C. LA SITUATION DE L'EMPLOI INDUSTRIEL CONTINUE DE SE DEGRADER
1. Des pertes d'emplois industriels préoccupantes
a) En Europe
Sur
longue période, la part de l'emploi industriel a diminué dans la
plupart des pays développés : entre 1980 et 1994, celle-ci a
ainsi baissé de 21 % en France, de 21 % en Allemagne, de
33 % au Royaume-Uni, de 15 % en Italie, de 32 % en Espagne. Si
elle a régressé de 27 % aux Etats-Unis, elle s'est en
revanche maintenue au Japon sur la même période.
Les restructurations actuellement conduites au sein de l'Union
européenne se sont donc accompagnées d'un déclin
significatif de l'industrie manufacturière et de l'agriculture au profit
des services.
• En 1996, selon l'office des statistiques des Communautés
européennes Eurostat
(24(
*
))
,
la situation de l'emploi s'établissait comme suit :
-- 64,9 % de l'ensemble des emplois étaient dans le secteur des
services (dont 79,3 % occupés par des jeunes), le taux le plus bas se
trouvant au Portugal et en Grèce (de l'ordre de 57 %) ;
-- 5,1 % des emplois relevaient du secteur de l'agriculture (jusqu'à
20,3 % en Grèce) ;
-- 30 % des emplois appartenaient au secteur industriel, le taux le plus
élevé se trouvant en Allemagne (36 %).
• Les résultats pour 1997 montrent qu'en dépit de
l'augmentation importante de la production sur cette période, le niveau
d'emploi a continué de décroître : l'emploi industriel a
baissé de 1,5 % par rapport à 1996, elle-même en recul de
1,3 % sur l'année précédente. Les seuls pays qui ont connu
une augmentation sont l'Espagne (+3,1 %) et le Royaume-Uni (+ 0,5 %), tandis
que l'Allemagne, l'Autriche et le Portugal enregistraient une baisse moins
marquée en 1997 qu'en 1996. A l'inverse, celle-ci s'est
accélérée dans tous les autres Etats membres.
Aux Etats-Unis, l'emploi du secteur industriel a connu une augmentation de 0,4
%, après une baisse de 0,3 % en 1996 et les taux japonais
s'élevaient à - 0,9 % en 1997 et - 2,2 % en 1996.
Source : Eurostat
b) En France
Au cours
des dix dernières années, l'emploi industriel -y compris
agro-alimentaire- n'a cessé de décroître passant de 4,7
millions d'effectifs en 1986 à 3,8 millions de personnes en 1996. Le
passage sous la barre symbolique des quatre millions d'emplois
enregistré en 1993 a vivement porté atteinte à l'image de
nation industrielle de la France, en dépit du nombre important d'emplois
dans le secteur des services aux entreprises évalué à 2,3
millions.
Toutefois, le récent regain de confiance des industriels, après
une longue période de morosité incite à plus d'optimisme.
Les enquêtes mensuelles de conjoncture menées par l'Insee
témoignent, depuis la mi-1997, d'un meilleur état des carnets de
commandes et de la reconstitution de stocks jusqu'alors maintenus à un
niveau anormalement faible.
Les perspectives de l'emploi industriel français
Avec une
contraction de ses effectifs permanents de 26 000 en 1997, l'industrie
fait apparaître une évolution exagérément
pessimiste. La réaffectation des intérimaires qu'elle emploie
révélerait des créations nettes sur l'année. Dans
le bâtiment, qui a perdu 20 000 emplois permanents l'année
dernière, elle conduirait à une stabilisation. En regard, cette
réaffectation vers les secteurs utilisateurs atténuerait la
perception exagérément optimiste des mouvements de l'emploi dans
les services.
Sous l'effet de la consolidation de la reprise, les créations se
poursuivront cette année et l'année prochaine. L'industrie
manufacturière et la construction apparaissent en bien meilleure
situation aujourd'hui que dans les phases conjoncturelles passées
équivalentes. La croissance de la production industrielle depuis un an a
porté le niveau de la productivité au seuil de
déclenchement des créations d'emplois. Les entreprises
industrielles pourront dès lors procéder à des embauches
sous statut permanent. Elles transformeront aussi les contrats temporaires
actuels en contrats définitifs. Les effectifs concernés, qui
quitteront alors le secteur des services, viendront s'ajouter à l'emploi
permanent. Au total, l'emploi salarié industriel croîtrait de 1,6
% au cours de 1998. La hausse serait toutefois moindre en 1999 (+ 0,5 %), sous
l'effet du ralentissement de la productivité entraîné par
les créations de l'année précédente. Le
bâtiment, qui a lui aussi amplement recouru au travail intérimaire
en 1997 et enregistré des gains de productivité significatifs
depuis un an et demi, pourra désormais créer des emplois stables
en nombre important, 4,3 % en 1998 et 2,7 % en 1999.
Source : étude OFCE réalisée à l'aide du
modèle MIMOSA - 2 avril 1998