IV. LE CONTEXTE CONCURRENTIEL RENFORCÉ PAR LES TROISIÈMES DIRECTIVES EUROPÉENNES FAIT RESSORTIR LES HANDICAPS FISCAUX ET RÉGLEMENTAIRES DU MARCHÉ FRANÇAIS DE L'ASSURANCE146( * )

Dans le domaine de l'assurance comme dans le domaine bancaire, la réglementation impose des contraintes particulières aux entreprises françaises par rapport à leurs concurrentes dans le domaine des garanties et plus généralement de la protection des consommateurs, comme on l'a vu précédemment dans le domaine de la réglementation des placements. Mais ces inconvénients sont autant d'arguments commerciaux vis-à-vis d'une clientèle versatile et soucieuse de sécurité et de liquidité dans un environnement institutionnel très instable (on regardera en ce sens l'annexe 3 de ce chapitre sur l'instabilité de la fiscalité de l'assurance-vie en France).

En revanche, il ne fait pas de doute que ce nouveau contexte concurrentiel fait ressortir l'aspect handicapant de la fiscalité spécifique de l'assurance. Cet handicap est surtout perceptible au niveau de la fiscalité des contrats, comme si le choix fiscal implicite de la France était de privilégier la taxation des assurés à celle des assureurs. Il est plus difficile de savoir si, comparativement à leurs concurrents européens, les assureurs français sont trop taxés et contribuent de manière disproportionnée au budget de l'Etat.

A titre complémentaire de l'analyse précédente de la réglementation liée à la gestion d'actif, on examinera le tableau comparatif des contraintes réglementaires et comptables propres à chaque pays et susceptibles d'affecter sa compétitivité.

Tableau 48
Liste des contraintes réglementaires et comptables spécifiques à chaque pays pouvant fausser les règles de concurrence entre les différents fonds généraux européens
Remarque : les cases non remplies signifient que nous ne connaissons pas à ce jour la règle locale


Pays

Amortissement

Surcote

Décote

Valorisation en prix d'achat avec plus values latentes

Réserve de capitalisation

Provision à constituer en cas de moins value latente globale sur titres non obligataires

Provisions pour dépréciation durable (ligne à ligne)

Provision pour baisse de rendement d'actif

Possibilité de transfert non contractuel de participation sur plusieurs exercices (type PPCA)

Minimum de participation à distribuer chaque année

Limites sur actions dans le fonds général

France

oui

oui

oui

oui

oui

oui

oui

oui (85 %)

oui (65 %)

Belgique

oui

oui

non

non

oui

non

oui

oui (80 %)

non

Luxembourg

oui

oui

non

non

oui

non

non

non

oui (20 %)

Italie

oui

oui

non

oui

oui

non

 
 
 

Allemagne

oui

oui

non

oui

 
 
 

oui (90 %)

oui (20 à 25 %)

Angleterre

non

non

non

non

non

non

oui

non

non

Espagne

oui

oui

non

non

 
 
 
 
 

Source : Cardif