A. GAMME DES SCÉNARIOS POSSIBLES D'ÉVOLUTION : DE LA COOPÉRATION À LA CONCURRENCE

L'évolution de l'assurance-maladie passe par une redéfinition des rapports entre l'organisme public d'assurance qu'est la Caisse nationale d'assurance-maladie et les autres prestataires d'assurance que sont les mutuelles et les compagnies d'assurance. Cette redéfinition, par voie d'expérimentation, peut passer par toute une gamme de solutions allant d'une étroite coordination, à créer selon le modèle de la proposition Axa, à une franche compétition entre l'assurance au premier franc entre acteurs publics et privés dans le domaine de l'assurance-maladie, sans mentionner la voie du cumul des systèmes privés et publics et des cotisations dans le contexte de faillite avéré du système public d'assurance-maladie, ce qui est l'issue (plutôt que la solution) espagnole.

En ce sens, il serait particulièrement intéressant d'évaluer précisément les systèmes GAMEX et RAM 164( * ) de gestion privée de l'assurance-maladie des exploitants agricoles et des professions indépendantes sous la tutelle du ministère de l'Agriculture et de la CANAM, qui fonctionnent depuis que les lois du 25 janvier 1961 et du 12 juillet 1966 ont rendu obligatoire l'assurance-maladie des exploitants agricoles et celle des professions indépendantes, tout en laissant concurrentielle leur gestion, à la différence du régime des salariés géré monopolistiquement par le CNAMTS depuis 1945.

1. La proposition d'expérimentation d'un réseau médical d'assurance santé par le groupe AXA165( * ) : scénario coopératif

La commission dite " Soubie ", créée par les ordonnances du 24 avril 1996 " Juppé " sur la Sécurité sociale, composée de 15 membres (5 représentants des médecins, 5 représentants des divers organismes de prise en charge directe ou déléguée de l'assurance obligatoire du risque santé : CNAMTS, MSA, CANAM, Mutuelles 45, assurances privées et 5 personnalités qualifiées) est chargée d'examiner et de donner son avis (sur la base d'un vote majoritaire) sur les expérimentations en matière de filières et de réseaux, qui ont besoin d'une dérogation à la législation existante pour fonctionner. C'est dans ce contexte que la proposition expérimentale d'AXA, ainsi que plusieurs autres, comme celle de la MSA et de Groupama, ont émergé. Seule la proposition de Groupama, en août 1998, a fait l'objet d'un avis positif de la commission et a été ce stade transmis au ministre des Affaires sociales pour décision.

On trouvera en annexe à des fins d'information exhaustive une présentation de l'architecture de la proposition d'expérimentation d'AXA, étant donné que ce projet a donné lieu à de nombreuses réactions a priori sans être nécessairement appréhendé dans son intégralité. On trouvera également en annexe un résumé des projets d'expérimentation de la MSA et de Groupama. C'est pourquoi l'on se contentera ici de n'en faire ressortir que les principales caractéristiques.

Il s'agit d'une proposition d'expérimentation à petite échelle à la mise au point de laquelle la profession médicale a été étroitement associée. Elle repose sur une étroite coordination de la Sécurité sociale et de l'assureur privé délégué qui est, dans le cadre du projet AXA, la Mutuelle AXA santé. Elle a pour ambition d'améliorer l'efficacité de l'ensemble " système de soins " et " système de financement " des dépenses de santé dans l'intérêt bien compris de tous les acteurs.

Cette proposition revêt un certain nombre de caractéristiques soulignées ici.

Le projet expérimental s'inscrit dans le cadre institutionnel de la Sécurité sociale et dans le contexte de la couverture maladie universelle. L'ensemble du risque maladie est couvert et il n'y a pas de sélection du risque.

Il repose sur la division entre un réseau d'assistance santé, qui assure l'orientation médicale 166( * ) par un médecin généraliste à partir d'un centre d'appel et la coordination des soins (en permettant le suivi de la chaîne des soins et en mettant en réseau informatique les médecins) et une société d'assurance à forme mutuelle qui gère le risque maladie.

Le projet respecte le principe de solidarité comme fondement du système de protection sociale français : les assurés de " Axa santé mutuelle assurance " sont également couverts au titre de l'assurance complémentaire, sans sélection ni questionnaire médical, et ils demeurent assujettis au versement des cotisations d'assurance-maladie ainsi que leur employeur.

Le pilier du projet est le suivant : les caisses primaires d'assurance-maladie allouent à la société d'assurance mutuelle, dans le cadre d'une convention de partenariat, une enveloppe financière globale qui correspond au remboursement a priori des dépenses de santé (ambulatoires et hospitalières) à la charge de la Sécurité sociale effectuées par la catégorie d'assurés concernés par l'expérimentation. A partir de là, la société d'assurance mutuelle assume le risque financier pouvant naître du dépassement de l'enveloppe et bénéficie de l'écart dans le cas contraire.

On rentrera de cette manière dans un processus de gestion itératif qui fait tout l'intérêt du projet. Par ce biais, en effet, la sécurité sociale est incitée à connaître ses risques, et ainsi à concourir à leur maîtrise en définissant une enveloppe plafond et en déléguant la gestion à un assureur.

Le dispositif est résumé dans le graphique 24 sur l'architecture du réseau médical d'assistance santé.

Graphique 24

Architecture du réseau médical d'assistance santé proposé par AXA

Mutuelle AXA Santé

- Praticiens - Imagerie médicale

- Hôpitaux - Biologie, pharmacie

- Spécialistes - Transport

Adhérent / client

Enveloppe allouée par la S.S.

Prime d'assurance complémentaire

RÉSEAU MÉDICAL D'ASSISTANCE SANTÉ

PATIENT

GESTION DE RISQUE

Coordination des soins