b) Un cloisonnement très fort entre les fonctions d'exécution et de commandement
S'il
existe des synergies entre les formations à la pêche et au
commerce dans les écoles maritimes et aquacoles, un écart
important sépare les fonctions d'exécution et les fonctions
d'officiers
auxquelles préparent les écoles de la marine
marchande.
La fin de scolarité des écoles maritimes et aquacoles ne
permet pas d'atteindre le niveau d'entrée dans les écoles
nationales de la marine marchande
.
Il existe donc un problème de " chaînon manquant " dans
la filière maritime, qui n'est pas entièrement résolu par
l'existence d'une classe préparatoire à l'entrée dans les
écoles de la marine marchande (5% seulement des élèves y
accèdent).
L'introduction d'un bac professionnel permettrait de réduire cet
écart, aujourd'hui très important, tout en offrant des
perspectives supplémentaires aux élèves s'engageant dans
une formation maritime.
c) Élever le niveau de la formation initiale
L'introduction d'un bac professionnel
, qui n'existe
aujourd'hui que dans le domaine de la conchyliculture, pourrait être non
seulement une solution pour donner aux élèves des écoles
un instrument de promotion sociale, mais également un moyen d'aligner la
formation maritime sur l'évolution générale de
l'enseignement en France.
En effet, les formations dans les écoles maritimes et aquacoles ne
dépassent pas le niveau du certificat d'aptitudes professionnelles (CAP)
et du brevet d'études professionnelles (BEP).
Traditionnellement, dans le secteur de la pêche, la promotion sociale,
c'est-à-dire l'accès aux fonctions de commandement sur les
navires de pêche, se fait par la voie de la formation continue,
après plusieurs mois de navigation.
L'expérience professionnelle permet, avec une formation
complémentaire, de devenir lieutenant de pêche, puis capitaine de
pêche. Dans l'enseignement public, l'école nationale de la marine
marchande de Nantes prépare à ces formations supérieures
d'officiers à la pêche.
Mais cette seule promotion "à l'expérience" n'est pas
suffisante
: il est parfois difficile pour des marins navigant
régulièrement d'être disponibles pour suivre une formation
complémentaire.
Au delà des formations de base, l'accès à un niveau
supérieur est donc impossible, pour l'immense majorité des
élèves. Les seules opportunités relèvent des
concours (avec des effectifs par définition restreints), ou de la
formation continue, qui offre des chances d'élévation sociale,
mais au terme d'un parcours trop long et donc démotivant pour un
élève ayant des capacités pour réussir.
De surcroît, la perspective de pouvoir aller jusqu'au
baccalauréat donnerait incontestablement un attrait
supplémentaire à la formation maritime
, qui serait
considérée comme une filière professionnelle comme une
autre, et non la voie qu'empruntent des élèves en situation
d'échec scolaire.
Alors que tous les systèmes d'enseignement public proposent des
filières de formation permettant d'atteindre des niveaux
supérieurs de qualification, nombre de familles sont
découragées par le manque de perspectives qu'offre la formation
maritime initiale.
Un des freins à la création d'un échelon d'enseignement
supplémentaire tient d'une expérience malheureuse. En 1990, la
création de CAP en trois ans, dans le secteur de la pêche, menant
après plusieurs mois de navigation à des carrières
d'officiers, avait eu des effets négatifs très importants, et
avait notamment entraîné le rejet par la profession des nouveaux
diplômés.
En allongeant la durée des études, cette réforme avait par
ailleurs découragé un certain nombre d'élèves
d'aller jusqu'au bout de leur formation.
A la rentrée 1998, la durée de formation en CAP a donc
été ramenée à 2 ans.
Un bac professionnel n'aurait toutefois pas les mêmes effets, car il
n'empêcherait pas les formations courtes : seuls les meilleurs
élèves, motivés pour compléter leur formation,
s'engageraient dans la voie du baccalauréat. Il conviendra toutefois de
définir précisément les fonctions correspondant à
ce nouveau diplôme, de manière à ce que cette formation
soit en lien direct avec les besoins de la profession.
Enfin, l'introduction d'un bac professionnel permettrait d'améliorer les
perspectives de reconversion à terre. Si les officiers n'ont aucune
difficulté à trouver un emploi à terre, de même que
les marins travaillant à la "machine", les marins ayant une seule
formation au "pont" ont une qualification qui leur offre aujourd'hui moins
d'opportunités.
Le secteur de la pêche a un besoin croissant de cadres : il lui faudra
recruter demain des personnes qualifiées, ayant la capacité de
conduire des navires de grande taille. Il ne peut se contenter de s'appuyer sur
un système de formation s'arrêtant en deçà du
baccalauréat.