Audition de François REINER
Directeur du secteur médiathèque et
réseaux
Cité des sciences et de l'industrie
Résumé : Nous sommes au moment du retournement d'une institution qui s'est vécue largement, depuis sa création, comme un monument au rôle centripète ; ce retournement nous conduit à un partage plus équitable entre ce rôle centripète et ce qui se passe dans le sens centrifuge pour pouvoir mettre à disposition nos ressources à l'extérieur ; tout cela va de pair avec le grand projet en cours de plate-forme de diffusion à hauts débits. Nous avons un problème à résoudre en matière scolaire : les NTIC peuvent aujourd'hui aider mais encore faut-il qu'elles trouvent leurs place dans l'acte éducatif lui-même ; c'est un problème non résolu jusqu'à présent ; notre système d'enseignement reste trop dogmatique et beaucoup de choses sont à revoir à cet égard.
1. Le secteur médiathèque
et
réseaux a la charge organique de la médiathèque plus ce
qui était auparavant dispersé, à savoir le
département informatique
, celui de
la production
audiovisuelle
,
les produits interactifs
, le département
" sciences actualités "
; cela regroupe tout ce
qui produit ou diffuse des «objets informationnels» à usage
interne et externe ;
2.
Nous sommes au moment du
retournement
d'une institution
qui s'était vécue largement, du fait des conditions de sa
création il y a dix ans, comme un monument qui avait un rôle
centripète
avec une mission de vulgarisation scientifique,
technique et industrielle ; ce retournement nous conduit à un
partage plus équitable entre ce qui se passe dans le sens
centripète
et ce qui se passe dans le sens
centrifuge
pour pouvoir mettre à disposition nos
ressources à l'extérieur ; dès l'ouverture, en 1986,
nous avons lancé nos documents à l'extérieur de la
cité ; nous avons été accessibles par le
réseau disponible à l'époque, le
Minitel
, et notre
catalogue fut le premier accessible à distance pour nos
abonnés ;
3.
Nous sommes aussi une
médiathèque
, ce qui
veut dire
bibliothèque multimedia
: nous avions
dès le départ comme mission de rassembler, autour de
l'écrit, des documents informatiques et audiovisuels divers, ce qui fait
que nous avons aujourd'hui rassemblé 4.000 documents audiovisuels
représentant environ 1.200 heures de programmes ; nos
systèmes permettent à un utilisateur d'accéder à
n'importe lequel de ces documents ;
4.
Tout ceci va de pair avec le grand projet qu'a impulsé
Gérard THERY que nous appelons
CCR
: projet de plate-forme
de diffusion à hauts débits qui repose sur les technologies ATM,
qui donne bien entendu la possibilité de transporter aussi de l'IP sur
ATM
, mais, au-delà de l'IP et de ce qu'il sait faire, nous donne
la possibilité d'avoir de l'image dans les deux sens, d'intervenir
dessus, d'avoir de la simulation à distance ; notre souci est donc
soit de mettre les contenus existants à la cité sous une forme
compatible avec ce type de diffusion, soit de créer des contenus
spécifiques qui soient compatibles avec elle ;
Au-delà d'un impact interne, optimiser les ressources en contenus dont
nous disposons, nous en attendons un
impact externe
, la diffusion
de ces contenus ; l'usage des réseaux doit nous permettre de faire
de façon beaucoup plus simple des tas de choses que nous avions du mal
à faire jusqu'à présent ; ainsi, pour les
expositions itinérantes
: c'est très
coûteux à faire ; à partir du moment ou nous abordons
le concept d'exposition virtuelle ou de traduction virtuelle d'exposition
réelle, il évident que l'accès à distance devient
beaucoup plus simple et moins cher mais cela suppose bien entendu que ce soit
conçu pour être utilisé de cette façon
là ; cela suppose que la cité détermine sa propre
doctrine sur la façon dont nous voulons que nos contenus soient
accessibles à l'extérieur ;
5.
Nous avons un
site Web
, mais qui reste très textuel
à l'heure actuelle ; bien que ce soit très complexe,
nous
envisageons de le connecter au système de réservation
, pour
donner aux gens une capacité de préparation : ce n'est pas
la peine d'offrir des choses qui tel jour sont complètes à la
cité des enfants ou à la Géode ; or, actuellement,
pendant les périodes de forte fréquentation, une centaine de
jours dans l'année, il y a des phénomènes d'affolement
à l'entrée dans la bâtiment, des queues devant les
caisses ; les dialogues devant les caisses sont beaucoup trop longs pour
expliquer ce qui disponible ou pas ; bref, il faut améliorer le
système ;
6.
Dans la constitution de notre fond, nous avons rencontré plus
de
résistance
de la part des producteurs audiovisuels
français que de la part de producteurs distants ; en fait, ces
derniers avaient amorti sur d'autres marchés leurs produits et n'avaient
probablement jamais imaginé qu'ils vendraient quelque chose en
France ;
à partir du moment ou nous mettrons notre fond à
disposition du public, je pense que la relation va s'inverser avec les
détenteurs de droits
: jusqu'à présent,
c'est nous qui allions les voir en disant " tel film nous
intéresse, nous payons une somme forfaitaire pour pouvoir les mettre
à disposition du public pendant dix ans " ; je pense qu'on va
pouvoir passer à un autre système, que l'on est d'ailleurs en
train de négocier avec la BBC, qui est l'un de nos plus gros
fournisseurs, consistant non plus
en paiement forfaitaire
mais en
paiement à l'usage
; ça change les choses car
le paiement forfaitaire est à payer même pour des choses qui ne
seront jamais utilisées ; les moyens budgétaires que nous
économiserons ainsi seront reportés vers l'acquisition des
droits, nous permettant d'élargir notre cadre ;
7.
Il faut absolument
distinguer l'écrit de la forme
papier
parce que l'écrit, lui, est à la veille d'une
amplification encore considérable de son importance
contrairement
à ce qu'on raconte
; il n'est absolument pas mis en
danger ; ce qui l'est, ce sont les formes de l'écrit, la liaison
entre l'écrit et le papier, la forme livre ;
c'est une mutation
qui va se produire
;
8.
Un bon
tiers de nos visiteurs sont des scolaires
et
nous avons beaucoup de programmes éducatifs ; et là, nous
avons un
problème
à résoudre : tous ces
dispositifs peuvent aider, mais
encore faut-il qu'ils trouvent leur place
dans l'acte éducatif lui-même
; ce n'est aujourd'hui
pas le cas ; les réseaux, c'est très bien, mais comment
faire pour que, dans le cadre de l'établissement scolaire, ils aient
leur place ? C'est un problème que l'Education nationale n'a pas
résolu, ni avec la télé, ni avec le cinéma et
pratiquement pas avec l'audio ;
L'activité intellectuelle la plus utile à l'enseignement, c'est
généralement l'enseignant qui l'a, c'est-à-dire que
c'est la préparation de son cours qui est l'activité la
plus utile
; or, j'ai toujours été irrité de
voir le temps passé par les élèves à écrire
sous la dictée le résumé du cours du professeur qu'il
avait certainement lui-même préparé longuement ; c'est
quelque chose qu'on retrouve dans toutes les disciplines, à savoir que
le travail le plus formateur, c'est généralement celui qui
en a le moins besoin, l'enseignant, qui le fait et qui ensuite, dans notre
système dogmatique d'enseignement, le met à la disposition de
l'élève sans que celui-ci ait besoin de faire ce travail
là
; c'est vraiment l'inverse qu'il faudrait faire ;
ce type de dispositif, ce n'est plus possible car aujourd'hui, on peut
lâcher un élève ou un groupe d'élèves
à la recherche de l'information et ce sont eux qui font le travail .