compagnies traditionnelles disposant de réseaux ventes classiques avec intermédiaires. Ces données seront évoquées de manière plus globale dans les développements ultérieurs.

Tableau 55
Structures de coûts par ligne de produit
et par type de réseau de distribution en 1996 185( * )




Non vie - Automobile

Type du réseau

Coûts de

distribution

Coûts

de gestion

Sinistres/

Cotisations

Ratio

combiné

Mutuelles sans intermédiaires

6,57 %

5,01 %

87,16 %

98,75 %

Agents généraux

12,35 %

10,91 %

74,80 %

98,05 %

Courtiers

11,29 %

9,57 %

80,90 %

101,76 %

Traditionnelles (multicanaux)

13,93 %

9,95 %

80,52 %

104,40 %

Bancassureurs

11,71 %

4,02 %

86,75 %

102,49 %

Direct

83,14 %

30,90 %

98,98 %

213,01 %

Moyenne de l'échantillon

10,55 %

7,96 %

82,39 %

100,91 %

Non vie - Moyenne générale

Type du réseau

Coûts de

distribution

Coûts

de gestion

Sinistres/

Cotisations

Ratio

combiné

Mutuelles sans intermédiaires

6,73 %

5,60 %

83,94 %

96,27 %

Agents généraux

14,04 %

11,49 %

70,00 %

95,54 %

Courtiers

12,71 %

10,32 %

80,42 %

103,46 %

Traditionnelles

15,12 %

10,00 %

74,84 %

99,95 %

Bancassureurs (multicanaux)

14,78 %

6,14 %

76,42 %

97,33 %

Direct

69,51 %

29,30 %

93,77 %

192,58 %

Moyenne de l'échantillon

12,40 %

8,99 %

76,82 %

98,21 %

Vie - Capitalisation

Type

du réseau

Coûts de

distribution

Coûts

de gestion

Total des coûts

Mutuelles sans intermédiaires

0,84 %

5,02 %

5,86 %

Agents généraux

3,65 %

4,02 %

7,67 %

Courtiers

3,07 %

5,68%

8,75 %

Salariés

18,61 %

7,98 %

26,59

Traditionnelles(multicanaux)

9,62 %

3,11 %

12,73 %

Bancassureurs

2,32 %

3,00 %

5,32 %

Direct

NS

NS

NS %

Moyenne de l'échantillon

8,14 %

4,40 %

12,54 %

Source : Argus, 20 février 1998.