3. Le tourisme, activité principale pour certains territoires de l'outre-mer, renforce l'occupation du littoral
Le tourisme est, dans les collectivités d'outre-mer, pour l'essentiel balnéaire. Il constitue l'une des formes d'occupation du littoral et tire parti de la proximité de la mer. Dans le cas des croisières ou de la plaisance, il s'appuie sur les infrastructures portuaires
3.1 Les tourismes de séjour, de croisière et de plaisance sont inégalement développés dans les collectivités d'outre-mer
On peut distinguer trois groupes de collectivités, au sein desquelles l'importance actuelle du tourisme et son potentiel de développement sont différents.
Dans les Antilles et en Polynésie, le secteur représente une activité économique essentielle. Il s'agit avant tout d'un tourisme balnéaire.
En Nouvelle-Calédonie, à la Réunion et en Guyane, le tourisme n'a jamais constitué l'activité dominante.
Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna sont des destinations encore inconnues du grand tourisme international.
3.1.1 Le tourisme de séjour
Le tourisme de séjour est principalement tourné vers le tourisme balnéaire, qui est inclus par conséquent dans les activités maritimes au sens large. Le caractère remarquable des sites littoraux et un climat favorable, ensoleille et chaud, marqué cependant par le danger cyclonique d'août à octobre 22 ( * ) expliquent que l'activité touristique ait spontanément revêtu cette forme.
Aux Antilles et en Polynésie, le tourisme occupe une place importante mais un poids limité.
En 1988, le tourisme représentait 2,5 % environ du PIB en Martinique, mais son poids en termes de valeur ajoutée marchande était équivalent à celui de l'industrie (7,5 %). En 1991, les hôtels, cafés et restaurants représentaient 6,4 % de la valeur ajoutée brute marchande, soit une baisse par rapport aux deux années antérieures (7,3 % en 1989). Le tourisme y occupait 4,5 % de l'emploi total salarié
En Guadeloupe, en 1990, 4 % de la population active était occupée dans le secteur touristique, qui rassemblait le tiers des effectifs salariés au sein de l'ensemble des services. En 1989, les hôtels, cafés et restaurants représentaient 3,6 % de la valeur ajoutée brute marchande, en 1991, 3,4 %
En Polynésie, la branche « hôtels-restaurants » contribuait, en 1990, pour 1,60 % à la formation du PIB. Si l'on prend en compte les services marchands que l'activité touristique inclut, la contribution du tourisme à la formation du PIB pourrait être estimée à 5 %. En 1990, le tourisme employait environ 8 % des actifs locaux.
À la Réunion, le secteur touristique est encore peu développé mais non négligeable. Sa contribution à la formation du PIB était en 1990 d'environ 1,75 %.
En Guyane, où le tourisme est un secteur marginal, les hôtels, cafés, restaurants, représentaient 1,7 % du PIB en 1988. Le tourisme employait 3,2 % de la population active en 1990.
En Nouvelle-Calédonie, la valeur ajoutée engendrée par le tourisme représenterait de 3,6 (1988) à 4,4 % (1987) du PB. Le tourisme y occuperait 4,5 % de la population active.
Dans les autres collectivités d'outre-mer, l'activité touristique est encore embryonnaire.
La fréquentation par territoire a, depuis dix ans, augmenté dans de très importantes proportions dans les principales îles touristiques d'outre-mer, à l'exception notable de la Polynésie française, dont les ambitions de fréquentation touristique sont loin d'être réalisées.
Nombre de touristes de séjour dans quelques collectivités d'outre-mer
Collectivités |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
Martinique |
193 337 |
182 909 |
233 684 |
280 372 |
311 584 |
281 517 |
Guadeloupe |
243 360 |
284 290 |
316 928 |
354 326 |
322 740 |
331 107 |
Réunion |
nd |
nd |
153 820 |
167 310 |
181 769 |
200 276 |
Polynésie française |
122 086 |
161 238 |
142 820 |
135 387 |
139 705 |
132 361 |
Collectivités |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variation 1996/1985 |
Martinique |
315 131 |
345 367 |
390 581 |
462 237 |
501 000 |
526 361 |
172 % |
Guadeloupe |
425 800 |
340 000 |
453 000 |
556 000 |
640 000 |
625 000 |
157 % |
Réunion |
186 026 |
217 400 |
242 000 |
262 600 |
304 000 |
347 000 |
126 % |
Polynésie française |
120 938 |
123 619 |
147 847 |
166 086 |
178 222 |
163 774 |
34 % |
Les recettes apportées par le tourisme sont supérieures aux exportations agricoles des DOM.
Recettes touristiques en milliards de francs
Collectivités |
1985 |
1992 |
1995 |
Guadeloupe |
1,00 |
1,50 |
2,70 |
Martinique * |
0,92 |
1,14 |
1,50 |
Réunion |
nd |
0,83 |
1,12 |
Nouvelle-Calédonie |
nd |
nd |
0,55 |
Polynésie française |
0,88 |
0,93 |
1,27 |
Source : cité dans le rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997, * 1988.
Le tourisme balnéaire outre-mer est caractérisé par la prédominance de l'hôtellerie comme mode d'hébergement, si l'on exclut les séjours familiaux, par une clientèle moyen de gamme dans les Antilles et plus aisée en Polynésie, par son caractère balnéaire et saisonnier. Les principaux marchés sont la métropole et l'Amérique du nord, alors que la clientèle régionale diminue ou stagne.
Le marché métropolitain est le marché dominant pour la plupart des destinations outre-mer. Il représentait, en 1995, 75 % de la clientèle en Martinique, 81,7 % en Guadeloupe, 81,9 % à la Réunion, mais 29 % en Nouvelle-Calédonie et 25,4 % en Polynésie. Aux Antilles, outre la métropole et l'Amérique du Nord, ce sont les autres pays d'Europe qui constituent une source de clientèle appréciable. Le flux inter-DOM n'est pas non plus négligeable.
À la Réunion, outre la clientèle européenne qui représente plus de 80 % du total, les visiteurs de Maurice et de Madagascar constituent un apport non négligeable (12,5 % en 1995).
En Polynésie et en Nouvelle-Calédonie, la métropole n'est pas située en tête des pays émetteurs. En Polynésie, elle vient après les États-Unis ; en Nouvelle-Calédonie, après le Japon. Dans les deux TOM du Pacifique, les clientèles régionales sont les premières en volume.
Toutes les destinations d'outre-mer auraient intérêt à diversifier leurs clientèles.
3.1.2 Le tourisme de croisière et de plaisance.
Cette forme de tourisme s'est nettement développée. Bien qu'elle soit moins lucrative que le tourisme de séjour, elle procure des retombées économiques qui justifient que les collectivités y portent un intérêt particulier. La clientèle débarque pour quelques heures, pendant lesquelles elle est susceptible de consommer.
Les recettes touristiques en Martinique confirme le poids limité du tourisme de plaisance et de croisière par rapport au tourisme de séjour.
millions de francs
1993 |
% |
1994 |
% |
|
Séjour |
1 212,8 |
91,4 |
1 357,8 |
91,3 |
Plaisance |
32,2 |
2,4 |
48,7 |
3,3 |
Croisière |
81,6 |
6,2 |
80,6 |
5,4 |
Total |
1 326,6 |
100,0 |
1 487,1 |
100,0 |
Le tourisme de croisière s'est développé dans les DOM caribéens. Son évolution à la Guadeloupe et à la Martinique est retracée dans les tableaux suivants.
La croisière est une activité qui engendre des recettes. Les recettes perçues par la communauté portuaire de la Guadeloupe sont évaluées à 3000 dollars par escale. Les dépenses en excursion, taxis et achats divers sont estimés à 20 dollars par passager, soit un total de 42 millions de francs pour l'exercice 1995. À la Martinique, les dépenses directes des croisiéristes se sont élevées en 1995 à 77 millions de francs. Il faut y ajouter le revenu procuré à d'autres secteurs économiques comme l'hôtellerie, les transports aériens, l'agro-alimentaire, etc.
Le tourisme de croisière en Guadeloupe
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Nombre d'escales |
588 |
594 |
1106 |
982 |
1126 |
nd |
Entrées de passagers |
38 161 |
44 128 |
104 817 |
115 287 |
123 176 |
155 632 |
Sorties de passagers |
39 279 |
44 997 |
95 295 |
112 861 |
117 459 |
148 271 |
Passagers en transit |
282 355 |
245 702 |
263 521 |
313 762 |
419 165 |
610 512 |
Source : IEDOM.
Le tourisme de croisière en Martinique
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Nombre d'escales de paquebots |
678 |
506 |
481 |
444 |
460 |
414 |
Nombre de passagers en_transit et débarqués |
417 043 |
398 948 |
428 695 |
419 922 |
393 953 |
409 097 |
Nombre moyen de passagers par paquebot |
615 |
788 |
891 |
946 |
931 |
988 |
Source : IEDOM.
Le tourisme de croisière fait l'objet d'investissements nombreux. L'importance des retombées économiques justifie en effet les efforts consentis dans les collectivités d'outre-mer pour l'amélioration de l'accueil des touristes. Le PAG prévoit d'y consacrer entre 20 et 50 millions de francs au cours des trois prochaines années. En Polynésie française, où le tourisme de croisière est considéré comme un substitut à la pénurie hôtelière, de nombreux avantages fiscaux sont accordés par le Territoire depuis mars 1994 aux sociétés de ce secteur.
Mais la croisière est soumise à des concurrences régionales et l'offre ne répond pas toujours à la demande :
Alors que partout le tourisme de croisière a connu une progression remarquable, il semble que l'outre-mer français ne tire pas tout le parti qu'elle pourrait de cette activité. En Polynésie, par exemple, le nombre de paquebots ayant fait escale à Tahiti ou dans une autre île s'est réduit en vingt ans. Quand l'offre est suffisante, elle ne répond pas forcément aux attentes de la clientèle. Ainsi, la destination Martinique souffre dans les Antilles d'une mauvaise image de marque. Les passagers ont en effet quelques causes d'insatisfaction : l'hospitalité est insuffisante, les prestations des transports terrestres, notamment celles des taxis, sont mauvaises et l'escale a un coût trop élevé comparativement aux îles voisines.
Au tourisme de croisière s'ajoute celui de la navigation de plaisance, qui s'est également développée. La location est en plein essor aux Antilles. En 1995, les Antilles ont accueilli 63.500 plaisanciers. Près de 30 % des bateaux de location sous pavillon français sont basés dans ces régions.
Dans les Antilles françaises, zone de navigation à la fois sûre et attractive, les installations portuaires de plaisance sont bien représentées. La Guadeloupe compte trois marinas et près de 1500 places. La Martinique dispose de 14 centres nautiques et de 2 marinas, dont une compte 400 places.
Le nombre total de bateaux de plaisance aux Antilles est de 972. La clientèle est étrangère à plus de 60 %
Source : Fédération des Industries Nautiques.
Source : Fédération des Industries Nautiques.
Avec 228 millions de francs de chiffre d'affaires en 1995, les sociétés de location aux Antilles représentent 30 % du chiffre total des sociétés de location française. Le chiffre d'affaires locatif moyen par bateau y augmente de plus de 10 % par an. Le chiffre d'affaires s'est élevé, en Guadeloupe, à 210 millions de francs en 1995, dont 52 millions pour la seule location. À la Martinique, le chiffre d'affaires réalisé par la seule location s'élève à environ 106 millions de francs par an. Les dépenses des plaisanciers ont atteint en Martinique 50 millions de francs en 1995.
La plaisance est créatrice d'emploi : en 1995, la plaisance a fourni près de 500 emplois, dont 120 directs, en Guadeloupe. L'activité de la plaisance fait vivre en Martinique une dizaine d'entreprises et autant d'artisans chargés de la maintenance des navires. Les effectifs, en croissance régulière, dépassent 200 personnes, dont plus de 90 % sont salariés à temps plein.
3.1.3 Les concurrences régionales sont vives dans le domaine touristique
L'outre-mer français accueille essentiellement une clientèle de séjour métropolitaine. En Polynésie, les touristes américains sont certes plus nombreux que les métropolitains mais, partout ailleurs, les métropolitains sont les premiers clients.
Les performances des collectivités françaises sont modestes par rapport aux concurrents régionaux. Cela tient en partie probablement au fait que l'offre de tourisme balnéaire se développe dans les Etats voisins des DOM, surtout dans les Caraïbes. La clientèle peut préférer d'autres destinations proposant un produit équivalent, pour des raisons de coût, de distance, de facilité ou encore d'accueil. Le risque est beaucoup moins grand en Polynésie, dans la mesure où Tahiti a su conserver à ses produits un caractère d'authenticité.
Parfois, la raison doit en être cherchée dans l'éloignement par rapport aux marchés émetteurs. La Polynésie en souffre. D'ailleurs, les performances touristiques des pays du Pacifique Sud sont sans commune mesure avec celles des principales destinations du Pacifique Nord, à savoir Guam et Hawaï.
À la Réunion, l'absence de plages pénalise l'activité touristique Maurice et les Seychelles, en revanche, ont connu un essor remarquable.
Mais les médiocres résultats des collectivités françaises par rapport aux destinations voisines et comparables tiennent principalement au fait que les performances restent généralement assez mauvaises comparées à celles de certains pays concurrents : le faible professionnalisme des opérateurs locaux et l'insuffisante qualité de l'accueil sont souvent incriminés. L'implication des acteurs locaux est indispensable au développement touristique, non seulement celle des élus, des administrations de l'État, des organismes territoriaux, des professionnels, syndicats et associations, mais aussi celle de la population, pour éviter des comportements de rejet.
Le coût excessif des prestations offertes par rapport aux pays concurrents, même s'il doit être relativisé selon que l'on est en présence d'un produit touristique rare ou non, entre aussi en ligne de compte. Enfin, le produit proposé ne convient plus à la clientèle : un produit, balnéaire le plus souvent, brut et standardisé, devient insuffisant.
Tableau comparatif des charges salariales dans quelques îles de la zone Caraïbe en dollars américains ( 1992) |
||
Salaire horaire hors charges sociales |
Salaire horaire comprenant les charges sociales |
|
Anguilla |
2 |
2,2 |
Antigua et Barbuda |
2 |
2,2 |
Antilles néerlandaises |
de 2,9 à 4,1 |
de 3,4 à 4,8 |
Bahamas |
de 1,5 à 3 |
de 1,5 à 3 |
Barbade |
de 0,5 à 0,7 |
de 0,6 à 0,85 |
Guadeloupe |
4,4 |
7,3 |
Iles vierges américaines |
3,35 |
4,7 |
Iles vierges britanniques |
de 1 à 3 |
de 1,15 à 3,45 |
Porto Rico |
3,35 |
4,7 |
St-Christophe et Nieves |
1 |
1,13 |
St-Dominique |
0,75 |
0,85 |
St-Vincent |
de 0,43 à 0,54 |
de 0,47 à 0,59 |
Source : Association des prolessionnels de l'hôtellerie et du tourisme à la Guadeloupe (cité par l'IEDOM)
À la Réunion, le coût de la main-d'oeuvre dans l'hôtellerie est aussi beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aux Seychelles ou à Maurice. L'écart salarial est de 1 à 4 avec les Seychelles, de 1 à 10 avec Maurice.
Dans le rapport Laventure 23 ( * ) , il est précisé que le handicap des coûts résulte à la fois du niveau plus élevé des salaires et des charges sociales, du caractère plus onéreux de l'investissement en raison de l'éloignement et des taxes à l'importation sur les matériaux et le matériel. Il résulte aussi du fait que le coût du crédit est supérieur de 2 à 3 points par rapport à la métropole. La surévaluation effective du franc par rapport aux devises des voisins achève de pénaliser l'outre-mer.
Une étude de l'IEOM sur le secteur hôtelier en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie Française, citée dans le rapport Laventure, révèle qu'en 1994, les charges de personnel par rapport au chiffre d'affaires représentaient pour l'hôtellerie de luxe 29,90 % en Nouvelle-Calédonie et 31,9 % en Polynésie Française. Pour les hôtels de catégorie moyenne, les chiffres correspondant s'élevaient à 27,6 % en Nouvelle-Calédonie et 36,2 % en Polynésie Française. Les charges de personnels sont importantes par rapport à la valeur ajoutée globale. Le ration moyen correspondant représentait, pour l'hôtellerie de luxe, 63,7 % en Nouvelle-Calédonie et 83,7 % en Polynésie, pour les hôtels de catégorie moyenne, 55,7 % en Nouvelle-Calédonie et 58,1 % en Polynésie Française
Une telle étude n'a pas été menée dans les DOM
Les Antilles françaises ne drainent qu'une faible part des touristes (hors croisiéristes) fréquentant la Caraïbe. Cette part est passée de 5 % en 1986 à 4,5 % en 1990.
Évolution du nombre de touristes dans la zone Caraïbes
milliers
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
|
Guadeloupe |
331 |
370 |
341 |
453 |
556 |
Martinique |
282 |
315 |
321 |
366 |
418 |
Barbade |
432 |
394 |
385 |
418 |
447 |
St-Maarten |
565 |
548 |
569 |
520 |
586 |
Total Caraïbes |
11 232 |
11 222 |
11 660 |
12 840 |
13 605 |
Source : rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997
Dépenses des touristes
millions de dollars
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1990 |
|
Bahamas |
801,5 |
995,0 |
1105,0 |
1145,8 |
1149,5 |
1333,0 |
Guadeloupe |
98,0 |
95,0 |
163,0 |
188,0 |
220,0 |
230,7 |
Martinique |
87,0 |
92,8 |
107,8 |
210,0 |
230,0 |
240,0 |
4569,3 |
5121,0 |
5745,8 |
6793,6 |
7403,5 |
8857,8 |
Source : IEDOM.
Dans l'Océan Indien, la Réunion n'est pas, de loin, la première destination touristique.
Nombre de visiteurs
1982 |
1983 |
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
|
Seychelles |
47 280 |
55 867 |
63417 |
72 542 |
66 756 |
69 770 |
77 400 |
86 093 |
103 770 |
Maurice |
118 360 |
123 820 |
139 670 |
148 860 |
165 310 |
207 570 |
239 300 |
263 440 |
291 550 |
Réunion |
108 454 |
118 716 |
117 697 |
110 386 |
141 418 |
153 820 |
167 310 |
182 000 |
200 300 |
Source : IEDOM
Arrivées internationales de touristes
milliers
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
|
Seychelles |
104 |
90 |
99 |
116 |
110 |
Maurice |
292 |
301 |
335 |
375 |
401 |
Réunion |
200 |
186 |
217 |
242 |
245 |
Source : rapport Laventure du Conseil Économique et Social, 1997.
Dans le Pacifique Sud, la première destination touristique est Fidji, suivie, mais de très loin par la Polynésie française.
Les deux territoires français du Pacifique comptent, sur l'ensemble de la zone, 29,6 % des touristes, mais ne disposent que de 22 % des hôtels, avec 32 % des chambres et 28,6 % des lits.
Arrivées internationales de touristes
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
|
Mélanésie dont : |
451 |
428 |
455 |
459 |
499 |
Nouvelle-Calédonie |
87 |
81 |
78 |
81 |
85 |
Fidji |
279 |
259 |
279 |
287 |
319 |
Polynésie dont : |
284 |
260 |
269 |
318 |
346 |
Polynésie Française |
132 |
121 |
124 |
148 |
166 |
Cook Islands |
34 |
40 |
50 |
53 |
57 |
Capacité hôtelière dans la zone Pacifique Sud en 1990.
Pays |
Nombre d'hôtels |
Nombre de chambres |
Nombre de lits |
Fidji |
109 |
4229 |
11 477 |
Polynésie française |
46 |
2824 |
5930 |
Nouvelle-Calédonie* |
60 |
1769 |
3120 |
Total sur la zone |
485 |
14 429 |
31 644 |
*en 1991.
Il apparaît que la compétitivité des destinations touristiques françaises outremer est soumise à des contraintes difficiles à contourner. Cependant, certains efforts, notamment en matière d'accueil, pourraient être faits. L'offre de services originaux pourrait aussi être une voie touristique future intéressante. De plus, le manque de professionnalisme mériterait qu'une attention plus grande soit apportée à la formation des personnels touristiques.
Aujourd'hui, le tourisme semble être partout accepté, même si les intéressés s'accordent sur un certain nombre de réserves, se rapportant à la dimension des installations hôtelières, à l'étalement dans le temps du nombre de visiteurs, au respect de l'identité ou des cultures locales, à une meilleure répartition géographique des implantations, qui évite les trop grandes concentrations.
Aujourd'hui, l'offre est encore peu diversifiée, alors que l'image d'exotisme balnéaire ne suffit plus à satisfaire les touristes. À côté du balnéaire, d'autres potentialités peuvent être davantage développées. Tel pourrait être le cas du tourisme de nature, du tourisme culturel, etc.
3.2 Le tourisme est au centre des conflits pour l'occupation de l'espace et la protection des milieux « naturels » qui se jouent sur les littoraux
La fréquentation touristique dans les îles pose des problèmes d'ordre écologique. Ainsi, la forte consommation d'eau (de 1000 à 2000 1/jour/habitant en Polynésie), constitue un problème dans les îles, du fait du risque de pénurie. D'autre part, la quantité des déchets produits par les touristes renforce la question de leur traitement. Le tourisme polynésien, enfin, s'appuie sur une profonde transformation du milieu littoral originel : la plage touristique est un espace conquis sur la flore et la faune littorales. L'aménagement végétal du littoral consiste en l'élimination du taillis initial et son remplacement par une pelouse sous cocoteraie, parfois elle aussi implantée, agrémentée de massifs floraux et de haies composées d'espèces transplantées. La faune est totalement supprimée. Le sable est nettoyé et parfois copieusement augmenté d'apports externes, le « beach rock 24 ( * ) » est éliminé des fonds. Afin de dépasser les hauts-fonds littoraux, chaque hôtel s'équipe d'un ponton qui se prolonge jusqu'aux eaux profondes. Cette production d'espace, conforme à une image paradisiaque, demande des investissements importants et un entretien coûteux qui ne peuvent être amortis que par une fréquentation touristique significative. Aussi se limite t-on, pour l'essentiel, à des zones réservées qui correspondent aux concessions hôtelières Cela se traduit par un enclavement des sites touristiques.
Dans la mesure où l'environnement constitue la matière première du tourisme outre-mer, il est nécessaire de prendre en compte sa fragilité.
Il ne faut pas non plus négliger le fait que les conflits pour l'occupation de l'espace, qui sont fréquents sur les littoraux, prennent dans les milieux insulaires une dimension particulière. La forte concentration des installations touristiques, hôtels, marinas, contribue à les renforcer. Les îles présentent certains espaces très concurrencés, alors que d'autres restent déserts. Ainsi, en Guadeloupe, 63 % du parc hôtelier se concentre au sud de la Grande-Terre, sur les communes de Gosier, Sainte-Anne et Saint-François, ainsi qu'à Saint-Martin et Saint-Barthélémy
Enfin, l'occupation de la bande littorale s'oppose souvent à sa protection. Les actions en faveur du développement du tourisme peuvent, le cas échéant, aggraver la situation. Cette opposition amène à examiner l'articulation entre les dispositions de la loi Pons et celles de la loi « littoral », qui est délicate et conflictuelle.
Dans les DOM, la législation sur l'inscription et le classement des sites (loi du 2 mai 1930 modifiée par la loi du 28 décembre 1967) s'applique outremer. Il en est de même de la loi du 22 juillet 1960 qui offre l'opportunité de créer des parcs nationaux 25 ( * ) , et de celle de 1975 autorisant l'acquisition par le CEL de terrains en prolongement de la zone dite des « cinquante pas géométriques »
* 22 Les contraintes d'ordre climatique, qui sont à l'origine d'une fréquentation saisonnière inégale, sont l'explication d'opérations promotionnelles durant les mois de juillet à septembre, régulièrement menées, notamment dans les Antilles françaises.
* 23 1 Miguel Laventure, « Le tourisme, facteur de développement de l'outre-mer français », rapport du Conseil Économique et Social, avril 1997.
* 24 Formation très dure à base de sable congloméré (grès)
* 25 La Guadeloupe est le seul DOM à posséder un Parc National.