VII. MACRO-ÉCONOMIE SCHÉMATIQUE COMPARÉE DE L'ASSURANCE ET DE LA BANQUE

En 1997, la valeur ajoutée brute dans le secteur des assurances représente 44,24 milliards de francs (GF) pour un PIB total de 8 137,1 milliards de francs, soit 0,54 % de ce dernier. L'emploi total est de 207 800 soit 1 % de l'emploi national. A titre de comparaison la valeur ajoutée des organismes financiers est à cette même date de 282,1 milliard de francs soit 3,5 % du PIB.

Le tableau ci-dessous donne l'évolution comparée de la valeur ajoutée (en francs 80) et de sa part dans le pib total des secteurs assurances et organismes financiers.

Tableau 4 :

Valeur ajoutée des assurances et des organismes financiers en valeur et
en % du PIB (1959-1997)

Année

Valeur ajoutée

Part Valeur ajoutée dans PIB

 

Assurances

Organismes
financiers

Assurances

Organismes
financiers

1959

7095

30187

-

-

1960

7693

29349

0,63

2,40

1961

7323

30982

0,57

2,42

1962

6725

31142

0,49

2,28

1963

6977

33600

0,48

2,33

1964

7935

36581

0,52

2,39

1965

9868

36941

0,62

2,31

1966

10674

37706

0,64

2,25

1967

10804

40788

0,62

2,33

1968

11157

46656

0,62

2,57

1969

12134

57122

0,63

2,97

1970

13239

61769

0,65

3,04

1971

11044

72725

0,52

3,42

1972

11605

74059

0,52

3,34

1973

13232

84274

0,57

3,60

1974

15659

104189

0,65

4,32

1975

17383

91528

0,72

3,80

1976

19212

92111

0,77

3,67

1977

20287

83016

0,78

3,21

1978

20266

84021

0,76

3,14

1979

20932

88051

0,76

3,19

1980

22101

100497

0,79

3,58

1981

23811

101776

0,84

3,58

1982

22804

103902

0,78

3,57

1983

20828

100051

0,71

3,41

1984

20383

102428

0,69

3,45

1985

21881

107965

0,72

3,57

1986

20921

124736

0,67

4,02

1987

19732

134768

0,62

4,23

1988

19891

127975

0,60

3,86

1989

20212

120564

0,58

3,49

1990

19859

105179

0,56

2,97

1991

23938

99022

0,67

2,77

1992

25733

95614

0,71

2,65

1993

22539

93608

0,63

2,62

1994

24470

107206

0,67

2,92

1995

23440

97532

0,63

2,61

1996

20632

83501

0,54

2,20

1997

18710

82908

0,48

2,13

Source : Comptes de la nation 1998

Les variations de la part de la valeur ajoutée des assurances dans le pib total peuvent être très fortes d'une année sur l'autre puisqu'elles vont de -13 % à + 19 % entre 1959 et 1997.

Le taux de croissance annuel moyen de la valeur ajoutée de ces quatre dernières années a été de 8 %, ce qui correspond à l'évolution du secteur " organismes financiers ".

Il n'a malheureusement pas été possible d'entreprendre une analyse critique de ces chiffres issus des comptes de la nation et d'arbitrer le débat entre l'insee et la profession de l'assurance, quant à la question de savoir si les chiffres de la comptabilité nationale reflétaient bien ou sous estimaient  plutôt la contribution du secteur des assurances au sens large à la valeur ajoutée nationale.

Il n'a pas non plus été possible, comme le souhaitaient légitimement certains experts de mesurer le rôle et la place de l'assurance dans l'économie nationale en analysant la création de valeur ajoutée de ce secteur et sa répartition entre les différentes parties prenantes au système assuranciel (clients, salariés, actionnaires, sous-traitants, intermédiaires...) faute de disposer des éléments permettant de conduire une telle analyse. Ainsi que le fait remarquer, à propos de l'assurance, Jean-Louis Bancel, directeur général de la fnmf, " comme pour toute fonction d'intermédiation, ce type d'analyse n'est souvent que peu développé ".

Il serait effectivement souhaitable, à l'initiative du Commissariat général du Plan ou non, de favoriser le lancement de ce type d'analyse à l'avenir, qui équilibrerait utilement les analyses sectorielles unilatérales du côté " offre " du marché à partir d'indicateurs classiques. Il est à l'heure actuelle difficile de s'en départir, même si l'on est conscient que dans un type d'économie qui répartit plus volontiers la valeur ajoutée au consommateur, lequel est le destinataire final de l'activité d'assurance et dont la satisfaction est l'ultima ratio de cette industrie, la comparaison avec d'autres types d'économie, qui répartissent la valeur ajoutée plutôt au profit de l'actionnaire, défavorise manifestement le diagnostic économique et financier que l'on peut porter sur le premier.

Le tableau ci-après montre l'importance croissante en valeur absolue et relative du secteur de l'assurance dans le financement de l'économie ainsi que dans le financement intermédié.



Comme le fait ressortir le commentaire du rapport du CNCT : " l'apport des sociétés d'assurance a enregistré une vive progression passant de 94,7 milliards de francs (GF) en 1995 à 144,4 GF en 1996. Le niveau constitue un sommet historique. Le flux des financements fournis par les sociétés d'assurance est ainsi devenu très proche de celui provenant des établissements de crédit (153,6 GF). Le taux d'intermédiation des sociétés d'assurances a ainsi fait un bond de 12,7 % en 1995 à 17,8 % en 1996. Il se situe à un maximum historique, confirmant la place croissante prise par ces entreprises dans le financement de l'économie française notamment du fait du succès des produits d'assurance-vie, qui leur a fourni d'abondantes ressources et un désintérêt relatif pour l'investissement immobilier, qu'a suscité les placements ou les titres obligataires ". Ainsi, l'Etat a-t-il été le principal bénéficiaire de cette part croissante de l'assurance dans le financement de l'économie (voir des émissions de valeurs mobilières ci-après).

Tableau 6 : Emissions brutes de valeurs mobilières
(en milliards de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

ACTIONS ET CERTIFICATS D'INVESTISSEMENT (hors OPCVM)

247,4

240,4

267,6

260,5

286

292,9

Valeurs cotées (cote officielle

et second marché)



47,2

66,3

74,6

35,9

40,3

52,2

Valeurs non cotées

200,2

174,1

193,0

224,6

245,7

240,7

OBLIGATIONS (hors Codevi)

ET TITRES participatifs (émis sur le

marché intérieur

359,6

526,2

403,4

371,2

475,1

470,2

Administrations publiques

178,7

363,4

286,2

264,9

351,3

348,1

Etat

176,1

360,2

261,5

263,9

301,4

336,0

Organismes divers d'administration centrale

-

-

-

-

48

10,6

Administrations publiques locales

2,6

2,6

1,9

1,0

1,9

1,5

Administrations de Sécurité sociale

-

0,6

22,7

-

-

-

Etablissements de crédit et assimilés

139,8

114,1

67,8

68,2

68,6

75,6

Banques

50,8

37,8

18,2

27,0

20,8

32,2

Sociétés financières et assimilées

34,9

28,1

10,0

8,4

8,5

8,0

Caisses d'épargne

5,8

5,7

7,3

5,3

6,2

8,0

Institutions financières spécialisées

et assimilées

39,2

39,8

30,9

27,1

33,1

25,2

Institutions financières diverses

9,1

2,7

1,4

0,4

-

1,1

Sociétés et quasi sociétés non financières

39,1

48,2

44,4

32,1

55,2

46,2

Grandes entreprises nationales

(y compris La Poste)

28,1

29,0

18,1

17,6

18,6

14,1

Autres sociétés

11,0

19,2

26,3

14,5

36,6

32,2

Compagnies d'assurances

-

0,9

-

-

-

-

Non résidents

2,0

-

5,0

6,0

-

0,2

Source : Banque de France, COB.

A la fin 1996, l'encours des placements des sociétés vie s'élevait à 2 620 GF en progression moyenne annuelle de 22 % depuis 1987. L'encours des sociétés d'assurances dommages s'élevait lui à 470 GF, en croissance annuelle moyenne de 6 % sur dix ans 54( * ) .