Audition de Jacques RICHARD
Directeur du CRDP de l'académie de
Versailles,
Conseiller du Recteur
Résumé : L'Académie de Versailles a depuis longtemps compris la nécessaire adaptation des méthodes de transmission du savoir aux technologies de l'information ; dans cet esprit, ses cadres travaillent en réseau et elle met en oeuvre une politique d'équipement des établissements dont l'idée force est: pas d'équipements sans formation, pas de formation sans équipements. 30 médiapôles,20 groupes d'expérimentation pédagogique y travaillent sous la coordination du directeur du CRDP.
1. L'Education
: L'accès aux nouveaux
moyens d'information et de communication nécessite la mise en place d'un
plan national d'équipement. Il ne sert à rien de dire que
l'Education nationale est en retard en matière
d'équipements lorsque c'est l'ensemble de la société
qui l'est.
Intégrer les technologies de l'information et de la communication, c'est
aussi aider les foyers à s'équiper : l'utilisation du
magnétoscope en classe d'est développée quand les foyers
s'en sont munis.
C'est aussi prévoir une politique d'accompagnement pédagogique,
technique et de formation en dépassant le stade qui consiste à
aligner des chiffres pour prévoir un budget d'équipement en
ordinateurs et en connexion Internet (les Etats-Unis ont déjà une
pratique en cette matière, mais n'ont pas pour autant réduit la
misère de leur enseignement secondaire).
Mais le véritable problème c'est que l'on ne peut plus enseigner
comme avant et que les
méthodes de transmission du
savoir
induisent l'utilisation de ces nouvelles technologies. La
population scolaire est devenue hétérogène et
l'environnement de l'école a évolué. Bientôt, les
élèves n'accepteront plus la situation actuelle dans
l'enseignement. Car un fossé s'est creusé entre les façons
d'enseigner et la culture des élèves, entre
" l'école " que les adultes regrettent et celle qui devrait
répondre à la diversité de culture des jeunes et à
leur temps. Aujourd'hui, le maître n'est plus l'unique source
d'information et les savoirs sont dispersés dans des banques de
données textuelles et d'images...à travers le monde.
La communauté éducative doit donc se préparer à un
changement profond de l'organisation de la vie de l'établissement :
peut-on continuer à " saucissonner " le cours par tranches
de
55 mn ? La classe prend une autre dimension : branchée sur le
Web, est-elle devenue trop petite ou trop grande ?
2. Des enseignants
en ont conscience et
" bougent " :
leurs comportements ont évolué dans certains
établissements de l'académie où l'on pratique le travail
en réseau, où l'on organise l'espace autrement : une salle
de classe possédant un plan de travail central et douze ordinateurs
répartis autour, demande une pédagogie autre de la part de
l'enseignant qui n'est plus en situation frontale. C'est un début de
rupture avec l'organisation traditionnelle des cours. Mais la
généralisation n'a pas encore eu lieu.
3. Reste malgré tout un problème d'
équipements
: il n'y a pas assez d'ordinateurs alors que le
nombre d'enseignants prêts à les utiliser augmente ; il
y a peu d'établissements mis en réseau. D'autre part,
l'obsolescence du matériel posera à terme d'immenses
difficultés.
L'Académie de Versailles
a, depuis
longtemps, mis en place un plan à cet égard, en travaillant avec
les collectivités territoriales ; il s'agit de bâtir un
projet dans lequel le chef d'établissement s'engage à avoir une
équipe pédagogique qui sera formée : il ne doit pas y
avoir d'équipements sans formation, ni de formation sans
équipements. L'établissement soumet son projet qui est
expertisé au niveau de l'académie par le CRDP, lequel se charge
également, en liaison avec les corps d'inspection, non seulement de
l'expertise mais aussi du conseil nécessaire à la construction du
projet.
4.
Le travail en réseau est la seule solution pour mutualiser les
moyens dans une académie. A Versailles, c'est ce que nous avons
développé : des centres de ressources, les
médiapôles, sont répartis sur l'académie et assurent
la formation, son suivi, et ce auprès des établissements ;
les groupes d'expérimentation pédagogique disciplinaires
travaillent sur l'expérimentation des logiciels, l'information et la
préparation des formations ; l'ensemble est coordonné par le
CRDP. Ainsi, corps d'Inspection, CRDP, IUFM et MAFPEN doivent travailler dans
le même sens en mettant en synergie leurs compétences et leurs
moyens.
5. Dans les IUFM
, il y un
retard considérable en formation
initiale
, tout simplement parce que ce sont des établissements
jeunes et qu'il a fallu organiser leur mise en place. Parce qu'aussi les
professeurs-formateurs n'avaient pas comme premier objectif d'intégrer
les technologies de l'information dans les apprentissages. L'académie de
Versailles tient à instaurer une action de formation, qui consisterait,
en complément d'une formation de base, à envoyer les stagiaires
IUFM sur des sites où les technologies nouvelles sont utilisées.
6. Dans les années à venir,
ceux qui n'intégreront
pas les nouvelles technologies dans leurs pratiques pédagogiques auront
beaucoup de difficultés à conduire un enseignement permettant de
former de futurs citoyens ayant le sens des valeurs d'hier et les moyens
d'affronter la société d'aujourd'hui.