3. La production
Les captures mondiales se situent autour de 100 millions de tonnes (y compris cultures marines et pêches continentales), selon la FAO. Après une baisse puis une stagnation de la production depuis 1989, les débarquements augmentent après 1992 pour atteindre en 1995, 112,3 millions de tonnes (dont 91 millions de tonnes pour la pêche et 21,3 millions pour l'aquaculture). En Europe, la production augmente légèrement depuis 1993, mais reste inférieure au niveau de 1989. Elle est néanmoins stable sur longue période.
La France est le 24 ème producteur mondial de produits de la mer et le 4 ème producteur européen, derrière le Danemark, l'Espagne et le Royaume-Uni. La France est éloignée des grandes pêcheries : 60 % des captures françaises proviennent, en effet, de zones de pêche sous juridiction d'autres États membres de l'Union européenne (Grande Bretagne, Irlande, Pays-Bas, Espagne). En revanche, elle est le deuxième producteur européen en valeur derrière l'Espagne. La flotte danoise a une production très importante (1,8 million de tonnes en 1994), mais il s'agit essentiellement d'une pêche minotière (pour la fabrication de farines de poisson), qui a une très faible valeur marchande (287 millions d'écus contre 690 millions pour la production française, avec 860 000 tonnes).
Parallèlement à l'évolution mondiale et européenne, la production française a augmenté de 805 078 tonnes en 1990 à 868 571 tonnes en 1996. Mais derrière cette hausse, on note une stagnation des débarquements de pêche fraîche, une augmentation de la production de poissons congelés réalisée dans les eaux extracommunautaires et une légère progression des cultures marines
Production des pêches maritimes et des cultures marines en France.
(Source Ministère de l'Agriculture, de 1'Alimentation et de la Pêche)
Une analyse précise du tableau révèle que les débarquements de poisson ont diminué de 5,4 % par rapport à 1990, les crustacés de 1,43 % et les céphalopodes de 31,7 %. Seules les productions de coquillages et d'algues ont augmenté (81 %). Cette diminution s'accompagne d'une baisse des cours du poisson à la production : de 12 F/Kg en 1980 à 9,66 F/Kg en 1995. La valeur des débarquements est ainsi passée de 5,8 milliards de francs en 1990 à 4,7 milliards en 1996 pour la pêche fraîche, soit une baisse de 18,78 %.
La flotte de pêche française est spécialisée dans la production de produits frais, qui représente près de 65 % des débarquements de produits de la mer (hors cultures marines). Les dix principales espèces débarquées en volume sont : moule de pêche, lieu noir, hareng, maquereau, merlan, sardine, anchois, thon frais, cabillaud et merlu. Elles représentent près de 50 % des tonnages débarqués. En valeur, les dix principales espèces sont : thon, moules de pêche, sole, langoustine, baudroie, merlu, bar, coquille St Jacques et anchois. Ces espèces représentent aussi plus de 50 % du chiffre d'affaires des produits de la mer.
Au-delà de cette concentration sur certaines espèces, la production française est très diversifiée. Les données de commercialisation sous criée font apparaître une centaine d'espèces. Cette diversité est considérée par certains comme un atout, surtout par rapport aux pays d'Europe du Nord, comme le Danemark ou les Pays-Bas, qui ont une production orientée sur quelques espèces cibles. Elle permet, en effet, d'offrir aux consommateurs une gamme étendue de produits et de répondre à une demande plus large. En même temps, cette diversité représente un fort handicap vis-à-vis des GMS (grandes et moyennes surfaces), qui écoulent la marchandise par promotion. Beaucoup des espèces pêchées par la flotte française sont en quantité peu abondante et connaissent de fortes fluctuations saisonnières. Leur débarquement est par conséquent difficilement prévisible. Or pour lancer des promotions, les GMS ont besoin d'acheter des quantités importantes d'espèces déterminées à l'avance. Elles ont donc recours aux importations, surtout celles des pays d'Europe du Nord qui sont producteurs de peu d'espèces mais en grande quantité et toute l'année.
La production française est principalement réalisée en Bretagne. Cette région débarque 51 % de la production en volume et 50 % en valeur. La Normandie représente 31 % des tonnages débarqués, et seulement 21 % du chiffre d'affaires. Le Sud-ouest et la Méditerranée concentrent 7 à 8 % de la production en volume et en valeur.