2. Un facteur d'accroissement considérable des échanges
Le marché intérieur de l'Union regroupe, en 1997, près de 374 millions d'habitants, soit 6 % de la population mondiale, et constitue le quatrième ensemble démographique, loin derrière la Chine (1,2 milliard) et l'Inde (1 milliard), mais juste après l'ALENA (394 millions), la zone de libre-échange nord-américaine qui regroupe les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Il compte 106 millions d'habitants de plus que les Etats-Unis et trois fois plus d'habitants que le Japon (28( * )) . Cette dimension démographique est essentielle dans le développement des échanges intra-européens.
a) L'accélération du volume des échanges
Désormais, les échanges intra-européens
constituent environ 63 % du commerce extérieur des pays de l'Union.
Selon une étude de la Commission
(29(
*
))
,
le grand marché a
contribué à accroître de 20 à 30 % le volume
des échanges de produits manufacturés à l'intérieur
même de l'Europe. Celle-ci en aurait tiré un surplus de croissance
de 1 à 1,3 % à partir de 1994, comportant un effet positif
sur l'emploi, d'une estimation difficile mais appréciée entre
300.000 et 900.000 postes. Il est donc incontestable que le
développement des échanges crée des emplois en nombre
significatif.
Selon l'étude précitée, et contrairement à ce que
l'on pouvait supposer, l'accroissement du volume des échanges
intra-communautaires ne s'est pas produit aux dépens des productions
extérieures à l'Union : les importations
extra-communautaires de produits manufacturés ont accru leur part de la
consommation de l'Union de 12 à 14 % sur la période
1980-1993.
b) L'élargissement de la gamme des produits échangés
Il a
également été constaté une modification de la
nature des échanges intra-communautaires.
Le marché unique ne semble pas avoir incité à la
spécialisation des Etats membres sur certains secteurs industriels, en
vertu de la théorie des avantages comparatifs : il les aurait
plutôt conduits, au sein de chaque secteur industriel, à une
spécialisation de gamme en termes de prix et de qualité,
élargissant ainsi le choix offert aux consommateurs.
En outre, l'évolution de la nature des échanges est
elle-même source d'une plus grande intégration économique.
En effet, l'internationalisation des firmes ne passe plus uniquement par
l'exportation de produits finis. Elle procède aussi de l'échange
de biens intermédiaires destinés à être
transformés entre filiales d'un même groupe implantées dans
différents pays.
Concernant le commerce avec l'Union européenne, la part de l'intragroupe
dépasse 50 % dans les importations françaises et avoisine 55 %
pour les exportations. Le poids des échanges internes est encore plus
élevé dans certains secteurs comme celui de la construction
automobile.
En découle la multiplication des flux commerciaux : les composants
étant comptabilisés à chaque passage de frontière
(en valeurs brutes et non en valeur ajoutée), cette double, voire triple
comptabilisation est en fait le reflet exact du processus de mondialisation,
encore plus marqué dans le cadre du commerce intra-européen
(30(
*
)).