1. La grève du 2 au 12 décembre 1997
La crise
a trouvé son origine dans la suspension, par suite du retrait des
représentants du personnel, des travaux du comité central
d'entreprise du 27 octobre 1997, au cours duquel devait être
discutée la question de
l'organisation des expérimentations en
matière de télévision numérique.
En 1995,
un observatoire des métiers du futur
à
France 3 avait été mis en place. A la suite de cette
initiative, la direction avait réuni les organisations syndicales, le 5
mai, pour leur proposer d'organiser des expérimentations sur des sites
pilotes afin de vérifier, par la pratique, les conclusions de
l'observatoire.
Le comité central d'entreprise du 27 octobre 1997 devait dresser le
bilan des discussions menées avec les organisations syndicales depuis le
mois de mai et permettre d'organiser la phase expérimentale des sites
pilotes.
La CGT a déposé un préavis appelant à la
grève le 5 novembre. Ce préavis de grève a
été levé à la suite d'une lettre adressée au
secrétaire général de la CGT, expliquant la conduite de
l'opération d'expérimentation des nouvelles technologies dans les
sites pilotes.
Dès le 4 novembre, la direction affirmait que les gains de
productivité potentiels procurés par ces technologies seraient
utilisés pour le développement de l'entreprise.
Le 6 novembre, un nouveau préavis de grève était
déposé par l'intersyndicale. Ce préavis comportait une
liste de revendications relatives à la définition de la
stratégie de la chaîne, à la durée du travail,
à l'emploi, aux salaires.
Dès le début des discussions, il est apparu que l'intersyndicale
entendait faire une analyse approfondie de l'ensemble des questions
stratégiques, en souhaitant disposer de documents écrits.
La direction s'est trouvée dans l'obligation d'apporter des
réponses à des questions stratégiques dans un délai
bref, alors que son intention était de commencer les études
approfondies à l'occasion d'une réunion des principaux cadres de
la société, fixée au 2 décembre.
Les discussions sur la stratégie ont permis d'identifier les trois
problèmes que les représentants syndicaux considéraient
comme étant les plus importants, à savoir:
-
• les programmes régionaux,
• la redistribution des gains de productivité,
• le projet de chaîne des régions.
Dans ces conditions, il n'a pas été possible de traiter l'ensemble des points du préavis, avant la date prévue pour le début de la grève. Celle-ci a donc été déclenchée. C'est seulement à partir de là que les discussions ont pu s'engager sur l'ensemble des points du préavis avec la difficulté résultant des exigences de l'intersyndicale qui a demandé à la direction de ne pas diffuser de programme pendant le déroulement des négociations.
Les discussions portèrent sur les points suivants :
- 1? La stratégie, donc les programmes régionaux, les gains de productivité, la chaîne des régions
- 2? L'emploi et notamment la requalification des contrats temporaires
- 3? La durée du travail
- 4? Les rémunérations
-
• La prime d'intéressement, due au titre de 1996, mais
distribuée en 1997, se situe à une moyenne de l'ordre de
600 francs, alors que la précédente avait été
de 3 500 francs. Cette situation s'explique par le fait que l'accord
d'intéressement de France 3 repose sur des critères qui
donnent à la prime d'intéressement, un caractère plus
aléatoire que dans d'autres entreprises audiovisuelles du secteur
public. Face à cette situation, et sans pour autant
méconnaître l'accord, France 3 a proposé une prime
exceptionnelle, d'abord de 600 francs, puis de 900 francs.
• A la suite de l'annonce à l'Assemblée nationale, par Madame Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication, d'un plan de rapprochement des rémunérations de France 2 et France 3, la direction a présenté, devant les grandes organisations syndicales, les orientations d'un plan pluriannuel. France 3 a annoncé qu'elle était prête à engager des discussions de manière à ce que le plan puisse être établi fin mars 1998.